The Multiversity

[Cybille Lockney]

♪ Avasha Kapasatara

J’en ai marre, vraiment marre putain que j’me dis alors que je suis en train de me balader dans les ruines extérieures autour de mon Royaume. Cette guerre me met en rogne sans parler de mes sœurs qui me tapent royalement sur les nerfs… Jeu de mots hein ! Des princesses y en a en affluences et certainement plus que d’autres me donnent envie de gerber avec leur histoire gâteau et leurs querelles de cœur. Si je ne m’entends pas très bien avec elles étant donné mon caractère d’exception si on l’on se fit à ma lignée, par chance, ma sœur cadette est l’une de mes confidentes. Si je suis le mouton noir de la famille, je me demande bien si elle n’en serait pas un elle aussi.

Quoiqu’il en soit, je ne vais pas entrer en détail dans mon histoire de famille, car ce n’est pas cela le plus important. Non, mon but précis en ce moment était de retrouver Emmy Stan, une humaine avec un sac particulièrement magique qui pourrait résoudre bien des problèmes dans mon conflit actuel avec mes ennemis. C’est en me baladant justement dans ces ruines que je m’étais convaincu que c’était la solution. Oui, j’avais entendu quelques ragots à son sujet et j’avais pu espionner la conversation de l’une des femmes de chambre rencontrant secrètement un chevalier. J’avais donc échafaudé mentalement mon plan avant de le mettre à exécution.

En ce moment, un portail venait d’apparaitre devant moi. Je m’étais donné un mal de chien pour y arriver, mais j’avais enfin trouvé comment et où. Ce portail menait vers le monde des humains sur Terre et plus précisément chez Emmy Stan. Une fois le portail passé, je me retrouve presque pile-à-poil à l’endroit que j’avais visualisé; c’est-à-dire dans le sous-sol de sa maison. Le sac devrait être dans les parages si on avait dit vrai. J’espérais seulement que ce ne soit pas un guet-apens… Sauf qu’à première vue, il semblait avoir pas mal de matos scientifique. Un peu chelou tout ça, j’espérais ne pas être une cible prise pour un cobaye ! C’est vrai quoi, une quasi déesse qui débarquait ici, ce n’est pas tous les jours que l’on voit cela.

Après un moment, je crois enfin mettre la main sur ce que je convoite, sauf qu’une boule de poil m’intercepte. Je sursaute, bien que je ne sois pas du genre à avoir peur, mais l’effet de surprise a bien été ressenti. Je ne l’avais pas vu ni senti venir alors que pourtant, j’ai des sens plutôt aiguisés.

Mais qu’est-ce que je vois là… Un petit chat ?! Laisses-moi juste prendre ce sac si tu veux bien, et je files, promis.

On dirait bien que ce chat est docile. J’aime ça comme cela… Quoiqu'un peu de résistance ajoute parfois du piment à la chose. Peu importe, je peux donc prendre le sac sans problème et fuit par le même portail par lequel je suis arrivée. Je retourne sur Terra la où je dois maintenant trouver comment fonctionne le sac, mais surtout, il me faut aussi trouver un artéfact particulier qui me serait tout aussi utile. Je débute alors mes recherches dans les ruines autour du Mont Olympe, ne me doutant pas que j’ai été suivie. Rien ne pourrait me freiner dans mes démarches, car le besoin était crucial de me trouver un moyen de défense pour riposter contre mes rivaux et cet artéfact ainsi que ce sac magique m’étaient destinés, je le sentais.

J’avance dans les décombres, déployant mes ailes d’ange afin d’élargir mon périmètre de recherche, et ce, plus efficacement et rapidement. Je lance un regard circulaire autour de moi, analysant le terrain. Rien en vu, même si j’ai l’impression d’être épiée. Je continue ma trajectoire, car les ruines sont vastes. Ce serait une tâche longue et assidue, sans compter que je devrai aussi me taper les catacombes.

[Emmy Stan]

C'est allé très vite. J'étais en plein cours de philo en faisant tout sauf philosopher, quand ma petite boule de poils préférée m'a appelé en urgence. Quand j'ai décroché et que j'ai répondu, tous les autres se sont retournés pour me regarder. Comme d'habitude, certains se sont déjà dis que j'allais encore bastonner en ville. Même pour les profs, mes excuses n'étaient même plus des excuses. Et ouais. C'est ça quand on est une célébrité locale...

Mais qu'importe, parce que Martha me fait direct halluciner sur place, quand elle m'explique qu'elle a repéré une intruse bizarre qui se trouvait en plein chez nous. Une étrange fille qui est passé depuis un portail et qui s'est tranquillement invitée et servi. Volant ni plus ni moins que le sac-sans-fond qui m'a été légué par mes parents, quand ils ont disparus. Que les moustaches hyper sensibles de Martha, avaient senti une énergie sacrée, puissante et totalement inconnue. Et quand elle s'était approché pour aller voir dans les sous-sol, elle y a vu une fille. Elle s'est alors barrée comme une voleuse avec le sac, qui avait l'habitude de rester sous "cloche". Là où Martha disait qu'il devait être, quand je ne l'utilisais pas. Il parait que c’était important contre les vols et pour renforcer la sécurité. Ouais bien sûr...

Passé les excuses à deux sous et dont tout le monde commençait à avoir l'habitude dans la classe, j'ai fait savoir à mes amis que j'avais pas besoin d'eux, malgré le cas d'urgence absolu. Plus que ça, c'était surtout parce que j'avais vraiment pas le temps de leur expliquer le truc. Et encore moins de m'encombrer d'eux pour me ralentir à ce moment-là.

Je suis alors parti en quatrième vitesse en quittant le bahut, pour récupérer ma moto garée dans le parking. Là, j'ai mis à fond plein gaz direct. De 90kmh où je roulais en temps normal, je suis passé à 130 minimum. J'ai tout grillé sur la route. Les priorités. Les feux. Les stop. Parfois je prenais des raccourcis improbables. Par chance, on était en début d'aprem et les rues n'étaient pas trop chargées. Et puis je pouvais aussi compter sur le fait que j'avais un don spécial, version pilotage deluxe pour deux roues. Merci papa et maman...

Quand j'arrive tout proche de la maison en un temps record, je passe directement par l'entrée souterraine. Une entrée située un peu plus loin de la baraque et lourdement protégée par une double porte blindée. D'un simple bip reconnaissable sur une clé à emprunte digitale hautement sécurisée, les portes s'ouvrent. Et c'est là que je dévale comme une furie qui a pas encore pris son quatre heure d'adrénaline, vers la partie des labos où m'attend Marta. J'ai d'ailleurs même pas besoin de chercher, pour voir la lueur du portail magique dont elle m'avait parlé par téléphone.

- (Martha, la chatte domestique de Emmy vraiment super intelligente) : Tu es là Emmy. J'ai tenté de voir si je pouvais maintenir en place l'unité métaphysique de cet étrange portail, mais rien n'y fait...

- (Emmy) : Ouais d'accord. Traduction, le portail va pas tenir longtemps en place?

- C'est surtout qu'il est déjà en train de disparaitre. Ce sac est très précieux. Mais d'un autre côté si tu y vas, je ne risque pas de t'aider à pouvoir revenir...

- Merde! C'est la merde alors... Mais on ne peut pas laisser ce truc se balader entre les mains de n'importe-qui. Tu es la première à dire toi-même que cet objet est tellement important, qu'il dépasse même toutes les lois normales de la terre. Alors ne me dis pas qu'on va abandonner et regarder ce truc se refermer devant nos yeux sans rien faire?

C'était une catastrophe. Peut-être pas directement pour moi. Mais cet objet avait beaucoup trop de valeur, que pour atterrir entre n'importe quelle main... Quand je suis descendu, c'est lorsque je suis arrivée pile devant le portail, que j'ai eu une mauvaise blague. En plus de commencer à se diluer, il me repoussait. C'était comme si je faisais face à une espèce d'aimant, mais en version attraction inversée...

- Merde. Pourquoi je peux pas passer?...

- C'est justement ce que je voulais te dire Emmy. Le portail dégage une force de repoussement très puissante. Une sorte de logique structurelle et physique, qui fait que plus un portail disparait, plus le noyau central entre les deux points d'accès se distord. Traduction, le passage se ferme graduellement en se resserrant depuis son milieu, avant de mettre définitivement fin à la connexion.

Peu importe ce que disait Martha, je refusais juste que cet objet se barre n'importe-où, tout ça au bon vouloir d'une fille qui se fait prétendument passer pour un ange de mes deux... Alors que mon cerveau fonctionne en mode accéléré, c'est là que me vient une idée pour tenter de passer en force.

- Qu'est-ce que tu fais Emmy?...

Sans parler, je remonte sur la moto. A ce moment-là, je m'approche doucement au plus près du portail. Une fois que j'ai collé la roue dessus, je commence à appuyer sur l'accélérateur. Le moteur hurlait. Crachait sa mort. C’était vraiment pas super pour la moto, mais tant-pis.

- Il faut essayer de forcer ce putain de passage, pendant qu'il en est encore temps. Pas question de laisser ce sac à la première débile venue. Même si elle porte des plumes blanches dans le dos.

- Emmy mais c'est... c'est extrêmement dangereux ce que tu fais. En supposant que tu parviens à passer, la structure intérieure risquerait de t'écraser...

N'écoutant pas ce que me dit Martha, je continue encore d'appuyer sur le champion comme une dingue. Le moteur rugit encore et encore, pendant que l'aiguille monte avec difficulté. En raison de la putain de résistance, le kilométrage affiché ne grimpait vraiment pas très haut. Mais doucement. Progressivement, l'aiguille fini par monter encore. Arrivé à un certain seuil, le portail se mettait maintenant comme à crépiter. Des sortes de zébras lumineux sortaient de là où les roues du bolide rencontraient la résistance. Et après plusieurs minutes à insister, la moto commence enfin bouger.

- Ça y est Martha! Elle commence s'enfoncer à l'intérieur! C'est bon!

- Seigneur Emmy... Tu as pensé une seconde à qui va me nourrir, si tu n'es plus là pour le faire?... Bon... d'accord j'ai compris. Comme d'habitude, tu ne veux jamais écouter quand je te parle...

Alors que la moto s'enfonce à l'intérieur, Martha saute à mes pieds. Même si j'avais rien dit, en vrai j'étais contente qu'elle soit là. Ça voulait dire qu'elle me faisait confiance. Ou au moins qu'elle était sans doute curieuse de savoir si on pouvait vraiment réussir à passer comme ça.

Et alors que je continue d'avancer. Que la moto fini par se retrouver à moitié engagée à l'intérieur du portail, je ressens soudainement comme une espèce de pression autour de moi. C'était si violent, que j'ai cru que ça allait vraiment me broyer. Mais par chance, la pression s'est comme "décompressée" d'un seul coup. J'ai été alors expulsé avec une violence et une vitesse incroyable, direct de l'autre côté. Le temps que je prenne conscience de ce qui se passait, j'ai dû manœuvrer comme pas possible pour pas me crasher et finir ma vie dans le décor. Après un instant de folie pure, durant lequel je pile en catastrophe tout en essayant d'esquiver un énorme rocher juste devant, j'ai enfin réussi par miracle à m'arrêter...

- Ouah! Putain!... La vache!... Martha? Ça va?...

- J'ai connu des moments de douceur nettement plus agréables dans ma courte vie, Emmy...

Je regarde alors Martha qui a eu le bon réflexe de s'accrocher sur moi, en plantant ses griffes directement dans ma salopette. Ça n'a pas été des plus génial, mais au moins ça a fait le taff.

- Bordel. Où est-ce qu'on est maintenant?...

- Mmmh... je dirai que nous sommes dans des sortes de ruines des plus anciennes...

C'est en hallucinant sur place, que je matte l'endroit. Jamais j'avais vu un truc pareil de toute ma life... Il y avait des sortes d'anciens monuments trop bizarres, dont une partie était à moitié écroulé par terre. Et c'est justement en observant l'endroit, que je repère une étrange silhouette située au loin.

- Là-bas. Est-ce que tu reconnais la fille dont t'as parlé avant?

- Ma sensibilité naturellement exiguë et couplé à cet endroit des plus étranges, me suggère qu'il se pourrait bien qu'il y ait un lien avec cette créature féminine bipède à l'apparence hautement humaine.

Il n'en faut alors pas plus, pour que j'accélère. Que je fonce alors à toute berzingue, vers la meuf qui se trouvait plus loin. Elle était apparemment en train d'entrer dans un énorme monument. Arrivée pile aux pieds des escaliers de la bâtisse, c'est là que j'arrête la moto. J’interpelle direct la meuf sans attendre.

- Hé toi! Oui toi, l'espèce de voleuse avec tes cheveux flashy tout violets. La meuf avec son grand bâton à se le mettre dans le derrière! Rends-moi tout de suite ce que tu m'as volé! A cause de toi, Martha et moi on a failli rester écrasés dans ton portail.

- Bien que j'apprécie ta vivacité et ta réactivité à ne pas vouloir perdre le nord. Ni notre intérêt à défendre notre objectif principal. Je doute que cette approche passablement brutale et agressive, donne envie à notre amie de bien vouloir nous donner la moindre explication sur ses agissements...

[Cybille Lockney]

Si seulement j’avais su que le chat n’était pas tout à fait un chat normal, j’aurais fait un peu plus gaffe. Mais non, moi j’étais partie comme une voleuse avec le sac dans mes mains en passant juste sous les yeux du chat et en repassant par mon portail… Portail que j’aurais dû veiller à refermer derrière moi. En tant normal, il se ferme tout seul après un petit lap de temps. Je n’aurais jamais imaginé qu’on m’aurait suivi. Il n’y avait pourtant personne quand je me suis barrée, alors comment une personne avait pu passer le portail ? Une humaine surtout ! Ça je l’ignore encore pour le moment.

Je suis présentement en train de me balader nonchalamment dans les décombres, cherchant une piste pour continuer mes recherches, sauf qu’y a un truc pas net. Un bruit plus précisément…. Comme un moteur, sauf qu’il n’y a pas de voiture dans le coin normalement et encore moins de moto. Tout est désert ici ou sinon pour les personnes comme moi, on utilise nos ailes comme moyen de déplacement. Quand je tourne la tête, je suis surprise de voir que ce n’était pas le fruit de mon imagination; c’était vraiment une moto ! Et cette moto vient directement à ma rencontre. J’accélère donc le pas en faisant comme si je n’avais rien vu et m’apprête à rentrer dans les ruines sauf qu’apparemment, ce ne serait pas aussi facile que je l’aurais cru.

La demoiselle au cheveu roux de la moto ne compte pas me laisser tranquille, car elle m’interpelle plutôt en me traitant de voleuse. Je la dévisage de la tête au pied, me demandant comment elle a réussi à se rendre ici, mais surtout, pourquoi est-ce que je ne l’avais pas détecté avant ? Il y avait tant de questions sans réponse. En plus, je reconnais le chat… Ce serait donc Martha si je me fis aux paroles de la jeune femme ?

Si mon bâton doit se frotter à un derrière, ce ne sera certainement pas au mien, mais au tien. Laisses-moi tu veux ?! J’ai un truc important à faire et je n’ai pas l’temps de discuter avec une gamine. Je t’ai rien volé ok ? Tu fais erreur sur la personne. J’te connais pas.

Déterminée à continuer mes recherches et à la laisser en plan, je tourne les talons et m’engouffre dans les ruines… Sauf que bien évidemment, elle me suivrait. Si ce sac était réellement à elle, ce qui était sans aucun doute le cas puisque je jouais à l’innocente, je n’avais nulle intention de lui rendre.

Retournes chez toi, tu n’as rien à faire ici. Va plutôt jouer ailleurs avec ton sac à puce.

J’accélère le pas dans le but de la semer. Je m’enfonce d’avantage dans les ruines, ne sachant pas trop où je m’en vais. À en voir la descente, c’est un espace sous-terrain et il fait de plus en plus noir. Se retrouver là-dedans risque d’être compliqué car ça ressemble à un labyrinthe. Plusieurs piliers de pierres se sont effondrés et les chemins sont parfois étroits. J’avance rapidement en ne me souciant pas de la gamine, en me disant qu’elle n’arriverait pas à me suivre. Je suis une déesse après tout, mes réflexes et ma rapidité sont largement plus élevé qu’une humaine… Sauf que quelque chose au fond de moi me dit que je ne devrais pas la sous-estimer.

Histoire de ne pas faire gaffe une deuxième fois comme en laissant mon portail ouvert, je m’arme de mon sceptre magique afin de faire léviter quelques pierres et les déplacer derrière moi de façon à créer un barrage. De cette manière, si on me suit, il sera plus difficile de s’y faufiler ou bien il faudra passer par un autre chemin. J’espère que cela suffira pour pouvoir reprendre de l’avance et continuer mes recherches en paix.

[Emmy Stan]

- Ouais non mais dis-donc. Il y a que toi par ici dans cet endroit paumé. Et en plus, t'oses encore ramener ta gueule de greluche, avec tes ailes d'angelot? Ma parole tu sais vraiment pas à qui t'as affaire...

- Emmy. Bien que je compatisse à ta colère, nous devons vraiment trouver une solution plus pacifique et amicale de l'aborder. Surtout que je ne sais même pas comment on va bien pouvoir faire, pour rentrer chez nous...

- Non mais elle se prend pour qui, celle-là? Elle me vole mes affaires et en plus elle ose encore se foutre de ma gueule?... * Soupir de profonde irritation *

Là, la meuf avec ses cheveux violets trop chelous, elle m'avait vraiment mis les nerfs à vifs. Alors comme je voulais pas perdre sa trace, je me suis mise directe à monter les marches. Sérieux. Elle croyait que j'allais la laisser filer comme ça, sans rien dire?

- Et en plus elle t'a traitée de sac-à-puces, ma vielle poilue...

- Oui enfin Emmy. Il y a plus grave que ça. On a risqué notre vie rien qu'en venant ici, je te rappelle...

Le temps que je finisse de monter. Que je la rejoigne dans ce dédale de mes deux, j'ai tout juste le temps de voir où est-ce qu'elle était partie. Malheureusement pour moi, pendant que je me rapproche en courant avec Martha, la meuf fait léviter des grosses pierres qui trainaient par terre. Puis elle construit carrément un pan de mur entier, juste pour me bloquer le passage.

- Ha super. Déjà qu'on y voit pas plus loin que le cercle fermé des trous du cul des groupes de métal de Jude, voila qu'en plus elle essaie encore une fois de se payer ma tronche. Je te jure que ça va vraiment chauffer pour elle, si je l'attrape.

- Emmy cesse donc d'être aussi vulgaire.

- Ouais pardon Mathichoute. Mais je suis juste un peu véner qu'une ange qui est censé protéger les gens et le monde, elle ose en plus se moquer de moi. En un mot, me prendre pour la dernière des connes...

Je regarde le mur. Bien qu'il avait l'air solide, les pierres ne semblaient en rien magiques. Je dis alors à Martha de reculer. Pour être certaine de pas rater mon coup, je concentre mon "KI", cette énergie intérieure vraiment super pratique. Puis avec ça, j'invoque le pouvoir de la force. Quasi-invisible à l’œil nu, la seule chose qu'on pouvait voir c'était les variations de l'air. Je serre alors bien fort mon poing, puis je frappe. La pierre devant-moi éclate en morceaux. Ce qui occasionne un trou dans le mur. C'était pas encore assez que pour le détruire tout en entier, mais assez pour briser ce foutu mur en un ou deux coups en plus. Une seconde fois suffira pour faire un trou assez grand pour passer. Par contre, il y avait juste un problème, c'est qu'on y voyait vraiment que dalle par ici... Alors je sors le téléphone de ma poche pour éclairer le couloir vachement obscur.

- Bordel. Mais qu'est-ce que cette meuf vient foutre là-dedans? A tous les coups, tu vas voir qu'elle est partie rejoindre sa secte de copains tordus, pour faire on sait pas trop quoi là-dedans...

- Reste prudente Emmy. Quelque chose me dit que ces anciennes ruines sont peut-être encore animées. En plus, cette fille doit être dangereuse. Elle n'est sûrement pas venue ici par hasard...

- Ouais en attendant, dépêchons-nous plutôt de la rattraper. On récupère ce sac et on trouve le moyen de filer d'ici...

On perd donc pas de temps pour s'enfoncer encore plus loin à l'intérieur, maintenant que j'avais brisé son mur. La poule m'avait sous-estimée. Grave erreur.

Le couloir était d'abord long et pas mal étroit. Il allait tout droit. Que ce soit au plafond. Sur les côtés ou au sol, il était recouvert de vieilles pierres anciennes. Je me suis mise à courir, jusqu'à nous retrouver face à une autre bifurcation.

- Et merde. Encore un chemin qui se sépare. Bordel il faut pas qu'on se plante, sinon c'est foutu...

- J'ai peut-être une idée Emmy. Mais pour ça il va falloir que tu réalises l’impensable. En un mot, il faudrait que tu arrives à te taire. Que tu arrêtes de faire le moindre bruit avec ta bouche, qui parle toujours en continu. Traduction ma douce, silence total.

- Quoi? T'es en train de dire que je sais jamais la fermer?...

- Silence, j'ai dis!

Alors là, elle était vraiment bonne celle-là. Martha me faisait comprendre que je la fermais jamais. Sérieux, je jure que si elle était pas ma pedigree féline préférée, que je l'aurai bouffé à mon prochain déjeuner...

Ainsi miss "j'ouvre trop ma bouche" ne disait plus rien. Elle attendait le prochain miracle. Celui qui allait apparemment être révélé par Martha en personne. Donc sans rien dire du tout. Pendant que je l'éclaire avec le téléphone, elle semble se concentrer. Ses oreilles semblaient comme bouger. En tout cas moi, j'entendais rien du tout... Puis d'un seul coup, elle bondit pour prendre l'une des deux directions.

- Attends. T'es sûre de toi là?

- Certaine. Mes oreilles extra sensibles et qui s'harmonisent avec brio au calme total devenu si soudain grâce à toi, me confirment que des bruits viennent précisément de ce passage.

Je cours alors derrière miss super chatte aux "grande oreilles félines". Au bout de ce qui devait être une centaine de mètres, on finit par débarquer dans ce qui ressemble à une très grande salle. Sans même savoir comment c'était possible, la lumière du jour arrivait légèrement à percer à l'intérieur. Mais surtout un peu plus loin, il y avait la pigeonne, avec ses ailes de plumes blanches.

- Là! Dis-donc, tu croyais pouvoir t'échapper comme ça? Pas de chances. Tu sais vraiment pas à qui t'as affaire.

- Seigneur. Ça recommence...

Je cours très vite dans sa direction. Puis je fais ensuite un saut périlleux juste au-dessus d'elle, grâce à mon pouvoir de la force. Et juste au cas où elle aurait tenté de m'attaquer en douce en se retournant, comme la bonne sournoise que cette meuf semblait être... Quand j'atterris ensuite juste devant elle, je la menace en pointant direct un doigt dans sa direction. J'imagine assez bien la tronche qu'elle devait faire à ce moment là.

- Allez. Rends ce sac tout de suite, si tu veux pas que je me fâche pour de bon et que je t'en colle une. Okay t'es très forte avec tes supers pouvoirs. Mais il faut que tu comprennes que ce sac est à moi, chérie. Et puis franchement, quel culot t'as de venir débarquer chez moi comme ça, sans même y avoir été invitée...

Aussi je me demandais si elle allait enfin se montrer sympa et coopérer. Ou bien si elle allait essayer de me la faire encore à l'envers...

[Cybille Lockney]

J’avance dans les ruines, pas après pas, chaque minute me rapprochant plus près de mon but, du moins, je l’espère. Est-ce que la relique se trouve vraiment ici ? Je me donne sérieusement un mal de chien pour protéger mon peuple des menaces et je fais tout ce qui est en mon pouvoir… À commencer par avoir volé le sac d’une jeune fille dans le monde des humains… Jeune fille qui me poursuit toujours cela dit puisqu’elle tient visiblement à le récupérer. Je ne lui rends pas la tâche facile, usant de mon pouvoir de nouveau pour créer une barrière de pierre avec ma télékinésie.

Arrêtes de te fatiguer pour rien. Tu ne pourras pas me rattraper.

Du moins, c’est ce que je croyais, car elle ne lâche pas l’affaire, même si pendant un instant, je n’entends plus de bruit derrière. Je crois qu’elle avait finalement abandonnée, mais non. Les pierres virevoltaient partout, un barrage se formant automatiquement derrière moi jusqu’à ce que je baisse ma garde. À ma plus grande surprise, la jeune demoiselle saute au-dessus de moi comme un acrobate et me fait face d’un air accusateur.

Mais… Qu’est-ce que !

Comment a-t-elle pu réussir à me suivre ? Malgré toutes les entraves ? Décidément, je ne dois vraiment pas la sous-estimer. Combien de surprise elle me réserve encore ? Quelque chose me dit qu’elle continuera de me faire chier tant qu’elle n’aura pas récupérer son sac. Fait chier !

Pourquoi ne pouvais-tu simplement pas rester chez toi ? Pourquoi tout compliquer ! J’ai plus besoin que ce sac que toi ! J’te parie que tu le veux juste pour pouvoir t’amuser comme une gamine !? Tu as passé l’âge pour cela je me trompe ?! Eh bien sache que des personnes sont en danger et que la situation est beaucoup plus sérieuse que tu ne le crois. Ce sac peut changer le destin de ces pauvres gens, tu comprends ? C’est vraiment la galère ! En plus, un monument sacré a été saccagé, ce n’est pas rien ! Alors veux-tu bien me laisser poursuivre ma quête ?!

Je soupire d’agacement et je n’en crois pas mes oreilles que je suis vraiment en train de devoir me justifier devant elle… Mais si je ne lui explique pas, je suis certaine qu’elle comprendrait jamais et ne me ficherait pas la paix. Déjà elle a réussi à me suivre malgré mes pouvoirs, alors c’était quoi la suite ? Je devrais la ligoter ? Encore là, je serais surprise, elle réussirait à s’échapper avec probablement l’aide de son chat bizarre. D’ailleurs, c’est un alien ou quoi ? Son regard donne froid dans le dos.

Si tu me laisses continuer, je t’aiderais à retourner chez toi, toi et ton chat bizarre…. Parce que j’imagine que vous n’avez aucune idée comment faire réapparaitre le portail ? Je me trompe ?!

J’espérais que cela suffirait pour la convaincre, mais j’avais encore des doutes. Si ça se trouve, elle continuerait de me coller aux basques et je n’aurai pas le choix de l’amener avec moi. Je pourrais aussi lui promettre de lui remettre son sac à la fin, mais est-ce qu’elle me croirait ? Mais surtout, est-ce que je le ferais ? À voir.

[Emmy Stan]

Héhé. J'ai vraiment bien fait d'avoir sauté juste au-dessus d'elle. Ça a surpris cette idiote, qui croyait encore pouvoir se protéger avec ses pierres volantes. Bon je savais évidemment que ce simple saut, aussi stylé soit-il, ne suffirait pas à la faire renoncer. Mais il n'empêche que je voulais récupérer ce sac, quoiqu'il en coûte. Alors quand je lui ai dis à peu près gentiment de me le rendre, au début elle n'est guère convaincante. Elle me rabaisse, limite au rang d'une gamine idiote et immature, qui faisait mumuse avec un objet dangereux sous ses mains. J'allais éclater de rire, quand elle semble prendre un air vraiment sérieux. Là, elle disait qu'elle en avait besoin pour sauver des gens qui étaient en danger. Que ce sac, pourrait peu-être sauver leur destin. D'autant plus qu'un monument aurait été saccage... * Prend un air à la fois hésitant mais pas entièrement convaincu *

Et la garce ne manquait pas d'arguments, disant quelle savait qu'on ne pourrait pas rentrer à la maison par nous-même... J'allais lui répondre, quand Martha prend la parole. Ce qui n'était vraiment pas dans ses habitudes, puisqu'il n'y avait qu'avec moi qu'elle discutait...

- Bon. Vu l'urgence de la situation, je vais essayer de voir si cette étrange fille céleste, arrive à me comprendre. Emmy, laisse-moi gérer la situation ma douce. Puis tu n'imagines même pas comme le silence te va si bien quand tu prononces son nom.

- Hein? De quoi?... Martha? Mais qu'est-ce que tu racontes?...

- Bonjour? Bonjour jeune femme céleste. Je ne sais pas si vous me comprenez, mais en analysant ce que vous semblez être, j'imagine qu'il y a une chance pour que vous me compreniez. Et si c'est bien le cas, veuillez me faire un signe...

Alors là, j'ai halluciné. Martha qui a voulu essayer de parler à cette fille, s'est presque illico retourné vers elle. Incroyable... Moi qui croyais que j'étais un spécimen rare à pouvoir comprendre les animaux...

- Parfait. Je vois que vous semblez me comprendre. Pour commencer mademoiselle, veuillez excuser le comportement maladroit de ma jeune maitresse, Emmy. Mais je vous assure qu'elle n'est pas méchante. C'est juste que nous sommes un peu dépassées par la situation, voyez-vous?

- Martha? Qu'est-ce que tu fiches? On est pas là pour faire amis-amis avec elle...

- Bref... Je disais avant d'être encore une fois importunée, que si nous avions traversé ce portail, qu'il nous est en effet impossible de savoir comment revenir en arrière. Et que votre aide, pourrait nous être bien précieuse. Surtout face à ces lieux étranges...

Ho punaise. C'est pas vrai. Cette meuf nous a volé le sac. S'est incrustée chez nous sans y être invitée et voila que Martha lui fait encore des politesses.

- Vous dites que vous avez besoin de ce sac, pour aider des personnes en détresse c'est bien cela? Pourriez-vous nous en dire un peu plus? De toutes façons, je pense que nous allons rester ici pendant un bon moment.

- Attends! Tu es sérieuse Martha? Mais on ne sait même pas si on peut lui faire confiance. Tu as bien vu ce qu’elle a fait? Elle nous a volé le sac, sans rien nous demander! * Grogne *

C'est pas vrai. Nous voila bien, à tenter de faire de la communication avec cette espèce de pigeonne de mes deux. je suis certaine qu'elle va tout faire pour nous planter et nous mener en bateau. Du coup, à défaut d'essayer de faire changer d'avis Martha, ce qui soit dit en passant était impossible dans ce genre de situation, je crois les bras et je ferme "ma grande gueule qui l'ouvre trop".