The Multiversity

L’Olympomachie comprend deux théâtres principaux : Lumen et Mijak. Si le Dieu Arès se charge des opérations mijakiennes, Lumen étant avant tout une force maritime, Zeus a chargé son frère, le Dieu Poséidon, d’envahir Lumen. Poséidon mène donc une importante flotte depuis l’océan, et remonte le long des colonies maritimes de Lumen. Ces colonies sont un ensemble d’îles tropicales et de forteresses installées le long de certaines îles. C’est ici qu’on trouve les principales flottes luméennes. Manipulant les éléments, Poséidon a déclenché un ouragan sans fin qui ravage les colonies, tandis que ses trirèmes avancent à la surface, colonisant chaque île, avec le soutien de monstres océaniques.

Poséidon a ainsi avec lui le soutien du terrible Kraken, un monstre marin qui l’accompagne fidèlement, et de nombreuses sirènes. Pour autant, sa progression ne sera pas simple, car Lumen dispose également d’alliés parmi les sirènes, notamment le royaume océanique d’Arcnos. Les sirènes d’Arcnos, choquées de voir Poséidon commander le Kraken, ce monstre qui avait été banni il y a des éons, décident en effet de se retourner contre Poséidon et les autres sirènes.

Mais cela suffira-t-il à entamer la marche de Poséidon vers Lumen ?

Personnage joué : Hélène Crysionos

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La Guerre... Encore, et toujours... L'Empire était né grâce à cela, s'établissant comme la plus grande puissance du vieux monde pour plusieurs siècles, ce avant de chuter après une longue période de décadence. Une longue chute vers les enfers s'étalant sur plusieurs siècles, ceci jusqu'à n'être réduit qu'à peau de chagrin. En fin de compte, celui ci ne devait sa survie et sa renaissance miraculeuse qu'à l'aide des dieux, les véritables dieux, ceux qui étaient présent et pour qui le concept d'offrandes et vénération en échange de protection signifiait encore quelque chose... Un retour aux anciennes voies, c'était la destinée de Rome en fin de compte, et quoi de mieux pour l'Empire que de s'en retourner à son berceau... La guerre. L'Olympe avait lancé un appel. Et le phénix pourpre avait répondu à celui ci. En soit, la demande ne pouvait pas mieux tomber... Rome était en paix à l'heure actuelle et ce pour plusieurs décennies, ses adversaires en orient étaient tous défaits et trop faible pour tenter quelconques méfaits, l'occident quand à lui s'entredéchirait dans divers conflits régionaux tandis que au nord, les exilés et leurs soutient étaient encore trop loin pour menacer quoi que ce soit. Rome avait donc les mains libres et n'avait à craindre nulle attaque en traitre sur son territoire. Aussi, des quatre coins de l'Empire, les légions s'assemblèrent, et si elles ne traversèrent pas toutes les dimensions, une grande partie rallièrent ainsi les forces de l'Olympe afin de soutenir leurs assauts. Tandis que les principales forces terrestres s'en allaient vers le coeur de Mijak sous le commandement de l'un des plus illustres généraux impériaux, la flotte romaine ralliait quand à elle les forces de Poséidon faisant campagne à Lumen.

Celle ci, largement modernisé si l'on devait la comparer à l'amas de Trirèmes Olympienne, comportait un large nombre de galères que les nuées de rameurs faisaient avancer à grande vitesse, celles ci suivies de très près par des bâtiments plus larges à la coque et la voilure imposante. Un oeil avisait serait formel, il s'agissait là de Galions, vaisseaux qui à l'image d'une partie des galères avaient la particularité d'avoir étés dérobés au cours de violents abordages lors des années passés contre les républiques de Gênes et Venise ainsi qu'un corps expéditionnaire de la couronne de Castille. Et oui... La flotte romaine qui n'était qu'une ruine avait refondé sa puissance en grande partie grâce au vol de bâtiments d'autres puissances. Mais cela importait peu au final, ce qui était cependant fort important c'est que ces vaisseaux avaient l'avantage d'être équipés pour un certains nombre de ces terrifiantes bouches de fer que l'on nommait communément canons, et certaines galères disposaient quand à elles de larges proues équipées d'un ingénieux mécanisme pouvant employer le feu liquide afin de cracher des gerbes de flammes, communément l'on appelait plutôt ceci "Le feu grégeois". En soit, il s'agissait de l'arme secrète de la flotte impériale lui ayant permis d'accomplir plus d'un miracle par le passé. Enfin, en dernier point notable, à bord des vaisseaux se trouvaient un certains nombre de troupes bien évidemment qui serviraient notamment lors d'éventuels abordages mais qui étaient surtout destinés à être débarqués en plein coeur de Lumen.

Depuis le pont supérieur du Galion que l'on avait gracieusement nommé "Fureur de l'Empire", la Basilissa supervisait l'ensemble des opérations de la flotte romaine en compagnie de ses Varanges. Pour autant, le commandement de celle ci demeurait à l'un de ses subordonnés qui s'y connaissait bien mieux sur mer et en matières de bataille navale. Il s'agissait du Mégaduc Andrea Regallia, un ancien patricien Génois étant passé au service de Rome après la défaite finale de sa patrie dans ses possessions orientales, celui avait en effet compris depuis bien longtemps qu'il ne servait à rien d'aller contre le sens du vent et ce dernier allait pour l'heure en faveur d'une reconquête miraculeuse et totale du vieil empire et avait donc tenté d'exposer ceci aux instances dirigeantes. Las des querelles intestines des grandes familles de la république et incapable de raisonner avec ses concitoyens celui ci s'était finalement vu être exilé de Gênes même, ce faisant il ne se fit pas prier afin de rallier la Grèce et offrir ses services gracieusement à Constantinople, allant même jusqu'à abjurer sa foi publiquement afin d'adresser des prières au Panthéon romain. Une tel audace ainsi que son savoir et ses conseils avisés dans le domaine naval finirent par lui obtenir le commandement d'une escadre qu'on lui confia afin de faire ses preuves. Preuves qu'il fit plus d'une fois, mais ce sera là une autre histoire. Sachez juste qu'il s'agit du type d'homme qui a su gravir les échelons et s'imposer par ses compétences, qui plus est il est parfaitement fidèle à l'Empire qui lui accorde confiance et respect désormais. Voilà qui est le Mégaduc de Rome, le grand amiral de la flotte. Celui ci, non loin du gouvernail observait l'horizon par l'intermédiaire d'une longue-vue, fronçant les sourcils. Lorsqu'il fut soudainement interrompu par un fantassin de la marine.

"Seigneur, nos derniers bâtiments sont en position."

Sur ces mots, Regallia replia son instrument magistralement, le faisant disparaître dans une sacoche, puis il joignit ses mains dans son dos. Hochant la tête verticalement à l'attention du messager de l'heure.

"Fort bien. Je vous remercie. Regagnez votre poste à présent." Commanda-t-il avant de se tourner vers la Crysionos qui maintenait sa main droite sur la garde de sa puissante lame et l'observait du coin de l'oeil.

"Sommes nous prêt ?" Demanda-t-elle.

"Il ne manque pas une seule voile votre majesté impériale." Confirma-t-il.

"Alors commençons..." Commanda-t-elle, croisant les bras dans un cliquetis caractéristique des armures tandis que le Mégaduc acquiesçait pour sa part. Ce dernier haussa alors la voix et commença à vociférer ses ordres à l'équipage, et plus encore à la flotte.

"Tout le monde à son postes fils de Rome ! L'heure est venue ! Nos forces sont toutes présentes, aussi nous allons désormais accomplir la tâche que les bienveillantes divinités de l'Olympe nous ont confiées... Chacun d'entre vous sait ce qu'il a à faire en son âme et conscience et sachez le mes braves j'ai pleine confiance en vous, nous n'avons qu'un seul objectif, et c'est la victoire ! Maintenant hissez les voiles et levez l'ancre... Cap vers Lumen, nous sommes le fer de lance de l'Olympe et l'honneur commande que nous enfoncions les lignes adverses tandis que nos alliés s'emparent des îles. En avant !"

Et sur ces paroles, la machine de guerre romaine se mis en marche. Sur les ponts les matelots et soldats courraient ça et là vers leurs postes tandis que les capitaines des autres navires s'empressaient de partager les instructions reçus par le vaisseau amiral par l'intermédiaire d'Augures de la légion utilisant un sortilège leur permettant de communiquer par télépathies entre eux à une certaine distance, ceci permettant notamment une meilleure coordination. Le plan de l'Amiral était précis, Lumen était vaste et puissante mais avait une faiblesse de taille à ce moment précis. Ses flottes étaient dispersés. Accablés qui plus est par les assauts des forces de Poséïdon et ses cataclysmes météorologiques qui plus est, elles étaient d'un certains point de vue vulnérables. Pour remporter la victoire, Régallia et la Basilissa s'étaient entendus, ils allaient devoir se dépêcher afin de prendre les forces Lumen de vitesse et les affronter les unes après les autres au plus vite afin de les évincer séparément. Ceci était primordial, si l'on laissait le temps aux flottes du royaume de se rassembler elles pourraient orchestrer une contre attaque. Ceci était parfaitement inacceptable. Pour remporter la victoire, il fallait frapper maintenant, vite et avec puissance. Qui plus est, les monstres Olympiens et les vaisseaux de ces derniers suivaient, ne restait qu'à leur ouvrir la voie... Et pour les sirènes et tritons renégats ? Cela importait peu à dire vrai. Si ceux ci tentaient de s'en prendre à la flotte, ils devraient le faire à la force des armes... Et dans le pire des cas... S'ils se croyaient à l'abri sous les flots afin d'éviter les inévitables ripostes aux éventuelles affronts qu'ils pourraient faire, ils allaient vite déchanter lorsqu'ils contempleraient la puissance du Feu grégeois... Mais ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Il y a fort à faire désormais, mais seule la victoire importe...

L’Amiral James Norrington avait rarement vu une telle purée de pois. Une telle tempête n’avait rien de naturel, et il peinait encore à croire les instructions qu’il avait reçue. Mais le haut-commandement était formel. Les mages avaient détecté d’importantes anomalies magiques, et de multiples monstres marins envahissaient les côtes. Norrington avait lui-même transmis des rapports en ce sens. Il dirigeait la Quatrième Armada de Lumen, qui mouillait en ce moment au port de Fort-Lampedusa, un fort maritime installé à l’île de Lampedusa. À bord de son navire-amiral, le Man’o’War « ARL Laguerta » (pour Armada Royale Luméenne), Norrington s’apprêtait à partir au combat.

D’après les rapports des éclaireurs, une flotte ennemie approchait de Lampedusa. L’île avait déjà été attaquée par d’horribles monstres marins, notamment des Sahuagins et des noyeurs. Ils avaient attaqué depuis les plages, s’en prenant aux villages côtiers, cherchant ensuite à remonter à l’intérieur des terres pour s’en prendre aux quelques hameaux et aux greniers alimentaires. Norrington avait toutefois connu son lot de campagnes militaires et de batailles. L’Amiral avait pour ainsi dire roulé sa bosse. Que ce soit lors de campagnes de pirateries, ou contre les Mijakiens, il avait également affronté des vagues de monstres.

*Mais affronter les Dieux, c’est autre chose...*

L’église de Lampedusa était allumée depuis longtemps. Les prêtres réclamaient l’aide de l’Unique, du Dieu supérieur aux autres. Norrington, lui, avait toujours été plus laïc et plus rationnel. Les Dieux n’étaient pour lui que des entités supérieures, certes puissantes, mais pas invincibles. Pour autant, certains rapports évoquaient un horrible monstre tentaculaire. On murmurait que l’ancien Fléau des Mers, le Kraken, avait été libéré. Norrington n’osait y croire, et avait coupé court aux rumeurs. Il avait tenu un discours dans la cour du château, avant de s’entretenir avec ses Commodores.

« Dieux ou pas Dieux, ce sont des navires humains qui se rapprochent. Je vous rappelle  qui nous sommes, Messieurs. Nous sommes la Quatrième Armada de Lumen, j’ai vogué sur toutes les mers, et je ne compte pas perdre à domicile ! »

Le ciel était zébré d’éclairs et de nuages sombres. L’eau était agitée, et la pluie ne cessait de tomber. Norrington, qui tirait sur sa pipe, sortit lentement du quai, rejoignant le cœur de sa flotte.

La Quatrième Armada comprenait de multiples croiseurs. Ces bateaux disposaient de scorpions juchés sur le pont principal, ainsi que de multiples ouvertures. Les galères pouvaient être remplacées par de solides balistes incendiaires. D’autres navires disposaient de trébuchets et de mangonneaux montés à bord, avec des cargaisons de pierre. Norrington avait réparti sagement ses troupes, incluant sur chaque équipage principal des magiciens. Ceux-ci étaient formés à la bataille navale. Ils pouvaient couper certaines vagues, et tentaient de commander aux éclairs, tout en générant des boucliers de protection. Ce mélange des compétences entre le combat naval classique et la magie faisait la fierté de la Marine luméenne.

Au milieu de la flotte, le « Laguerta » s’avançait lentement. Le navire était un mastodonte, très impressionnant. Et, à travers les flots déchaînés, Norrington savait que l’ennemi était proche. Les conditions climatiques ne jouaient pas en leur faveur, ni en celles de leurs adversaires. Olympiens ou non, ses hommes étaient fin prêts. Les mages étendaient déjà leurs cercles de perception, cherchant à repérer la trace des autres navires.

*Avec cette tempête, il faut aussi se méfier des récifs...*

Même si Norrington était confiant en public, il avait indéniablement un très mauvais pressentiment... Comme si tout cela n’était pas aussi simple. Se battaient-ils vraiment contre des Dieux ? Norrington n’osait y croire. Et pourtant...

C’était le calme avant la tempête, une menace indicible qui risquait de jaillir après chaque vague.

Personnage joué : Jaina Portvaillant

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Dans son monde, Jaina avait eu à faire face à des cataclysmes menaçant la survie des siens et elle avait connu bien des catastrophes diverses et variées, mais elle ne se serait jamais entendue à vivre un scénario apocalyptique dans un autre monde, plus particulièrement celui où elle avait atterri par accident. Quelles étaient les chances pour atterrir sur une terre où les dieux en colère - d'après ce qu'elle avait pu comprendre des événements à travers plusieurs récits - menaçaient de tout détruire, faisant pour cela appel à des perturbations des éléments et à des créatures monstrueuses ? Elles ne pouvaient être qu'infimes...

Sa présence dans ce monde était-elle donc le simple fruit du hasard ? Et si elle avait fini là car elle avait un rôle à y jouer ? Le temps seul allait le lui dire, mais une chose était certaine : elle n'allait certainement pas rester les bras croisés alors que des individus souffraient. Non, elle possédait un grand pouvoir, dont elle n'avait toutefois pas encore complètement retrouvé l'usage, et il était de son devoir de s'en servir pour le bien d'autrui. Certes, cela ne suffirait sans doute pas, mais elle préférait périr en essayant d'aider des personnes en détresse que de laisser des gens périr, sagement à l'abri... Elle était la Fille de la Mer et elle allait montrer à celle-ci qu'elle ne comptait pas rester passive face à sa colère.

Sur son navire volant, elle sentait les rafales des vents qui se déchaînaient. Au moins, elle évitait les remous des vagues et ne risquait pas d'échouer contre des récifs ou d'être retourné. Pour le moment, elle se contentait d'observer la situation afin de l'analyser avant de réfléchir à une solution. En outre, elle préférait éviter de passer à l'action sans des alliés... Justement, elle aperçut des navires en s'approchant de l'archipel. A priori, d'après ce qu'on lui avait dit, les dieux ne possédaient pas de flotte... Il devait donc s'agir de mortels, mais dans quel camp étaient-ils ? Elle ne pouvait pas le savoir sans leur demander...

De fait, son navire descendit tout en survolant la flotte, se plaçant suffisamment bas pour être aperçue des hommes sur la flotte et être en mesure de les voir en retour. Après tout, si elle voulait un interlocuteur, elle devait déjà être en mesure de communiquer de vive voix avec eux. Et avec un peu de chance, elle trouverait une personne raisonnable avec qui converser...

Personnage joué : Hélène Crysionos

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Si l'on se plaçait du point de vue des participants à cette poussée navale sans précédent, l'on pouvait affirmer avec certitude que le cadre de l'affrontement qui allait se dérouler était à l'image des balades et mythes les plus épiques et mémorables qui soit. Les vagues agitées se brisaient sur les proues renforcées des vaisseaux romains tandis qu'une pluie et une brume infâme rôdait ça et là, si ce n'était pas pour les augures et quelques maigres sources de lumières disposés ça et là sur les bâtiments, la cohésion de la flotte aurait été brisée depuis longtemps. Oui, les caprices météorologiques causés par les dieux n'étaient pas en faveur de qui que ce soit hormis d'eux même et des créatures mythologique... Du moins en théorie.

Le Mégaduc était au dessus de tel considérations, en digne Génois il connaissait l'art naval comme si c'était une part de lui même, il avait vogué ça et là et il n'était pas à sa première tempête, ni même à son premier affrontement en de tels conditions. Nous pouvons le dire, il avait déjà pris part à pire situation. Et même s'il n'avait que peu de connaissance des états de la flotte ennemie malgré quelques rapports venant de créatures alliés disposant d'un minimum d'intelligence, il avait parfaitement confiance en ses capacités... Qui plus est, sa flotte disposait tout de même de quelques atouts non négligeable. La vitesse en étant un. Cependant, en contrepartie, il avait aussi quelques désavantages, la méconnaissance de la région et notamment la position des récifs... Mais surtout... SURTOUT... Il n'avait pas de navires volant. Pourquoi mentionnons nous des bâtiments célestes ? Car voilà que à la surprise générale un vaisseau de la taille d'un Galion émergea soudainement des nuages sans aucune réelle considération pour la tempête qui faisait rage. Cependant... Celui ci était loin. Et à dire vrai, il manoeuvra de tel manière à se positionner au dessus de l'une des îles Luméene. Ce qui en soit était le véritable fait gênant de cette histoire. En dessous de celui ci, se trouvait la première cible des romains. La quatrième Armada de Lumen.

Et à mieux y réfléchir, si la présence du vaisseau céleste n'était pas rassurante, voir était même de mauvaise augure pour la suite, cela permettrait toutefois d'obtenir un avantage décisif durant les hostilités en lançant l'assaut immédiatement pendant que l'adversaire se faisait distraire. Le Mégaduc prestement s'empara de sa longue vue et plongea son regard dans celle ci afin d'observer au loin les vaisseaux ennemis que l'on voyait désormais à l'horizon, relativement correctement et ce malgré la tempête. Il fronça alors les sourcils. De ce qu'il pouvait constater, ils n'étaient pas avares en machinerie. Balistes, scorpions, trébuchets, mangonneaux. Ils étaient bien pourvus pour le combat à distance, et c'était sans compter sur les éventuels mages qui devaient les accompagner. En soit, si les mages étaient une inconnue, il n'en demeurait pas moins que l'arsenal des navires même s'il avait une remarquable puissance n'était pas le plus précis si l'on mettait de côté les balistes. L'Amiral Régallia était fixé.

"Transmettez. Nous passons désormais en formation dispersée. D'ici une poignée de minutes et sur mon signal les galions virerons selon leur position à bâbord ou à tribord. Une poignée de galères restera en arrière afin de les escorter. Le reste de la flotte est tenue de pousser l'assaut afin de porter la bataille le plus proche de l'ennemie. Dès à présent, les Augures ont carte blanche afin d'utiliser leurs pouvoirs pour influencer vents et eaux afin de gagner en vitesse. Abordages et utilisation du feu grégeois sont de rigueurs. Ce que nous ne pouvons prendre, nous l'envoyons par le fond. L'artillerie navale des galions soutiendras votre avancée. Rendez Rome fier... Vae Victis."

Et sur ces bonnes paroles, le Mégaduc porta son regard vers le navire volant tandis qu'il maintenant le cap. Il fronça les sourcils ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux de la Basilissa.

"Concentrez vous sur la flotte ennemie Mégaduc. Si ce nouvel arrivant se montre hostile depuis les cieux, je m'en chargerais personnellement".

L'Amiral Régallia hôcha la tête verticalement.

"Bien votre majesté impériale".

L'affrontement allait débuter, déjà chaque bâtiment romain commençait à manoeuvrer de tel manière à suivre les ordres. Les galères se dispersèrent progressivement, déployant plus encore leur voilure tandis que les équipages aux rames redoublaient d'efforts au son des tambours qui commençait à s'élever bien que couvert en partie par la pluie et les éclairs qui donnaient eux aussi de la voix. Bientôt, les galions suivirent et virèrent eux aussi, se préparant à faire feu avec leur puissante artillerie.

Les dés en étaient jetés.

Norrington n’était pas l’un de ces parvenus, l’un de ces fils d’aristocrates et de nobliaux qui avaient franchi les échelons sans rien mériter quoi que ce soit. La Marine luméenne était encore un secteur où la méritocratie pouvait percer. Norrington avait été à la base un moussaillon, avant d’être capitaine de son propre équipage, puis commodore. Il avait su grandir les échelons, jusqu’à devenir un Amiral. Il connaissait à la perfection ses vaisseaux, l’équipement dont il disposait, et opta rapidement pour une stratégie adaptée. Regrouper tous ses œufs dans le même panier serait délicat, mais il disposait aussi de lourds bateaux, difficiles à manœuvrer. Sa stratégie, au vu du nombre important de vaisseaux dont il disposait, fut de former une longue ligne constitué d’un gros bloc central de croiseurs et de Man o’ war, et d’avoir plusieurs petits blocs espacés, reliés entre eux par des navires plus légers et plus rapides. Preuve de la redoutable ingéniosité luméenne, Norrington disposait également de navettes plus petites entièrement piégées, remplies à ras bord de tonneaux explosifs. Pour les enflammer, il fallait décocher des flèches enflammées à des endroits précis. Autant dire que ces corvettes piégées étaient bien encadrées. Elles étaient pilotées par un équipage très réduit qui se replierait à l’aide de cristaux de téléportation. Face aux Dieux, Norrington avait déployé tout son arsenal.

Depuis le pont principal du « Laguerta », Norrington avait plusieurs mages avec lui, qui avaient étendu leurs cercles de perception. En temps normal, c’est-à-dire quand il n’y avait pas une tempête de tous les diables, Norrington pouvait compter sur les capacités de certains zomans. Ils communiquaient avec leurs oiseaux pour repérer depuis les hauteurs d’éventuels navires, mais ici, les éléments étaient déchaînés.

« Nous ne sentons rien, Amiral ! »

Norrington se pinça nerveusement les lèvres. Sortir sous cette tempête infernale était en soi une mauvaise idée, mais rester à Lampedusa l’était tout autant. Si l’ennemi avait le temps de les encercler, Lampedusa se transformerait en cimetière. Tout ce que Norrington espérait, c’est qu’il pourrait bénéficier de renforts, a fortiori si le Kraken se trouvait là… Car, malgré ce qu’il avait dit, il savait que la mer recelait bien des dangers.

Pourtant, la première surprise ne vint pas des flots déchaînés, mais d’un navire qui les surplomba.

« Sainte saloperie, c’est quoi ce truc ?! »

Ses magiciens se mirent immédiatement en position, ainsi que ses archers. Le navire volant flottait au-dessus d’eux, tanguant dangereusement à cause du vent. Des éclairs zébrèrent le ciel, tandis que le vaisseau aérien descendait lentement, se rapprochant du Laguerta, déployant des voiles blanches.

« Commodore Chamberlain ! Allez voir ! »

Le commodore Chamberlain acquiesça lentement, et se rapprocha de l’un des ponts. Le navire volant, plus petit que le Laguerta, les longea, et le commodore parla à voix haute :

« QUI VOUS ENVOIE ?! »

Pendant que le commodore essayait de parler avec elle, Norrington regarda autour de lui. Impossible de voir quoi que ce soit… Lorsque des lumières percèrent certaines grosses vagues. Des jets enflammés jaillirent alors dans le ciel, formant de terrifiantes arabesques, et s’abattirent sur le croiseur le plus avancé, brisant l’un des mâts dans une terrible explosion.

« On nous attaque !! »

Plusieurs navires percèrent alors les vagues, comme si le soufflé de Poséidon les précipitait vers le bloc central. Norrington pesta, et ordonna à son timonier de sonner l’alarme. Juste à côté de la barre, il y avait une cloche en argent que le timonier secoua fréquemment.

« AUX ARMES ! AUX ARMES, TAS DE VAURIENS !! AUX ARMES !! »

La cloche métallique résonna, et d’autres cloches résonnèrent également. Des éclairs déchirèrent encore le ciel, et Norrigton hurla encore, à s’en arracher la voix. Une vague se brisa contre son vaisseau, et, quand celle-ci partit, l’armada ennemie apparut.

Une horde de vaisseaux dans la nuit, une mer de lumières sur une mer noire, qui amena Norrington à oublier l’autre vaisseau volant.

Les choses sérieuses commençaient !

La mer n'a jamais été son point fort. Oui, c'est ironique sachant qu'elle fait partie de l'armée de Lumen, cette même ville qui était si fière de sa flotte ! Mais la jeune femme était une femme de terrain. La guerre, les batailles, elle les livrait sur la terre ferme, affrontant des hommes, parfois des créatures, mais toujours sur un terrain plat, plus ou moins. La mer, c'était autre chose. Les bateaux servaient de terrain et d'armes à la fois, y tomber, c'était risqué la noyade ou servir de plat à des monstres ou créatures qui rôderait près des bateaux. Les océans sont impitoyables, cruels, la nature était leur maîtresse et ils ne se laissaient pas dompter par des hommes si facilement. Même les plus grands des navigateurs pouvaient devenir de simples bébés face à la mer déchaîné et colérique. Toutes leurs connaissances, tout leur savoir, toute leur maîtrisé tombaient à l'eau quand l'océan avait décidé de vous emporter avec lui. Et aujourd'hui, Luria craignait un peu que l'océan ne décide de se faire un petit repas.

Face à cette guerre, le capitaine de Lumen avait pris place sur un navire, non pas vraiment par choix, mais il fallait bien quelqu'un pour aider à affronter leurs ennemis aussi en mer. De plus, Luria avait prévu une inspection des bateaux et des troupes, ça fait d'une pierre, deux coups comme ça. Sauf qu'elle devait faire face à un sacré adversaire, car les bateaux adversaires étaient ceux de l'Olympe, donc, au service des dieux. Les soldats ne seront que des humains, comme elle, mais ils pourraient bien avoir de sacré atout dans leur manche pour peu qu'une de leur divinité soit en mer, ça pourrait aisément leur être favorable contrairement à Lumen. Se tenant aux cordes, elle observait la mer, les bateaux qui se rapprochaient de plus en plus, prêt à armer leur canons, leurs archers ou simplement leur foncer dessus ? Luria avait confiance envers l'Amiral, mais elle se devait de rentrer à bon port ensuite et de veiller sur Elena aujourd'hui et à jamais. Telle était sa promesse et si jamais Luria perdait la vie en pleine mer... Elena n'aurait de cesse de haïr l'océan qui lui avait déjà arracher ses parents, bien que ce ne soit pas mère nature qui était entièrement coupable.

« Vous croyez qu'ils peuvent en venir facilement avec votre navire, Amiral, ou bien, ils couleront avant d'avoir pu causer le moindre dégât sérieux à votre navire ? »

Ce n'était pas elle la spécialiste des bateaux après tout, Luria voulait bien aider à remporter cette guerre, mais ici, de capitaine, elle n'en avait que le titre. C'était à l'Amiral de diriger et au pire, elle savait que chaque adversaire qui posera pied sur ce bateau sera renvoyé auprès d'Hadés, le seigneur de leur enfer !

(Petite musique d’ambiance !)

Partout, les cloches résonnaient, tandis que la bataille commençait.  Une guerre contre les Olympiens… Norrington avait déjà affronté à maintes reprises des monstres surnaturels, les corsaires et pirates mijakiens, les galères impériales… Mais les Dieux, c’était autre chose ! Les flots se déchaînaient, rappelant aux plus anciens ce jour fatidique où, jadis, la famille royale avait péri en quasi-totalité. C’était l’heure de la grande bataille, et les navires se déployaient donc. Fort heureusement, les Luméens étaient habitués à ces conflits maritimes, et disposaient d’une bonne doctrine de guerre, même dans une tempête cauchemardesque comme celle-ci.

Occupé à commander le « Laguerta », Norrington vit une jeune femme remonter vers le pont de commandement. C’était le capitaine Luria, une guerrière luméenne d’élite qui avait rejoint l’île il y a quelques semaines. Normalement affectée à la protection de la Reine, elle était venue dans la région pour enquêter sur la mort des parents de l’actuelle Reine. Du moins, c’est ce qu’on disait, et elle bénéficiait avec elle d’autorisations royales qui lui avaient permis de séjourner à Fort-Lampedusa, et de mener des investigations poussées.

« Haha ! Ces rascals vont couler par le fond, Luria ! Rendez-vous utile ! »

Une immense vague se fracassa alors sur le navire, les engloutissant pendant quelques secondes, avant que la pointe du navire n’émerge des flots. Norrington faillit en perdre son tricorne, tandis que les flèches enflammées fusèrent sur un navire ennemi, enflammant les voiles, avant que des jets magiques ne fusent. Les mages généraient des cônes de Glace qu’ils projetaient, ainsi que des boules de feu avec leurs bâtons.  Fort heureusement, l’eau n’avait pas détaché les balistes et les mangonneaux, et les ingénieurs se remirent en position, chargeant un mangonneau. Un lieutenant siffla, et le mangonneau se relâcha, déployant dans les airs des volées de pierres qui s’enflammèrent ensuite. Les rochers tombèrent dans l’eau, mais frappèrent plusieurs navires légers adverses, les coulant.

À défaut de canons dans les étages inférieurs, le Laguerta disposait d’une série de balistes, crachant des flèches à pointe en acier.

« Vous voyez ces leviers, Capitaine Luria ?! »

Il désigna de la main plusieurs leviers devant lui.

« Celui à gauche sert à manipuler les voiles. Abaissez-le une fois pour que nous rabattions les grandes voiles, ce qui réduit notre allure. Abaissez-le encore pour rabattre toutes les voiles, ce qui nous permettra de naviguer plus facilement. Ensuite… Le levier du milieu est le signal d’alarme. Quand vous le tirez, les marins s’abriteront autant qu’ils peuvent pour éviter d’être fauchés par les flèches ennemies. Enfin, le levier de droite commande les bordées. En haut, c’est une bordée de flèches depuis les ponts inférieurs sur la droite. En bas, on tire à gauche. Vous avez bien compris ?! »

Norrington avait normalement un aide de camp pour faire ça, ou le faisait lui-même, mais, avec les flots déchaînés, ses deux mains seraient occupées sur la barre.

« Vous allez faire ce que je vous dis ! La puissance de feu ne suffira pas, nous allons montrer à ces chiens que nous savons nous battre ! »

Le Laguerta s’avança encore, et Norrington hurla à Luria de tirer une volée de flèches sur la droite. Les multiples balistes crachèrent des flèches qui s’enflammèrent, et frappèrent le flanc d’un croiseur ennemi, arrachant des volées de bois.

« Okay, vous gérez le truc ! Mais nous avons plus à affronter ici que de simples navires ennemis ! Soyez vigilante, et suivez mes instructions ! »

Car la bataille ne faisait que commencer !

Pour sûr, Luria n'avait pas le pied marin, non pas qu'elle était malade sur les flots déchaînés, mais commander un bateau, le diriger, elle était capable de bien des choses, mais ça, ça ne faisait pas partie de ses facultés. Avec le temps, peut-être que cela arrivera à lui rentrer dans le crâne, mais pour le moment, ce n'était pas le cas, très loin de l'être même. Se tenant non loin du capitaine du navire, elle résistait à la tempête comme elle pouvait, bien souvent avec difficulté. S'il y avait bien une chose qu'elle détestait, c'était bien de ne servir à rien. Autant quand il s'agissait de se tenir bien droit, ce genre de chose en apparence inutile, ça va, cela faisait partie de ses activités. Mais là, il y avait clairement un adversaire camouflé derrière les vagues et elle ne faisait que poireauter. C'est honteux !

Norrigton venait bien de finir par lui donner quelques directives après avoir maintenue le bateau en bonne voie comme il pouvait, mais Luria allait devoir apprendre certaines choses rapidement vu la situation donc il était temps de bien ouvrir ses oreilles pour bien retenir les informations. Quelle barre permettait quelle action ? En soit, même si rien n'était sûr très clairement vu l'urgence de la situation, elle pensait avoir tout enregistrer bien comme il faut, mais on ne sait jamais dans l'urgence.

« Je pense que ça devrait le faire. »

Reste à savoir si c'est vraiment le cas ? Quoi qu'il en soit, quand Norrigton venait à demander les flèches, Luria venait tirer le levier de droite pour que les flèches soient crachées sur leurs ennemis, espérons que cela puisse toucher certains de leurs adversaires, en particulier ceux qui savaient tenir la barre, ce serait plus facilement de laisser le navire voguer sur les flots sans que personne ne sache comment le manœuvrer, mais ça, ce n'était pas elle qui décidait.

« Pas de soucis ! J'écouterais vos ordres ! »

Luria n'était pas du genre à laisser n'importe qui lui donner des ordres, mais sur ce terrain, Norrigton en savait plus qu'elle, alors elle lui laissait aisément la main, elle n'allait pas risquer sa vie et celle des marins pour un caprice de soldat. Elle devait tout faire pour revenir à bon port avec Norrigton et un maximum de ses hommes. L'idée qu'Elena pouvait être actuellement en danger lui était insupportable, car elle n'était pas là pour la défendre. Bien que sur ce bateau, elle défendait la reine indirectement, ainsi que son royaume, elle préférait être sur son terrain et la défendre comme il se doit ! Les remouds des vagues continuaient d'asperger le pont et ses occupants sans pour autant être trop violent pour le moment. C'est ça qu'elle redoutait. Autant, elle ne pouvait affronter les éléments, autant elle pouvait affronter un homme, alors pas question de les laisser gagner cette bataille !

Les volets de flèches enflammés jaillirent, et frappèrent un bateau ennemi, tuant une dizaine d’Olympiens, et enflammant les toiles. Une flèche de baliste transperça le mât principal, qui se mit à tomber sur le navire, l’engloutissant dans les flots. Norrington n’avait pas le temps de se réjouir. Il pilotait un navire très lourd, peu maniable, ce qui posait des difficultés pour éviter les attaques. Attentif par-dessus cette purée de bois, il donnait ses ordres à Luria, son assistante improvisée. Les marins se repliaient quand d’énormes vagues se rapprochaient. Les vagues scélérates, comme on les appelait dans le milieu, étaient particulièrement redoutées des marins. Faisant plusieurs dizaines de mètres, elles formaient de véritables murs mobiles capables d’engloutir et de briser les navires. Face à ces vagues, il était fréquent de chavirer, surtout quand on était un petit navire. Prendre la vague de flanc, c’était s’exposer au risque de couler avec. La prendre de front, c’était aussi risquer de voir des dégâts structurels importants sur la coque.

Fort heureusement, Norrington pilotait un Man o’war, et ce navire massif permettait de résister à la plupart de ces vagues. Pour les autres, il fallait compter sur les magiciens pour lancer des sorts d’Air afin de diminuer la taille des vagues, ainsi que sur des sorts défensifs pour protéger les bateaux. De fait, pendant que Norrington se battait, si plusieurs magiciens attaquaient les ennemis, d’autres étaient à l’intérieur du navire, et généraient des sorts de Bouclier pour protéger le bateau. Rien de tout cela ne le rendait indestructible, loin s’en faut, mais c’était mieux que rien. La bataille faisait rage, et Norrington hurlait ses ordres, comme si ses cordes vocales étaient incapables de se rompre.

« Allez ! Allez ! Manœuvre à bâbord ! »

Des navires plus petits éperonnaient les bateaux olympiens, mais Norrington réussit à charger une trière olympienne. Après une vague, il vit le navire, et déploya ses voiles. Le choc fit trembler son navire, mais la trière explosa violemment, littéralement coupée en deux. Le commandant ne prit pas le temps de s’en préoccuper, hurlant de nouveaux ordres à destination de Luria, faisant tourner le Man o’war en voyant qu’une tornade aquatique se rapprochait. Sa cible consistait en une série rapprochée de plusieurs navires ennemis, des petits tournant autour d’un gros navire.

« Préparez vos sabres, moussaillons, celui-là on va l’aborder !! »

L’eau ruisselait sur son visage malgré son chapeau. Les mangonneaux firent feu à distance, coulant l’un des navires, et les tirs ennemis fusèrent de toute part. Une flèche manqua de peu Norrington, éclatant le bois, envoyant des débris dans tous les sens.

« Allez ! »

Des cloches retentirent sur le navire, et les cales s’ouvrirent, libérant des hommes armés. Dans une configuration de ce type, les armures de combat lourdes n’étaient pas l’idéal, et l’équipe d’abordage comprenait donc des soldats en tenue légère. Le Man o’war se rapprochait de l’immense bastion naval ennemi, un navire à plusieurs voiles, qui se rapprochait également. Des éclairs déchirèrent le ciel, et les deux navires continuaient à raccourcir chacun la distance qui les séparait. L’Amiral avait déjà mené bien des abordages au cours de sa longue vie de marin, et entendait bien survivre à celui-ci.

Toutefois, et alors que le Laguerta approchait, le navire ennemi attaqua le premier. Des silhouettes multiples bondirent depuis le pont ennemi, et atterrirent sur le Man o’war. Leurs bâtons métalliques tournoyèrent, fauchant par surprise les premiers marins et soldats luméens, tandis que Norrington se pinça les lèvres en reconnaissant des satyres.

« Capitaine ! Allez sur le pont ! Je comptais sur vous pour les aborder, mais il faut déjà se séparer de ces lascars ! Je ne veux pas de passager clandestin sur mon navire ! »

Se battre sur un navire, c’était bien différent de la terre ferme. Le sol était instable, et, avec les courants marins, il était fréquent de perdre l’équilibre. Plusieurs flèches fauchèrent les premiers satyres, mais les archers olympiens de l’autre navire tirèrent également. Désormais, les deux navires se tournaient autour, séparés l’un de l’autre, mais se rapprochant progressivement…

Une bataille navale, ça avait beau être un des points fort de Lumen, tout ce qui touchait à l'océan, pour Luria, ce n'était pas son élément. Elle faisait donc comme elle pouvait pour aider du mieux qu'elle pouvait Norrington, mais bien qu'elle pensait avoir les bases en tête, ce n'était pas son point fort. La mer tanguait comme à son habitude, les Olympiens arrivaient eux aussi avec leur bateaux et leur volée de flèches qui par chance, n'avait fait aucun dégât concernant Luria et le capitaine du navire. Dans ce lot déchaînée, elle faisait comme elle pouvait pour éviter le pire à ce pauvre bateau et son équipage. Bien que des mages soient présents pour limiter les dégâts, il fallait ne pas trop conter sur eux. Non pas qu'elle n'avait pas confiance, mais leur talent magique pourrait être mieux exploiter pour autre chose.

Le bateau se heurta à un autre et certains en profitaient pour venir sur le pont afin d'y semer la zizanie, mais cela ne se passera pas comme ça. Norrigton avait laissé Luria faire le ménage, il en sera ainsi.

« Compter sur moi pour qu'ils aillent nourrir les requins ! »

Dégainée ses lames de ses fourreaux, le capitaine avançaient sans peur vers les soldats. Elle n'en avait pas la moindre peur, le seul souci, ici présent, c'était qu'elle se trouvait sur le pont d'un bateau, sur une mer déchaînée. Ça ne sera pas si simple. Mis à part cela, elle arriva vers le premier soldat qui eut une fin rapide, étant dans un moment stable, la lame venait lui ouvrir la gorge, laissant ensuite le corps se laisser porter par les remous du navire tel un pantin désarticulée. Second soldat, Luria dû cette fois parer tout en tenant équilibre mais par chance, elle maniait deux lames. La seconde trouva refuge dans le corps de l'Olympiens, laissant une belle plaie verticale d'où le sang et quelques morceaux d'organes coulaient. Un bon coup de pied dedans pour le dégager et passer à la suite. Prenant les devant, elle donna un puissant coup vertical pour en finir, mais la mer l'avait gêner. Bien qu'elle n'avait pas totalement raté son coup, le soldat venait de voir une partie de son bras sectionné en deux, lui laissant sur le bras gauche que deux doigts sur les cinq d'ordinaire présent.

« Désolé, j'arrange ça de suite. »

Avec ses deux lames, elle venait lui donner deux ouvertures sur le corps, laissant ce dernier se vider de son sang. Conscient que seul, il faudrait de la chance pour réussir à blesser la jeune femme, le reste venait se jeter sur elle, l'entourant en espérant l'avoir à l'usure. Hélas pour eux, Luria était habitué à ce genre de combat. Comme si elle avait des yeux derrière la tête, elle parait les coups, esquivant certains, repoussant certains soldats avant de les voir revenir. Il n'y avait que le terrain qui ne jouait pas en sa faveur et lui faisait parfois passer de près à de sacrer blessures. Mais son corps était assez marqué comme ça par les batailles et les entraînements, pas question de l'abîmer plus que ça. Cela inquiéterait sa majesté de voir de nouvelle cicatrice sur son corps. Bien qu'elle ne semblait pas être blessée, elle semblait quand même dos au mur et ce ne fut que la présence d'un coup de feu, venant éliminer un des soldats qui permirent à Luria de se sortir de là. Suite à cela, Le capitaine venait éliminer un à un ses adversaires. Parfois rapidement et avec le moins de douleur possible, parfois en coupant un morceau de jambe pour faire perdre l'équilibre et s'en débarrasser temporairement. Mais elle n'oubliait pas ceux à terre et venait les achever. Quand même, elle n'allait pas les jeter à la mer encore en vie, agonisant.

Le pont aurait besoin d'être lavé, mais les vagues qui arrivaient sur le pont faisaient déjà un premier jet de lavage. Reste à se débarrasser des corps, mais d'autres ne vont peut-être pas tarder ? Pour le moment, Luria reprenait son souffle en guettant si l'ennemi arrivait à nouveau ou bien si elle devait revenir aider Norrigton ?

L’eau était déchaînée. Tenant la barre à deux mains, Norrington faisait face à un sacré défi. Le simple fait de survivre à la tempête allait déjà, en soi, tenir de l’exploit. Mais, avec les navires olympiens en plein milieu, la situation était encore plus tendue ! Fort heureusement, le Laguerta était un navire de guerre robuste, particulièrement solide, que Norrington connaissait très bien. Il le manipulait avec une sorte d’aisance naturelle, et observa, au milieu du pont, leur furie de bataille. Luria bondit contre les satyres, puis contre les hoplites olympiens. Manipulant ses deux lames, elle ne semblait nullement avoir besoin de bouclier. Norrington, qui aurait presque pu en tomber amoureux, vit l’une des lames partir vers l’arrière, parant une lame olympienne, puis Luria se retourna, ondulant sur place, et trancha dans le vif, faisant couler le sang. Mortelle, implacable, onctueuse.

« Haha ! Allez, les gars ! Prenez exemple sur le Capitaine Luria ! »

Les autres soldats se battaient avec honneur, mais la tempête n’aidait guère. Luria perdit ainsi l’équilibre à plusieurs reprises, tandis que le Man o’war tremblait sous les tirs ennemis. Les deux navires se heurtèrent violemment, et Norrington hurla encore, avant de prendre un sifflet, et siffla furieusement, appelant les Luméens à l’abordage. Ceux-ci s’élancèrent vers des cordes, et bondirent de l’autre côté, ou sautant par-dessus les rambardes. Des tirs d’archers et d’arbalétriers fusèrent dans les deux sens, abattant des matelots qui tombèrent dans les flots.

Norrington s’efforçait de maintenir la barre, sentant tout el bateau trembler sous le contact ennemi. La bataille faisait rage sur le pont ennemi, mais les Olympiens n’avaient que des troupes légères. Les Minotaures étaient trop massifs. Des éclairs supplémentaires zébrèrent le ciel, et Norrigton maintint la prise. Habitué des eaux marines, il avait manœuvré de manière à ce que le navire ennemi se retrouve entre lui et une vague scélérate, s’aidant pour cela de sa boussole.

« Maintenez la prise ! »

La vague scélérate frappa sur le fouet le navire olympien, renversant plusieurs archers. Les Luméens attaquèrent avec rage et détermination, et, devant Luria, un archer ennemi qui la visait vit sa tête être transpercée par un carreau enflammé. La vague scélérate déstabilisa le navire ennemi, et le mât principal s’abattit. Luria se rapprochait du capitaine ennemi, et deux hoplites lui firent face, avec leurs lances pointées vers elle. Encore une fois, avec grâce et élégance, Luria les attaqua, ne laissant aucun survivant. Le capitaine l’observa ensuite, furieux, et saisit sa dague.

« Mort à vous, les hérétiques ! »

Il s’élança alors vers elle, et mourut à nouveau. Norrington sonna ensuite sur une cloche en argent, invitant les soldats à revenir, tandis que le navire ennemi commençait à prendre le fond. Luria rejoignit ainsi l’Amiral, qui lui sourit joyeusement.

« Si je n’étais pas déjà marié, je vous épouserai ! » s’exclama-t-il.

Il éloigna le navire du bateau olympien, et continua son office.

« Haha ! Leurs trirèmes sont vraiment d’une autre époque ! »

La bataille était en train de tourner en la faveur des Luméens… Quand une immense vague explosa sur leur gauche. Fronçant les sourcils, Norrington vit un navire luméen qui se rapprochait… Un éclair déchira alors le ciel, et il entendit un solide craquement, voyant le mât du navire tomber.

« Mais qu’est-ce que… ?! »

Une vague supplémentaire jaillit, engloutissant pendant quelques secondes le navire luméen.

Un monstre d’une autre époque venait d’émerger dans la mer, et déployait ses tentacules pour attaquer le navire luméen, brisant son mât, avant de l’engloutir…

…Le Kraken !

Combattre des soldats, c'était une chose à laquelle Luria était habituée, elle avait même fait de sa vie une véritable épée destinée à écrasée quiconque voudrait s'attaquer à Lumen. Donc, mis à part le terrain qui n'était pas vraiment idéal pour elle vu combien ce dernier tanguait au rythme des vagues, les adversaires qui lui faisait face n'étaient pas un vrai souci. Il lui était arrivé de plier genou face à dame nature, mais elle s'en tirait pour le moment sans aucune blessure. Les soldats étaient trop faibles pour elle ou bien elle avait eu de la chance, elle n'allait pas s'en vanter, une chose était sûre, pour le moment, elle remporte la bataille. Mis à part quelques cadavres qu'elle tentait de jeter à la mer pour ne pas trop gêner sur le pont, quand elle entendis la cloche sonnée, elle retourna voir le capitaine qui la flattait, mais elle n'était pas là pour ça. Surtout que ce dernier était marié donc elle n'oserait pas s'abaisser à ce genre de chose. Luria était là pour servir sa majesté et le royaume, elle n'a que très peu pensé à une vie sentimentale.

Luria attendait donc la deuxième vague arrivée, ce serait trop beau qu'ils n'aient envoyé qu'un seul navire contre eux. Mais ce denier n'arrivant pas, il fallait peut-être attendre un peu plus longtemps ? Difficile de dire s'ils étaient dans le coin, les vagues leur servait peut-être de camouflage ? Quoi qu'il en soit, leur prochain adversaire se montrait et... comment dire, dans les points positifs, il était seul. En négatif, il était très grand et très dangereux !!! Vu les énormes tentacules qui s’élevaient dans le ciel comme si ce dernier voulait saisir des nuages, le combat s'annonçait bien plus robuste !

« Avant de dire des bêtises, pas question que je lui grimpe dessus pour le tuer ! »

Le pouvait-elle seulement ? Si ses tentacules s'en prenaient au bateau, elle pouvait toujours les trancher, vu le monstre, il devait être du genre assez mou pour ça ? Mais rien ne garantissait que cela suffirait, si ça se trouve, il sera assez rapide pour saisir le bateau et le broyer en deux avant même que Luria n'atteigne une de ses tentacules. Bien que ses armes soient toujours en main, elle ne pouvait rien faire pour le moment, si elle devait l'attaquer de front, elle devait attendre sa première attaque. Sauf si le capitaine avait une arme redoutable à son bord ? Comparé à la bande de soldats de tout à l'heure, là, c'était un autre morceau... Quant aux autres types d'armes, canon, lance harpon, ça jouait plus ou moins dans la même catégorie sauf que c'était là un peu plus difficile encore à manier. Comparé à la bande de soldats de tout à l'heure, là, c'était un autre morceau...

Un immense tentacule jaillit de l’eau, comme une montagne se dressant dans l’obscurité. Les trirèmes olympiennes s’étaient reculées, et, médusé, l’équipage du « Laguerta » vit avec effarement ce membre massif se redresser. Un éclair déchira les nuages, et ils purent ainsi voir la forme de cette chose, constatant qu’il s’agissait d’un tentacule massif, plus gros qu’un navire.

« C’est le Kraken !
-  Le Kraken !! »

Réputé pour son calme légendaire, Norrington lui-même sentit la panique le saisir. Les mages du navire déployèrent immédiatement des boucliers, tandis que le temps sembla se suspendre pendant quelques instants. Inspiré selon certains des calmars géants sévissant dans les contrées nordiques, le Kraken était aussi un monstre olympien, appartenant au Dieu Poséidon, et à qui Andormède avait été donnée en sacrifice, la mère d’Andromède étant réputée plus belle qu’Héra. La légende raconte que Persée parvint à sauver Andromède lors d’un terrible combat contre le Kraken où il le pétrifia à l’aide de la tête de Méduse.

D’autres légendes disaient que le Kraken était entouré de poissons, et que, quand on faisait une bonne pêche à un endroit inhabituel, cette pêche portait malheur, car on s’en prenait aux enfants du Kraken, qui n’hésitait pas alors à vous poursuivre en mer. Figure cauchemardesque typique du monde marin, il semblait toutefois plus logique de considérer que, sur Terra, le Kraken était une autre des aberrations spécifiques aux Grands Anciens, que les Olympiens avaient récupéré.

« Amiral, il va nous engloutir ! »

Même Norrington ne pouvait pas lutter contre un tel monstre. Il regarda autour de lui, et ordonna qu’on lui amène une carte nautique.

« Il faut faire cap vers l’île la plus proche, ordonnez la retraite générale ! »

Déjà, le Kraken continuait à briser les navires légers luméens, tout en se rapprochant du « Laguerta »… Et la perspective de finir dans sa gueule ne tentait guère Norrington. Les quartiers-maîtres ne tardèrent pas à faire sonner les cloches d’alarme, tandis que le bateau changea de cap, se dirigeant vers l’île la plus proche.

« Amiral, le Kraken se rapproche ! »

Retournant dans l’eau, l’immonde bestiole se rapprocha rapidement, générant autour d’elle de puissantes vagues. Les mages luméens se concentrèrent, et jetèrent des jets de Glace derrière eux, congelant l’eau de mer. Les tentacules du Kraken se heurtèrent aux blocs de glace, les explosant sur place. D’autres cônes de glace en forme de javelots furent lancés sur la bête, tandis que les archers luméens décochaient des volées de flèches.

« Allez, allez ! Déployez les rames, donnez tout ce que vous pouvez ! »

La course semblait désespérée. La mer, déchaînée, s’abattait encore sur le navire. Une énorme vague inonda le pont principal pendant plusieurs secondes, repoussant les marins contre le bastingage. L’un d’entre eux bascula même par-dessus bord, mais une main le saisit in extremis au col de sa chemise, le maintenant à bord. Dans l’eau, Norrington imaginait les tentacules putrides de la bête se rapprocher de son navire, afin de percer la coque.

Norrington tenait bon. Le bateau trembla soudain sur place, comme s’il avait heurté un récif.

« Il nous poursuit, Amiral !
-  Putain de merde ! Tenez bon ! »

Toutes les voiles étaient déployées. Sur la surface de l’eau, des créatures jaillirent alors, des êtres bleuâtres qui se mirent à courir à la surface de l’eau. Des hippocampes venaient d’apparaître. Les chevaux heurtaient violemment les navires luméens, et Luria, si elle avait la curiosité de voir, put ainsi apercevoir plusieurs hippocampes se suicider en explosant contre les navires. La situation était dramatique.

« HIPPOCAMPES !
-  Ces saloperies veulent nous ralentir ! Tuez-les à distance ! Un seul tir les fera exploser ! »

Norrington continuait à tenir la barre, voyant une île sauvage qui se rapprochait de plus en plus. Les hippocampes étaient de singuliers chevaux aquatiques avec une longue queue de poisson, et une lueur bleuâtre azur. Ils chevauchaient directement sur l’eau, et ne répondaient qu’à Poséidon. Disposant de pattes arachnéennes, ils pouvaient aussi se battre avec, et ressemblaient à des espèces de croisement entre les araignées de mer et les chevaux aquatiques.

D’affreuses et hideuses créatures, indéniablement !

La situation était assez critique. Autant Luria pouvait affronter et éliminer la menace quand il s'agissait de stupides soldats se jetant dans la gueule du loup, autant face à une bête aussi gigantesque et sur mer en plus, Luria ne pouvait rien faire, étant l'égal de tous ceux ici présent. Elle ne pouvait pas voler comme les anges, elle ne pouvait pas nager comme une sirène, elle n'était qu'une femme sachant manier deux lames à la fois. Si quelqu'un arrive à le mettre à taille humaine sur le pont, elle pourrait sans doute le vaincre, mais dans ces conditions-là, elle ne pouvait rien faire. À part contempler la grande créature et voir l'amiral donner ses ordres, elle ne pouvait pas faire grand-chose. Même si l'ordre était de rejoindre l'île la plus proche, Luria ne pouvait pas aider plus que ça.

Les mages faisaient le nécessaire pour lui mettre des bâtons dans les roues, mais ça semblait peu efficace à le ralentir. Ça fonctionnait, mais juste un peu, pas de quoi sauter de joie. Si ce ce n'était que ça, ça aurait pu aller dans leur malheur, mais en plus, d'autres créatures fonçaient droit vers le bateau pour tenter de percer la coque ou le faire basculer, allez savoir. La bonne nouvelle concernant les hippocampes, c'était qu'un tir suffisait à les avoir pour les faire exploser avant qu'ils n'arrivent au bateau. Le hic dans tout cela, c'était que le capitaine de Lumen n'excellait pas dans le tir à l'arc. Ça pouvait aller, mais elle n'était pas la meilleure archère de Lumen, ça non.

Luria cherchait un arc, afin de tenter de se rendre utile et mis son « talent » à l'œuvre. Ce n'était pas glorieux, mais elle arrivait parfois à en toucher quelques-uns, rendant ainsi la menace moindre face au bateau. Il faut juste espérer que le bateau rejoigne l'île au plus vite ou que de vrais soldats arrivent sur le pont, là, elle pourra mettre son talent à contribution pour le bien de tous. Actuellement, elle aidait, mais il y avait mieux qu'elle autour, donc elle gâchait parfois des flèches. Ce n'est pas comme si elle était la seule, viser et tirer sur un bateau en pleine mer, ce n'était pas si simple, mais ce n'était pas la plus douée.

La situation devenait critique. Qu’est-ce que de simples hommes pouvaient faire face à des Dieux ? Face au Kraken ? Les hippocampes les poursuivaient, et ceux qui atteignaient de simples navires provoquaient de violentes explosions aqueuses, engloutissant les navires. Toute voile dehors, le « Laguerta » avançait à vive allure. Luria aidait également avec un arc. Soudain, l’eau se déchira en deux, et un énorme tentacule émergea, fondant vers le bateau. Les mages lancèrent une pluie de cônes de glace et d’arcs électriques. Le tentacule s’illumina comme une guirlande électrique, mais continua sa descente, et frappa violemment le rebord du navire. Toute la coque en trembla sur place, et Norrington serra ses mains sur la barre du navire. Des planches de bois s’envolèrent dans les coins. Le « Laguerta » vacillait encore, et Norrington continua, remettant la barre en place.

De nouveaux hippocampes les poursuivaient, et la situation devenait encore plus critique. Alors que plusieurs hippocampes étaient prêts à les attaquer, elles explosèrent brusquement sur la mer. Difficile de s’y intéresser, car, après l’attaque du tentacule, le navire de Norrington commençait à tanguer. De l’eau s’infiltrait dans la cale, et les marins se dépêchaient de colmater les brèches.

« Bordel de merde ! Ce rafiot ne va pas nous lâcher maintenant ! Allez, les gars, on continue ! »

Norrington ne comptait pas mourir face à cette grosse bête. De nouvelles vagues venaient les frapper. Là-bas, très loin, une immense masse aquatique était en train de se former. D’immenses hippocampes jaillirent au milieu de l’eau, formant d’énormes vagues. À travers les éclairs qui zébraient les nuages, les marins hurlèrent, discernant également d’énormes tentacules aqueux recouverts de roches. Et, au milieu des hippocampes géants et de massifs rocheux, Poséidon émergea de l’eau. Une forme gigantesque, tenant dans sa main un trident aqueux.

« Par tous les Saints ! C’est Poséidon !
-  Nous sommes damnés ! »

Norrington n’avait plus qu’à prier le Seigneur, mais il ne comptait pas mourir.

« Bordel ! Plus c’est gros, plus ça se voit ! Tirez-lui dessus quand il sera à portée ! »

Poséidon leva son trident gigantesque, et des éclairs multiples jaillirent depuis le ciel. Il tendit ensuite son trident, et, depuis celui-ci, une nuée d’éclairs jaillirent. Des éclairs terribles qui frappèrent plusieurs navires, enflammant les voiles et les faisant exploser. Un éclair jaillit vers le « Laguerta », et les mages formèrent un bouclier. Le dôme dévia l’éclair, qui frappa l’une des voiles du mât central, l’enflammant. Des débris tombèrent sur le pont.

Le Dieu Poséidon se déplaçait lentement, ; remuant ses hippocampes, soulevant de nouvelles vagues. D’immenses vagues remuèrent sur l’eau, et frappèrent à nouveau le navire. L’une des vagues déstabilisa Luria, qui tomba sur le sol avec d’autres marins. Le navire continuait à se déplacer, quand plusieurs chocs se firent sentir… Et Norrington sentit quelque chose bloquer la barre.

« Le gouvernail ! Quelque chose a agrippé le gouvernail ! »

Des tentacules supplémentaires jaillirent alors, signe que le Kraken était revenu. Ils fondirent sur le pont, et Luria vit plusieurs marins être emportés autour d’elle, s’envolant en hurlant. Devant elle, un marin déploya une arbalète, cherchant à tirer, mais un tentacule le frappa violemment, et défonça le pont au passage, faisant un trou qui emmena le malheureux plusieurs étages en contrebas. Le temps que Luria puisse réagir, un autre tentacule la saisit par la cheville, et la traîna par l’arrière. S’armant de haches, les marins affrontaient la bête. Elle allait basculer par-dessus bord quand une hache trancha le bout du tentacule la retenant.

« Relevez-vous, vite ! » hurla le marin.

Un hippocampe jaillit alors juste devant le navire. Luria avait une vue plongeante sur sa gueule abyssale… Quand un trait lumineux jaillit par en-dessous, et le frappa au ventre. L’hippocampe explosa alors en une boule d’eau juste devant le navire. La déflagration aquatique projeta encore Luria, qui bascula cette fois par-dessus bord, et tomba dans l’eau.

Sous l’eau, on pouvait voir une immense masse sombre au loin qui se rapprochait, avec plusieurs tentacules très longs, dont l’un s’était agrippé au gouvernail du navire, ralentissant sa progression. Luria sentit alors des bras la saisir. Le temps de se retourner, elle put voir une sirène qui la tenait dans ses bras.

« Détruisez le tentacule retenant le gouvernail ! Libérez les humains !
-  Conduis cette humaine à la cité, Sistria ! »

Sistria hocha la tête, et déposa un baiser sur les lèvres de Luria, lui insufflant de l’air.

« Accrochez-vous à moi si vous voulez vivre ! »

Visiblement, des alliés inattendus venaient de faire irruption…

C'est sûr que Luria n'était pas à son aise, sur ce bateau, elle n'était pas la plus indispensable. Le capitaine pouvait bien affronter des soldats autant qu'elle pouvait en maîtriser, elle faisait avec et mis à part le terrain, ça allait, elle savait gérer. Mais devoir affronter un Kraken ou encore les chevaux des mers explosant à la moindre blessure, c'était déjà trop. Surtout que c'était bien gentil de devoir leur tirer dessus à l'arc ou l'arbalète pour les faire exploser au loin, mais là encore, ce n'est pas son point fort. Durant un test, elle aurait eu une mauvaise note avec de telles aptitudes et un tel pessimisme. Le dieu des océans de l'Olympe venait à participer à cette bataille, aucune personne ici ne peut tenir tête à une divinité ! Un détail que Luria trouvait étonnant, c'est que ce dernier semblait capable d'user de la foudre... Outre le fait que l'eau et l'électricité ne font pas bon ménage, la foudre n'est pas ce que Zeus contrôle ? Certes, ils sont dans le même camp, mais ça ne risque pas de barder si jamais Poséidon venait à user de son arme sans sa permission ?

Même en fuyant, le Kraken parvenait à stopper le bateau, les gardes s'envolaient autour d'elle, aucun ne pouvait rivaliser avec une telle créature. Même elle, fut prise par surprise, tiré par l'un des tentacules de la créature. Elle tentait évidemment de se tirer de ce mauvais pas, mais avec l'agitation et la panique, c'est à peine si elle avait réussi à le couper un peu. Vu la taille de la créature, au mieux ce qu'il a ressentit, c'est une petite coupure faite avec du papier. Par chance, les soldats sont réussi à la tirer de ce mauvais pas en trancher le bout de son tentacule, un peu plus, elle n'aurait pas miser une pièce de bronze sur sa vie... La bataille n'était pas fini pour autant car un des hippocampes venait à arrivé sur le pont, sur le point de s'en prendre à elle mais il finit par exploser, n'ayant pas vu qui et où, l'aide était venue. Cela la repoussait encore, sans trop de dégât, certes, mais assez pour tomber à l'eau. Il y avait un point à ne pas négliger là-dedans. Le capitaine de Lumen ne savait pas nager...

Terminant à l'eau, elle s'agitait en espérant réussir enfin à savoir nager et à revenir sur le bateau, mais non, elle gaspillait ses forces inutilement alors qu'elle coulait sans réussir à remonter en agitant ses bras. Quelque chose venait la saisir, elle pensait encore à l'un des tentacules ou un autre adversaire tapis sous l'eau, mais c'était des bras humains et, un corps humain ? Oui, mais non, en y regardant de plus près, sous le nombril, il n'y avait plus rien d'humain. Ses lèvres se collèrent à celles de la sirène pour sentir ses poumons reprendre un peu de souffle, ce qui n'était pas négligeable. Bien qu'elle ne contredisait pas les ordres des sirènes en s'accrochant à elle, elle se demandait si c'était la bonne chose à faire ? Abandonner le navire, comme ça ? Ça irait ? Même avec l'aide des sirènes, ce n'est peut-être pas la bonne chose à faire ? Elle ne pouvait qu'attendre qu'elle puisse respirer et parler et ce ne fut qu'une fois arrivée à cette cité, assuré qu'elle pouvait parler qu'elle allait se montrer polie mais impatiente aussi.

« Merci, vraiment, beaucoup ! Mais je dois retourner là-bas, mes camarades ont besoin de moi, ils vont se faire avoir sinon !!! »

Non pas que la présence de Luria était un poids lourd dans la balance, mais c'était toujours mieux que rien. Elle devait retourner à Lumen pour être auprès de la reine et la protéger, là était son rôle de capitaine. Pas à barboter avec les sirènes.

« Aidez-moi, s'il vous plaît, je dois les aider et revenir auprès de ma reine ! »

Luria n'était pas en colère, juste inquiète pour eux, et surtout pour elle, sa jeune reine. Adamante était à coup sûr à ses côtés, mais Luria se devait d'y être aussi, de protéger la famille Ivory et le royaume.

Le royaume de Lumen n’avait jamais été seul. Il disposait d’une puissante alliance, qu’on appelait familièrement la « confédération de Lumen ». C’était une appellation quelque peu trompeuse, car tous les États alliés à Lumen n’avaient pas le même statut. Voguant dans l’eau, Sistria s’éloigna de la zone de combat, tandis que d’autres sirènes émergeaient dans l’autre sens, hurlant dans l’eau. Leurs sorts magiques provoquaient des déformations, des sortes de rayons aqueux qui frappaient le Kraken. Si les sirènes n’avaient pu sauver tous les humains, elles en avaient récupéré autant que possible. La fuite ne fut toutefois pas simple, car les hippocampes de Poséidon attaquaient aussi dans l’eau. Et, là, ils ne se contentaient pas d’exploser comme à la surface, mais déployaient leurs propres rayons aqueux, ou attaquaient avec leurs queues caudales. Sistria se retrouva ainsi poursuivie par deux hippocampes. Elle pensa évidemment à l’humaine qu’elle détenait, et utilisa sur elle une algue spéciale, qui lui permettait de respirer provisoirement.

Sistria slaloma entre des dédales rocheux, et fila dans un canyon, s’enfonçant dans une faille très sombre. Les hippocampes perdirent ainsi du large, et, quand ils s’élancèrent encore vers la sirène, d’énormes coquillages défensifs libérèrent des rayons aqueux, faisant exploser les deux hippocampes. Luria put ensuite voir la demeure de Sistria, une puissante cité aquatique éclairée par des cristaux, avec de multiples animaux marins. Sistria passa par une arche, et pénétra dans une sorte de dôme aquatique permettant aux humains de respirer. Luria atterrit ainsi sur le sol. L’eau était toujours là, mais c’était une eau très spéciale, diluée par les dômes magiques entourant la cité.

Dès qu’elle fut au sol, Luria demanda à retourner à la surface, indiquant qu’elle devait venir en aide à la flotte, qu’elle devait combattre le Kraken.

« Vous n’avez aucune chance face au Kraken. Les humains du bateau sont piégés sur l’île qu’ils ont entrepris de rejoindre. À quoi bon te ramener là-bas ? Si tu veux vraiment combattre Poséidon, c’est ici, dans la mer, qu’il faut te rendre. »

Sistria flottait dans les airs, et Luria put constater que de nombreux autres soldats avaient été ramenés par les sirènes. La cité était très spéciale, avec quantité d’animaux qui passaient par là : des bancs de poissons, des dauphins, et même parfois des baleines. Luria venait arriver dans le royaume d’Arcnos, un royaume de sirènes qui étaient alliés de Lumen et des Îles Mélisi. Les sirènes d’Arcnos étaient surtout connues des navires marchands pour leur curiosité, et pour les séances de sexe sauvage sur les îles. La marine luméenne avait pour habitude de traquer les braconniers cherchant à capturer les sirènes, tandis que celles-ci assuraient la sécurité des eaux profondes, notamment en repoussant les Sahuagins.

Une vive agitation régnait dans la cité, qu’on ne pouvait que comprendre. Les sirènes étaient par tradition les créatures de Poséidon. Elles se révoltaient donc contre leur Dieu. Luria, toutefois, était surtout impatiente de repartir à l’action.

« Calme-toi, humaine. La flotte de Poséidon a été sévèrement endommagée par votre combat, mais le Dieu des mers vogue vers Lumen. Si tu veux aider ta Reine, il faudra nous aider. »

Restait à savoir comment… Sistria se déplaça à nouveau, et invita Luria à la suivre. Celles-ci rejoignirent ainsi une sorte de grande sphère centrale où de nombreuses sirènes étaient regroupées. Au milieu d’elles, des sirènes plus expérimentées, visiblement les dirigeantes d’Arcnos, parlaient de la bataille, et débattaient en même temps du conflit.

« Ce n’est pas un simple céphalopode géant, c’est bien le Kraken…
-  Mais il y a encore plus préoccupant. Charybde et Scylla ont également été libérés, c’est insensé.
-  Poséidon est devenu fou ! Mais nous n’avons aucune chance contre lui…
-  L’une de nos missions principales était de veiller sur les cellules de ces monstres légendaires et de combattre leurs rejetons ! La libération de ces monstres a perturbé l’équilibre des océans. »

Les sirènes aimaient beaucoup débattre. Elles n’étaient pas un peuple de guerrières, du moins, pas les sirènes d’Arcnos. Sistria se rapprocha, attentive au suivi des débats, et relata le combat des sirènes contre le Kraken, confirmant que c’était bien le monstre légendaire, une résurgence des Grands Anciens… Et confirma également la présence de Poséidon, qui avait utilisé le Trident, son artefact légendaire surpuissant.

« Mes sœurs, c’est à nous de ramener Poséidon à la raison.
-  Il faut sceller de nouveau le Kraken, mais cela nécessite l’aide de Calypso… »

Calypso était une antique nymphe, dotée de puissants pouvoirs magiques, mais qui résidait sur une île, Ogygie, « l’île des délices ». Aucune sirène ne pouvait s’y rendre, et il faudrait donc l’aide d’un humain…

Quand Luria se manifesta, les sirènes la regardèrent. Peu de choses échappaient aux sirènes d’Arcnos en ce qui concernait Lumen.

« C’est la capitaine de Lumen, la Capitaine Flowashield…
-  Celle qu’on dit proche de la Reine de Lumen en personne ! »

Arcnos avait beau être situé dans les profondeurs aquatiques, les sirènes d’Arcnos entretenaient un lien régulier avec le monde de la surface, en grande partie grâce aux marins qui naviguaient sur la mer, et qui venaient parfois se perdre entre leurs bras. Elles étudièrent entre elles la possibilité de confier cette mission à Luria, avant de la trouver très judicieuse.

« Nous pouvons prendre forme humaine, Capitaine Flowashield, mais c’est très handicapant pour nous. Notre queue se détache de notre corps pour former un poisson, mais on ne peut pas rester à la surface longtemps. Et ce sortilège magique risquerait de se retourner contre nous chez Calypso. »

Mais qui était précisément Calypso ? Plusieurs sirènes tournaient autour de Luria. Les réunions n’avaient pas le caractère officiel à Lumen. Aucune sirène n’était assise sur une chaise, elles se déplaçaient dans la bulle centrale tout en parlant entre elles. On pouvait néanmoins ressentir une certaine agitation. Poséidon était leur Dieu, le protecteur des océans et des sirènes. Mais les sirènes d’Arcnos étaient suffisamment lucides pour voir que Poséidon avait trahi les sirènes, qu’il avait libéré Charybde et Scylla, et sorti el Kraken de sa cage. Des crimes beaucoup trop graves pour que les sirènes le suivent silencieusement, même si des débats houleux continuaient encore à agiter les sirènes d’Arcnos.

Celles-ci expliquèrent donc à Luria ce qu’elles savaient :

« Calypso est…
-  Une nymphe !
-  Une Déesse ! » s’exclamèrent deux jeunes sirènes.

Une sirène plus âgée fronça les sourcils, leur intimant le silence, avant de se retourner vers Luria.

« Calypso a assurément été au moins une nymphe. Dans la mythologie olympienne, elle a retenu Ulysse pendant sept ans lors de son retour de Troie, car elle était amoureuse de lui. Mais elle est bien mystérieuse, et, selon les versions des chroniqueurs olympiens, serait la fille du Titan Atlas, ou une Océanide selon d’autres versions qui aurait forniqué avec Hermès. D’autres, enfin, font d’elles une ancienne Déesse païenne, datant de temps reculés. »

La sirène remua encore, sa queue caudale ondulant dans l’eau, proche du visage de Luria.

« La vérité est que Calypso a sauvé Ulysse d’un naufrage provoqué par le Kraken. Elle l’a retenu autant par amour que pour le protéger. Depuis lors, elle est sur son île, Ogygie. Enfin, pour autant qu’on s’en rappelle, elle a toujours été sur cette île. »

Les informations continuaient à affluer, mais cette Calypso semblait décidément assez importante aux yeux des sirènes. Celles-ci donnaient parfois l’impression d’une cour de récréation pour adultes.

« On dit que Calypso est la mère du Kraken, mais, en vrai, je ne vois pas trop comment on peut concevoir une horreur pareille.
-  On dit aussi qu’elle est la Maîtresse du kraken, et qu’elle en confie le commandement aux capitaines qu’elle estime dignes d’elle… Comme Davy Jones !
-  C’est ce qu’on dit, oui… Mais nous avons enfermé le Kraken, avant que Poséidon ne le libère. Et Calypso se méfie des sirènes. Elle n’est pas forcément méchante, mais elle est très possessive. Enfin, si tu veux vaincre le Kraken, Luria, il te faudra rejoindre Ogygie, et convaincre Calypso de t’aider. »

La sirène attendit quelques secondes, avant de conclure :

« Est-ce que tu as des questions ? Quand tu seras prête, nous te conduirons à Ogygie. »