Alors qu’ils cherchaient comment rejoindre le Palais, Alice réalisa qu’elle ne leur avait pas donné son nom. Patroklos lui indiqua qu’il pourrait chevaucher Éclipse en compagnie de Pyrrha, et Alice descendit donc de son cheval, non sans caresser brièvement sa crinière, et en lui demandant d’être gentil avec Patroklos et Pyrrha. Son cheval hennit doucement. Éclipse était un fier destrier mijakien, un cheval de guerre qui avait participé aux campagnes militaires contre Lumen. C’était donc un cheval habitué à avoir différents cavaliers, et également habitué aux évènements surprenants. Alice descendit donc d’Éclipse, et se présenta alors.
« Ah, au fait… Je m’appelle Alice… Alice Korvander, je suis la Princesse héritière de Sylvandell. »
Théoriquement, elle aurait déjà dû être une Reine, mais son couronnement avait été reporté. Alice était toutefois déjà la dirigeante de Sylvandell, puisque son père était à la capitale pour traiter des conséquences de l’Olympomachie. Alice se rapprocha donc de Grünndenn, et caressa son museau. Le dragon gronda lentement, puis déplaça son aile pour que la pointe touche le sol. Ceci permit à Alice de grimper dessus. Normalement, on affrétait une selle pour s’agripper sur le dos d’un dragon, mais Alice n’en avait pas besoin. Elle chevauchait sur le dos des dragons depuis tellement longtemps qu’elle savait où s’appuyer. Grünndenn avait de plus des cornes frontales qu’elle utilisa pour caler ses jambes, les faisant pendouiller à droite et à gauche de sa tête, s’appuyant sur ses cornes.
Grünndenn souffla lentement en se redressant, et déploya ses ailes. Il s’avança ensuite, puis donna un coup d’ailes, et s’éleva dans les airs. Alice bascula en arrière, et s’agrippa aux cornes, avant que le dragon ne se rétablisse. Jouant encore de ses ailes, Grünndenn continua à virevolter dans les airs, laissant Éclipse les suivre. Alice avait une sorte de lien psychique, télépathique, avec les dragons. Elle ne pouvait pas leur parler, mais elle se faisait obéir sans difficulté.
Humant l’air frais, Alice vit les hautes tours du nouveau Palais. Il était massif, et bien plus grand que l’ancien. Avec l’argent obtenu des mines, les Sylvandins avaient pu bénéficier d’investissements importants pour construire le Palais. Alice se rapprocha donc, et se posa sur la grande cour centrale. On y avait installé du gazon, des fontaines, un parc avec des jeux pour enfants… L’idée était de créer une sorte de place publique centrale, et des étals de marchands avaient aussi été installés, vendant des fruits, des baguettes, ou des vêtements.
Évidemment, l’arrivée d’Alice était toujours un évènement, alors, quand elle descendit de Grünndenn, les badauds se précipitèrent autour d’elle. La jeune Princesse avait pris un peu d’avance sur Pyrrha et Patroklos, ce qui fit que, quand Éclipse franchit le corps de garde, ils purent voir qu’Alice avait reçu plusieurs fleurs dans ses cheveux, et qu’elle souriait en tenant un enfant dans ses bras.
En les voyant arriver, Alice leva la main pour les saluer, et donna un baiser sur la joue du petit garçon, puis le reposa au sol.
« Allez, les enfants, voici les chevaliers Pyrrha et Patroklos ! Montrez-leur que vous êtes bien éduqués ! »
Les enfants jouaient surtout avec Grünndenn, nullement inquiets d’être face à une créature qui aurait pu les avaler tout cru en une fois. Ils grimpaient sur son dos, ou se suspendaient à son cou. En guise de protestation, Grünndenn soufflait avec ses narines. Parfois, Alice s’amusait à le faire cracher du feu en l’air pour égayer les enfants… Mais, là, elle pensait surtout à Pyrrha et à Patroklos, ses mystérieux invités surprises !
Qu’allait-elle bien pouvoir faire d’eux ?