« Pourquoi Fatalis t’a enfermé là-bas, Logan ? Ce n’était pas la prison ordinaire…
- Tu crois que j’en sais quelque chose ? Fatalis s’intéresse aux mutants, c’est sûr. »
Cela, Scott en était d’accord. Wanda, le cristal M’kraan… D’une manière ou d’une autre, Fatalis souhaitait quelque chose du gène-X, ou du Phénix. Quoi ? Scott n’en savait rien sur le coup, mais cela n’était pas du genre à le rassurer. Rudolfo intimait l’ordre de continuer.
« Rudolfo, nous progressons bien trop facilement, Fatalis aurait déjà dû se montrer !
- Vous croyez que j’ai choisi cette journée au hasard, Scott ? Fatalis tient un discours ce matin en ville ! Un discours où il compte afficher ses ambitions politiques, et où il va annoncer son intention d’épouser la Sorcière-Rouge ! »
Scott sentit son cerveau s’enflammer à cette idée. Ils avançaient le long d’un grand couloir, et, même si la sécurité était relâchée, il y avait quand même de quoi les occuper. Rudolfo avait déjà perdu plusieurs de ses hommes, et des tourelles de combat lourdes se déployèrent alors depuis le sol et les murs, mitraillant tout ce qui passait par là. Cette sécurité supplémentaire força Scott et Emma à passer par une porte dérobée sur la droite, qui les amena dans une salle de repos. Une télévision était allumée. Scott consulta l’écran plat fixé au mur, et vit effectivement l’ancien Roi de Latvérie.
Fatalis se tenait sur une estrade, en compagnie de la Première Ministre de Latvérie, Lucia von Bardas, d’autres officiels… Et de Wanda, dont il tenait la main.
« Depuis trop longtemps, la Latvérie s’oppose au reste du monde. Notre peuple est un grand peuple, un peuple qui a su se moderniser tout en conservant ses traditions. Je n’étais moi-même qu’un simple Gitan quand je suis né au monde. Je contemple avec le plus grand scepticisme ces démocraties occidentales qui n’ont de démocratiques que l’apparence, ces régimes qui favorisent avant tout le renouvellement d’une petite caste bourgeoise sans envergure. ‘‘ Nous fûmes les Guépards, les Lions ; ceux qui nous remplaceront seront les chacals et des hyènes... Et tous, Guépards, chacals et moutons, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la Terre’’… Ces mots ne viennent pas de moi, ils viennent d’un aristocrate italien qui, en voyant les démocrates de Garibaldi renverser la monarchie italienne pour y instaurer une démocratie, ne fut pas dupe sur le mensonge. Donner aux gens l’illusion qu’ils ont le choix, et confier le pouvoir à des individus médiocres qui ne pensent qu’à leur propre réélection… Voilà ce qu’est la démocratie !
Je suis un grand admirateur de l’Histoire, je l’avoue. Et c’est du haut de cette étude historique que je peux vous le dire : nos démocraties si humaines et si généreuses mettent beaucoup d’effort à détruire ce que les monarchies médiévales ont mis si longtemps à bâtir ! Voyez la France, par exemple ! Ce pays centralisateur s’est construit pendant des siècles. Des siècles de lutte pour que le pouvoir royal puisse assujettir les nobles. Des siècles de guerre pour qu’une même règle juridique puisse s’imposer : le Code civil. Voyez le résultat après un demi-siècle de démocratie. Voyez ces villes qui brûlent, voyez cette société qui se délite… Et ce constat se généralise à l’ensemble des sociétés occidentales. Les communautés se déchirent, se recroquevillent sur elles-mêmes, elles ne croient plus à l’idéal d’une Nation, à un pacte républicain. Tout cela sont les symptômes d’une seule et même cause : la démocratie ! Un régime où on ne suit plus les nobles guépards et lions, mais des hyènes et des chacals, qui ne se préoccupent plus du destin commun, de la construction d’une histoire nationale, mais de leur petite carrière de bourgeois arriviste ! La religion ; l’opium du peuple ? Fadaises ! Le vrai opium, c’est ce cancer mercantile qu’on appelle démocratie ! »
Scott l’écouta parler, puis se retourna vers Emma.
« Ce type a toujours aimé s’entendre parler… »
Il se déplaça ensuite vers une porte au fond de la pièce, puis continua à courir, jusqu’à pouvoir prendre les tourelles à revers. Ses tirs optiques furent efficaces, rebondissant sur les murs pour frapper les tourelles, les détruisant.
« HAHA ! Allez, en avant !! »
Rudolfo et ses hommes se mirent à courir, et parvinrent enfin à franchir l’escalier menant au toit.
« On y va, finissons-en… »
Scott ignorait où Fatalis en était de son discours. Mieux valait se dépêcher, et détruire le cristal avant qu’il ne soit trop tard ! Scott et Emma retournèrent donc dans le grand couloir, et rejoignirent le grand escalier, qui les conduisit au toit.
Le Cristal M’Kraan était là, au milieu du toit, avec de nombreux gardes robotiques qui faisaient feu sur Rudolfo et ses hommes, abrités derrière des colonnes sous la voûte qui faisait le tour du toit. Le cristal était en train de s’illuminer, brillant furieusement. Scott voyait les robots de sécurité tomber les uns après les autres, et s’élança vers le Cristal… Quand une force le repoussa. Il heurta un pilier, et, en levant la tête, constata que le Phénix était en train de descendre. M/ais, surtout, Fatalis flottait dans les airs, en compagnie de Wanda, et d’un bataillon de Fatalibots. La proximité du Phénix donnait à cette scène un aspect surréaliste, apocalyptique.
« Eh bien, Scott, c’est une belle réunion de famille. »
Dans son dos, il vit Madelyne, en compagnie de Mystique.
« Madelyne… Le Phénix… »
Madelyne se rapprocha.
« Je sais… J’ai beau haïr de toute mon âme le fait d’être le clone de cette salope de Jean Grey, je reste liée au Phénix. Tu ne pensais tout de même pas que je raterais la fête ? »
Scott se releva lentement. Fatalis venait de se poser sur le sol, et, quand les hommes de Rudolfo lui tirèrent dessus, il n’eut qu’à lever la main. Les balles se figèrent alors dans l’espace, et il les renvoya en arrière, fauchant une bonne partie des hommes de Rudolfo et des mercenaires de l’AIM.
Soudain, un rugissement strident jaillit du Phénix, ramenant Scott à terre, mais perturbant aussi toutes les autres personnes encore conscientes. Le ciel s’illumina d’une épaisse couche verte, tandis que les derniers protagonistes se manifestaient…
…Et que la bataille pour le Phénix éclata.