Vu les paroles de Matsuya, il observait la jeune femme avec un soupçon de mécontentement dans le regard. Il ne la fusillait pas pour autant mais ses yeux semblaient dire « attention quand même à ce que tu veux dire ». Car sous-entendre qu'il pourrait aimer, être ici et servir Mélinda, il y avait mieux pour le caresser dans le sens du poil. Lui, il n'aimait pas être sous les ordres de quelqu'un comme elle. Ashnardienne, donc esclavagiste, le genre de personne sur qui il pourrait cracher, il devrait être heureux de travailler pour elle ? Il y avait pire, du peu qu'il avait pu la voir, elle était loin de marcher avec un fouet et saluer ses esclaves en leur fouettant le dos en poussant un rire gras et sadique. Mais un esclavagiste reste un esclavagiste. Vivre dans un endroit paisible avec sa sœur, c'est sûr c'est ce qu'il veut. Pas toute sa vie car tôt ou tard, ils voudront un endroit rien qu'à eux pour y fonder une famille ou simplement être chez soi sans avoir sa seconde moitié à leurs côtés. Mais pas dans l'immédiat. Avec cette séparation forcée, les jumeaux avaient envie d'un peu de temps à eux pour être ensemble. Ils avaient un lien très fort après tout.
Plus elle parlait en évoquant des choses qui ne lui plaisaient pas forcément et plus il se retenait de dire ce qu'il pensait. Mélinda n'a peut-être rien fait signer à Hardos ou supposer qu'il devrait ceci ou cela mais il savait qu'un service comme ça ne serait pas gratuit. Il n'était pas venue lui emprunter une feuille blanche pour écrire une lettre, on parlait de rompre une malédiction quand même. Et sa fierté l'empêchait de dire que ce n'était rien, une dette reste une dette. Alors qu'elle partait, il restait assit à contre-dire mentalement tout ce que Matsuya avançait. Sa sœur était certes en « sécurité » ici mais elle était tellement naïve que Mélinda n'avait eut aucun mal à la mettre dans sa poche. Tss ! Dire que demain, elle allait de nouveau rester à ses côtés. En temps normal, il n'aurait pas retenue cela pour lui, il aurait simplement dit tout haut ce qu'il pensait mais pour elle, il avait fait l'effort de se taire et de se retenir. Penser qu'en fait, il aimait être ici... Quelle bonne blague ! Même si la chose trottait dans sa tête, il avait réussi à lire un peu ses bouquins avant de trouver le sommeil.
Comme toujours, la nuit, le corps masculin d'Hardos laissait place à un corps plus frêle et féminin, pour laisser sa sœur dormir à sa place et continuer de dormir. Ce ne fut qu'au petit matin qu'elle se réveilla, profitait que ses affaires de la veille – sa tenue normale – soit lavé et propre pour aller prendre une bonne douche avant d'enfiler tout ça. Les livres d'Hardos étaient toujours là mais elle n'en faisait pas attention. Cela ne la regardait pas après tout. Elle fit ses petites affaires du matin en se peignant, plaçant son bandeau sur l'œil, même si Mélinda n'y était pas dérangée, elle y était habitué, comme une personne irait mettre ses lunettes de vue sur le nez chaque matin. Une fois prête, elle n'oubliait pas de faire le lit – même si des filles étaient là pour ça ici, elle voulait qu'elles en fassent le moins possible pour elle – elle pensait toujours aux autres après tout. Harmony se dirigea donc là où tout le monde déjeunait, elle ne travaillait pas encore officiellement et lors de sa dernière nuit, Mélinda ne lui a pas dit de faire quoi que ce soit à son retour après tout. Dans la grande salle, elle ne voyait pas Mélinda, peut-être dormait-elle encore ou bien elle n'allait pas tarder ? En tout cas, elle se servait quelques petites choses avant d'aller manger dans son coin. Elle connaissait certaines filles de vue car après tout, la plupart de celles avec qui elle avait discuter la dernière fois étaient des domestiques donc actuellement, elles travaillaient. Elle mangea donc seule pour le moment, se demandant où et que faisait Mélinda ?