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Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

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Mrs Claus
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NOIR.

Un univers de ténèbres.

Il y avait pourtant une flamme rebelle qui résistait. La fusion d’une « simple » fermière et d’une entité de la Nature. Les deux appartenaient à deux ordres différents. Mais aucun de ces deux ordres n’étaient à sa place dans ce monde nocturne.

Au loin, ce bruit à nouveau : tchakatchak…tchakatack…

Au loin, mais dans une autre direction : un nouveau cône de lumière. Comme un projecteur de théâtre pour mettre en évidence un acteur qui va s’exprimer.

Mais ce n’est pas un acteur. Ce serait plutôt une danseuse au bu de son accoutrement rose avec ce qui ressemble à un tutu plutôt épais.

Le bruit s’en va…
La lumière également…

Au loin, toujours ce bruit de ce qui semble être une locomotive à vapeur. Mais à l’opposé d’où elle avait été entendu auparavant. Comment a-t-elle pu se déplacer aussi vite ? Et ce, sans faire de bruits durant la transition entre les deux localisations de l’onomatopée ?...

Le cône de lumière éblouit soudainement la pyro-dryade. A une vingtaine de mètres devant, cette silhouette rose et féminine. Ce n’est ni une actrice, ni une danseuse : c’est une clownesse.

Ses doigts pressent son nez rouge et sa bouche dit :

« Pouet-pouet. »

Mais la voix ne contient pas d’émotivité. Tout comme ses yeux à moitié baissés s’apparenteraient au visage d’une gothique ou d’une blasée. Mais la clownesse coince alors ses pouces derrière les bretelles qui retiennent sa jupe rose.

« Il me semble que vous n’avez pas payé votre place pour entrer dans le Cirque de Monsieur Kowai ? Ce n’est pas très rigolo, ça… »

Ses pouces viennent alors étirer les commisures de ses lèvres pour donner l’illusion d’un sourire. A moins que la clownesse soit dans l’impossibilité physique de démontrer pareille expression par la seule force de ses muscles ?

« Voulez-vous que je vous fasse rire ? Vous me semblez bien tendue. Hum… que pourrais-je vous proposer à vous et à vos oreilles ? Hum…

Tu aimes bien ta mère ? Alors reprends un bout.

Ou peut-être, hum…

Quand mon père m’a beaucoup battu, il a chaud. Alors je me traîne vers la fenêtre et je la ferme pour qu’il n’attrape pas de courant d’air.

Non plus ? Public difficile, hum… Celle-là peut-être ?

Halloween : livraison à domicile pour pédophiles. »
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En l'absence de danger immédiat, Yggrisa se déchargea de ses sanguinolents boucliers de chair. Morts et mous, les satyres s'écrasèrent tout autour d'elle, au beau milieu de cette infinité obscure dans laquelle la pyro-dryade elle-même peinait à s'éclairer.
Ce monde n'était pas le sien - elle en avait parfaitement conscience. Et pour ne rien arranger, ses pouvoirs avaient commencé à décliner. La fusion n'allait pas tarder à se défaire alors que l'endroit ne semblait pas du tout propice à une irrémédiable perte de puissance.
Yggrisa, qui s'était vraisemblablement égarée en cherchant à retrouver la mercenaire, entendit le roulement mécanique d'un train dans le lointain. Elle raffermit sa prise sur cette fourche enflammée, qu'elle avait invoquée avant de pénétrer dans cette étouffante faille de pures ténèbres.

- Hm ?

Un cône de lumière était apparu ailleurs. Cette source de lumière impossible à identifier s'estompa rapidement, effaçant du même coup la silhouette de danseuse qu'elle avait éclairée.

- On se joue de nous ?

A qui s'adressait-elle ? Elle n'en avait pas la moindre idée !
Yggrisa fronça les sourcils, ce qui n'égratignait en rien son intemporelle beauté.
Le bruit de locomotive retentit à un autre endroit. La pyro-dryade ne s'y intéressa qu'un maigre instant avant de reprendre la route.
Elle s'arrêta dès que le cône de lumière réapparut, avec en son centre cette personne qu'elle avait entraperçue quelques secondes plus tôt. Ladite clownesse eut une réaction étrange. Elle mima un bruit en pressant son nez rouge.
Etait-ce la façon qu'elle avait se saluer son "public" ?
Yggrisa resta de marbre alors que l'autre glissait ses pouces sous ses fines bretelles blanches.
Le Cirque de Monsieur Kowaï ? Une place pour y entrer ?
Encore une fois, la pyro-dryade s'abstint de tout commentaire.
Dans son élan à la limite du lymphatisme, la clownesse en vint à lui proposer une blague supposée la faire rire. Mais en tout et pour tout, elle finit par lui en donner trois, toutes aussi glauques les unes que les autres...

- Tu fais peine à entendre, déclara froidement la flamboyante fusion. Nous avons connu des cadavres plus divertissants que toi.

D'un pas aussi déterminé qu'élégant, la pyro-dryade commença à dévorer les vingt mètres qui les séparaient. Au bout de ce chemin, elle comptait bien lui mettre les dents de sa brûlante fourche sous le nez avant de lui demander "gentiment" ce qu'il était advenu de la musculeuse mercenaire.
Yggrisa n'avait plus une minute à perdre, car sa silhouette tendait déjà à rapetisser et sa figure de muse à récupérer les traits arrondis de la simple fermière.
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Mrs Claus
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Clownesse : "Hum ?"

Elle pencha la tête sur le côté. Comme si elle ne comprenait pas la réponse

La lumière s'éteignit d'un seul coup. Les ténèbres opaques envahirent à nouveau la fusion entre la paysanne idiote et l'esprit de la forêt.

Elle se ralluma. La clownesse en rose était toujours présente. Mais elle se retrouvait à nouveau à une vingtaine de mètres. Il n'y avait pas eu de bruits de pas. Elle ne présentait pas de signes d'efforts. Comment se deplaxait-elle ?
Et...pourquoi Yggrisa avait la désagréable impression que la clownesse n'avait pas bougé et que c'était elle qui s'était éloignée ?... Enfin, plutôt que le sol avait bougé. Avec elle dans le même temps.

Clownesse : "Et donc, tu es une nécromancienne ? Tu sais, c'est le genre de capacité que le Baron Kowai apprécie. Hum...mais tu ne serais pas la seule. Après, il y a tant de morts qu'il faut bien une grosse quantité de vivantes pour interagir avec eux."

La clownesse leva ensuite les yeux au ciel et se tapota les lèvres gercées comme si elle réfléchissait très sérieusement à la question au sujet de la nécromancie.

A nouveau, brutalement, brusquement, le cône de lumière mettant en valeur la clownesse disparut. Les ténèbres s’abattirent de nouveau comme si cette « couleur » avait un poids oppressant. Dès qu’il n’y eut plus de lumière, le bruit de la locomotive dans le lointain se fit de nouveau entendre. Le fonctionnement mécanique qui permettait d’imaginer les grandes roues et ses bras de fer accrochées. Le bruit de la fumée qui jaillissait d’un conduit obscur. Permettant d’imaginer une lourde cheminée expirant un air vicié. Ce n’était pas le monde d’Yggrisa, autrement elle aurait pu imaginer ces affreuses cheminées d’usines déversant leur poison dans le ciel des vivants.

Un nouveau bruit. Sur la droite d’Yggrisa. Un…loup ?
Et voilà qu’un autre hurlait à l’absence de Lune à l’opposé.
Et d’autres encore dans son dos.
Une meute ?

Des cônes de lumière apparurent en demi-cercles tout autour elle sauf devant elle. Devant… dans cette « idée » de lointain là-bas… là où se trouvait la locomotive à vapeur. Est-ce qu’on la forçait à prendre un chemin ? Tout cela était-il orchestré ?

En tournant la tête, elle ne vit rien dans les cônes de lumière. Ce qui était encore plus terrifiant. Car cette lumière annonçait quelque chose. Le prédisait. Faisait naître la notion de suspens et d’attente. Et… LA ! Une silhouette féminine et blanchâtre. Cette tête aux cheveux noirs qui entra la première dans la lumière, la tête baissée. Une jeune femme. Normale ? Non. Peut-être. Elle était habillée d’une seule robe fermée par une fermeture éclair sur le devant. Elle… tomba à genoux sur le sol noir ?! Ce corps et cette robe blanche. Etait-ce du sang ROUGE qui perlait de ses cheveux sombres ?! Et- ET !...
Le LOUP !
Il sortait de la fermeture éclair de la robe ? D’une éventration du corps de la jeune femme ?!

Ce phénomène, il se reproduisit dans chaque cône de lumière formant un demi-cercle. Cette meute était-elle dangereuse ? Ces animaux hybridés ? Etaient-ils des prédateurs ou des victimes ?...

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La physique de ce monde lui apparaissait abrutissante ! La lumière n'était là que pour mieux les duper, car à chaque fois qu'elle s'estompait les ténèbres complotaient en réagençant l'espace. Jamais Yggrisa ne s'était sentie aussi dépaysée ! La pyro-dryade percevait la peur de sa moitié la plus "humaine" (et faible) qui n'allait vraiment plus tarder à rejaillir à gros bouillons. L'esprit plus réfléchi d'Yggdrasia contrebalançait momentanément ce problématique processus psychique.

- Une nécromancienne ?

C'est ainsi que la considérait la clownesse. Des propos déstabilisants dans un environnement qui l'était tout autant.
Yggrisa n'eut pas le temps de lui expliquer qu'elle faisait fausse route. Le halo de lumière déclina encore. Le bruit d'une lointaine locomotive résonna de façon lugubre. Puis il y en eut un nouveau. D'un autre genre, oui. Plus bestial ! Comme le hurlement d'un loup. Ce son parut se multiplier - ou se déplacer ? - dans la direction opposée, puis ailleurs encore...

- Quel est le sens de tout ceci ?

Des cônes de lumière apparurent tout autour de la fusion déboussolée. Ils étaient vides, pour le moment, et laissaient une fenêtre de ténèbres ouverte juste en face d'elle.
S'agissait-il là d'une invitation ou d'un piège ?
Yggrisa l'ignorait. Et elle peinait à s'en faire une idée, ses pensées tendant à se scinder en deux opposés...
Le moment est... très mal choisi.
Reste que les yeux de la pyro-dryade s'accrochaient à ce qu'il se passait alentour. Elle assista donc à l'apparition de cette jeune femme blafarde. A sa chute dans la lumière ! A la vision de sa crinière rouge grasse de sang !! A ces coulures carmines qui barraient son regard vide !!! Et à... l'éclosion de ce loup qui semblait avoir été vomi par ses entrailles ??!!
Une scène macabre qui se reproduisit, invariablement, au sein de chacun de ces cercles lumineux !
Cette vision démultipliée acheva de désolidariser la fusion, la peur de la Fleur des Champs ébranlant sa structure entière. Le corps d'Yggrisa s'ouvrit au niveau de la colonne à la manière d'une noix. Recrachée par cette enveloppe tétanisée, Marisa, trempée de la tête aux pieds, bascula en arrière et s'effondra sur les fesses au beau milieu des loups.
Elle avait l'air terrorisée, ses lèvres tremblant sous le coup de l'émotion.

- Aaaah... Au... au secours ! AU SECOURS !!!

Elle l'était complètement. Mais ça ne l'empêcha pas de bondir sur ses pieds et de se mettre à cavaler dans les ténèbres, loin des canidés !
L'instinct de survie qui primait ? Oui ! Sauf que même si la peur décuplait sa vitesse, la pyrône n'allait pas pouvoir supporter ce rythme bien longtemps. Surtout pas aussitôt après avoir fusionné avec Yggdrasia - qui ne donnait plus signe de vie ?
Sa fuite aveugle n'était donc que temporaire, et sans doute qu'un seul obstacle allait suffire à l'interrompre... ou la faire empirer.
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Clownesse : « Oh ? Que c’est étrange. »

Dans un cône de lumière qui était apparu derrière…ce phénomène qui sembla singer celui de la naissance de la meute de loups. Dans un cône de lumière donc, était ré-apparue la clownesse. Les mains dans le dos. Le corps penché sur le côté. La fermière rousse ne l’avait même pas capté…

Clownesse : « Est-elle une nécromancienne ? Un remake d’une Vierge de Fer ? Ou peut-être…hmm… »

Elle se releva et posa son index sur ses lèvres. Ses yeux se levant vers les ténèbres du « plafond » pour réfléchir. Mais rien n’était vraiment intense dans son visage. Tout était comme surjoué. Car la clownesse n’avait d’envie pour rien. Il n’y avait qu’un pas pour la faire chuter dans une pulsion suicidaire finale…

Marisa sprintait à en perdre haleine !

Elle avait laissé derrière elle les cônes de lumière en cercle. Les loups hurlèrent. Mais ils ne la prirent pas en chasse. Toutefois, si elle y prêtait une oreille à peu près attentive, elle apprendrait que les loups s’étaient rassemblés. D’un pas sans hâte, ils marchaient dans son sillage…

Au-devant de Marisa ? De nouvelles sources lumineuses apparurent. Vacillantes. Tremblotantes. Si fragiles. Des femmes assises en tailleur, exhibant leurs dos. Plusieurs qui formaient une sorte de hait d’honneur. Un couloir gothique « forçant » la fermière inoculée par le poison de la peur dans ses veines, à toujours avancer. Toujours dans une direction imposée.

Ces femmes étaient blanches. Recouvertes de vagues et de coulures de cire blanche. Ces femmes étaient bien vivantes. Mais objectivités. Elles étaient les Candélabres de ce Cirque. Des meubles vivants et silencieux. Si Marisa chercha à en contourner une pour voir son visage ?... Une impossibilité. Au moment de se retrouver face au Candélabre, le visage était comme brouillé le premier instant. L’instant suivant, le Candélabre avait effectué une demie rotation instantanée…

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Et dans le lointain, toujours ce bruit mécanique de locomotive. La machine ralentissait… Même sa respiration à base de charbon devenait plus posée.

Le sol devenait plus spongieux. Une sensation de terre sous ses pieds nus. Une odeur de nature renfermée et vieille. Quelques troncs rabougris et noirs pouvaient se deviner ici et là via les lueurs claires des bougies coulant sur les Candélabres.

Et alors, soudainement ! Face à la fermière paniquée, une autre femme. Un corps d’une blancheur presque pure. Un corps nu. Si ce n’était cette majestueuse cape en plumes de corbeaux surmontée d’un demi crâne en terme de « casquette ». Il n’y avait que ses deux petits mamelons sombres dressés à hauteur des yeux de Marisa. Car la nouvelle femme était grande. Les yeux de Marisa se retrouvant à hauteur de ses seins. Et en lavant la tête, pantelante, elle plongerait dans deux abimes de sombreur… Deux points blancs se baissant vers elle. Deux « yeux » horrifiques. Deux yeux qui ne pouvaient appartenir qu’à une prédatrice au sang-froid. Le fait qu’elle parle et donne son titre ne fit que le confirmer :

« Je suis la Femelle Alpha. Es-tu une louve égarée ? Ou une proie à dévorer ? »

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Marisa Teritt
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Ce monde n'était pas le sien ! Il ne pouvait décemment pas l'être ! Il y faisait beaucoup trop noir, et les rares sources de lumière arboraient des formes vraiment perturbantes. Car outre les halos de lumière ayant précédé l'apparition des loups, il y avait également ces femmes assises en tailleur et recouvertes de cire qui avaient donné naissance à une interminable haie d'honneur à travers laquelle la fermière courait à en perdre haleine.
Par où s'enfuir ? Où donc se diriger ? Elle ne le savait pas.
Alors, en désespoir de cause, elle dévorait une distance incalculable...
Jusqu'à ce que sa course paniquée la jette face à une grande femme dénudée, coiffée d'une mâchoire supérieure de carnivore, avec pour seul vêtement un large manteau de plumes. Marisa dut lever les yeux de sa poitrine laiteuse pour espérer croiser son regard. Des yeux qui n'avaient rien d'humain. Des points blancs impossible à cerner, mais qui lui faisaient tout de même peur.

- Ah... ? Haaa... iiih ?

Son cerveau lui hurlait de s'enfuir mais son corps était comme engourdi. La rouquine trébucha en arrière, basculant sur les fesses. Elle fallit se mordre la langue.
La "géante" s'exprima alors d'une voix sans timbre. La Femme Alpha, s'était-elle présentée, avant de l'interroger, elle, la petite fermière, sur la place qu'elle occupait au cœur de ces ténèbres infinies.

- J-j-je... je suis...

C'était déjà trop pour elle. Sans l'appui d'Yggdrasia, devant ce qui se rapprochait trop fort de la maîtresse de cette meute de loups qui s'approchait au loin, la vessie de Marisa céda. Elle se fit dessus, sentant confusément son urine chaude couler le long de ses jambes, s'introduire dans ses bottes... se répandre, sous elle, à travers les ténèbres insolubles ?
La Fleur des Champs allait très probablement connaître une fin atroce en se faisant dévorer vivante lorsque sa main droite, soulevée par une force concentrée autour de son poignet, parut s'élever toute seule !

- ... ?!

Un long bâton lui poussa entre les doigts. Au bout de cette curiosité sylvestre, quatre épines parallèles percèrent le bois tendre, lui conférant la forme dentelée d'une fourche. Les crocs de cette "arme" illogique s'étaient arrêtés à un moins d'un cheveu du visage de la Femme Alpha.
Une voix familière résonna dans la tête de la fermière.
Ne te laisse pas intimider aussi facilement, bougre d'idiote !
Le visage de la rouquine laissait transparaître plus d'incrédulité que d'effroi.
Elle louchait sur son arme de fortune.

- Y...Ygg... drasia ?

De qui d'autre pourrait-il s'agir, benête ?
L'esprit de la sylve vivait encore à travers elle. Plus précisément par le biais de Nymyss, le bracelet de la Dryade.

- T-Tu es vivante !!

L'espoir redonnait un peu de couleur à son visage blême.
Ne te réjouis pas trop vite, imbécile ! Et surtout, garde notre adversaire dans ta ligne de mire.
Marisa hocha la tête et se redressa. Ses genoux trempés tremblaient encore un peu mais arrivaient tout de même à supporter son poids.
Oublie ta peur, Pyra. Elle est l'amie des ténèbres qui t'entourent ; elle leur donne de l'emprise sur toi. Cesse de penser et fie-toi à ma voix.
Désormais cramponnée à sa fourche, la fermière était bien décidée à lui obéir.
Ne te présente pas. Pose lui plutôt la question.
Devant l'immobilité prolongée de Marisa, Yggdrasia jugea bon d'ajouter :
Nous avons plongé dans cette faille obscure pour retrouver cette mercenaire que les satyres ont enlevée. Tu t'en souviens, j'espère ?
Raffermissant son regard azuré, la fermière hocha la tête. Elle déglutit aussi discrètement que possible avant de demander à la Femme Alpha :

- Qu'avez-vous fait de notre amie ?!

En pensée, Yggdrasia lui souffla de lui en dresser le portrait.

- La grande dame aux cheveux blancs, avec d'énormes muscles ! Dites-le moi tout de suite et je pro... promets de ne pas vous faire de m-mal !

En ces circonstances, il n'était pas facile pour elle d'être crédible.
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A partir du moment où la fermière s’urina dessus, la Femelle Alpha toisa encore de plus haut son interlocutrice. Ses narines rebiffèrent à l’odeur acide de la peur. A moins que ce n’était une manière de marquer son territoire. Une question qu’il fallait poser. Elle entendait la poser devant cette victime si faible. Cette poche à viande pour sa meute de loups qui se rapprochaient, prenant le même chemin que la fermière avait emprunté, à savoir au milieu des Candélabres qui brûlaient de leur vie même…

Mais la viande-parlante invoqua une arme. Rustre, certes. Mais au potentiel certain. La Femelle Alpha renifla encore une fois l’odeur entêtante collée aux cuisses de ce petit bout de femelle sous son menton levé. Etait-elle folle ? Elle se parlait à elle-même… Maladie ? Schizophrénie ? Ou la carcasse de viande au pelage roux abritait dans le vide des os de sa cage thoracique un autre être ? Un esprit très probablement pensa la Femelle Alpha alors qu’elle se faisait soudainement questionnée.

Elle ne répondit pas. Pas tout de suite.

Le silence couplé aux ténèbres était puissant. Quand il s’associait en trinité impie avec le temps, cela devenait impitoyable.

ImageFemelle Alpha : « Elle est la mère de l’essence de la magie de Noël. C’est une femme importante. Contrairement à ta petite personne. »

Ses yeux louchèrent une nouvelle fois sur la fourche invoquée.

ImageFemelle Alpha : « Je vais te donner une réponse. J’ai besoin que tu parles. Et ce sujet semble actionner ta langue. Un met de choix. »

Terrible supplice. Cette Femelle Alpha parlait avec une voix sourde. Un rythme sans pression aucune. Même les quatre pics proches de sa gorge semblaient aussi dangereux qu’un risible essaim de quatre mouches.

ImageFemelle Alpha : « Tu entends la locomotive ? Elle se trouve au-dedans. »

Les loups formèrent alors un mur vivant dans le dos de Marisa. Quelle terrible vision !... Si Yggdrasia en avait le pouvoir, elle devrait alors la conseiller de ne pas se retourner. De ne pas faire face à l’hideuse exhibition d’une bande de loups au fessier ensanglanté et surtout rattaché au corps humain qui leur avait donné naissance. Tel un bébé qui vient juste de naître et encore relié au cordon ombilical ensanglanté…

Cela avait suffi pour que la Femelle Alpha se retrouve à quatre pattes. Elle avait bougé si vite ! Le nez laiteux la renifla entre les cuisses.

ImageFemelle Alpha : « Tu as uriné de peur ? Tu as uriné pour marquer ton territoire ? Veux-tu disputer ma position d’Alpha dans la meute ? »

L’impression que les Candélabres « glitchèrent »… L’instant d’avant elle formait une haie « d’honneur ». L’instant suivant elle disparaissait et réapparaissaient ici et nulle part. L’instant d’après, elle formait un second mur derrière le premier fait des Loups Ombilicaux.

La Femelle Alpha était juste devant Marisa. Mais avec son grand manteau de plumes de corbeau, l’invisibilité l’avait saisi. Seul son crâne d’os donnait l’illusion de flotter. Et comment cette prédatrice pouvait mesurer dans les environs d’un mètre cinquante au garrot ?

Puis le bruit d’un liquide éjecté avec grande force. C’était de la terre gorgée d’humidité sous leurs pieds. L’odeur était forte. La matière collante aux bottes de la fermière. Mais l’odeur de la pisse de la Femelle Alpha était encore plus entêtante.
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