Comme Mélinda pouvait s'y attendre, les choses n'allaient pas être si simples avec Kamiye. Tremblant nerveusement, le jeune homme ne savait plus où donner de la tête, décontenancé par l'attitude nonchalante de sa nouvelle Maîtresse. Alors, dans un réflexe psychologique tout à fait compréhensible, il se referma sur place, et revint à ce qu'il connaissait de mieux : la servitude totale. Il répéta à loisir qu'il était désolé, tout en baissant la tête, semblant rapetisser sur place, n'osant même pas demander à ce qu'on le soulage de sa cage. Mélinda se pinça les lèvres en l'observant. Mine de rien, la vampire était assez douée dans ce domaine... Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Outre son intuition naturelle, elle avait grandi au milieu d'esclaves. Mélinda réfléchit donc un peu, tandis qu'un silence inconfortable s'installa entre eux.
« Tu n'es pas un bon esclave, Kamiye. »
La sentence venait de tomber, et elle savait déjà que ce qu'elle venait de dire allait faire travailler les neurones de Kamiye. Mélinda se déplaça alors, les pieds de sa chaise raclant le sol, puis elle marcha sur le tapis, toujours pieds nus.
« Cela va te surprendre, mon joli, mais j'ai été une esclave, moi aussi. Mon propre père m'a asservi. C'est que, quand je suis venue au monde, ça... Le corps de ma mère ne l'a pas supporté. Elle était déjà très affaiblie, et elle est morte en me mettant au monde. Alors, malgré mon joli minois, mon père m'a toujours vu comme un monstre, la créature hideuse qui avait tué la dernière personne sur Terra que ce salaud était encore capable d'aimer. J'ai grandi dans une cage similaire à la tienne, et c'est là que j'ai compris une chose. »
Elle se déplaçait lentement en parlant. Remuer des souvenirs lointains était toujours douloureux pour elle.
« Ce ne sont pas les barreaux d'une cage qui te retiennent... Ce sont les barreaux qui se mettent dans ta tête. Tu es un esclave par déterminisme, parce que tu te convaincs que tu ne peux pas être autre chose. Quand on en arrive à ce point du raisonnement, on finit par se dire qu'on pourrait être ce qu'on a envie d'être, et non ce que les autres veulent qu'on soit. Mon père voulait que je sois un esclave, mais je n'y suis pas restée. Quand j'ai tué ce monstre de mes propres mains, je suis devenue la Maîtresse. Ma leçon, toutefois, était incomplète. Je pensais que, comme moi, les autres esclaves avaient soif de liberté, alors j'ai voulu affranchir les autres esclaves de mon père... Et tous ont refusé. Tu vois, Kamiye, si je te disais à l'instant que je vais t'affranchir, tu paniqueras plus que jamais. Mais moi, j'ai insisté, je leur avais dit qu'ils devaient être libres... Mais que signifie la liberté, quand on a pas les clefs pour vivre de manière autonome ? On apprend pas aux esclaves à lire, à écrire, on les laisse dans l'ignorance la plus complète. Donc, moi, j'ai décidé de les former, de les éduquer. Mais, après leur avoir appris la lecture, à compter, ils n'ont jamais voulu partir. »
Tout en parlant, Mélinda se rapprocha, et s'assit alors sur le rebord de la table, à côté de Kamiye. Elle pivota pour lui faire face, ses magnifiques jambes dénudées venant se poser sur la chaise.
« La vérité, Kamiye, c'est que, qu'on soit esclave ou libre, qu'on soit riche ou pauvre, au fond, il n'y a qu'une seule chose que l'être humain veut... C'est faire partie d'une famille. Avoir le sentiment de compter et de ne pas être quantité négligeable. Donc, tu auras beau dire que tu es désolé tout le temps, je sais très bien que ce n'est pas le cas. Car, au fond de toi, tu ne peux pas te concevoir autrement que comme esclave... Et tu as été formé comme ça. L'idée de faire un choix te fait paniquer, l'idée que je sois autre chose qu'une Maîtresse tyrannique se heurte à tes conceptions. Tout cela, je le sais, car je l'ai vécu. Moi, tu vois, je ne crois pas que les humains aient pour finalité nécessaire d'être libres... Et cela vaut encore plus pour les Furrys. Tu appartiens à des espèces qui sont serviles par nature. Alors, dis-moi... Que ferais-tu si tu étais libre, hum ? »
Et, après avoir posé cette question, Mélinda se laissa glisser en avant, et atterrit sur le fauteuil de Kamiye. Elle s'installa sensuellement contre lui, ses seins venant heurter sa poitrine. Ses bras s'enroulèrent sensuellement autour de son cou, et elle continua à se rapprocher, croisant son regard nerveux. Elle n'avait pas encore fini sa démonstration ni ses explications, elle ne faisait d'ailleurs que mettre en application ce qu'elle venait de dire, curieuse de voir ce que Kamiye allait bien pouvoir répondre...