A Child of Prophecy [Aphrodite]
Posté : 09 nov. 2024 16:51
« Tu l’as tué ! Tu as tué mon fils ! Je te hais ! Je te hais, Serenos de Meisa ! Je te hais de toute mon âme ! De tout mon cœur ! »
Les doigts de la femme étaient si serrés autour de sa gorge qu’il peinait à trouver son air. Non, en fait, elle écrasait sa trachée, et maintenant plus rien ne passait. Cependant, il ne trouvait pas la force de se défendre. La culpabilité, une culpabilité dont il ne connaissait même pas l’origine, enserrait son cœur, et il acceptait la colère de la femme de lumière, volontairement, car il ne connaissait pas un autre moyen d’expier son crime. Et pourtant, alors qu’elle l’étranglait, il sentit des gouttes tomber sur son visage, et lorsqu’il leva les yeux vers elle, elle vit ses lèvres pincées, ses yeux larmoyants. Elle était si belle, et pourtant, dans sa peine et sa souffrance, elle faisait une tête plutôt disgracieuse. Comme si par-delà la colère, elle était en conflit avec elle-même.
Il leva une main et caressa doucement sa joue, replaçant une mèche blonde de son visage, et elle le regarda avec confusion. « Je suis désolé, » fit-il des lèvres, sans pouvoir émettre un son. « Je suis tellement désolé. Tout est ma faute. S’il te plait, ne pleure plus… ne pleure plus… »
« Et ensuite, je me réveille, » dit Serenos en regardant dans sa tasse de thé en bois. « Mais ce rêve revient constamment, et chaque fois, je me réveille avec un profond regret. Pourtant, je ne sais pas ce que j’ai à me reprocher. Des fils et des filles, j’en ai tué… j’en ai tué même beaucoup… mais je sais pas pourquoi, celui-ci… ca tourne et ça tourne. Pourtant, je n’ai jamais vu cette femme de lumière auparavant. »
Son regard se leva alors pour croiser celui de Laurelian. La princesse de Meisa était allongée sur une méridienne, la tête contre les coussins, le ventre légèrement gonflé par la présence d’une vie qui croissait en elle. Ses doigts caressaient amoureusement cette légère rondeur, mais ses yeux restaient rivés sur Serenos avec une froideur qui lui était coutumière. Serenos n’avait aucune idée de qui pouvait être le père de son futur petit-enfant, d’autant plus que cela devait être tout simplement impossible considérant que pour concevoir Laurelian, Mélisende avait dû métamorphoser Serenos en hybride au cours d’un très long et dangereux processus, mais malgré sa curiosité, il savait que la princesse ne voulait pas lui en parler, et insister ne ferait qu’envenimer une relation qui n’était déjà pas très bonne.
Avec un ton fatigué, la princesse parla.
« Je ne pourrais pas vous dire, sire, ce que vos rêves peuvent vouloir dire. Mes visions ne me viennent pas en rêve. Cependant… si on applique des règles similaires, une vision récurrente qui ne change pas signifie, normalement, que vous êtes sur le chemin d’une branche précise de l’avenir. La femme de lumière doit être quelqu’un que vous allez rencontrer dans le futur, mais que vous n’avez pas rencontré par le passé, et votre esprit ne peut que représenter ce que vous connaissez. Aussi… les émotions étrangères sont, supposément, celles que vous ressentirez lorsque cet événement se produira, pas celles que vous ressentez maintenant ou prochainement. »
Serenos n’aimait pas les prophéties. Étant lui-même un enfant de prophétie, c’est-à-dire qu’au moins un texte de prophétie faisait référence à ses actions futures, ce qui aurait supposément poussé la Sorcière Blanche à culbuter le Roi de Meisa, son regretté (enfin… pour d’autres) prédécesseur, il savait que ces prophéties avaient la fâcheuse tendance de se réaliser toutes seules justement parce que la personne cherchant à éviter cette prophétie faisait exactement ce que cette prophétie nécessitait, ou alors causait les conditions exactes pour qu’elle se réalise. L’ironie du sort voulait que ceux qui luttaient avec acharnement et violence contre le destin se retrouvaient confronté à la supériorité de celui-ci.
La princesse tendit une main, et par réflexe, il l’aida à s’asseoir.
« Ca va ? »
« Mh-hm… Je suis juste très fatiguée… »
Serenos la regarda avec inquiétude, un moment, puis relâcha en elle une douce vague d’apaisement, stimulant le corps de la jeune femme pour qu’il se détente, tout en examinant l’enfant qui grandissait en elle et s’assurant de ne pas lui faire de mal. Il l’aida ensuite à se lever et lui offrit son support en l’escortant jusqu’au balcon de sa chambre. Pour une raison qui lui échappait, les femmes ashanshi, malgré leur grand pouvoir, ne semblait pas pouvoir porter la vie à la façon des humains sans être excessivement inconfortable. Déjà que les femmes humaines ne se réjouissaient que rarement des concessions qu’elles devaient faire pour porter un enfant à terme, c’était dire.
Il la posa doucement sur une chaise et la laissa se reposer à l’air frais, sous le soleil doux du printemps.
« Je t’enverrai un garde, » dit le Roi.
Elle lui agrippa le bras. « Non. Juste… juste Palan. Je veux juste voir Palan. Pas un autre. »
Avec un moment de réflexion, le Roi hocha de la tête et la décrocha de son bras avec un sourire conciliant.
« Promis, je t’envoie Palan. »
Elle hocha de la tête, et le Roi s’excusa avant de sortir, pour tomber nez à nez avec un des jeunes pages, qui tenait dans ses mains plusieurs rouleaux de parchemin ; des lettres, à voir les sigles.
« Depuis quand es-tu là, toi ? » demanda le Roi avec un sourcil haussé.
« Q-q-quelques minutes seulement, sire ! »
« Minutes ? » s’agaça-t-il, grinçant un peu des dents.
Il était donc resté planté là comme un idiot ? Pour une lettre ? Il lui fallut faire appel à tout son contrôle de lui-même pour ne pas exploser sur le pauvre garçon, qui tremblait déjà comme une feuille devant lui. Il prit la lettre qui lui était adressée et lui donna son congé. Il y reconnut le sigle, un de ses agents vivants sur un territoire Mijakien. Sylvandell.
« Sylvandell ? »
Un des pages de la prêtresse cracha sur le sol en vociférant des injures. Le mot Slaneesh fut prononcé, avant que son voisin ne lui flanque une claque derrière la tête et ne lui adresse un regard sombre.
Contre les Dieux Chaotiques, ou les Haut Esprits Décadents, il n’y avait pas trente-six solutions ; il fallait rapidement éliminer toute corruption sur place avant qu’elle ne se propage, moment auquel la Corruption devient anormalement difficile à déloger, et Serenos était un expert dans cet art. Certains diraient que ces problèmes relevaient des souverains locaux, et pendant un temps, ce fut les grands rois et empereurs qui dépêchaient des troupes de paladins et des guerriers à l’esprit inébranlable pour exciser ce cancer, mais maintenant, les empereurs et rois rendaient des comptes à des gens qui, parfois, avaient des intérêts communs avec les dieux chaotiques. De plus, rares étaient les gens capable de tenir tête à un Daemon de la Mer des Âmes, ces créatures qui représentaient les facettes les plus sombres de toute la Création et capable de convertir les humains vulnérables simplement à proximité.
« Elle est là-dedans ? » demanda le Roi à la prêtresse.
‘Elle’ faisait référence à son agent. Une femme qui avait voyagé jusqu’au continent. Elle avait épousé un noble de bas niveau, lui avait donné des enfants et, maintenant, résidait dans la capitale. Cependant, son mari était un Aphroditin, un croyant qui dévouait sa foi et son dévouement à Aphrodite, une des grands esprits révérés sur le continent comme une déesse. Il semblerait que, depuis son arrivée, elle s’était liée d’affection pour cette religion et s’était liée d’amitié avec la prêtresse, qui aurait soi-disant appris de cette femme son allégeance à la couronne de Meisa. Sachant le sort réservé aux agents infiltrés, elle avait dû juger plus prudent de le contacter lui plutôt que les souverains Mijakiens, une décision raisonnable, mais qui soulevait une question pour plus tard ; devrait-il la tuer pour la tenir, elle et l’agent infiltré, au silence ? Parce que mine de rien, admettre son appartenance à une nation étrangère et son rôle d’espion était plus ou moins un acte de trahison.
Le Roi regarda de nouveau le temple et décida de mettre pied à terre, passant son arme à sa hanche.
« Subjuguer une zone corrompue n’est pas une promenade de santé, Prêtresse. Êtes-vous sûre que vous voulez m’accompagner ? »
Les doigts de la femme étaient si serrés autour de sa gorge qu’il peinait à trouver son air. Non, en fait, elle écrasait sa trachée, et maintenant plus rien ne passait. Cependant, il ne trouvait pas la force de se défendre. La culpabilité, une culpabilité dont il ne connaissait même pas l’origine, enserrait son cœur, et il acceptait la colère de la femme de lumière, volontairement, car il ne connaissait pas un autre moyen d’expier son crime. Et pourtant, alors qu’elle l’étranglait, il sentit des gouttes tomber sur son visage, et lorsqu’il leva les yeux vers elle, elle vit ses lèvres pincées, ses yeux larmoyants. Elle était si belle, et pourtant, dans sa peine et sa souffrance, elle faisait une tête plutôt disgracieuse. Comme si par-delà la colère, elle était en conflit avec elle-même.
Il leva une main et caressa doucement sa joue, replaçant une mèche blonde de son visage, et elle le regarda avec confusion. « Je suis désolé, » fit-il des lèvres, sans pouvoir émettre un son. « Je suis tellement désolé. Tout est ma faute. S’il te plait, ne pleure plus… ne pleure plus… »
« Et ensuite, je me réveille, » dit Serenos en regardant dans sa tasse de thé en bois. « Mais ce rêve revient constamment, et chaque fois, je me réveille avec un profond regret. Pourtant, je ne sais pas ce que j’ai à me reprocher. Des fils et des filles, j’en ai tué… j’en ai tué même beaucoup… mais je sais pas pourquoi, celui-ci… ca tourne et ça tourne. Pourtant, je n’ai jamais vu cette femme de lumière auparavant. »
Son regard se leva alors pour croiser celui de Laurelian. La princesse de Meisa était allongée sur une méridienne, la tête contre les coussins, le ventre légèrement gonflé par la présence d’une vie qui croissait en elle. Ses doigts caressaient amoureusement cette légère rondeur, mais ses yeux restaient rivés sur Serenos avec une froideur qui lui était coutumière. Serenos n’avait aucune idée de qui pouvait être le père de son futur petit-enfant, d’autant plus que cela devait être tout simplement impossible considérant que pour concevoir Laurelian, Mélisende avait dû métamorphoser Serenos en hybride au cours d’un très long et dangereux processus, mais malgré sa curiosité, il savait que la princesse ne voulait pas lui en parler, et insister ne ferait qu’envenimer une relation qui n’était déjà pas très bonne.
Avec un ton fatigué, la princesse parla.
« Je ne pourrais pas vous dire, sire, ce que vos rêves peuvent vouloir dire. Mes visions ne me viennent pas en rêve. Cependant… si on applique des règles similaires, une vision récurrente qui ne change pas signifie, normalement, que vous êtes sur le chemin d’une branche précise de l’avenir. La femme de lumière doit être quelqu’un que vous allez rencontrer dans le futur, mais que vous n’avez pas rencontré par le passé, et votre esprit ne peut que représenter ce que vous connaissez. Aussi… les émotions étrangères sont, supposément, celles que vous ressentirez lorsque cet événement se produira, pas celles que vous ressentez maintenant ou prochainement. »
Serenos n’aimait pas les prophéties. Étant lui-même un enfant de prophétie, c’est-à-dire qu’au moins un texte de prophétie faisait référence à ses actions futures, ce qui aurait supposément poussé la Sorcière Blanche à culbuter le Roi de Meisa, son regretté (enfin… pour d’autres) prédécesseur, il savait que ces prophéties avaient la fâcheuse tendance de se réaliser toutes seules justement parce que la personne cherchant à éviter cette prophétie faisait exactement ce que cette prophétie nécessitait, ou alors causait les conditions exactes pour qu’elle se réalise. L’ironie du sort voulait que ceux qui luttaient avec acharnement et violence contre le destin se retrouvaient confronté à la supériorité de celui-ci.
La princesse tendit une main, et par réflexe, il l’aida à s’asseoir.
« Ca va ? »
« Mh-hm… Je suis juste très fatiguée… »
Serenos la regarda avec inquiétude, un moment, puis relâcha en elle une douce vague d’apaisement, stimulant le corps de la jeune femme pour qu’il se détente, tout en examinant l’enfant qui grandissait en elle et s’assurant de ne pas lui faire de mal. Il l’aida ensuite à se lever et lui offrit son support en l’escortant jusqu’au balcon de sa chambre. Pour une raison qui lui échappait, les femmes ashanshi, malgré leur grand pouvoir, ne semblait pas pouvoir porter la vie à la façon des humains sans être excessivement inconfortable. Déjà que les femmes humaines ne se réjouissaient que rarement des concessions qu’elles devaient faire pour porter un enfant à terme, c’était dire.
Il la posa doucement sur une chaise et la laissa se reposer à l’air frais, sous le soleil doux du printemps.
« Je t’enverrai un garde, » dit le Roi.
Elle lui agrippa le bras. « Non. Juste… juste Palan. Je veux juste voir Palan. Pas un autre. »
Avec un moment de réflexion, le Roi hocha de la tête et la décrocha de son bras avec un sourire conciliant.
« Promis, je t’envoie Palan. »
Elle hocha de la tête, et le Roi s’excusa avant de sortir, pour tomber nez à nez avec un des jeunes pages, qui tenait dans ses mains plusieurs rouleaux de parchemin ; des lettres, à voir les sigles.
« Depuis quand es-tu là, toi ? » demanda le Roi avec un sourcil haussé.
« Q-q-quelques minutes seulement, sire ! »
« Minutes ? » s’agaça-t-il, grinçant un peu des dents.
Il était donc resté planté là comme un idiot ? Pour une lettre ? Il lui fallut faire appel à tout son contrôle de lui-même pour ne pas exploser sur le pauvre garçon, qui tremblait déjà comme une feuille devant lui. Il prit la lettre qui lui était adressée et lui donna son congé. Il y reconnut le sigle, un de ses agents vivants sur un territoire Mijakien. Sylvandell.
« Sylvandell ? »
***
Trois semaines plus tard
Quelques part en Mijak, à trois jours de marche des frontières de Sylvandell
Serenos regarda la Prêtresse qui l’accompagnait, puis le Temple en contrebas de la colline. Effectivement, l’endroit empestait de Corruption, même de cette distance, le vent soufflant doucement sur la contrée. Il pouvait sentir la présence de créatures vivantes dans ce lieu, et pas seulement des créatures du plan matériel, mais également de l’immatériel ; quelqu’un ou quelque chose avait attiré l’attention des esprits de la Mer des Âmes, plus spécifiquement. Trois semaines plus tard
Quelques part en Mijak, à trois jours de marche des frontières de Sylvandell
Un des pages de la prêtresse cracha sur le sol en vociférant des injures. Le mot Slaneesh fut prononcé, avant que son voisin ne lui flanque une claque derrière la tête et ne lui adresse un regard sombre.
Contre les Dieux Chaotiques, ou les Haut Esprits Décadents, il n’y avait pas trente-six solutions ; il fallait rapidement éliminer toute corruption sur place avant qu’elle ne se propage, moment auquel la Corruption devient anormalement difficile à déloger, et Serenos était un expert dans cet art. Certains diraient que ces problèmes relevaient des souverains locaux, et pendant un temps, ce fut les grands rois et empereurs qui dépêchaient des troupes de paladins et des guerriers à l’esprit inébranlable pour exciser ce cancer, mais maintenant, les empereurs et rois rendaient des comptes à des gens qui, parfois, avaient des intérêts communs avec les dieux chaotiques. De plus, rares étaient les gens capable de tenir tête à un Daemon de la Mer des Âmes, ces créatures qui représentaient les facettes les plus sombres de toute la Création et capable de convertir les humains vulnérables simplement à proximité.
« Elle est là-dedans ? » demanda le Roi à la prêtresse.
‘Elle’ faisait référence à son agent. Une femme qui avait voyagé jusqu’au continent. Elle avait épousé un noble de bas niveau, lui avait donné des enfants et, maintenant, résidait dans la capitale. Cependant, son mari était un Aphroditin, un croyant qui dévouait sa foi et son dévouement à Aphrodite, une des grands esprits révérés sur le continent comme une déesse. Il semblerait que, depuis son arrivée, elle s’était liée d’affection pour cette religion et s’était liée d’amitié avec la prêtresse, qui aurait soi-disant appris de cette femme son allégeance à la couronne de Meisa. Sachant le sort réservé aux agents infiltrés, elle avait dû juger plus prudent de le contacter lui plutôt que les souverains Mijakiens, une décision raisonnable, mais qui soulevait une question pour plus tard ; devrait-il la tuer pour la tenir, elle et l’agent infiltré, au silence ? Parce que mine de rien, admettre son appartenance à une nation étrangère et son rôle d’espion était plus ou moins un acte de trahison.
Le Roi regarda de nouveau le temple et décida de mettre pied à terre, passant son arme à sa hanche.
« Subjuguer une zone corrompue n’est pas une promenade de santé, Prêtresse. Êtes-vous sûre que vous voulez m’accompagner ? »