« Tu as eu le temps de consulter mes notes, je suppose ?
- Bien sûr... Honnêtement, je ne pense pas que nous aurons la moindre chance d’y arriver. Le vampirisme est un mécanisme très compliqué, et le sang d’un vampire est aussi inviolable qu’un mur. »
Les vampires étaient connus pour leur résistance naturelle très développée à toute forme d’empoisonnement. C’était une conséquence de leur sang, qui était très efficace, et produisait un grand-nombre d’anticorps et régénérait très rapidement les cellules endommagées. Inversement, le problème de cette résistance, c’était que toute tentative de fécondation était vouée à l’échec, que ce soit dans un sens, ou dans l’autre. L’écrasante majorité des vampires étaient inféconds, seuls étant féconds les vampires nés ainsi, qu’on appelait, familièrement, les « purs-sangs ». Néanmoins, ces êtres, ces vampires « primaires », constituaient une minorité insignifiante de l’ensemble de l’espèce vampirique, qui se reproduisait en transformant d’autres espèces en vampires. Par conséquent, Mélinda n’avait jamais réussi à avoir un enfant, et Samara avait mené d’importantes recherches là-dessus. Elle avait fourni ses résultats à son amie et alliée, la puissante Déesse Sha, afin que cette dernière organise un rituel de la dernière chance.
Sya, l’Ange de la Luxure, était proche des trois femmes. Elle avait connu Sha pendant les Douze Épreuves de Wallündrill, qui avait permis au culte de Lust de se rapprocher de celui de la Sorcière. Ce rapprochement avait permis à Sya d’avoir des idées, car la jeune Ange avait une envie, un fantasme qui la titillait : avoir un enfant de la part de Mléinda. Sya était très fertile, et Samara avait essayé d’utiliser sa fécondité pour tenter de l’ensemencer avec Mélinda, mais, là encore, le sperme de Mélinda s’était avéré inefficace, stérile, ce qui avait chagriné Sya, qui n’avait encore jamais rencontré un tel échec. Même la puissante magie rose de Sya n’avait permis de faire l’impossible, et, en désespoir de cause, têtue comme elle était, elle avait organisé ce rituel.
Pour parvenir à forcer la Nature, il fallait un miracle divin, et elle s’était donc naturellement tournée vers la Déesse de la Sorcière. Après Wallündrill, les pouvoirs de Sha avaient grossi, et le moment était idéal, car Sha était actuellement enceinte de deux belles jumelles, chacune issue de deux mères différentes : Kiriko et Açoka. Les deux lieutenantes de Sha étaient également là, chacune portant également un bébé de Sha. Açoka était revenue d’un pèlerinage très difficile à Cair Viscri, et avait ramené avec elle des artefacts qui avaient permis d’améliorer le contrôle de l’Ombre sur ses Orcs, mais aussi d’améliorer encore davantage ses pouvoirs. Autrement dit, Sha était en ce moment plus puissante que jamais, et la présence de deux bébés dans son ventre la rendait plus apte à manipuler la puissante magie rose, afin de réaliser la seule chose qui permettrait, peut-être, d’enfanter Sya : un rituel divin.
Samara était arrivée assez tôt, en début de matinée, et avait passé plusieurs heures à prendre des nouvelles de Sha. Elle avait donc couché avec la Déesse, puis avec ses deux femmes, Kiriko et Açoka. Malgré la rivalité entre les deux femmes, savoir qu’elles étaient désormais liées par des graines poussant dans leur ventre les avaient amené à se rapprocher, d’autant plus que Sha avait décidé de se marier avec les deux femmes, de telle sorte qu’elles avaient été forcées de mettre fin à leur rivalité... Plus ou moins.
En attendant l’arrivée de Sya et de Mélinda, Samara avait confié ses deux filles, Angie et Hélène, à la garderie locale. Elle était très heureuse d’avoir deux filles, l’une, Angie, manifestant déjà des affinités avec la magie blanche, et Hélène avec la magie noire. Deux jumelles magiciennes, c’était un gage de puissance, et, de plus, elles étaient des Nephalems, issues de l’union entre une démone et une ange, une raison supplémentaire de croire en leur puissance phénoménale. Pour ce magnifique cadeau, Samara avait longuement couché avec Sya, et, maintenant, Sya était une jeune femme qui, outre ses fonctions d’Ange de la Luxure, vivait désormais avec plusieurs familles. Il y avait sa famille celkhane, sa famille mijakienne, et, prochainement, la famille mijakienne allait encore s’agrandir. Sha souhaitait en effet l’engrosser, et, si Sya arrivait à avoir une fille de la part de Mélinda, elle aurait droit à une impressionnante portée.
« C’est ici que ça se passera... »
Elles étaient entrées dans une grande pièce en forme de rotonde, où un impressionnant glyphe avait été tracé au sol. Des femmes en soutane violette, nues dessous, se tenaient tout autour du glyphe, murmurant des prières. Samara frémit en sentant toute la puissance de ce cercle magique. Mélinda arriva ensuite, en compagnie de Sya, et, après les présentations d’usage, Sya se retrouva entre les bras de Samara, qui la câlina, pendant que Sha se retournait vers la vampire.
« Ce sera un rituel magique très particulier... Toute vie sécrète en elle plus que des morceaux de chair, des vaisseaux sanguins, des os, et des tendons. Il y a... Il y a quelque chose d’imperceptible dans chaque être vivant, ce qu’on appelle l’âme, un morceau de l’énergie fondamentale de l’Univers, une énergie que nous, Dieux, pouvons manipuler bien plus aisément que les simples mortels.
- Je vois...
- Je ne pense pas que ce soit aussi évident, sourit doucement Sha, mais peu importe... Ce qu’il va falloir faire est un rituel très compliqué, et, je crois, sans précédent. Un rituel qui peut par ailleurs être potentiellement dangereux. Le sperme d’un vampire ne peut pas féconder un ovule, car il ne permet pas de sécréter cette essence divine dont je te parlais. Pour le faire, mon projet est lié au concept de superfécondation, Mélinda, un phénomène quand des ovules sont fécondées par des spermatozoïdes émanant de deux donneurs différents. C’est ce que j’ai fait avec mes bébés, par exemple... »
Mélinda hocha lentement la tête, tout en restant silencieuse. Elle était toujours un peu décontenancée. Sya savait combien Mélinda avait envie d’avoir une fille, et combien elle était frustrée de ne pas y arriver. Elle avait essayé de nombreuses choses, allant de la chirurgie uatéenne à la magie, mais tout était resté sans succès. Sya avait tenu à y mêler son grain de sel, jusqu’à demander l’aide d’une Déesse. Sha était donc là, et sa main caressait les cheveux de Mélinda. Elle portait son épais manteau noir, ouvert en son milieu, dévoilant ainsi son ventre, l’ourlet de ses seins, et une belle verge, légèrement érigée.
Sha s’avança donc, tout en continuant à parler :
« Pour t’expliquer concrètement, nous allons toutes les deux engrosser Sya, mais, contrairement à une superfécondation classique, ici, il ne s’agira pas d’enfanter plusieurs ovules avec des spermatozoïdes différents, mais un seul, avec nos deux spermes. L’idée est que j’apporte à ton sperme ce qui lui fait défaut, et, vu la grande fertilité de Sya, que l’ovule accepte ton spermatozoïde.
- Euh... C’est faisable ?
- La superfécondation classique est en elle-même un phénomène extrêmement rare, Mélinda. »
En 2009, on avait par exemple recensé, sur Terre, uniquement 12 cas de superfécondation, et chaque cas donnait souvent lieu à la parution d’articles de journaux. Sha se rapprocha de Samara et de Sya, et sa main caressa le visage de Sya.
« Ce que nous allons faire est impossible, à moins d’un miracle divin... Ce sera un rituel long, car il faudra s’y reprendre à plusieurs reprises. Toutes les deux, vous allez devoir faire l’amour pendant des heures, si ce n’est des jours, et, à chaque fois, je devrais revenir pour te féconder, Sya, et user de ma magie pour réussir à produire ce miracle. Le risque, c’est qu’il y ait des réactions secondaires inattendues qui pourront endommager ta fertilité... Alors, Sya, es-tu vraiment sûre de vouloir aller jusqu’au bout ? »