CHAPITRE 1
LE CHANTAGE
Kaori Nagora
Au sein du lycée, Kaori était une jeune femme assez populaire, en grande partie parce qu’elle était issue d’une bonne famille. Les Nagora disposaient d’une rentrée d’argent confortable. Son père était un avocat assez médiatique, qui passait régulièrement sur les plateaux-télés, défendant des Yakuzas, des politiciens, ou aidant les sociétés à s’enrichir en rédigeant des actes pour eux. Sa mère, elle, était une cadre dans une société japonaise, un poste haut placé. Kaori aurait pu bénéficier d’un établissement privé, mais ses parents avaient choisi de la mettre dans un lycée public.
Récemment, Kaori avait découvert, par hasard, que l’une des élèves du lycée, une certaine « Noxine », peu présente en cours, peu investie, et qui était au sein du club d’informatique, avait un secret particulier. Kaori avait découvert ce secret fortuitement, en se rapprochant de l’appartement où vivait Noxine. À la base, elle y était venue dans le cadre d’un projet éducatif consistant à impliquer les élèves de sa classe pour répondre à une pétition. Étant déléguée de classe, ce projet avait été développé par le conseil des élèves, et chaque délégué faisait le recensement auprès de ses propres camarades. Elle était donc venue vers l’appartement de Noxine, et personne n’avait répondu quand elle avait toqué. La porte n’était toutefois pas fermée, et, en entrant, elle avait eu la surprise de voir Noxine coucher avec une femme plus âgée, une professeur du lycée qui la sodomisait par l’arrière, la forçant à regarder par la fenêtre, tirant sur ses cheveux.
Surprise, Kaori avait mis plusieurs jours avant de réagir. Elle avait espionné discrètement Noxine, à l’aide d’un petit drone furtif, l’une des dernières innovations de la compagnie de sa mère. Le prototype lui avait permis de filmer le studio et de constater que Noxine était une prostituée. Kaori pouvait désormais la faire chanter, mais ses intentions étaient bien différentes. En soi, la jeune fille n’avait pas besoin d’argent. Kaori était le cliché de la Japonaise parfaite, bien sous tout rapport, trop parfaite pour être honnête. Elle vivait sous une tension constante avec ses parents, une tension scolaire qui existait depuis des années. Cela ne changeait rien au fait qu’elle soit extrêmement talentueuse et très populaire, mais elle avait ressenti avec le secret de Noxine une forte excitation. Et, finalement, elle était prête à la confronter.
Kaori rejoignit Noxine dans une salle informatique, où elle était occupée. Il n’y avait personne d’autre, et elle referma la porte derrière elle, avant de darder son regard profond et pénétrant sur elle.
«
Salut, Noxine. Tu tombes bien, je voulais te parler ! »
Kaori n’était pas le genre de fille à qui on disait «
non ». Toute sa frustration devant ses parents, elle n’hésitait pas à la répandre sur les autres, et avait ainsi déjà participé à des vagues de harcèlement scolaire sur d’autres filles. Les enfants pouvaient être terribles entre eux, et elle tenait dans sa main une clef USB, qu’elle déposa sur le bureau de Noxine, devant son clavier.
«
Je sais ce que tu trafiques chez toi, ma cocotte… Je dois admettre que t’es plutôt pas mal. Tu sais ce qui risque de t’arriver si tout cela sort d’ici, si les autres élèves sont au courant ? »
L’
ijime… Sous ce nom, on désigne la pratique scolaire de harcèlement au Japon. Il y avait chaque année plusieurs dizaines de milliers de cas
officiels, preuve que le harcèlement scolaire était fortement ancré dans la culture japonaise. Ce harcèlement se faisait généralement sous la forme d’un harcèlement de masse : brimades, provocations, moqueries… «
Le clou qui dépasse appelle le coup de marteau », comme le disait le vieux proverbe japonais, et, autour d’une même victime, une communauté pouvait se former.
Et Kaori était suffisamment populaire pour pouvoir lancer ce genre de rumeurs.
«
Donc, tu as deux options, Barbie… Soit tu m’envoies chier, et tu en assumeras les conséquences, soit tu m’écoutes, et on trouvera tous les deux un arrangement mutuel. »
C’était cash et direct… Comme Kaori aimait bien le faire !