« Je crois que vous m’avez tellement détruite que je suis complètement perdue… »
Si seulement elle savait que c’était là le véritable objectif de Shayne. Devoir détruire tout ce qui la condamne à une pitoyable existence de survivaliste agressive pour muer en quelque chose d’exceptionnel. Mais personne ne veut se détruire (bien qu’il y avait ce genre de pulsion en elle…). Personne ne veut quitter sa zone de confort pour prendre pareilles risques. C’est déjà assez difficile en soit quand toute votre vie a été fuite, combat et déplacement constant. Une zone de confort est justement ce qu’elle recherche. Cette maison EST devenu sa zone de confort.
« Peut-être qu’on devrait faire des trucs simples toutes les deux ? Cette maison est quand même un truc relativement nouveau pour moi. Si je l’ai entièrement exploré en arrivant, ça ne veut pas dire que je la connais vraiment. En tout cas, c’est sur qu’à part le lit, la douche et le frigo, je ne l’utilise pas vraiment efficacement. »
Elle ne dit toujours rien. Pourtant, il y a quelque chose avec sa proximité qui met Marischka à l’aise. C’est peut-être aussi con que le fait qu’elle soit assise et non plus debout. Elle ne parait plus si grande. Même si ses bras nus sont toujours autant musclés et tatoués : le fait qu’elle soit au repos et non plus en posture de combat change aussi la donne.
« Donc… »
*C’est vraiment nul ce que tu vas dire…. Mais, en même temps, qu’est-ce que j’ai à y perdre ? Je suis déjà au plus bas… *
« Peut-être qu’on pourrait apprendre à manger toutes les deux ? J’ai vu que tu n’avais pas utilisé les plats à réchauffer qui sont dans le frigo. Peut-être que je pourrais aller avec toi dehors la prochaine fois ? »
*Si cette idée était déjà nulle, en tout cas pas glorieuse, l’autre va être encore pire… *
« Manger et dormir. Je ne me vois pas faire autre chose pour le moment. Alors, mis à part manger, on pourrait peut-être aussi dormir ensemble ? Je ne serai pas aussi amorphe, je me serai cachée derrière l’excuse que c’était pour te tenir à l’œil. Garder ses ennemis plus proches que ses amis, blablabla… Mais la vérité, c’est que je ne m’habitue toujours pas à ce lit immense pour moi toute seule. »