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Ranni [Valiobservée !]

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Ranni
Ranni
Messages : 13
Enregistré le : 04 mai 2025 12:02
Fiche
Demande de RP
Nom complet : Ranni, fille de Rennala et de Radagon
Surnoms :
• Reine de l’Étoile Noire
• L’Éclat Silencieux
• L’En-dehors
• L’Architecte des Voies Astrales

Âge apparent : Inconnu (figée dans une apparence jeune)
Âge réel : Plusieurs siècles (voire millénaires, le temps n’ayant plus d’emprise sur elle depuis sa séparation d’avec son corps mortel)

Origine : Royaume de Caria, Liurnia, Entre-Terre
Race : Semi-divine (fille d’un dieu et d’une reine sorcière)
Nature actuelle : Entité interstitielle (mi-physique, mi-cosmique)
Alignement : Libre (opposée à tout ordre divin imposé)
Orientation : Asexuée ou panromantique (attachement spirituel profond, au-delà du charnel)
Situation : Solitaire, mais unie à Therion et à quelques rares âmes de confiance

Statut :
• Ancienne souveraine de l’Entre-Terre
• Fondatrice du Sanctuaire des Mille Voies
• Voyageuse astrale
• Libératrice des mondes enchaînés


Compagnon fidèle : Therion, le Gardien Astral

Objectifs :
• Briser les chaînes des ordres divins ou systémiques
• Offrir aux êtres sensibles le libre arbitre
• Protéger les mondes menacés par des volontés supérieures oppressives
• Observer, influencer et parfois intervenir dans les destinées croisées des univers

Citation emblématique :

« Il n’est point de lumière plus pure que celle qui naît dans l’obscurité du refus. »




Description physique :

Ranni la Sorcière, Reine de l’Étoile Noire

Ranni est une silhouette irréelle, comme sculptée dans la lumière d’un astre mort. À première vue, elle semble humaine — grande, élancée, d’une grâce éthérée — mais plus on l’observe, plus son apparence défie les règles du monde matériel.

Sa peau est d’un bleu pâle, presque translucide, parcourue de fines veines argentées, comme si le vide cosmique coulait en elle. Son visage reste en partie dissimulé sous une large capuche et un chapeau de sorcière à bord tombant, dont l’ombre semble absorber la lumière. Pourtant, lorsque son regard se dévoile, ses yeux reflètent les étoiles elles-mêmes : vastes, insondables, d’un bleu profond mêlé de scintillements mouvants. On y lit à la fois une tristesse ancienne et une détermination inébranlable.

Sa chevelure est longue, fluide, bleuté et blanche par endroit comme la neige tombée sur une nuit sans lune. Elle flotte parfois autour d’elle comme si elle baignait perpétuellement dans une mer invisible. Autour de ses épaules, elle porte une cape de brumes nocturnes, constellée de fragments de comètes éteintes et d’éclats de cristaux lunaires, qui se déploie à sa volonté en ailes de poussière d’étoiles.

Son corps est parsemé de symboles gravés — des runes oubliées, des sceaux anciens — vestiges des pactes qu’elle a brisés, des ordres qu’elle a rejetés. Ses bras, eux, ne sont pas tous humains : deux d’entre eux, plus longs, aux doigts effilés et spectrales, flottent parfois dans son sillage, nimbés d’un éclat bleuté, comme des esprits liés à son essence.

Elle ne marche pas, elle glisse. Son pas ne laisse pas d’empreinte. Là où elle passe, les ombres se figent et le silence s’installe — non par peur, mais par révérence.

Ranni est belle, mais d’une beauté froide, indomptable. Elle n’appartient plus à un monde. Elle est l’interstice entre les mondes. Mais dans chaque monde qu’elle visite, elle se créer magiquement un corps physique, modifiable à volonté, qui la représente et lui permet, le moment venu, de mieux se présenter aux autres plutôt que de rester sous sa forme spectrale.
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Caractère, personnalité :

Ranni la Sorcière, l’Étoile Silencieuse

Ranni n’est pas guidée par la colère, ni par la vengeance. Elle est animée par quelque chose de plus profond : le refus absolu de toute chaîne, de tout destin imposé. Cette conviction l’a poussée à briser les lois, à trahir les volontés divines, et même à renoncer à son propre corps. Elle n’a jamais fui le pouvoir — elle a fui ce que les autres en faisaient.

D’un naturel calme et réservé, Ranni est une présence énigmatique. Elle ne parle que lorsqu’il le faut, et jamais à la légère. Chaque mot qu’elle prononce est pensé, pesé, chargé d’une sagesse ancienne et d’un sens du temps qui dépasse celui des mortels. Elle ne cherche pas à convaincre, encore moins à séduire. Elle observe, comprend, puis agit — et quand elle agit, c’est de façon décisive, tranchante, implacable.

Elle porte en elle une grande solitude, qu’elle ne dissimule pas. Cette solitude n’est pas un fardeau, mais une conséquence de sa quête : on ne défie les étoiles qu’en les quittant. Pourtant, derrière son masque d’impassibilité, il existe une tendresse discrète, une fidélité farouche envers ceux qui gagnent sa confiance. Ceux-là, elle les protège avec une ardeur silencieuse, presque maternelle — comme elle l’a fait avec Blaidd, Iji, ou maintenant Therion.

Ranni est profondément introspective. Elle passe de longs moments à méditer, à sonder les Voies Astrales, à écouter les murmures des mondes. Elle doute parfois. Non pas de ses buts, mais de sa place dans tout cela. Est-elle un guide, ou un spectre ? Une lumière, ou une absence de lumière ?

Elle ne cherche ni à régner, ni à être aimée. Elle veut seulement offrir ce que le monde lui a refusé : le choix.

Et dans le silence des cieux, elle veille.




Chapitre I : Le Silence de l’Étoile Reine

Le monde était tombé dans le silence.

Pas un silence de mort, ni de désolation — mais un silence ancien, profond, comme celui des étoiles mortes que l’on regarde sans comprendre qu’elles sont déjà éteintes depuis des millénaires.
C’était ce silence-là que Ranni avait convoqué en déchirant le ciel. Ce froid éternel que ses mains avaient fait tomber sur l’Entre-Terre, au terme d’une marche longue, cruelle, nécessaire.

L’Arbre-Monde brûlait encore dans certains rêves. Les flammes, nourries par la Grâce morte, dévoraient les souvenirs. Les plus anciens restaient figés dans l’idée qu’un trône devait être pris, qu’un ordre devait succéder à un autre. Mais Ranni, elle, n’avait rien conquis. Elle avait refusé le trône, refusé la couronne, refusé le monde tel qu’on l’avait toujours compris.

Elle n’avait pas tué pour gouverner.
Elle avait tué pour que plus personne ne gouverne.

Et puis, elle était partie.

Nul ne savait où. Les étoiles elles-mêmes semblaient ignorer sa trajectoire. Aucun pied n’avait foulé la cendre encore tiède de son départ. Seul le silence persistait, immense, comme une couverture jetée sur l’univers.



Elle ne vivait plus dans le monde.
Elle ne vivait plus dans le temps.

Depuis ce qu’on appelait déjà, dans certains murmures interdits, la Nuit de la Libération, Ranni s’était retirée là où le vide est plus ancien que la lumière. Là où les lois des mortels n’avaient jamais été écrites, et où les dieux n’étaient que des souvenirs flous d’une volonté éteinte.

Elle n’était plus chair.
Son corps spectral n’avait plus besoin de repos, ni de nourriture, ni de chaleur. Elle méditait au bord d’une faille astrale, suspendue entre deux courants cosmiques, immobile comme une pierre dans le vent. Son esprit, lui, errait encore.

Chaque cycle, elle ouvrait ses perceptions aux étoiles. Elle écoutait.
Le mouvement des constellations, les échos des mondes proches, les soupirs des sphères où la Grâce ne s’était jamais posée.

Elle n’était pas venue chercher des réponses.
Elle voulait seulement observer.

Voir si, une fois affranchis des chaînes divines, les peuples de l’Entre-Terre sauraient écrire leurs propres lignes, rêver leurs propres destins. Sans prophétie. Sans dogme. Sans Volonté Supérieure.

Mais ce qu’elle trouva… fut le vide.



Les premiers cycles, elle pensa qu’il s’agissait du calme. Celui qui précède la germination d’un nouveau monde. Le silence d’un enfant qui rêve avant de parler.

Mais plus le temps s’effilait, plus elle sentait autre chose. Un poids. Une stagnation. Le vide ne produisait rien. Les hommes libres restaient immobiles. Les âmes déliées n’osaient marcher.
Comme si, sans une divinité à haïr, ou un roi à vénérer, les peuples s’étaient arrêtés.

Avait-elle échoué ?

La pensée, d’abord fine comme un fil, devint plus pressante.
Elle ne la repoussa pas.



Ranni savait que la liberté ne se donne pas. Elle s’arrache.
Elle avait cru qu’en brisant les chaînes, le monde marcherait de lui-même.
Mais peut-être s’était-elle trompée. Peut-être que l’absence de dieux ne suffisait pas.

Peut-être que ce qui manquait… c’était l’élan.
Non une autorité. Mais une flamme.

Une direction.



Et puis, un soir — ou était-ce un siècle plus tard ? — quelque chose changea.

Alors qu’elle méditait dans la faille, les sens dilués dans le cosmos, elle perçut une vibration.
Loin. Très loin. Au-delà même du ciel étoilé qu’elle connaissait.
Ce n’était pas une étoile. Ni une parole.
C’était… une dissonance.

Un frisson dans le tissu même du réel.

Elle ouvrit lentement les yeux.
Ses pupilles éthérées scrutèrent l’infini.
Et là, dans le lointain, un point de lumière vacilla.

Mais ce n’était pas une étoile mourante. C’était une faille.
Un battement.
Un murmure venu d’un autre pan du cosmos.

Ranni se redressa dans les airs, ses mèches spectrales flottant doucement autour de son visage. Elle tendit l’esprit vers cette anomalie.
Et ce qu’elle perçut la glaça plus que le froid cosmique ne l’avait jamais fait.

Ce n’était pas un appel.
C’était… une mémoire.
Quelque chose de plus ancien que les étoiles.
Plus vieux que les dieux.
Quelque chose qui n’était pas censé exister encore.



Dans les jours qui suivirent — ou les millénaires, car le temps était désormais un concept lointain — Ranni revint régulièrement à ce point d’anomalie. Elle s’y attarda. Elle y médita.

Et elle comprit.

Il n’y avait pas un cosmos.
Mais une tapisserie infinie de mondes, de sphères, de réalités superposées.
Et certaines d’entre elles… criaient.
Des appels silencieux, étouffés par des ordres rigides, des empires éternels, des divinités-pièges.
Des mondes où la Grâce n’existait pas, mais où les chaînes étaient plus solides encore.

Des mondes où l’histoire se répétait sans fin.



Elle avait brisé les chaînes de l’Entre-Terre.
Mais ailleurs, d’autres continuaient de peser.

Alors Ranni fit ce qu’elle n’avait encore jamais osé.
Elle ouvrit un passage.

Elle n’avait pas l’intention d’intervenir. Pas encore.
Mais elle voulait voir.

Et peut-être, quelque part dans ces autres mondes, découvrirait-elle un peuple prêt.
Prêt à se libérer.
Prêt à écrire une histoire vraiment neuve.

Pas par rébellion.
Mais par volonté propre.



La Sorcière de l’Étoile s’avança vers l’inconnu.
Le silence se fendit.
Et l’Histoire recommença à respirer.




Chapitre II : La Blessure du Ciel

Le silence des étoiles n’était jamais complet.
Sous la couche de vide et de lumière froide, il y avait toujours un frémissement, un souffle ancien, trop faible pour troubler l’esprit mais trop constant pour disparaître. Ranni avait appris à l’écouter.

C’est ce frémissement qui la mena jusqu’aux ruines.

Elle erra d’abord longtemps à travers le courant astral, son corps spectral filant entre les marées de poussières cosmiques et les vents gravitationnels des morts-soleils. Là où les comètes errantes traçaient des arcs millénaires autour de mondes oubliés, elle sentit une attraction. Un tiraillement subtil de l’âme — comme si quelque chose l’appelait, non par les mots, mais par le souvenir.

Et au bout de ce chemin, perdu dans une région du vide où même les étoiles semblaient avoir reculé, elle vit une silhouette.

Une structure.
Un sanctuaire.

Il ne reposait sur aucun monde. Il flottait, suspendu dans l’absence, dressé entre les plans. Des piliers brisés s’élevaient en cercle, comme les vestiges d’un antique cercle runique, leurs pointes rongées par les âges. L’ensemble était bâti dans une pierre noire, veiné d’un matériau que même Ranni ne reconnut pas — pas du cristal, pas du métal, mais quelque chose entre les deux, comme une roche née de la pensée elle-même.

Au centre du sanctuaire, un large bassin circulaire s’ouvrait dans le sol. Pas un puits, non. Pas un gouffre.
Une blessure.

Le ciel au-dessus était fendu.



Ranni descendit lentement, se posant à peine. Ses pieds ne touchaient plus vraiment la matière depuis longtemps. Elle s’approcha du bord du bassin, et observa.

Ce n’était pas un miroir. Ni un portail.
C’était une déchirure. Un endroit où la toile même de la réalité avait été griffée, brutalement, par une force ou un être étranger à cet univers.

La faille n’avait pas de forme définie. Elle ne brillait pas. Elle ne hurlait pas.
Mais elle saignait… une sorte de lumière noire, pulsante, qui battait au rythme d’un cœur invisible.

Et au fond, elle vit quelque chose.

Pas un lieu, pas un monde clairement défini — mais une impression.
Un froid plus ancien que le sien.
Une cage plus vaste que celle qu’elle avait connue.

Une douleur.



Elle ne put s’empêcher de reculer.

Elle, qui avait traversé le néant, qui avait défié les dieux et incendié leur arbre sacré, se retrouva pétrifiée face à cette simple fracture dans le ciel.

Car ce qu’elle ressentait n’était pas étranger.
C’était familier.

Cette souffrance — celle d’être né dans un monde cadenassé par une volonté qu’on ne comprend pas, mais qu’on est forcé de servir — elle l’avait portée toute sa vie. Elle l’avait combattue, trahie, enterrée dans le sang et la glace.

Et pourtant, ici… elle la retrouvait.

Dans un autre monde.



Le sanctuaire autour d’elle était silencieux. Mais dans ce silence, elle perçut des résonances. Des échos. Des prières sans nom. Des murmures sans langue.

Elle posa la main sur un des piliers. Le matériau vibra sous ses doigts. Des runes apparurent — pas gravées, mais incrustées dans la structure même du sanctuaire, comme si la pierre rêvait encore. Les symboles changeaient constamment, comme vivants, comme s’ils tentaient de communiquer une vérité impossible à formuler.

Elle comprit alors que ce sanctuaire n’avait pas été bâti par les humains. Ni par les dieux de l’Entre-Terre.
C’était… une balise.

Une balise dressée par ceux qui, jadis, avaient tenté d’écouter les voix venues d’au-delà du firmament. Des précurseurs, peut-être. Ou des victimes d’un appel trop ancien pour être ignoré.
Ils avaient creusé dans le ciel, comme d’autres creusent dans la terre, et ils avaient trouvé cette faille.

Et la faille les avait détruits.



Ranni resta longtemps à observer.
Elle ne savait pas combien de cycles passèrent.
Le concept de temps lui échappait désormais. Mais elle sentit quelque chose grandir en elle.

Pas de la peur.
Pas de la curiosité.

Mais… une forme d’empathie cosmique.

Cette faille n’était pas un hasard. Elle était un témoin.
Elle n’existait pas pour appeler.
Elle saignait, et ce sang d’ombre touchait tous ceux qui l’approchaient.

Elle n’était pas une porte.
Elle était un cri.



Et Ranni, sans vraiment décider, se laissa descendre.

Pas dans la faille. Pas encore.
Mais dans l’esprit de celle-ci. Dans l’écho qu’elle portait.

Ses pensées glissèrent à travers la blessure comme un rêve entre deux sommeils.
Elle sentit des mondes entiers. Des civilisations coincées dans des cycles immuables. Des héros forcés de tuer pour exister. Des enfants marqués dès leur naissance par des pactes qu’ils ne comprenaient pas.

Elle vit des êtres regarder leur ciel en silence, implorant une délivrance. Non pas un dieu. Pas une Grâce.
Juste une brèche.

Quelque chose — ou quelqu’un — qui montrerait qu’il existe autre chose.

Une autre voie.



Lorsqu’elle revint à elle, Ranni flottait au-dessus du bassin noir.
Ses yeux brillaient de cette lumière bleue pâle qu’aucun soleil ne pouvait éteindre.
Et elle sut ce qu’elle devait faire.

Elle n’interviendrait pas brutalement.
Elle n’imposerait pas sa volonté, comme ceux qu’elle avait combattus.
Elle ne se poserait pas en messie.

Mais elle voyagerait.

Elle traverserait les sphères. Les blessures.
Elle écouterait.

Et quand elle reconnaîtrait cette souffrance — la même que la sienne — elle agirait.

Pas pour diriger.
Mais pour ouvrir la voie.



Ranni tendit la main vers la faille.
La lumière noire pulsa.
Et pour la première fois, elle sentit une réponse.

Faible.
Lointaine.

Mais réelle.

Quelque part, une chaîne venait de se fissurer.



Chapitre III : Les Voies Astrales

Ranni n’avait pas inventé les Voies Astrales.
Elle ne les avait ni nommées, ni dessinées, ni appelées.
Elle les avait révélées à elle-même, comme on découvre une porte ancienne sous les ronces d’un jardin oublié — une porte que l’on croyait mur, jusqu’au jour où la lumière filtre par les failles.

Elles avaient toujours été là.

Comme les racines invisibles de l’Arbre-Monde, plongeant dans des profondeurs où même les dieux n’osaient descendre. Comme les rivières souterraines de Nokron ou Ainsel, courant dans le secret et l’obscurité sous les terres sacrées.

Les Voies Astrales étaient des filaments de l’existence, tissés non dans l’espace, mais entre les mondes eux-mêmes.
Des chemins sans directions, sans bords, sans matière.

Et surtout : hors de portée des êtres liés à un seul monde.



Ranni, elle, n’était plus vraiment liée.

Elle avait brisé ses chaînes — non seulement celles de son destin, mais celles de sa nature.
Autrefois fille de Rennala, autrefois élève de la magie lunaire, autrefois conspiratrice contre l’Ordre Doré, elle s’était arrachée de son corps, avait pactisé avec Blaidd l’esprit-loup, rejeté la Volonté des Deux Doigts, et tendu sa main vers le vide cosmique.

Et ce vide lui avait répondu.

Il ne l’avait pas dévorée. Il l’avait changée.
Non en monstre, non en déesse, mais en passage.

Une entité interstitielle.
Une conscience capable de se tenir à la lisière.
Pas à l’intérieur d’un monde.
Pas à l’extérieur non plus.
Mais juste entre.



C’est en méditant au bord de la faille — là où la réalité elle-même semblait hésiter — qu’elle sentit les premiers mouvements.

Un vent sans air.
Une pression sans gravité.
Un courant de pensée, fluide comme une rivière, mais sans source ni embouchure.

Elle laissa son esprit s’y glisser.
D’abord avec prudence.
Puis avec abandon.

Elle ne vit rien. Il n’y avait rien à voir.
Mais elle perçut.

Des présences. Des trajectoires. Des possibles.
Comme si chaque pensée pouvait devenir un chemin, si elle était tenue avec assez de clarté.

Elle se vit à travers des milliers de reflets :
Ranni l’Étoile, Reine et guide.
Ranni l’Ombre, traîtresse et sauveuse.
Ranni l’oubliée, sans nom, perdue dans une boucle d’échecs et de fuites.

Chaque version vibrait, lointaine mais réelle.
Et entre ces versions… les Voies.



Ce n’étaient pas des couloirs.
Ni des portails.
Mais des interstices entre les formes du réel.

Elles s’ouvraient comme se fend la glace sous le pas d’un marcheur.
Elles s’écoulaient comme un rêve au bord de l’éveil.
Et surtout, elles n’obéissaient à aucune carte.

Les Voies Astrales ne menaient pas où l’on voulait.
Elles menaient là où l’on devait être.



Le corps de Ranni — si l’on pouvait encore appeler cela un corps — suivit peu à peu la mutation de son esprit.
Elle apprit à se décomposer, non en particules physiques, mais en concepts : souvenir, intention, fragment de volonté.

Elle devint flamme, puis brume, puis silence.
Et dans cet état d’entre-deux, elle sentit qu’elle pouvait plier.

Plier son être comme on plie une feuille de papier, pour rapprocher deux points d’une carte cosmique.
Elle n’avait pas besoin de distance.
Elle avait besoin de résonance.



Elle comprit alors pourquoi si peu de créatures avaient jamais foulé ces chemins.

Les Voies ne se révélaient qu’à ceux qui avaient été brisés.
Pas dans le corps.
Mais dans l’identité.

Ceux qui, comme elle, avaient refusé le rôle qu’on leur imposait.
Ceux qui avaient traversé la mort de leur nom pour en devenir un autre.
Ceux-là seuls pouvaient supporter la désintégration qu’exigeait la traversée des sphères.

Elle pensa à Blaidd, son compagnon maudit.
Lui aussi avait été façonné pour servir.
Et pourtant, il avait lutté.
Jusqu’à en perdre la raison.

Si seulement… il avait pu voir cela.
Voir que leur rébellion n’était pas un cri solitaire, mais un chant plus vaste.



Un jour — ou une éternité après — elle atteignit le cœur d’une Voie.

Ce n’était ni un lieu, ni un instant.
C’était… une harmonie.

Un point d’équilibre fragile, où toutes les versions d’elle-même semblaient se superposer un bref instant.
Elle s’y tenait comme au centre d’une roue infinie.

Et là, elle choisit.

Non pas une destination.
Mais une intention.

Un monde avait besoin d’elle.

Elle n’en connaissait pas encore le nom.
Mais elle sentait sa souffrance : des lois rigides. Une volonté imposée. Des chaînes que nul ne voyait, mais que tous ressentaient.

Alors, elle se laissa glisser.
Elle se plia, s’enroula sur elle-même, devint ombre, puis souvenir, puis trace dans une constellation oubliée.

Et elle passa.



Elle tomba à travers l’espace, à travers les lois, à travers les mémoires.
Non comme une comète.
Mais comme un murmure.

Un soupir dans la tempête.

Et lorsqu’elle ouvrit les yeux — s’ils pouvaient encore s’appeler ainsi — elle vit un ciel inconnu, une lune étrangère, et la lueur d’un monde qui l’attendait.

Pas comme une messie.

Mais comme une clé.



Chapitre IV : Le Sanctuaire des Mille Voies

Le vide n’avait ni bord, ni fond.

Suspendue au-dessus de la faille, Ranni flottait dans une posture de méditation, ses bras croisés, ses yeux clos. Ses pensées n’étaient plus arrimées à son corps spectral. Elle était étendue, dissoute, entre les étoiles mortes, entre les mondes qui se taisaient.

Et puis… quelque chose pulsa.

Une onde, lente et grave, comme le souffle ancien d’un être oublié. La faille résonna, et Ranni la ressentit dans ses quatre âmes — car elle n’avait plus qu’un seul corps, mais encore plusieurs parts d’elle-même, mêlées à l’infini.

Alors, le silence se fendit.

Autour d’elle, la matière se plia. Pas dans une explosion, ni dans un éclair — mais comme un rêve qui prend forme peu à peu au réveil. Des marches de pierre noire jaillirent du vide. Des piliers torsadés poussèrent vers le haut, et vers le bas, sans fin. Des arches translucides se tissèrent en cercles, puis en dômes, jusqu’à former une nef immense, suspendue dans l’éther.

Ranni ouvrit les yeux.

Et vit ce qu’elle n’avait pas prévu.

Une forteresse, ou peut-être un refuge, s’était matérialisé autour d’elle. Mais ce n’était pas une œuvre d’architecture. C’était une projection de sa volonté, un espace né de ses intentions enfouies : explorer, comprendre, libérer.

Elle descendit lentement les premières marches, son manteau astral traînant derrière elle, et les pierres réagirent à son passage, s’illuminant d’une pâle lueur bleue. Les murs vibraient doucement, comme si la forteresse respirait à son rythme.

Des couloirs s’étendaient dans toutes les directions. Des voûtes sans fin s’ouvraient sur l’éther. Partout, des racines de lumière coulaient à travers les parois — immenses, torsadées, vivantes. Elles pulsaient de sons inaudibles, porteurs de chuchotements lointains : des cris, des prières, des choix non accomplis.

Ranni s’arrêta devant la plus vaste salle.

Un cercle de pierre, ouvert sur le néant. Au centre, un puits d’énergie cosmique, et autour, des centaines de racines connectées à ce noyau. Elle comprit, en un éclair glacé, ce qu’elle venait de créer.

La Salle des Voies.

Un cœur battant pour écouter les mondes.

Elle posa la main sur l’une des racines. Une vision la traversa aussitôt : un monde écrasé par un soleil éternel, des hommes forcés de sourire, des enfants nés avec des chaînes aux poignets.
Elle retira sa main. Une larme, presque, vint poindre à l’ombre de son œil.

Ce lieu allait être sa tour de guet.
Sa maison.
Et sa blessure ouverte sur l’injustice des multivers.

Elle sourit faiblement, presque mélancolique.

« Ainsi soit-il… s’il faut encore marcher. »

Alors elle s’enfonça dans la Forteresse, prête à découvrir ce qu’elle avait appelé à elle — et ce que l’univers attendait d’elle.


Les Recoins de la Forteresse de l’Interstice

1. Le Jardin des Échos


C’est une vaste serre suspendue dans le vide, où ne poussent ni fleurs ni arbres connus. Les plantes y sont faites de lumière et d’ombres condensées, de souvenirs pétrifiés en forme de pétales. À chaque pas, les feuilles frémissent et rejouent des fragments d’histoires venues d’autres mondes : une rébellion tuée dans l’œuf, une prophétie refusée, un amour interdit par un dogme.

Ranni vient ici méditer. Les souvenirs ne lui appartiennent pas, mais ils la guident. C’est un espace de contemplation, presque funéraire.

Parfois, elle y entend une voix familière.
Blaidd qui rit. Iji qui forge. Seluvis qui ment.
Elle ne répond pas. Mais elle écoute.



2. La Crypte du Néant

Située sous la Salle des Voies, cette crypte est le seul lieu fermé de la forteresse. On n’y entre qu’avec la volonté de s’y confronter. Les murs sont faits d’un matériau noir et lisse comme du verre d’obsidienne, et le sol y reflète le ciel de tous les mondes où Ranni est passée.

Elle y conserve les artéfacts brisés : fragments d’Ordres abattus, anneaux brisés, masques de prêtres déchus, armes qui ne servent plus. Chaque objet est suspendu dans le vide, gardé en lévitation par une magie silencieuse. C’est un mausolée des chaînes défaites.



3. La Chambre Astrale

Il s’agit de sa chambre, mais pas dans le sens humain. C’est un espace de régénération spirituelle, où elle peut diviser sa conscience, explorer des bribes d’univers en rêve, ou même se projeter sous forme de “fantôme astral” dans un monde sans y entrer physiquement.

Au centre, un grand miroir d’eau noire. C’est à travers lui qu’elle entre en communion avec les Racines Astrales, qu’elle scrute les douleurs du multivers.
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Les Mystères du Lieu
• La Porte Sans Voie : une grande arche scellée au fond de la Forteresse, faite d’un matériau inconnu. Aucun canal n’y mène, aucune racine ne la touche. Ranni l’a découverte par hasard. Elle n’ose pas encore l’ouvrir. Parfois, elle entend des murmures derrière, trop lointains pour être humains.
• Les Cloches d’Éclipse : accrochées dans une tour penchée, six cloches flottantes qui ne sonnent qu’à l’aube d’un effondrement majeur dans un monde. Quand l’une d’elles vibre, Ranni sait qu’il est temps d’agir.
• Les Esprits Errants : parfois, des âmes venues d’autres mondes atteignent la Forteresse sans que Ranni ne les appelle. Des esprits non-guidés, fuyants, blessés. Elle leur donne refuge. Certains restent pour l’éternité. D’autres repartent, porteurs d’une graine de liberté.


Chapitre V : Le Silence de l’Ombre

Ranni était assise dans le Jardin des Échos.
Le vent, s’il existait vraiment ici, portait des senteurs inconnues, venues de mondes jamais visités. Les feuilles luminescentes frémissaient, rejouant par instants des souvenirs étrangers — une mère hurlant contre un décret divin, un enfant refusant d’accomplir une prophétie.

Mais ce soir-là, elle n’écoutait pas.

Ses mains fines caressaient la fourrure d’un immense loup noir, couché à ses pieds. Therion, l’ombre silencieuse née de sa mémoire, reposait la tête sur ses pattes massives, les yeux mi-clos. À travers son pelage constellé, on devinait les étoiles mortes de plusieurs univers. Il ne dormait jamais vraiment.

Il veillait. Toujours.

« Tu lui ressembles. »
Sa voix n’était qu’un murmure.
Therion leva les yeux vers elle, sans bouger. Il la comprenait elle. Ce qu’elle portait, ce qu’elle taisait.

« Pas seulement dans la forme, » dit-elle. « Mais dans la présence. Dans ce calme… qui ne cherche rien, mais qui reste. »

Elle passa la main entre les oreilles de l’esprit-loup, comme elle l’avait tant de fois fait avec Blaidd, dans une autre vie, un autre monde.

« Tu es né de moi… et pourtant, tu es plus que moi. »

Therion ne répondit pas.
Mais un frisson parcourut les Racines Astrales à cet instant précis. Un battement sourd. Un monde pleurait quelque part, mais pas assez fort pour être entendu.

« Tu ressens les douleurs comme moi, n’est-ce pas ? »
Le loup leva lentement la tête, et son regard se planta dans le sien — deux abysses bleus et noirs, faits pour survivre à la fin des mondes.

« Si un jour je doute… » dit-elle, en fermant les yeux, « promets-moi de me rappeler pourquoi je fais cela. »

Therion posa sa tête contre sa jambe, dans un geste d’une douceur presque humaine. Ce n’était pas un pacte. C’était une compréhension. Une promesse silencieuse entre deux êtres marqués par la perte, mais tournés vers le soulèvement.

L’Esprit Gardien : Therion, le Loup Silencieux
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Ranni n’est pas seule.

Au moment où la Forteresse s’est formée, une entité a émergé des ombres de son cœur — Therion, un esprit en forme de loup noir constellé d’étoiles. Immense, doté d’une sagesse antique. Il veille sur la forteresse comme Blaidd veillait sur elle autrefois.

Mais à la différence de Blaidd, Therion n’est pas lié par un serment. Il est né de la mémoire de Ranni, mais il est aussi un fragment de quelque chose d’autre… Peut-être un esprit ancien du vide, une conscience née de la Forteresse elle-même.

Therion peut voyager avec elle sous forme d’ombre astrale, ou garder le sanctuaire en son absence. Il ressent les perturbations dans les Racines Astrales et alerte Ranni lorsque des événements majeurs se produisent.

Parfois, elle le caresse sans mot dire, les yeux dans le vide. Elle ne l’appelle pas Blaidd. Elle ne le confond pas.
Mais elle se permet d’être faible, à ses côtés.


I. Capacités passives & sens mystiques

1. L’Instinct des Mondes

Therion perçoit les failles d’un monde. Il sent les distorsions dans le tissu de la réalité, les ordres imposés, les douleurs profondes. Il est souvent celui qui alerte Ranni qu’un monde appelle au secours, bien avant que la Racine Astrale n’envoie un écho.

Il hurle aux étoiles, et les mondes s’ouvrent.

2. Présence Totémique

Même à distance, sa simple essence peut repousser les créatures cosmiques faibles ou brisées. Il est un symbole, une balise d’équilibre, et un gardien de seuil que les entités malveillantes craignent.



II. Techniques de combat — Bestialité Astrale

3. Griffes du Vide Ancien

Ses attaques tranchent non seulement la chair mais aussi les enchantements, les serments et les pactes magiques. Une griffure de Therion peut « déchirer » les chaînes invisibles autour d’un être asservi.

Chaque coup gronde comme un rugissement oublié par les étoiles.

4. Hurlement de l’Éclipse

Un cri surnaturel qui brise les illusions, dévoile les vérités cachées et fige brièvement les ennemis dans la terreur cosmique. Ce hurlement peut même interrompre certains rituels ou invocations.

La peur d’un monde sans dieux. Le cri du loup qui n’a jamais appartenu à aucune meute.

5. Pattes de Brume

Therion peut se fondre dans l’ombre et la brume astrale, apparaissant à volonté à différents points du champ de bataille. Il combine vitesse et surprise pour déborder les ennemis et protéger ses alliés.

On entend ses pas… puis plus rien. Juste le souffle du néant.



III. Pouvoirs mystiques — Force lunaire canalisée

6. Morsure de Comète

Il bondit, entouré d’un halo stellaire, et s’écrase avec la force d’une comète astrale. Cette attaque est dévastatrice, mais il ne l’utilise qu’en dernier recours, car elle perturbe temporairement les flux du monde dans lequel il intervient.

Un impact. Puis le silence. Puis le cratère.

7. Linceul du Gardien

Therion peut étendre une aura protectrice autour de Ranni ou d’un allié. Cette zone déforme la réalité, ralentissant le temps, renforçant les enchantements, et bloquant toute forme d’intrusion mentale ou divine.

Sous ses ailes d’ombre, même les dieux se taisent.

8. Liens de l’Étoile Noire

En cas de besoin, il peut canaliser l’énergie de la Forteresse des Mille Voies pour enchaîner une entité divine ou cosmique, la clouant au sol via des chaînes de lumière noire. Ce pouvoir nécessite que Ranni ait ouvert un Canal Astral à proximité.

Une divinité rampante. Un loup immobile. Et les chaînes d’un ciel qui juge.



IV. Symbiose avec Ranni

9. Pacte de l’Épine Lunaire

Lorsque Ranni combat elle-même, Therion peut entrer dans un état fusionnel partiel avec elle : leurs auras se combinent, leurs voix résonnent à l’unisson, et leurs attaques se synchronisent. Dans ce mode, leurs ennemis voient double, entendent des échos dans leurs esprits, et sont progressivement désorientés.

Deux ombres. Deux présences. Une même volonté : briser les chaînes.



Autres facultés uniques :

Gardien du Sanctuaire

En l’absence de Ranni, il veille sur la Forteresse des Mille Voies. Il interagit avec les Racines Astrales, purifie les failles corrompues, et accueille les visiteurs perdus (ou les repousse s’ils sont hostiles). Il peut aussi refermer un canal si le monde de l’autre côté est trop instable ou dangereux.


Chapitre VI : Le Chant de la Racine

Le silence, dans la Forteresse des Voies, n’était jamais total.

Il vibrait, palpitait, bruissait comme les fonds marins du cosmos. Les murs d’obsidienne étoilée respiraient à un rythme ancien, et dans les couloirs où la lumière se pliait sous l’ombre, des échos s’enroulaient autour des pensées comme des lianes de brume.

Ranni, figée en méditation sur le promontoire central, sentait chaque pulsation de la Forteresse.
Elle y avait inscrit son essence. Son souffle. Ses douleurs. Ses aspirations.

Et ce jour-là, quelque chose changea.

Une note nouvelle s’éleva dans la symphonie des interstices.

Elle ne venait ni du vide, ni des souvenirs, ni des résonances passées.
Elle fendait le calme comme une épine sous la peau — une vibration aiguë, irrégulière, presque animale.
Une alerte.

Une urgence.



Therion fut le premier à l’entendre clairement.

L’esprit gardien, né d’étoiles mortes et de murmures oubliés, parcourait les galeries supérieures lorsqu’il s’arrêta net. Il inclina sa tête lupine, aux contours d’encre et de verre, et grogna bas.
Un grondement ancien, presque inquiet.

Il descendit lentement vers la salle de résonance où Ranni se trouvait, flottant dans un état semi-corporel, entre densité et abstraction. Le halo pâle de sa magie bleutée entourait son corps comme une chrysalide. Elle était plongée dans la contemplation des flux astraux — les filaments mouvants des possibilités, qui s’étendaient entre les mondes comme des veines sous une peau céleste.

Therion ne dit rien. Il n’en avait pas besoin.

Ranni ouvrit les yeux. Deux éclats de nuit pure.

— Tu l’as perçue toi aussi, murmura-t-elle.

Therion s’inclina lentement.

— Une Racine qui saigne, dit-il de sa voix profonde, faite de craquement d’arbres et de ruissellement stellaire. Et qui appelle.



Ils se dirigèrent ensemble vers la Clé Spirale, un mécanisme ancien que Ranni avait façonné à partir des fragments de son bâton et des circuits éteints de machines tombées de mondes oubliés. L’appareil n’était ni magique ni technologique, mais quelque chose entre les deux : un point de contact entre les réalités.

Ranni posa sa main sur la sphère centrale.
La Forteresse vibra.

Autour d’eux, des racines apparurent.
Pas physiques.
Des lignes de connexion, des courants d’intention et de destin, qui reliaient la Forteresse aux Voies Astrales.

L’une d’entre elles — épaisse, torturée, fendue de l’intérieur — palpitait comme une blessure mal refermée.
Elle diffusait un cri silencieux.

— Ce n’est pas une simple faille, murmura Ranni. C’est une main qui serre trop fort. Un monde où le destin n’est pas un courant, mais une cage.

Elle ferma les yeux.
Et vit.



Des images, floues, diffuses.
Un peuple aux regards éteints.
Un ciel cendré, où le temps semblait figé par décret.
Des chaînes invisibles liant chaque souffle, chaque choix.
Des voix étouffées avant d’être pensées.

Elle vit un enfant pleurer sans bruit.
Un vieillard oublier son propre nom parce qu’il ne lui avait jamais appartenu.
Elle vit un héros… marcher droit vers sa propre fin, sans rébellion, sans doute. Comme s’il n’avait jamais eu d’autre option.

Et elle sentit cette douleur.

La même que dans l’Entre-Terre.
La même que lorsqu’elle comprit que les dieux n’avaient jamais laissé la moindre place au libre arbitre.

— Ce monde est brisé, souffla-t-elle.

Therion, à ses côtés, émit un sifflement grave.

— Il est façonné pour plaire à ceux qui l’ont conçu. Pas à ceux qui y vivent.

Ranni recula d’un pas. Elle se tenait droite, ses quatre bras repliés dans un calme étrange, mais son regard tremblait d’une colère lente.
Pas une rage aveugle.
Une résolution.

— Ce n’est pas un appel au secours, dit-elle. C’est un appel à la rupture.



Ils restèrent silencieux un moment.

Dans ce calme tendu, la Forteresse paraissait elle-même suspendue dans l’attente.
Comme un vaisseau vivant qui sentait que l’instant était crucial.
Comme si les Voies Astrales retenaient leur souffle.

Therion tourna ses yeux vers elle.

— Tu vas y aller.

Ce n’était pas une question.
Mais elle répondit quand même.

— Oui.

— Et si ce monde te rejette ? S’il refuse la dissonance que tu représentes ?

Elle eut un sourire, sans joie.

— Alors je serai le grain de sable dans l’engrenage. Le murmure dans la marche forcée. L’éclat de lune dans un ciel cadenassé.

Elle se tourna vers la Racine blessée.
La pulsation s’intensifiait, comme un cœur prêt à exploser.

— Ce monde ne sait peut-être pas encore qu’il veut être libre. Mais il saura qu’il peut l’être.



Elle marcha vers le bord de la plateforme d’arrimage.

Les filaments de la Racine se tordirent vers elle comme des doigts suppliants.
La Forteresse ouvrit ses canaux de passage — les longs couloirs de néant cristallisé, où les lois de la réalité se pliaient sous la volonté pure.

Therion la suivit.

— Tu veux que je t’accompagne ?

Elle hésita.

— Pas encore. Ce monde doit d’abord me rencontrer seule. Il doit d’abord entendre le silence de l’Étoile Reine, avant d’écouter sa colère.

Therion inclina la tête, puis se fondit dans l’ombre.

Ranni ferma les yeux une dernière fois.
Elle pensa à Blaidd. À Seluvis. À Iji.
À tout ce qu’elle avait perdu.
Et à tout ce qu’elle avait désormais le pouvoir de libérer.

Elle s’élança.



La Racine s’ouvrit.

Un frisson parcourut la Forteresse.
Les étoiles semblèrent vaciller.

Et Ranni, Reine des Interstices, Sorcière sans monde, glissa dans la Voie.

Vers un monde inconnu.
Vers une douleur familière.
Vers une promesse de rébellion.




Pouvoirs et techniques :

I. Observation — L’Œil Silencieux

1. Perception Astrale

Ranni peut observer un monde sans y être présente physiquement. Elle se manifeste sous forme d’échos lunaires, de reflets dans l’eau, ou de présences dans les songes. Elle lit les intentions, les lignes de destin, les conflits latents.

Elle voit les chaînes invisibles qui lient les peuples, les mensonges inscrits dans les mythes, les vérités effacées des mémoires.

2. L’Esprit-Miroir

Elle peut se connecter à un individu en particulier — souvent un héros en devenir — pour lire son potentiel, ses failles, et ses doutes. Ce lien lui permet ensuite d’intervenir subtilement plus tard.

Une étoile qui veille, une voix dans les songes, un regard au bord d’un miroir brisé.



II. Influence — La Dissonance Lunaire

3. Sceau de Dissonance

Ranni insuffle une vérité alternative dans la trame d’un monde : une prophétie effacée, un souvenir ancien, un doute semé. Cela peut déstabiliser un ordre en place, réveiller un peuple, ou changer un choix crucial.

Elle murmure aux failles. Les lois tremblent. Les héros doutent. Et les tyrans sentent pour la première fois le froid du libre arbitre.

4. Larmes de Sélène

Par ce sort, elle insuffle des visions à ceux qu’elle choisit. Ces visions peuvent être porteuses d’espoir, de révolte, ou de mémoire oubliée. Elles déverrouillent le potentiel d’un être.

Une larme bleue tombée dans un rêve… et l’esprit s’ouvre à l’inimaginable.



III. Intervention — L’Éclipse de la Sorcière

Quand elle intervient physiquement, Ranni devient l’arme d’un monde en mutation. Son style de combat est à la fois élégant, impitoyable, et spectral — comme une pluie d’étoiles vengeresses.

5. Comète de l’Infini

Une version cosmique de son ancien sort de sorcellerie. Elle invoque une comète faite d’étoiles mortes et de souvenirs brisés, qui s’écrase en silence, laissant un cratère figé hors du temps.

Le ciel se courbe. Le destin dévie.

6. Bras de la Lune Noire

Ses bras surnuméraires — vestiges de son ancienne forme — peuvent se détacher en brumes astrales et frapper à distance. Ils s’enroulent, saisissent, tranchent, mais peuvent aussi sceller ou libérer des esprits.

Des chaînes inversées. Liant les geôliers, libérant les captifs.

7. Anneau de la Rupture

Son sort ultime. Ranni se fond dans l’ombre et surgit dans un anneau de lumière inversée, brisant toute structure cosmique autour d’elle : magie, serments, bénédictions. Le monde tremble comme au bord de l’effondrement.

Une anti-divinité. Une révolution faite chair.



Techniques de soutien / d’altération

8. Marche des Interstices

Elle se déplace à travers les failles comme une ombre. En combat, cela la rend presque impossible à saisir : elle apparaît, frappe, puis glisse hors du réel.

9. Crypte d’Étoile

Une barrière défensive d’éclats stellaires figés dans le néant. Utilisée pour protéger un allié ou sceller un lieu. Certains l’ont vue arrêter le temps autour d’un village entier.

10. Pacte du Saphir Céleste

Dans de rares cas, elle peut lier temporairement son essence à celle d’un autre être (comme elle l’a fait avec Blaidd jadis), lui offrant un fragment de sa magie céleste. Mais ce pacte est dangereux : il lie les deux esprits même au-delà de la mort.

Re: Ranni

Message par Leon Redgrave »

Leon Redgrave
Leon Redgrave
Démons
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Enregistré le : 14 août 2024 13:28
Un personnage de mon jeu préféré, on peut que souhaiter la bienvenue à Ranni !

Petit cadeau de bienvenue :
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Re: Ranni

Message par Observateur »

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Observateur
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Demande de RP
Bienvenue sur le forum !

Voilà une fiche très sympathique à lire ^^ Heureusement que Ranni a quatre bras, elle va avoir beaucoup à faire pour restaurer les dimensions brisées du Multivers !

Tu es VALIDÉE :D

N'hésite pas à aller poster ta demande de RP dans la section "Hall des Rencontres" :jvcpouce: !

Au plaisir de te revoir sous peu :mrgreen:
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Re: Ranni [Valiobservée !]

Message par Ranni »

Ranni
Ranni
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Enregistré le : 04 mai 2025 12:02
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Demande de RP
Un grand merci à vous deux, très content que cette version de Ranni vous plaise et merci pour le cadeau qui fait très plaisir :)
Merci pour la validation et à très vite en jeu.

Re: Ranni [Valiobservée !]

Message par Merveil »

Merveil
Merveil
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Enregistré le : 14 août 2024 23:06
Fiche
On dirait la Schtroumpfette mais avec quatre bras :jvclol:

Bienvenue en tout cas.
Merveil utilise, de temps en temps, la police Aphrodite et parle en rose vif


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Re: Ranni [Valiobservée !]

Message par Cyra Veluria Tertia »

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Cyra Veluria Tertia
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Enregistré le : 02 mai 2025 22:52
Bienvenu ici Ranni !

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Re: Ranni [Valiobservée !]

Message par Ranni »

Ranni
Ranni
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Demande de RP
Merci à vous deux :)

Re: Ranni [Valiobservée !]

Message par Observateur »

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Observateur
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Enregistré le : 13 août 2024 23:36
Demande de RP
Par contre, pense à préciser que l'image de la signature est "nsfw" :jvcdiable:
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Re: Ranni [Valiobservée !]

Message par Ranni »

Ranni
Ranni
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Mes excuses, je faisais des tests mais j’aime pas le rendu finalement. C’est retiré.

Re: Ranni [Valiobservée !]

Message par Observateur »

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Observateur
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Enregistré le : 13 août 2024 23:36
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Pas de soucis, Ranni offre beaucoup de possibilités :P
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Re: Ranni [Valiobservée !]

Message par Ranni »

Ranni
Ranni
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Effectivement :p
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