Seiya constata vite que le Sanctuaire avait bien changé. Quand il arriva sur le sol, plusieurs guerriers ne tardèrent pas à arriver. Seiya n’eut qu’à intensifier brièvement son Cosmos, et les gardes face à lui se troublèrent.
« C’est lui… L’un des Cinq Saints…
- Le Saint de l’Espoir…
- LE SAINT SEIYA EST REVENU ! »
Seiya cligna des yeux, un peu surpris. Dire que, jadis, il était considéré comme un pestiféré ici, un étranger venant voler à la Grèce l’Armure de Pégase. Il se rappelait encore des années de formation très difficiles, de Marine tentant de le tuer régulièrement. Les choses avaient-elles changé depuis ? Il avait envie de le croire, car il sentait une aura beaucoup plus pure que quand il était arrivé jadis. Il leva la main un peu gauchement, et la secoua.
« Euh… Bonsoir ? »
Le Chevalier se rapprocha lentement, et frémit alors. Il sentit un Cosmos magnifique exploser, et leva la tête vers le plus haut mont du Sanctuaire. Au centre, le Temple d’Athéna luisait merveilleusement, et il ferma les yeux.
*Saori… Je suis là, Saori, je suis enfin revenu…*
C’était bien elle… Il sentait le puissant Cosmos d’Athéna, un Cosmos apaisé, pur, aussi magnifique que dans ses souvenirs. À chaque fois qu’il avait cru mourir, il ressentait ce Cosmos, qui résonnait dans son cœur. Que ce soit contre Ikki, contre Misty, puis contre les Chevaliers d’Or, contre Saga… Toujours, ce Cosmos était venu, il l’avait accompagné jusqu’à l’Elysion. Il s’avança donc, et nota que des arrosoirs automatiques avaient été installés. Le Sanctuaire, jadis aride, comprenait toujours des terrains d’entraînement, mais aussi de beaux jardins, avec des rameaux d’oliviers, des kiosques rénovés… La Grande Athéna était la Déesse de la guerre, mais aussi de la sagesse. Elle était aussi la Déesse de la stratégie et des inventions, protectrice des héros, patronne des artisans, des arts, et des lettres. La grande protectrice d’Athènes, l’éternelle rivale de Sparte et d’Arès. Il semblait donc logique que le Sanctuaire soit réaménagé pour correspondre à cette vision.
Seiya se rapprocha d’un olivier, et posa sa main sur son écorce, sentant les rameaux d’olivier. Il entendit alors des bruits de pas, et se retourna. Seiya fut surpris de voir…
« Cassios ?!
- Je n’arrive pas à y croire… Tu es donc bien revenu, le gringalet ! »
Il fut son premier rival au Sanctuaire, une brute avinée qui prenait plaisir à torturer les gens. Cassios s’était par la suite sacrifié pour les aider, révélant son amour pour Shaina, sa propre formatrice. Sons acrifice avait permis de ramener AIolia de l’illusion mortifère du Grand Pope.
« Mais comment est-ce possible ? Tu es mort !
- Et bien, bienvenue au club ! Quand Athéna a repris le contrôle du Sanctuaire, elle a obtenu auprès de Zeus la possibilité de ressusciter tous les Saints tués…
- Ah… »
Seiya était ravi de cette nouvelle, mais aussi inquiet. Il se rappela son séjour auprès des Enfants de Maturin, et les avertissements de sa sœur.
*Seules les Moires ont ce pouvoir…*
Il sourit alors.
« Tu formes les jeunes, je suppose ?
- Oui ! J’ai affronté un Chevalier d’Or, après tout ! »
Seiya acquiesça doucement.
« J’espère que tu ne les brutalises pas.
- Beaucoup moins qu’auparavant ! Plus sérieusement, je regrette ce que je t’ai fait, Seiya, jadis. Je… Quand j’y repense, je ne sais pas ce qui m’a pris. Ce n’est que quand Athéna est venue au Sanctuaire que j’ai senti le poids de ma culpabilité. »
Seiya le savait, lui, car Seika lui en avait parlé. Si la folie du Grand Pope avait pu fonctionner, si les armures n’avaient pas permis de sentir la présence d’Athéna, c’est parce qu’un poison corrompait le Sanctuaire. Tout laissait croire que ce poison s’était atténué, mais Seiya se rappelait encore les yeux luisants du Magicien. Il sortit de ses pensées, et hocha la tête, s’écartant de Cassios, puis rejoignit la Route des Douze Temples.
Seiya sursauta alors en voyant de grandes statues en marbre. Cinq statues entouraient l’accès au sentier, représnetant les cinq Saints qui avaient permis de triompher d’Hadès : Pégase, Andromède, le Cygne, le Dragon, et le Phénix. Seiya sourit doucement, sentant son cœur se serrer.
*Mes amis… Vous m’avez tant manqué.*
Des poteaux électriques éclairaient désormais le chemin menant au Temple. Seiya entreprit donc l’ascension, rassuré.
Il rejoignit la Maison du Bélier, et croisa Mü. Lui qui n’avait jamais douté d’eux était ému. Mü allait dire quelque chose quand un hurlement retentit :
« BWAHAHAHAHAHA !! SIEYA !!! »
Seiya écarquilla les yeux en voyant une masse jaillir, renversant Mü au passage.
*Mon Dieu, il va me tuer !*
Une masse herculéenne le décolla du sol comme un fétu de paille,e t des pectoraux aussi gros que ses cuisses vinrent l’écrabouiller contre un torse monstrueux. Aldébaran, le Chevalier d’Or du Taureau, avait quitté sa Maison en bondissant à toute allure, et rigola à voix forte, avant d’ébouriffer les cheveux de Seiya.
« Voilà enfin cette canaille de Chevalier ! Ce porcelet qui m’a coupé la corne, héhé ! SEIYA !
- Al-Aldébaran, tu m’étouffes… »
Aldébaran le relâcha alors, et donna une tape dans le dos de Seiya, qui manqua de le faire tomber au sol.
« Hahaha ! Oui, c’est bien toi, le nigaud un peu gauche qui avait débarqué dans ma Maison comme un va-nu-pieds…
- Hey !
- C’est fantastique ! Oui, oui, c’est formidable ! Je savais que tu n’étais pas mort, j’ai toujours cru en ton retour !
- Tu as pleuré pendant des heures, et tu as juré de faire une grève de la faim pour que Seiya revienne quand notre Déesse nous a ramené, et que Seiya n’était pas revenu… »
Aldébaran haussa les épaules. Les Chevaliers d’Or s’étaient tous sacrifiés pour percer le Mur des Lamentations, rachetant aux yeux des Dieux leur hérésie. Comme pour Cassios, les Moires avaient ramené les Chevaliers d’Or à la vie.
« Tu es toujours ausis malingre, je vais t’inviter à manger un peu, et ça ira mieux ensuite !
- Je crois que Seiya a d’autres préoccupations que participer à tes festins interminables, Aldébaran…
- Oh… Oh oui, bien sûr. Notre Déesse a reconstruit le Sanctuaire, mais… Chaque nuit, nous sentons son cœur se déchirer. Elle a beau être une Déesse, c’est le cœur de Saori Kido qui bat dans sa poitrine.
- Va la voir, Seiya. Tu verras que certaines choses ont changé… »
Seiya acquiesça, et poursuivit son ascension.
La Maison des Gémeaux avait retrouvé son ancien Chevalier, en la personne de Saga. Seiya le regarda longuement, et Saga, heureux de le revoir, présenta au jeune Saint ses excuses pour tout ce qui s'était passé jadis.
La Maison du Sagittaire avait retrouvé son ancien propriétaire, et, quand Seiya arriva, l’Armure d’Or du Sagittaire résonna à sa présence. Seiya la caressa doucement, sentant les émotions revenir. Le testament d’Aiolos était toujours là, et Aiolos le salua ensuite. Les deux s'enlacèrent ensuite, Aiolos étant particulièrement ravi de Seiya, et lui annonça qu'il avait largement dépassé ses espérances... Mais Seiya sentit en lui quelque chose de particulier, comme si Aiolos savait où Seiya s'était rendu, et qui il avait rencontré.
« Nous parlons de tout ça en temps voulu, Seiya. Une Déesse t'attend. »
Aux Poissons, Seiya croisa à nouveau Aphrodite. Considéré comme le plus beau des Chevaliers d’Or, il lui indiqua qu’il attendait désormais de trouver un successeur. Aphrodite ne s’estimait plus digne de porter son Armure, mais Athéna lui avait offert une seconde chance. Aphrodite avait recouvert la dernière portion de roses rouges.
« Non toxiques, j’espère…
- Bien sûr que non ! »
Ses fleurs permettaient d’apaiser l’affliction de leur Déesse, mais, ce soir, elles allaient dégager un pollen très aphrodisiaque.
Seiya hocha donc la tête, et rejoignit enfin le parvis du Temple. Deux Chevaliers arrivèrent alors… Et Seiya fronça les sourcils en voyant qu’il s’agissait de deux femmes, ne portant pas de masques. Sans doute un nouveau changement de Saori.
« Salutations, Saint de l’Espoir. Je suis Mii du Dauphin…
- …Et je suis Xiaoling de la Petite Ourse.
- Euh… Enchanté, Mesdames.
- Nous faisons partie des Saintias, un corps de guerrières spéciales formé par la Déesse pour la protéger et la servir après la Guerre Sainte.
- Ah… »
De nouvelles armures avaient donc été forgées. Héphaïstos avait dû faire chauffer ses forges pour produire ces nouvelles Armures. Les deux Saintias saluèrent Seiya, qui passa.
Sa main se posa doucement sur la porte en or massif du Grand Temple. Il se pinça brièvement les lèvres. Un moment d’éternité sembla se suspendre à sa décision, puis il rouvrit les yeux. Son Cosmos s’intensifia, et la porte s’ouvrit alors en grand.
Ici, jadis, il avait défié Saga, et avait bénéficié de l’aide d’Ikki, sans qui il n’aurait jamais réussi à triompher du Chevalier d’Or fou.
Et là, il sentit son cœur défaillir. Les portes se refermèrent derrière lui. Dans sa grande robe blanche, immaculée, avec une longue chevelure violette, Saori se tenait là.
« Saori… » murmura Seiya.
Combien de fois avait-il voulu quitter le Village de Maturin pour être ici ? Combien de fois avait-il descendu le Sentier, avant de se heurter aux écailles de la Tortue ? De l’autre côté, le Magicien riait, attendant patiemment son heure. Et lui pensait à Seiya, la voyait pleurer dans ses rêves, guettant chaque jour le retour de son chevalier.
« Saori… » répéta-t-il alors, comme pour se convaincre qu’il ne rêvait pas.
Cette scène, il l’avait tant fantasmé, tant désiré… Saori hurla alors, et se précipita vers lui, abandonnant son grand sceptre doré. Seiya l’entendit résonner au loin sur le sol, et embrassa Saori. Il plaqua ses lèvres sur sa bouche, et sentit le Cosmos d’Athéna exploser en lui. S’il ne jouit pas, il subit un véritable orgasme cérébral, qui le laissa pantelant. À ce moment, tous les Saints du Sanctuaire purent sentir le Cosmos d’Athéna exploser, comme une sorte de feu d’artifice spirituel.
Saori se détacha de lui après ce baiser, et lui demanda alors ce qui avait bien pu se passer.
« Quatre ans… Je… »
Il se pinça les lèvres, et s’agenouilla alors devant Saori, en prenant un air très sérieux, alors que son cœur menaçait d’imploser.
« Je vous prie de bien vouloir me pardonner, Déesse Athéna. Je suis mort pour vous… Ou, du moins, j’ai vécu une expérience très similaire à la mort. J’ai une longue histoire à vous raconter, Déesse, mais, avant tout ça… »
Il se pinça les lèvres en soupirant, puis releva la tête.
« M’acceptez-vous toujours comme votre Saint ? »
Une question rhétorique, car il savait que la Cloth de Pégase n’avait pas trouvé propriétaire, comme si, instinctivement, elle sentait que son porteur était toujours vivant.
Seiya attrapa alors la main de Saori, et déposa un chaste baiser sur ses doigts.
« La première chose que j’ai vu après l’Elysion, c’était l’orphelinat… Et une Déesse qui s’ignorait encore en train de chevaucher cette canaille de Jabu… Je vous détestais à l’époque… Du moins, c’est ce que je pensais. Mais… En mon for intérieur, je pense avoir toujours su qui vous étiez, et la bonté d’âme que vous dissimuliez derrière cette fausse arrogance. La Déesse en vous, déjà, sommeillait, comme si elle nous appelait à nous manifester. Je pense que c’est à partir de là que j’ai commencé à vous aimer. Déesse Athéna… Saori… J’ai revu ma sœur, j’ai revu l’âme de Seika, mais j’ai surtout réalisé une chose… Je vous appartiens corps et âme, Déesse. Tout ce que je souhaite, c’est revenir à votre service… Et pouvoir continuer à vous aimer. »
En tant que Chevalier, bien sûr…
…Mais aussi en tant qu’autre chose.