Béni par la lumière des Anges, Lumen est un puissant et riche royaume au cœur d'une puissante confédération.
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Avant de songer à bâtir : se reconstruire. [PV Kamiye Goupile]

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Le Roi Rouge n'était plus. Gine et les autres s'étaient arrachés à ses griffes. Ils avaient dû batailler longuement pour cela. Ils avaient risqué leur vie pour vaincre ce tyran une bonne fois pour toutes. Certains d'entre-eux avaient gagné le Graal - la liberté. D'anciens esclaves ayant fini par trouver un endroit où s'établir, au sein de ce lieu de paix et d'amour, perdu dans le désert, que l'on appelait l'Oasis. La Saïyajin avait tout fait pour leur permettre ce miracle, pour qu'ils puissent atteindre leur objectif.
Elle en avait trop fait.

- Urkf !

Vidée de ses forces, la femme de singe s'étala tête la première dans l'herbe grasse. Elle se trouvait tout près d'un cour d'eau. Elle l'entendait mais ne le voyait pas. Comme si la nature elle-même cherchait à lui rendre la monnaie de sa pièce, à cette monstruosité que l'on avait arraché à son monde décadent...

- Nggh...

Poussant sur ses bras, elle entreprit de se relever. Autour d'elle, la végétation était dense. Une plaine riche sur laquelle le soleil tapait fort. Plus loin s'étendait une forêt vallonnée. La roche était découpée par endroits. Des falaises touffues à perte de vue d'un côté, un horizon azuré de l'autre.
Trop faible pour se hisser sur ses jambes, Gine se laissa retomber dans l'herbe et roula sur le dos. D'une main fatiguée, elle se protégea le visage du soleil. Ses lèvres étaient sèches après avoir passé tant de temps à fendre le ciel. Tant de temps à fuir des gens qu'elle avait protégés, qu'elle avait aimés... mais qu'elle avait, au final, mis en grand danger.
C'était un euphémisme.
Malgré son ventre vide, la Saïyajin se retourna pour vomir.

- ...Qu'est-ce que j'ai fait ?

Lors de leur affrontement contre le Roi Rouge, Gine s'était transformée en monstre. Dans sa fureur incontrôlée, l'Oozaru avait fait un carnage monstre ! Paré d'une épaisse fourrure noire, l'impitoyable titan simiesque avait ravagé les rangs ennemis... avant de jeter son dévolu sur ses alliés.
Le visage de la Saïyajin s'inonda de larmes.

- Qu'ai-je... donc fait ?

Elle les entendait à nouveau : ces hurlements de terreur, ces cris d'agonie ! Ils résonnaient dans sa tête, ajoutant toujours plus de combustible à son désespoir.
Gine eut un flash.

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Elle ferma les yeux aussi fort que possible, ses larmes continuant à ruisseler le long de ses joues trempées.
Le vent se mit alors à souffler sur les plaines. L'élément vagabond couvrit les bruits de pas d'un voyageur tout aussi volatil que lui.
Si Gine ne le sentit pas arriver, elle entendit sa voix par-delà ses sanglots :

- On dirait que vous vous en êtes sortie, finalement.

L'érudit. Cet homme mystérieux que son groupe avait rencontré dans ce trou perdu au beau milieu du désert, parmi les naïades. Le savant à qui Spartacus devait sa puissance de lion, sa force de dominant.
Gine ne se rappelait pas l'avoir tué, ce compagnon. Elle espérait que non. Qu'elle n'avait pas oublié d'avoir commis cette atrocité non plus. Ses souvenirs de cette nuit là - vieille de plusieurs jours - étaient aussi noirs que morcelés.
Le peu de ces morceaux avaient suffit à lui détruire le moral.
Son locuteur foula l'herbe. Trop honteuse pour le regarder droit dans les yeux, la Saïyajin tourna sa tête dans la direction inverse.
L'érudit soupira.

- La prophétie s'est réalisée, pas vrai ?

Gine ne répondit pas.

- Je devine à votre état qu'il s'est montré...

Toujours pas de réponse.
Cela ne dérangeait pas l'érudit.
Il la comprenait.

- Le Roi Rouge a été défait, mais vous en déplorez le prix.

Il y eut un blanc sonore.
Gine en était venue à fuir ses souvenirs. Elle avait écrasé des gens comme s'il s'agissait d'insectes. Elle en avait pulvérisé d'un crachat de Ki. Amis comme ennemis, abattus dans la foulée...
Elle se retourna, présentant le dos de son armure brisée au prophète.
Celui-ci s'assit dans l'herbe et contempla les nuages bas.

- Vous avez perdu le contrôle, lui rappela-t-il. L'influence de la Lune a eu raison... de votre raison.

La Saïyajin pleura à nouveau. Plus fort que tout à l'heure.
C'était trop dur. Beaucoup trop dur à supporter.
Elle se couvrit le visage de ses mains... avant de les en éloigner subitement, le visage horrifié. Comme si elle les avait découvertes pleines de sang ! La femme à queue de singe ramena ses genoux contre sa poitrine, dans une position fœtale digne de la dépressive qu'elle était devenue.
L'érudit ferma les yeux un instant, sa faiblesse le touchant plus qu'elle ne le pensait.

- Malheureusement, c'était inévitable. La bête enfouie en vous ne demandait qu'à sortir. Et plus vous chercherez à la retenir, plus grande son envie deviendra. (Il soupira tristement.) Quand il devient trop ardent, le désir de liberté fait toujours couler le sang. C'est une vérité immuable - propre à tous les mondes et à toutes les espèces qui les peuplent. Par son inéluctabilité, elle me navre et me fascine à la fois...

Gine n'avait aucune envie de parler avec cet oiseau de malheur, mais ça ne l'empêchait pas de l'écouter.

- Vous savez... vous me rappelez un peu ma fille, à l'époque.

- ...Elle ne peut pas être aussi monstrueuse...

L'érudit eut un soupir indulgent.

- Certes pas de cette manière, non. Mais, tout comme vous, ce petit monstre aussi ne pouvait pas contrôler ses pouvoirs. (Il eut un mince gloussement.) Lors de ses crises, elle se montrait plus dangereuse encore que sa mère. Alors que le reste du temps, c'était une crème ! Une enfant heureuse et pleine de vie. Un bourgeon qui ne demandait qu'à pousser...

- J-je ne veux plus de tout ça...

Gine parlait d'une voix blanche.

- Pourtant, vous allez en avoir besoin à l'avenir.

- Le monstre l'a réduit en cendres.

Il ne la contredit pas.
Elle ne put s'empêcher de poursuivre :

- ...Vous l'avez vu ?

- Quoi ? Votre avenir ?

Sans avoir le courage de se tourner vers lui, Gine hocha mollement la tête.

- En partie seulement.

Puis il y eut un silence. Sans saveur pour la Saïyajin, passablement ennuyant pour le savant.

- Je peux vous aider à surmonter cette épreuve.

Aucune réponse à cette main tendue.

- En fait, je suis venu ici spécialement pour cela.

Encore ce silence...

- Par contre, il va falloir que vous y mettiez un peu du vôtre, chère amie.

Mais Gine ne l'écoutait plus. Parce qu'elle s'était endormie, tombée d'épuisement.
Ses petits ronflements interpellèrent l'érudit.

- Vous avez besoin de repos, dit-il en farfouillant dans sa besace.

Il en sortit une couverture. Sa préférée, qu'il coucha sur les épaules de Gine.

- J'ai espoir qu'une bonne sieste vous fera du bien.

Tout en la bordant, un sourire mélancolique se dessina sur son visage éternellement jeune.

- Soyez sans crainte : je veillerai sur votre sommeil et chasserai vos cauchemars les plus noirs.

Il patienterait juste à côté. Le temps qu'elle reprenne conscience. Lui, assis en tailleur, parfaitement visible à côté d'elle que la végétation dissimulait aux yeux des curieux.
Modifié en dernier par Gine le 20 juin 2025 12:50, modifié 1 fois.
Tout n'est pas perdu ! En fait... rien ne l'est vraiment tant que l'espoir demeure !
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Kamiye Goupile
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Ce pied énorme qui avait écrasé un ancien esclave juste à côté de lui… Kamiye n’avait rien compris. Kamiye avait tout compris. C’était surréaliste. Ce monstre-singe venait de balayer la ligne claire entre amis et ennemis. Le Roi Rouge était-il vraiment le pire monstre de ce champ de bataille ? Il semblait que oui. Et à la fois, il était impossible pour Kamiye d’être en accord. C’était Gine. Ce monstre terrifiant avait-il toujours vécu dans le cœur de cette femme qui avait décidé de le protéger ? Lui aussi abritait de la rage en lui : un Courroux. Et il ne put la juger.

Il tomba à genou en plein milieu d’un champ de bataille. Le cou douloureux à observer ce monstre-géant écraser, hurler et répandre la mort comme si tous n’étaient que des insectes. Il avait observé. Et il avait survécu. La Chance ? Les efforts de Gine pour protéger « son mâle » ? Kamiye n’avait pas la réponse. Et quand le tumulte retomba en même temps que la poussière, permettant aux cris et aux pleurs de s’élever : il tomba. De corps et d’esprit. Tremblant. Miraculeusement sauf. Un lâcher-prise dans les abimes d’un sommeil sans rêve.

Et il se réveilla.

Le monstre-singe n’était plus là.
Gine non plus.

« Où est-elle passée ?... COMMENT CA UN MONSTRE ? Elle ne nous a pas trahi !!! »

Mais c’était le cas. Du moins, le doute rongeait son cœur. Parce qu’elle avait bel et bien tué les siens. Ses souvenirs le lui rappelaient. Les restes des corps écrasés à côté de lui le lui démontraient. Et pourtant…

« Elle souffre. Je sais qu’elle a mal. Je… »

Il réalisa qu’il avait déjà décidé. Que ce soit Qaye ou Spartacus, ou peu importe qui d’autre : personne n’était aussi importante que Gine dans le cœur de Kamiye.

« Merci. Mais je pars. »

Ce fut facile. Et terrifiant de pouvoir suivre les traces de géant dans le sol. Il fallait qu’il crapahute si longtemps pour passer d’une empreinte gauche à une droite. Il n’était même pas préparé à un nouveau voyage. Ni vivres ni gourde. Avait-il cru qu’elle serait derrière cet angle mort là-bas ? Qu’elle serait peut-être à une seule petite heure d’ici ?

[…]

Où était-elle ? Kamiye s’en voulait. Il déplorait (presque) que sa Gine soit redevenue la (faible) femme qu’il avait toujours (cru) connu. Il était épuisé. Ses jambes lui faisaient mal. Mais il ne s’arrêtait pas. Quand le flou de ses yeux s’en allait quelques minutes, une boule se logeait dans sa gorge en découvrant ses mains pleines de sang. Il ne savait même pas si c’était du sang de ses anciens amis ou des ennemis qui avaient lutté parce que des êtres humanoïdes avaient voulu croire en leur liberté. Il n’était même pas certain de savoir s’il avait tué. Ou si ce n’était pas lui, si c’était Courroux. Alors il se concentrait sur Gine. Elle aurait les réponses. Ou il pourrait oublier dans ses bras à elle.

Il la retrouva. Un peu par hasard. Et aussi par surprise. Parce qu’elle se trouvait endormie derrière un pan de végétation.

« Euh… »

Mais ce n’était pas elle que ses yeux avaient découvert en premier. C’était lui. Cet homme à la besace contenant pleines de fioles superbes. Comment aurait-il pu l’oublier ? C’était dans ce lieu incroyable où Kamiye avait connu intimement Gine. Mais ça n’était pas resté un lieu formidable très longtemps. Les esclaves avaient subi une attaque…

« Je…. Elle va bien ? »

Son cœur battait fort. Il ne savait pas exactement pourquoi. Son instinct animal qui avait peur du singe-géant ?... Son envie de faire fleurir son amour pour elle ?... Ou peut-être une peur liée à cette couverture sur son corps qui paraissait si faible ? Car cette couverture semblait attester qu’il avait été remplacé. Par lui. Par cet homme qui semblait si sage et pourtant si jeune. Il avait tant de charisme que Kamiye se sentait rabaissé naturellement. Mais cette posture prostrée le faisait souffrir.

« Je la voulais, elle… J’ai tellement soif… De l’eau pour moi ? »

Il en perdait sa richesse de vocabulaire et s’exprimait comme un enfant, la main tendue.

« Si elle est à vous, prenez en soin. Elle est faible. Fragile. J’essaierais de pleurer en silence dans un coin là-bas. Mais pas trop loin… je suis tellement fatigué… »

Que ne donnerait-il pas pour se réfugier contre son corps et s’endormir tout contre elle !

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- Ah ! mais qui voilà ?

Feignait-il la surprise face à Kamiye ? Difficile à dire : cet érudit n'était pas vraiment un voyant ! Beaucoup de futurs lui échappaient. Et il n'était d'ailleurs franchement pas déterminé à en examiner les infinies possibilités. On le voyait comme un homme compliqué alors qu'en fin de compte, il ne l'était pas tant que ça.

- Approche donc. Personne ne va te manger.

Ni lui ni l'endormie.
Mais le savant n'ignorait pas que ce n'était pas là ce qui faisait hésiter l'ancien esclave.
Ce dernier s'enquit de l'état de santé de sa préférée. Ce à quoi répondit l'autre :

- Moralement, non. Physiquement, elle s'en sortira.

A la demande de son locuteur, il sortit une gourde de sa besace et la lui tendit. Pas énorme, elle tenait facilement dans une main. Trompeuse d'apparence, parce qu'elle se renouvelait en eau potable à chaque fois que l'incantation idoine était prononcée par son propriétaire. Un entrelac de symboles mystiques ornait les deux faces dudit récipient. Celles-ci s'illuminaient lorsqu'elles entraient en fonction.
La méprise au sujet de la Saïyajin le fit quelque peu sourire.
Rictus qui s'effaça sans prévenir, au bénéfice d'une expression beaucoup plus sérieuse.

- Attention : si tu bois dans cette gourde, tu ne pourras plus jamais revenir en arrière.

Il y eut un moment de flottement et...

- Je plaisante ! Tu ne risques rien : il n'y a que de l'eau claire là-dedans.

Un gloussement plus tard, il reprit avec un calme professoral :

- Elle s'appelle Gine, c'est bien ça ?

Il avait suffisamment confiance en sa mémoire pour ne pas avoir besoin d'entendre confirmation. Et oui : il était un homme qui aimait beaucoup s'entendre parler. Doué pour la recherche autant que pour la parlotte ! En outre, il était un vrai cordon bleu...
Kamiye n'aurait eu aucune chance face à lui mais...

- Il m'est impossible de la prendre pour femme.

Il eut un sourire mélancolique.

- Et je ne dis pas ça parce qu'elle pourrait me croquer dans sa forme de grand singe ! (Il rit comme un enfant.) Bon, soyons honnête : c'est peut-être l'une des raisons qui, effectivement, m'a motivé à ne pas la toucher...

Pourquoi n'avait-il pas cherché à suivre le groupe pour leur faciliter la tâche face au Roi Rouge ?
Il en avait les moyens techniques, après tout.
A cette pensée, l'érudit secoua silencieusement la tête.
Il ne pouvait décemment pas avouer à ce petit homme-renard qu'il avait rêvé d'une de ses morts possibles en compagnie de Gine, lors de ce fameux combat de titans.
Le souvenir de ces affreuses images le fit soupirer.
Ses yeux bleus roulèrent sur le visage fatigué de Kamiye.

- Mais dis-moi plutôt... tu serais prêt à me l'abandonner si facilement tout en sachant qu'elle attend un enfant de toi ?

Quoi ? Le futur papa n'était pas au courant ?
Cette fois-ci, l'érudit fit véritablement semblant d'être surpris par sa "bévue".
Les yeux ronds comme des soucoupes, il se couvrit provisoirement la bouche d'une main.

- Oups ! Tu l'ignorais ?

Il s'amusait comme un petit fou à le faire marcher.
Il ne fallait tout de même pas que cela dure trop longtemps non plus.

- N'aie crainte. Elle t'aime toujours, de ça j'en suis persuadé. Simplement, elle va avoir besoin d'un peu de temps pour se reconstruire.

Du temps et du soutien, surtout. D'où l'importance de sa présence ici, en plus de celle de Kamiye - indispensable à ses plans.

- Pour vivre votre petite vie tranquille, il vous reste encore quelques épreuves à surmonter...

Venant d'un homme pareil, ces paroles n'étaient pas très rassurantes.

- Cette région reculée abrite un ermite plus puissant que le Roi Rouge en personne. Sa réputation le précède - surtout auprès des combattants. Les plus sages parmi eux ne cherchent même pas à l'approcher. Quant aux plus téméraires... (Il se passa un pouce sous la gorge.) Enfin bref ! Cet homme, que l'on prend pour un démon à cause de ce qu'il est capable de faire, n'aime pas être dérangé. Pourtant il vous sera d'une grande aide, à ta femme et toi. Deux êtres particulièrement intéressants qui couvent en eux une force qui les dépasse complètement.

Gine émit quelque chose dans son sommeil. En un murmure, elle prononça les mots suivants :

- Hnnmm... Kamiyou... ne m'abandonne pas...

Le Voyageur eut l'air satisfait. Il hocha la tête et se releva.

- Garde la gourde avec toi, dit-il en venant poser une main amicale sur l'épaule de Kamiye. Je te la prête jusqu'à notre prochaine rencontre.

Il lui adressa un clin d'œil avant de lui glisser quelque chose d'intraduisible à l'oreille :

- Souviens-toi bien de ces mots magiques car si tu les murmures en ayant les doigts posés sur les runes, la gourde se remplira aussitôt d'une eau fraîche.

D'une dernière tape sur l'épaule, il s'éloigna de l'ancien esclave. Qu'il salua de dos, en un grand geste de la main.

- Lorsque tu seras enfin parvenu à la raisonner, ne la lâche plus d'une semelle ! Alors, quoi que vous fassiez, vos pas vont guideront jusqu'à lui.

Le vent souffla dans son sillage. L'érudit disparut peu de temps après.
Modifié en dernier par Gine le 19 juil. 2025 19:10, modifié 1 fois.
Tout n'est pas perdu ! En fait... rien ne l'est vraiment tant que l'espoir demeure !
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Kamiye Goupile
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Le sage était un être étrange. Ses phrases étaient courtes. Et cela donna l’impression à Kamiye qu’il avait perdu de l’intérêt pour beaucoup de choses. Peut-être était-ce le prix à payer de trop savoir ? Et quelle ne fut pas sa frayeur quand il reçut sur le coin de la figure la menace que contenait la gourde d’eau ! Il s’immobilisa, ses grandes oreilles dressées comme si cela allait lui permettre de faire face au danger suivant. Et rien. Une plaisanterie ?! Kamiye commençait à lui en vouloir. Il n’était pas en état de plaisanter. Trop fatigué. Et ce sujet lui tenait trop à cœur. Ce petite cœur fragile.

« Quoi !? En-enceinte ? D’un petit bébé ! Mais je ne sais pas comment… »

Bien sûr qu’il savait. Il n’était pas naïf à ce point-là. Mais le choc était puissant. Lui ? Papa ? Un faible petit esclave ? EX esclave ! Il n’avait rien. Ni force physique pour protéger sa future famille. Ni richesse. Ni même un toit ou de quoi les nourrir tous les deux. Trois, il fallait qu’il se compte dans l’équation tout de même.

Il accumulait les signes de nervosité. Incapable de se tenir parfaitement immobile. Il le regardait lui. Elle. Et ses grandes oreilles de renard se redressèrent à nouveau quand il mentionna encore des épreuves à venir. N’avaient-ils pas assez souffert ? s’exclamèrent ses grands yeux.

« Je ne comprends rien… » dit-il avant que Gine s’exprime dans son sommeil.

Kamiyou ? Ne pas l’abandonner ? Cela déclencha quelques larmes. Les dernières qui lui restaient à cause de cette traversée du désert et d’un début de déshydratation. D’ailleurs, le sage lui reparla de la gourde. Kamiye la serra fort contre lui. En tant qu’hybride libre, c’était peut-être la première fois qu’on lui confiait quelque chose.

« Un artefact magique ?! »

Il y eut une tape dans son dos. Des mots cryptiques. L’esprit du petit renard faisaient tourner en boucle les mots chuchotés.

« Est-ce que vous pourriez répét-… »

Il était tout seul. Enfin, seul avec Gine. Le sage avait disparu. Et la panique le gagna ! Et s’il n’avait pas compris la formule magique !? Il but alors cul-sec l’eau qui restait dans la gourde. Il n’y avait plus rien. L’angoisse l’étreignit. S’il ne s’était pas bien rappelé… Alors il aurait gaspillé toutes leurs ressources en eau à tous les deux.

Il la regarda.

« Tous les trois ?... »

Sa main avança prudemment vers le ventre de sa…compagne ? Il ne savait pas trop comment l’appeler. Après tout, elle l’avait fui. Il l’avait poursuivi si difficilement. Et… La formule !

Rien.

« Pourquoi ?!... »

Il avait envie de pleurer. Encore. Sa tristesse parvenait à se transformer en douleur physique. Et il se souvint ! Il avait prononcé les mots sans poser ses doigts sur le symbole. Alors il recommença. Et il rit ! Un rire de soulagement. La gourde était de nouveau remplie : ah ah ah !

Ensuite il s’assit près d’elle. Un bras replié contre son torse pour tenir fort fort la gourde magique. Et son autre main étant parti à l’aventure, pour se poser délicatement sur une main de Gine. Il la veille aussi longtemps qu’il put. Puis il sombra dans le sommeil dans sa position assise en tailleur.

!!! SPECIAL !!! 6/14
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ImageCandy : « Ils sont mignons tous les deux. J’ai hâte de les suivre lors de leur prochaine aventure à la plage. »
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« N’allons pas trop vite en besogne. Cette plage multiverselle est bien loin de notre couple de tourtereaux. Là-bas, ils seront en sécurité. Comme une parenthèse dans leur vie qui aurait tendance à baigner dans le dramatique. Là-bas, ils pourront se découvrir sans pression. Mais ici et maintenant, le sable s’immisce sans plaisir dans les vêtements. Ici et maintenant, le soleil ne réchauffe pas : il brûle leur couenne. »
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ImageCandy : « Franchement, tu as trop de la chance que je sois là ! Tu sais pourquoi tu n’as jamais eu de promotion ? Parce que tu n’es pas assez rigolo ! »
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« Mais nous parlons d’un événement, la mort du Projet de GeoWeapon Corporation et d’un avatar de la Nature, qui tel un battement d’ailes de papillon va provoquer des cataclysmes à l’autre bout du monde ! Bien évidemment que mon ton est grave. »
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ImageCandy : « N’empêche que ce papillon revient souvent. »
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« Effectivement. C’est qu’il existe un vieux dessin de mon « Dieu » qu’il a repris récemment. Un concept qui lui plaisait beaucoup et qu’il n’a jamais utilisé. »
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ImageCandy : « Hey ! Tu sais quoi ? Je viens de réaliser une chose. »
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« Ce n’est pas vraiment toi qui a réalisé cette chose, mais plutôt mon « Dieu » et-… »
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ImageCandy : « Et on s’en fout ! Mais dans la Taverne, il y a une femme qui s’occupe de toutes les serveuses. Tu sais, comme Kaos et notre orc qui bégaie. Marianne Monarque. Et bah elle a une forme qui la transforme en une espèce de papillon. Tu crois que c’est lié ? »
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« Je ne sais pas. Mais dans ce jeu de construction d’un tel univers, tout finit toujours par se regrouper. Nous parlons d’une sorte de puzzle dont nous n’arrivons pas à délimiter son bord. Pas plus que nous savons s’il est en deux dimensions ou d’un tout autre niveau de complexité. »
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Qu'est-ce qui réveilla la brute au bois dormant ? ce contact prolongé sur sa main ? les échos du rire de soulagement de l'hybride ou bien... sa simple proximité ?
Sans doute cette dernière parce qu'il faisait nuit lorsque la jeune femme rouvrit les yeux sur les herbes hautes.
Où suis-je ?
Le stridulement de quelques insectes nocturnes bourdonnait à ses oreilles.
Gine se redressa lentement et, d'une main faible, entreprit de se frotter le dos des paupières. Ce geste lui fit comprendre deux choses : d'une part qu'il y avait quelqu'un avec elle qui lui avait tenu la main, et d'autre part que ce n'était pas le mystérieux érudit avec lequel elle avait conservé avant de piquer du nez. Malgré le fait qu'elle percevait son odeur sur cette couverture, qui s'était renversée au niveau de sa taille.
Mais alors qui... ?
Kamiye. L'ancien esclave avec qui elle s'était évadée. A qui elle s'était même offerte dans cette oasis. Gine le reconnut tout de suite dans cette plus que pénombre inquiétante. Il l'avait suivie jusqu'ici. Lui, le faible androgyne aux attributs de renard. En bravant le désert, seul et sans défense alors qu'il aurait pu jouir du confort d'une autre Oasis, bien loin de sa monstrueuse présence.
Gine le fixa un moment, incrédule, avant de détourner un regard qui se voulait coupable. Ses traits se contractèrent.
Pourquoi les gens sont-ils aussi bornés ?
Elle s'en voulut aussitôt de s'être posée la question. En tant que fugitive, elle était mal placée pour émettre le moindre reproche. Encore moins à l'adresse de cet homme, qu'elle savait vulnérable...
Il s'est assoupi dans cette posture ?
Assis en tailleur. A la manière d'un grand sage.
Gine songea une énième fois à s'enfuir. La facilité, bien sûr ! Elle pourrait facilement le semer alors qu'il dormait. Sauf que même si elle n'en avait pas assez de disparaître à la vue des autres, Kamiye finirait sans doute par se faire croquer par un prédateur du coin.
Elle n'était donc pas stupide au point de l'abandonner là.
Je suis d'une insupportable nullité, se réprimanda-t-elle.
Ils avaient eu de la chance jusqu'à présent ; Gine, même si elle était blasée, n'éprouvait pas l'envie de la pousser dans ses ultimes retranchements.

Alors elle commença par prendre soin de son hybride. En lui déposant cette couverture sur les épaules - sans le réveiller - avant d'effectuer une ronde durant laquelle elle ramassa un peu de bois mort ainsi que quelques pierres. Tout qu'elle installa sur un carré de terre sèche non loin de Kamiye. Une étincelle fit le reste, allumant des flammes à une hauteur raisonnable.
Puis, en observant Kamiye, Gine lutta très fort contre la tentation de poser sa tête sur ses genoux. Elle se contenta de prendre tristement place de l'autre côté du feu de camp. Sans doute par peur de faire inconsciemment du mal à celui qui - elle l'ignorait encore - l'avait fait tomber enceinte.
J'ai faim mais je n'ai aucune envie de me nourrir...
Grosse déprime, qu'elle laissa très vite de côté avec toujours cette optique de choyer Kamiye. L'instinct maternel demeurant présent, autrement plus fort que la lassitude elle-même.
Gine refit donc un tour. En prenant un peu plus de distance cette fois-ci. Afin de grapiller baies et fruits sur des arbres qui firent sa fortune. Elle préférait ça plutôt que d'avoir à chasser le petite gibier. Il y avait encore trop de morts dans sa mémoire. Trop de décès perpétrés par ses pattes énormes et dévastatrices. Ces flash là eurent au moins le mérite de la maintenir éveillée jusqu'à ce que son compagnon le redevienne aussi.

Quand il souleva ses paupières lourdes, la nuit n'était pas encore passée et le feu crépitait encore. Kamiye put la voir de l'autre côté des flammes. Assise. Déconfite, le visage bas. Elle avait étalé quelques unes de ses trouvailles sucrées juste à côté de lui, sur une feuille aussi grosse que sa poitrine. Leur odeur allait sans doute finir par attirer son attention, mais avant cela...

- Il faut qu'on parle.

Aucun ton autoritaire. Sa voix était blanche, ne retranscrivant aucune émotion. Aucune tristesse.

- Pourquoi...

Une grimace de chagrin. Elle dut s'interrompre tout de suite, et ravaler sa salive. Un mauvais départ qui avait failli lui coûter de nouvelles larmes, révélatrices de sa détresse mentale. Elle ne souhaitait pas lui montrer ce portrait. D'où sa position quelque peu... éloignée de lui. Ce qui lui faisait mal. Une auto-flagellation qu'elle estimait pourtant justifiée.

- Pourquoi t'entêtes-tu à suivre un monstre ?

C'était brutal comme mise à feu. Mais il le fallait. Pour elle autant que pour lui. Mettre les choses au clair. Et peut-être bien parvenir à suffisamment le décevoir pour qu'il la laisse tranquille et obtienne la paix. Parce qu'après ce qu'elle avait fait aux autres, elle ne le méritait plus. Courroux était une bête puissante, certes, mais l'Oozaru en elle en était une autre.

- Je le savais, dit-elle en évitant de le regarder dans les yeux, que ça finirait ainsi. Que le monstre en moi finirait par prendre des vies.

Elle soupira lourdement.

- ...J'aurais du renoncer à tout ça après que nous nous sommes débarrassés Wyald.

Un sanglot se coinça dans sa gorge. Elle le ravala dans l'instant, le faisant ainsi passer pour un hoquet.

- Si j'avais pris cette décision, il n'y aurait pas eu autant de victimes.

Elle contempla pensivement la paume de ses mains. Elle les serra très fort. Autant que ses paupières qui retenaient péniblement ses larmes.

- Je... j'ai tué nos alliés, Kamiye.

Elle visualisait leur sang sur ses mains. Elle entendait encore leurs hurlements dans sa tête. Ses lèvres tremblaient nerveusement. Elle était sur le point de craquer.

- Dans cette prison... tu te souviens ?... Tu avais raison d'avoir peur de moi.

Et elle craqua.
C'était trop dur. Beaucoup trop pour ses seules épaules.
Tout n'est pas perdu ! En fait... rien ne l'est vraiment tant que l'espoir demeure !
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Kamiye se savait faible. Même s’il était faible à un moment, ça ne changeait pas grand-chose. Mais Gine était forte. Et là, elle était faible. Ce qui… touchait énormément Kamiye. Elle était une figure d’autorité. De confiance. Il l’avait suivi. De plus en plus proche depuis cette première rencontre dans les geoles. Il avait fait… « des choses » avec elle. Avec des conséquences. Le sage au sac de potions lui avait révélé. Mais à ce moment, alors qu’elle lui parlait depuis une distance qui paraissait très lointaine : c’était elle qui était au plus mal. Parce que lui l’avait suivi. Désorienté, entre autres, il avait trouvé et puisé dans cette nouvelle motivation. Il savait, plus ou moins, ce qu’il faisait ici et assis. Mais elle ? Non.

*Ne lui dis pas. Pas encore. Elle… n’est pas prête à encaisser ce genre de nouvelle. *

Pourtant, les yeux de Kamiye fixèrent le ventre de la guerrière. Il essaya que ça ne se voit pas trop. Mais il ne le réalisa qu’un temps après l’avoir fait. Elle était assise. Elle était un peu loin. Et il avait l’habitude de regarder le sol à cause du fait qu’il avait été toute sa vie un esclave. Elle ne réaliserait pas.

« Tu m’as fait confiance. Dans cette prison. Et je crois que c’est là que tout a commencé. »

Il ne savait pas trop comment continuer. Alors il laissa le silence « parler ». Il y eut des crépitements depuis le feu. Son estomac s’éveilla en découvrant quelques fruits ramassés ici. Il sourit. Non pas parce que son estomac était vide. C’était elle qui avait fait ça. Et il sourit. Ca représentait tant !

Simplement, naturellement, il récupéra en faisant attention la petite feuille contenant leur butin. Il ne comptait pas perdre un seul de ces petits trésors pleins d’eau et d’énergie. Et puis il contourna le feu. Et s’assit à côté d’elle. A ce moment, il ne comprendrait pas qu’elle s’éloigne.

« Nous devons manger, tous les tr-, tous les deux. C’est important. Et puis, c’est toujours meilleur ensemble, oui ? »

Il lui offrit le plus gros des fruits. C’était elle qui en avait le plus besoin. Parce qu’elle pouvait combattre. Parce qu’elle était forte. Et aussi parce qu’elle détenait un secret dans son ventre. Kamiye mangea son fruit. Il prit son temps de le savourer. Le fruit, l’instant, elle.

« C’est sur que tu fais peur. Ton métier, c’est de tuer les gens. Ou quelque chose comme ça. Le mien c’est de servir les gens puissants. Qu’ils sachent se battre ou non. »

C’était plus puissant que lui. Il n’arrivait plus à détacher ses yeux d’elle. Il ne pouvait faire disparaitre son sourire. Parce qu’il savait. Et ce secret lui donnait une force !

« Les gens qui sont morts, ils ne reviendront pas. Il y en a que tu as tué en faisant exprès. D’autres non. Et c’est comme ça. Ils devaient tous avoir une famille. Mais tu ne peux pas penser à ça. En fait, je crois maintenant que ce qui te pose problème, ce ne sont pas les morts. C’est la perte de contrôle ? »

Si elle ne voulait pas manger toute seule, si elle ne s’éloignait pas de lui, si elle ne présentait pas de signes d’agressivité : alors Kamiye viendrait placer un petit fruit entre ses lèvres. Pour la faire manger. Comme si elle n’en était plus capable toute seule. Il pouvait faire ça pour elle. S’occuper d’elle. A sa mesure. Avec ses moyens. Parce qu’elle s’occuperait encore de lui plus tard. Comme avec les fruits.

« Moi je peux souffrir. On m’y a habitué. Je peux prendre un coup ou deux. Même de toi, c’est ce que je veux dire. Je ne t’en voudrais pas. Tu m’as protégé. Tu me protèges. Et je crois que tu me protégeras encore plus tard. C’est… c’est comme ça. »

Et il lui sourit. Encore. Toujours. Et il lui présenta un nouveau fruit. Comme si c’était la chose la plus pertinente au monde.

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Derrière le bruit de ses sanglots, Gine n'entendit pas la réponse de Kamiye. Pas plus qu'elle ne l'entendit ou ne le vit la rejoindre, son "plateau repas" entre les mains. La phrase suivante ? La Saïyajin éplorée ne la manqua pas, et cela lui tira une violente grimace.
Comment pouvait-il se montrer aussi prévenant avec elle après ce qu'elle avait fait aux autres ?
Elle trouvait cela si horrible !

- Tu... ?

Mais les mots moururent dans sa gorge.
Gine regarda le gros fruit juteux.
Elle ne le prit pas. Kamiye mangea le sien juste à côté d'elle.
Gine n'eut pas le courage de le repousser. Ni le courage ni la force.
Elle ne s'était jamais sentie aussi vide...
Je suis monstrueuse et lamentable.
Mais lui ne le pensait pas. C'était même tout l'inverse ! Enfin... pas tout à fait, puisqu'elle lui inspirait effectivement de la peur, par moments.
La femme à queue de singe renifla de tristesse. Elle croisa son regard, mais cela ne dura pas parce qu'elle baissa puérilement les yeux sur ses bottes abîmées.
J'ai vu son sourire ? Est-ce parce qu'il se moque de moi... ?
Elle ne lui en voulut pas. Elle avait déjà trop mal au cœur pour que cela puisse empirer.
Son compagnon, avec qui elle avait eu un généreux moment de pure passion, lui fit part de la froide vérité.
Gine ne se souciait pas plus de ses malheureuses victimes que de son incapacité à se contrôler ? C'était ça, le gros souci qui la minait ?
Elle n'était sûre de rien. Et cela lui faisait toujours aussi mal...
Mais ses yeux embués de larmes, derrière ce voile aqueux, observaient désormais le visage de l'ancien esclave.
Elle regarda alors le fruit qui lui tendait, secouant la tête en signe de négativité.

- Je n'ai pas faim, mentit-elle.

Son ventre émit un grognement évocateur.
Elle fronça les sourcils.
Maudit estomac ! Je te déteste...
Elle n'avait plus d'excuse pour ne pas accepter cette becquée, alors elle ouvrit machinalement la bouche et mâcha par petits bouts - sans grande conviction.
Kamiye ne s'arrêta pas de parler. Elle l'écouta sans rien dire. En essayant de ne penser à rien.
Mais ses paroles faisaient mouche. Parce qu'elles sortaient de sa bouche bienveillante. De la bouche de celui qu'elle avait protégé, et qu'elle avait appris à aimer plus fort que de raison.
Soudain déstabilisée par cette vision d'elle en train de l'embrasser, Gine ressentit de la honte.
Les espoirs de l'hybride allaient de paire avec son honnête sourire. Il compatissait à sa souffrance. Il avait beaucoup souffert, lui aussi.
Et sans doute qu'il souffrait toujours, d'une certaine manière. De sa trahison. Parce qu'elle l'avait fui, lui aussi. Comme une couarde incapable d'assumer le mauvais rôle qu'elle avait inconsciemment joué dans cette histoire sanglante.
Alors qu'il lui présentait un nouveau fruit à consommer, Gine pleura moins fort. Plus... silencieusement.
Il lui fallut du temps avant de poser cette stupide question :

- Comment peux-tu en être aussi sûr ?

Elle le fixait de ses grands yeux noir et humides.
Les morceaux de fruits finissaient broyés entre ses dents. Elle refusait de les avaler tout de suite, les accumulant dans les recoins encadrés par ses joues.

- J'aurais pu te tuer, toi aussi... dans mon abominable frénésie... !!

Elle se rendit compte que cette pensée l'horrifiait plus que tout. En prononçant ces mots, son cœur avait manqué un battement avant d'exploser dans sa poitrine. Elle dut y porter le poing, puis se mit à tousser. Ce qui la fit régurgiter un peu de ces morceaux stockés là où il ne fallait pas.

- D-désolée !

La honte. Rapidement de retour pour lui jouer un mauvais tour !
Comme pour se rattraper, Gine décida de s'alimenter toute seule. Comme une grande.
Ou presque.
Il y avait tout de même un peu de l'amélioration, dans son attitude...
Rien qu'un peu.
Tout n'est pas perdu ! En fait... rien ne l'est vraiment tant que l'espoir demeure !
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Kamiye Goupile
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Comment il pouvait être si sur de quoi ? Il y avait tant de latence dans leurs phrases à tout deux. C’était une conversation décousue. Une où les silences comptaient autant que les mots. Et quiconque prêtant un tant soit peu d’attention à l’univers de la musique savait que le silence faisait partie des notes et des effets pour toucher les cœurs. Mais pour le cœur de Gine, les mots de Kamiye touchaient en plein centre de la cible à chaque fois.

Kamiye manqua se jeter sur elle quand elle ressentit une douleur. Il se contint. Elle n’allait pas bien. La guerrière en elle était trop présente pour accepter une quelconque forme de main tendue. Alors il ne fit rien. Et il sourit à nouveau. Parce qu’il repensa au moment où elle avait menti et que son estomac l’avait trahi. Même son corps était du côté de Kamiye. Ca le faisait sourire plus que de raison. Comme si on lui démontrait que ce qu’il faisait était la bonne façon de faire. Qu’il devait poursuivre sans douter, petit pas après petit pas.

Il attendit encore un peu avant de reparler. Il fallait qu’elle mange. Et ils n’étaient plus que tous les deux. Il n’y avait plus personne pour les embêter. Plus de Roi Rouge à leur poursuite. Kamiye leva la tête et eut l’impression qu’ENFIN il pouvait respirer et commencer à vivre. Il sut que c’était idiot. Et il ne put se retenir de lâcher quelques notes de rires dans l’air.

« Tu sais, même si tu me tuais de rage ou par accident, je serais toujours un peu là avec toi. »

Il resta sibyllin. Peut-être était-ce l’influence de celui qui lui avait confié la gourde magique. Ou peut-être était-il plus sage qu’il y paraissait.

Le silence reprit ses droits encore un peu.

« Pour le moment, ce qui importe, c’est que tu manges. Que tu reprennes des forces. Parce qu’en l’état ? »

Et il afficha un trop grand sourire. Joueur. Provocateur. Et il ajouta :

« Parce que même moi je pourrais te battre si je le voulais ? »

Il se tint devant elle. Il leva ses petits poings. Mal serrés. Sans aucune attitude guerrière. La pose était pleine d’ouverture dans lequel pénétrer. La difficulté de la guerrière, en l’état, serait de décider laquelle choisir tellement il y en avait.

« Peut-être que je devrais te tomber dessus. Te maîtriser par la force. Te forcer à agir et arrêter de réfléchir. Parce que tu ne réfléchis pas. Tu rumines. Tu t’enfermes dans ta tête. Ce n’est pas bien. Ce n’est pas sain. »

Il se laissa retomber sur les genoux dans le sable. Puis il s’approcha d’elle.

« Peut-être que je devrais être plus masculin. Prendre de force ce qui m’appartient. Ce que je veux avoir pour moi tout seul ? »

Il se rapprocha encore un peu. La tentation devenait forte de poser ses lèvres sur les siennes à elle. Mais il était encore trop peu assuré. Et Gine souffrait. Et il était maladroit. Et il ne savait surtout pas quoi faire après. Ça le terrifiait le après. Il comptait énormément sur les ressources de Gine. Mais il fallait qu’elle se ressaisisse. Il avait tellement envie de lui dire qu’ils étaient une famille. Tout du moins, qu’il y avait une petite vie qui avait commencé à lutter en elle. Et qu’il voulait être là pour essayer de la guider. Pour l’éduquer et lui donner les moyens de changer le monde. En bien.

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Gine avait blêmi en entendant Kamiye parler de sa possible mort. Elle s'était même arrêté de mâcher pour le fixer, ses yeux encore brillants de larmes.
Il serait toujours un peu là avec elle même si elle venait à lui ôter la vie ?
Que voulait-il donc dire par cela ?
A plus grande peine, la femme à queue de singe avala son morceau de fruit qui avait bien failli lui rester coincé en travers de la gorge.
Je ne comprends pas...
Elle ne chercha pas à l'interrompre pour autant. Son compagnon était bien parti pour monopoliser le devant de la scène, et cela n'arrivait pas souvent. Une partie de Gine avait envie de le laisser faire, tandis que l'autre s'imaginait s'enfuir en volant loin de lui. Pensées qui n'étaient pas si contradictoires...
Pour autant, elle ne bougea pas. Elle ne bougea plus d'un pouce, non. Comme suspendue à ses lèvres qui avaient subitement viré mutines. Muette comme une carpe, la Saïyajin le regarda mimer une posture de combat. C'en était presque drôle de le voir bouger ainsi. Malheureusement, en cet instant, Gine avait un peu de mal à soulever le coin de ses lèvres.
Là encore, elle ne l'interrompit pas. Elle le laissa développer, ses grands yeux humides jonglant entre ses poings frêles qui, elle le savait, ne lui causeraient aucun dégât conséquent.

- Me... tomber dessus ? répéta-t-elle, avec un soupçon d'incrédulité.

La maitriser par la force ? La forcer à agir ?
Gine sentit quelque chose bouillir en elle.
Une sorte d'étincelle d'excitation... en un moment pareil ?
Son attirance pour le jeune renard qui s'éveillait ?
Elle ravala sa salive et secoua la tête.

- Grhmnn...

Oh ! elle eut envie de le contredire. De se descendre plus bas que terre. De se flageller auprès de lui pour qu'il comprenne qu'elle ne méritait pas du tout le coup... Mais Gine savait au fond d'elle qu'il avait raison. Parce qu'elle savait qu'il n'avait pas eu la vie facile, avant de la rencontrer. Avant qu'elle le libère de sa cage et se rebelle avec les autres. Il avait été un esclave obéissant, qu'elle avait rencontré alors qu'il s'était renfermé sur lui-même pour survivre. Il avait beaucoup ruminé, lui aussi. Il en connaissait un rayon à ce sujet.
Gine baissa les yeux avant de les remonter lentement sur lui, jusqu'à son visage honnête. Elle s'efforça de soutenir son regard aussi longtemps que possible, tournant et retournant ses paroles trop pleines de virilité dans son esprit blessé.
Un Kamiye plus affirmé, plus masculin... capable de la prendre de force ? Vraiment ?
La Saïyajin poussa un profond soupir.

- ...Tu m'as vue tel le monstre incontrôlable que je suis capable de devenir, lui rappela-t-elle sans reproche aucun. Et pourtant, même après ça, tu me chamailles comme tu ne m'as jamais chamaillée auparavant...

Durant ce blanc sonore, elle manqua esquisser un sourire. Mais le coin de ses lèvres n'en demeurait pas moins aussi lourd que tout à l'heure.

- Tu es un cas à part, Kamiyou. Et je crois que... malgré tout... je...

Une grimace. Elle détourna le regard. Les bons mot n'auraient pas dû être aussi difficile à sortir, si ?
Elle s'en voulait rien que pour ça !

- Je t'aime.

Elle renifla bruyamment, réprimant de ce fait cette envie qu'elle avait eu de pleurer comme une madeleine.

- Je t'aime, répéta-t-elle avec plus de conviction, mais j'ai peur qu'un jour je puisse te faire du mal !

Cette déclaration lui mit instantanément l'estomac au bord des lèvres ! Gine y colla urgemment sa main, eut un mouvement de déglutition... mais parvint finalement à tout ravaler.
Il s'agissait là d'une bataille qu'elle était en train de mener contre elle même, de toute évidence.
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Kamiye Goupile
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L’enchaînement avait été difficile à suivre. Difficile à vivre était plus juste. En quelques mots, Kamiye vécut des hauts et des bas. Le rappel au monstre gigantesque capable d’un carnage sans raison. L’utilisation du verbe chamailler qui avait un côté enfantin. Puis ce surnom qui sembla sortir de nulle part : Kamiyou. Et la déclaration d’amour ! Deux fois !! Avant qu’elle refinisse par broyer du noir en imaginant qu’elle le tuerait un jour.

Kamiye avait les yeux ronds de surprise. La bouche était hébétée. Le cœur battait vite puis s’asagissait. Il n’y avait pas de rythme et cela lui provoqua une sorte de douleur physique. Il ne savait pas s’il devait être heureux, triste ou même en colère. Il ne savait pas. Mais il vivait. Ils vivaient tous les deux ! La douleur faisait partie de la vie. Mais il ne voulait pas souffrir. Ressentir des choses, c’était aussi vivre. Et ce n’était pas que des choses négatifs. Il y avait du progrès dans sa vie. Petit à petit, mais il avait vraiment l’impression de sortir des ténèbres. Ce qui revenait pour lui, dans sa tête, à sortir d’un manoir ou d’un château et découvrir des étendues infinis d’herbe colorées par les rayons dorés du soleil.

Debout, il tendit son bras qui tenait la gourde (magique). Il en déversa tout le précieux contenu à leurs pieds.

« Moi aussi je peux nous faire du mal : mouah ah ah ! Nous souffrirons maintenant de la soif ! »

C’était surjoué. C’était ridicule. Mais Kamiye s’efforça de ne pas être critique envers lui-même. Il voulait bien être idiot. Il voulait bien se ridiculiser. Tout pour que sa guerrière reprenne du poil de la bête. Enfin, pas littéralement, il espérait.

Puis son autre main se leva, paume vers le ciel. Ses doigts un peu recourbés comme s’il maintenait une orbe de puissance. Plutôt cette posture typiquement mauvaise des gens supérieurs et des gens de pouvoir.

« Mais prends garde, guerrière ! Le renard a plus d’un tour dans son sac. Mire ! »

Il n’était pas certain de la signification du verbe mirer. Peut-être l’avait-il mal utilisé. Il était même surpris de l’entendre sortir de sa propre bouche. Mais pour le moment, il essayait de dérouler son rôle imaginaire. Son objectif ? La faire sourire ! Ou même la faire réagir de colère. Juste un tout petit peu. Il voulait la voir vivre. Et non plus se morfondre.

Kamiye murmura alors les Mots à la gourde magique qui se remplit à nouveau. Gine ayant vu les dernières gouttes s’en échapper lorsqu’elle se trouvait tête en bas.

« Vois, guerrière ! Admire la magnifi-, la mafigni-, la… magnificence du sorcier de l’eau ! »

Il avait buté sur un mot compliqué. Il était allé jusqu’au bout mais ne sentait plus d’énergie en lui pour poursuivre. Alors il la regarda, gourde tendue pour qu’elle s’en saisisse si elle en avait l’envie. Kamiye espérait que son numéro avait fonctionné. Tout comme il savait qu’il ne lui avait pas répondu. Les mots tournant en boucle dans sa tête « Je t’aime ». Peut-être allait-elle le lui faire remarquer ? Lui exiger qu’il réponde la même chose ? Ce serait bien, pensa-t-il. Elle se lèverait. Elle bougerait. Et de l’action reviendrait la guerrière qu’il aimait. Pas qu’il aimait la guerre. Il aimait la personne. Ne lui avait-il pas placé un petit renard dans son ventre ?

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Ce qu'elle lui avait révélé du plus profond de son cœur l'avait comme tétanisé. Kamiye semblait à la fois présent et ailleurs. Gine ignorait tout de ce qu'il se passait dans sa tête et ne chercha pas à y penser. Sa propre caboche était déjà un beau champ de bataille ; elle ne se sentait pas d'attaque pour en explorer deux, aussi laborieux que les leurs, en même temps.
Brusquement, l'hybride eut un geste insensé. L'eau de sa précieuse gourde se répandit par terre à la grande stupéfaction de la Saïyajin.

- Kamiye ! Mais pourquoi tu... ?

Il se marrait comme un petit fou ! Se donnait l'air d'être un grand méchant. Il surjouait, et cela se voyait. En un moment pareil, c'était étrange aux yeux de celle qui venait de lui faire sa déclaration - avec un "mais". De nouveau muette, elle regarda son autre main se lever en une parodie de geste de pouvoir.

- Qu'est-ce qui te prend ?

Il lui avait demandé de "mirer". Ce que la femme à queue de singe ne comprenait pas. Pourtant, elle ne manqua pas de lui obéir - le plus simple à faire - et de le regarder s'exciter comme un gamin qui fuyait la réalité.
Et l'eau alors ? Quel sens donner à ce gâchis ? Nous venons tout juste de quitter un désert ; il devrait donc en reconnaître la valeur. Alors que penser de... ?
Une coûteuse comédie aux yeux de la guerrière.
Tandis qu'il murmurait quelque chose à sa gourde vide, Gine commençait à ronger son frein, ses sourcils menaçant de se froncer.
Gourde tendue vers elle, il s'accorda un tout nouveau titre avant de lui demander de "regarder".

- Un sorcier de l'eau ? (Elle eut un petit rire nerveux et incrédule.) Toi ? Et depuis quand ?

Le ton était presque acerbe, vexant. Mais Gine, même avec le moral dans les chaussures, conservait une once d'empathie. Elle refusait de croire que Kamiye n'était qu'un idiot d'esclave. Pour l'avoir endossé par accident, elle savait que ce titre peu glorieux ne signifiait rien du tout. Qu'il n'était qu'une absurdité inventée par les plus mégalos des hommes. Non : Kamiye s'évertuait à la distraire et sa petite femme comptait bien lui demander de mettre un point final à ses bêtises.
Elle se releva.

- Tu joues les imbéciles, l'accusa-t-elle en lui prenant la gourde.

Un mouvement vif ! Tel qu'il fit remuer l'eau à l'intérieur de cette poche qu'elle croyait pourtant vide - qu'elle l'avait vu, lui, son propriétaire hilare, la vider à leurs pieds. Frappée d'incompréhension, Gine eut un temps d'arrêt. Son attention se porta aussitôt sur la gourde. Ses yeux s'étaient sensiblement plissés. Ses mâchoires, décontractées. Ses sourcils, redressés. Enfin, ses lèvres s'ouvrirent doucement. Aucun mot n'en sortit. Pas sur le moment.

- ...Elle est vraiment pleine ?

En penchant le goulot tout près de sa main en coupe, Gine découvrit la clarté de l'eau qui se trouvait à l'intérieur. Un liquide pur et transparent, oui ! Alors que le vicieux renard qui s'était clamé sorcier de l'eau l'avait vidée à leurs pieds juste avant de lui jouer son petit numéro. Ce qui n'avait aucun sens. Et ce qui, par extension, relevait du domaine de la magie.
Son regard se fixa sur Kamiye.
Où a-t-il appris un truc pareil ?
Etait-ce de son simple fait ? ou bien était-ce l'accessoire en lui-même qui avait joué un rôle crucial dans cette histoire abracadabrante ?
Sans s'en rendre compte, Gine s'était mise à réfléchir de façon positive. Oubliant ce qu'elle avait traversé sous sa forme de monstre velu. Oubliant... sa déclaration de la dernière minute ?
Non ! Elle y songea encore. La gourde serrée entre ses doigts. La maigre quantité d'eau ayant fait office de test, qu'elle n'avait pas osé boire, s'était écoulé entre ces derniers.

- Je suis tombée amoureuse d'un... quoi ? Un sorcier ? Ou un prestidigitateur ?

Cela la fit rire. Un rire dosé. Mais un rire quand même !

- J'ai dû louper quelque chose, réfléchit Gine à haute voix. Tout bien considéré, tu as peut-être bien les moyens de me battre.

Elle lui restitua la gourde. Un peu durement, ceci dit. Suffisamment fort pour qu'il bascule en arrière et s'écrase sur les fesses.

- Oh ! D-désolée !

Soucieuse de son bien-être, la femme à queue de singe s'était précipitée à son chevet.

- Tu vas bien ? Je ne voulais pas...

Le blesser ? Elle secoua tristement la tête.

- Je manque de contrôle, dit-elle. Et c'est à cause de ça que je crains ce jour où je... où nous...

Elle ravala ses paroles, cessant de fuir son regard. Ses yeux noirs s'accrochant aux siens, couleur noisette.

- J'ai beau avoir peur de te faire du mal, je n'arrive pas à m'imaginer continuer à vivre sans toi, finit-elle pas avouer.

Alors elle s'était enfuie jusqu'ici. En espérant sombrer dans l'oubli et la mort. Dans le néant.
Mais c'était sans compter sur son bienveillant protégé. Sur le père de leur(s) futur(s) enfant(s).
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Kamiye Goupile
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Il avait réussi ! Il avait douté parce que ses premiers mots avaient eu le potentiel d’être vraiment méchant. Au final, ça lui avait surtout coûté une douleur aux fesses. Mais rien d’insurmontable. Et franchement, être rabaissé au côté de Gine, ce n’était pas la pire des choses. Peut-être même que ça réveillait le côté de sa personnalité qui aimait être soumis à l’autre. Ce qui était… perturbant, en sachant qu’il avait été esclave toute sa vie. Mais Kamiye avait autre chose à penser. Il ne pouvait pas s’enfermer dans sa tête alors qu’il venait de réussir à libérer Gine de la sienne !

« Je… »

Et ce fut de nouveau lui qui était gêné. Les joues rouges. Le regard fuyant.

Alors cédant à une pulsion, il se releva aussi vite qu’il le put. Elle n’était pas encore totalement remise. Il pouvait compter sur un effet de surprise pour réussir à manœuvre. Et poser ses lèvres sur les siennes. ♥

« Tu as dit que tu étais tombée amoureuse de moi. Alors, et bien, je me suis permis. Et puis, c’est bête. Je veux dire, c’est toi qui m’a fait tomber. Et, et je crois que je commence à raconter n’importe quoi. Ah ah ! »

Mais Kamiye était heureux. Il n’avait jamais compté pour personne avant de participer à cette rébellion des esclaves. Aujourd’hui, une femme incroyable avouait qu’elle ne pouvait concevoir le futur sans qu’il en fasse partie. Et franchement, ses yeux se baissèrent vers la gourde qu’il ne lâchait pas, depuis cette libération il s’en était passé des choses. Sa vie… évoluait ? Vraiment ? Il y avait un tel potentiel d’addiction ! Lui, le « renard vicieux » ! Lui, le « sorcier de l’eau » !

« Je ne serai jamais fort ou résistant. »

Il eut alors une sombre pensée pour Courroux…

« Alors tu devras apprendre à être douce et te contrôler. Je crois que, que c’est aussi simple que ça ? »

Oui, ça pouvait le faire. Du moment qu’elle ne se transformait plus en titan, il avait totalement confiance en elle. Il y aurait peut-être des bleus et des accidents indirects qui ferait que son sang coulerait. Comme une mauvaise chute et s’ouvrir sur l’arête d’un rocher. Mais autrement, Kamiye avait totalement foi en Gine. Et cette croyance faisait briller ses yeux. S’il était toujours rouge, embarrassé, et ne sachant où trop se mettre : il n’arrivait plus à décrocher son regard du sien.

« Tu es quand même bien plus jolie quand tu ne boudes plus. »

Il avait lâché cette déclaration avec l’innocence d’un enfant qui voit la vie sans toutes les complications que les adultes aiment ajouter. Une vérité pure.

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Ah, c'était mauvais ! Kamiye, le pitre aux pouvoirs aquatiques, avait retrouvé sa peau de délicate petite victime. Gine s'en voulut pour l'avoir bousculé par mégarde. Et comme elle avait baissé sa garde par empathie, le coquin renard en profita pour lui voler un baiser. Cela suffit à la paralyser complètement.

- Tu... ?

Tout comme lui avant elle, la Saïyajin en perdit son latin. Comme frappée de mutisme, elle le fixait d'un air stupide, ses lèvres tétanisées imprégnées du goût des siennes. Puis elle se rendit compte de l'essentiel : Kamiye allait bien. Il était de bonne humeur et, plus important que tout, paraissait heureux de se trouver là, accroupi face à elle.
Gine lui avait dit tout ce qu'il avait voulu entendre - et elle n'avait pas menti.
Brusquement, le doux renard s'ouvrit à elle. Le ni fort ni résistant. L'homme le plus cher à son cœur, qu'elle craignait d'écraser comme un moucheron en endossant son étouffante fourrure de primate titanesque.

- Apprendre à être douce... et à me contrôler ?

C'était plus facile à dire qu'à faire. Un regard accidentel de posé sur la pleine lune et PAF ! L'oozaru se dresserait dans la nuit éclairée pour ravager le monde entier. Pensée entêtante qui menaçait d'engloutir la belle guerrière...
Mais pourquoi cette peur là n'affectait pas son compagnon ?
Kamiye croyait en quelque chose de plus grand que cette ombre atroce, indifférente au Bien et au Mal. Kamiyou aimait celle qu'il avait rejointe en ayant bravé la cruauté d'un environnement aride. Un ancien esclave qui, la première fois qu'il l'avait vue, elle, la prisonnière, avait éprouvé de la peur. Sentiment qui semblait avoir disparu de sa conscience, substitué par une émotion d'une insondable pureté.
L'amour.
Elle rit à son commentaire enfantin. Un peu nerveusement au départ, certes. Mais plus franchement par la suite.

- Oh ! Et toi, tu es irrécupérable !

Elle le prit dans ses bras et le serra fort. Une étreinte chaleureuse et sans violence. Elle pleura sur son épaule. Mais pas de tristesse ; plutôt de réconfort. Parce que Kamiye était là pour elle. Et que malgré les risques qu'ils encourraient, elle avait tout aussi envie d'être là pour lui. Et inconsciemment : d'être là pour eux. Petite famille en devenir perdue au beau milieu de nulle part.
Tout n'est pas perdu ! En fait... rien ne l'est vraiment tant que l'espoir demeure !
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Re: Avant de songer à bâtir : se reconstruire. [PV Kamiye Goupile]

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Kamiye Goupile
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Il avait gagné ! Lui le faible. Lui l’empathe. Lui le peu dégourdi. Il avait gagné et il devait maintenant survivre au câlin qui pourrait lui broyer lacage thoracique et perforer ses poumons de ses propres cotes. Mais il ne lui dit rien de tout cela. Kamiye avait confiance en Gine. Elle se contrôlait. Elle était douce. Et elle pleurait de joie. C’était tout ce qui comptait ! ^^

« Tu sais, tu pourras te cacher tout contre moi et pleurer comme ça quand tu voudras. Moi je ne te jugerais pas. »

Est-ce que le plus dur venait d’être passé ? Kamiye, réaliste pour deux, réalisa qu’ils étaient en plein milieu de nulle part. Ils n’avaient pas de lieu à atteindre comme avant avec l’Oasis. Et aussi, c’était une répétition, mais ils n’étaient que deux face à la vasteté qui les entouraient. (et peu importait que le mot n’exista pas)

« Ton sorcier d’eau a encore une condition à t’imposer. En plus d’être douce et de contrôler. En bagarre, tu es interdite de te prendre des coups dans le ventre. D’accord ? »

Tous les mots du Sage lui revinrent. Et il perdit de son enthousiasme. Il y avait un plan à suivre, qu’il le veuille ou non. Maintenant qu’il lui avait redonné le moral, il devait le plomber ? Kamiye ressentit une boule dans le ventre. Il chercha à esquiver le sujet. Et donc le silence s’imposa. Mais l’atmopshère n’était déjà plus la même. Il sut que Gine le sentirait. Et il ne pouvait pas fuir. Ni elle. Ni leur situation. Alors il prit son courage à deux mains et la repoussa à la longueur de ses bras. Ses mains touchant toujours ses épaules à elle.

« Je dois te dire des choses. Le Sage, il m’a parlé. C’est lui qui m’a transformé en sorcier de l’eau, si j’ai le droit de me cacher derrière ce costume. C’est lui qui m’a dit qu’un bébé était dans ton ventre. Et c’est pour ça que je t’ai dit que tu n’avais pas le droit de prendre des coups à cet endroit. Il m’a aussi dit qu’il y avait un homme dangereux. Quelqu’un de solitaire. Plus fort que le Roi Rouge. Moi je voudrais qu’on s’en éloigne. Je voudrais qu’on trouve une petite forêt et qu’on vive une vie tranquille tous les deux. Trois. Quatre ? Je ne sais pas combien. Mais le Sage a dit que, peu importe nos choix, on trouverait cette personne qui tuait même les plus forts guerriers. Mais qu’il nous aiderait. Je n’ai rien compris. Mais il parait sage et intelligent. Et il m’a donné le pouvoir de faire de l’eau à l’infini. Alors… »

Il s’en voulait d’être faible. Maintenant que le Sage était parti, il réalisait qu’il aurait du lui demander des choses évidents. Comme une carte par exemple. Au lieu de ça, il ne savait pas où aller. Il ne savait pas quoi faire. Il n’avait aucun talent. Aucun armement. Aucun artefact utile. Si ce n’était celui de ne pas mourir de soif. Mais l’eau ne les rendrait pas fort. L’eau ne les ferait pas vivre. Tout juste survivre.

« Je suis désolé. »

Il baissa les épaules et la tête, dépité.

« Je suis faible et inutile. C’est toi la forte. Moi je ne sais pas quoi faire et je me repose sur toi. Je suis vraiment désolé. »

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Gine finit - hélas ? heureusement ? - par se calmer. Elle nettoya ses joues d'un index encore tremblant, serrant doucement son précieux compagnon contre elle de son autre main. L'avoir si près d'elle lui faisait du bien. C'était plus fort qu'elle. Trop pour qu'elle y renonce. Dans ces conditions, elle savait que les risques étaient minimes, négligeables.
C'est alors que le gentil renard négocia un troublant détail : interdiction pour elle de prendre des coups dans le ventre.

- ...Hein ? Pourquoi ?

Kamiye l'écarta d'elle. Non, comprit Gine en considérant ses mains posées de chaque côté de ses épaules. L'ex-esclave ne voulait pas la lâcher, seulement lui parler. Et ça semblait assez important pour le préoccuper. La femme à queue de singe ne pouvait pas prendre ses mots à la légère. Moins encore en cet instant. Elle l'écouta tout lui déballer et... fut scotchée. Surprise par le pouvoir que lui avait légué le Sage. Stupéfaite d'apprendre qu'il existait un individu plus dangereux et puissant que le Roi Rouge. Et, surtout, estomaquée d'apprendre qu'elle était tombée enceinte. Même si c'était tout à fait naturel après ce qu'ils avaient fait chez les naïades.
Muette comme une carpe, elle s'effondra sur les genoux, baissant les yeux sur son ventre encore plat.

- Le Sage t'a dit que je... que nous... ?

Elle savait de qui il voulait parler. Cet homme mince aux oreilles pointues, en l'occurrence, qui avait prédit sa transformation alors qu'il ne l'avait jamais vue. Un érudit ou un voyant, doué de pouvoirs et de connaissances magiques. Définitivement pas le genre d'individu à proférer des mensonges.
Je suis enceinte ?
Pourquoi avait-elle du mal à le croire ? Parce qu'elle n'avait pas cru ça possible ?
Non, cela n'avait rien à voir. Courroux, mais aussi Kamiye, n'était pas impuissant ! Et, tout en se sachant fertile, elle avait accepté d'accueillir sa semence...
Nous ne l'avons fait qu'une seule fois.
Cela avait suffit à générer un fœtus.
Leur enfant qu'elle portait en toute insouciance... jusqu'à maintenant.
Les mains posées sur sa ceinture abdominale, Gine leva lentement les yeux sur le visage de son homme.
Il avait déclaré tant de choses en une fois !
Etait-ce pour cela qu'il lui avait présenté ses excuses ?
Non plus. Kamiye, le moral en chute libre, regrettait amèrement sa propre faiblesse.
La Saïyajin le força à relever la tête et l'embrassa. Un vrai baiser d'énamourée ! Elle avait fermé les yeux pendant ce moment privilégié. Un geste qui l'apaisa sans doute autant que lui. Tout en écartant son visage du sien, Gine lui passa une main entre les oreilles.

- C'est faux ! Seule, je me retrouve vite désemparée. Alors qu'à tes côtés...

Elle sourit.

- Ma force, je la tire auprès de ceux que je suis amenée à protéger. Or il se trouve qu'il n'existe pas de personne plus chère à mon cœur que toi, Kamiyou.

Il était venu la retrouver. Les retrouver. Ce futur père prétendument inutile.
Gine lui prit la main et la déposa sur son ventre.

- Moi aussi, j'ai envie de vivre en paix avec toi. Et moi aussi, je n'ai pas envie de rencontrer cet inconnu à la force démesurée...

L'ombre sur son visage se dissipa aussi rapidement qu'elle était apparue.

- J'ignore de quelle manière il pourrait m'aider... ou nous aider ? Pour le moment, ça n'a pas d'importance. Parce que tu es là. Et que malgré ma peur de te faire du mal, j'ai besoin d'être avec toi.

Nouveau sourire, plus chaleureux que jamais !

- Je suis contente que tu veuilles bien de moi.

La voilà réconciliée avec elle-même. Grâce à lui.
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Re: Avant de songer à bâtir : se reconstruire. [PV Kamiye Goupile]

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Kamiye Goupile
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Le baiser était délicieux. La combinaison de venir lui caresser entre les oreilles était d’autant plus fabuleuse ! C’était une zone sensible dans son corps. Et tout s’enchaîna. Parce qu’il avait durement et longuement lutté. Maintenant, il recevait les fruits de son labeur. Un sourire. Une main sur son ventre à elle. Des mots. Un surnom.

« Bien sur que je veux de toi ! »

C’était une évidence. Il lui sourit avec la pureté d’un enfant. Et puis il s’autorisa d’une mimique malicieuse.

« Les guerrières ont beaucoup de muscles dans les bras mais pas grand-chose dans leur tête. »

Il sentait le besoin de la provoquer avec gentillesse. Parce qu’ils devaient trouver leur langage ? Parce qu’il pouvait enfin « se venger » de toutes les misères qu’elle lui avait fait endurer ? Il ne savait pas trop. Mais il avait l’impression que le pire était passé. Et qu’une autre période de « pire » était devant eux dans le temps… Alors il voulait en profiter.

*Et ne pas penser par exemple que notre enfant a subi lui aussi la mutation de sa maman en singe géant. Ce sera quoi l’impact pour cette petite vie ?... *

« Pauvre petit bout de chou à venir, il n’aura pas grand-chose à téter avec ces petits seins. Je ne serai même pas étonné qu’il t’appelle papa et moi maman. »

Ce qu’il recherchait avec tout ça ? Rien. Vraiment, il n’avait aucun objectif. Si ce n’était celui d’oublier le futur. Et aussi le passé. Il s’ancrait dans le présent et c’était suffisant.

« Mais sa maman a la plus beau des sourires. Il faudra que je lui apprenne comment le faire naître au cas où… au cas où… »

Oui Gine était exceptionnelle. Mais elle était nimbée de menaces. Parce qu’elle savait se battre ? Alors il lui fallait des ennemis pour mettre à disposition ces compétences ? Au lieu de quoi toute sa vie passée serait inutile ? C’était un raisonnement qui déplaisait au Renard. Mais il sentait pourtant qu’il touchait du doigt une vérité. Alors oui, il était heureux de la provoquer. Ils se chamaillaient. Il aimait ça. Mais comme elle, parfois des spectres de malheur s’immisçaient entre eux deux. Heureusement, il y avait trop de joie suite à leur récente victoire. Ils étaient unis. Ils étaient tous les deux (trois !) maintenant.

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Gine
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Son sourire l'avait complètement désarmée. Kamiye put en placer une à son égard - et pas des moindres.

- Hé ! Tu me traites d'idiote ?

Elle manqua lui taper sur l'épaule. Geste qu'elle dut arrêter à mi-chemin. Gine recula précipitamment sa main. Elle n'était pas encore prête à jouer à ce jeu-là. Sa force, comme ils en avaient parlé, manquait de contrôle. C'était un fait. Un fait qu'elle allait devoir travailler pour leur bien à tous les deux.

- Tu plaisantais, se reprit-elle en faisant la moue. Je passe l'éponge : c'est mérité.

Cela ne l'empêcha pas de continuer. Kamiye parla de leur enfant à venir. Puis de... ses seins ?
Gine, le visage rougi, gonfla les joues d'agacement.

- J-je ne suis pas un homme !!

Et sa poitrine n'était pas si petite que ça !
Cette fois-ci, la Saïyajin allait le bousculer - des deux mains.
Sauf que son sourire mutin lui fit barrage. Kamiyou était un petit ange fragile. Et il était, en prime, beaucoup trop mignon pour qu'elle s'autorisasse à lever la main sur lui. Elle ne pouvait pas le blesser. Elle se l'interdisait.
Son renard vanta la beauté de son sourire. Sourire qu'il aspirait à faire naître, et renaître. Encore et encore...
La femme à queue de singe n'eut pas besoin de se forcer.
Elle souriait.

- Tu sais déjà comment t'y prendre.

Gine se leva, descendant ses mains le long des flancs de son armure brisée. Elle referma ses doigts sur le rebord de sa jupe déchirée et tira vers le haut. Son ensemble, qui lui collait si bien à la peau, termina dans la pelouse. La Saïyajin se tenait debout, à nue face à l'élu de son cœur qui avait mené son propre combat pour la retrouver au beau milieu de nulle part.

- Tu n'as pas plus besoin d'apprendre.

Elle n'attendit pas de réponse, pliant sur ses jambes fuselées pour tomber à sa hauteur. Sa queue de singe se tortillait dans son dos. Il n'y avait plus aucune trace de nervosité chez elle. Le rose de ses joues s'était même éclipsé comme par magie ! Gine souriait toujours. Mais ce sourire là était teinté de désir. Pour lui. Pour cet ancien esclave. Pour son protégé, devenu son amant, et enfin le futur père de leur enfant.
Elle déposa une main douce sur son torse blême, l'invitant à se pencher en arrière pour qu'elle puisse grimper sur ses genoux.

- Ils t'appelleront tous "papa", lui promit-elle. Et nous en ferons autant que tu le désires.

Ses doigts s'affaissèrent sur ses frêles épaules. Gine approcha son visage énamouré du sien.
Ce second baiser fut encore meilleur que le premier.
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