La nouvelle se devait d’être discrète. Mélinda était donc partie en petit comité pour le Shogunat Tao-Bong. C’était une partie de l’Empire où elle n’avait à vrai dire qu’une faible influence. Elle connaissait le Tao-Bong, bien sûr, mais elle n’avait aucun établissement là-bas, et somme toute assez peu d’esclaves venant du Shogunat. Pour autant, elle connaissait très bien l’actualité politique du Shogunat. Elle avait été contactée par Samara, qui voulait que Mélinda se rende sur place. Un heureux hasard, aurait-on pu dire, car Mélinda s’intéressait beaucoup à un art ancestral du Tao-Bong pour s’y améliorer, le kinbaku. Elle avait envie de devenir une reine dans cet art très érotique, pour renforcer ses talents, et pour offrir de nouvelles surprises à sa femme, Vanillia. Cependant, Samara ne lui avait pas parlé du kinbaku, mais d’un sujet plus préoccupant.
« La Shogun n’a pas pris le risque d’envoyer une lettre qui aurait pu être interceptée. »
Les informations avaient donc transité via un réseau fiable d’agents impériaux pour remonter jusqu’aux oreilles de Samara. Elle avait donc sollicité un entretien avec Mélinda et Vanillia.
« Comme tu le sais, le précédent shogun, Hirohito Marashima, était un homme… Redoutable. Il était en lien avec d’autres personnes tout aussi redoutables, et c’est d’ailleurs pour cela que je m’adresse à toi et à ta femme. Hirohito commandait à ton père, Vanillia, des mutagènes, des cobayes vampires, dans le cadre d’expérimentations génétiques des plus sinistres. »
Cela faisait froid dans le dos. Mélinda savait que le père de Vanillia était obsédé par la puissance, et qu’il cherchait à devenir un Vampire Ascendant, un terme spécifique désignant une sorte de vampire supérieur… Un rituel sinistre qui aurait impliqué le sacrifice de sa chère Vanillia, s’il n’avait été stoppé dans sa folie par la mère de Vanillia, qui avait aidé celle-ci à s’enfuir, et à récupérer ensuite le domaine familial. Depuis lors, l’énorme château des Carlberg était coupée en deux, avec une partie qui leur appartenait toujours, et une autre toujours sous le contrôle de son père.
« Et en quoi cela concerne le Tao-Bong ?
- J’y viens, ma chère. D’après ce que j’ai entendu, les expérimentations d’Hirohito impliquaient une personne bien spécifique, dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler… Kazan Yamaoka. »
Un nom qui ne disait effectivement rien à la vampire. Samara leur expliqua que Kazan Yamaoka était un ancien samouraï du Tao-Bong, le fils du seigneur Yamaoka. Un samouraï très rigoureux, qui avait mal apprécié certaines réformes, notamment la possibilité offerte à des fermiers et à de simples paysans de porter des armes, et de devenir des samouraïs.
« Kazan voyait cela comme un déshonneur, car il pensait que seuls des individus d’élite puissent être des samouraïs, à même de respecter les principes et valeurs du Bushido, le code d’honneur des samouraïs. La colère de Kazan l’a toutefois éloigné des règles du Bushido. »
Cette réforme-là, Mélinda la connaissait. Le Tao-Bong devait régulièrement faire face à des attaques d’onis, de bandits, et d’autres créatures. De plus, le Shogunat contribuait aux efforts de guerre de l’Empire, et cela impliquait d’avoir une main-d’œuvre conséquente. Pour cela, le clan du Crabe, qui était chargé de la défense du Shogunat, menait des campagnes de recrutement parmi les basses classes sociales. Mélinda n’était pas une soldate, mais elle avait elle aussi commencé comme esclave. Des individus comme Kazan lui étaient donc presque instantanément désagréables. Samara leur expliqua que Kazan avait été chargé de former de jeunes recrues. Une formation qui l’avait profondément horripilé, à tel point qu’il avait envoyé ces recrues dans une mission suicide, provoquant la décimation de toute son unité. Une enquête avait eu lieu, révélant que, non seulement des recrues ne devaient pas mener une telle mission, mais que Kazan avait aussi tué les quelques survivants. Les autopsies avaient montré que certaines victimes avaient été fracassées par le terrible konobo de Kazan.
Kazan avait alors choisi de fuir, et d’écumer le territoire du Tao-Bong, en attaquant les fermiers et autres mercenaires. Petit à petit, l’homme, qui était particulièrement grand, avait été surnommé « Oni-Yamaoka », soit l’Ogre de Yamaoka. Un surnom qui déclenchait également sa fureur, et dont l’appellation venait d’un seigneur du Tao-Bong. Kazan, dans sa folie meurtrière, avait fini par croiser un samouraï masqué cherchant à l’arrêter.
« Le combat entre les deux a été éprouvant, mais Kazan l’a remporté. Il a alors constaté que cet homme était son propre père, qui, rempli de honte par ce que son fils était devenu, avait cherché à le stopper lui-même. »
Suite à ce parricide, Kazan avait alors entrepris de tuer le seigneur qui l’avait qualifié d’oni. Il avait attaqué son palais, affrontant les samouraïs du seigneur. Comme possédé par le diable, Kazan avait réussi à combattre les samouraïs de ce dernier, puis avait tué le seigneur. Et, au moment de sortir, il avait été accueilli par les habitants du village. Armés de faux, de faucilles, et d’autres armes rudimentaires, les gens que Kazan méprisait avaient réussi à le blesser mortellement. Ils l’avaient ensuite enfermé dans un moulin pour qu’il y meure.
« C’est du moins la version officielle. L’ancien Shogun, Hirohito Marashima, avait entendu parler de ce Kazan. Il remplissait visiblement toutes les conditions pour ses expériences. Les villageois avaient refusé d’accorder à Kazan une mort rapide, et l’ont laissé mourir de ses blessures dans un moulin. J’ignore encore comment il s’y est pris, mais Hirohito a réussi à récupérer Kazan, à le maintenir en vie, et l’a secrètement ramené dans l’ancien domaine familial de Kazan, un endroit abandonné. »
L’actuelle Shogun avait récemment entendu parler de cette histoire. On disait qu’un Oni rouge était apparu dans la région de Yamaoka, et qu’il était doté de pouvoirs surnaturels, ainsi que d’un konobo monstrueux. Il avait attaqué des fermiers. Des soldats avaient aussi combattu l’Oni, et avaient pu le blesser. L’examen du sang de la bête avait permis de révéler qu’il abritait des gènes vampiriques.
« Ce sont vos gènes qu’on a retrouvé dessus. Je vous laisse imaginer le scandale. Le pouvoir de l’actuelle Shogun est instable. Elle appartient à un clan, le Scorpion, qui est peu apprécié par certains clans du Tao-Bong. Ces autres clans pourraient volontiers tirer profit de l’existence de ce monstre pour dire qu’il a été conçu par l’Empire. Cela irait contre les intérêts communs de l’Empire et de la Shogun actuelle. Je souhaite donc que tu te rendes sur place, Mélinda, pendant que Vanillia utilisera les éléments que nous avons sur ce monstre pour concevoir un élixir capable de l’affaiblir. »
Mélinda aurait été tentée d’y aller avec Vanillia, mais c’était elle l’érudite, et son laboratoire n’était pas transportable. De plus, il fallait bien veiller sur leurs deux filles, Elizabeth et Alice. Mélinda entreprit néanmoins de e rendre sur place en compagnie de son frère, Bran, et de sa première fille vampirique, Akira Warren. Une fois sur place, il suffirait à Mélinda d’installer une orbe pour que Vanillia puisse la rejoindre. Discrétion oblige, les trois avaient emprunté des chevaux, sans utiliser des moyens de transport publics. Leur point de rencontre était un endroit discret à Kyudan, où ils rencontreraient la Shogun par le biais de l’un de ses hommes de main, un certain Hanzo…
« La Shogun n’a pas pris le risque d’envoyer une lettre qui aurait pu être interceptée. »
Les informations avaient donc transité via un réseau fiable d’agents impériaux pour remonter jusqu’aux oreilles de Samara. Elle avait donc sollicité un entretien avec Mélinda et Vanillia.
« Comme tu le sais, le précédent shogun, Hirohito Marashima, était un homme… Redoutable. Il était en lien avec d’autres personnes tout aussi redoutables, et c’est d’ailleurs pour cela que je m’adresse à toi et à ta femme. Hirohito commandait à ton père, Vanillia, des mutagènes, des cobayes vampires, dans le cadre d’expérimentations génétiques des plus sinistres. »
Cela faisait froid dans le dos. Mélinda savait que le père de Vanillia était obsédé par la puissance, et qu’il cherchait à devenir un Vampire Ascendant, un terme spécifique désignant une sorte de vampire supérieur… Un rituel sinistre qui aurait impliqué le sacrifice de sa chère Vanillia, s’il n’avait été stoppé dans sa folie par la mère de Vanillia, qui avait aidé celle-ci à s’enfuir, et à récupérer ensuite le domaine familial. Depuis lors, l’énorme château des Carlberg était coupée en deux, avec une partie qui leur appartenait toujours, et une autre toujours sous le contrôle de son père.
« Et en quoi cela concerne le Tao-Bong ?
- J’y viens, ma chère. D’après ce que j’ai entendu, les expérimentations d’Hirohito impliquaient une personne bien spécifique, dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler… Kazan Yamaoka. »
Un nom qui ne disait effectivement rien à la vampire. Samara leur expliqua que Kazan Yamaoka était un ancien samouraï du Tao-Bong, le fils du seigneur Yamaoka. Un samouraï très rigoureux, qui avait mal apprécié certaines réformes, notamment la possibilité offerte à des fermiers et à de simples paysans de porter des armes, et de devenir des samouraïs.
« Kazan voyait cela comme un déshonneur, car il pensait que seuls des individus d’élite puissent être des samouraïs, à même de respecter les principes et valeurs du Bushido, le code d’honneur des samouraïs. La colère de Kazan l’a toutefois éloigné des règles du Bushido. »
Cette réforme-là, Mélinda la connaissait. Le Tao-Bong devait régulièrement faire face à des attaques d’onis, de bandits, et d’autres créatures. De plus, le Shogunat contribuait aux efforts de guerre de l’Empire, et cela impliquait d’avoir une main-d’œuvre conséquente. Pour cela, le clan du Crabe, qui était chargé de la défense du Shogunat, menait des campagnes de recrutement parmi les basses classes sociales. Mélinda n’était pas une soldate, mais elle avait elle aussi commencé comme esclave. Des individus comme Kazan lui étaient donc presque instantanément désagréables. Samara leur expliqua que Kazan avait été chargé de former de jeunes recrues. Une formation qui l’avait profondément horripilé, à tel point qu’il avait envoyé ces recrues dans une mission suicide, provoquant la décimation de toute son unité. Une enquête avait eu lieu, révélant que, non seulement des recrues ne devaient pas mener une telle mission, mais que Kazan avait aussi tué les quelques survivants. Les autopsies avaient montré que certaines victimes avaient été fracassées par le terrible konobo de Kazan.
Kazan avait alors choisi de fuir, et d’écumer le territoire du Tao-Bong, en attaquant les fermiers et autres mercenaires. Petit à petit, l’homme, qui était particulièrement grand, avait été surnommé « Oni-Yamaoka », soit l’Ogre de Yamaoka. Un surnom qui déclenchait également sa fureur, et dont l’appellation venait d’un seigneur du Tao-Bong. Kazan, dans sa folie meurtrière, avait fini par croiser un samouraï masqué cherchant à l’arrêter.
« Le combat entre les deux a été éprouvant, mais Kazan l’a remporté. Il a alors constaté que cet homme était son propre père, qui, rempli de honte par ce que son fils était devenu, avait cherché à le stopper lui-même. »
Suite à ce parricide, Kazan avait alors entrepris de tuer le seigneur qui l’avait qualifié d’oni. Il avait attaqué son palais, affrontant les samouraïs du seigneur. Comme possédé par le diable, Kazan avait réussi à combattre les samouraïs de ce dernier, puis avait tué le seigneur. Et, au moment de sortir, il avait été accueilli par les habitants du village. Armés de faux, de faucilles, et d’autres armes rudimentaires, les gens que Kazan méprisait avaient réussi à le blesser mortellement. Ils l’avaient ensuite enfermé dans un moulin pour qu’il y meure.
« C’est du moins la version officielle. L’ancien Shogun, Hirohito Marashima, avait entendu parler de ce Kazan. Il remplissait visiblement toutes les conditions pour ses expériences. Les villageois avaient refusé d’accorder à Kazan une mort rapide, et l’ont laissé mourir de ses blessures dans un moulin. J’ignore encore comment il s’y est pris, mais Hirohito a réussi à récupérer Kazan, à le maintenir en vie, et l’a secrètement ramené dans l’ancien domaine familial de Kazan, un endroit abandonné. »
L’actuelle Shogun avait récemment entendu parler de cette histoire. On disait qu’un Oni rouge était apparu dans la région de Yamaoka, et qu’il était doté de pouvoirs surnaturels, ainsi que d’un konobo monstrueux. Il avait attaqué des fermiers. Des soldats avaient aussi combattu l’Oni, et avaient pu le blesser. L’examen du sang de la bête avait permis de révéler qu’il abritait des gènes vampiriques.
« Ce sont vos gènes qu’on a retrouvé dessus. Je vous laisse imaginer le scandale. Le pouvoir de l’actuelle Shogun est instable. Elle appartient à un clan, le Scorpion, qui est peu apprécié par certains clans du Tao-Bong. Ces autres clans pourraient volontiers tirer profit de l’existence de ce monstre pour dire qu’il a été conçu par l’Empire. Cela irait contre les intérêts communs de l’Empire et de la Shogun actuelle. Je souhaite donc que tu te rendes sur place, Mélinda, pendant que Vanillia utilisera les éléments que nous avons sur ce monstre pour concevoir un élixir capable de l’affaiblir. »
Mélinda aurait été tentée d’y aller avec Vanillia, mais c’était elle l’érudite, et son laboratoire n’était pas transportable. De plus, il fallait bien veiller sur leurs deux filles, Elizabeth et Alice. Mélinda entreprit néanmoins de e rendre sur place en compagnie de son frère, Bran, et de sa première fille vampirique, Akira Warren. Une fois sur place, il suffirait à Mélinda d’installer une orbe pour que Vanillia puisse la rejoindre. Discrétion oblige, les trois avaient emprunté des chevaux, sans utiliser des moyens de transport publics. Leur point de rencontre était un endroit discret à Kyudan, où ils rencontreraient la Shogun par le biais de l’un de ses hommes de main, un certain Hanzo…