The Multiversity

[Korë Grémorya]

Korë avait hoché la tête, confirmant de ce fait son offrande gustative pour le dragonnet. Elle ne rougit pas avant d'avoir reçu un baiser de sa part, Ashka toujours enclin à répondre à la gentillesse par son équivalent. Quelque chose de très agréable aux yeux de la Wyvérienne. Et de simple, aussi. Cela suffisait à la détendre. Elle attendit sagement qu'il veuille bien s'habiller. Ce qu'il fit non sans lui parler de sa formidable nuit.

- Tu as rêvé de ta grand-mère... entre mes bras ? s'enquit la bardesse.

De quoi lui donner un petit côté maternel ! Pensée positive et encourageante aux yeux d'une pondeuse de monstres exécrables. Cela lui donnait l'impression d'avoir contribué à quelque chose de bien, pour une fois. Un doux sourire naquit sur ses lèvres alors qu'il continuait à lui décrire son aventure onirique. Ashka disait avoir eu une conversation avec sa grand-mère au sujet des raisons qui l'avaient poussé à quitter leur foyer.

- Trois réponses, considéra-t-elle en le regardant grimper sur le dos de Jordy. Cela ne m'étonne pas de toi. Un bon bavard - même à l'intérieur de ta propre tête. Je trouve que c'est une qualité indéniable ; elle n'est certes pas synonyme d'intelligence mais peut être source de grande imagination.

Son regard flotta sur Jordy. Elle se rendit compte qu'elle n'avait pas salué dignement le cheval blanc, alors elle s'accorda un peu de temps pour lui flatter l'encolure. Un geste apaisant qui ne l'empêchait pas de se concentrer sur la conversation initiée par le doux paladin. Apparemment, ses multiples réponses à la question de mère grand avait laissé cette dernière sur sa faim.
Un rêve se soldant par une énigme ? Celle-ci semble le préoccuper bien plus qu'il ne le laisse transparaître.
Sans plus attendre, Ashka l'aida à se hisser derrière lui. Une fois qu'elle s'eut installé, il l'interrogea sur la suite du programme - et notamment leur destination.
Korë secoua la tête.

- Mérileya n'était pas une grande bavarde. Si je ne l'avais pas reconnue, je n'aurais pas su qu'elle est la fille du Baron Prestàr en personne. En dehors de ces informations purement identitaires, je ne sais pas grand chose sur ses véritables intentions. Elle me payait grassement, en compagnie des autres, pour l'escorter et la protéger jusqu'à sa prochain destination. J'ignore donc ce qu'elle comptait faire à Ming'hard. Il va donc nous falloir enquêter à ce sujet. En commençant par trouver l'un de ses contacts, j'imagine.

Ce qui ne serait pas chose évidente... à moins d'appâter celui ou celle que la noble aurait dû rencontrer ?
Korë préférait ne pas trop s'avancer. Il leur restait d'ailleurs de la route à faire. Et une énigme de plus à résoudre en la substance de ce rêve incomplet.
Subitement, elle réorienta la conversation.

- Que t'ont fait tes parents pour que tu veuilles mettre autant de distance entre vous ?

Elle ajouta plus bas :

- Si ce n'est pas trop indiscret de ma part...

Simple politesse ; après ce qu'ils avaient fait la nuit dernière, elle ne s'imaginait pas trop invasive.

On va jouer à ce jeu en proposant deux lettres par post : je tire donc le "i" et le "m" !

[Ashka Velaryon]

- Oui Korë-choute. J'ai rêvé d'elle entre tes bras.

J'ai tout suite répondu à mon amoureuse, quand elle m'a demandé si j'avais rêvé de ma mamie en étant tout endormi contre elle. Et c'est après lui avoir tout expliqué, que Korë me dit que je suis un dragon très bavard. Mais que c'était une qualité. Par contre, ça ne voulait pas dire pour ça que j'étais forcément intelligent. Bien que j'avais beaucoup d'imagination, d'après ce que mon amie câline.

- C'est marrant. Mamie me disait parfois que je n'étais pas le dragon le plus intelligent du monde. Par contre, elle me répondait toujours après, que j'avais un cœur qui était toujours beaucoup plus gros, que tous ceux qu'elle connaissait ou qu'elle a connue avant. Enfin il faudrait surtout savoir ce qu'elle veut. Parce que des fois, elle me dit que j'ai un très très gros cœur. D'autres fois, j'en ai même deux qui battent à l'intérieur de moi. Et puis parfois, que je suis un petit cœur pour elle. C'est que ma mamie, elle n'était pas toujours facile à comprendre. Même pour les autres. Mais ça m'empêchait pas de l'aimer vraiment très fort.

Nous sommes alors partis, quand Korë-loute a d'abord bien caressé Jordy avant. Et alors quand on s'est mis en route, c'est là que j'ai voulu savoir où est-ce qu'il fallait aller. Quel était le point suivant de notre prochaine étape d'aventuriers, dans notre grande quête à nous. Korë me parle de son amie qui n'était pas une grande bavarde, à l'inverse de moi qui aimait tout raconter comme un dragon qui imagine beaucoup. Et que son amie, elle était la fille d'un baron qui l'avait payée, pour que Korë la défende avec ses amis durant leur voyage où ils devaient se rendre pour aller à Ming'hard. Mais sans savoir ce qu'elle devait faire après ça.

- Ah oui. Ça ne va pas être facile, de savoir à qui il faut parler... Mais c'est important, si on veut la retrouver et la sauver de tous ces méchants qui l'ont capturé et qui ont tué tous tes amis...

Alors qu'on a repéré un autre chemin en quittant la grotte, mon ami wyverienne avec ses yeux rouges et ses cheveux tous blancs, me demande pourquoi est-ce que j'ai voulu partir de chez moi. Enfin pourquoi j'ai surtout voulu quitter mes parents. Je serre un peu plus fort la lanière de Jordy, avant de lui répondre.

- Parce qu'ils ne m'aiment pas comme moi j'ai voulu les aimer. Ni même comme ma mamie elle m'a aimé... Ils ont attendus que je devienne vraiment paladin, pour me dire qu'ils voulaient me marier avec une autre fille de ma cité. Mais moi, j'étais pas d'accord. Parce que si je me mariais, je pourrais plus faire de câlins à tout le monde. En plus, ils m'en avaient même pas parlé avant...

On passe alors entres des arbres et on se dirige vers un chemin un peu plus difficile, avant de remonter encore. Ce village avait l'air d'être assez haut dans les plaines on dirait.

- Puis parce qu'en vrai, ils s'en fichent de moi aussi. Mes parents, ils ne m'aiment que pour avoir encore plus de pouvoir chez nous. Notre famille, elle vient de ce qu'ils appellent des "maisons", avec des titres et tout et tout. Donc on est pas pauvres. Et eux, ils veulent être encore plus que tout ça. Et donc moi tout ça, ça m'a pas plu du tout. Du coup pour pas qu'on me marie en plus, je suis parti avec Jordy. Bien sûr, je l'ai aussi fait parce que je voulais vraiment voir le monde. Rencontrer plein de gentils garçons et des gentilles filles vraiment toutes adorables comme toi à aimer et à câliner...

En regardant vers le ciel, le soleil n'était déjà plus là. Le vent commençait même à se lever. Apparemment, il allait peut-être bien pleuvoir.

- C'est pour ça que je me demande bien ce que mamie elle voulait me dire, dans mon rêve d'hier soir... Enfin, je l'ai juste vu dans mon rêve. Peut-être qu'elle était pas réelle en vrai... Je dis toujours que mamie, elle veille sur moi. Et puis quand je la vois, parfois je me demande si c'est vraiment vrai ou pas... C'est que depuis qu'elle est morte, je suis parfois encore triste. Surtout quand je suis seul. Bien sûr, j'ai accepté qu'elle soit plus là. Mais c'est toujours dur. Puis mamie, c'était celle que j'aimais le plus au monde. Encore plus fort que tous mes amis et tous mes amoureux.

- Si ton but initial d'être parti, n'est ni pour fuir tes parents tyrans. Ni trouver ta propre liberté. Ni continuer d'aimer par-dessus tout, alors je me demande vraiment ce que ça pourrait bien être... Enfin du moment qu'elle n'a pas dit que c'était pour oublier de me nourrir et de m'assoiffer, je suppose que j'ai encore l'espoir d'un semblant d'avenir devant moi.

- C'*** **re *oi... **u* e**i*r...

[Korë Grémorya]

Loin de se comporter en vilain petit cachottier, Ashka lui expliqua la relation tendue qu'il s'était efforcé d'entretenir avec ses parents. Elle apprit ainsi que le dragonnet avait fui un mariage arrangé. Le genre de situation trop sérieuse qu'il l'aurait obligé à consacrer son débordant amour envers un seul être. Or, la Wyvérienne avait bien compris que cela était contraire à ses propres vœux de bonheur.

- Tu as donc choisi ton propre chemin, conclut l'aventurière. Une décision sensée que le quidam n'est pas toujours enclin à saisir à bras le corps. Je ne suis pas en position pour te jeter la pierre pour avoir pris ton courage à deux mains. Et je ne pense pas non plus que tu aies à te le reprocher. C'est quelque chose... d'admirable ?

Câliner tout le monde ? Pour une Wyvérienne, oui, c'était bel et bien quelque chose d'admirable. Korë avait connu bien des partenaires. Pour la plupart d'entre-eux ? Des coups d'un soir, des amourettes essentiellement... Mais pour d'autres rares élus ? De véritables coups de cœur ! Dont la plupart, hélas, ayant pris fin de façon abrupte et tragique.
Korë en avait beaucoup rêvé il fut un temps. Aujourd'hui, les souvenirs restaient frais dans sa mémoire ; simplement, ils ne la visitaient plus aussi souvent la nuit...

Alors qu'ils évoluaient sur un paysage vallonné à dos de ce brave Jordy, la paladin revint sur son rêve surréaliste. Notamment sur ce que sa grand-mère avait tenté de lui dire, et que la bardesse s'était donné pour mission implicite de décrypter. Largement de quoi faire passer le temps pendant ce haut-le-pied. Ashka parla finalement de son deuil pour sa grand-mère. A laquelle il pensait toujours. Pour laquelle il éprouvait toujours de la tristesse.
Korë se serra un peu plus contre lui.

- Le contraire serait injuste et cruel, lui dit-elle en toute franchise. La douleur fait partie de la vie. Et elle est aussi bien morale que physique. Si tu souffres, c'est que tu vis. Cette tristesse que tu ressens, dans tes cœurs, n'est pas un mal à prendre à la légère ; elle est une irréfutable preuve d'empathie qui contribue à la continuité de cet amour que tu portes à ta grand-mère. Un poids à porter qui n'en est pas vraiment un. Un inévitable bagage moral dont tu dois te servir pour lui rendre hommage à travers la moindre de tes actions.

Elle le laissa assimiler ses propos avant de reprendre :

- Tu sais... dans le fond, je ne me sens pas plus futée qu'une autre Wyvérienne. Moi aussi, j'obéis à mes bas instincts. Ils sont comme une drogue dont je ne peux pas me passer durablement. Un courant contre lequel on peut lutter pendant un temps mais qui, au bout du compte, finit toujours par nous emporter. (Elle lui soupira dans le cou - de façon accidentelle.) J'essaye de faire avec. Ce n'est pas toujours évident mais quel autre choix me reste-t-il que d'avancer ? Tout arrêter n'a jamais été une option, pour les nôtres.

Comme en attestait son immortalité. Une Wyvérienne ne pouvant point séjourner indéfiniment dans le monde des morts sans avoir été dépouillée de ses pouvoirs après avoir connu le partenaire élu. Un repos qui se voulait bien mérité ! Une funeste légende à laquelle s'attachait la bardesse dont la malédiction, intrinsèquement liée à ses monstrueuses pontes, lui pesait parfois lourdement sur la conscience.
Elle s'empressa de chasser cette pensée de son esprit.

- Ta grand-mère était comme un mentor pour toi. Un véritable guide durant ta toute jeune existence. Que peux-tu me raconter d'autre à son sujet ?

Une bardesse friande d'histoires ? Oui, tout à fait ! Mais celle-ci, Korë n'envisageait pas de la partager avec ses futurs auditoires, au sein des tavernes. Du moins, certainement pas sans le consentement de son adorable petit-fils !

Pas facile, ta phrase mystère ! Je poursuis ma laborieuse tentative avec le "s" et le "t".

[Ashka Velaryon]

Korë me dit que j'ai été très courageux en étant parti de chez moi, pour pas qu'on ait à décider à ma place. J'imaginais bien qu'elle devait avoir raison. Mais même si je ne le regrettais pas, tous mes amis et mes amoureux de là bas, ils commencent déjà vraiment à beaucoup me manquer...

Mais ma nouvelle amoureuse que je n'aurai jamais rencontré, si je ne serai pas parti de ma cité draconique, m'enlace plus fort quand elle me répond sur ce que je lui ai dis, à propos de ma toute adorable mamie. Pour elle, c'était bien que je sois encore triste. Que ça me fasse toujours mal dans mes deux cœurs. Parce que ça montrait tout l'amour que je lui portais. Et que grâce à ça, sans doute que ça me permettait d'être toujours moi. D'être toujours tout sensible, comme elle aimait dire. C'était un peu bizarre, mais j'avais déjà trouvé que Korë elle pensait beaucoup comme mamie.

- Oui. Tu as sûrement raison Kore-loute. Elle aussi, elle m'a beaucoup expliqué que la mort et le mal, ça faisait parti de la vie. Mais j'aurai préféré qu'elle soit jamais morte, pour qu'elle me câline comme elle savait si bien le faire.

Mon amoureuse des grottes et qui retourne maintenant en forêt avec moi, me dit que elle non plus, elle n'était pas la plus futée des wyvériennes de chez elle. Qu'elle obéissait à ses bas-instincts, comme une drogue. J'allais lui demander ce qu'elle voulait dire exactement avec ses bas-instincts, quand j'ai senti son souffle chaud sur ma nuque. Ça m'a alors vraiment fait sentir comme elle était là. Toute collée à moi, sur le dos de Jordy. Et ça me faisait vraiment beaucoup de bien. C'est que visiter le monde tout seul et sans une Kore-chérie-choute à câliner, je crois vraiment pas que je pourrais le faire.

Pendant qu'on continue d'avancer avec Jordynou, dans un chemin qui monte assez fort entre les arbres de la gigantesque forêt, Kiki-loute me demande si j'avais encore tout plein de choses à lui raconter sur ma grand-mère. Elle parlait d'elle, en la définissant comme une grande mentor ou encore un guide tout incroyable pour moi. Mais en vrai et bin c'était vrai. Seulement, c'était pas vraiment comme ça que je la voyais. Parce que mamie, ça restait mamie avant tout.

Alors je me retourne et je regarde Korë pendant un instant, avant de continuer de lui parler de ma super extraordinaire mamie toute douce et câline tout plein.

- En vrai, je me suis rendu compte que c'était elle que j'aimais le plus au monde. Et je l'ai surtout su, le jour où elle est morte... C'est pour ça que même si ce que tu dis, à propos de la souffrance qu'il y a dans mes deux gros petits cœurs sur sa mort à elle, que je serai triste pour elle, jusqu'à la fin de mes jours de ma vie de dragon à moi.

Je réfléchis encore à ce que je pouvais lui dire sur mamie. En fait, il y a avait tout plein de choses. Même d'énormes histoires. Mais maintenant, je dirai que c'était surtout lui parler de pourquoi elle était morte. Parce que personne n'a jamais vraiment bien compris, ce qui s'était passé en vérité...

- Ma mamie, elle avait souvent l'habitude voyager partout dans les très grandes terres de chez nous. Les gens de chez moi comptaient toujours sur elle, pour qu'on s'entende toujours bien avec tout le monde. Notre cité, elle l'envoyait souvent dans plein d'endroits pour parler en notre nom à nous. Je ne suis pas intelligent comme elle que pour savoir tout ce qu'elle leur racontait, mais apparemment elle était vraiment là pour qu'on puisse être amis avec tous les autres dragons. C'est donc grâce à elle, qu'on a presque toujours évité des horribles guerres. Bon heureusement, ça a continué même après qu'elle soit plus là. Mais c'était déjà plus tout pareil, sans elle...

Alors qu'on continue d'avancer, on entend la pluie qui commence maintenant à tomber. Mais comme on était sous les arbres, on allait pas trop être mouillés.

- A chaque fois qu'elle revenait de l'un de ses voyages, elle m'offrait toujours des cadeaux. Ça pouvait être des peluches. Des petits objets magiques rigolos. Des contes à lire. Jamais mamie elle m'oubliait. Et puis dès que je la revoyais, je lui sautais toujours dans ses bras pour la pouyouter tout plein, en pleurant toutes les larmes draconique de mon corps pour elle.

- J'aurai bien voulu connaitre cette époque. Nul doute que nous aurions eu des conversations imaginaires très intéressantes, elle et moi.

- Et puis un jour, alors qu'elle était parti faire l'un de ses voyages comme elle le faisait souvent, elle est jamais rentrée. Au début, on a surtout cru qu'elle avait juste pris du retard, dans sa grande quête d'amour pour tous.

Je baisse la tête en regardant par terre. Ça me faisait toujours tout plein trop de mal en moi, à chaque fois que je repensais à ça...

- C'est vraiment beaucoup plus tard, qu'un messager est venu dans la cité. Il a dit que mamie, elle était morte en héroïne en combattant d'autres dragons. Que c'était des dragons noirs qui s'étaient vilainement cachés et qui l'ont attaqués comme des lâches tout pleins qu'ils sont, quand elle faisait route pour rentrer chez nous. Mamie, elle s'est battue de toutes ses forces ce jour là. Mais elle a pas réussi à les vaincre. Ils étaient trop nombreux sur elle... Personne n'a jamais compris pourquoi on l'avait attaqué. Ni qui c'était, alors qu'on s'entendait bien avec tout le monde par ici. Surtout grâce à mamie. Et moi, j'ai beaucoup pleuré quand j'ai appris ça. Même mes parents, ils ont jamais été aussi tristes que moi quand ils ont sut qu'elle était morte... Ce qui montre pourquoi ils sont vraiment méchants eux aussi!

J'ai la gorge draconique qui se serre tout au fond de moi, avant de continuer de parler de mon récit tellement triste à propos de mamie.

- On a fait les funérailles de sa mort, quand on l'a récupéré. C'était.. Je sais pas trop comment l'expliquer en vrai... Mais il y avait toute la cité qui était là, pour voir ça. On l'a enterrée dans le cimetière des dragons, qui se trouve un peu plus au nord de chez nous. Je crois bien que c'était la chose qui m'avait vraiment le plus impressionné, de toute ma vie entière... Voila sans doute pourquoi, j'aime encore moins voir les gens mourir.

- Quelle tristesse. Je n'ai jamais assisté à ce genre d'événement et je ne sais pas si mon propre cœur chevalin le supporterait aussi...

Pendant que la pluie est en train de tomber, comme si c'était mamie qui pleurait sur nous quand je racontais sa mort à mon amie-chérie, on fini par apercevoir un village qui est tout loin et tout haut dans les collines.

- Hé regarde Kikou-choute. C'est pas le village que tu as parlé là-bas? Mais si c'est ça, il va encore nous falloir toute la journée à dos de Jordy, pour l'atteindre.

- Par pitié Ashka. Pense à épargner ma pauvre carcasse lentement vieillissante, si tu veux qu'elle t'accompagne le plus longtemps possible. A moins que tu ne veuilles revivre le même événement que ta grand-mère, mais en allant pointer au cimetière des chevaux?

Alors qu'on continue et que l'orage gronde, je pose la question à ma gentille amoureuse à propos de ce qu'elle voulait dire, sur l'histoire de ses bas-instincts.

- Et sinon Korë-toute-choute? Tu veux dire quoi exactement, quand tu dis que tes bas-instincts ils sont comme une drogue? Parce que j'ai pas trop bien compris.

- C'*st *tre toi... t*ut e*ti*r...

[Korë Grémorya]

Grand-mère dragon avait toujours été là pour lui. Elle avait occupé une grande place dans sa vie et, depuis un autre plan, à travers ses rêves, continuait de lui être de bon conseil. Elle l'avait gâté de son vivant. Elle avait passé sa vie à protéger leur univers, son monde, leur entourage, privilégiant la diplomatie avec leurs peuples voisins. Hélas, même si cela avait permis à leur population de prospérer et de toujours voir le lendemain, la sage mamie, elle, avait fini par succomber à l'un de ses voyages...
Elle aurait été attaquée par des dragons noirs.
Les plus agressifs. Un code couleur parmi les grands reptiles que la bardesse connaissait bien. D'autant qu'elle en avait vu un à l'œuvre, tout récemment. Un qui avait fini par violer la fille du baron avant de l'emporter avec ses cruels accompagnateurs.
Korë soupira une nouvelle fois, évacuant son angoisse afin de mieux se recentrer sur le récit du paladin.
Elle avait tout écouté de bout en bout, en se gardant bien d'interrompre le jeune conteur.
Entre-temps, la pluie s'était mise à tomber. Comme les arbres alentours les protégeaient encore, la Wyvérienne n'avait pas encore songé à les couvrir avec ce quelque chose qu'elle avait ramassé la veille, suite à leurs mésaventures.
Ensemble, toujours juchés sur Jordy, Ils découvrirent au loin les contours du village minier.
La bardesse acquiesça d'une petite secousse de la tête ; Ashka avait tout dit : à en juger par la distance, il leur faudrait encore une bonne journée à dos de son fidèle destrier.

- Peut-être un peu plus en incluant, pour notre compagnon que nous montons, une pause aussi méritée que salvatrice.

Elle aimait les animaux. Jordy ne dérogeait pas à la règle. C'était même tout le contraire, puisqu'elle en profita pour caresser un flanc du vaillant cheval. Ce n'est qu'après ça qu'elle considéra la dernière question que lui avait posé son cavalier :

- Tout comme toi, je ne peux pas me passer d'une certaine... affection.

Elle le câlina, frottant son doux minois contre sa nuque.

- Ce que j'ai fait hier, je l'ai fait pour toi mais aussi pour moi, avoua-t-elle. Parce qu'il m'est impossible de me passer durablement de ce genre de contact. De ce genre... d'amour.

Si l'on pouvait appeler ça comme ça ?
Korë elle-même n'en était pas sûre.

- Les pulsions sexuelles sont relatives aux bas instincts, paladin. Les êtres vivants y sont sensibles ; les wyvériennes, plus encore. C'est... ainsi. Je n'y peux rien. J'ai fini par l'accepter.

Elle sourit malgré tout. D'un petit air - très légèrement - rusé.

- Je pense avoir trouvé réponse à l'énigme de ton récent rêve, déclara-t-elle soudainement.

Elle laissa planer le silence. Un silence suffisamment court pour qu'il puisse demander quoi. Alors, elle surenchérirait doucement :

- Ta grand-mère cherchait à te faire entendre que ton vœu le plus cher est de rester toi-même. D'être toi-même. De ne pas accepter que les autres viennent te dicter ta conduite.

Elle ajouta alors :

- Ton besoin de liberté en fait partie. Mais le tout, c'est ce que tu es, toi : Ashka, l'usine à câlin. Le dragon-chou qui déborde d'amour pour tout ce qui vit et ce qui respecte la vie.

Puis, sans attendre de validation de sa part, la Wyvérienne déplia de ses maigres bagages le grand manteau bordeaux de Mériléya. Ce quelque chose qu'elle avait ramassé sur le champ de bataille de la veille. En même temps que... la culotte abandonnée de la fille du baron. Un artefact aux yeux de la Wyvérienne, pour qui les sous-vêtements relèvent limite du domaine de l'identitaire et du sacré.
Afin de les protéger de la pluie, Korë les couvrit tous les deux avec.

[Ashka Velaryon]

- Ah merci. Enfin quelqu'un ici qui se fait vraiment du soucis pour moi et pour ma santé. Pfffrrr!

Pendant que Korë-louloute, elle a bien raison quand elle dit qu'on doit aussi penser à Jordychou qui a besoin de se reposer, elle me fait un pouyou tout doux dans la nuque, quand elle répond à ma question sur ses bas-instincts. Quand je sens son bisou sur moi, ça me réchauffe déjà mes cœurs. Alors Korë-choute elle m'avoue que ce qu'on a fait hier, que ce n'était pas que pour moi, mais aussi pour elle en même temps. Qu'elle avait besoin de ce genre d'amour. Qu'on y était tous sensibles. Surtout les wyvériennes comme elle.

- C'est comme moi, quand je donne des câlins. Après je le fais pas que pour le sexe non plus. Mais je sais surtout que je veux donner et recevoir tout plein d'affection et d'amour, de tout le monde. Enfin pas trop de ceux qui sont méchants quand même...
Korë aussi, elle était donc une accro aux câlins. Et elle avait bien raison.

Mais mes oreilles de super dragon qui entendent tout, gigotent quand Korë-qui-sait-tout, pense avoir trouvé la réponse à ce que voulait me dire mamie dans mon rêve, tout à la fin. Alors je me retourne. J'étais vraiment très curieux de savoir ce que ça pouvait être, quand elle m'avait demandé ce que je cherchais vraiment, tout au fond de moi.

Et quand elle me le dit, en vrai je suis surpris sans trop l'être.

- Alors mon vœu le plus cher à moi, c'est d'être tout ça en même temps? Rester moi-même? Ne pas accepter que les autres, ils me disent comment je dois être? De vouloir la liberté? De pouvoir toujours aimer et câliner?...

Plus j'y pensais et plus je trouvais que c'était vrai.

- Dans mon rêve, j'avais pas compris pourquoi mamie elle était pas toute convaincue, quand je lui ai dit tout ce que tu m'expliques. Parce qu'en vérité, c'est que je veux être et rester tout ça, en même temps. Et elle a bien raison. Comme toujours.

Pendant que j'essaie de bien me souvenir du rêve un peu bizarre, Korë me passe sur la tête une grande cape rouge. J'étais tellement concentré sur tout ce qu'on se disait, que j'avais même pas remarqué qu'on commençait doucement à être déjà mouillés, malgré qu'il y avait les arbres de la grande forêt pour nous protéger.

- Il y a parfois des gens et même mes parents, qui n'ont jamais trop aimé comment je suis. Ils me disaient que je devais pas être comme ça. Que c'était pas comme ça, qu'on peut vivre avec les autres. Je me suis même parfois demandé, si je devais continuer d'être comme j'étais. Ou si vraiment, c'était pas bien, comme ils le disaient? Parce que même si j'étais pas d'accord, j'ai parfois vu des gens qui n'étaient pas très gentils avec moi. Ou qui me regardaient bizarrement. Mais quand je me suis posé la question pour savoir, mamie elle était déjà morte à ce moment-là...

Je regarde la jolie cape rouge qui nous couvre tous les deux en amoureux qu'on est, avant de continuer.

- Mais je crois que j'ai surtout fini, par plus du tout faire attention aux autres. Pour moi, c'est important d'être comme je suis. Et si on me comprend pas, alors tant pis. Parce que oui, je veux être moi. Et ça passe aussi par le fait qu'on soit tous les deux ensemble en amoureux, toi et moi sous cette belle forêt. Même quand il pleut.

On continue alors d'avancer dans la forêt toute pluvieuse. Même si on était trempés, je me sentais vraiment bien avec mon amoureuse et avec Jordy. C'était même un moment que j'aimais beaucoup. Ça me rappelait aussi des souvenirs. C'était tellement incroyable... Je ressentais tellement cette sensation, qu'il fallait que je demande à Korë-chérie ce qu'elle en pensait.

- Dis Korë? Est-ce que toi aussi, tu ressens parfois les mêmes choses que moi? Je veux dire, que j'ai souvent voulu chasser tout plein de trésors avec mes amis avant. On a fait plein de d'aventures autour de chez nous. Mais au final, on a jamais rien trouvé. Et pourtant, j'ai l'impression que tout ce qu'on a vécu, que ça a été encore plus fort et plus beau, que si on aurait trouvé n'importe quel trésor du monde entier.

Pendant que je racontais à ma louloute-chérie, tout plein de mes souvenirs, j'avais comme l'impression de me sentir encore plus vivant. C'était à la fois bizarre et pas facile à expliquer non plus.

- Les câlins près du feu. Tous les jeux qu'on faisait en rigolant. Tous les souvenirs que j'ai avec eux. Mais aussi avec ma amie et encore plein d'autres. Je crois que je préfère vraiment tout ça, à n'importe quel trésor... Si je pouvais choisir, je voudrais même que ces moments là, ils s'arrêtent jamais. Que les aventures et les pouyous, ça durent jusqu’à ce que je sois tout vieux et que je meurs.

- Demoiselle Korë? Nous feriez-vous donc le grand honneur d'expliquer à notre ami ici présent, pourquoi les coffres à souvenirs, seront toujours plus merveilleux à déterrer au fond des cœurs? Et aussi, pourquoi n'importe quel trésor matériel finit généralement dans le sillon des pleurs et des rêves brisés? Vous avez toute la journée devant-vous pour répondre.

- C'est être toi... tout entier...

Bravo pour la réponse.

[Korë Grémorya]

La leçon de mère grand avait fini par faire mouche dans son esprit draconique. A voix haute, Ashka effectua un petit travail d'introspection. Elle ne chercha point à le ralentir dans sa réflexion. Il avait compris et ne comptait pas se mentir à lui-même. C'était là l'essentiel.

- La pluie n'est pas si gênante. Elle est source de vie. Nul ne devrait jamais avoir à s'en plaindre.

Il leur suffisait de se couvrir. Korë avait pris les devants. Le parfum de Mérileya se mélangeait déjà à celui des pins alentours. Une odeur agréable, synonyme d'aventure ! Presque aussi chaleureuse que ce contact que la bardesse entretenait avec le cavalier jaune.
Ashka l'interrogea sur son ressenti. Sur ce sentiment de félicité qu'elle retirait même longtemps après avoir partagé une aventure avec les autres.

- Il existe deux types de trésors, lui expliqua gentiment la Wyvérienne qui, autrefois, s'était longuement penché sur le sujet. Les récompenses matérielles, qui nous rendent fiers et nous assurent un certain confort. Certaines durent plus longtemps que d'autres - dépendamment de notre attachement personnel - mais toutes partagent le même point commun : elles sont physiques, bien ancrées dans la réalité et fabriquées par un tiers.

Quant à la seconde catégorie ?
Korë eut un sourire nostalgique.

- Les trésors du cœur n'ont certes aucune valeur auprès des artisans mais ils nous sont chers, à nous autres : êtres de chair et de bons sentiments. Ils nous aident à surmonter les épreuves en alimentant nos espoirs les plus fous. Ils sont autant un bien-être qu'une force qui nous pousse à aller de l'avant. Bien sûr, l'on souhaiterait tous les revivre et qu'ils ne s'arrêtent jamais. Mais, paradoxalement, leur brièveté et leur rareté contribuent à leur incomparable éclat. Alors, plutôt que d'espérer s'en gaver, il s'agirait surtout d'en profiter l'instant T et d'en conserver les meilleurs souvenirs.

Sans doute le pensait-il au fond de lui.
Professeure Korë ne faisait jamais qu'éclairer un peu plus sa lanterne de bon vivant.

[Ashka Velaryon]

- Et bien. Je n'aurai pas dit mieux. Ajoutez aussi que si les lames peuvent toujours transpercer les cœurs, qu'aucune ne sera jamais forgée pour trancher nos rêves.

Quand j'ai fini de dire à Korë tout ce que je pensais, mon amoureuse trouve toujours des mots incroyables pour me répondre. Elle me parle d'abord de la pluie, qui est source de vie avant tout, avant de me révéler qu'il existe deux types trésors. Il y a d'abord, ceux qu'on obtient par le matériel. Des objets qui dépendent de notre attachement et qui sont donc toujours physiques et créés par quelqu'un, comme elle le dit. Puis il y a aussi ceux du cœur. Ceux qui nous font avancer. Qui sont une force, pour nous tous. Même quand ce sont des épreuves. Mais elle disait que ce que moi j'appelais surtout des souvenirs, parce qu'ils brillaient en nous tout très fort et parce qu'ils ont existé à moment donné. Mais que le plus important avant tout, c'est d'essayer d'en profiter le plus qu'on peut, à ce moment-là.

Affiche une expression à la fois pétillante et impressionnée.

- Wouha! Mais... mais c'est tellement trop beau, tout ce que tu dis là Korë-toute-louloute. En plus c'est tout à fait vrai. Après je dirai aussi que certains trésors, ils vont un peu dans les deux sens que tu parles. Je pense par exemple, à tous les beaux cadeaux que ma mamie elle m'a fait. J'y tiens avant tout, parce que ça vient d'elle. Et donc, ça a des souvenirs tout précieux pour moi et que ça rejoint mon cœur de dragon en même temps. Mais... est-ce que ça vaut tous les souvenirs que j'ai eu avec elle, en parlant de tous nos moments où on a discutés ensemble, elle et moi? J'imagine que c'est lié...

En tout cas, depuis que j'ai rencontré Korë hier, il s'est passé déjà tout plein de choses. Des terribles oui. Mais aussi des choses vraiment très belles ou étranges, mais qui m'ont beaucoup touchées. Et puis surtout, j'ai une bien belle amoureuse avec moi et qui m'aime comme je l'aime.

- Mais la vérité, c'est que moi je suis prêt à aller n'importe-où. A te suivre même jusqu'au bout du monde, tant que j'ai des câlins et des amis. Et pour moi, ça restera toujours le plus beau trésor du monde et de tout l'univers!

Sourit d'un mélange d'espoir et d'extase.

- Bien dit, mon petit dragon préféré. Il y a des fois, tu sais être malin quand tu veux.

Pendant qu'on continue de discuter et d'avancer sur le long chemin, je me demandais bien qui on rencontrerait là-bas. Mais je faisais confiance à Si-choute, pour nous y emmener et trouver les bonnes personne qui répandront sûrement de l'amour et des câlins, pour sauver Mériléya de tous ces affreux vilains. Quand vient l'heure du déjeuner, on est encore à traverser la grande forêt. On finit alors par s'arrêter. Puis quand on s'est installés tout confortablement, je montre un truc rigolo à Korë-louloute.

- Tiens. Regarde. Je vais donner à boire à Jordy-chouchou.

- Évidemment il faut que tu fasses le clown, devant ta nouvelle chérie. Allez. Envoie-moi donc ton eau de jouvence, puisque ça te fait tant plaisir.

Je me tiens alors à plusieurs mètres de Jordy. Puis je tends ensuite les mains devant-moi. Je fais alors apparaitre un grand jet d'eau, qui va direct sur mon chevalinou préféré. Je rigole quand je vois Jordy qui se fait asperger la tête, avant de contrôler assez le jet d'eau que je lui envoie dessus, pour qu'il aille directement dans sa grande gueule, alors que Jyjy se met à boire.

- Hahahaha. Alors Korë? Tu as vu comment je donne de la bonne eau toute fraiche à Jordy? Tu en veux aussi?

[Korë Grémorya]

Ashka l'entendait d'une bonne oreille. Il était bon public. Peut-être même trop attachant pour un cœur meurtri et un esprit aussi mélancolique que celui de la bardesse. Une relation chanceuse qu'elle ne pensait pas mériter. Parce qu'elle ne se faisait pas d'illusion : tôt ou tard, malgré leur affinité, le destin finirait par les séparer. Cela faisait partie de sa malédiction, après tout ; celle inhérente à son statut de Wyvérienne Crépusculaire. Tout ce que pouvait espérer Korë, c'était donc de faire durer leur relation aussi longtemps que possible.

- Je nous en trouverai un, décida-t-elle. De présent susceptible de nous lier.

Une bague richement ornée ? Ou une breloque plus modeste ? Korë ne voulait rien de tout ceci ; elle convoitait un objet marquant, unique, qu'elle était prête à acheter lors de leur prochain arrêt.

- Laissons le monde de côté pour le moment, sourit pensivement la Wyvérienne. Concentrons-nous plutôt sur ce qui nous attend, d'accord ?

Elle n'était pas du genre à faire des plans sur la comète là où le paladin se projetait à des lieux et des lieux de leur destination. Un grand rêveur, cet Ashka ! La bardesse appréciait cet état d'esprit, très utile dans son métier, mais s'efforçait tout de même de ne pas en abuser.

Plus tard, alors qu'il leur restait encore un peu de chemin à parcourir à travers cette épaisse forêt, ils décidèrent de bivouaquer.
Le dragonnet jugea le moment opportun pour se donner en spectacle avec Jordy. Les mains tendues, il généra un jet d'eau qui lava l'animal avant de lui tomber directement dans la gueule. Comme le jet était parfaitement dosé, cet abreuvement ne le dérangea pas. C'était même tout le contraire !

- Tu maîtrises cet élément ?

Plus surprenant encore : le liquide était potable et nourrissant !
Korë salua ses talents de mage d'un hochement de tête. En revanche, elle la secoua pour signifier à son compagnon qu'elle ne désirait pas se mouiller.

- N'y vois là aucune offense, dit-elle. Ta magie m'impressionne beaucoup. L'eau est un bel élément, et je suis peut-être bien sur le point de te jalouser - gentiment. Mais... je n'ai pas très envie de me retrouver trempée. Cela nous retarderait car il me faudrait alors me sécher.

Braquant son regard sur la sylve, elle réfléchit vite fait à ce qu'un potentiel défeuillage de sa part, sous cette cime, aurait engendré avant leur reprise du voyage.
Avec un petit sourire sur les lèvres, elle haussa les épaules et ajouta :

- Sachant que si jamais je finis par me retrouver nue devant toi, il y a de très fortes chances que je revienne te débarrasser de ta robe pour une nouvelle session de câlins. Et ce, au grand dam de ce pauvre Jordy.

Elle regarda le blanc destrier. Korë le savait très intelligent. Beaucoup plus que la moyenne, parmi les équidés.

[Ashka Velaryon]

Alors là, j'étais devenu vraiment très très curieux, quand Korë-choute me disait qu'elle m'offrirait un cadeau tout spécial, pour nous lier l'un tout à l'autre pour toujours. Mais même en lui demandant ce que ça serait, je savais très bien qu'elle me le dirait pas. Puis parce que sinon, ce ne serait plus un cadeau. Mais ça me touchait déjà beaucoup tout plein mes cœurs de dragon à moi.

Et après, quand j'ai commencé à rigoler avec Jordychou, en le faisant boire l'eau que je faisais apparaitre de mes mimine, mon amoureuse des bois avait l'air surprise, que je sache maitriser cette magie. Au point qu'elle m'aurait presque jalousé gentiment tout plein, même si elle ne voulait pas se faire tremper plus que ce qu'on était déjà par la pluie et malgré sa veste qui nous protégeait un peu. J'allais alors lui expliquer que ma magie de l'eau et de la terre, que c'était pas si rare que ça chez nous, quand mon amoureuse toute adorable me dit quelque chose qui me surprend. Et qui étonne sûrement Jordy aussi...

- Aussi ravissante sois-tu jolie jeune humaine, permets-moi de te dire que je garde une préférence significative envers les juments. N'y vois aucune offense de ma part.

Ashka rigole à ta remarque, avant de répondre.

- Moi je suis prêt à faire des câlins avec toi, tout quand tu veux, tellement moi et tous mes cœurs, on t'aime très fort. Mais je crois pas que Jordy, il aime trop voir quand je fais des supers câlins avec les autres.

Zut. Maintenant qu'elle l'a dit, j'avais maintenant encore envie qu'on s'en fasse. Mais bon, je savais que c'était vraiment pas trop le moment pour ça. Mais il faut dire que quand on veut me donner des câlins, que je peux jamais dire non. Surtout si ça vient de quelqu'un de tout gentil, comme mon adorable amie des grottes et des forêts pluvieuses. Je continue alors à m'amuser encore avec Jordy, avant de répondre à Korë-choute sur ce que je voulais lui dire, juste avant qu'elle me fasse bien rire.

- Chez nous, c'est très courant de maitriser les magies des éléments de la nature. En fait, celles qui ressortent le plus souvent chez nous, ce sont généralement celles qui vont presque toujours avec la personnalité de celui qui les utilise. C'est ce que m'a expliqué mamie qui sait toujours tout. Elle m'a dit que l'eau, ça représentait la douceur. Et la terre, la protection. Enfin c'est plus compliqué que ça, mais pour elle, mes magies elles vont bien avec ce que je suis. Et je suis bien d'accord avec elle. J'aime quand on est gentil avec moi et je veux toujours protéger tous mes amis.

Ashka ne mentionne pas la magie de jade, car il manque encore beaucoup d'informations à son sujet. D'autant qu'elle s'est révélée à travers lui tout récemment et que sa brève apparition s'est faite dans un contexte assez particulier. Très certainement que ses rêves et ses visions en liens avec sa grand-mère, aient un un rapport direct avec elle.

Quand on a vraiment bien joué avec Jordy.. Rigolé et discuté tout plein sous les arbres tout mouillés de la forêt. Et aussi mangé des bonnes choses que Korë-mimi avait préparé, on fini par repartir. L'après-midi était alors exactement tout comme la matinée. Il continuait à pleuvoir, mais pas trop fort heureusement. Alors pendant qu'on avançait toujours bien sur le dos de Jordy, même si ça montait souvent bien, on a fini par descendre de son dos, pour que ce soit plus facile pour lui.

- Nul doute que mon dos finira certainement par bénir cette rencontre inestimable, entre vous deux.

Pendant qu'on continue de marcher et qu'on discute toujours bien en chemin, on fini par se rapprocher du village toute à la fin de la journée. Il fait même presque nuit, quand il nous reste que quelques centaines de mètres à parcourir. De loin on voyait déjà plein de petites lumières, qui sortaient par les fenêtres des maisons.

- Ça y est Korë-coquinou-choute. On arrive enfin.

Tandis que vous finissez d'avancer tous les deux, ou plutôt tous les trois, vers le village qui semble comme presque devenu désert, une ombre particulièrement discrète et imperceptible, vous observe déjà de loin. Votre arrivée ne passera probablement pas incognito par ici. Et certainement pas dans ce petit village minier, bien loin d'accueillir une foule de visiteurs à chaque jour qui passe.

[Korë Grémorya]

Le dragonnet avait-il compris la chose de travers ? Rien de vexant pour la bardesse qui se sentit tout de même, dans le doute, obligée de lui préciser sa pensée. Elle commença par secouer doucement la tête.

- J'ai bien remarqué que Jordy est un étalon pudique ; la dernière nuit, il nous a laissé le champs libre. Je préférerais éviter d'avoir à abuser de son bon sens pour notre petit plaisir égoïste en pleine nature.

La Wyvérienne ne l'avait jamais fait avec un cheval et ne s'imaginait pas non plus capable d'encaisser une telle charge - qu'elle fusse avec un partenaire hybride ou non.
Ashka en vint alors à parler de sa magie. Il partageait une affinité avec l'eau et la terre. La première pour sa douceur ; la seconde pour son côté protecteur.
Korë devait bien avouer que pour un chevalier comme lui, cela faisait sens.

- Je comprends le principe.

Une énième preuve de la sagesse de sa regrettée grand-mère !
Contente pour le paladin, la bardesse le laissa jouer à l'eau avec Jordy. Entre-temps, s'aidant du couvert des arbres et de son manteau d'emprunt, elle leur concocta un déjeuner de fortune autour duquel ils discutèrent sereinement. Tout juste de quoi se remplir un peu l'estomac avant de reprendre la route sous une pluie bien moins drue.
Plus tard, à une centaine de mètres du village, alors qu'ils avaient soulagé Jordy de leurs poids conjugués et évoluaient à son côté, les lumières de Ming'hard qui perçaient à travers les fenêtres de masures éclairaient leur destination aussi sûrement que le proche scintillement des étoiles.

- Il va nous falloir trouver un endroit où passer la nuit.

La bardesse songea bien sûr à une taverne. Un établissement potentiellement animé à cette heure, où elle pourrait échanger ses services contre une chambre pour deux. Korë n'oubliait pas Jordy, qui finirait à l'écurie. Alors, seuls dans cette chambre, le petit couple aurait toute l'amplitude nécessaire pour-

- Dame Mérileya.

Une mince figure encapuchonnée était soudain sortie de l'ombre d'une ruelle.



Korë jeta un rapide coup d'œil autour d'eux. L'inconnue avait attendu d'obtenir le champ libre avant de se manifester. Et sa méprise était due à ce qu'elle portait elle-même sur la tête. A savoir que la Wyvérienne avait rabattu sa capuche sur son front au moment de prendre la route. La capuche de son manteau bordeaux qu'elle avait emprunté à la fille du baron.

- Puis-je savoir à qui nous avons l'honneur ?

Ce "nous" invita la rouquine à jeter un bref regard au furry dragon. Elle conserva le silence un moment avant de leur révéler :

- Je m'appelle Tahutia. Je fais partie de l'équipage de l'Albatrousse. On m'a envoyée vous chercher dès votre entrée au village. Vous et votre... escorte.

- Vous êtes armée, lui fit remarquer Korë.

- Etant donné votre situation, il vaut mieux ça plutôt que le contraire, non ?

La bardesse se permit un coup d'œil vers Ashka, puis hocha la tête à l'attention de Tahutia.

- Ils ne vous ont pas suivis, je présume ?

Comprenant qu'elle parlait des hommes du baron, Korë secoua la tête.

- Suivez-moi, dit-elle en leur tournant le dos. Les autres vous attendent.

Alors que leur guide en devenir ne regardait pas, la bardesse fit signe à Ashka de conserver le silence. Ils allaient très certainement devoir s'expliquer à bord du vaisseau qui, si tout se passait bien, leur livrerait des informations essentielles sur la prochaine manœuvre qu'aurait initié Mérileya à leur place.