Portant sa robe chinoise noire et dorée, Alice passait du temps à Sylvandell depuis quelques jours… Beaucoup de temps. Le monde était sens dessus dessous ! Les Dieux olympiens étaient descendus sur Terra, ils avaient attaqué Lumen et Mijak, et avaient été repoussés, non sans perte ! Alice y avait même provisoirement perdu la vie, et avait aussi découvert que sa personne intéressait visiblement bien des Dieux. Elle avait hébergé pendant un temps des pouvoirs divins, ce qui lui avait permis de survivre. Depuis lors, elle avait été examinée par plusieurs médecins et mages, qui avaient confirmé, non seulement qu’elle était bien portante, mais aussi que les deux fœtus en elle étaient toujours viables.
Car Alice était enceinte, et même doublement enceinte. Son époux, Melendil, l’avait enfanté lors de leur nuit de noces. Elle était enceinte depuis quelques semaines, ce qui ne se voyait pas encore sur son corps, mais davantage dans ses habitudes. Les bébés perturbaient ses hormones, et elle devait également pour cela rester à Sylvandell. Les routes n’étaient pas sûres, les monstres avaient proliféré après l’Olympomachie. Tywill Korvander, le Roi, était occupé à l’extérieur, sécurisant les routes, menant l’armée sylvandine pour réinstaurer l’ordre impérial dans les régions sinistrées par les Olympiens. Il incombait donc à Alice de régner. Bientôt, elle serait une Reine, et Melendil serait le Roi. Son amant était également très investi à Sylvandell, il avait suivi de nombreuses leçons pour être à la hauteur de ses fonctions, car il tenait à être un bon Prince. Lui qui venait de couches populaires était évidemment surpris par ce changement, par cette élévation dans l’échelle sociale, mais se devait aussi d’être à la hauteur.
Plusieurs grands projets avaient été entamés à Sylvandell. Les mines avaient été rouvertes, et permettaient l’exploitation de gisements précieux. Sylvandell abritait notamment de la magie cristallisée, de la mana, qui se vendait très bien… Mais, depuis l’Olympomachie, les mines étaient infestées de monstres, de créatures nécrophages. C’était un problème dont Alice s’occupait à bras-le-corps.
Parallèlement, elle avait aussi démarré les travaux de la construction d’un nouveau château royal ! L’actuel château se trouvait en effet sur une petite montagne, et était bien trop petit. Sylvandell était certes un petit royaume, mais qui gagnait en taille. Or, du fait de la petite taille du château, tout le côté administratif était délocalisé dans une succursale dans la partie basse de la capitale. La partie haute, elle, abritait de grands plateaux vides, et il y avait donc la place de construire un autre château. D’aucuns auraient pu accuser Alice d’avoir la folie des grandeurs, mais elle voulait aussi renforcer l’aura de Sylvandell. Elle avait de plus appris qu’elle était également semi-divine. Lors de sa nuit de noces, la Déesse Lust en personne avait béni son mariage, en lui expliquant que la femme qui l’avait mise au monde était un Avatar d’elle-même, qui était mort lors de sa naissance, mais dont l’essence s’était réincarnée dans le corps d’Alice. Alors, Alice souhaitait aussi construire un temple dédié à Lust, ce qui n’était pas sans déclencher quelques hostilités, notamment de certains membres du clergé sylvandin. Ceci étant dit, elle avait reçu l’approbation de l’Omniprêtre, ce qui, en soi, l’avait rassuré sur la viabilité du projet.
Après plusieurs jours de chaos relatif, Alice avait finalement organisé un banquet. L’idée était de célébrer la survivance de Sylvandell. Les dragons dorés de Sylvandell s’étaient particulièrement illustrés lors de l’Olympomachie en venant en renforts dans la capitale mijakienne, enflammant les troupes d’Arès.
Le banquet comprenait des mets sylvandins, mais aussi mijakiens. Alice avait aussi choisi d’inviter des artistes itinérants à venir se produire pendant la durée du banquet, organisé dans le hall du Palais, un hall avec une grande table en U, aux murs faits de pierres apparentes, avec plusieurs cheminées permettant de réchauffer les lieux. Alice siégeait au milieu de la table, Melendil étant à côté d’elle. Elle était magnifique dans sa robe chinoise, avec la Croix de Sylvandell qui s’illuminait doucement juste au-dessus de ses seins, dissimulée sous le décolleté de la robe. On pouvait seulement apercevoir la pointe inférieure de la Croix, cet artefact légendaire qui valait une fortune…
Normalement, tout devrait bien se passer, mais Alice était loin de se douter que la soirée allait réserver son lot de surprises…