Une matraque frappa contre les barreaux métalliques de la cage, résonnant dans la pièce. Il y eut ensuite des ricanements, et un véritable brouhaha, avant que la prisonnière ne se réveille. Portant sa tenue de voyage avec son capuchon, mais désarmée, Shad sembla lentement émerger du sommeil dans lequel elle avait été plongée. Le temps que ses sens s’adaptent et se réveillent, elle comprendrait qu’elle était dans le hall de ce qui ressemblait à un grand château. De nombreux hommes d’armes se trouvaient là, des feux de cheminée brûlaient dans les angles, tout cela témoignant d’une vive agitation nocturne.
« Brennenburg…
- L’incendie a tout ravagé… »
Récemment, Shad s’était retrouvée embarquée dans une quête redoutable, qui l’avait emmenée dans un château infernal, le Château-Brennenburg*. Victime de la potion d’Amnésie, Shad avait provisoirement perdu ses souvenirs, avant de réussir à s’évader, en compagnie de Cahir, un ancien chevalier mijakien exilé. Après moult aventures et révélations sur ce château, ils avaient ruéssi à s’enfuir en brûlant le château. Un incendie massif qui avait attiré des troupes mijakiennes. Shad et Cahir avaient fui dans la forêt, tandis que les Mijakiens menaient le siège du château, et les poursuivaient. Shad s’était battue dans la forêt, prenant une forme de louve, avant d’être neutralisée.
Elle se réveillait donc dans une cage aux barreaux solides, et avait, autour du cou, un collier très spécial. Un collier en cuir qu’elle ne pouvait pas retirer, un collier de soumission avec, à l’intérieur, un cristal en dymérite qui touchait sa peau. Le dimeritiumé tait un minerai magique très rare, qui avait pour effet d’annuler tous les pouvoirs magiques environnants. Ici, avec le collier, l’effet de la dymérite était exclusivement concentrée sur Shad.
Visiblement, les Mijakiens avaient des questions à lui poser, et elle ne voyait aucune trace de Cahir. Enfin, le collier était relié à une laisse en cuir, et, quand la femme émergea, et que les hommes le notèrent, ils parlèrent entre eux.
« Le Maître veut la voir sans plus attendre.
- Faites attention, c’est une coriace !
- Elle ne peut plus se transformer, mais ça ne signifie pas pour autant qu’elle n’est pas dangereuse. »
La cage s’ouvrit, et un homme attrapa la laisse, et tira dessus, la forçant à sortir. Une situation assez humiliante, car elle devait marcher à quatre pattes. Dans son dos, un autre homme la fouettait dès qu’elle faisait mine de se rebeller, ou la poussait du pied pour la renverser. Complètement encerclée, elle ne pouvait que suivre ces geôliers, qui l’amenèrent à travers le château. C’était une grande demeure, mais beaucoup plus vivante que Brennenburg. Un guerrier tapa contre une porte, et, quand celle-ci s’ouvrit, il expliqua qu’ils amenaient la prisonnière.
Shad entra ensuite, et vit une sorte de grand bureau. Il y avait plusieurs bibliothèques, un grand bureau, et un grand feu de cheminée avec une peau de bête sur le sol correspondant à un grand ours blanc. La laisse de Shad fut attachée contre le mur. Un homme se trouvait là, près du bureau, et se retourna vers Shad. Il avait de longs cheveux bruns, et portait une élégante robe de chambre avec une cape luxueuse.
Les guerriers partirent, laissant Shad en compagnie de l’homme et de ses quelques serviteurs.
« Bonsoir, jeune okami. »
Sa voix était grave, empreinte d’une certaine forme d’autorité naturelle.
« Je m’appelle Alexandre Dowell, et je suis le seigneur de ce château. Ce sont mes hommes que tu as combattus dans la forêt de Brennenburg. Depuis de nombreux mois, nous préparons le siège de ce château, sur demande du Conseil Impérial. Ils ont donc été surpris de capturer une okami capable de se transformer en Louve géante. Ils auraient dû te tuer, normalement, comme on le fait avec tous les animaux cancéreux et incontrôlables. Mais, quand on m’a rapporté tes exploits, j’ai décidé de t’épargner. »
L’homme parlait calmement, et s’assit sur un fauteuil. Shad était près de l’âtre de la cheminée. La robe remonta doucement, laissant voir les jambes de l’homme.
« Et il y a aussi cet étrange médaillon… Quand l’un de mes lieutenants a essayé de le retirer, il s’est effondré au sol, perclus de douleur. Un venin arachnéen se diffusait dans son bras, et il a juré que le médaillon aurait tenté de le mordre, comme une araignée. Alors, nous te l’avons laissé, mais en incrustant sur ta peau de la dymérite, ce qui contrecarre tes redoutables capacités magiques. »
Il enchaîna encore :
« En résumant, nous avons une okami capable de se transformer ne louve, manipulant la magie, disposant d’un médaillon magique, et qui s’est enfuie du château Brennenburg, dans lequel on dit que de sinistres expériences magiques et génétiques avaient lieu sur les prisonniers. Il aurait été dommage de juste te donner à manger à mes cochons. Qu’as-tu à me dire là-dessus, jeune Louve ? »
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* : Cf. RP « Château-Brennenburg ».