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La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 21 sept. 2024 14:47
par Rini Koken
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Un bar plongé dans la pénombre d'une nuit fraîche. Des pancartes aux écriteaux lumineux, invitant les curieux à s'y aventurer. Une touche exotique apportée par la présence de ces deux lampions chinois qui en entouraient l'entrée. Il avait plu, cette nuit-là. Assez pour donner naissance, çà-et-là, à des flaques d'eau sale. Le flux céleste s'était tari depuis un petit moment déjà. La motarde, à la combinaison détrempée, avait garé sa bécane le long d'un flanc de cet établissement malfamé. Elle s'en était éloigné mais, curieusement, n'avait point renoncé au port de son casque. Cette protection, à la visière teintée au-dessus de laquelle trônait un motif en tête de mort, dissimulait efficacement ses traits.
Ses poings gantés bien serrés, la guerrière de la route s'immobilisa face à la lumineuse devanture.
Les épaules couvertes par une veste en cuir, un type au regard vicieux, qui attendait là, l'interpela aussitôt :

- Hep là, p'tit gars ! T'es qui, toi ? On s'décoiffe avant d'entrer. C'est not' règle.

Une voix bourrue qui se voulait intimidante. Une attitude de racaille, remarqua tranquillement son observatrice. Un type à problèmes, à n'en point douter, qui ne se considérait absolument pas comme de la merde...
Ne bougeant pas, la motarde poursuivit silencieusement son évaluation.
Son œil gauche était barré d'une fine cicatrice. Ses cheveux gominés, ramenés vers l'arrière, débordaient le long de sa nuque. Au cou, il portait une chaîne en argent agrémentée d'une tête de mort. Fixé à un passant de ceinture de son jeans beige, une chaîne semblable pendouillait le long de sa cuisse. Il avait une main enfoncée dans la poche.
Et dans cette dernière se devinait la forme d'un instrument tranchant, très facile à manier...
Du pouce, le voyou indiqua le bâtiment.

- Ici, c'est l'repaire de not' bande. Si j'peux pas voir ton visage : tu rent' pas - point barre !

Elle avait très bien compris le message.
L'imbécile se trouvait bien trop près pour avoir le temps de réagir.
Ce fut rapide - pour ne pas dire fulgurant !
En premier lieu, un coup de coude en travers du diaphragme ; le vilain, les yeux exorbités et la respiration coupée, s'était plié en deux.
En second mouvement, un uppercut balancé de l'autre main, à hauteur de mâchoire ; son visage soudain redressé, le voyou basculait vers l'arrière...
Enfin, pour la troisième et dernière étape, la motarde lui avait balayé ses appuis, l'enjoignant brutalement à embrasser le bitume et à y rester collé.

- Poing barre, conclut-elle d'une voix voilée.

L'autre n'était plus en mesure de l'entendre - et moins encore de l'emmerder.
Elle se baissa pour lui faire les poches, en sortit un couteau papillon en alu qu'elle balança négligemment dans une ouverture d'égouts.
Sous la visière de son casque lugubre, ses prunelles noisettes s'étaient tournées vers la porte.
Purgeons cet endroit.
A cette heure avancée de la nuit, la vermine y pullulait. On leur avait attribué - officiellement - de nombreuses infractions dont des vols brutaux, parfois à main armée. Une bande de tocards que les autorités locales avaient laissée trop longtemps fermenter dans son coin. Cette arrivée en oxygène, le Skull Raider comptait bien la leur couper définitivement.
Elle poussa la porte, s'introduisant dans ce bar comme dans un moulin auquel il aurait toujours dû être comparé.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 23 sept. 2024 11:41
par SpiderWitch
*Le train tourne autour de l'épicentre rose...*
*La machine ne peut pas s'arrêter. Pour le moment...*
*La guillotine sous le manteau erre. Si elle est chanceuse, elle pourrait couper le fil de la vie de l'épicentre rose...*
*Le cirque de la Terreur a laissé s'échapper un de ces artistes...*


Évidemment, les Araignées Supérieures avaient parlé en des termes cryptiques. Si elles le pouvaient, elles seraient plus claires et plus précises dans leur propos. Mais le canevas du futur est un chef d'oeuvre imprévisible. On peut anticiper où certains fils vont se croiser et créer des noeuds de destin. Mais on ne peut prédire dans l'absolu.

Ce qui n'est pas un souci pour la SpiderWitch. Elle a une fois totale dans le Destin. Et chez les Araignées Supérieures. Si elle doit aller là-bas à ce moment précis, c'est que son existence est essentielle pour que les fils des destinées s'entrelacent comme ils doivent s'entrelacer.
*
**
Le portail de téléportation l'avait amené dans cette rue sombre en cette heure tardive. La SpiderWitch ne savait pas encore pourquoi. Il y avait notamment cet établissement avec cette enseigne de lumière qui l'attirait. Une lumière qui n'était pas sans rappeler celle de ces propres sortilèges. A l'abri dans les ténèbres et en hauteur, la SpiderWitch se mit en attente active. Ce n'était pas un problème pour cette personnalité de soldate croyante.

Sans surprise, il se passa quelque chose. Une personnalité costumée de noir à tête de mort. Ce ne devait donc pas être "la guillotine sous le manteau". Par contre, ce "crâne" pouvait coller à un "artiste du cirque de la Terreur". La SpiderWitch ne savait pas. Elle resta donc passive et observa.

Une bataille plutôt classique. Bien que la combattante au crâne avait très vite et très efficacement expédié son adversaire au sol. Elle savait se battre. L'expérience de la SpiderWitch le lui confirmait. Elle allait entrer dans le bâtiment. Elle poussait déjà les portes. La SpiderWitch décida de passer à l'action. Elle matérialise un cercle de pouvoir au niveau de la lisière de la porte. Un mètre de diamètre environ. Le cercle extérieur et les symboles intérieurs, tous brillant d'une lueur rouge. Mieux valait combattre une seule personne qu'un groupe. La SpiderWitch était ici en tant queclaireuse. Son unité des Moires n'était pas au complet.

De sa position en hauteur, elle s'exclama derrière, elle aussi, son masque :

"Fais-tu partie d'un cirque, combattante au crâne ?"
*
**
Non, loin une silhouette toute de noir marchait. Ses yeux rouges observaient, donnaient l'impression de chercher quelque chose, voire même donnait la sensation de chasser une proie. Un corbeau coassa. La lumière froide de la lune se reflétant sur une surface en acier.
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Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 24 sept. 2024 09:59
par Rini Koken
Quelque chose n'allait pas. Pourquoi un néon circulaire rouge se trouvait planté derrière la porte et flottait dans l'air comme un fantôme ? Où étaient les ficelles qui le maintenaient en place ? Et que signifiaient ces motifs incrustés dedans ? Rini n'y comprenait rien. Cette décoration insolite n'avait pas sa place en ces lieux. Elle paraissait trop irréelle. D'autant plus que le Skull Raider, avec sa visière rabaissée, ne voyait rien de ce qui se cachait derrière...
Et ça, c'est le plus problématique.
Pas question de se découvrir le visage !
Sentant qu'une force étrange était à l'œuvre, elle interrompit son avancée et observa les alentours.
Dans son dos, l'autre abruti trainait toujours par terre, inconscient. Ce cercle inquiétant n'était donc pas de son fait.
Une voix aérienne se fit entendre. Rini dut se reculer prudemment pour en localiser la source. Quelque... chose était perché là-haut, au niveau des toits, près de l'enseigne lumineuse. Une entité costumée ? Une... femme bizarrement accoutrée ?
Difficile de bien l'appréhender.

- Un cirque ? répéta Rini, en oubliant de transformer sa voix. (Elle se sentit forcer de se reprendre rapidement.) Je n'appartiens à aucun cirque. Je suis le Skull Raider, un point c'est tout.

C'était mieux. Plus grave, plus sombre, plus intimidant...
Bref !
La "combattante au crâne" observait cette silhouette qu'elle jugeait responsable de cet impossible tour de passe-passe.
Que pouvait-elle lui demander ? Son identité, peut-être ? Non, ce serait idiot et inutile d'interroger ainsi quelqu'un qui dissimulait ses traits derrière un masque.
Elle pointa d'un doigt ganté le cercle lumineux.

- Pourquoi avoir dressé ce truc sur mon passage ? Tu comptes me barrer la route ?

Mauvaise idée, ça. Rini n'avait pas de temps à perdre. Elle redoutait que le bruit de leur conversation alertasse les salauds du bar.

- Es-tu avec ces raclures qui se terrent à l'intérieur ?

Pour son bien, le Skull Raider qu'elle incarnait espérait que non. La nuit, quand elle portait ce masque et cette combinaison, il ne pouvait pas y avoir de compromis...
Elle entendit un coassement, à quelques pas de là. Puis le bruit d'une flaque d'eau dans laquelle on marche.
Quelqu'un d'autre approchait ?
Rini se tenait prête à tout.
Elle s'était écartée de l'entrée, les poings serrés.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 24 sept. 2024 16:21
par SpiderWitch
Le "Crâne" était donc une femme. Et avant qu'elle se reprenne, par rapport à la voix, elle paraissait jeune. Pour autant, la SpiderWitch ne ferait pas l'erreur de la sous-estimer. Elle décida donc de rester dans les hauteurs. Elle était prête à incanter à tout moment.

"Pour reprendre dans l'ordre."

La SpiderWitch ne semblait pas victime d'un tempérament "impatient" comme son interlocutrice. Elle parlait avec quelque chose qui pourrait faire grincer le "Crâne" : à savoir une rigueur "militaire".

"Je ne sais pas ce qu'est un Skull Raider. Ni pourquoi tu le considères comme masculin alors que tu es femme. Je ne dis pas ça pour te manquer de respect. Je ne connais pas les entités et les célébrités de ce monde."

Difficile d'estimer où se trouvait les pas qui se rapprochaient. Mais l'allure avait un je-ne-sais-quoi de lugubre. La SpiderWitch, de par sa foi arachneenne, était sûre que cette personne allait croiser son propre fils vital. Pourtant, elle poursuivit la liste de ses réponses.

"Ce truc est un sortilège. Pan d'une réalité qui te semble étrangère. Curieux. Intéressant, peut-être. Quant à mon intention, c'était effectivement celle de te barrer la route. Au cas où il y aurait eu confrontation, ce qui semble ne plus être le cas, j'aurai préféré avoir une seule adversaire plutôt qu'un groupe. Ce qui répond donc à ta dernière question : je ne suis pas avec qui que ce soit se trouve à l'intérieur."

C'était au tour de la SpiderWitch de poser ses questions. Elle avait encore du temps avant l'arrivée de cette confrontation écrite dans la grande tapisserie du temps.

"As-tu déjà vu un train tourner en rond ? Et est-ce que tu sais où se trouve l'épicentre rose ? Mon intuition aurait tendance à penser que c'est une personne."

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 24 sept. 2024 22:42
par Rini Koken
Ah ?... Rini avait commis une bévue. C'est souvent le cas quand on est pressé, non ? Bon, il y avait la surprise aussi, qui avait joué en sa défaveur. L'association de ces deux éléments ne fit aucunement les affaires du "Skull Raider". La lycéenne ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même.
Elle sait que je suis une femme mais elle ignore toujours mon identité.
Maigre lot de consolation. Rini espérait ne pas croiser cette drôlesse en plein jour, sans sa combinaison sur le dos. En parlant à visage découvert, elle se ferait grillée d'entrée de jeu...
Il est si facile de commettre des erreurs.
Même si elle n'avait que seize ans, l'âge ne justifiait pas toujours tout.
Rini réfléchit aux paroles de la perchée. Cette espèce d'araignée croisée avec une sorcière... avait dit ne pas connaitre les entités et les célébrités de ce monde ?
Parce qu'il y en a un autre, de monde ?
La motarde jetait fréquemment un coup d'œil dans son dos. Ces bruits de pas n'étaient pas normaux. Quelque chose de sombre approchait. Quelque chose qui aimait se fondre dans la nuit, qui baignait dans les ténèbres à dessein...
Je ne dois pas relâcher ma garde.
Alors ? Amie ou ennemie ? L'étrangeté humanoïde n'appartenait pas à ce gang de misérables voleurs. Elle lui avait bel et bien barrer la route, oui. Mais elle n'envisageait plus - et non "pas" - de la combattre.
J'ai donc été mise à l'épreuve par une extra-terrestre capable de balancer des sortilèges ?
Rini ne trouvait pas cela très flatteur. Elle avait surtout perdu un temps précieux et découvert des choses qui auraient poussé les scientifiques à s'arracher les cheveux d'incompréhension.
Une rencontre du troisième type... fallait-il vraiment que ça tombe sur moi ?
Deux questions lui furent posées. La dernière phrase relevait de la simple spéculation.

- Un train qui tourne en rond ? C'est quoi, ça ? Une énigme ?

Elle réfléchit brièvement à ces bêtises et lui balança le premier truc qui lui passait par la tête :

- J'en ai déjà vu. Sous forme de jouets pour enfant, voire de manèges dans une fête foraine. Sinon, ça ne m'évoque rien.

Quant à la localisation de cet "épicentre rose", alors là...
Rini secoua négativement la tête.

- Une personne ? Comment ça ? Tu cherches une personne habillée en rose ? Ça ne court pas les rues... Une couleur aussi extravagante, ce n'est pas donné à tout le monde de la porter sans se faire remarquer un minimum. Si telle personnalité existe, tu devrais vite pouvoir la remarquer, non ?

Les yeux de Rini observaient le cercle. Derrière celui-ci, les "clients" du bar avaient commencé à s'agiter. Ça faisait courant d'air ; c'était désagréable. "Qui est le con qui avait laissé la porte ouverte ?" "Et l'autre idiot, là, qui était censé jouer les pittbulls, qu'était-il en train de foutre ?"
Il pionce.
Le Skull Raider comprenait l'irritation des voyous, et elle ne faisait pas vraiment ses affaires.

- Romps ton sortilège, s'il-te-plaît. Je dois casser quelques bouches, ce soir, pour assainir cette ville.

Alors que quelque chose approchait ? Qu'elle avait un mauvais pressentiment ?
Oui : Rini n'avait pas oublié son rôle. Elle l'assumait pleinement, et ne quitterait pas les lieux sans avoir rempli ses objectifs.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 28 sept. 2024 09:42
par SpiderWitch
Ca lui donnait donc deux pistes à exploiter. Un endroit où on pouvait acheter des jouets pour les enfants. Et un second endroit où les gens allaient se distraire. Il fallait qu’elle prenne de la hauteur pour observer la ville. Peut-être qu’elle verrait un signe pour lui indiquer un magasin ou cette fête foraine.

« Voilà, c’est fait. »

La SpiderWitch n’était pas très bavarde. Qui plus est, ça lui avait été demandé poliment. Avec un « s’il te plaît » et une version allégée d’un « cassage de gueule ». L’espace d’un instant, elle eut envie de prévenir cette femme masquée. Cette enfant masquée, était plus exacte. Mais elle savait se battre. La SpiderWitch ne devait pas la juger sur sa façon d’assembler ses phrases.

Elle commença à invoquer quelques cercles de magie dans les airs. Elle n’avait pas encore fait la connaissance de Spider-personne de ce monde. Mais quelqu’un qui la voyait accrocher ses fils magiques aux cercles d’invocation pour progresser en hauteur, ne pouvait ne pas penser à Spiderman. Il se pouvait qu’elle soit une version alternative d’un autre monde. Mais son monde régi par les Araignées Supérieures ne pouvait être comparé à celui-ci. Il y avait des ressemblances, oui. Mais c’était comme comparé un groupe de scientifique à un groupe religieux.

Et donc, oui, la SpiderWitch se désintéressa totalement du Skull Raideur et du bâtiment à l’enseigne aussi rouge que ses cercles de magie. En un rien de temps, elle se trouvait en lévitation juste au-dessus d’une rambarde où, un Spiderman de ce monde se serait accroupi en équilibre dessus. La SpiderWitch était droite, les pieds dans le vide et les mains dans un signe qu’on aurait pu penser appartenir aux métalleux. Excepté qu’à un tel concert, les mains n’étaient pas entourés d’un cercle de magie d’or. La cape de la SpiderWitch était rouge et donnait l’impression que des gouttes d’eau tombaient au-dedans. Alors que la surface de la cape organique était à la verticale et non à l’horizontale. Enfin, des symboles magiques inscrits dans la couche de l’air étaient à l’image de yeux ouverts.

La SpiderWitch observait le monde sans angle mort. Elle voyait partout. Attention, elle ne voyait pas dans les maisons et à travers les murs. Mais elle voyait à 360° depuis sa vue élevée.

Et elle la vit. Cette silhouette encapuchonnée qui avançait d’une façon lugubre dans cette ruelle. Elle s’était… arrêtée. La SpiderWitch l’observa et… les poils de son corps se redressèrent. Cette silhouette encapuchonnée la regardait en retour. Des yeux rouges. Une capuche qui n’était autre que la tête d’un corbeau. Sa cape était faite de plumes. Et… sa cape était organique. Comme celle de la SpiderWitch. Et les deux femmes se regardaient. Chacune attendant… quelque chose. Ces deux femmes n’étaient liées aux règles de ce monde. L’une croyait au Destin. L’autre ? Un mystère pour tout le monde à cet instant du récit.

Non loin, une justicière prépubère entrait en action.

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Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 28 sept. 2024 20:50
par Rini Koken
Le cercle rouge se volatilisa. Après avoir fait le nécessaire, la femme-araignée voilée s'éloigna à travers les airs. Rini ne s'attarda point sur ce spectacle irréel. Elle n'en avait pas le temps ; en désactivant son "sortilège", la sorcière avait ouvert la voie aux sales types qui se bousculaient derrière. Le Skull Raider, immobile dans la ruelle, en vit trébucher maladroitement.
Brutaux et idiots, même entre eux. Leur attitude déplorable me débecte.
Tandis que les lamentables gus, l'air renfrognés, se déployaient en arc de cercle devant l'inconnu(e) casqué(e), l'un d'eux - peut-être le chef - s'avança, une bouteille vide à la main. Cet énergumène cracha quelque chose. Des paroles intimidantes, voire certainement des menaces. Le Skull Raider n'en avait cure. Derrière sa visière teintée, Rini observait la ligne de ses épaules qui se balançaient. Le vilain, impatient, haussa encore le ton ! Il leva sa matraque improvisée, tendit son autre main pour la bousculer et...
Punition !
La motarde dévia sa sénestre, surenchérit en claquant la dextre qui tenait la bouteille, avant de lui infliger un coup de boule renforcé. La tête du querelleur partit en arrière. Les yeux blancs et les lèvres éclatées, il perdit l'équilibre et se coucha entre les bras d'un de ses larbins. Les autres entrèrent en mouvement. Sauf celui le plus à gauche, qui s'écroula sur place dans un bruit de verre brisé. La raison ? Rini lui avait balancé en plein front cette bouteille qu'elle avait chipée. D'un coup de pied retourné, elle enfonça son talon dans les cottes exposées d'un de ses assaillants. Sa chute inopinée fit obstacle à ses camarades. Le plus à droite - du point de vue du Skull Raider - dépassa le reste de la bande dans l'espoir de l'atteindre d'un coup de couteau. Rini recula le buste, laissant la lame filer dans l'air, avant de lui attraper le bras et de le tordre dans le sens inverse. Le malchanceux hurla comme un goret ! Rini le manipula comme un pantin avant de le projeter en travers des jambes de l'adversité. L'un d'eux, prit dans son élan, bascula en avant. La motarde s'était avancée pour lui présenter son genou. Son nez s'écrasa dessus, y explosant dans une gerbe de sang.
Cinq de moins. Il en reste trois, dont un à terre.
L'un des deux survivants hésitait. L'autre, un peu moins paniqué, chargea comme un demeuré. Rini évita son coup de poing, bloqua le second, puis lui donna la réplique. Un taquet à la gorge qui lui coupa la respiration. Ne s'arrêtant pas là, le Skull Raider, de sa main en crochet, s'agrippa à sa cou et le tira vers lui. Nouveau coup de genou. Si puissant qu'il fit vomir le mauvais par-dessus son épaule ! Comme elle soutenait son poids, Rini s'écarta d'un pas. Le sale type s'effondra comme un château de cartes.
Le gars à terre en avait profité pour se redresser et se coller à son congénère. La peur brillait dans leurs yeux fous.
Un seul, décida Rini en les toisant. Je n'en laisserai qu'un seul prendre ses jambes à son cou.
Faisant mine de s'en prendre au voyou de gauche, elle feinta et frappa du pied celui de droite. A la cuisse. De façon cinglante ! Trop violemment pour qu'il puisse rester debout. L'autre, impuissant et paralysé, le regarda s'effondrer, son visage tordu par une souffrance indicible.

- Toi, l'interpella Rini d'une voix grave et dénaturée. (Il hocha la tête nerveusement.) Garde à l'esprit tout ce à quoi tu viens d'assister. Rapporte tout à tes ordures de petits copains.

Sur ces mots, le Skull Raider déploya son aura vaporeuse. Des effluves rougeâtres jaillirent de sous sa combinaison, escaladant ses épaulières cerclées de pointes et son casque orné d'une tête de mort. En voyant cette espèce de démon, l'élu des malfrats devint livide. Ses jambes tremblaient tellement qu'il dut se cramponner à l'encadrement de porte pour ne pas glisser.

- Transmets leur cette peur que tu éprouves en ce moment même. (Elle lui adressa un signe de tête.) Tire-toi avant que je ne change d'avis.

Malgré sa peur palpable, la fripouille se hâta de lui obéir. Rini le vit déraper, chuter, rouler sur le flanc, se relever et se remettre à courir comme un dératé. Elle eut le sentiment qu'il ne mettrait pas longtemps avant de toucher mot de cette épouvantable soirée à ses relations douteuses.
Va, mon messager ! Alimente la funeste légende du Skull Raider.
Il disparut dans la nuit noire. Rini jeta un dernier coup d'œil aux autres tocard vaincus avant de pénétrer dans le bar et de toucher deux mots à son propriétaire paniqué. Comme à son habitude, elle lui recommanda d'appeler la police ainsi que plusieurs ambulances. Puis elle sortit, direction sa bécane garée parmi les ombres.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 29 sept. 2024 12:56
par SpiderWitch
Cette attente, cette immobilité entre les deux femmes avaient été brisé par le sourire de celle qui était en bas. Elle repris sa progression. Elle semblait se diriger vers le Skull Raider pour une raison qui échappait à la logique de la SpiderWitch. Pourquoi tourner à cette rue au lieu de continuer tout droit ? Pourquoi avoir rencontré cette adolescente en premier lieu ? Les gens de ce monde ne croyaient en rien. La SpiderWitch en avait fait une courte expérience précédemment. Ils croyaient dans le « hasard », parlaient de « coïncidences ». Non. La Foi dans la Toile. Tout s’expliquait ultimement. Et cette femme encapuchonnée aux yeux rouges avait son rôle à jouer. Tout comme la SpiderWitch. Tout comme le Skull Raider.

Alors elle en appela à nouveau à sa magie pour voyager à l’aide de ses fils éthérés. Elle revint au niveau de ce bâtiment à l’enseigne lumineuse rouge. Quand elle arriva, elle découvrit le phénomène de brouillard rouge sortant de la combinaison de l’adolescente masquée. C’était un bel effet pour appuyer son autorité. La SpiderWitch attendit dans les ténèbres que le survivant s’en aille. Au vu des corps étalés par terre, elle ne doutait pas que cela fasse partie d’un stratagème. Ce Skull Raider semblait travailler avec la trame du temps, voyant au-delà d’une bataille dans le présent. L’objectif se situant dans un futur abstrait.

« Nous allons avoir de la visite. »

La SpiderWitch était venu poser un premier pied sur le sol que foulait le Skull Raider. Elle prit d’abord un temps pour observer la façon dont les corps étaient disposés. Son éducation martiale lui apprenait quelques éléments. Puis elle plongea à nouveau son regard dans celui de l’autre fille. Ce qui était étrange. Etant donné que la première était masquée et la seconde casquée.

« Je crois que nous sommes destinés à tisser une partie de nos vies ensemble, toi et moi. »

Ses yeux s’agrandirent soudainement. Elle ne s’était pas interposée. Elle avait vu la trajectoire de la femme encapuchonnée. Elle avait vu partir tout paniquée la dernière victime de celle qu’elle s’alliait. Elle n’avait pas fait le rapprochement ? Bien sur que oui. Pas consciemment, peut-être. Mais elle ne s’était pas interposée pour interrompre le bon tissage de la toile du temps.

« Viens avec moi. Vite ! »

Au lieu de repartir dans la voie des airs, la SpiderWitch courut dans le sillage de la dernière vicitme du Skull Raider. Evidemment, elles arrivèrent toutes les deux pile à temps pour assister au « spectacle ».

Le manteau de ténèbres et de plumes avait anormalement grandi. Ce ne pouvait être qu’une créature habitant dans le textile. La tête du corbeau pencha sur le côté en découvrant son auditoire. La femme au-dessous (un bon mètre au-dessous) sourit d’une façon froide.

« Non. »

La SpiderWitch barra le chemin du Skull Raider en tendant son bras.

La victime paniquée se tenait à un mètre de la femme aux yeux rouge. Sa cape vivante et de ténèbres s’étira pour commencer à recouvrir depuis les hauteurs sa future proie. Alors, sous la toison de plume, apparut la lame de la guillotine. Elle tomba et trancha la tête de celui qui devait répandre la légende du Skull Raider.

Il était mort.

« Qui es-tu ? »

??? : « Pour ce monde, je serai Ana. Hana ? La prononciation change d’un endroit à un autre. En France, je serai Anna. En Russie, Anya. Mais cela importe peu. »

« Que fais-tu ici ? »

Hana : « Je recherche une femme. Plusieurs, en fait. L’une porte une combinaison de sucre et de rose. La deuxième est plus petite mais vieille de plusieurs centaines d’années. Le Baron Kowaï les a déjà aperçus dans une de ses fêtes foraines. Il veut leur mettre la main dessus. Et moi, je veux faire tomber leurs têtes. »

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 30 sept. 2024 13:07
par Rini Koken
L'étrange femme costumée était revenue pour la prévenir qu'elle allait avoir de la visite.
Ah bon ? Mais de qui ?
Ou de quoi, plutôt ?
Rini n'aimait pas cela. Du (très) peu qu'elle en savait, cette histoire sentait mauvais...
Plus intriguée qu'inquiète, elle renonça à sa moto pour se tourner vers l'inconnue au grand manteau noir et rouge.
Pourquoi ai-je la désagréable impression qu'elle peut voir mes yeux à travers mon casque ?
C'est alors que l'étrangère supposa quelque chose de louche.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

Tisser une partie de leurs vies ensemble ?
Une phrase énigmatique et... un peu perturbante.
Qu'est-ce que cela fait de nous ? Des alliées de circonstances ?
Pareille collaboration pouvait s'avérer dangereuse. Rini ignorait beaucoup trop de choses au sujet de son interlocutrice. Elle ne pouvait pas en dire autant de cette dernière vis-à-vis d'elle-même.
Quoique ?
Le Skull Raider se souvenait du peu de mots qu'elles avaient échangés. La sorcière avait dit ne pas être au courant de ses activités, ni de celles des "entités de ce monde". Avait-elle menti ? Son sortilège, lui, n'en avait pas été un, de mensonge...
La vraie question est : "que suis-je prête à croire ?"
D'une voix pressée, la femme-araignée la pria de la suivre ; Rini coula un dernier regard à son véhicule avant de lui emboiter le pas. Elle comprit après coup qu'elles cavalaient après son messager. Celui-ci s'était immobilisé face à...
Un grand manteau de plumes noires ?
Pas exactement. Il y avait aussi une tête d'oiseau qui remuait en son sommet. La chose dépassait les deux mètres de haut. Et la femme qui se tenait debout juste en dessous n'avait pas l'air très saine d'esprit. En tout cas, son sourire, lui, était à glacer le sang !
En réponse à cette sensation de danger, le Skull Raider initia un mouvement vers l'avant. Son accompagnatrice, peu loquace, leva un bras sur son chemin, la stoppant net.

- Non ? Comment ça, "non" ?

Cette femme aux yeux rouges était une amie à elle ?
Le Skull Raider s'en méfiait, et à juste titre : la parodie de corbeau, comme animée par une conscience propre, vint se planter au-dessus du loubard tétanisé. L'instant d'après, un couperet glissa de son épais plumage, provoquant la décapitation pure et simple du misérable humain.

- Quoi ?!

Elle venait d'assister à un meurtre ? Non, plutôt à une... une froide exécution ?
Rini sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine.
Un type qu'elle avait autorisé à partir venait, juste sous ses yeux, de passer l'arme à gauche !
La tête du malheureux avait roulé dans une flaque d'eau. Son sang s'y écoulait par filets.
Sous l'effet de la fascination morbide, le Skull Raider observait le phénomène sans rien dire alors que les deux autres femmes échangeaient froidement. L'une posait les questions ; l'autre - qui s'était présentée sous le nom de Hana - y répondait sans pression. Elles ne se connaissaient pas mais ce détail n'intéressait plus le Skull Raider.
Rini serra les poings.

- Qu'est-ce que c'est que ce cirque ?!

"Cirque". Le mot était bien choisi ! C'était d'ailleurs l'un des premiers que la femme-araignée avait employé en interrogeant le Skull Raider.
La justicière tourna son casque vers cette dernière.

- Alors c'est de ce type de visite dont il était question ? (Elle secoua la tête, levant sa garde.) Cette emplumée a mis à mort mon messager. Peu importe ses objectifs, son parcours s'arrête ici !

En fonçant sur Hana, le Skull Raider s'était paré de son aura de combat. Des vapeurs brûlantes s'étiraient dans son sillage. Même lorsqu'elle bondit, le pied en avant, dans l'intention manifeste de pulvériser la tueuse au manteau mortel et amovible ! Un contact avec elle et le feu de la motarde commencerait à la dévorer pour, au final, atomiser jusqu'à ses os. Une facette - la plus destructrice - de son pouvoir de méta humaine.
Le message était simple : pas de quartier !

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 04 oct. 2024 21:14
par SpiderWitch
Hana : « Niet. »

Ca avait été tellement rapide. Ca ressemblait (presque) à un tour de magie. A savoir que la dame au couperet était à cette position à l’instant où le Skull Raider attaquait. Et elle se trouvait sur ce balcon de ferraille au-dessus de leur tête à l’instant suivant. Il y avait eu entre ces deux instants un petit pas de recul d’Hana pour entrer dans son manteau de plumes de corbeau. Puis il y avait eu comme un rideau de ténèbres qui lui était tombé dessus. Disparition. Et ré-apparition un petit peu plus haut.

Hana : « Pour répondre à ta question, c’est le cirque du Baron Kowai. »

Sa réponse était froide. Peut-être même était-elle de cette catégorie de personne très « premier degré ». Car ce n’était pas une vraie question. C’était une question rhétorique. Non, même pas : c’était une exclamation de surprise. Ce qui signifiait posséder un sentiment. Chose qu’Hana ne semblait pas avoir. Ses yeux rouges paraissaient aussi froids que ceux d’un zombie. Se faire attaquer avec une pulsion de mort ne l’avait même pas ébranlé.

« Je ne peux pas te permettre de tuer, Hana. Ma mission n’est pas encore assez précise pour que je me permette une telle inconnue dans l’équation de la destinée. »

Hana : « Je ne sais pas laquelle est la plus désagréable de vous deux. Celle qui s’enflamme pour un rien ou celle qui prend trop de temps. »

La SpiderWitch passa alors à l’action. Elle lévita. Sa cape s’ouvrit. Et des signes magiques semblèrent s’écrire dans la trame même de la réalité dans une police d’écriture rouge lumineuse. Si cela mettait en évidence quelque chose : c’était à quel point les deux femmes qui s’alliaient avec des tempéraments opposés.

La femme dissimulant une guillotine entachée de sang disparue à nouveau dans les ténèbres. Il y eut alors une voix désincarnée qui sembla rebondir sur les murs de la ruelle.

Hana : « Vous me faites perdre mon temps. Vous n’avez aucun intérêt pour moi. Peut-être vos têtes tomberont… »

Et elle ne fut plus là. Juste comme ça. Laissant le Skull Raider seul avec la SpiderWitch.

Il n’y avait plus un bruit. La SpiderWitch redescendit lentement de sa lévitation. Le bout de ses orteils reprit d’abord contact avec le sol. Puis elle resta là. Immobile. Silencieuse.

Quand enfin elle se retourna vers la Skull Raider :

« Qu’est-ce que ta foi t’entreprend à faire avec cette tête décapitée ? »

Les mœurs de son monde où gouvernaient les Araignées Supérieures n’étaient pas les mœurs de ce monde. La SpiderWitch savait d’une façon indescriptible pour ceux qui n’avaient pas la foi que son fil avait commencé à s’entrelacer avec celui de cette jeune femme. Même si elle partait maintenant, et une séparation était très probable : la SpiderWitch savait qu’elles se retrouveraient toutes les deux très prochainement. Mais elle n’était pas pressée. Eclaireuse de son Unité : en apprendre davantage était toujours important pour préparer la venue de ses deux sœurs. Sans compter le fait qu’elle n’avait pas encore analysé complètement la ruelle. Cette plume noire là-bas pouvait ocnduire à une piste. Cette tête tranchée pouvait amener à comprendre le modus operandi. Mais son alliée de destinée avait un caractère très « brut ». Très « énergique » à n’en pas douter. Elle devait lui laisser de l’espace pour s’exprimer. Cette jeune femme devait en avoir besoin pour se dissimuler derrière un casque et combattre la nuit venue.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 06 oct. 2024 13:39
par Rini Koken
Le pied botté du Skull Raider flamboya dans le vide. Un rideau noir était tombé sur l'assassine, qui s'était reculée dessous comme un spectre. Rini l'entendit, plus haut, répondre quelque chose en rapport avec sa question rhétorique.
Le cirque du Baron Kowai ?
Derrière sa visière, la motarde fixait ses yeux rouges et inexpressifs. Il y avait quelque chose d'inhumain chez cette... personne ?
Lorsque la femme-araignée eut fait part de son avertissement oral à la dénommée Hana, cette dernière ne se gêna pas pour lui cracher son fiel en retour. Rini, qui était aussi ciblée par la remarque, lâcha avec incrédulité :

- Je m'enflamme pour rien ? Une vie s'est éteinte à cause de toi, et tu oses dire que je m'enflamme pour rien ?!

La sorcière réagit alors, se soulevant de terre comme un fantôme avant de déployer les multiples pans pointus de sa cape. Une lumière rouge, découpée sous formes d'écriteaux, apparut derrière elle. Mais cela n'alla pas plus loin : leur adversaire avait de nouveau disparu dans les ténèbres, ne laissant derrière elle que sa voix désincarnée...
Ma tête restera là où elle est, tueuse.
Rini la tourna vers son alliée de circonstances. Elle comprit à son attitude silencieuse qu'elle était une habituée de ce type de confrontation.
Quel nuit étrange... Où est le sens, dans tous ces rencontres plus qu'improbables ?
Le Skull Raider entama quelques pas. Au bout de son chemin se trouvait la tête coupée, son expression figée par une peur morbide.
La question de la sorcière aux allures d'araignée tombait à point nommé.

- Tu devrais plutôt me demander ce que je compte faire de cette tête ET du corps dont elle a été séparée.

Cette situation n'était pas à son avantage. On avait vu le Skull Raider apparaître à proximité du lieu du meurtre. Il avait, comme de coutume, usé de violence pour remettre les crapules à leur place. Il avait même demandé au barman de prévenir la police et d'appeler des ambulances. Le convoi ne devrait plus tarder, d'ailleurs. Alors, les autorités "compétentes" découvriraient le corps décapité dans cette ruelle sombre, recueilleraient le témoignage du gérant du bar et feraient du Skull Raider leur suspect numéro un.
Un homme est mort sous mes yeux et je me retrouve dans la merde, conclut-elle.
Rini se tourna vers la femme-araignée.

- Contrairement à cette Hana, je ne peux pas me permettre de passer pour une tueuse, déclara-t-elle. Or, suite à sa disparition, c'est inévitablement moi qui porterais le chapeau. Alors le mieux que je puisse faire pour me couvrir, c'est de provoquer la disparition de la dépouille entière.

Elle ouvrit le poing. Tel un courant énergétique, la flamme de son aura s'était redirigée vers cet endroit précis de son anatomie, irradiant d'une lumière rouge jusqu'à la pointe de ses doigts gantés.

- Et je dois faire vite, ajouta-t-elle. Très bientôt, nous entendrons des sirènes approcher. Il ne me reste que très peu de temps pour agir, rejoindre ma moto et m'éloigner d'ici.

La pire soirée de sa vie ! Rini aurait largement préféré se faire rouer de coups et revenir chez elle en claudiquant. Au lieu de ça, elle avait l'impression de se retrouver coincée dans la peau d'une odieuse criminelle en fuite.

- Si ta "foi" te dicte d'agir autrement, je te suggère de ne pas traîner non plus.

Le Skull Raider fit volte-face. En premier lieu, la bécane ; en second lieu, la suppression du corps et de sa trogne grimaçante.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 11 oct. 2024 10:36
par SpiderWitch
Se hâter ? La SpiderWitch ne ressentait pas cette urgence de la situation. Elle était curieuse de la façon dont le Skull Raider allait gérer cette situation. Curieuse également de cette lumière rouge concentrée à l’extrémité de sa main. Ce Skull Raider était l’allié de la SpiderWitch. C’était un fait évident pour la seconde.

Alors que son alliée « de fil » s’en allait récupérer son moyen de locomotion, la SpiderWitch marcha pour rejoindre la tête décapitée. Elle s’agenouilla et observa l’expression figée mais aussi le sang qui avait tâché le sol. Il y eut encore quelques secondes de réflexion puis la décision fut prise. La SpiderWitch se releva mais sa cape, elle, glissa et s’étala sur le sol. Il n’y avait rien eu de naturel dans ce mouvement. Ce n’était pas les doigts de la SpiderWitch qui avait « dégrafé » la cape. C’était tombé d’une façon qui ne pouvait pas être du textile. Et maintenant, la cape glissait sur la tête et les gerbes de sang.

Très vite, la bosse de la tête disparut et la cape redevint plane.

« Le corps maintenant. »

Cette courte phrase était adressée à sa cape arachnéenne, et non au Skull Raider.

La cape se plia aux extrémités, donnant subitement l’impression de huit pattes d’araignées. Un art de l’origami des ténèbres, aurait-on pu dire évoquer. Le corps sans tête devint relief sous la cape et très vite aussi, il n’y eut plus rien. Dévoré ? Transporté ? La réponse était-elle vraiment importante ? Il n’y avait même plus de tâches de sang.

Avant que son allié de fil revienne, la main ouverte vers le ciel se leva au niveau des yeux de la SpiderWitch. Au-dedans se trouvait une petite araignée. Il fallait avoir une excellente vision pour découvrir de petits symboles magiques et rouges sur le corps de l’animal. Cet animal allait finir sur le Skull Raider d’une manière ou d’une autre.

La cape vivante revint se loger sur les épaules de sa maîtresse. La SpiderWitch ajuste mécaniquement la capuche. Elle n’en avait pas besoin, son allié dans son dos était organique. Mais c’était une sorte de TOC qui s’était implantée avec les années d’entraînements.

Voilà que la SpiderWitch avait déjà regagné de la hauteur. Accroupie sur une barre d’acier juste au-dessus de la tête du Skull Raider.

« Tu peux partir. »

Autant sa main que sa cape indiqua la direction d’un corps disparu.

« Nous nous retrouverons. »

Parce qu’en orientant le regard vers la rue désertée de sa preuve, telle une magicienne qui avait redirigée l’attention, la petite araignée couverte de symboles s’était glissée pour s’accrocher dans le dos du Skull Raider.

« Ne t’approche surtout pas du Baron Kowai et de son cirque. »

Des cercles de magie commencèrent à apparaitre dans les airs. Toujours plus haut que le précédent. La SpiderWitch lança une première toile et prit la direction du ciel sans étoiles.

« Ouvre l’œil et surveille le rose. C’est vital. »

Partie. Rini était désormais seule.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 14 oct. 2024 19:51
par Rini Koken
Quand le Skull Raider juché sur son robuste deux roues retrouva la SpiderWitch, il s'aperçut immédiatement de la disparition du corps. Du corps mais également de la moindre trace d'hémoglobine. Oui : il n'y en avait plus une goutte sur le bitume mouillé. Rini songea aussitôt à la barrière rouge qu'avait invoquée la sorcière. Il ne pouvait s'agir là que d'un autre de ses tours de magie.
La motarde descendit de sa moto pour examiner le sol. Parce qu'elle avait pris soin de mémoriser la scène de crime avant de se retirer provisionneraient.
Mes yeux ne me trompent pas : c'est exactement comme s'il ne s'était rien passé dans cette ruelle mal éclairée.
Rini observa son étrange alliée. Celle-ci se trouvait accroupie en hauteur, sur une barre, à la manière d'une acrobate. A sa place, la lycéenne aurait perdu l'équilibre depuis longtemps. C'était comme si la Spider Witch défiait les lois de la gravité. Comme si cette extra-terrestre (?) ne pesait rien !
Je suis tombée sur un sacré numéro !
Autant de sa main que de sa cape, la mystique lui indiquait cet emplacement vide qu'elle avait déjà pris la liberté de sonder.
Avec un brin d'hésitation, Rini hocha la tête.
Elles étaient supposées se retrouver ?

- Si tu le dis, lui concéda la justicière casquée. J'aurai sans doute quelques questions à te poser...

Elles n'appartenaient pas au même monde. Rini trouvait cela impossible, autrement. Les connaissances de la SpiderWitch dépassaient de loin les siennes. Aussi absurde que cela puisse paraître, son savoir... ésotérique relevait probablement du domaine du cosmique.
Le Skull Raider n'avait pas senti cette araignée-mouchard qu'on lui avait déposé en douce.
Une mise en garde lui fut adressée au sujet du "Baron Kowaï" ; à n'en pas douter, un sale type en lien avec cette Hana.
Celle-là même que je n'ai pas été capable d'effleurer.
Rini ne répondit pas. Elle regarda la Spider Witch user de sa curieuse magie...

- Je ferai attention.

Au cirque. Au rose. A tout ce qui lui paraitrait suspect.
Son interlocutrice rejoignit la voûte céleste. Puis elle s'y volatilisa.
Au loin, on entendait les sirènes retentir.
La police ? Ou bien l'ambulance ?
Le Skull Raider n'avait plus une seconde à perdre. D'un coup de poignet, il fit gronder le puissant moteur. Au démarrage, les roues crissèrent sur place. La légende urbaine disparut dans la nuit noire avant même que les secours ne viennent ramasser ses gémissantes victimes.

Le lendemain, Rini Koken retrouverait sa petite vie de lycéenne comme si de rien n'était. Sans que ses parents - notamment son paternel - ne se rendent compte de quoi que ce soit. Sans que ses amis ne se doutent de quoi que ce soit. Après tout, ce n'était pas tous les soirs que la justicière à tête de mort intervenait.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 19 oct. 2024 18:11
par SpiderWitch
Après quelques heures de sommeil, le soleil s’était levé. Dissimulée dans les ombres et les recoins, la SpiderWitch patientait. Son alliée de fil n’avait pas débusqué sa petite espionne à huit pattes. Ni ce fait, ni celui d’être invisible n’étaient surprenants. La SpiderWitch était une excellente éclaireuse. Elle avait été entraîné pour cette fonction dans son unité de Moires. Et donc, elle observait ce Skull Raider qui se révéla être une jeune femme se rendant dans un établissement pour y apprendre diverses matières.

C’était une expérience intéressante pour la SpiderWitch. La forme des bâtiments visant à répandre le savoir. Le fait que les jeunes esprits soient obligés de rester des heures durant les fesses posées sur une chaise. C’était tellement différent de sa propre éduction. Son monde et celui-ci étaient différents. Alors la SpiderWitch continuait d’observer. Elle était toujours en phase de collecte d’informations. Ca faisait partie intégrante de sa fonction d’éclaireuse.

La journée passa. Dans l’après-midi, les élèves furent libérés de leurs cours théoriques pour se disperser et rejoindre d’autres bâtiments. Le Skull Raider s’engouffra dans un grand bâtiment dans lequel des groupes de jeunes femmes pratiquaient diverses activités. Certaines s’échangeaient un ballon en le faisant passer au-dessus d’un court et tendu filet. D’autres faisaient rebondir ce ballon pour le lancer dans un cerceau horizontal en hauteur. Et d’autres encore, comme le Skull Raider, se changèrent pour s’entraîner à frapper dans le vide. Un art martial. Ça, elle connaissait.

*Rien ne vaut l’expérience du terrain. Allons-y. *

La SpiderWitch invoqua ses glyphes rougeoyants tissés dans la trame même de la vie. Un sortilège qui lui permit d’hypnotiser quelques personnes pour permettre son infiltration. Débarrassée de son manteau organique, elle donnait presque l’impression d’être en tenue de gymnaste. Avec une telle combinaison moulée au corps. Le problème étant cette affiliation gothique et « Spider-Man ». User de quelques sortilèges d’hypnose était une chose. Mais elle devait aussi embrasser la culture de ce monde pour faciliter son insertion.

Elle pénétra donc dans un vestiaire et chercha de quoi se changer. Malheureusement, elle ne trouva qu’un body rose pastel. Avec sa frange gothique, ses lèvres noires et son piercing au-dessous la lèvre inférieure : le tout jurait. Une mauvaise blague ? De toute façon, la SpiderWitch n’avait pas le choix.

Lycéenne : « Oh ! Tu m’as fait peur ! Ah ah ! Mais, je ne te connais pas, toi ? Moi c’est Cruella. Enfin, ce n’est pas mon vrai prénom. Disons mon nom de scène, et toi ? »

La lycéenne avait les cheveux mi-longs. Mais surtout, une moitié noire et l’autre blanche.

« Je suis la, enfin, je veux dire, je m’appelle Morgane. Je suis nouvelle. »

Cruella : « Tu me sembles pourtant plus âgée que, bah, qu’est-ce que j’en ai à faire après tout ? Je suppose que tu t’es inscrit en gymnastique ? Parfait ! Alors nous sommes dans le même groupe. Et aujourd’hui est un jour spécial. »

« Ah oui ? Pourquoi donc ? »

Les deux femmes sortirent des vestiaires et empruntèrent un couloir.

Cruella : « Parce que nous allons essayer de créer du lien. C’est important les liens et de partager les connaissances. »

« Je suis entièrement d’accord. Je… je crochète. Et je lis. Donc deux choses qui me parlent. »

Cruella : « Tu t’exprimes bizarrement, Morgane. Tu ne serais pas une étudiante étrangère à tout hasard ? »

Puis dans le couloir, Cruella poussa une porte. La SpiderWitch savait avant même que la porte soit ouverte que le Skull Raider se trouvait derrière. Ainsi, Cruella, la responsable du club de gymnastique cherchait à s’associer au club d’arts martiaux ? Une étrange combinaison. Mais elle discuta avec l’autre responsable et le tout fut annoncé officiellement.

Cruella : « Je vais chercher le reste du club. Je te laisse donc fraterniser sans moi. N’oublie pas, je veux créer du lien. Plus les liens seront resserrés et plus nous pourrons donner naissance à un terrible spectacle. »

*Si je me fie à mon instinct, les fils se tissent pour donner naissance à un sombre canevas. Mais c’est peut-être mon manque de connaissances de ce monde. Ce qui est certain, c’est que les Grandes Araignées et le Destin m’ont ramené vers mon allié de fil. Il n’y a pas de coïncidence. *

« Bonjour. Je m’appelle Morgane. Je suis nouvelle dans le club de gymnastique donc ça te va si c’est toi qui commence à me partager ton savoir ? Je peux te servir de partenaire avec ces sortes de gants si tu veux. Je suis sportive, même si mon accoutrement ne me met pas en valeur. »

Le body rose pastel étant moulant, l’œil affûté du Skull Raider découvrirait sans trop de difficultés un corps musclé et tonique. Il n’y avait pas de muscles apparents. Mais il était indéniable que Morgane avait le corps d’une sportive de haut niveau. Une… étrange constitution. Pour une… lycéenne. Vraiment ?...
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Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 26 oct. 2024 21:56
par Rini Koken
Journée lambda pour une lycéenne qui ne laissait rien transparaître. Sur le trajet qui reliait l'appartement de son père à son établissement, Rini Koken évoluait seule comme souvent. Les filles de sa classes n'étaient pas légion à emprunter le même chemin qu'elle. Cela ne la dérangeait pas du tout. Au moins n'avait-elle pas à utiliser les transports en commun ! Marcher, tout comme rouler en solitaire, lui faisait du bien - surtout de bon matin. Elle se réveillait vraiment à compter de cette première "épreuve". Parce que lorsqu'elle sortait de son lit après une flamboyante soirée de labeur, ce n'était pas trop ça.
Un itinéraire routinier bien pratique que j'ai appris à chérir de tout mon être.
Même si certaines habitations ne payaient pas de mine faute d'avoir été entretenues par leurs propriétaires, il y avait toujours cet air iodé pour remonter le niveau.
Oui : Rini Koken s'estimait heureuse de vivre dans une famille ni trop riche ni trop pauvre.
Songer à sa qualité de vie lui permettait en outre de ne pas laisser ses pensées s'égarer trop longtemps sur les rencontres inopinées du Skull Raider. Celles de la nuit dernière étaient d'un exotisme déroutant, voire carrément brutal. Presque trop pour la métahumaine, qui n'avait encore jamais été confrontée au surnaturel.
La guillotineuse et la sorcière-araignée...
Dont une personnalité plus froide et inquiétante que l'autre. Toutes les deux possédaient un objectif. L'une était prête à tenir tête à l'autre pour l'empêcher de le réaliser.
Un cirque qui enrôle des tueurs artistiques. Une femme vêtue de rose au parfum sucré recherchée. Un épicentre rose. Un train qui tourne en rond...
Stop ! Rini interrompit le flux de ses pensées, secoua la tête et leva les yeux.
Le portail ouvert du lycée Jinmu se dressait déjà devant elle.

- C'est reparti pour un tour.

Un tour... Un train qui tourne en rond. Une routine scolaire ?
La lycéenne soupira.
Allez ! nous y reviendrons plus tard.
La première matière de la journée était la géographie. Ensuite viendrait l'histoire. Puis...


La salvatrice sonnerie ayant fini par retentir, Rini put trouver refuge au gymnase. Elle n'était pas la première sur les lieux. D'autres jeunes femmes de son âge s'adonnaient à des activités sportives qui nécessitaient l'utilisation d'un ballon. Il y avait des garçons aussi, bien entendu. Les équipes mixtes étant plus ou moins équilibrées, même si certaines possédaient leurs favoris qui feraient toute la différence à long terme.
En cette fin d'après-midi, la motarde de l'ombre s'entrainait à porter des coups dans le vide. Un shadow boxing particulièrement énergique. Des efforts nécessaires selon son point de vue, le dernier cours de la journée l'ayant presque terrassée d'ennui. Cela ne l'avait pas empêché de se précipiter pour troquer son uniforme contre un kimono aux couleurs de l'école, puis de s'étirer proprement dans son coin. Après son exercice martial en solitaire, elle comptait bien évidemment rejoindre les autres pour s'essayer à quelques figures. La lycéenne aux cheveux bruns diversifiait son entrainement, jonglant intelligemment entre souplesse et puissance.
Une jeune femme d'à peu près sa taille, mais plus finement sculptée, lui adressa ses salutations avant de se présenter sous le nom de Morgane. Elle détonait parmi toutes ces japonaises ! Entre sa silhouette bien entretenue, son body rose...
Rose ?
Non, cesse !
Sa longue frange bicolore qui lui couvrait l'hémisphère droit de son visage blafard maquillé de noir, ses nombreux piercings...
Une nouvelle ? Quelle étrange coïncidence.
Non ! elle ne devait pas mélanger ses deux vies contraires. Le Skull Raider vivait de nuit ; le jour, Rini Koken ne portait pas de casque à tête de mort. Elle était une fille simple, sage, instruite et combative. Rien de plus. Sur le plan intellectuel, la norme lui convenait tout à fait. Sur le plan physique, ses muscles tracés ressortaient plus que ceux de ses camarades qu'elle avait le mérite d'impressionner dès le premier regard.
Rini Koken s'était vite tournée vers la gothique. Elle respirait un peu plus fort que d'habitude.
Les mains jointes sous le plexus, elle la salua d'une inclinaison du buste.

- Bonjour, Morgane ! Je ne crois pas t'avoir... déjà vue dans les parages ?

Pourtant, qu'elle pouvait bien être la signification de cette sensation familière ?
Il y avait quelque chose qui la faisait tiquer, chez son interlocutrice. Ce ne pouvait point être son apparence. Son buste et ses jambes, peut-être ? Difficile de le dire ! Quoiqu'il en fût, Rini n'arrivait pas à poser le doigt dessus. Un léger trouble était perceptible sur ses traits. Il s'effaça très vite au bénéfice d'un visage avenant.

- C'est vrai qu'il est prévu que le club de gymnastique vienne se joindre à nous. Où ai-je la tête, aujourd'hui ? (Petit sourire guindé ponctué d'une micro secousse de la tête.) Je serai honorée de te faire participer à mon échauffement personnel. Ah ! et tu peux m'appeler Rini. (Elle coula un regard vers les fameux gants.) Avant de t'aider à enfiler ça, je préférerais que tu portes plutôt ces mitaines. (Elle fourailla dans un sac de sport pour les lui exposer.) J'ai bien envie de tester tes réflexes ! Je ne frapperai pas trop fort. Nous intervertirons les rôles ensuite. C'est toujours OK ?

Rini Koken n'avait pas pour habitude de mentir à ses partenaires. Surtout pas dans ce domaine qui lui tenait à cœur. Elle distribuerait des coups de poings et de pieds, à bon entendeur ! D'abord doucement, pour éprouver les limites de Morgane, puis avec un rythme de plus en plus soutenu.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 29 oct. 2024 21:17
par SpiderWitch
La SpiderWitch… Non, Morgane. Retrouver une identité était important pour jouer un rôle de composition. Pour se raccorder à nouveau avec des émotions qu’il était bien plus préférable de réduire au silence pour l’efficacité et la réussite de ses missions. Elle devait donc redevenir Morgane.

Morgane, donc, réalisa à travers le regard de celle qui allait se présenter sous le nom de Rini, qu’elle portait du rose. Quelle terrible confusion cela devait être pour elle. Rapport à « l’épicentre rose » qu’elle recherchait. Elle n’en avait pas fait exprès. Mais pour celle qui avait foi dans le Destin, c’était un signe supplémentaire.

« Je n’ai jamais mis ces mitaines. »

C’était un constat. Morgane ne demandait pas de l’aide à sa nouvelle partenaire pour les enfiler. Entre le nom, la forme de l’objet et ce qu’elle avait pu observer en rentrant dans la salle de combat : sa célérité intellectuelle trouva rapidement la réponse. Voilà qu’elle était parée et faisait maintenant face à Rini. Mais aussi à une autre question.

*Comment je dois répondre à son entraînement ? Avec toute la maîtrise du mien ? Ou je dois faire semblant et mimer l’inexpérience ? *

Au premier coup de poing, Morgane ne put rien faire contre son instinct qui prit le dessus. Elle fit un pas en arrière pour se projeter hors de la zone de conflit. Comprenant son erreur, elle se laissa tomber en arrière pour se réceptionner sur les mains, ralentir le mouvement et finir une seconde en équilibre parfait avec les pieds dressés vers le ciel. Puis très lentement, ce qui dénotait une maîtrise de son corps, les premiers orteils d’un de ses pieds touchèrent le sol. Et elle finit par se relever.

« Excuse-moi. J’ai bougé par réflexe. On recommence, s’il te plaît. »

Elle avait manqué se réceptionner en s’accroupissant comme la SpiderWitch sur une barrière en hauteur urbaine. Heureusement, elle s’était vite redressée et était revenue se placer face à Rini, les mitaines en l’air.

Pour les premiers coups, Morgane y répondit sans avoir à se forcer. Elle s’était d’abord dit que ce faible rythme et cette égale somme d’intensité étaient dû au concept d’entraînement. Peut-être aussi parce qu’elles étaient supposées appartenir à deux cours différents. Mais elle se trompa car sa partenaire accéléra le rythme. Etait-ce normal ? Etait-elle testée ? Ce regard et cette hésitation qu’avait eu Rini précédemment. Mais aussi cette pause dans sa question et le fait qu’elle avait une sensation familière. Il se pouvait que Morgane ait déjà été démasqué. Mais dans ce cas, pourquoi se taire ?

*Je ne me dévoilerai pas. Ce n’est pas l’heure. *

« Ah ! Attends ! Je demande une pause. »

Morgane secoua sa mitaine qui venait de recevoir le dernier crochet de Rini. Elle n’avait pas eu mal mais elle voulait se donner l’apparence d’une gymnaste qui avait des fourmillements dans le membre. Elle ajouta à sa performance une accélération cardiaque perçue par un soufflement plus bruyant. Mais aussi un sourire désolé. Elle n’avait pas besoin de surjouer car son apparence gothique lui permettait de ne pas être dans l’hyper-émotivité.

« C’est donc à moi de frapper dans les mitaines ? Peut-être que tu devrais m’apprendre un ou deux schémas d’assaut ? Je… j’ai donc un passif de danseuse. Comprendre un enchaînement de geste et le faire rythmer sur une cadence ne sera pas un problème. Mais j’aurai besoin que tu me montres quoi faire de mes mains. Pardon, de mes poings fermés. »

Bonne partenaire avec de l’envie. Bon potentiel qui se raccrochait sur un CV plausible. Pour Rini, ce serait un bon moment à passer. Le plan ourdi par Cruella pouvait bien attendre une ou deux réponses de plus que les deux jeunes femmes se lient avec leur identité « publique ».

Ouvrons rapidement le casier métallique de Cruella pour poser nos yeux sur une des affiches qui décorent son « petit chez soi » à l’école.

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Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 04 nov. 2024 16:26
par Rini Koken
Morgane n'avait pas eu besoin d'aide pour enfiler les mitaines. Rini lui avait laissé le temps de les ajuster, de les scratcher et même de se mettre en position. Il n'était pas question pour elle de la brusquer. La gothique provenait d'un autre club, et l'image de celui de la motarde nocturne reposait sur son attitude.
Aucun panique à avoir : je suis plutôt bonne diplomate.
Même avec les raclures, en premier lieu. En revanche, lorsque ces dernières commettaient la bêtise de faire montre d'insolence...
Cette Morgane n'en a pas du tout le profil.
Pour le moment, Rini trouvait sa présence relaxante. De cette gymnaste, il n'émanait absolument aucune nervosité. Elle paraissait surtout concentrée sur son environnement et les quelques éléments qui le composaient.

- Tu es prête ? Alors commençons !

Dès que Morgane eut levé sa garde, Rini lui balança un coup de poing. Contre toute attente, sa partenaire d'entraînement ne chercha point à le bloquer avec ses mains rembourrées. Elle effectua un rapide pas en retrait avant de se cambrer, portant son poids sur ses mains appliquées à même le sol, et de balancer ses jambes en direction du plafond.

- Bah ?

Avec souplesse et lenteur, Morgane retomba sur ses pieds - l'un après l'autre - et se redressa tranquillement.
Son poing figé en avant, Rini cligna bêtement des yeux.

- Euh... quelle légèreté dans tes mouvements ! C'est tout de même un peu dommage que ça ne fasse pas partie de l'exercice.

Elle s'était excusée pour cela, prétextant un mouvement de type réflexe.
Les gymnastes sont tous comme ça ?
Rini admirait son sens de l'équilibre. Elle n'en dit rien, ramenant plutôt son poing à l'emplacement idoine en vue de recommencer comme demandé.

- Bien ! On se concentre, cette fois-ci. Sers toi de tes mains pour bloquer mes coups. Sois prévenue : je n'utiliserai pas que les membres supérieurs.

La lycéenne jongla entre directs, crochets et coups de pied fouetté. Elle fit comme prévu, calant son rythme sur la tenue de route de sa camarade gymnaste. Elle fut bien forcée d'admettre que Morgane se débrouillait très bien, encaissant chacune de ses attaques avec une précision exemplaire. Cela permit à la bagarreuse de se défouler un minimum. Et comme d'habitude, remuer ainsi lui procurait des sensations qu'elle n'avait jamais su trouver ailleurs. Une délicieuse montée d'adrénaline qui la fit quelque peu oublier le statut d'invitée de la gymnaste.
Celle-ci lui demanda alors un temps mort.

- Une pause ? déjà ?

Elle n'avait pas vu le temps passer. Combien de minutes s'étaient écoulées, au juste ?
Emportée dans son élan, prisonnière de sa petite bulle martiale, Rini n'avait pas cherché à compter...
Considérant le quasi essoufflement de Morgane, elle eut vite fait de renoncer à sa garde et d'incliner respectueusement le buste.

- Excuse-moi si j'y suis allée un peu trop fort ! Je t'ai sentie réceptive et... je ferai plus attention, c'est promis.

Morgane souhaitant intervertir les rôles, Rini hocha la tête et accéda silencieusement à sa demande. Elle n'enfila pas tout de suite les mitaines, préférant se conformer à la demande logique d'une pseudo néophyte en matière de boxe. Morgane, qui se disait être une ex-danseuse, plaidait avoir besoin d'un exemple d'enchaînement sur lequel plancher en rythme, de façon répétée.

- Très bon état d'esprit, approuva la bagarreuse avant de positionner de profil par rapport à son interlocutrice. Voilà ce que je te propose : pour commencer, une combinaison simple avec les deux poings. Une droite en direct, une gauche en crochet, suivie d'un uppercut de la main opposée.

Tournée vers le vide, elle lui en fit la démonstration. Deux fois, toujours à vitesse réduite histoire de bien décomposer chaque mouvement.

- Une fois que tu te sentiras à l'aise avec cet enchaînement, nous exploiterons la souplesse de tes jambes, ajouta-t-elle juste après avoir repris une position de repos. Tu frapperas de la manière suivante : gauche en direct, droite en crochet, uppercut du gauche et coup de pied fouetté à la cuisse avec la jambe opposée.

Seconde démonstration - en double exemplaire, exactement comme avec la première.

- Si jamais tu te sens capable de frapper encore après tout ça, tu seras en droit de poursuivre immédiatement avec un autre coup de pied à la tête. (Elle eut un sourire à cette pensée.) Etant donné ton assiette, j'aurais tendance à croire que tu devrais pouvoir t'en sortir assez facilement.

Se repositionnant face à la gymnaste, Rini écarta intelligemment ses appuis et dressa les mitaines à hauteur de visage.
C'était désormais à Morgane de donner du sien !

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 09 nov. 2024 17:29
par SpiderWitch
Sa partenaire d’entraînement y avait cru. Son essoufflement avait été correctement feint. Désormais, il fallait mimer tout autant la reprise de son souffle. Elle préféra se trouver une excuse tout de suite avant de se faire avoir bêtement sur un détail.

« Je vais rapidement reprendre mon souffle. » (respiration) « Je n’ai pas de problème avec l’effort physique. » (respiration) « J’ai été surprise par l’intensité martiale. »

Voilà, elle pouvait apaiser son faux souffle. Il faudrait bien plus que cela à la SpiderWitch pour s’épuiser. Ses entraînements subis sur son monde était à des lieux de ça. Par comparaison, sur ce monde, ça revenait à comparer son éducation à celle d’un corps armé tel que le GIGN peut-être ? Des entraînements frôlant parfois le concept de… torture.

« Droite en direct. Gauche en crochet. Droite en uppercut ? D’accord. »

Morgane se plaça correctement en position. Ne sachant pas comment mimer de l’inexpérience à ce niveau, et n’étant pas une espionne, elle se positionna correctement. Ce qui pourrait éveiller les soupçons de Rini. Et avant que cette dernière ait le temps de lui faire le moindre commentaire : elle enchaîna. Droite en direct ! Gauche en crochet ! Et droite en uppercut ! Le tout dans le vide devant elle. Ses gestes étaient élégants. Toute la musculature fine de son bras se tendait quand il le fallait. Morgane ne perdait aucune énergie inutile. Tout était presque… milimétré.

« Je crois que j’ai compris. Laisse-moi juste essayer l’autre combinaison. Et merci de n’avoir rien dit pour que je puisse compter le rythme dans ma tête. »

En le disant, elle réalisa qu’elle aurait pu bouger les lèvres pour compter « 1,2,3 et 4. ». Ce qu’elle décida de faire en changeant sa position d’appui et en enchaînant le second schéma avec un coup de pied supplémentaire. A nouveau, la maîtrise du corps de la « gymnaste » était évidente.

« Je suis prête. Essayons ça avec une résistance physique. Qui sait ? Ca pourrait me surprendre et me repousser. Ou me faire perdre l’équilibre ? »

Morgane n’y croyait pas. Et ce n’était pas dit pour annoncer une maladresse. C’était une façon de plaisanter légèrement pour tisser des liens. Alors elle se mit en position pour taper correctement avec son poing droit en premier. Elle enchaîna les trois mouvements et demanda si c’était correct. Puis elle enchaîna plusieurs fois avec un rythme impeccable. La gymnaste semblait bouger sur le tic tac régulier d’un métronome.

« Je vais essayer la deuxième combinaison. Prête ? »

Une première fois lentement. Une seconde fois un peu plus rapide. Et Morgane accéléra le rythme jusqu’à frapper à la vitesse que Rini avait démontré. Elle changeait de pied et inversait donc les gauche-droite à chaque série. Rini devait reculer et, lorsqu’elle arriva en bout de salle : Morgane décida d’être créative comme sa partenaire lui avait demandé.

Après un coup de pied fouetté au niveau de la hanche, elle en balança un autre en direction de la tête de Rini. Sauf surprise, Morgane saurait s’arrêter avant l’impact. Puis elle réarmerait son pied et l’enverrait en direction du plafond. Un tel coup pourrait redescendre avec la volonté d’une guillotine… en le réalisant, Morgane attrapa son pied tout en haut dans sa main. Et conserva la posture en tendant l’autre bras.

C’est à ce moment que les deux partenaires réalisèrent qu’elles avaient attiré l’attention. Les filles de l’autre classe, au lieu d’échanger comme Morgane (qu’elles ne connaissaient pas), s’étaient rapprochées pour observer. Il y eut quelques applaudissements. Mais aussi des chuchotements comme quoi « Moi je ne pourrais pas faire ça. » « Oui, je suis d’accord. Moi non plus je ne saurai pas frapper comme elle l’a fait. » « Ah ! Mais je parlais de ce grand écart aérien, moi ! »

Quant à Cruella et son plan de cercle démoniaque ? Cela attendrait encore un peu…

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Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 12 nov. 2024 17:52
par Rini Koken
La comédie de Morgane passait crème, Rini n'y voyant que du feu comme en attestait la qualité de son sourire empreint d'empathie. Elle aussi avait souffert au cours de ses débuts. Ses souvenirs de néophyte brouillaient naturellement sa perception, l'empêchant d'y voir clair dans le jeu savamment mené de la gothique.

- Il n'y a aucun problème. Prends ton temps. Nous ne faisons que nous échauffer.

Morgane ne fit point tout à fait comme escompté. En fait, elle se débrouilla bien mieux que ce à quoi s'était attendu la vraie lycéenne. Son enchaînement, exécuté dans le vide, était fluide et rapide. Complètement à l'opposé de sa petite galère respiratoire !
Les yeux braqués sur sa partenaire, Rini s'était abstenu de tout commentaire.
Ai-je affaire à un fille particulièrement talentueuse ou bien... à une menteuse ?
Quand Morgane s'essaya sur cette deuxième combinaison de coups, son observatrice avertie ne put empêcher ses yeux de se plisser légèrement.
Cette évidente maîtrise de son corps lui paraissait suspecte. Demeurait toutefois un inconnu dans ce portrait que lui dépeignait Morgane rien qu'avec ses gestes : ses acquis de gymnaste que Rini, faute d'avoir déjà pratiqué, était bien en peine de séparer de son potentiel martial.
Une fille aussi douée qui n'a jamais porté ces mitaines... D'un côté, j'ai du mal à y croire. De l'autre, j'ai envie d'accorder un peu de crédit à ses paroles.
Au vœu de sa camarade d'essai, la bagarreuse, les lèvres pincées, répondit d'abord par un hochement de tête.
Qu'elle frappe donc ! Rini ne pourrait pas mieux l'évaluer qu'en résistant à ses coups.

- On ne peut pas savoir sans avoir essayé.

Avait-elle déclaré non sans y ajouter un petit clin d'œil cocasse. Si Morgane se moquait d'elle en lui dissimulant ne serait-ce qu'une modeste expérience martiale, autant qu'elle se prête à son jeu sans une once d'irrespect.
Et donc, estimation du premier enchaînement sur mitaines ?
Plus que correct - ce que ne manqua pas Rini de lui faire remarquer, en réponse à sa question.

- Tu te débrouilles. Continue comme ça.

Encore une fois, la gymnaste fit des progrès fulgurants. Elle apprenait beaucoup trop vite. Ses mouvements étaient d'une précision d'orfèvre. Rini ne laissait rien transparaître sur son visage mais elle sentait...
Morgane. Ce n'est pas vraiment ta première fois. C'est impossible. Tu n'es pas assez gourde.
Le positionnement de ses pieds était parfait. Les impacts contre les mitaines, exemplaires.
Rini approuvait le tout. Cela lui faisait même plaisir de s'échauffer avec une partenaire aussi douée mais...
La vérité fait défaut. Je ne sais pas tout. Tu ne m'as pas tout révélé.
Un mensonge par omission, ou un mensonge tout court ?
La combattante qu'elle était accepta volontiers d'en voir plus avec cette deuxième combinaison.
Et elle fut servie ! Au bout de quelques essais, Rini eut l'impression de faire face à son double. Même vitesse, même force dans les coups portés, même précision. Même fluidité, pour parfaire le tout ! Repoussée à l'autre bout de la salle à force de parades à reculons, la lycéenne était bien incapable de se laisser déconcentrer par un élément extérieur. Elle savait qu'à la moindre seconde d'inattention, un coup traverserait sa garde et viendrait la cueillir de façon cinglante. Jusqu'ici, les poings et pieds de Morgane avaient admirablement bien claqué contre ses mitaines. Des bruits alléchants. Largement de quoi attirer l'attention de tout le monde. Chose que Rini ne remarqua pas tout de suite. Et surtout pas avant que le dernier coup de pied, improvisé par la "gymnaste" menace de contourner sa garde par le dessus en la frappant du talon juste entre les deux yeux. En toute hâte, la bagarreuse avait croisé les poignets au-dessus de sa tête. Mouvement inutile dans la mesure où le coup de pied en guillotine fut interrompu, dans sa phase aérienne, par la main de celle qui l'avait initié. Morgane s'était immobilisée ainsi, en parfait équilibre sur une jambe, dans une posture qui ressemblait effectivement à de la gymnastique.
Mais à un tel niveau de souplesse qui, très honnêtement, me laisserait sur le carreau.
Ce fut à cet instant que Rini entendit leurs spectatrices éberluées. Les intéressées s'étaient approchées pour mieux voir avant de se mettre à applaudir. La surprise quitta les yeux de celle qui avait cru initier une néophyte.
Il n'y a pas lieu de se mettre en rogne.
Un mince sourire se dessina sur ses lèvres. Rini ôta ses mitaines et, en toute modestie, se mit elle aussi à applaudir.

- Tu es réellement impressionnante. Morgane, c'est ça ? (Un prénom authentique ? Elle n'attendait pas de réponse.) Si tu n'y vois pas d'inconvénient, j'ai bien envie de te monopoliser encore un peu. Ce n'est pas tous les jours que je tombe sur une combattante aussi douée.

Aucun mensonge là-dedans. Rini pensait vraiment tout ce qu'elle avait dit.
Restait toutefois une épreuve qu'elle brûlait d'envie de lui soumettre.
S'écartant du mur afin de retrouver un peu de place, elle enfila tranquillement ses mitaines avant d'adopter une nouvelle garde. Les jambes légèrement fléchies, la pugiliste conservait les mains levées devant son visage, l'une étant plus reculée que l'autre de sorte à dresser une double défense espacée de quelques centimètres supposés faire toute la différence.

- Mettons de côté les schémas offensifs préconstruits. Je veux que tu m'attaques comme tu l'entends, à partir de tout ce que nous avons vu. (Elle eut un mouvement de tête en direction des gants qu'elles avaient laissés de côté.) Je n'ai pas peur pour ma sécurité mais les règles étant les règles, il serait préférable que tu les portes.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 16 nov. 2024 14:42
par SpiderWitch
Parmi toutes les lycéennes, il y en avait une qui n’applaudissait pas. Une qui tirait la gueule. Une qui voyait son plan voler en éclat parce qu’on lui volait la vedette.

Cruella : « Qui est cette fille ? Pourquoi a-t-elle autant d’applaudissements alors que c’est sa première fois ici ? Je n’aime pas ça. Pas du tout… »

Mais même sa copine n’avait plus toute sa tête à leur plan. Oublier les délires démoniaques. Ce qui se passait dans cette salle. La façon dont l’air s’était chargé d’une énergie si particulière ? Elle voulait voir ça, elle aussi !

*Je ne sais pas si je suis en train de perdre le contrôle ou si je progresse dans ma mission… Est-ce le fait d’avoir retiré le masque ? Je suis plus sujette aux émotions et je me laisse porter par les vicissitudes de la vie ? Les petits riens ? *

Morgane n’avait pas la réponse. Mais pour être honnête avec elle-même, elle aimait ce qu’elle ressentait. Bien entendu, une partie de son intelligence attribuait ce changement à un environnement différent. Si différent de sa formation sur son monde, que certains avaient renommé Terre-2023. Et puis elle décidé que ce devait être une bonne chose. Elle avait Foi. Si c’était ainsi que ça devait se passer, ça se passerait ainsi.

« Je crois que je vais me passer de ce qui est préférable. »

Il y eut un changement.

Tout le monde ressentit que l’atmosphère changeait encore. Pour simplifier, on aurait pu dire que l’échauffement était terminé. Que les masques tombaient. Le corps de Rini était « affamé ». Il demandait à affronter la réelle Morgane. Ses muscles étaient si prompts à se détendre et à laisser les coups devenir percutants et incisifs : qu’il serait intolérable d’arrêter maintenant. Quant à Morgane, elle laissa tomber la garde que lui avait montré sa partenaire d’entraînement. Sa mémoire revint soudainement là où elle avait découvert son propre style d’art martial. Elle n’était pas comme sa Sœur surnommée Atropos. Un style qui se rapprocherait du Krav Maga. Où l’efficacité était visée. Non l’esthétisme. Pour Morgane, qui avait reçu le rôle d’Eclaireuse dans son unité de Moires, son style se devait d’être plus… « discret ». Moins agressif. Plus « souple ».

Donc Morgane ne se mit pas en garde. Elle était debout. Elle donnait l’impression d’être tout sauf une combattante. Mais Rini reçut « l’appel ». Peu importait qu’il y eut une seconde ou une minute d’attente, ce fut forcément Rini qui donna le premier coup.

Et alors tout s’enchaîna. Tout devint fluide. Et il n’y avait pas de mots assez significatifs pour remplacer un extrait vidéo.

https://www.facebook.com/reel/469545618925716
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Morgane ne doutait pas que Rini fut une excellente combattante. Elle avait assisté aux prouesses martiales du Skull Raider. Mais pour ce combat, dans cet environnement, avec cet effet de surprise : elle fut surpassée. Attention, une nouvelle fois, elle n’était pas mauvaise. Mais Morgane avait le soutien du Destin. Ce qui, une nouvelle fois, ébranla les plans de Cruella. Aujourd’hui était maintenant impossible. Elle devrait s’expliquer avec cette « Morgane ». Apprendre à la connaître. Faire des recherches officielles et officieuses. Rien n’était allé comme prévu. Et elle n’était pas stupide au point de foncer tête baissée vers l’échec.

En fait, elle disparut. Purement et simplement. Sous les applaudissements après la démonstration de Morgane et de son Aïkido.

Morgane s’inclina respectueusement. Elle n’était pas essoufflée. Ça avait semblé si facile pour elle.

« Je m’excuse. Je ne voulais pas te couvrir de honte et de déshonneur. Excuse-moi de t’avoir trompé. Tu méritais que je te démontre une facette à plein potentiel de mon éventail de compétences. A nouveau, je m’excuse. Qui plus est, je voudrais me rapprocher de toi et non m’éloigner. Si je me dois de circonvenir à une tâche, je m’exécuterais à l’accomplir. »

Ce n’était plus un phrasé de lycéenne familier. Il y avait « trop » de politesse. Une façon de parler très « militaire ». De nouveaux signes qui, assemblés les uns avec les autres, pourraient à terme amener Rini à découvrir qu’elle faisait face à la SpiderWitch. Peut-être. En attendant, elle avait l’opportunité de se faire… quoi ? Une nouvelle amie dans son cadre lycéen ?