— L'appartement est au dernier étage, inspecteur. Préparez-vous, la scène est... particulière.
Nick hocha la tête sans répondre, la mâchoire crispée. L’ascenseur s’ouvrit dans un tintement froid, et il entra, le goût métallique de l’adrénaline déjà sur sa langue.
Lorsque les portes se refermèrent derrière lui, il prit une longue inspiration. Ce genre de scène, il en avait vu des dizaines. Mais une intuition, presque viscérale, lui disait que celle-ci serait différente.
À l’ouverture des portes, l’air semblait plus lourd. Un couloir impeccablement entretenu menait à une porte entrouverte, où deux autres agents discutaient à voix basse. L’un d’eux se redressa en le voyant approcher.
— Inspecteur Harmon. Appartement 901. C’est le voisin d’en face qui a appelé. Il a entendu des bruits étranges cette nuit.
— Et la victime ?
— Un homme, Johnny Boz. Mort sur place. La scène est… vous verrez par vous-même.
Nick passa sous le ruban jaune et entra. L’appartement baignait dans une étrange atmosphère : un mélange de luxe glacé et d’intimité troublante. La lumière tamisée, les œuvres d’art modernes, l’odeur subtile de fleurs fanées… Tout semblait soigneusement orchestré, jusqu’à la macabre mise en scène dans la chambre.
Le lit à baldaquin dominait la pièce. Au centre, Robert Langston gisait, nu, le corps étendu dans une posture presque théâtrale. Ses mains étaient attachées aux montants du lit avec des foulards de soie noire. Une tache de sang sombre s’élargissait sous lui, contrastant violemment avec la blancheur immaculée des draps.
Nick s’approcha lentement, scrutant chaque détail. Un agent en blouse blanche lui tendit une paire de gants.
— Une arme du crime ? demanda-t-il en enfilant les gants.
— Oui, répondit le technicien. Regardez ceci.
Il lui tendit un sachet contenant un pic à glace, maculé de sang séché.
— Retrouvé dans le salon, posé sur un plateau d’argent. Comme si on voulait qu’on le trouve.
Nick haussa un sourcil.
— Ça ressemble à une signature, pas à un accident.
Le médecin légiste, occupé à examiner le corps, se tourna vers lui.
— L’heure de la mort est estimée entre 2h et 3h du matin. Aucune trace de lutte. Il était probablement attaché de son plein gré. Le coup a été précis, net, en plein cœur.
Nick observa le visage de la victime, figé dans une expression ambiguë, comme s’il était surpris autant par la douleur que par son origine.
— Vous avez interrogé les voisins ?
— Oui, répondit l’agent près de la porte. La plupart dormaient, sauf celui qui a signalé les bruits.
Nick poussa un léger soupir.
— Un suspect ?
L’agent haussa les épaules.
— On sait que la victime avait une relation avec une femme du nom de Katherine Duhamel, une puissante femme d’affaire du coin.
Nick se détourna, fixant la scène du crime une dernière fois. Une étrange sensation lui nouait l’estomac. Tout dans cette pièce hurlait une intention calculée, une volonté presque artistique.
— Faites-moi une liste des preuves trouvées, et donnez-moi l’adresse de Mme Duhamel, dit-il d’une voix ferme. Je veux lui parler dès que possible.
Puis il quitta la pièce, son esprit déjà focalisé sur ce qui l’attendait : une confrontation avec une femme que rien ne semblait pouvoir ébranler, pas même un meurtre.
Les grilles du manoir s’élevèrent devant Nick et son partenaire Bob, comme les remparts d’un secret bien gardé. La ferronnerie noire, entrelacée de motifs floraux, semblait à la fois inviter et avertir. Derrière, une allée pavée s’enfonçait entre des cyprès, des gardiens silencieux dont les ombres longues dans la lumière du crépuscule ressemblaient à des doigts pointant vers l’inconnu.
« Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas besoin d’aides sociales, elle. Pourquoi aurait-elle buté un pauvre rockeur du coin si elle est aussi friquée ? »
« Aucune idée, on le saura bien assez tôt »
Nick inspira profondément avant d’appuyer sur l’interphone, le grésillement métallique brisant brièvement le calme feutré de l’endroit.
— Inspecteur Nick Harmon. Je viens voir Mme Duhamel.
Après un instant de silence, un déclic résonna, et les grilles s’ouvrirent dans un mouvement lent et majestueux, comme si elles hésitaient à céder. Nick et son partenaire avancèrent. A l’entrée, se trouvait une porte en bois qui s’ouvrit, laissant apparaitre ce qui semblait etre le major d’homme de la maison.
« Inspecteur Nick, j’ai signalé votre présence à Mme Duhamel. Veuillez attendre dans la salle de séjour, je vous prie, elle va bientôt vous rejoindre »
Nick et Bob pénétrèrent dans l’enceinte du manoir, un habitacle somptueux, d’une beauté rarement égalée. Bob et Nick scrutaient chaque recoin de la pièce. Il y’avait notamment des œuvres d’arts accrochés au mur, et une ambiance assez occulte dans la maison.
« La dernière fois que j’ai checké, ce genre de maison se vendaient pour au minimum 5 millions de dollars… Je savais qu’elle était riche, mais à ce point… »
Nick avait un drôle de pressentiment, et pour cause, refusa de s’asseoir, préférant rester debout. Bob, de son coté, savourait délicieusement le café que venait de lui apporter la bonne, qu’il ne manqua pas d’ailleurs de draguer. L’anxiété de Nick ne fit pas inaperçue chez Bob, qui trouva que Nick était bien trop tendu…
« Détends-toi, vieux, on dirait que t’attends t’affronter un boss de fin dans un jeu vidéo. C’est qu’une femme un peu friquée, c’est tout. On l’interroge et après on se barre »