« Tes préoccupations sont louables, ma chère Sya, mais elles vont au-delà de ce qu’une esclave temporaire devrait faire pour sa Maîtresse... Si tu offres un bébé à Mélinda, tu resteras toujours son esclave, car elle te voudra auprès d’elle... Mais ce n’est pas comme si être son esclave était un problème, n’est-ce pas ? »
Un sourire amusé vint éclairer les lèvres de Samara. La démone n’était évidemment pas dupe, et comprenait tout à fait ce que Sya souhaitait, ce qu’elle désirait. Elle reprit donc, en continuant à la maintenir contre elle, et à la câliner tendrement, ce qui, pour une démone, était tout de même assez exceptionnelle.
« Mélinda désire en effet une progéniture... Tu le remarqueras clairement quand l’une de ses esclaves accouchera. Elle se fait toujours un point d’honneur d’y assister en personne, et ses esclaves savent très bien qu’elle adore tenir le petit bébé entre ses bras quand il vient de naître. Mais oui, elle rêve de satisfaire à son instinct maternel, et d’avoir un véritable bébé, un petit enfant qu’elle pourra tenir dans ses bras. Qu’il soit homme ou fille lui est totalement indifférent, mais... Le vampirisme offre bien des avantages, mais rien ne va jamais sans contrepartie dans ce bas-monde. »
Samara lui expliqua que Mélinda était stérile, inféconde, une conséquence naturelle du vampirisme. S’il existait des exceptions, elles étaient rarissimes, et Samara avait assisté Mélinda. La vampire avait déjà financé de nombreuses études magiques et scientifiques afin de la rendre féconde, mais toutes ces recherches avaient été infructueuses.
« J’ai prélevé le sang des rares vampires étant capables d’être féconds, je l’ai comparé avec celui de Mélinda, et j’ai même fait appel à des scientifiques uatéennes. La science n’a fourni aucune réponse, pas plus que la magie. Mes talents ont été incapables de briser la malédiction du sang des vampires. Son sang, vois-tu, est trop puissant, et chaque fœtus disposant de son sang est tué en quelques minutes. C’est l’une des principales raisons qui expliquent pourquoi les gens pensent que les vampires sont des êtres maudits et impurs, car la mutation qui est à l’origine de leur existence les rend inféconds. »
Dans la bouche de Samara, avouer son échec lui donnait l’impression de sucer du poison. Elle était très arrogante, et n’avait pas l’habitude d’échouer... Mais, hélas, elle n’avait pas réussi. Elle avait échoué. Elle avait mené des expériences magiques à partir du sang de Mélinda, elle s’était même aidée d’autres Archimages, dont des spécialistes en magie rose, mais le sang de Mélinda était resté un obstacle. Un obstacle insurmontable ? Tout laissait à le croire... Ou presque.
L’Archimage laissa planer quelques secondes, avant de reprendre :
« Il n’y a qu’une seule piste que je n’ai pas exploré... Perfectionner ta magie rose ne sert à rien, ma douce Sya, mais... C’est d’un miracledont nous avons besoin, et il n’existe que deux catégories de magies qui peuvent fournir des miracles : la magie sacrée, qui est propre aux Anges des Cieux, et la magie divine. je vois mal les Anges nous aider pour une telle entreprise, qui interférait avec leur conception du libre-arbitre et de non-intervention dans les affaires mortelles, mais... Les Dieux ? Je connais une Déesse, Sya, et tu en connais une, toi aussi... Mais les divinités n’exagèrent jamais rien gratuitement. »
Samara laissa, de nouveau, planer quelques longues secondes, avant de conclure son discours :
« Alors, dis-moi... Jusqu’où es-tu prête à aller pour offrir à ta Maîtresse son bébé ? Car c’est d’une intervention divine directe dont nous aurons besoin, et d’une puissante Déesse... Nous aurons besoin de l’aide de Sha pour faire fertiliser le ventre de Mélinda. »