« Ne me faillis pas, Laïla. Bien que tu sois la plus à même de résoudre cette crise, je n'hésiterai pas à en confier la gestion à un autre de mes enfants si tu ne t'en montres pas à la hauteur. »
Des mots durs mais vrais. Laïla les encaisse sans broncher, la tête baissée et le genou à terre. Ses iris de sang ne roulent vers le haut qu'une fois l'entrevenue terminée, alors que la Reine quitte son imposant trône, ne laissant derrière elle que le serpentement de sa longue cape et le regard moqueur d'Yzélie. Celle-ci, s'adressant à son aînée sans lui témoigner le moindre respect, lui adresse ses habituelles provocations.
« Je trouve que tu n'as pas assez remué la queue devant Mère. Tu veux que je te montre comment faire ? »
Laïla se redresse aussitôt, furibonde, et s'apprête à décrocher une dague de son flanc, sans doute dans l'espoir de la lancer sur l'ahurie. Cette dernière ne daigne pas se mouiller davantage et sautille en dehors de la salle du trône en ricanant. La cheffe des armées soupire et prend sur elle, comme à son habitude, en rappelant que si cette mission lui a été confiée, c'est parce que la Reine lui fait pleinement confiance. Alors elle s'éclipse, réajustant d'abord son uniforme, et part mandater quelques bûcherons afin qu'ils déforestent une parcelle du Palais Royal en prévision d'un atterrissage. Les travailleurs sous la tutelle de Valyn ne semblent pas comprendre où la Générale veut en venir mais s'exécutent, exaltés par la simple idée de travailler sur des terres aussi sacrées. En parallèle, un messager a été envoyé à Sylvandell afin de convenir d'une date pour l'entrevue. Enfin, Laïla délégua la plupart de ses fonctions à Damon pendant quelques jours, le temps de négocier avec les différentes guildes de Dremora pour convenir des montants acceptables.
Le jour venu, Laïla se tient prête à accueillir une égale de sa Mère, au moins sur la forme, dans on plus bel uniforme. Noir comme le charbon, aux gants et bottes du cuir le plus cher de la Cité, à l'imposante cape en plumes de charognard sombre et dont la chaîne en argent, refermée autour des clavicules de Laïla, marque une rupture nette avec tout ce noir. Elle porte fièrement ses médailles au buste, des rubans décorés de métaux précieux dont la valeur n'est diminuée que par la malheureuse cachette qu'ils offrent à la généreuse poitrine de la décorée. Autour d'elles se dressent deux rangées de soldats dremoriens, lances décoratives entre les mains, qui encerclent la nouvelle piste d'atterrisage. Malgré leur droiture apparente, certains se sont inquiétés, la veille, de la venue d'un dragon en ces lieux. Ils n'en ont jamais vu. Laïla, quoique tout aussi curieuse, a su garder ses remarques pour elle, mais aurait certainement apprécié de batailler avec une telle créature. Les civils, eux, n'ont eu droit qu'à une notice préventive les invitant à ne pas paniquer à la vue d'une bête titanesque, que tout va se dérouler dans le cadre d'une visite diplomatique. Ils n'ont pourtant pas pu s'empêcher, pour certains, de rentrer chez eux ou de pousser des cris d'étonnement à la vue du dragon. Les soldats, eux, ont fait en sorte de garder leur sang froid même si quelques-uns ont plié sous les bourrasques provoquées par les battements d'ailes du puissant. Laïla, toujours aussi droite, a tâché de l'accueillir en gardant la face malgré son embrasement – une guerre avec Sylvandell serait aussi effrayante qu'excitante, a-t-elle pensé sur l'instant, en contemplant le dragon.
Une fois la bête plus calme, la Générale claque des talons pour sommer ses hommes de reprendre une posture correcte, ce qu'ils font dans la seconde par crainte des fameux sermons de Laïla. Elle s'approche ensuite de l'invitée et de son colossal destrier, passant sur le flanc de ce dernier non pas sans l'admirer une fois de plus, s'arrête, pivote sur ses talons et place une main sur son ventre avant de s'incliner respectueusement, toutefois sans faire preuve d'autant de soumission qu'avec Mère.
« Bienvenue à Dremora, Majesté, adresse-t-elle à la Korvander avant de se redresser et tendre ses deux bras vers l'avant, comme pour accueillir l'hypothétique chute de la maîtresse des dragons. La brume et le froid n'ont pas dû faciliter le voyage en nos terres, permettez-moi de vous offrir la chaleur d'un accueil à la Tsarran en guise de réparation. »
Incrédules, les soldats semblent se demander s'il s'agit d'une invitation osée ou d'un trait d'humour noble qui leur échappait. Ils n'en disent toutefois mot et se tournent aussitôt vers la droite avant d'entamer une marche cadencée en direction de la résidence Tsarran.
Des mots durs mais vrais. Laïla les encaisse sans broncher, la tête baissée et le genou à terre. Ses iris de sang ne roulent vers le haut qu'une fois l'entrevenue terminée, alors que la Reine quitte son imposant trône, ne laissant derrière elle que le serpentement de sa longue cape et le regard moqueur d'Yzélie. Celle-ci, s'adressant à son aînée sans lui témoigner le moindre respect, lui adresse ses habituelles provocations.
« Je trouve que tu n'as pas assez remué la queue devant Mère. Tu veux que je te montre comment faire ? »
Laïla se redresse aussitôt, furibonde, et s'apprête à décrocher une dague de son flanc, sans doute dans l'espoir de la lancer sur l'ahurie. Cette dernière ne daigne pas se mouiller davantage et sautille en dehors de la salle du trône en ricanant. La cheffe des armées soupire et prend sur elle, comme à son habitude, en rappelant que si cette mission lui a été confiée, c'est parce que la Reine lui fait pleinement confiance. Alors elle s'éclipse, réajustant d'abord son uniforme, et part mandater quelques bûcherons afin qu'ils déforestent une parcelle du Palais Royal en prévision d'un atterrissage. Les travailleurs sous la tutelle de Valyn ne semblent pas comprendre où la Générale veut en venir mais s'exécutent, exaltés par la simple idée de travailler sur des terres aussi sacrées. En parallèle, un messager a été envoyé à Sylvandell afin de convenir d'une date pour l'entrevue. Enfin, Laïla délégua la plupart de ses fonctions à Damon pendant quelques jours, le temps de négocier avec les différentes guildes de Dremora pour convenir des montants acceptables.
Le jour venu, Laïla se tient prête à accueillir une égale de sa Mère, au moins sur la forme, dans on plus bel uniforme. Noir comme le charbon, aux gants et bottes du cuir le plus cher de la Cité, à l'imposante cape en plumes de charognard sombre et dont la chaîne en argent, refermée autour des clavicules de Laïla, marque une rupture nette avec tout ce noir. Elle porte fièrement ses médailles au buste, des rubans décorés de métaux précieux dont la valeur n'est diminuée que par la malheureuse cachette qu'ils offrent à la généreuse poitrine de la décorée. Autour d'elles se dressent deux rangées de soldats dremoriens, lances décoratives entre les mains, qui encerclent la nouvelle piste d'atterrisage. Malgré leur droiture apparente, certains se sont inquiétés, la veille, de la venue d'un dragon en ces lieux. Ils n'en ont jamais vu. Laïla, quoique tout aussi curieuse, a su garder ses remarques pour elle, mais aurait certainement apprécié de batailler avec une telle créature. Les civils, eux, n'ont eu droit qu'à une notice préventive les invitant à ne pas paniquer à la vue d'une bête titanesque, que tout va se dérouler dans le cadre d'une visite diplomatique. Ils n'ont pourtant pas pu s'empêcher, pour certains, de rentrer chez eux ou de pousser des cris d'étonnement à la vue du dragon. Les soldats, eux, ont fait en sorte de garder leur sang froid même si quelques-uns ont plié sous les bourrasques provoquées par les battements d'ailes du puissant. Laïla, toujours aussi droite, a tâché de l'accueillir en gardant la face malgré son embrasement – une guerre avec Sylvandell serait aussi effrayante qu'excitante, a-t-elle pensé sur l'instant, en contemplant le dragon.
Une fois la bête plus calme, la Générale claque des talons pour sommer ses hommes de reprendre une posture correcte, ce qu'ils font dans la seconde par crainte des fameux sermons de Laïla. Elle s'approche ensuite de l'invitée et de son colossal destrier, passant sur le flanc de ce dernier non pas sans l'admirer une fois de plus, s'arrête, pivote sur ses talons et place une main sur son ventre avant de s'incliner respectueusement, toutefois sans faire preuve d'autant de soumission qu'avec Mère.
« Bienvenue à Dremora, Majesté, adresse-t-elle à la Korvander avant de se redresser et tendre ses deux bras vers l'avant, comme pour accueillir l'hypothétique chute de la maîtresse des dragons. La brume et le froid n'ont pas dû faciliter le voyage en nos terres, permettez-moi de vous offrir la chaleur d'un accueil à la Tsarran en guise de réparation. »
Incrédules, les soldats semblent se demander s'il s'agit d'une invitation osée ou d'un trait d'humour noble qui leur échappait. Ils n'en disent toutefois mot et se tournent aussitôt vers la droite avant d'entamer une marche cadencée en direction de la résidence Tsarran.