LE PATRIARCHE
Si le feu était en soi inefficace contre les Squelettes Noirs, ce n’était que l’une des composantes des attaques des dragons dorés, qui se battaient en utilisant la Lumière. Les flammes jaillissant du Patriarche n’étaient qu’une composante secondaire de ses attaques, car, à l’origine, le Patriarche était un héraut de vertu. Les elfes connaissaient les légendes du Dieu Batrok, et, même à Mijak, on retrouvait, hors de Sylvandell, quelques textes sur lui, sur ses exploits face aux forces corruptrices du Chaos. Batrok avait affronté Nurgle, et avait été divinisé par la Déesse Shallya lors de son combat titanesque contre un Grand Ancien, qui avait permis de sauver une communauté elfique très importante. Il venait donc à nouveau de se matérialiser.
Après son coup de semonce, le Patriarche releva la tête, et gronda en voyant la Folie de Telphousa s’échapper vers l’œil Géant et le Myrck. Un grondement s’échappa de sa gueule, et il déploya ses ailes, avant de s’envoler. De nombreux débris tombèrent de ses ailes, et il s’envola vers le Myrck, avant de souffler rageusement. Un cône lumineux fusa sur le Myrck, et le transperça de part en part, perçant ensuite les nuages. Le Myrck rugit furieusement de son côté, un hurlement de douleur qui résonna dans toute la ville, mais il se reconstitua ensuite, et envoya des tentacules noirâtres qui fusèrent vers le Patriarche. Peu mobile, Batrok souffla encore, vaporisant plusieurs tentacules, mais s’en reçut quelques-uns. D’autres dragons dorés tournoyaient autour du Myrck, y compris
Leviathan, le plus puissant dragon doré de Sylvandell, chevauché par le Roi de Sylvandell en personne,
Tywill Korvander. Tenant à la main le Marteau de Guerre de Sylvandell, le puissant Roi le brandit en l’air.
Le Marteau s’illumina, se gorgeant d’énergie, et projeta ensuite sur le Myrck un terrible éclair. La bête immonde n’en sembla toutefois que peu affecté, et cracha des projectiles depuis son abdomen.
«
Bordel ! Cette saloperie est tenace ! Continuez le tir !! »
*
* *
ALICE KORVANDER
En contrebas, Alice observait la scène, et se retourna vers Pêché. La femme semblait s’amuser de la situation, en indiquant que l’intervention du Patriarche était prévisible. Alice la regarda lentement, différente. Elle était envahie d’une force indescriptible, et, en même temps, elle se sentait sereine, si sereine, totalement apaisée. Le feu avait purifié son âme, et elle se retourna vers Pêché. Alice sentit l’énergie de Scarifa remonter en elle, et ses yeux dorés se teintèrent de rouge pendant quelques instants. Ses ailes lumineuses rougirent alors, et elle sentit l’hésitation chez Pêché.
«
Je ne suis pas bénie que par Batrok, Pêché ! » révéla alors Alice.
Des tentacules jaillirent de son corps, et frappèrent de plein fouet Pêché, la déchiquetant. Surprise, la Prêtresse de la Folie hurla de douleur, avant de sentir les lames l’absorber petit à petit, l’amenant à s’effriter sur place. Son corps se fissura alors, se disloquant, se ratatinant et se recroquevillant sur place… Jusqu’à ce que, dans un râle de fureur, Pêché ne parvienne à s’arracher à cette prise, utilisant sa faux pour trancher les lames sanguines.
Mue par une force qu’elle n’avait jamais ressentie en elle, Alice bondit alors vers sa proie, et déploya sa main, envoyant une onde de magie constituée de flammes et de tentacules sanguins. Les tentacules tournoyèrent autour du cône de feu, et transpercèrent Pêché. Puis le cône de feu s’illumina de plus en plus, et se transforma en un jet de lumière qui explosa contre Pêché, déchiquetant une partie de son corps. Surprise, Pêché se tint le flanc, son sang s’écoulant abondamment de sa plaie. Furieuse, celle-ci bondit alors sur le côté, déployant sa faux, et visa le cou d’Alice, qui releva sa main, et attrapa le pommeau de la faux.
Restant toujours aussi sérieuse, elle enflamma alors la faux, qui se fractura de l’intérieur. Des points lumineux en jaillirent de part et d’autre, se multipliant, jusqu’à ce que la faux de Pêché implose de l’intérieur, et se vaporise en une série de cônes lumineux. Pêché battit précipitamment en arrière, tandis qu’Alice relevait ses mains. Une flamme dans la main droite, une lame de sang dans l’autre, et elle lança deux cônes magiques en joignant ses mains. Un rayon de lumière fusa vers Pêché, qui se protégea avec un bouclier. Le rayon fut dévié, s’élevant dans les airs, découpant l’une des rares parties du plafond qui existait encore, mais les lames de sang jaillirent alors, formant comme une série de couteaux sanguins qui transpercèrent le corps de Pêché.
*
* *
LE PATRIARCHE
Dans les airs, le Patriarche vit que le Phénix purificateur déclenché par sa magie divine changeait de forme, et se transforma en un cœur géant, qui se mit à pulser dans toute la ville. Ses battements ébranlèrent le Myrck, et le Patriarche gronda, voyant enfin l’ouverture attendue.
«
MAINTENANT ! »
Tous les dragons soufflèrent alors, tandis que la forme du Patriarche s’allongea démesurément, le faisant davantage ressembler à un
ryū, un dragon oriental. Le dragon doré s’enroula alors avec sa longue queue autour du Myrck, et se mit à serrer ensuite, brillant dans le ciel comme un feu d’artifices géant (
image d’illustration).
*
* *
ALICE KORVANDER
En contrebas, Pêché, bien que blessée, n’avait toujours pas abandonné, et contre-attaqua avec force et fureur. Elle évita une attaque d’Alice, et envoya la sienne. Une sorte de long tentacule filandreux et violet jaillit, et frappa Alice comme un fouet, tandis que la Prêtresse de la Folie se concentra encore. Alice sentit alors sa vision devenir floue, et l’attaque magique de Pêché la frappa de plein fouet, l’envoyant heurter un pilier. Du sang jaillit de ses narines, et elle éternua doucement, constatant que contrôler ce « mode divin » était très difficile… Surtout quand deux divinités opposées utilisaient son corps comme réceptacle.
Générant une épée sanguinolente avec des morceaux osseux, Pêché bondit alors vers la Princesse, bien décidée à l’achever… Quand un homme s’interposa, et para l’épée avec la sienne.
«
Sale monstre, tu ne porteras plus ta main sur ma femme ! »
Melendil Korvander venait d’arriver, et repoussa Pêché. Alice éternua doucement, et sentit quelqu’un d’autre. C’était
Oberyn, son Commandeur attitré, qui lui sourit doucement.
«
Reprenez vos forces, Princesse, nous nous chargeons du reste !
-
O… Oberyn… »
Elle soupira encore, tandis que Pêché, furieuse, prenait une apparence de plus en plus hideuse. Son épée fut encore parée par Melendil, qui bondit sur le côté, et frappa Pêché avec son épée, une épée incrustée de runes sylvandines très puissantes permettant de recouvrir la lame d’une énergie lumineuse. Les coups faisaient rugir Pêché, et Oberyn rejoignit la bataille. Les lames s’entrechoquèrent encore, les deux bretteurs acculant Pêché, portant sur elle d’ultimes coups, tandis qu’Alice se sentait peu à peu vaciller…
*
* *
AKIRA WARREN
Kan Hell était la Générale-en-chef des forces de Telphousia. Tenant Alecto dans la paume de sa main, elle défia Nausica dans une danse infernale, tandis que, autour des jeunes femmes, les flammes du Patriarche brûlaient fièrement en l’air. Faits de feu, les Squelettes Noirs résistèrent au début aux flammes du Pätriarche, avant de se calciner progressivement… Car le feu sacré du Patriarche n’était pas composé que de l’élément magique Feu, mais surtout de Lumière. Le feu qui s’en échappait n’était pas un feu ordinaire, c’était un feu pur, une
lumière en forme de flammes. Un feu sacré relevant d’une terrible magie sacrée qui calcinait tout mal.
Mais les monstres de Telphousa étaient toujours là, et Akira cherchait à se rapprocher de Nausica. Très agile, elle trancha les pattes avant d’une araignée humanoïde, et déglutit en voyant
une sorte de raie monstrueuse, un corps humanoïde avec une longue raie à la place d’une tête. La raie sou’vrit alors, claquant des dents. Akira l’évita en bondissant sur le côté, et frappa avec sa lame énergétique, tandis que Kan Hellf rappait Nausica avec sa lame, la repoussant.
*
Maintenant !*
Voyant une ouverture, Akira bondit vers le duo, et frappa Kan Hell d’un coup de pied au visage. Surprise, la commandante ne perdit pas le contrôle de son corps, et para ensuite la lame d’Akira, avant d’user de sa terrible force, et repoussa violemment celle-ci. Akira roula sur le sol à plusieurs reprises, et grogna. Elle se releva, et s’apprêta à bondir… Quand Kan Hell jeta sur elle une boule qui l’immobilisa. Vanillia vit également la même bulle jaillir, et bondit dans les airs, s’aidant de ses ailes démoniaques.
«
Tu m’as pris pour qui ? Je suis VANILLIA WARREN ! »
La vampire démoniaque était furieuse, et envoya une sphère noirâtre zébrée d’éclairs… Qui éclata contre plusieurs monstres venant défendre Kan Hell. Elle pesta sur place, avant qu’
un nouveau monstre ne bondisse sur elle, sa queue caudale formant une pointe tranchante. Vanillia se protégea en reculant, et la créature bondit encore, s’enroulant autour de sa cheville, et la tira vers le sol.
Puissante, Vanillia tomba au sol, et, couchée, envoya une onde de choc qui repoussa le monstre, puis généra deux cristaux de glace qui le transpercèrent de part en part, laissant malheureusement le soin à Kan Hell de la figer.
Tout reposait désormais entre les mains de Nausica !
*
* *
LE PATRIARCHE
Dans le ciel, le Myrck se fissurait de partout, ressemblant à une énorme baudruche sur le point d’éclater. Le Patriarche rugissait également, tremblant de douleur, sentant des tentacules et des pointes acérées jaillir de l’épais monstre. Tout autour d’eux, les draogns dorés tournoyaient dans tous les sens. Plusieurs avaient été touchés, s’effondrant mollement sur la ville. Le chaos était complet, une bataille violente et terrible, qui se poursuivait au sol par un affrontement violent entre les renforts mijakiens et les Olympiens.
Car les dragons dorés de Sylvandell étaient venus en compagnie d’une légion. Au cœur de la capitalke, les Dieux Bellone et Arès s’affrontaient avec rage, et toute la ville tremblait de toute part, la capitale semblant sur le point de sombrer.
Peu à peu, les monstres de Telphousa se retournèrent. L’œil de Telphousa, ce vortex infernal, se fissurait sur place au fur et à mesure que le Cœur Sanglant tambourinait en l’air. Tous, médusés, regardaient ce fascinant spectacle, ce ballet lumineux dans les airs, ce
ryū gargantuesque qui brillait de mille feux dans les airs. Sa gueule mordit alors le cou du Myrck, grondant sur place.
«
TU NE ME FAIS PAS PEUR !! gronda le Patriarche.
RETOURNE DANS LES OMBRES, RETOURNE AUPRÈS DE TA MAÎTRESSE IMPIE !! »
Batrok rugit encore, et souffla encore. Le Myrck se débattit également, les deux adversaires se livrant à un terrible affrontement. Des éclairs d’énergie suintaient de part et d’autre, explosant certains immeubles. C’était un spectacle incroyable, une sorte de soleil miniature qui était en train de se former, au fur et à mesure que l’énergie du Patriarche rentrait dans celle du Myrck.
Et le Myrck devenait de plus en plus lumineux, tandis qu’un épais bourdonnement remplissait les oreilles des soldats et des citoyens…
*
* *
ALICE KORVANDER
La Déesse l’exhorta à choisir, car elle était en train de mourir, et elle devait sacrifier quelqu’un. Alice était incapable de choisir, et regarda autour d’elle. Elle se vit, à moitié mourante, et vit Melendil se pencher vers elle. Il avait affronté Pêché seul à seul quand la Prêtresse de la Folie avait repoussé Oberyn. Un combat terrible, où l’épée de Melendil avait fini brisé. Puis ce dernier avait récupéré la Croix de Sylvandell, et l’avait dressé face à Pêché, l’enflammant avec un cône de lumière, puis l’avait alors attaqué, récupérant l’épée brisée, et décapita Pêché avec.
Sa tête roula sur le sol, et il se retourna ensuite vers Alice, puis se pencha vers elle, lui faisant du bouche-à-bouche.
«
Cela faisait trop pour moi… Ton énergie, et celle du Patriarche en même temps… »
Alice se tut doucement, et se retourna vers Scarifa. Elle était encore nue, et flottait dans un vortex vide, noir, voyant des images ici et là. Elle se retourna finalement vers Scarifa, consciente que le temps pressait. À dire vrai, Alice n’avait pas spécialement compris ce qui lui arrivait. Une chaîne les reliait toutes les deux, mais elle n’était pas douloureuse, et Scarifa lui expliqua qu’elle allait devoir sacrifier quelqu’un…
Des flammes brûlèrent alors dans son dos, et, en se retournant, elle vit un homme émerger.
Puissant et élégant, il était relié à une chaîne, et elle soupira doucement.
«
E… Erwan Korvander ?
-
Oui… Et non. Je suis le Patriarche, Alice… Ou, plutôt, l’image du Patriarche. Depuis des générations, tu es la seule des Korvander, depuis le Patriarche, à avoir manifesté le Don, Alice… Hen Ichaer, comme l’appelle l’Omniprêtre, le Sang Ancien…
-
Je…
-
Il brûlait dans le corps d’Erwan, il brûle en toi… Si tu me sacrifies, le Patriarche vivra, mais tu perdras le Don. Tu ne pourras plus jamais l’invoquer, tu ne seras plus protégée face au feu. »
Elle resta silencieuse, tandis que Melendil hurlait son nom, et pleurait, sentant les lèvres d’Alice bleuir.
«
Tedd Deireadh approche, Alice. Le Dernier Âge… La fin de tout. La Grande Convergence… L’Olympomachie n’est qu’une étape, un prélude. Tu dois choisir, Alice. »
Elle ne savait pas vraiment si c’était Erwan Korvander, ou juste une manifestation de son subconscient. Alice se retourna, et se rapprocha de Scarifa.
«
Je ne sacrifierai jamais mes enfants… »
Ses enfants… Oui, car Alice, en son for intérieur, savait que Melendil lui avait donné deux enfants. Sa main caressa le visage de Scarifa.
«
Que se passera-t-il si je te choisis, Scarifa ? Tu es une Déesse, je ne vois pas comment je pourrais te tuer… Mais je ne peux pas contrôler tant d’énergie à la fois. Tu devrais rompre ton lien avec moi, et retourner auprès de Nanami… »
Alice lui sourit alors doucement. Son choix était fait… Elle sacrifierait son lien avec Scarifa pour revenir, car il n’y avait aucune autre solution !