The Multiversity

Depuis leurs « retrouvailles », C-22 et C-23 vivaient heureuses auprès de leurs mères, deux petits anges qui feraient tout pour le sourire de leurs mères. Que ce soit simplement de rester sages dans un coin ou l'aider d'une façon ou d'une autre dans ses recherches, elles étaient prêtes à tout ! Elles avaient leur petite vie de famille, comme promis par Flora, les filles ont eu chacune un petit chat à gérer, elles ont déménagé dans un appartement plus grands, non pas que dormir dans le lit de leur mère, tous les soirs, les dérangeaient, c'était une idée de Flora après tout. Mais même si à présent, elles avaient chacune leur chambre, neuf fois sur dix, elles dormaient avec elle ! Quand ce n'était pas le cas, c'est que Flora ou les filles s'endormaient dans leur coin pendant de longues recherches. Même si la question avait mainte fois été posé et survolé, jamais leur mère ne s'était décidé sur la suite des événements. Certes, ses recherches étaient importantes et les jumelles pouvaient lui retirer une sacrée épine du pied en allant sur le terrain tandis qu'elle restait ailleurs pour continuer ses recherches plus scientifiques, mais il fallait aussi sauver les apparences.

C'est pourquoi, elle a finalement décidé que ses filles fréquenteraient le lycée, sous une fausse identité, bien sûr. Et Flora aura aussi un rôle là-bas, elles ignoraient si elle était professeur, secrétaire, infirmière ou autres, mais elle sera là pour veiller sur elles. Elles ont combattu des robots et des créations faites pour se battre contre des supers, ce n'est pas une bande de gamins qui se prennent pour les maîtres du monde qui iront leur faire peur ! Même tout le lycée sur elles, ce ne serait rien pour elles de s'en débarrasser ! Sans leur faire mal ? Ce sera compliqué, mais elles arriveront à s'échapper de leurs griffes. Attendant la rentrée qui avait lieu au printemps, les filles intégraient désormais le lycée, même si leur niveau intellectuel était bien au-delà de ce genre de programme. Il fallait répondre juste, mais pas trop pour ne pas trop attirer l'attention. Ordre de leur mère, elles n'iront pas contre. Vu leur physique, un nom occidental collerait mieux qu'un nom japonais. Après quelques recherches de la part de Flora, elle avait retrouvé leur ancienne identité. Même si elles ne conservaient pratiquement aucun souvenir de leur vie d'avant. Marie était celle qui avait une douce odeur – et goût – de vanille, Maria était donc sa sœur. Mais pas question de reprendre le nom de Gero, il fallait quand même rester discret. Gardant un « lien » avec leur mère, leur nom de famille était Flower, ça restait mignon. Après tout au Japon, le prénom Sakura – fleur de cerisier – ou simplement Hana - fleur - était courant alors un nom de famille qui veut dire Fleur, pourquoi pas !

Cela dit, comme au Japon, on nomme les gens par leur nom de famille pour plus de politesse, les jumelles auraient dû être séparées, mais le « hasard » des affectations les avait amenées dans la même classe. Bien entendue, Marie se montrait rapidement gentille, douce et aimable, quoi qu'un peu timide, là où Maria avait vite fait comprendre qu'on devait la laisser tranquille et surtout pas embêter sa sœur jumelle ! Deux salles, deux ambiances. Pour le moment, elles devaient jouer leur rôle, ordre de leur mère. Pour quelle raison ? Ça, c'était son petit secret. Un projet important qui impliquait que les filles doivent intégrer le lycée ? Ou l'envie d'avoir un semblant de vrais famille et voir ses filles en uniforme scolaire ?

Flora Delacroix n’aurait jamais cru avoir la fibre maternelle. Avoir des enfants ne l’avait jamais tenté. Elle avait pu y songer avec le Docteur Gero, mais elle savait que leur relation n’aurait jamais été jusqu’à avoir des enfants. Ils s’étaient tous les deux consacrés à leurs recherches cybernétiques, et faire des enfants n’avait donc jamais été envisagé, vu la gêne que cela induisait. Flora avait donc été surprise de constater que le Docteur Gero avait programmé deux cyborgs, C-22 et C-23, pour être ses enfants. Et, le plus surprenant, c’était aussi qu’elle avait accepté ces deux androïdes comme ses filles. Elles avaient emménagé à Atarashï Yoake, où Flora avait initialement un pied-à-terre. La cyborg avait rapidement emménagé dans un plus grand appartement, et avait décidé de sociabiliser ses filles. Elle avait donc inscrit celles-ci au lycée, tout en leur expliquant préalablement ce qui les attendrait. Elle avait conçu une fausse identité en utilisant ses contacts, ceux qu’elle utilisait pour enquêter sur l’HYDRA et pour retrouver le Docteur Gero. L’idée était pour elles de mener une vie de famille aussi normale que possible, une famille fondée sur un amour solide et intangible. Elles avaient chacune une chambre, mais elles dormaient avec Flore, faisant très souvent l’amour. Dans ce grand appartement, Flora disposait de son propre laboratoire, et continuait ses recherches, y compris sur ses filles.

Aujourd’hui, c’était toutefois une autre activité qui attendait ses filles… Leur rentrée scolaire ! Elles rejoignaient l’année scolaire en cours de route, et les séparer était inenvisageable. Elles allaient toutefois vite comprendre que leur mère était très possessive, et que Flora ne comptait pas les laisser au lycée sans être proche. Après tout, si Marie était plutôt douce et timide, Maria était plus nerveuse. Un accident était si vite arrivé ! Les deux jeunes filles furent donc introduites à leur nouvelle classe dans un premier cours, et s’assirent chacune à une table, voisines l’une de l’autre. Les élèves les saluèrent naturellement, et le cours se poursuivit ensuite tranquillement.

« C’est quand même curieux… De nouvelles élèves, et une nouvelle prof’ dans la même journée…
-  On la voit au prochain cours, justement. »

Le prochain cours était le cours d’informatique et de technologie. Au Japon, il fallait rester à la pointe de la technologie, alors le lycée Jinmu disposait de cours d’informatique, et disposait d’un parc informatique assez moderne, qui avait coûté une petite fortune. Les deux filles suivirent donc les autres jusqu’à la salle d’informatique. Les élèves aimaient plutôt ce cours, qui étaient souvent l’occasion de flâner sur Internet. En rejoignant la salle, les sœurs Flower purent sans doute être surprises… Car la nouvelle professeure d’informatique n’était autre que leur mère. En la voyant, la plupart des élèves manifestèrent leur surprise. La nouvelle prof’ était une vraie bombe sexuelle !

« Ce qu’elle est bonne, bordel…
-  C’est là que je me dis qu’on est chanceux d’être ici, tu as vu le nombre de profs sexys qu’on a ? Mate-moi ses nichons ! »

Avec sa longue chevelure, ses lunettes, et sa longue robe à carreaux rouge et bleue, Flore avait un style indéniable.

« S’il-vous-plaît, installez-vous derrière vos ordinateurs ! Je suis votre nouvelle professeur, Delacroix-sensei ! »

Elle se déplaça lentement, faisant claquer ses talons, affichant un regard strict, tout en se rapprochant des sœurs Flower… Et croisa brièvement leur regard.

*Me voilà, mes amours, Maman veille sur vous…*

Han, ce qu’elles étaient mignonnes dans leurs sailor fuku ! Flore cligna des yeux rapidement, et entama le cours d’informatique, ayant hâte d’arriver à la fin de cette heure, pour le simple et unique plaisir de retrouver ses filles…

Ce n'était pas une surprise de voir que le comportement qu'aurais les filles, au quotidien, ça serait plus ou moins pareille au lycée. Marie la douce jeune fille charmante, mais un peu timide, Maria plus directe et peu commode. Elles avaient bien conscience qu'ici, il ne fallait pas faire de faute et éviter la bagarre, face à un être humain, un simple coup pourrait les tuer. Même si elles pourraient vite découvrir que ce lycée n'abritait pas que des humains, la grande majeure partie des élèves étaient de simples enfants sans pouvoir ou autres. Bien sûr, elles savaient que leur mère serait ici, même si elles ignoraient sous quel rôle ? Marie supposait en infirmière de l'école, ce serait une excuse facile pour aller la rejoindre, il suffirait d'avoir sur son dossier un petit souci de santé qui justifierait toutes ses sorties vers l'infirmerie. Mais Maria la pensait plus en secrétaire, un travail plus discret dans l'ombre du lycée, au moins là-bas, il y aura moins d'élève pour l'approcher alors que là... Et justement, elle était venue en professeur d'informatique. Cela leur faisait plaisir, elles étaient contente de revoir leur mère ici, en secret, mais les commentaires des élèves attiraient déjà les premières foudres des jumelles...

Elles n'allaient pas faire de bêtise, mais ça se comprenait facilement. Personne n'aimerait qu'on parle de sa mère dans ce genre de terme peu flatteur. Oui, elle était belle et elle était aussi très sexy à la maison, même ici, mais entendre ses jeunes en rûtes parler comme ça ! Garçons ou filles, un peu de respect ! Supporter ce genre de commentaire toute la journée, les jumelles risquaient vite de faire savoir qu'il fallait respecter les gens. Oui, elles n'allaient pas vendre la mèche sous l'effet de la colère, mais elles pouvaient prétexter être très à cheval sur la politesse et donc, qu'elles n'ont pas aimé leur façon de parler. Elles sont plutôt petites et menues, mais ici, personne ne devait leur arriver à la cheville en terme de force pure. Ou alors il n'y avait qu'un ou deux élèves. Les jumelles jouaient le jeu, sans se faire remarquer ou autres, elles aidaient leur mère à la maison, mais sans être idiote ou surdouée, elles avaient une intelligence dans la moyenne, il y a juste le fait que le docteur Gero leur avait installé toutes les langues, selon le pays où Flora aurait pu se cacher, pour facilité les recherches. Donc ici, le Japonais, l'Anglais ou même une troisième langue, elles auraient d'avance aucun souci ! Mais les autres matières, c'est au bon vouloir des filles et de leurs efforts.

Mais à trop entendre de commentaires déplacés dans leurs dos, Maria préférait se battre sans violence, quitte à avoir une mauvaise réputation, elle s'en fichait. Elle ne pouvait pas les empêcher de penser autrement, ni d'en parler en privé, mais au moins, en sa présence. Maria leva la main et annonça sans aucune gêne son souci.

« Senseï ! Désolé de vous déranger, mais mes voisins de derrière n'arrête pas de dire des choses déplacées à votre sujet, cela m'empêche de me concentrer. »

S'il le faut, Marie en fait autant pour valider les dires de sa sœur. Elle se fichait de se faire des ennemis, elle ne craignait pratiquement personne ici, elle était là pour « son éducation », donc en rien, elle devait faire copain-copain avec ce genre de singe ! Elle aura sûrement des ami/es au cours de l'année, mais pas forcément ce genre de type avec qui, tôt ou tard, elle lui aurait fait comprendre de façon plus violente qu'il ne fallait pas dire ce genre de choses sur sa mère.

Celui qui avait dit que tenir un cours était facile ne s’était jamais retrouvé à la place de Flora. La jeune femme n’avait jamais été formée pour apprendre à enseigner, et elle ne savait donc pas trop comment s’y prendre. Et, de fait, elle avait surtout rejoint ce lycée parce qu’elle savait que l’administration scolaire du lycée n’était pas trop regardante sur les personnes qui venaient ici, et pour pouvoir veiller sur ses filles.  Flora était suffisamment lucide pour savoir qu’il était dans l’intérêt de sa famille de faire profil bas, et que personne ne sache qui elles étaient vraiment. C’était sa seule priorité, et, le cas échéant, elle était prête à déménager très loin, voire à changer de pays. Comme c’était amusant ! Elle qui n’avait jamais eu d’enfant, et n’en avait jamais vraiment désiré, se découvrait une fibre maternelle, une inquiétude réelle pour des cyborgs qui ne partageaient même pas son sang ! Comment expliquer cela ? Elle en était en tout cas bien incapable !

« Le cours d’informatique implique une formation basique au fonctionnement d’un ordinateur. Je constate avec satisfaction que vous savez tous vous en servir. Qui n’a pas d’ordinateur chez lui ? »

Aucune main ne se leva. Satisfaite, Flora hocha la tête, et se racla la gorge. Dans la salle d’informatique, il n’y avait pas un tableau au fond, mais plusieurs rangées d’ordinateurs, et Flora se déplaçait entre les rangées. L’ambiance était donc naturellement plus détendue pour les élèves, ce qui amena évidemment Flora à entendre certains commentaires sur elle. Cela ne la choqua pas outre mesure. C’était la puberté, après tout !

« Ce qui est amusant, c’est que, si nous utilisons tous un ordinateur, la définition même de ce qu’est un ordinateur est en soi complexe. Si on estime communément que le premier ordinateur historique est le Harvard Mark I, créé en 1944, selon la notion qu’on rattache à celle d’ordinateur, on trouve des prémices de cette notion dès le 19^ème siècle. Mais bon, vous n’êtes pas là pour un cours sur l’historique de l’informatique. Si vos ordinateurs sont prêts, nous allons… »

Flora se tut brusquement, car sa Maria signala alors que des garçons faisaient des commentaires désobligeants sur elle.

« Putain, c’est qui cette cafteuse ?!
-  On a rien fait, Madame !
-  Silence ! » s’exclama Flora.

Un moment de flottement parcourut la salle de classe. Flora se pinça les lèvres. Elle devait aussi apprendre à ses filles à savoir se tenir à carreau, mais elles n’étaient pas en tort.

« Takeshi-san, Akemi-san, que je ne vous y reprenne plus, ou je vous mettrais une sanction ! »

Les deux garçons grommelèrent, et Flora se retourna ensuite vers Maria.

« Il en va de même pour vous, Maria-san. Si vous souhaitez dire quelque chose, il faut lever la main, et attendre que je vous donne la parole. Est-ce bien compris pour vous trois ? »

Takeshi et Akemi acquiescèrent, non sans jeter un regard noir à Maria. Flora devait se montrer sévère, car elle était après tout la professeur ici !

Pour les filles, toute cette mise en scène était juste pour faire plaisir à leur mère, elles n'avaient pas vraiment besoin de ça pour vivre. Mais elles feraient tout pour leur mère alors si cette dernière voulait qu'elles aillent au lycée, simplement ou avec une idée derrière la tête, elles étaient d'accord. Alors forcément, elles voulaient bien faire, mais entendre ses maudits macaques parler ainsi de leur mère, elles n'étaient pas très contentes d'entendre une telle chose ! Elles ne pouvaient pas en venir aux mains, elles allaient le tuer, alors elles devaient faire avec les armes qu'elles avaient en main. Leur mère remit les deux élèves à leur place, mais elle n'oubliait pas d'en faire autant avec sa fille, sans vraiment la réprimander, mais de suivre les règles. Elle n'allait pas en démordre, toute fière qu'elle était.

« Si l'on doit me montrer du doigt, car je dis la vérité, soit. Et puis je dis ça pour mes camarades aussi, ils gênent notre concentration à suivre vos cours, Senseï. Excusez-moi de cette petite intervention. »

Elle se fichait de passer pour une cafteuse assidue de la classe, elle avait raison et elle le savait. Même si sa sœur jumelle, Marie, ne disait rien, elle acquiesçait doucement. Après tout, ils se seraient tenue à carreau, sans déranger le cours, elle n'aurait rien dit et tout cela ne serait jamais arrivée. De toute façon, sauf, si cet imbécile cachait bien son jeu, elle ne craignait rien de ce genre de merdeux qui ne pissait pas bien loin. Il va vouloir jouer les gros bras, mais C-23 ne bougera pas d'un poil face à ses menaces ou démonstration de force. Pour la suite, les jumelles restaient fidèles à ce que leur mère attendait d'elles, deux anges parfaitement sages et assidus de son cours – et des autres aussi, mais là, Flora était au premier rang pour voir ça. Il y avait bien des élèves sérieux au Japon, même ici, mais les jumelles faisaient partie du haut du panier. Si personne ne dérange le cours, elles ne disent rien. Elles répondaient parfois aux questions posées, laissant aussi leurs camarades participer, tous les lauriers ne doivent pas leur appartenir.

De toute évidence, il allait être difficile d’insérer socialement ses deux filles dans le lycée. Elle leur avait dit d’être discrètes ! Malheureusement, C-23 n’était pas du genre à rester silencieuse, Elle le fit encore observer, et Flora se pinça les lèvres, consciente qu’elle allait devoir agir, avant qu’un drame n’arrive. Personne ne pouvait sérieusement embêter C-23, mais Flora tenait à éviter qu’elle ne tue un élève par inadvertance ! Elle reprit donc le cours, et celui-ci se déroula sans accroc, mais l’élève qui s’était fait griller jetait des regards noirs à C-23. Il y aurait des représailles, très certainement ! Flora allait donc devoir agir très rapidement, afin d’éviter un désastre. Quand le cours se termina, elle demanda à C-23 de venir lui parler après la fin du cours. C-22 resta naturellement sur place, et Flora attendit que les élèves sortent pour regarder ses filles.

« Tu dois te calmer, ma chérie ! s’exclama Flora à destination de C-23. Je vous ai dit que je ne voulais pas que vous attiriez l’attention ! Cet individu idiot va vouloir se venger. Tu crois vraiment que je ne peux pas endurer de telles remarques ? Que des élèves commentent le physique d’un professeur, c’est on ne peut plus banal ! »

Flora était énervée. Elle n’aimait pas ça, mais c’était aussi son rôle de mère, de devoir rabrouer ses filles. C-23 était la plus autoritaire de ses deux filles, celle qui n’hésitait pas à parler, à défendre sa mère. C’était bien sûr tout à son honneur, mais elle ne pouvait s’empêcher de trouver ça puéril.

« Qu’est-ce que tu vas faire s’il veut t’embêter ? Tu vas lui arracher un bras ? Le jeter à travers un mur ? Tu dois te contrôler, ma chérie ! Sinon, nous devrons fuir, et ce n’est pas ce que je veux pour vous. Vous êtes mes filles, et vous devez savoir que je vous aime profondément. Je veux d’une vie normale pour vous, que vous vous fassiez des amis, que vous vous insériez, et que vous profitiez de toutes ces petites choses insignifiantes que la vie peut offrir… Mais cela n’arrivera pas si vous commencez comme ça. Le mieux que tu devrais faire, en fait, ce serait de lui présenter tes excuses, et faire en sorte que ça en reste là avec lui. Les adolescents sont des idiots, alors, même si ça te semble injuste, et que ça l’est très certainement, il me semble que c’est pour autant la chose la plus intelligente à faire… Lui dire que tu t’excuses de l’avoir dénoncé ! »

Bien entendu, à moins qu'ici, dans ce lycée, il n'y ai un mutant ou une personne avec un fort pouvoir, elles ne risquaient pas grand-chose. Même dans cette optique, au pire, elles peuvent échanger quelques coups et, même si c'était un peu prétentieux de leur part, les deux humains artificiels ne craignaient pas beaucoup de choses. Elles ont été calquées sur les compétences de leurs prédécesseurs, à savoir les jumeaux Lapis et Lazuli, plus connue sous leur nouveau nom, C-17 et C-18. Qu'elles soient plus faibles, plus fortes ou au même niveau que ses derniers, ça importait peu, elles restaient dangereuses pour de simples humains. Mais justement, elle n'aimait pas la façon dont cet abruti avait pu parler de sa mère ! Même si cela était secret, c'est normal, qui aimerait entendre ce genre de commentaire déplacer sur celle-ci ? C-23 ne redoutait en rien les représailles, même en se laissant faire pour ne pas le tuer par accident, il ne pourrait rien. Même un coup de couteau ne saurait entailler sa peau. Une force humaine avec une arme si primitive ? C'était incompatible. A la fin du cours, les jumelles devaient donc échanger avec leur mère même si c'était surtout pour que C-23 se fassent savonner sur son comportement.

« Je veux bien supporter leurs pensées, car heureusement, je ne les entends pas et je peux pas les empêcher de penser ce qu'ils veulent. Mais en ma présence, c'est pas question qu'ils te dégradent comme ça ! »

Les jumelles laissaient leur mère vivre sa vie à sa façon, jamais elles ne l'empêchaient de voir des gens ou autres, tant qu'elles savaient où elle était, elles seraient rassurées. Même si depuis leur rencontre, elles avaient passé leur temps toutes les trois ensemble et que jamais une quatrième personne s'était glissé dans leur famille ? Flora devait bien comprendre ce qu'elle voulait dire, dans le sens inverse, ce serait compréhensible, si jamais elle entendait un vieux pervers parler de faire certaines choses à ses filles, peu de chance qu'elle en rigole. Même si Flora n'avait pas le même attachement envers ses « filles » qu'elles pour leur mère, ces dernières avaient beau n'avait aucun réel lien de sang avec elle, leur programme la désignait comme leur mère, même en sachant ne pas avoir grandis dans son ventre, une famille ne veut pas forcément dire partager le même sang. Mais cette dernière insistait pour qu'elle s'excuse auprès de ce sale type. Chose à quoi, C-23 grimaçait en détournant le regard. Elle n'aimait pas ça, mais elle le fera, c'était un ordre de sa mère après tout...

« Ok... je le ferais... »

Cela ne lui plaisait pas... mais bon, Flora avait le dernier mot, sur ça, au moins, elles écoutaient leur mère. Elles donnaient leur avis, affichant leur accord ou désaccord, mais c'était elle qui décidait au final.

Devant la petite mine boudeuse de C-23, Flora continua rapidement ses explications.

« Ma chérie, ton amour envers moi me touche sincèrement, mais je n’ai pas besoin que tu me protèges, tu sais… Alors, ne t’en fais pas. Et puis, tout à fait entre nous… Savoir que les jeunes fantasment sur moi, ce n’est pas totalement déplaisant. »

Les deux cyborgs seraient sûrement gênées par de tels propos. Elles avaient beau avoir une force herculéenne, elles fonctionnaient encore de matière très enfantine. Pour autant, elles dormaient toutes les trois dans le même lit, et faisaient chaque nuit l’amour. Elles avaient pu remarquer que Flora était très gourmande, avec un appétit insatiable. Il fallait en réalité assez peu pour qu’elle soit comme ces autres professeurs, et qu’elle multiplie les amants chez ses propres élèves. Elle s’y refusait encore, mais cela était surtout lié à la présence de ses filles. Elles canalisaient ses ardeurs et sa soif. C-21 reprit donc :

« Ne soyez pas si choquées, je reste une femme, vous savez. À mon âge, on s’inquiète de ne plus plaire… Mais peu importe ! La priorité, c’est vous, les filles ! Donc, pas de bêtises ! Et n’oubliez pas que vous devez rejoindre un club, aussi… Si vous ne savez pas dans quel club aller, il y a le club social, il est détenu par les Morimoto. C’est la famille la plus riche de la ville, peut-être même du Japon. »

Elles n’avaient pas encore choisi, et devaient le faire d’ici à la fin de la semaine. Cela impliquait aussi moins de temps entre elles, mais c’était comme ça. Il fallait parfois savoir se sacrifier. Flora n’avait plus rien à leur dire, mais, avant leur départ, elle réclama ce à quoi elle avait naturellement droit, s’engonçant tout naturellement dans son fauteuil.

« Allez, embrassez-moi avant de partir ! »

Flora avait beau pouvoir se défendre seule, les jumelles pensaient avant tout à protéger leur mère, que ce soit un terroriste ou un moustique, même combat ! Supporter ces jeunes gens en pleine éruption d'hormones était une chose, entendre leurs commentaires, s'en était une autre ! Si C-23 fut la première à agir pour stopper cela, c'était en réalité préférable. Elle était sanguine et agissait rapidement, mais si ça aurait été sa sœur jumelle, le message serait arrivée plus tardivement, mais la punition serait arrivée bien plus vite aussi. Il fallait se méfier de l'eau qui dort après tout. Leur mère ne leur en voulait pas, mais oui, tout ce qui la concernait, elles faisaient autant attention que leur mère à ce sujet, ce n'était plus de la méfiance, juste un grand amour pour elle. Certes, elles pouvaient facilement devenir jalouses si Flora passait du temps avec une autre personne, surtout en intimité, mais elles comprendront sûrement si jamais elle tombait amoureuse ou autre, mais elles voulaient toujours obtenir leur quota de câlin quotidien et sur ce point-là, elles seront intransigeantes ! Mettant fin à cela, elle leur rappelait leur but avant de demander une dernière chose à ses filles. Pour le coup, C-22 fut la première à venir se pencher sur elle, lui baisant la joue lourdement, toujours aussi heureuse de faire plaisir à sa mère ! C-23 fut plus réservé, toujours un peu boudeuse, même si elle savait que sa mère avait raison, mais il en était ainsi.

Quittant donc la salle de classe, les jumelles avaient une mission, même si l'une des deux en avait une de plus. Direction ce fameux club social et elle ira s'excuser si jamais elle tombait sur l'autre débile en cours de route. Elles ignoraient ce que c'était vraiment que ce club, avec un nom pareil ? Autant, un club de sport, un club manga, un club photo, facile de voir le lien, mais un club social ? Fallait se faire le plus d'ami ? Enfin, si c'était une demande indirecte de leur mère, elles obéiraient, de toute façon, elles ne voulaient pas lui déplaire, mais faire tout ce qu'elle attendait d'elles. Mis à part que le club était detenue par une puissante famille, elles devaient s'en rapprocher donc ? Pas forcément, car leur mère le leur avait indiqué si elles ne savaient pas où aller, étant un peu feignantes et trop « douées » pour le reste – sport ou étude, elles étaient bien au-dessus de simples humaines – autant prendre cette voie. Mais justement, en chemin, elles croisaient le chemin des deux débiles, enfin, y en avait un plus que l'autre, mais ils se valaient sur ce domaine.

« Hey ! Une minute. »

C-23 devait bien faire, on ne pourra pas dire qu'elle ne faisait pas d'effort comme ça. Face à cette andouille, le visage en rien désolé de son action, elle allait quand même faire ce que sa mère attendait d'elle.

« Désolé de t'avoir balancé en cours, mais faut savoir que je déteste qu'on parle dans mon dos en pleins cours. On est là pour apprendre, alors restons concentré sur ce point. »

En réalité, elle s'en fichait, avec un/e autre prof, il aurait pu parler autant qu'il le voulait, pas de chance, il avait parlé de leur mère... Point final avec eux ou les ennuis allaient continuer ?

Après cette petite mise aux points, Flora laissa ses deux filles filer, tout en espérant sincèrement qu’elle n’aurait droit à aucune autre catastrophe dans le courant de la journée !

*J’ai quand même pris de sacrées risques en les amenant ici…*

Flora espérait en tout cas qu’elle n’aurait pas à le regretter ! Elle avait décidé de faire confiance à ses filles, de se dire qu’il était important de les sociabiliser, qu’elles apprennent à contrôler leurs émotions sans détruire un immeuble à chaque fois. Car, aussi adorables soient-elles, ses filles étaient quand même des cyborgs surpuissantes, qui avaient mené une campagne violente contre l’HYDRA. Elles étaient de fait des cibles, et Flora ne pouvait compter sur personne. Le SHIELD voudrait les enfermer toutes les trois. Leur seule solution était donc la clandestinité, et Flora, pour l’heure, s’en sortait plutôt bien. En tout cas, elle se félicitait que le cours se soit plutôt bien passé.

De leur côté, les deux filles rejoignirent donc l’élève que C-23 avait rabroué, et elle lui présenta sommairement des excuses. Le jeune homme, surpris, les observa toutes les deux, sans trop savoir quoi dire.

« Je n’ai pas parlé dans ton dos ! protesta-t-il. Je parlais de Delacroix-sensei ! »

Ils avaient rejoint la salle de cours. Leur professeur n’était pas encore là, et, comme à chaque fois, les élèves discutaient entre eux, de chose et d’autre. Le jeune homme s’écarta précipitamment, et les deux cyborgs purent alors s’asseoir. Une jeune femme ne tarda pas à les rejoindre. Belle et impeccable, elle avait des cheveux argentés noués par une natte. Karen Himeki n’était pas n’importe qui, elle était la Vice-Présidente du Club social d’Atarashï Yoake, et elle leur sourit doucement.

« Salut, les filles ! On ne vous a encore jamais vu dans le coin, si ? Vous avez une idée du club que vous allez rejoindre après les cours ? Oh, je m’appelle Karen Himeki… Vous pouvez m’appeler Karen-chan ♥ ! »

Elle leur fit un ravissant sourire, plein d’empreint et d’énergie !

Un risque ? Peut-être. Elles pouvaient se fondre dans la masse et rester discrète, mais il est vrai que dés que l'on disait du mal de leur mère, elles voyaient rouge. Gero avait fait en sorte que leur amour envers leur « mère » soit si fort et puissant que, quand bien même elle pouvait se défendre seule, elles voulaient empêcher le moindre problème de lui arriver dessus. Ne serait-ce qu'un petit caillou porté par une bourrasque. Ainsi, les deux filles avaient retrouvé l'élève en question et C-23 s'excusa, quand bien même elle avait toujours une petite pointe de haine envers lui, et ses commentaires ne faisaient que confirmer ce qu'elle pensait de lui, mais... pas de vague, elle laissait couler tant bien que mal. Tandis que le prochain cours risquait de commencer, une élève vint à elles, une certaine Karen Himeki. Elle apparaissait comme une gentille fille, venant les inviter plus ou moins dans le fameux club que leur mère avait évoqué. Elles avaient étudié certains dossiers pour mener à bien leur mission après tout. Une sacrée chance, mais il ne fallait pas mordre trop vite à l'appât, ça pourrait avoir l'air louche. C-22 répondit en premier donc, espérant éviter une bourde de sa sœur jumelle.

« Nous sommes enchantées de faire votre connaissance, Karen-chan. Nous ne savons pas encore, nous n'avons même pas eu le temps de bien se renseigner sur les différents clubs. Vous êtes dans quel genre de club ? Sportif ? »

Vu son apparence, elle aurait pu faire partie du club de tennis, même si les deux filles savaient précisément de quoi il s'agissait, mais il ne fallait pas se trahir pour mener à bien leur mission.

L’insertion sociale de C-22 et de C-23 représentait un problème complexe, puisqu’elles n’avaient jamais vraiment appris ce genre de choses. Les deux cyborgs étaient avant tout des armes, des forces destructrices qui n’avaient jamais eu la chance d’avoir une vie normale. Flora essayait donc de faire ce qu’elle pouvait pour rectifier le tir, dans la mesure du possible. Cela était d’autant plus curieux qu’elle n’avait même pas conçu ou porté les deux cyborgs, mais elle les considérait malgré tout comme ses filles. Comme quoi, la filiation était parfois quelque chose de complexe. Les deux cyborgs étaient donc face à Karen Himeki, qui leur sourit doucement, et s’assit à côté d’elles en attendant la venue du professeur.

« Pas vraiment… En fait, j’appartiens au club social. C’est le plus gros club du lycée, et le plus ancien aussi. Il est détenu par les Morimoto, la famille la plus riche de la ville. Le club social vise à rapprocher ses membres autour d’activités diverses, mais essentiellement culturelles. Comme vous venez de débarquer au lycée, je pense que ce serait le meilleur club pour vous. Comme on est nombreux, il y a deux types de réunions : celles en comité restreint, qui sont présidées par des gens comme moi, et qui servent de sélection, et les réunions complètes du club, dans le manoir des Morimoto. »

Le club social était influent, car beaucoup des habitants de Yoake étaient endettés auprès des Morimoto. Les parents endettés inscrivaient ainsi leurs enfants au club social pour bénéficier de remises de dette, pouvoir renégocier plus facilement les emprunts souscrits auprès du groupe financier Morimoto. Les Morimoto contrôlaient par ce biais une bonne partie de la ville, mais aussi du lycée. Il n’y avait donc rien d’innocent à rejoindre le club social, mais C-22 et C-23 n’avaient pas vraiment d’alternative. Rejoindre un club était obligatoire, mais, pour éviter les difficultés, les Morimoto organisaient des réunions réduites. Karen était habilitée à organiser ces réunions, et elle servait ainsi de filtre pour voir si les nouveaux adhérents étaient fiables à rejoindre le club ou non.

« Je ne vous demande pas une réponse immédiate, mais réfléchissez-y... Vous pouvez rejoindre plusieurs clubs, mais il faut au moins être dans un club, on a dû vous le dire, non ? Tant que ce ne sera pas fait, vous serez toujours considérées comme des étrangères. C’est comme ça que ça marche ici ! »

Les filles n'avaient pas trop le choix, leur mère voulait qu'elles se fondent dans la masse, qu'elles se rapproche de ce groupe Morimoto, pour des raisons qui la regardaient, mais les jumelles ne discutaient pas les ordres de leur mère de toute façon. Si c'est ce qu'elle voulait, alors soit ! Mais puisqu'elles en avaient l'occasion, elles n'allaient pas sauter à pieds joints dedans, elles voulaient quand même ne pas avoir l'air louche à les rejoindre de suite, il fallait user d'un minimum de subtilité. Himeki tentait de leur ouvrir la porte, expliquant ce qu'était le club, ce qui était possible de faire, etc, mais à vrai dire, elles s'en fichaient, mais il fallait bien rentrer dans la peau du personnage, non ? La parole était plutôt à C-22, sa sœur serait plus cash que ça et autant éviter les bourdes, tout ne se résout pas par la force.

« Je pense que ça ne coûte rien de jeter un œil à votre club pour que l'on sache un peu mieux de quoi il s'agit ? Il serait possible de passer vous voir après les cours ? »

Sa jumelle à la peau plus sombre restait silencieuse, sachant que sa sœur faisait bien les choses pour le moment, elle devrait avoir l'occasion de mieux se faire entendre plus tard, comme lors de cette visite peut-être ? Elles ne savaient pas trop à quoi s'en tenir, leur mère sera tenue au courant par message, mais elles vont éviter de trop lui rendre visite au lycée. Ce n'est pourtant pas l'envie qui manque, cela dit. Himeki et ses amies ignoraient dans quoi elles s'embarquaient si elles cherchaient à les piéger, mais il n'y a pas de raison que ça se passe mal ? Les jumelles allaient remplir la mission confiée par leur maman et tout ira pour le mieux.

Un sourire orna les délicates lèvres d’Himeki quand « Vanille » laissa entendre une ouverture, et demanda si elles pouvaient venir voir après les cours.

« Oh, oui, bien sûr ! Le club social se réunit chaque jour, avec des élèves différents. »

Himeki leur indiqua dans quelle salle se rendre à la fin des cours, et leur remit un petit badge, à présenter aux surveillants s’ils venaient leur demander où elles allaient. Les deux filles n’avaient toutefois guère le choix. Il était obligatoire de s’inscrire à un club périscolaire, et, si elles pouvaient s’inscrire à plusieurs clubs, il en fallait au moins un. Sur la brochure qui leur avait été remise, le club social était effectivement le club le plus important en terme d’adhérents, et revendiquait être « le premier club historique du lycée Jinmu ». Le club d’ésotérisme était aussi bien marqué, et, de fait, après Himeki, C-22 et C-23 reçurent la visite de Shii.

Considérée comme l’une des élèves les plus intelligentes du lycée, Shii était aussi un membre central du club d’ésotérisme. Elle salua les deux femmes, et leur présenta le club d’ésotérisme.

« C’est un club où nous parlons de tout ce qui touche à l’occulte ou au paranormal, comme les vampires. Il a été fondé par Mélinda Warren, et nous serions ravies de vous avoir toutes les deux ! »

Les autres clubs étaient plutôt des clubs sportifs, qui semblaient un peu plus classiques que ces deux clubs, qui se démarquaient des autres par leurs nombres d’adhérents. Shii leur remit donc un badge, ainsi qu’une brochure sur le club ésotérique. Que de choix pour les deux petites ! Sans doute allaient-elles profiter d’une pause récréation pour en parler à leur mère, qui se languissait toujours de ses filles…

Elles n'oubliaient pas leur objectif et mine de rien, ce dernier venait à elles plutôt facilement, mais C-22 ne fonçait pas tête baissée dedans, jouant juste la curiosité simple. Ni oui, ni non pour le moment, mais elles pouvaient y faire un tour tôt ou tard, en effet. Rapidement après, ce fut une autre élève qui venait à elles, l'une des meilleures du lycée en terme de note qui présentait le club d'occultisme. C'était déjà plus excitant qu'un club de blabla comme l'avait compris C-23. Même si croire aux fantômes, tout ça, bon, c'était à la fois bidon et possible, faut dire que ce dernier semblait plus amusant, mais ce n'était pas encore leur réelle mission. Shii ne tardait pas à se faire embarquée par une autre élève aux cheveux verts, impatiente d'aller avec elle ailleurs pour lui donner un coup de main prévue, apparemment. Ce qui se passera ailleurs, ce n'était pas leur oignon. Tandis que l'heure du repas approchait, les jumelles s'éclipsaient ailleurs avec leur boite à bento, préparée avec amour par leur maman. Elles voulaient la voir, mais manger avec une prof, en étant nouvelles en plus, ça pourrait faire courir des bruits de couloirs. Les sœurs s'éclipsaient ailleurs, un coin tranquille, loin des regards, elles pouvaient même s'éloigner du lycée pour manger sans être dérangé et épiée. Il sera difficile de prendre les filles par surprise.

Avant d'appeler leur mère, elles communiquaient par message, s'assurant que la voie était libre avant de l'appelé en visio. Quitte à entendre sa voix, autant la voir aussi. C-22 démarrait l'appel tandis que C-23 se battait déjà pour être au plus près de sa sœur pour l'appel. Voir le visage de Flora faisait apparaître de grands sourires aux jumelles, si attachée à leur mère.

« Maman, nous avons de bonnes nouvelles pour toi. »
« Maman, Maman, j'ai aidé C-22 à préparer ton bento, il est bon ? »

Studieuse et proche de leur « mère », ça représentait bien les jumelles de Flora. Après quelques échanges des plus simples, la demoiselle à la peau claire reprenait son rapport de mission.

« Nous avons été approchées par le club d'ésotérisme, on peut éventuellement y faire un saut après les cours, mais je n'ai pas envie que l'on soit trop vite démasqué. Y aller demain ou plus tard, ça pourrait créer l'illusion ? »
« Y a aussi le club d'occultisme qui nous a approchées. On a un truc à vérifier pour toi en lien avec une Mélinda Warren ? »

Dans le pire des cas, elles pouvaient se séparer pour voir les deux clubs à la fois, mais les jumelles n'aimaient pas trop se séparer. Après, si c'est pour le bien de la mission, et un ordre de leur mère, elles agiront selon ses priorités.

À l’heure du midi, Flora avait envie de retourner chez elle. Toutefois, cela était rarement possible, car le temps du midi était assez court, ce qui permettait de finir rapidement la journée. Flora termina son dernier cours de la matinée, et se rendit dans son bureau. Le lycée disposait d’un réfectoire où elle pouvait se rendre, mais, avant ça, elle voulait s’entretenir avec ses petits anges. En rejoignant son bureau, elle vit qu’elles ne s’y trouvaient pas, et soupira doucement. Même si elle n’était pas leur mère biologique, Flora commençait sincèrement à se prendre au jeu, et elle avait envie de les revoir, de les câliner, et de les embrasser… Une mère en manque d’affection, voilà ce qu’elle était ! Et ce manque d’affection portait sur ses précieuses filles ! Une fois dans son bureau, elle alluma donc son téléphone portable, en actionnant la webcam, et vit rapidement le doux visage de C-22, puis de C-23 qui se pressa contre elle, afin d’être dans le champ de la caméra.

« Coucou, mes trésors ! »

C’était quand même curieux, car, de son vivant, Flora n’avait jamais eu la fibre maternelle. Elle n’avait jamais pensé avoir un enfant avec le docteur Gero, tant elle était prise dans ses recherches. Se pouvait-il que, tout comme le docteur Gero avait implanté en C-22 et C-23 l’envie d’avoir une mère, il ait implanté en elle l’envie d’être une mère ? Quoi qu’il en soit, elles lui expliquèrent avoir été contactées par deux clubs différents : le club social, et le club d’occultisme. Flora, qui était à Jinmu depuis quelques mois, ne dirigeait pas encore de club. Elle avait songé au club de mathématiques, mais il était déjà tenu par Harigato-sensei et Nifuji-sensei.

« Eh bien, le club social est le club le plus important du lycée, le plus ancien, et celui qui regroupe le plus d’élèves. Les Morimoto, qui le dirigent, sont par ailleurs excessivement riches. C’est l’une des plus riches familles du Japon, avec un patrimoine qui est même supérieur à la famille impériale. Quant au club d’occultisme, il est plus récent, mais est en pleine expansion, et concurrence le club social. Cette Mélinda Warren est très souvent absente, mais elle a une petite troupe autour d’elle. Elle n’est pas méchante, et est même plutôt jolie. »

À vrai dire, Flora ne l’avait encore jamais vraiment vue.

« Ce lycée n’est pas un lycée ordinaire, mes petits anges, mais ce n’est pas une raison pour vous mettre en spectacle. Enfin, pour l’heure, vous m’avez trop manqué, alors je veux partager mon bento avec vous deux. Je suis dans mon bureau, vous savez où ça se trouve, non ? »

De fait, il allait falloir que Flora trouve un système pour passer chaque midi avec ses filles !

Les filles venaient faire leur rapport à leur mère, et même si ce n'était que par la caméra de leur portable, elles étaient si heureuses de la revoir. Gero avait réussi son coup, elles étaient vraiment envoûtées par Flora, et même sans lien de sang, c'était leur mère et elles détruiraient le monde si elle le leur demandait en guise de preuve. Pour leur mère, les deux groupes avaient leur importance, le premier semblait l'être plus que le second, mais l'autre aussi avait des points d'intérêt. Mais au final, Flora avait besoin de ses filles près d'elle et à peine, avait-elle formulé la demande que la communication se coupait et que les jumelles volaient à toute vitesse pour rejoindre leur professeur chérie dans sa salle. Arrivant en trombe – à vitesse humaine du moins – elles avaient à peine refermé qu'elles ceinturaient leur mère, plus heureuse que jamais de pouvoir profiter de ce petit moment en famille.

« Ça tombe bien, Maman, on voulait voir ta réaction. »
« On a préparé ton bento toutes les deux pour que tu puisses penser secrètement à nous ici. »

Au cas où elle aurait mangé avec ses collègues. Les jumelles lui laissaient un peu d'air, mais elles restaient assises à ses côtés, elles aussi, dégustaient le bento préparé par leur mère. Mais il ne fallait pas oublier qu'elles étaient là pour l'aider donc, si leur mission était d'espionner certains groupes...

« Tu penses que laquelle de nous deux devrait rejoindre quel groupe, Maman ? »
« Sauf si tu veux qu'on reste ensemble, mais bon, je plains celui ou celle qui chercherait à nous faire du mal. »

Y a toujours plus fort que soi, mais ici, ça devrait pas être le cas, surtout venant de snobinard prétentieux qui pensait tout contrôler avec leur pognon. Le simple fait d'être avec leur mère était pour elles un véritable bonheur, elles guettaient la moindre de ses réactions, faire plaisir à leur mère était leur mission principale après tout.

Dès la proposition à déjeuner ensemble faite, ses filles filèrent à toute allure vers son bureau. Cela donna lieu à un tendre câlin à trois, où Flora leur donna à chacune un baiser sur la tête. Elles rejoignirent ensuite sa table, et Flora ouvrit le bento qu’elle avait préparé. Les deux filles avaient également préparé un bento. Flora ouvrit le tout, et saisit les baguettes, puis commença à manger. Elle était suffisamment Majin pour apprécier le fait de manger, surtout des sucreries. Autant dire que, chez Flora, on se régalait avec les bonbons ! Aucun risque de grossir pour les trois femmes, car leur constitution cybernétique était très efficace pour ça. La graisse superflue était rapidement détruite. Elles interrogèrent ensuite Flora sur le club à rejoindre. Leur mère et professeur se pinça brièvement les lèvres, tout en attrapant un morceau de poisson, et le fourra dans la bouche de Vanilla (C-22).

« Il sera difficile de rejoindre les deux en même temps… Mais vous pouvez effectivement vous séparer. Dans ce cas, toi, Vanilla, je te verrais plutôt au club social, et toi, Chocola, au club d’occultisme. »

Flora prenait l’habitude de ne plus désigner ses filles par leur matricule, mais par les prénoms qu’elle leur avait choisi : Vanilla pour C-22, et Chocola pour C-23… Une référence directe aux personnages éponymes d’un manga. Vanilla étant un peu plus soumise, elle semblait plus indiquée pour le club social, tandis que Chocola, avec son côté plus trempé, irait mieux au club d’occultisme.

« N’oubliez pas que je souhaite avant tout que vous vous intégriez. Que vous vous fassiez des amies, et ce genre de choses. »

Elle attrapa un morceau de viande entre ses baguettes, et le glissa cette fois entre les lèvres de Chocola. Comme ça, pas de jalouses !

« Ensuite, vous déciderez si vous rejoignez toutes les deux un club ou pas. Comment est votre bento, mes amours ? »

Leur mère, c'était toute leur vie. Elles feraient tout pour elle, même si leur création était de contenir le Majin si jamais elle se laissait aller, en temps normal, elles font tout pour que leur mère soit fière de ses filles. Et si actuellement, elle les voulait dans cette école pour une mission secrète ou simplement être « normale », alors soit ! Elles ne voulaient pas lui désobéir après tout. Toutes les deux faisaient leur compte-rendu sur les deux clubs qui les ont approchées et tandis que Flora leur donnait à manger, tour à tour. Elles avaient beau avoir l'âge de manger seules, elles ne refusaient pas une telle chose. Selon son avis, C-22 aurait plus sa place sociale et sa sœur, celui d'occultisme. Elles n'allaient pas la contredire et allaient donc agir selon cette directive, mais la belle professeur voulait les voir s'intégrer ici, sans les forcer, mais au moins essayé. Cependant, concernant son bento, les deux étaient forcément d'accord vu leur réponse à l'unisson.

« Il est très bon ! »

Les filles étaient si contente de pouvoir passer même un court moment avec leur mère, c'était fatigant l'école quand elle n'était pas leur professeur, surtout qu'elles étaient naturellement douées pour ça. Que ce soit le cas de leur vivant ou via un programme dans leur tête, tout ce qui était enseigné ici était si simple pour elles. C'était comme apprendre à faire une addition vu leur âge.

« Mais toi, Maman, tu en penses quoi du nôtre ? On l'a fait ensemble, pour toi ! »

Autant dire, avec amour. Elles y passaient autant de temps pour que tout soit parfait dans le dosage, l’assaisonnement, absolument tout. Même si elle n'en prendrait qu'une bouchée, ça vaudrait tous ses efforts. La famille avait beau avoir une préférence pour le sucre, ça ne les empêchait pas de manger normalement et quand bien même elles pouvaient manger moins équilibrée, outre leur nature une peu spéciale, elles se dépensaient bien assez comme ça pour éliminer le superflu. Elles en profitaient, car après, les cours seront long jusqu'à rentrée ce soir à la maison, quand bien même elles feront un tour chacune au club.

Les trois filles mangeaient donc ensemble. C’était simple, frugal, et somme toute assez efficace. Un simple bento entre une mère et ses filles. Elle n’avait aucun lien de sang, pourtant, mais Flora ne pouvait que les considérer comme ses filles. Le soir, elle se surprenait à venir les voir dormir ensemble, leurs têtes sortant de la couverture, et souriait doucement en les regardant. Ambiance détendue et posée qui amena l’une de ses filles à lui demander si elle aimait leur repas, ce qui la sortit de ses pensées.

« Oh, oui, bien sûr… Je n’ai pas spécialement l’habitude de manger dans mon bureau, mais c’est avec vous deux, après tout. »

Pour l’heure, elles ne s’étaient jamais séparées très longtemps. Allait-elle pouvoir tenir ? Flora n’en savait pas trop, mais elle se doutait aussi qu’avoir les deux sœurs dans le même club serait un argument  significatif.

« Regardez, mais, à la réflexion, je vous conseille quand même de rejoindre toutes les deux le même club. Je ne pense pas que vous soyez prêtes à vous séparer… Et puis, vous allez si bien ensemble. »

Mine de rien, les deux se compensaient, et il fallait tout de même éviter qu’elles ne tuent quelqu’un par inadvertance ! Flora continua donc de manger son bento, tout en leur demandant quels cours elles avaient. Il allait falloir d’elle de vraies filles adolescentes, ce qui était toutefois un peu compliqué. Flora leur expliqua que, pour s’insérer auprès des jeunes, elles devraient faire ce que les autres font : lire des mangas, jouer à des jeux vidéos, regarder des séries télévisées… Soit des choses assez inconnues pour C-22 et C-23.

« Je pense qu’il faudra que nous fassions un tour au centre-ville, peut-être à la salle d’arcade… »

C’était une idée comme une autre, une manière de les aider à se sociabiliser… Même si Flora aimait bien l’idée de conserver ses filles près d’elle. N’étaient-elles pas adorables, après tout ?