En retrait dans sa station spatiale personnalisée – un présent du président Wilhelm pour ses loyaux services – elle sort de sa salle de bain avec une serviette sur les épaules. Nue elle observe le monde qui s’offre à ses yeux depuis la fenêtre d’une pièce vide. Le soleil rouge du système solaire rempli la pièce de sa lumière sanglante quand une sonnerie interrompt le silence. Il y avait plusieurs sonneries et chacun représentait un niveau de priorité de l’appel en attente. Celui-ci venait de son bienfaiteur et la demoiselle claque des doigts à quelques reprises et à des vitesses différents. Le plancher s’ouvre et fait remonter un bureau en acier inoxydable. Écran numérique, clavier, super ordinateur personnel et petit laboratoire sur le côté droit adaptable selon la discipline souhaitée, elle possède le strict minimum à portée de main tandis qu’elle s’assoit sur sa chaise et ouvre la communication.
- Monsieur Wilhelm ! Que me vaut cet honneur durant mon congé ?
- Toujours aussi relâchée sur votre station ? Moi qui pensais vous faire plaisir en faisant avancer votre prochain « chef d’œuvre ». Les sujets idéaux pour compléter le chaînon manquant dans la séquence génétique.
- Ah ! Montrez-moi les données.
Plusieurs pages apparait sur l’écran; Liste de héros défilant vers le bas, Vidéos de la confrontation durant l’incident de Tokyo, un enregistrement des évènements au sein de la prison du Métavers, Des photos haute résolution des mutants rencontrés par Emily Adachi et des dossiers résumant la géopolitique et l’organisation du monde qu’est la Terre du rayon Bleu. Le regard vif et la concentration intense dans son regard la garde muette pour une trois bonnes minutes. Elle étudie les informations de son regard qui s’illumine d’excitation accompagné par un sourire imbu. Elle relève la tête et rit.
- Ha ha ha ha…cette Terre vit donc comme dans la Préhistoire de Mégapolis. Et certains de ces métahumains confirment la présence d’une évolution technologique en parallèle avec les standards de ce monde. Mais cela n’aidera pas beaucoup contre mon génie. Oui, ce sont de bons candidats.
- Votre décision est donc prise. Je tiens à souligner que nos récentes activités sur Terre a probablement placé ces héros sous haute alerte vis-à-vis de Vector Industries. Aucun ne voudra partir de leur planète pour vous visiter.
- Vous avez agi avec intelligence mais ces groupuscules ont fini par connaître notre existence, Monsieur Wilhelm. Le progrès scientifique que j’idéalise ne s’obtiendra jamais par la passivité et la prudence. Il me faudra agir directement pour obtenir ce que j’ai de besoin. Et certains terriens ont des protections mentales je présume. Futile résistance.
Elle point un mur de son index et automatiquement il s’ouvre pour révéler sa garde-robe. La femme se lève et mine de rien commence à s’habiller en s’enfilant une combinaison moulante et un attirail de pièces vestimentaires.
- Oubliez le garde du corps, j’en n’ai pas de besoin. J’irai au laboratoire pour récupérer mes gadgets et appareils de ma propre collection. Durée du séjour sur Terre : Le temps qu’il me faudra.
Washington D.C, la Maison Blanche
Les États-Unis d’Amérique, pays de grande influence sur la scène internationale. Dans cette réalité où la géopolitique n’est qu’une partie des enjeux de la nation avec celui des monstres, aliens et dieux venant s’impliquer dans des conflits qui dépassent la compréhension humaine. L’Olympomachie a éveillé de vieilles croyances païennes, La Latvérie se proclamant comme une nation magique, il fallait en priorité maintenir la cohésion sociale entre les divers groupes qui brandissent leur premier Amendement de la Constitution. Le président américain vaque à ses occupations dans le célèbre bureau ovale vu d’innombrables fois dans les séries télévisées terriennes. Il est seul, prenant des appels importants et accordant sa signature à des documents administratifs.
C’est abruptement et sans permission qu’un membre des services secrets en charge de la surveillance intérieure de la Maison Blanche qui entre dans le bureau ovale. Il semble en transe bien que ses lunettes fumées ne montrent pas ses yeux à l’instant. L’homme semble sortir de sa torpeur.
- Toutes mes excuses monsieur le président. J’ignore ce qui m’a poussé à venir ici mais je devrais aller prendre du repos. Quelqu’un prendra ma relève.
Le président américain fronce le sourcil et fixe avec sévérité cette scène trop étrange pour être qu’un homme fatigué et confus. Sa façon de quitter la pièce constitue une brèche de sécurité flagrante. Puis un bruit subtil fait vibrer les oreilles du président à quelques centimètres de presser un bouton rouge d’urgence. Mais son geste s’arrête lorsqu’il semble avoir un changement d’humeur. Il reste sur sa chaise en sentant une puissante influence le garder apaisé. Son esprit est encore conscient mais son corps obéit à autres choses.
- Plutôt convenable comme maison avec la sécurité que j’ai détectée au préalable. Vous avez pensé à tout, même à des gardes humains pour garder un œil sur le moindre signe suspect. Il m’aura seulement fallu trouver la bonne personne pour venir ici. Ma technologie a suffit a camouflé ma présence thermique, physique et la présence de métal.
Après un scan de la pièce la présence se manifeste devant le président. Un camouflage optique qui se dissipe et laisse apparaître une figure féminine habillée de bottes lourdes, d’une ceinture tout usage, d’une paire de lunettes opaques, d’une veste et d’une combinaison grise moulante ressemblant au latex. Sur le côté gauche de sa tête un appareil est collé à son oreille comme un casque audio avec cette petite antenne en évidence. Cet objet envoyait des ultrasons inaudibles agissant sur le cerveau du sujet en lui faisant relâcher les hormones et composants chimiques responsables du changement d’humeur. Après tout si l’humeur provoque une réaction agressive des protections mentales alors les humains seraient tous des machines dans l’âme. Ce président se retrouve alors face à cette visiteuse à la chevelure décolorée qui zyeute l’homme avec intensité pour maintenir les ondes actives.
- Je vous rassure sur une chose : Vous et votre pays resterez sains et saufs. J’ai sommairement étudié sa structure et organisation administrative et rien ne sera insurmontable.
- Si votre intention est pacifiste alors vous vous êtes très mal pris pour attirer la sympathie de cette administration et des justiciers de ce pays.
- Ha ha ha ha…je n’ai jamais dit que mon objectif est pour l’amour et la paix et j’ai jamais dit qu’il sera agréable pour votre pays. Parlant de ces justiciers j’aurai besoin de leur pleine collaboration et votre gouvernement me sera utile.
- Vaine tentative. Civil War a prouvé qu’il existe forte dissension sur le sujet.
Le président se tendit avant de relaxer. Il avait évoqué un évènement qu’il n’aurait jamais dû prononcer devant cette visiteuse au sourire plus élargi et excité. Elle se rapproche et appose sans retenu ses mains sur le bureau.
- Ma foi, il y a tellement de données à étudier durant mon séjour. Et si on commençait par cette histoire de Civil War ?
Quelques jours plus tard
Devant les chaînes de télévision au sein de la salle de conférence de la Maison Blanche le président américain avait une annonce à faire à la nation. Il approche de la tribune habillé de façon habituelle pour un homme d’État et semble tout à fait normal dans ses paroles. Toutefois son annonce est tout sauf lambda.
- Comme vous le savez tous, le monde fut secoué par des évènements d’une force mystique d’une ampleur inégalité. Chacune de ces crises dépassent de loin les défis qu’a connus notre pays et pourtant nous sommes encore debout et fort. Je serai à jamais reconnaissant pour nos héros et leur contribution envers le monde. Toutefois la cruelle réalité est qu’ils ne sont pas immortels et je refuse que leurs patrimoines retournent au néant après leurs morts.
Il prend une pause de trois secondes.
- Voilà pourquoi je vais présenter au Congrès américain un projet de loi ; une banque fédérale d’ADN pour y emmagasiné le patrimoine génétique de nos héros avec ou sans pouvoirs. Cette banque ADN, selon le projet de loin que j’ai rédigé, sera sous la conjointe supervision entre les branches administratives afin qu’aucune ne la monopolise pour soi-même.
Le brouhaha est intense. Les flashs des caméras font passer le président comme une Rockstar mais le mécontentement de certains est très évident. Les reporters lèvent avec frénésie leurs mains pour obtenir la première question ce que le président fait en pointant une femme.
- Monsieur le président, malgré affirmer votre reconnaissance envers les héros votre projet de loi ne risque pas de raviver leur hostilité envers le gouvernement ? Si ce projet est imposé à chacun et chacune alors c’est exactement comme l’acte d’enregistrement d’il y a quelques années. Ne risquez-vous pas de provoquer un nouvel Civil War ?
- Tout d’abord je tiens à préciser que cette loi ne cherchera pas à approcher les Héros vivant en dehors des États-Unis d’Amérique. Quant à votre question je suis conscient de la controverse que cela va engendrée et je l’assumerai jusqu’à la fin. Par contre, je vous rappelle que cette loi sera présentée au Congrès. Ce n’est pas un ordre exécutif mais une proposition que le Sénat et la Chambre des représentants, élus par le peuple, décideront et adopteront par eux-mêmes. Si le vote passe alors je signerai et la loi entrera en vigueur.
Une série de questions s’ensuit et la conférence de presse se termine avec des réactions d’inquiétude et de doutes sur cette loi du nom de « Virtuous Prosperity » act. En sortant de la salle de conférence il est suivit par ses conseilleurs et ministres. Parmi ce gens elle était là, habillée d’une tenue terrienne professionnelle portant aussi des lunettes. Son nom est Vegapunk et la première étape de son projet a commencé.