And I want it painted black
No colors anymore
I want them to turn black
I see the girls walk by
Dressed in their summer clothes
I have to turn my head
Until my darkness goes" ......
Les enceintes toutes neuves diffusent un antique rock des Rolling Stones au Yellow Flag Bar de Bao. Le tenancier du troquet le plus prisé par les gangsters locaux de Roanapur vient à peine d'être livré après un mois de travaux. Les assurances avaient prévenu. Encore un incident comme le précédent et la compagnie cassait le contrat qui la liait au patron du club. Des rénovations ou reconstructions toujours plus chères et trop fréquentes. Bah ... c'est vrai que cette année, il y avait eu cinq fusillades au Yellow Flag, ayant chacune entrainées des dégâts considérables.
"Il est beau ton nouveau bar, Bao! T'as mis les moyens."
Revy se tenait assise sur un tabouret haut, adossée au bar, les coudes sur le comptoir. Elle en était à sa troisième chope et attendait les autres membres de la compagnie. Dutch et Benny avaient appelé, ils seraient à la bourre, la grosse Chevrolet du hacker ne démarrait pas. Et Rock était parti régler un truc avec Chang en Chine. Il serait absent un moment.
"Ouais vraiment beau! Tu les as arnaqué comment les assurances?"
Revy n'avait été en rien responsable de la dernière fusillade, contrairement aux deux premières. Les deux suivantes, elle avait seulement "participé" pour "se défendre".
Bao remplissait des pintes à la tireuse. Il était cool Bao, elle l'aimait bien quand même.
"Moi je suis un honnête citoyen Revy, je trime dur et j'apporte du bonheur à mes clients."
"Mouais ... si tu l'dis ..."
Elle s'alluma une clope qu'elle se vissa au coin des lèvres et observa les clients en question. Pas mal de dockers, tout autant de putes, quelques paumés, des junkies assoiffés et surtout, les mafias. Regroupées autour de leur table par obédiences et nationalités, des types patibulaires venus du monde entier s'entretenaient sur leurs affaires en cours. Une tablée par mafia. Ce soir il y avait les ritals de Cosa Nostra, les bouffeurs de nouilles des triades, les nez poudrés de colombiens et les ... un truc d'Europe, Revy ne savait pas trop. il parait qu'ils vendaient des gosses dans leur pays. Bande de bâtards!
Le Yellow Flag Bar était un terrain neutre par convention. On n'y réglait pas les problèmes du business. Il parait que les boss des mafias avaient signé un texte stipulant ce bar comme zone franche. Les soirées y commençaient tranquilles mais l'alcool coulant à flots et les testostérones s'éveillant, à minuit, Bao armait le fusil à pompe qu'il gardait sous le comptoir.
Les colombiens étaient bruyants ce soir. Des bouteilles de whisky étaient déjà couchées sur la grande table qu'ils occupaient. Les "Camellos" accueillaient un contingent tout neuf de guignols tout juste arrivés du pays. Ils avaient subis de grosses pertes lors de leur dernier gros conflit e devaient renouveler le cheptel. Les nouveaux se la pétaient. Cheveux gominés, grosses montres, chemises ouvertes sur des poitrails velus. Ils braillaient comme des "puercos".
Revy leva les yeux au plafond. Quelle bande de branques. Au bar ils s'affichaient mais dehors ils se chiaient dessus. Ils n'étaient pas les maitres ici. L'un d'eux, plus con que les autres faisaient chier les filles de Bao, les prostituées. Un des clients s'interposa connement et le débile lui brisa le nez d'un coup de crosse. Flingue en main, il menaçait maintenant le docker ensanglanté.
"Hey connard!!" tança Bao "Va t'asseoir et calme toi!"
Le golio se figea et après une courte hésitation, fonça vers le bar. Revy était là, juste là, et ne demandait rien à personne. Ce bordel ne l'intéressait pas. Le crétin l'apostropha en arrivant tout près.
"Vete Puta! Dégage Putain!"
Un silence de mort plane aussitôt sur l'assemblée. Les connaisseurs se tirent sans demander leur reste. Bao verdit subitement.
"Euh ... Revy ... s'il te plait ... pas ici"
Trop tard, la soirée vient de virer au drame. Fini le moment sympa, la mort débarque au Yellow Flag.
"T'as . Dis . Quoi.?"
Le ton est glacial, le visage de la jeune femme affiche toute la fureur qui boue en elle. Seule une lueur de folie brille dans ses yeux. Le volcan va entrer en éruption.
Le débile la dévisage interloqué. Derrière lui, les colombiens sont tous debout. Un des anciens, présent à Roanapur depuis longtemps sait déjà ce qui va arriver. Il s'essaie quand même une ultime tentative de préserver l'intégrité physique de tous ici. Il tire le jeune idiot en arrière.
"Revy ... il te connait pas. Excuse le ..." Des gouttes de sueur perlent de son front.
"T'as . Dis .... QUOI. ?????????????"
«BLAM»
La tête du sud américain éclate sous l'impact de la balle de 9mm, couvrant l'ancien de jus de cervelle. Le séjour du débile aura été court.
La seconde d'après, tous les clients restants au Yellow FLag ont un flingue à la main, Revy incluse, brandissant face aux latinos ses deux Beretta chromés.
"EST-CE QU'Y A ENCORE UN BÂTARD QU'A ENVIE DE M'DIRE UN PUTAIN D'TRUC?"
Elle a le visage déformé par la haine. Elle peut vraiment pas les blairer.
Deux secondes de plus et c'est un carnage. L'espace est saturé de plomb. Les détonations claquent sans discontinuer. Certains en profitent pour régler leurs comptes, d'autres s'éclatent, et les colombiens s'acharnent sur le bar derrière lequel Revy a bondi. Bao gueule.
"TU FAIS CHIER REVY !!!! C'est toi qui va payer!!!!"
Elle s'en branle, se redresse, vide ses chargeurs avec une précision mortelle, fauchant les rangs du cartel. Elle se planque à nouveau derrière le bar tandis qu'autour d'elle, le mobilier se fait pulvériser par les rafales des connards. Elle recharge et adresse à Bao un sourire de requin.
"J'ai pas commencé."
Elle pivote et s'apprête à se relever quand un poids lourd lui tombe dessus, l'écrasant au sol. Elle se cogne la tempe contre une arête du bar. Elle se dépêtre avec le gus qui tente lui aussi de se relever.
"T'ES QUI TOI PUTAIN??? TU SORS D’OÙ?"
Elle ne l'a pas vu venir, il a dû sauter derrière le comptoir pour se protéger lu aussi. Un touriste? Un client? Pas un type d'un gang en tout cas.
Elle colle le canon d'un de ses flingues sur le front du mec.
"Tu bouges ton cul maintenant!"
Elle est dos à terre et il est assis sur son ventre ...