La bataille de Gavony commença donc. Cirillia sentait en elle d’incroyables capacités. Elle n’eut pas d’ailes poussant dans son dos, mais constata vite que le don de Bellone amplifiait ses propres performances, tant physiques que magiques. Elle maîtrisait les Signes magiques des sorceleurs, ainsi que le Thu’um, et, face à des hoplites dans une rue, utilisa l’un des plus célèbres Cris du Thu’um : le puissant Fus’Ro’Dah. Le Cri déclencha dans la rue une véritable onde de choc, qui repoussa les hoplites sur plusieurs mètres. Impressionnée, Cirillia s’arrêta alors, contemplant ses propres mains, et serra ses poings, sentant la magie affluer en elle, ainsi qu’une puissance terrible, grisante, presque jouissive.
Du côté des Mijakiens, la présence de Bellone les motivait, et on pouvait les entendre hurler rageusement. Les Mijakiens étaient terribles au combat, car ils avaient souvent des gènes d’humains et de démons, le mélange des deux formant un cocktail explosif. La bataille fit rage, et, très rapidement, les Mijakiens attaquèrent dans tous les sens la place forte centrale. Les Olympiens se regroupèrent en masse, et la bataille fit rage. Cirillia les rejoignit également, et affronta plusieurs hoplites, dansant sur place, tranchant et fauchant. Un Minotaure la chargea en hurlant, et elle courut vers lui, le voyant presque venir comme au ralenti, tandis que l’adrénaline battait furieusement dans ses veines. Elle bondit alors par-dessus le Minotaure, posa sa main sur sa tête pour se maintenir, et atterrit derrière lui, son épée restée plantée dans son dos. Sa lame s’illumina alors, une lame enchantée qui provoqua une violente explosion autour d’elle, faisant imploser le dos du Minotaure. Un trou béant en ornait le milieu, et la carcasse du monstre s’effondra sur le sol. Face à plusieurs hoplites qui en profitèrent pour tenter de l’attaquer, Cirillia déploya avec ses doigts le Signe d’Ignii, un signe de feu qui les fit flamber comme des torches.
« C’est incroyable… »
Avec une hardiesse renouvelée, les Mijakiens se battaient comme des diables. Un cyclope arriva alors, fauchant plusieurs soldats avec sa lourde masse, avant que des traits magiques ne le frappent au ventre. Et, au milieu de de chaos, Bellone se déchaînait. La Déesse préférait le combat physique à la magie, et s’avérait particulièrement efficace. Cirillia se retrouva avec elle, et, à plusieurs reprises, elles se battirent dos-à-dos. Le don de Bellone remuait dans les veines de Cirillia. Elle se reçut à un moment un coup de lance dans le dos, mais, alors que ce coup l’aurait amené à terre, sa peau se mit à cicatriser rapidement.
« Tenez bon ! Repoussez ces salopards !
- Il en dégueule de partout !
- POUR L’EMPIRE !! »
C’était une bataille rangée dans une place assez grande pour contenir des centaines de personnes. Cirillia vit des cavaliers mijakiens jaillir de temps en temps, perçant dans les lignes ennemies. Les hoplites se multipliaient, et elle se retrouva à combattre un archer, déviant les flèches avec son épée. Le pouvoir de Bellone agissait encore en elle, à tel point qu’elle arrivait à anticiper les tirs ennemis. Bien sûr, elle n’était pas invincible, et elle recevait régulièrement des coups. C’était une longue bataille, qui consistait aussi à prendre une auberge transformée en petit fortin.
Faute de prendre l’auberge, celle-ci fut progressivement détruite sous des pluies de flèches enflammées. Plus le combat se prolongeait, et plus il ressemblait à une sorte de tableau infernal, avec des rivières de sang, du feu partout… Les maisons alentours brûlaient, les cadavres s’empilaient sur le sol. Cirillia ne ressentait aucune fatigue, comme si le sang des ennemis éclatant sur son corps la revigorait. Et, à chaque fois que les Mijakiens commençaient à faiblir, la Déesse Bellone répandait sa magie, les revigorant. Le pied de Cirillia heurta un plastron, repoussant un hoplite, et elle para une lame dans son dos, puis poussa en avant. Un cyclope lui fit ensuite face, et elle esquiva sa masse en sautant entre ses pieds, glissant sur des flaques de sang. Elle se retourna ensuite, et grimpa sur le cyclope, pour planter son épée dans son œil unique. Le sang et le pus jaillirent de l’œil unique pour l’éclabousser encore.
Cirillia bondit de la carcasse du cyclope, tandis que la bataille se poursuivait.
Au bout de plusieurs heures, la situation se stabilisa enfin quand le dernier Olympien tomba, touché par une flèche. Il y avait de nombreux corps, et Cirillia sentit l’adrénaline la quitter. Elle tomba à genoux, épuisée, tandis que les hurlements de victoire des Mijakiens résonnèrent. La capitale était meurtrie, assiégée, sanguinolente, mais elle avait tenu bon. Bellone indiqua alors qu’elle était prête pour partir à la capitale, ce qui fit s’esclaffer Strandoff.
« Vous êtes bien une Déesse de la Guerre, Bellone ! Nous avons perdu beaucoup d’hommes, mais nous sommes sur Terra. Il faut surveiller les lieux, préparer des charniers pour les corps… La pourriture attire les morts. Et, même si je comprends votre entrain à aller vers la capitale, que je partage, il faut sécuriser la région. Il va falloir que nous fassions un inventaire des troupes disponibles, afin que je vois lesquelles affecter immédiatement à la capitale impériale. Mais, pour l’heure, il va falloir surtout que nos soldats se reposent ! »
Cirillia était également méconnaissable, recouverte de sang. Difficile de dire jusqu’à quel point il s’agissait du sien, ou de celui des ennemis. Elle se rapprocha de Bellone.
« Ce que vous m’avez donné est… Absolument incroyable, Déesse Bellone. Ce qui m’étonne, en revanche, c’est que Moros ne se soit pas manifesté. Nous venons de massacrer l’essentiel de ses troupes, pourtant. J’ignore ce qu’il prépare… »
Cirillia se sentait… Étrangement revigorée. Diable, avec cette confiance en elle, elle était même prête à défier Moros en personne !