The Multiversity

S'il y a bien un genre de nouvelle qui mettait en joie n'importe quel élève, c'était une annulation d'un examen, les vacances ou une sortie scolaire. Pour le coup, c'était la dernière option qui était prévue et bien entendue, dans ce genre de cas, c'était aux professeurs principaux des classes sélectionnées de jouer les chaperons lors de cette sortie. C'était souvent le même genre de destination chaque année, c'est juste les classes qui changeaient – sauf pour les quelques redoublants – et cette fois donc, la classe d'Hirotaka avait été sélectionnée pour ce voyage, ainsi que deux autres classes du lycée. Trois classes, une soixantaine d'élèves et trois professeurs pour veiller au grain. Il n'y avait jamais eu de problèmes les précédentes années donc pourquoi il y en aurait cette année ? Le genre de problème était des élèves qui refusaient de dormir, des garçons qui cherchaient à rejoindre la chambre des filles ou parfois quelques retards lors des sorties en liberté du dernier jour afin que les élèves achètent des souvenirs. Pas d'accident, de fugue ou autre donc inutile de trop s'en faire.

Comme pour beaucoup de lycée, la destination n'avait rien de surprenant, ce n'était pas non plus Okinawa qui était visé par cette sortie scolaire mais les Alpes Japonaises avaient tant à offrir en histoire comme en géographie, de quoi étudier sur place l'histoire de ses villes autours, de ses temples, de ses châteaux, bref, un décor qui ne manquait pas de sujet pour un professeur d'histoire comme lui. Ça lui changeras de rester près du tableau à faire son cours, au moins, avec un tel panorama, ce sera toujours mieux pour animer ses cours. Pour cette sortie, ses collègues seront les professeures Harigato qui enseignaient les mathématique et leur collègue monsieur Chifumi, un professeur de chimie proche de la retraite. Ce n'était pas d'ailleurs sa dernière année de cours ? Sûrement, il devrait se renseigner auprès de ses collègues, il n'était pas très proche de ce professeur qui faisait presque partie du mobilier scolaire tant il avait enseigné ici.

Profitant d'une pause entre deux cours, il trouva sa collègue à son bureau dans la salle des professeurs, Hirotaka arriva détendue, une cigarette sur l'oreille, prêt à aller prendre sa pause, mais il profita de la croiser pour déjà entrevoir quelque chose qu'ils pourraient mettre en place entre les trois classes. Habillée comme il se doit avec son costume bleu, sa cravate était bien faite, sa veste propre, il abordait quand même une certaine classe. Non pas que son costume était hors de prix, mais il respectait le règlement, il ne voudrait pas être mal vu de la direction ou autres. Il a toujours été ainsi et il n'était pas prêt de changer.

« Professeur Harigato. J'ai vu que votre classe allait venir au voyage scolaire, vous avez un planning de prévus pour votre classe pendant ce voyage ? Des sites, des idées ? J'ai déjà repéré deux ou trois choses qui sont visitées chaque année par nos confrères et consœurs, mais j'aimerais un peu innover. »

Il préférait demander avant de lancer ses projets, ne sait-on jamais si elle y avait déjà songé avant lui ou non. Autant se mettre d'accord, ils pourront voir ensuite avec le professeur Chifumi, mais ce serait étonnant que cela le dérange, malgré son ancienneté, il était du genre détendu, tant avec ses collègues que ses élèves, ce qui faisait de lui un bon prof, aimé par ses collègues et ses élèves. Il n'avait jamais été réellement proche d'Hikari – si telle était bien son prénom ? Étant Japonais, il était plus poli de l’appelé par son nom de famille étant donné qu'ils n'étaient pas proches, tout comme ses collègues l’appelait par son nom de famille, Nifuji. Rare étaient les collègues proche de lui à vrai dire, il bavardait sans mal avec les autres, mais dire qu'ils étaient proches, ce serait un peu rapide quand même...

Un voyage scolaire d’une durée de deux semaines était prévu pour avoir lieu dans un chalet situé dans les Alpes japonaises. Des activités de sport et culturelles étaient prévues. Randonnée, canyoning, séance de VTT, escalade, exploration des grottes de la région… La région de Yoake était une région très historique, regorgeant de vestiges archéologiques et industriels. On pouvait notamment accéder une antique mine, une structure qui avait ouvert lors de l’ère Meiji, et avait été fermée dans les années 1980’s. C’était désormais une sorte de musée, et il y avait également des promenades sur des monts verglacés. Il y avait beaucoup d’endroits très touristiques, comme Jigokudani, un parc naturel peuplé de singes exclusivement, ou encore Kamikochi, une grande vallée forestière.

Ces voyages étaient très appréciés des élèves yoakiens. La fondation Jinmu finançait les expéditions, qui partaient de Nagano, avant de se reposer dans une auberge située dans les montagnes, avec un onsen. Il y avait aussi des temples, des villages atypiques… Et, pour tout arranger, le village où les élèves allaient arriver, par le biais de deux bus scolaires, était enneigé. Hikari, Chifumi et Nifuji travaillaient donc à déterminer le programme, et un rendez-vous était prévu avec les accompagnateurs, abritant notamment des parents d’élève.

Mais Hikari avait aussi autre chose à penser. Parmi les élèves, il y avait Alice Korvander. Cette belle petite blonde était une très bonne élève, souvent absente, qui traînait avec la bande de Mélinda Warren, une autre élève absente, mais très douée. Mais Alice était aussi très proche de Nanami Seikyo, et celle-ci était depuis quelques semaines la Maîtresse d’Hikari Harigato. La jeune professeur soumise avait beau être très respectueuse du protocole, Nanami avait réussi à la retourner comme une crêpe, et Alice l’aidait beaucoup en ce sens.

Avec l’aide de sa bande, Nanami s’efforçait de l’entraîner sexuellement.

« N’espérez pas que votre entraînement sera suspendu pendant ces deux semaines… Senseï. »

Portant un strap-on sous son uniforme de lycéenne, Alice pénétrait Hikari dans son bureau, la besognant par l’arrière. Elle tirait ses cheveux en soupirant. Parmi le personnel accompagnant, il y aurait aussi Pepper, une surveillante qui avait été une lycéenne de Jinmu, et qui était sûrement dans la combine, car Hikari l’avait déjà vu faire l’amour avec Alice. Son entraînement sexuel allait désormais prendre un nouveau tournant, une nouvelle voie… Elles voulaient qu’Hikari ait un amant ! Un amoureux ! Une situation invraisemblable, mais qui avait fleuri quand les filles avaient parlé avec elle d’un professeur récemment arrivé… Nifuji-sama ! Nanami le trouvait parfaite pour elle, et suggérait donc à Hikari de le séduire.

Alice la sodomisait doucement, appréciant comme à chaque fois le délicieux cul d’Hiakri. La cartouche de sperme reliée à son gode se répandit ensuite en elle au moment de l’orgasme, et Hikari s’affala sur son bureau. Alice remit doucement ses cheveux en état.

« Ce n’est pas sérieux, Alice-san, je ne peux pas faire ça, c’est un collègue…
-  C’est ce que vous essayez de vous convaincre, sensei, mais je vois bien comment vous pensez à lui… »

Hikari se demandait ce qu’Alice avait prévu, mais celle-ci restait volontiers mystérieuse. Elle prit congé au moment où Nifuji arriva. Alice se pencha respectueusement, et fila, non sans un dernier regard et un léger sourire vers Hikari.

« Bon-Bonjour, Nifuji-san… Entrez, entrez ! »

Hikari reprit ses esprits, sentant encore une légère douleur à hauteur de ses fesses. Plus le temps passait, et plus Alice la prenait vigoureusement. Elle se racla la gorge quand Nifuji-san demanda à quoi elle avait pensé pour les activités de groupe.

« Hmmm… Et bien, euh… »

C’était ce à quoi elle réfléchissait avant qu’Alice ne vienne la voir.

« J’avais pensé à consacrer une journée à la randonnée de Nakasendo, cela permet de rencontrer des villages atypiques, et c’est… Très charmant. Vous aviez des idées précises à l’esprit, Nifuji-san ? »

Hikari essayait au passage de se calmer, se disant bien que rien n’arriverait jamais entre elle et Nifuji-san.

Il était bien trop sérieux pour cela !

Devoir organiser ce voyage scolaire n'était pas si simple, avant le grand départ, il pouvait toujours y avoir des imprévus. Climatique, acte terroriste restreignant les sorties ou même une épidémie qui pour cause de sécurité irait fermer les écoles et autres endroits qui n'étaient pas nécessaire d'être ouvert car non-vital. Un confinement en gros. Mais comme pour le moment, tout se passait bien, il ne fallait pas se relâcher, ce genre d'imprévus était assez rare après tout. Ayant trouvé le professeur Harigato était dans sa salle de classe encore vide, même si une élève venait s'en sortir, à présent, ils étaient seuls. Ce n'était pas rare de voir des élèves étrangers – non japonais – dans cette école, mais ça faisait toujours un peu bizarre. D'ordinaire, les classes japonaises ont que des élèves d'ici, que des têtes aux cheveux noir, brun et parfois décoloré pour quelques jeunes rebelles, mais une vraie petite blonde, ça faisait bizarre. Hirotaka hochait la tête à son passage, ne se posant pas plus de questions. Cette petite étant étrangère et travaillait plutôt bien, son nom revenait souvent dans la salle des professeur donc même sans l'avoir dans son cours, il savait qu'elle était bonne élève.

La venue pendant sa pause n'était pas anodine, se penchant sur le programme et les activités qu'ils pourraient offrir aux élèves pendant leur voyage étaient importantes et il faisait donc le tour des classes pour en parler avec elle et ensuite Chifumi. Qui sait, l'un des deux aurait une bonne idée à laquelle il n'avait pas pensé ? Pour elle, une randonnée pour voir des villages atypiques ? Moui, ça devrait être faisable, à pieds si ce n'était pas trop loin de leur hôtel – enfin, auberge – sinon un bus ou un car en guise de voie rapide. Ça pouvait être faisable. De son côté, il avait aussi pensé à certaines choses.

« Cela pourrait se coupler à votre idée, je pensais qu'on pourrait faire une halte au village de Dakuma, il a gardé un aspect historique et récemment, j'ai cru comprendre qu'un célèbre film avait été tourné là-bas. Ça pourrait toujours éveiller un peu la curiosité des élèves. »

Non pas que ce fut un gros blockbuster hollywoodien qui avait été tourné, mais un gros succès pour le cinéma Japonais quand même. Le pays du soleil levant n'était pas fermé aux autres cultures, au contraire, ils aimaient bien en apprendre sur la façon de faire ailleurs, mais ils étaient aussi très fiers de leur cinéma. Parfois moqu2 à l'étranger pour les films que l'ont dit de nos jours, What The Fuck ou très étrange, il n'y avait pas que ça. Donc avec de la chance, ça pourrait en réveiller quelques-uns de faire un saut là-bas pour les avoir mieux concentrées.

« Mise à part cette idée qui viens de moi, je pense qu'on pourrait piocher dans les plus populaires des précédentes sorties et les moins fatigantes, il faut penser au professeur Chifumi pour qui c'est la dernière année ici. Donc des sorties autour de notre auberge, il y a quelques musées qui devrait plaire aux élèves, surtout qu'en cette période, il y a une exposition sur les katanas de l'époque Azuchi-Momoyama, ça pourrait intéresser les élèves qui aiment l’histoire ou au moins les katanas. Et pour un peu plus penser aux filles, il y a la ville de d'Akime, il paraît que les paysages y sont magnifiques et il y a quelques temples dédiés à l'amour, ce genre de choses. »

Oui, c'était cliché, mais dans les clichés il y a une part de vérité. Les paysages leur feront faire de beaux selfies ou photos de groupe et les temples seront aussi une chose qui devrait plaire à certaines qui aiment les légendes des temples. Se rapprocher de quelqu'un, être aimée par cette personne, ce genre de choses. Il y avait tant de temples avec ses propres légendes qu'il était difficile de toutes les dicter. Retirant sa cigarette sur son oreille, il la gardait entre ses doigts, prêt à la mettre en bouche pour aller la fumer, mais évidemment, il n'allait pas le faire dans la classe, mais dans la zone prévue à cet effet.

« Si vous avez d'autres idées ou des suggestions, n'hésitez pas à venir me trouver. Je suis chargée d'organiser le planning. »

Si elle n'avait rien à ajouter, il allait prendre congé afin de fumer sa cigarette tant qu'il en avait encore le temps. Le départ n'était pas pour demain, il avait encore le temps de changer des choses donc sans être pressé à la seconde, elle pouvait venir le trouver en salle des profs sans soucis, ou s'il n'était pas là-bas, dans la zone fumeur prévu à cet effet. Même si... elle ne fumait pas ? En tout cas, si c'est le cas, il ne l'avait jamais croisé là-bas.

Hikari était encore un peu confuse par les déclarations d’Alice. Vouloir la rapprocher de Nifuji-san ? C’était bien évidemment strictement contraire au règlement, mais, au point où en était le règlement… Après tout, Hikari avait bien couché à plusieurs reprises avec plusieurs élèves ! Elle avait commis des choses incroyables, qui la faisaient mourir de honte, alors, coucher avec Nifuji-san ne devrait pas la perturber autant… Mais lui était si sérieux, si professionnel ! Comme elle, il n’avait pas encore découvert le svéritables aspects du lycée, et Hikari était donc confuse, confuse parce que, d’un côté, alla avait envie de s’imaginer dans ses bras, mais, de l’autre, elle aimait aussi l’idée de garder avec lui un rapport strictement professionnel.

Prenant ce voyage très au sérieux, Nifuji-san avait déjà réfléchi à un certain nombre d’activités à faire. Hikari acquiesça doucement. Le voyage vers les Alpes japonaises était un grand classique. Le principal inconvénient était qu’il fallait à chaque fois se taper Leona Morimoto, une élève qui avait le mérite d’être encore plus arrogante que Miss Warren ! Le voyage étant financé par les Morimoto, le club social y participait aussi, mais Leona ne serait pas dans le même bus qu’Hikari, ce qui, en soi, était déjà un petit miracle.

Elle acquiesça donc aux propositions de Nifuji-san, les trouvant très intéressante. Un cinéma traditionnel, une visite de musée…

« C’est tout à fait dans l’esprit de cette excursion, mais il ne faut pas oublier les randonnées. L’idée est aussi de présenter aux élèves la beauté des paysages japonais. »

Les Alpes japonaises étaient magnifiques, dominées par les Monts Akaishi, les Monts Kiso, et les Monts Hida. Une excursion prévoyait d’ailleurs d’escalader un glacier.

« J’opte pour le cirque de Senjojiki, c’est un endroit très agréable. »

Mine de rien, tout cela se goupillait plutôt bien, et Nifuji-san indiqua qu’il allait fumer. Hikari ne fumait pas, mais se pinça les lèvres en le voyant se détourner, pensant encore à Alice, et à ce regard malicieux dans les yeux. Qui sait de quoi Nanami serait capable ? Hikari soupira alors, et se redressa.

« Attendez, je… Je vais vous accompagner, Nifuji-san », déclara-t-elle sur un ton plus amical.

Ils sortirent sur une terrasse réservée aux professeurs, surplombant une cour. Les lycéens discutaient en contrebas, s’échangeaient des cartes, parlaient de mangas, de séries… Hikari regarda alors Nifuji-san, et se racla doucement la gorge.

« Je… Je sais que vous êtes arrivée assez récemment au lycée Jinmu, Nifuji-san. Est-ce que… Est-ce que ce lycée vous convient ? Quand je suis arrivée ici, j’étais complètement déboussolée, c’est… C’est tellement grand ! » sourit-elle doucement.

Hirotaka avait pris bonne note de toutes ses idées, il avait les pièces du puzzle en main, il ne lui restait à présent plus qu'à les assembler pour voir de quoi aura l'air ce voyage. Il fallait voir les plannings, les activités à faire tous ensemble ou en classe séparer, ils ne seront pas toujours tous ensemble après tout même si ce sera le cas pour la grosse partie du voyage. Il allait donc laisser sa collègue tranquille pour le moment, il avait eut ses informations et reviendrais la voir si besoin, mais elle venait à vouloir le suivre jusqu'au coin fumeur. Soit, il n'allait pas le lui interdire, il fera gaffe à ne pas envoyer la fumer vers elle, rien de plus. Sans décrocher un mot, il acquiesça de la tête jusqu'à passer la porte, passant la cigarette à ses lèvres pour l'allumer et en tirer sa première bouffée. Cela l'aidait à décompresser un peu. La journée n'avait pas été encore éprouvante, mais une pause est une pause. Dans ce léger silence – pas si silencieux si on tendait l'oreille en écoutant les bavardages qui arrivaient plus bas – Hikari venait à lui poser une question, s'intéressant à son ressentie sur le lycée et son arrivée.

Son regard se posa sur elle, toujours ce même regard froid, qui semblait dire qu'il avait la tête ailleurs, mais il avait bien les pieds sur terre. C'est juste qu'il avait toujours eu ce regard loin de tout. Hirotaka restait un homme plutôt grand – pour la moyenne japonaise en tout cas – avec son mètre quatre-vingt-quatre, il avait une carrure assez impressionnante et pourtant, il n'était pas du genre à se vanter, à avoir une grosse voix – bien qu'un peu grave – il n'était même pas du genre colérique. Du moins, personne ne l'avait vraiment sortie de ses gongs pour le moment. Avec une telle stature, il n'était pas étonnant de voir certaines filles chuchoter en le regardant, mais manque de pot pour elle, il était sérieux. Jamais il ne s'approchera d'une lycéenne hors du statut prof-élève. Si cela leur permettait d'être attentifs à ses cours, il n'allait pas s'en plaindre, mais c'est tout.

« Mmmh... Non, ça va. Je n'ai pas été très déboussolé en arrivant, au final, je trouve qu'il ressemblait un peu à mon ancien lycée, ça doit être pour ça ? De plus, je ne l'ai pas vraiment choisi pour sa taille ou autre. La paie est bonne et il n'est pas trop éloigné de ma famille, ça me convient donc très bien comme ça. »

Hirotaka était ce genre de personne à prendre soin de ses parents, bien qu'il n'habitait plus avec eux, il payait les frais d’hôpitaux de son grand-frère, ce qui retirait une grosse épine de leur pied alors ainsi, ça lui convenait. Il pouvait les voir en cas de besoin tout comme il pouvait se rendre auprès de son frère comme souvent. Hélas, depuis des années, pas de mouvement, condamné à dormir sur ce lit, à attendre qu'il ouvre les yeux...

« Et vous, Harigato-san, vous êtes ici depuis longtemps ? »

Plus que lui, oui, mais quoi ? Un an ? Deux peut-être, elle était encore jeune donc ça ne devait pas faire longtemps, il lui donnait son âge, peut-être une année de moins ? Ou de plus ? Il n'était pas doué pour ce genre de devinette après tout, mais ça devait être dans ces eaux-là. Prenant une nouvelle bouffée sur sa cigarette, il en expulsait son contenu loin de la jeune femme, faisant attention au sens du vent avant de reprendre.

« Les élèves arrivent à accrocher ? Je sais que les mathématiques ne sont jamais une partie de plaisir dans l'enseignement. Enfin, je ne suis pas mieux placer pour critiquer, les profs d'histoires sont cette réputation d'être barbant et ennuyeux. Et c'est vrai. »

Il se moquait de lui-même, mais il n'en avait pas honte. C'est une vérité. Il savait que certains élèves étaient comme lui, des passionnées, que ce soit de l'histoire en général ou d'une certaine période donc il pouvait compter sur eux pour être présent et actif, mais il y avait une bonne majorité présent par obligation, faisant de leur mieux pour comprendre ou ne pas s'endormir.

Hikari était assez perturbée face à lui. Elle n’avait jamais vraiment cru au coup de foudre, et, à dire vrai, elle estimait qu’Hirotaka devait être son double masculin d’elle… Avant qu’elle ne découvre le véritable visage du lycée Jinmu. Suite à cela, elle pouvait désormais envisager ce qui, jadis, lui aurait été absolument inconcevable : sortir avec un membre du corps enseignant ! Avoir une relation amoureuse avec lui… Alice n’avait pas tort, en un sens ! Hirotaka était vraiment charmant, même s’il était… Très froid, très distant.

*Est-ce que je suis comme ça, moi aussi ?*

Voir son propre reflet dans le miroir, c’était aussi une manière de voir ses propres défauts… Mais, à l’école, il ne devait y avoir aucune familiarité poussée ! Les enseignants n’étaient pas là pour sympathiser, mais pour instruire, pour diffuser aux élèves un savoir pédagogique qui leur serait utile toute leur vie ! Hikari était donc partagée, et Hirotaka lui expliqua que tout se passait bien. Pour le moment, il n’avait pas encore fait connaissance avec les élèves spéciaux du lycée, les gens comme Leona Morimoto, la Présidente du club social, ou même Mélinda Warren… Ou Nanami !

Hikari sourit doucement quand il lui parla, et elle répondit donc :

« J’ai été pendant plusieurs semaines la benjamine de l’équipe, vous savez… Je suis là depuis plusieurs mois, et… Je dois admettre que j’aime bien. J’ai étudié à la Tōdai. Tokyo était une véritable fournaise, un gros changement pour moi, qui venais d’un petit village. Ici, je trouve un juste milieu. Yoake est une ville bourdonnante, mais la nature est aussi très proche. Il y a tant à faire ici… Les balades dans la forêt, les longues randonnées, faire du vélo le long de la mer et profiter de la côte sauvage du Japon… »

Oui, la jeune femme avait toujours réussi à bien s’occuper, même si, maintenant, ses randonnées étaient un peu moins régulières. Quant à Hirotaka… Tôt ou tard, il découvrirait, comme elle, le vrai visage du lycée. Il protesterait en voyant Leona humilier l’une de ses esclaves publiquement, il s’agacerait en entendant un couple s’ébattre dans les toilettes, il s’interrogerait sur l’absentéisme régulier de Mélinda… Alors, Hikari devait-elle vraiment le laisser faire comme si de rien n’était ? Pour elle, elle avait découvert de plein fouet le visage de ce lycée, quand Nanami l’avait retourné, et avait fait d’elle une perverse, en révélant au grand jour sa profonde frustration sexuelle. Mais pouvait-elle faire subir ça à Hirotaka ? On demandait l’impossible ! Elle était une soumise, elle obéissait aux injonctions de sa Maîtresse, elle ne pouvait pas séduire un homme !

Hirotaka l’interrogea ensuite sur les mathématiques, et elle haussa les épaules.

« C’est… C’est vrai que ça ne passionne pas beaucoup les élèves. J’essaie de leur montrer que les mathématiques sont partout autour de nous, mais ça reste aussi une matière compliquée, très cérébrale. Ceci dit, je n’ai globalement pas à me plaindre du niveau moyen des élèves. »

C’était là tout le côté pervers de la chose, car le lycée Jinmu faisait généralement partie des meilleurs lycées japonais au vu des résultats de leurs élèves au test Senta, ces fameux tests d’admission dispensés par les universités japonaises. Toute l’éducation scolaire nippone était focalisée autour de ce test, et ce critère était donc décisif, prépondérant à tous les autres, y compris les accusations de subversion et de dépravation sociale qui entachaient le lycée Jinmu.

Soupirant à nouveau, Hikari poursuivit :

« Curieusement, j’ai toujours adoré les mathématiques et l’Histoire. C’est d’ailleurs comme ça que je tente de développer l’intérêt des élèves. Avant que les Grecs ne donnent aux mathématiques un aspect plus abstrait, plus philosophique, les auteurs antiques voyaient avant tout le côté pratique. Les Harappéens, ancêtres des Hindous, utilisaient les mathématiques pour permettre la confection de briques aux bonnes mesures et avec un bon poids. Je pense qu’il n’y a que comme ça qu’on peut susciter l’intérêt des élèves pour les mathématiques, en leur expliquant le côté pratique de cette discipline… Mais bref, tout ça pour dire que… J’aime aussi beaucoup l’Histoire. »

Elle se tut pendant quelques secondes, avant de reprendre :

« Hm… Du coup, vous habitiez où avant ? »

Hirotaka était froid... il n'en avait aucune idée, il avait toujours été ainsi, assez en retrait, toujours penchée sur les études pour devancer son frère donc n'ayant pratiquement aucun ami donc les relations sociales, tout ça, ça passait à la trappe. Même ici, il faisait un minimum d'effort avec ses collègues, mais il n'allait pas plus loin que les banalités des salutations ou séparation, rendant service si besoin, mais c'est tout. Il avait toujours agi ainsi, il savait qu'il était loin d'être extraverti, mais et alors ? Il n'était pas ici pour fanfaronner à la moindre occasion, juste faire son travail, partager son savoir, la transmettre, c'est tout. Oui, il était loin de deviner ce qui se tramait réellement dans ce lycée pour le moment et qui sait comment il va réagir en l'apprenant. Fermant les yeux ou soulevant une table pour protester ? Allez savoir, mais pour le moment, loin de ce genre de souci, il vivait sa vie, sans avoir rien vue de louche. Rien de bien grave, des élèves qui tentent de fumer en cachette ou des couples qui se bécotent. Cela n'avait pas été son quotidien étant jeune, mais il pouvait fermer les yeux une ou deux fois du moment qu'on ne le provoque pas en se baladant sous ses yeux ainsi.

« Tôdai ? On s'y est croisé sans le savoir si ça se trouve ? »

En mentionnant ça, il eut un léger sourire à l'idée qu'Hikari et lui aient pu avoir les mêmes professeurs, peut-être les mêmes cours ou partager le même banc pendant quelques minutes sans le savoir. Le monde était vachement petit. Cependant, il fut plus surpris de la suite, de la voir si cultivée en histoire. Certes, c'était de l'histoire en rapport avec les mathématiques, mais il ne connaissait pas beaucoup de monde capable de réciter tout ça de mémoire.

« Mmh, je vois ça. C'est plaisant de savoir que vous maîtriser votre sujet, et pas seulement concernant les chiffres. »

Là, son sourire était un peu plus visible et marqué. L'histoire, c'était son dada après tout. Même si sa période favorite restait l'histoire de leur pays, les bons comme les mauvais côtés. Les guerres de samouraïs qui aujourd'hui encore passionnaient les plus jeunes comme les périodes sombres de la Seconde Guerre mondiale qui avait ses hauts, mais surtout ses bas. L'histoire leur apprend à vivre avec, ne pas faire les mêmes erreurs et à garder leur fierté. Non pas qu'il fallait se vanter de leur échec ou leur comportement, mais il faut aimer sa patrie, souligner les points positifs, mais ne pas masquer les points négatifs. Cela avait défrayé la chronique il y a un an environ, un groupe de rock ou de métal allemand avait fait polémique avec un clip vidéo où l'on voyait des Juifs dans un camp de concentration. Mais les paroles traduisaient bien leur ressentie concernant leur pays, « ils l'aiment autant qu'ils la détestent ». Le Japon, c'est pareil. Ils n'avaient pas eu de déportation de Juif mais tout n'était pas blanc quand on voyait les tensions avec la Chine ou la Corée.... Mais bon, à bien y regarder, aucun pays n'est tout blanc, chacun avait ses bonnes choses et beaucoup de mauvaises choses...

« J'ai grandi dans une petite ville pas très loin d'ici. Le genre de petite ville à mi-chemin entre une ville et un village. On avait tout ce qui nous fallait pas très loin de la maison, mais il ne fallait pas s'attendre à voir autant de boutiques qu'ici ou à Tokyo. »

Il n'avait pas honte de ne pas avoir vécu comme un gentil petit citadin. Ça lui a fait bizarre les premières semaines en arrivant à Tokyo pendant ses études, mais il avait appris à s'habituer à tout cela. Hirotaka retira ses lunettes un instant pour en essuyer une infime tâche qui le gênait, posant sa cigarette dans le cendrier, il continua quand même la conversation.

« Vous veniez de quel coin du Japon ? Vous aviez bien dit que vous veniez d'un village, non ? C'était loin de Tokyo ? »

Il n'avait pas reconnu d'accent particulier à sa voix, ni du Kansai ou d'Osaka donc peut-être qu'elle cachait bien son jeu ou elle l'avait simplement perdu ? Ou alors le coin où elle avait grandi n'avait pas vraiment d'accent. De son côté, sans ses lunettes, il restait bel homme, mais cependant, il était myope comme une taupe. Hikari pourrait partir qu'il ne verrait pas grand-chose. À vrai dire, son regard était tourné vers elle pour la forme, il la « voyait » mais après, il ne la distinguait pas clairement.

Hikari sourit doucement. Malheureusement, à son sens, beaucoup trop de mathématiciens étaient très bons en maths, mais n’arrivaient pas à retransmettre cette passion. Combien de fois avait-elle vu des élèves hausser les épaules devant un cours de mathématiques en lançant un : « Mais à quoi ça sert ? », face à un professeur peinant à leur enseigner quoi que ce soit. Hikari avait donc opté pour une approche plus constructive, consistant à enseigner le goût des mathématiques avant d’enseigner les mathématiques. C’était là une nuance subtile, mais très importante. Hikari estimait qu’un élève apprendrait beaucoup plus facilement une matière s’il aimait celle-ci, et s’il était stimulé. Et tout le monde savait qu’Hikari était passionnée par le fait d’enseigner. Dans un autre lycée que Jinmu, elle serait sans doute restée une professeur très droite, très altruiste, profondément soucieuse du bien-être de ses élèves uniquement, et pas juste… Autre chose.

Elle écarquilla les yeux quand Nifuji-san lui révéla avoir également étudié à la Todai, avant de sourire.

« Qui sait ? Mais, tout à fait entre nous, si j’avais vu quelqu’un comme vous, je ne pense pas que je vous aurais oublié ! » glissa-t-elle.

Son sourire permettait d’interpréter cette phrase. Elle se doutait sûrement que sa Maîtresse l’espionnerait, et, vu les projets de Nanami-sama pour elle, Hikari cherchait à arrondir les angles. Mais Nifuji-san avait l’air si sérieux, si… Et bien, elle pouvait le penser, maintenant, mais il faisait très coincé… Ce qui était à vrai dire la norme dans n’importe quel autre lycée que Jinmu.

Il lui indiqua avoir grandi ici, avant de lui demander d’où elle venait. Hikari n’avait rien à cacher, et répondit donc :

« De bien plus loin, j’en ai peur… Je viens d’un petit village sur l’île d’Hokkaido. Je me rendais à Tokyo avec mes parents uniquement à des occasions spéciales, comme la fête des cerisiers en fleur… Quand je me suis retrouvée là-bas pour faire mes études, ça a été un véritable choc culturel pour moi ! Je quittais un petit village isolé dans les montagnes, où l’approvisionnement se faisait sur les marchés locaux. Diable, quand j’étais petite, même le fait de se rendre à un supermarché était un tour de force pour moi ! » plaisanta-t-elle.

Une fille de la campagne, une paysanne originaire du « Japon de l’envers », ce miroir alternatif, traditionnel, ancestral, du Japon, par opposition aux glorieuses et puissantes villes qui avaient fleuri sur toute la côte sud du pays. On connaissait Hokkaido surtout  pour ses stations de ski. Des étés frais et secs, et des hivers particulièrement rugueux.

« C’est pour ça que j’ai été heureuse de venir à ça. Yoake, cette ville située au milieu de la nature… C’est comme un juste milieu entre mes souvenirs d’enfance et ma vie d’adolescente ! Là où tant de filles comme moi se laissent facilement aller à Tokyo, j’ai toujours été très sérieuse, soucieuse de réussir mes études, de faire honneur à ma famille… »

Peut-être même trop sérieuse, mais elle rougit doucement à cette idée, et se racla la gorge en baissant la tête. Reprenant ensuite ses esprits, Hikari releva la tête, et enchaîna :

« Et… Et vous ? Je me demande bien quel genre d’étudiant vous étiez… On dit que les garçons sérieux dissimulent bien des choses, parfois… »

Tout en disant ça, elle avait joint ses mains dans son dos, en se penchant légèrement vers lui, amusée, sans trop savoir vers où elle mettait les pieds…

Il est vrai qu'Hirotaka n'avait rien d'un grand blagueur, souriant qui se sent comme un poisson dans l'eau aux côtés des autres. Il était souvent silencieux, assez introverti, sérieux et pas du genre à commander une pinte pour passer une bonne soirée. Cela lui était arrivé de prendre un verre après le travail, mais il faut bien dire que c'était assez rare. Alors c'est sûre qu'Hikari pouvait s'en étonner, ou non justement ? Après tout, il était assez commun au Japon de rester droit dans ses bottes et ne pas faire de vague, de se lâcher un peu, communiqué avec les autres, mais tout en restant sérieux autant que possible. Il était donc possible qu'il ait déjà croisé Hikari quand il était à Tôdai, mais même s'il n'était pas désintéressé, il avait à ce moment mieux à faire que regarder les filles. Cependant voilà, jusqu'à preuve du contraire, il ne gardait aucun souvenir d'une potentielle rencontre entre eux avant son arrivée dans ce lycée.

S'intéressant un peu plus aux racines de sa collègue, elle lui en disait un peu plus, venant d'un petit village sur Hokkaido. Cela devait être sympa, il aimait bien ce genre de petit coin reculé en campagne, loin des grandes villes, ont y trouve le calme, des coins charmants. Yoake n'était pas aussi bruyant que Tokyo mais parfois il pouvait y avoir foule.

« Oui, j’imagine que ça doit faire un choc de passer d'un petit village à Tokyo, mais bon, c'est là deux extrêmes. C'est aussi le charme de notre pays, toute la technologie à son plus haut niveau au coin de la rue, et des coins où il fait bon entendre le bruit des oiseaux et des insectes quand tombe la nuit. »

Il n'y avait pas que le Japon qui était ainsi, tous les pays pour ainsi dire, mais c'était tout de même agréable. Hirotaka n'était pas une personne bien compliqué de toute façon, ce n'était pas lui qui rêvait de voyager partout, autour du globe, avoir une grande maison et plusieurs propriétés, non, lui il était plus du genre à vouloir une vie calme et bien organisé. Faire honneur à la famille, voilà bien une chose qu'il s'était efforcé de faire au cours de toutes ses années. De rattraper son « erreur ». Même s'il n'y était absolument pour rien, il n'en gardait pas moins un goût amer dans la bouche. Hikari ne pouvait pas savoir, mais elle avait raison, il cachait bien un secret, rien de méchant, mais il ne lui en voulait pas. Il n'allait pas se mettre en valeur comme dans un drama ou un manga, il gardait ce genre de chose pour lui. Il préférait juste mettre un peu de tipex sur cette phrase et répondre en masquant ce qui le gênait.

« J'étais sérieux, et je le suis toujours d'ailleurs. Mais pour ce qui est des choses à cacher, vous avez fait fausse route, Harigato-senseï. Je suis l'homme le plus banal qui sois. »

Écrasant son mégot dans le cendrier, il le déposa en se redressant, caressant sa nuque en tirant la porte-fenêtre qui séparait l'espace fumeur de l'école et d'un signe de la tête, il invitait sa collègue à passer. Politesse, surtout qu'en plus, elle ne fumait pas, qu'elle retrouve l'air pur du lycée ne lui fera pas de mal, lui autant, il avait l'habitude donc ce n'était pas très grave. Vu l'heure qu'il était, les cours allaient bientôt reprendre donc il était encore dans les temps, mais il allait devoir la laisser tranquille pour qu'elle en fasse autant.

« Nous avons encore un peu de temps avant ce voyage, si vous avez des idées ou des propositions, je suis toujours disponible pour en parler. Je tenterais de trouver Chifumi-senseï avant la fin de la journée pour ça aussi avec lui. Je vous souhaite bon courage pour la suite. »

Hirotaka jonglait parfois entre son sérieux habituel et une attitude plus détendue, pas forcément physiquement, mais cela s'entendait à son ton. Saluant Hikari si jamais cette dernière n'avait rien à rajouter, il allait pouvoir donner son cours. Cela dit, qu'est-ce que lui pourrait bien ajouter ? Il avait été poli dans sa démarche, il l'avait écouté, bref, rien de bien inhabituel. Et pourtant, il avait un léger doute en s'éloignant... Une chose oubliée à lui dire ? Autre chose à rajouter ? Non ? Tant pis, si cela lui revient, il lui en parlera à l'occasion... Dans le pire des cas, ils se reveront avant le jour J donc si c'est si important, il pourra le lui signaler.

Comment diable allait-elle faire ? Nifuji-san était totalement imperméable et hermétique ! D’un autre côté, Hikari avait été comme ça, elle aussi, avant que Nanami n’utilise ses pouvoirs sur elle, ne la trouble sexuellement, et ne parvienne ainsi à la corrompre progressivement. Puis elle avait reçu l’aide d’Alice, cette magnifique élève, si bien sous tout rapport, et qui s’était avérée extrêmement perverse aussi. Nifuji-san avait terminé sa pause, et Hikari hocha la tête, en lui souriant.

« N’oubliez pas qu’il faudra aussi qu’on désigne le délégué pour ce voyage. Enfin, je vous souhaite une bonne soirée, Nifuji-san. »

Le délégué aurait la tâche de faire l’intermédiaire entre les professeurs et les élèves. Il était choisi d’un commun accord entre les trois professeurs, et Hikari savait déjà sur qui son choix se porterait… Sur la jeune élève qui lui envoya un SMS peu de temps après le départ de Nifuji-san.

Alice Korvander.
Plusieurs jours après…

Pour rejoindre Nagano, le voyage comprenait un séjour en train en deux étapes. Un premier séjour les amenait jusqu’à la gare de Kyoto, puis un second voyage les conduirait ensuite jusqu’à Nagano, pour un voyage qui durerait plus de 4h00, et les conduirait à longer tout le sud du pays, pour remonter à hauteur de Tokyo vers Nagano.

Chifumi-sensei avait voté sans aucune difficulté pour le choix d’Hikari. L’organisation s’était étalée sur plusieurs jours, et, proche de la retraite, Chifumi-sensei avait accepté tout ce qu’on lui proposait sans trop se poser de questions, et appréciait surtout Alice pour sa belle chevelure blonde, son beau petit postérieur, et ses nichons. Sa présence rebutait un peu Nifuji-san, car Chifumi-sensei avait une mauvaise réputation, ainsi qu’une franche tendance à regarder les parties intimes des filles. Alice, elle, était donc la déléguée locale, chargée d’aider les élèves, et de reporter aux professeurs tout ce qui se passait. Une tâche qu’elle menait très bien.

Tout un wagon avait été réquisitionné par les élèves, et le train partait de Yoake pour rejoindre Kyoto, première étape du voyage, où ils mangeraient ensuite en attendant l’arrivée du train à grande vitesse pour Nagano, le Shinkansen. Hikari s’assit à côté de Nifuji-san, en lui souriant doucement.

« Vous pouvez m’aider à mettre ma mallette au-dessus, Nifuji-san ? Vous êtes plus grand que moi, après tout… »

Elle le laissa agir, et lui sourit encore. Chifumi, de son côté, était déjà en train de dormir.

« Merci, Nifuji-san ! »

Hikari lui sourit chaleureusement, et, suivant les consignes données par Alice hier soir lors d’une ultime préparation, se risqua encore :

« Alors, euh… Votre dame ne va pas s’ennuyer sans vous, Nifuji-san ? »

Le grand jour était arrivé et entre temps, il avait pu en apprendre un peu plus sur son collègue Chifumi, lui qui pensait que ce vieux professeur si proche de la retraite était un aimable vieillard qui prenait son travail à cœur, il fut déçu de voir qu'il était aussi une sorte de pervers. Bien qu'il n'avait pas vu cela de ses propres yeux, il avait entendu certaines rumeurs de la part de ses collègues et autant dire qu'il n'aimait pas ça. Hirotaka avait beau être plus jeune que lui, il n'accepterait pas une liaison avec une élève même si la différence d'âge n'était pas énorme, ni même le moindre écart. Sur ça, il était droit dans ses chaussures. Mais s'il voyait que quelque chose clochait, il allait se faire entendre ! Bien qu'il soit du genre à ne pas faire de vague, il y a bien certains sujets qu'il ne cautionne pas. Hikari avait proposé comme Déléguée cette jeune fille blonde, il n'avait rien à redire et Chifumi faisait plus acte de présence qu'autre chose lors des réunions même s'il avait donné certains détails de ses voyages passés. Il avait au moins été un tantinet utile...

Enfin à la gare, il veillait à ce que tout se passe bien, un programme ordonné comme un concerto, aucune fausse note ne serait accordé ! Autant, il voulait bien être plus souple une fois arrivée, mais là, si le train part et qu'il manque un élève, tout sera foutu et gâché pour lui ! Sa classe grimpait, ainsi que les deux autres, tel un contrôleur à compter à l'entrée à l'entrée du train le nombre d’élève censé grimpé, aucun manquant, tout le monde était là ? Bien ! Côté place, chacun allait où il voulait du moment que c'était censé être leur place évidemment. Pour le moment, il était toujours affublé de son costume bleu, il sera plus « détendu » une fois arrivé, mais pour le moment, il restait fidèle à lui-même. Personne d'oublier sur le quai, pas même une valise, bien ! Les professeurs étaient les trois réunis dans un coin du wagon, n'ayant pas les yeux assez fin et l’ouïe aussi fine pour bien surveiller le côté opposé, Nifuji demanda donc à Alice de venir les trouver au moindre pépin. Elle était déléguée, elle était donc leur bras droit.

De retour à sa place, il aidait sa collègue à mettre sa valise en haut avant de reprendre sa place et souffler un peu. Il aurait bien pris une pause cigarette, mais il était trop tôt pour se détendre. Il allait faire l'effort d'attendre. À peine assied, Hikari venait à lui demander si sa « dame » n'allait pas s'ennuyer de lui. Son regard se tourna vers elle avant de lui répondre sur son ton détaché, comme bien souvent.

« Ma ''dame'' ne risque pas de s'ennuyer étant donné que je ne l'ai pas encore rencontré. À dire vrai, cela fait même quelques années que je n'ai pas eu cette chance. »

Sa dernière petite amie, aussi courte fut leur relation datait de quand ? Du lycée ? La fac peut-être ? Plus ou moins entre les deux ? Bien qu'il n'avait rien contre avoir une petite amie et évidemment quelques rapports consentie avec cette personne, Hirotaka n'était pas un jeune homme fougueux et passionnant qui ferait rêver toutes les filles. Hikari était mignonne, elle semblait intéressante, du moins, c'est son impression sur les quelques discussion eu ensemble, elle n'est peut-être pas aussi calée que lui concernant l'histoire, mais quand c'est Histoire et Mathématique, elle avait de bonnes notions. Il était surtout du genre sérieux et bien que ça lui arrivait de se lâcher un peu plus, il préférait une petite vie tranquille et sans histoire à une vie digne d'un héros de comédie romantique où en une semaine, il aurait vécu tant de chose que lui n'aurait pas eu même en une vie. Mais malgré son sérieux, lui aussi tentait de se montrer plus détendue avec cet effet voyage scolaire. Cela ne se voyait pas à son visage impassible, mais à son ton, il y avait une légère différence, assez subtil. Mais bon, il faisait des efforts, on ne pouvait pas lui demander de totalement changer un claquement de doigt.

« Et vous alors ? Votre homme ne sera pas jaloux de savoir que vous allez passer plusieurs jours loin de lui et auprès d'un autre homme ? »

Non pas qu'ils allaient forcément rester collés pendant tout le voyage, mais il était le plus apte à être une « menace » pour une vie de couple. Des élèves ? Trop jeunes. Chifumi, trop vieux. Donc sauf si elle croisait un autre homme de leur âge environ une fois sur place, c'était lui qui était la cible pendant ce voyage. Dans le wagon, consciemment ou non, comme dans n'importe quel moyen de transport, la formation était souvent la même. Les élèves les plus sages, intelligent ou aimant tel ou telle prof était plus à l'avant avec eux et les petits rigolos de la classe, les trouble-fêtes et autres jeunes loubard en herbe était éloignée...

« Mmh, j'espère que Korvander-san n'aura pas de souci là-bas ? »

Était-ce une bonne idée de la laisser au milieu de ses fauves ? Nifuji ne connaissait Alice que de nom, il ne l'avait pas vraiment dans sa classe alors mise à part le fait que ce soit une élève étrangère et qu'elle semblait avoir de bonnes notes, il ne savait que peu de chose à son sujet. Levant la tête par-dessus les sièges, il y avait de l'agitation, ça remuait, tout le monde était content de ne pas rester assied sur une chaise à les écouter parler, mais rien de grave ne se passait, relax.

« Vous avez déjà eu l'occasion de voir du pays, Harigato-san ? Me concernant, bien que je sache beaucoup de chose sur le pays et son histoire, les seules fois où j'ai voyagé, c'était pour mes études à Tôdai, sans ça, j'ai eu un ou deux voyage scolaire mais c'était toujours dans le coin, le temps d'une journée à peine alors on ne peux pas parler de dépaysement. »

Avant de partir, avant de rejoindre le train, Hikari avait rencontré à nouveau sa Maîtresse, Nanami, en compagnie d’Alice. Les deux jeunes filles étaient venues chez elle, comme Nanami en avait désormais l’habitude, et lui avaient lourdement fait l’amour. Toutefois, à la fin de cette séance, Nanami avait imposé ses conditions à Hikari. Celle-ci devait séduire Hirotaka-san lors de ce séjour, et Nanami avait indiqué à Hikari déléguer tout pouvoir à Alice pour cela. Si douce et joviale qu’elle était, Alice pouvait aussi se montrer très perverse, et terriblement dominatrice. Et l’enjeu était de taille, car Hikari, très étrangement, ne se voyait pas retrouver sa vie d’antan, celle avant de connaître ces deux adorables pestes. Alice avait même évoqué l’idée de l’inviter chez Mélinda Warren, une élève démissionnaire d’une redoutable beauté. Et il y avait aussi tous les amis de Nanami avec qui Hikari avait eu l’occasion de sympathiser ! Elle ignorait jusqu’où cette histoire avec Hirotaka irait, mais Hikari avait clairement changé. Elle était toujours aussi studieuse, toujours aussi professionnelle, mais, un peu à l’image de cette belle blondinette souriante, elle avait, elle aussi, développé un côté plus sombre, plus nuancé… Plus pervers.

Surtout, pour s’assurer de son obéissance, elles lui avaient mis une ceinture de chasteté, Alice conservant la clef. C’était elle qui l’enlèverait quand elle estimerait qu’Hikari aurait bien séduit Hirotaka-san. Hikari ne pouvait donc plus reculer, mais son collègue laissait aussi très peu d’ouvertures ! Et puis, elle n’aimait pas trop l’idée d’être une sorte de prédatrice… Mais Hirotaka lui plaisait bien ! Est-ce que Nanami et Alice lui imposaient ça parce qu’elles avaient constaté cela ? Avec le temps, Hikari avait compris que les deux filles n’étaient pas foncièrement méchantes, mais étaient juste… Très spéciales !

Hikari se trouvait donc à côté d’Hirotaka, et sentit son petit cœur bondir chaudement dans sa poitrine quand il annonça n’avoir aucune femme. Est-ce qu’elle avait rougi ? Elle le craignait, mais son collègue ne sembla rien remarquer, regardant le chahut. Difficile de dire aux élèves de se taire. De son côté, Chifumi-san semblait finir sa sieste, des écouteurs sur les oreilles. Hirotoka lui retourna alors sa question, et la jeune femme se pinça les lèvres, avant de le regarder.

*Oui… Oui, je ne peux pas le nier, je ressens clairement quelque chose pour lui…*

Elle lui répondit alors, après quelques secondes :

« Je… Pareil, Hirotoka-san, je… Je suis célibataire. »

Si on excluait le fait qu’elle avait une Maîtresse qui était l’une de ses élèves et qui la torturait sexuellement, bien sûr ! Cependant, Hirotoka semblait être aussi doué qu’elle avec la drague, et évoqua ensuite le cas d’Alice, plutôt que de parler d’eux. Hikari tourna fugacement la tête, et constata que la tête blonde était en train de parler avec une autre fille, Shii, qui était une esclave de Mélinda. Petit à petit, Hikari découvrait le véritable lycée Jinmu, avec ses clans souterrains, ses constructions officieuses dont les clubs n’étaient que l’émanation officielle.

« Des soucis avec qui ? Elle est tout à fait capable de gérer ça, je vous rassure… »

Hikari eut une brève pensée pour sa ceinture de chasteté, et Hirotoka sembla alors de nouveau s’intéresser à elle, en évoquant ses voyages.

« Et bien, euh… Mes parents aimaient beaucoup voyager lors des vacances, nous avions même été une fois à Okinawa ! Mais… Depuis que je suis arrivée à Yoake, je n’ai pas encore eu le temps de faire ça. Et puis, voyager seule… »

Elle se pinça doucement les lèvres, mais était bien consciente aussi de ce qu’elle devait faire.

« Alors, je suis plutôt contente de faire ce voyage… Et de pouvoir compter sur vous, Hirotoka-san… Pour surveiller les élèves, et… S’assurer que le voyage se passe bien ! » rajouta-elle ensuite, avec un grand sourire destiné à dissimuler son malaise.

Hikari savait qu’Alice la suivrait de très près. Si cela aurait pu l’inquiéter, ça avait aussi tendance à la rassurer, car Alice lui avait assuré qu’elle la conseillerait et qu’elle l’aiderait.

En tout cas, cela faisait plusieurs années qu’Hirotoka n’avait pas… Ou alors, peut-être qu’il avait été voir des prostituées ?

*Non, non, ce n’est pas du tout son genre !* songea Hikari, rejetant d’emblée cette idée.

Évidemment, elle aurait pu lui poser la question… Mais ce n’était pas vraiment le moment pour ça !

Toujours un œil sur ce qui se passait dans ce wagon au loin, Hirotaka espérait vraiment que la petite Alice n'aurait pas de souci en particulier ? Pour le moment, tout allait bien, mais ne sait-on jamais, cela pouvait vite déborder. C'était quand même une partie de son job que tout se déroule bien pendant ce voyage. Évidemment, il avait entendu le fait qu'Hikari soit célibataire et il notait bien cette information dans un coin de sa tête. La jeune prof de math – bien qu'elle devait avoir son âge, plus ou moins – ne le laissait pas indifférente malgré les apparences, mais l'amour, tout ça, il laissait ça de côté. Surtout qu'il n'avait jamais été doué pour lire entre les lignes donc autant dire que si sa collègue c'était donné une mission pendant ce voyage, ça n'allait pas être la chose la plus simple a réalisé pour elle. Elle eut cependant de la chance de voyager à Okinawa, c'est bien une destination où il aimerait pouvoir passer un peu de temps, à bronzé et se détendre, loin de ses soucis quotidiens et familiaux... Un jour, peut-être...

Même si Hikari lui tendait une petite perche en soulignant le fait qu'elle aimait faire ce voyage en sa compagnie, en tout bien, tout honneur, il eut un léger sourire en lui répondant.

« Moi de même. Notre travail consiste à former la jeunesse pour qu'ils soient notre avenir et à leur tour rendre le monde meilleur pour nos enfants. »

En disant cela, évidemment, il ne pensait pas spécialement à leurs enfants, ensemble, mais d'ici quelques années, l'un comme l'autre aura sûrement trouvé l'amour et peut-être qu'ils seront parents ? Allez savoir.

« Donc leur changer les idées, leur faire cours dans un autre cadre, ça peut motiver leur entrain à étudier et à se passionner un peu plus à être studieux. »

Tout dans la rigueur, protocolaire au possible, on ne pouvait pas dire qu'il était le plus facile à approcher, mais le pire, c'est qu'il ne faisait pas exprès d'avoir cette barrière. Il a toujours été ainsi, avec des parents voulant le meilleur pour ses enfants, il a grandi en devant toujours donner plus à l'école, de la primaire jusqu'à la fac. Ce n'est pas pour rien qu'il faisait souvent partie du trio des plus brillant à Tödai, lui, Iwase Aiko et Kou Aoki. Il ne s'était jamais vraiment approché d'elles ni de quiconque à vrai dire. Comme beaucoup de ce genre d'élève studieux, il n'aimait pas trop la compagnie, mais depuis l'accident de son frère, il évitait de se laisser trop facilement distraire, les études avant tout ! Même si maintenant sa formule serait plus liée au travail. Même si depuis sa dernière petite amie en date, il n'avait pas vraiment eu de partenaire, même le coup d'un soir comme on dit, il n'a jamais été voir de prostituée. Un peu honteux à cette idée puis il savait que derrière ça, il y avait des gens qui tirait les ficelles donc, ce n'était pas vraiment pour aider une personne dans le besoin, plus pour remplir les poches d'un être infâme. Il devait bien y avoir des prostitués à leur compte, mais c'était plus rare. Quoi que, avec Internet ? Mais bon, il n'avait pas le temps de penser à ça, dans le pire des cas, il faisait ça manuellement. Hirotaka n'avait jamais vraiment couru derrière ça, bien qu'il soit un homme avec ses envies, sa culpabilité le freinait un peu, donc ce n'était pas simple à gérer.

« Je vais aller me dégourdir les jambes et me chercher un café, vous voulez quelque chose, Harigato-san ? Thé, café, sandwich ? »

Dit-il en conservant toujours ce léger sourire, à croire qu'il était aussi joyeux que les élèves de changer un peu d'air. Peut-être avait-elle préparé de quoi tenir pour le voyage, mais il comptait profiter de cela pour aller fumer une petite cigarette en même temps. Il fallait juste prier pour que les élèves se tiennent tranquille et ne fasse pas criser sa collègue en son absence. Bien qu'il soit du genre calme, sa grande carrure avait tendance à impressionner ses lèves, ce qui éviter quelques débordements en cours et dans le pire des cas, quand il faisait les gros yeux, ça ne laissait personne indifférent.

Tout cela était très compliqué ! Hikari n’avait jamais vraiment été une séductrice, et elle devait faire contre son instinct primaire, préhistorique, selon lequel c’était à l’homme de séduire la femme, et à la femme de faire sa mijaurée en le repoussant faussement. C’était une inversion complète des valeurs, mais elle n’avait pas été éduquée ainsi ! Hikari ne savait donc pas comment s’y prendre, tout en sachant que la chose était d’importance. Sa Maîtresse avait insisté, et l’enjeu était de taille, car, si elle échouait, elle prenait le risque d’être libérée de Nanami… Et, si cette idée pouvait sembler être une aubaine pour n’importe quel esprit rationnel, Hikari, elle, ne se voyait pas revenir à sa vie morne d’antan, quand elle rentrait seule chez elle ce soir, s’ennuyait, et vivait une vie très frustrée sans même le réaliser. Nanami avait été comme une bombe dans cette vie rangée et cadenassée, cette vie où elle avait banni tout plaisir sur l’autel du travail, sans réaliser qu’elle se mentait à elle-même, qu’elle n’était pas satisfaite dans sa vie. Et, maintenant que Nanami avait distillé cette idée en elle, Hikari se voyait très bien en couple avec Hirotaka-san. Dans certains de ses rêves, ils se mariaient, et avaient même des enfants ! Des rêves, bien sûr, car tout cela était un peu précipité ! Hirotaka montrait néanmoins assez peu d’ouverture, et Hikari n’osait pas le brusquer.

Il proposa alors à Hikari, en la sortant de ses pensées, d’aller lui apporter quelque chose. Le train venait de démarrer, et Chifumi-san dormait joyeusement, une serviette posée sur sa tête, ses écouteurs dans les oreilles. Hikari se retourna vers les élèves, puis hocha la tête, avant de sourire doucement à Hirotaka.

*Allez, ma vieille, c’est le moment de t’imposer !*

Hikari rougit donc en se pinçant la lèvre inférieure, et le regarda.

« Je… Le mieux, c’est que je vous accompagne. Je crois que nos élèves seront sages, de toute manière. »

La moitié des élèves étaient déjà en train de dormir ou de végéter. D’autres lisaient des mangas ou parlaient entre eux de choses et d’autres. Certes, ils auraient pu compter sur Chifumi-san pour veiller sur les élèves, mais… Bon, en fait, il était probable que le professeur dorme pendant tout le trajet ! Hikari se eleva donc, et croisa le regard d’Alice.

« Hirotaka-san et moi allons nous renseigner sur le voyage, tu peux t’assurer que personne ne fasse de bêtise ? »

Alice hocha la tête.

« Bien sûr, Harigato-sensei ! »

Méconnaissable, vraiment… Sur ce, Hikari et Hirotaka s’éloignèrent, et rejoignirent rapidement le wagon-restaurant, avec un bar. Un barman travaillait derrière, essuyant des verres, et d’autres voyageurs se trouvaient là, lisant leurs journaux, ou travaillant sur leurs ordinateurs-portables. En chemin, ils croisèrent aussi des hommes d’affaires en costumes, travaillant férocement à torturer leurs claviers. Hikari vit également quelques personnes en train de lire, de jouer à Candy Crush sur leurs portables…

Hikari demanda un croissant avec un chocolat chaud, et Nifuji se proposa de payer. Ils s’assirent ensuite à une petite table. Depuis la vitre, ils avaient vue sur la mer. La ligne de chemin de fer longeait la côte un petit peu avant de rejoindre Miyazu. La vue était magnifique, et Hikari soupira doucement, le train s’enfonçant parfois dans des tunnels, surplombant la route. Elle trempa ses lèvres dans le chocolat, tout en croisant les jambes face à Hirotaka.

« Je… J’apprécie beaucoup de faire ce voyage avec vous, Nifuji-san. Les élèves… Je crois que vous les impressionnez, ils vous apprécient ! »

Comment était-elle supposée aborder la chose ? Hikari ne savait pas du tout comment draguer ! Faire l’allumeuse, la chaudasse, ce n’était pas son style, elle en était tout simplement incapable !

Hirotaka n'avait jamais été un grand séducteur, non pas qu'il ne soit pas attiré par une relation de couple, mais disons qu'il fallait qu'il ai vraiment une ouverture très grande avec une forte probabilité de réussite pour qu'il daigne s'engager et tenter sa chance. Sinon, ça restait ce genre de gars discret à ne pas oser faire le premier pas sans être sûr que tout était ok. Autant dire que dans cette situation, face à Hikari, le temps que l'un des deux fasse un pas, ce n'était pas pour demain ! Mais qui sait, l'ambiance festive de ce voyage pourrait lui faire pousser des ailes et lui laisser tenter le coup sans pour autant que ses capteurs lui indique que les chances étaient de cent pourcent ? En tout cas pour le moment, si signe de la part de la jeune femme il y a, lui n'avait rien vue. Mais il se montrait tout de même galant et courtois en voulant aller chercher un petit quelque chose pour elle, mais elle désira l'accompagner, laissant la surveillance du wagon à la petite Korvander. Chifumi dormait... Espérons que tout cela ne parte pas en cacahuète en leur absence alors...

Une fois arrivée au wagon-restaurant, il laissait à sa collègue le soin de prend ce qui lui plaisait, lui, ce fut un petit café pour être sûr de tenir le coup avant de prendre le coin fumeur, seulement occupé par lui pour le moment, une chance. Profitant de ce petit répit maintenant le train en marche, il pouvait se fumer sa première cigarette depuis un sacré bout de temps, de quoi le laisser destresser un peu. Cela se voyait à son visage, non pas que jusque-là il avait une tête à faire peur mais on lisait dessus un certain poids en moins sur ses épaules. Rompant le silence, Hikari venait à souligner le fait qu'il semblait apprécier par ses élèves, rajoutant aussi qu'elle était heureuse de faire partie du voyage.

« Je ne fait que mon travail. Si cela me permet de gagner leur attention et leur respect alors c'est signe que je fais bien mon travail. Mais il en va de même pour vous. Je sais que dans notre métier, il nous arrive d'avoir des élèves turbulents. J'ai déjà entendu d'autres professeur parler en mal de certains élèves disons... gênant mais personnellement, dans mon cours, ils se tenaient plutôt bien. Je ne dis pas qu'ils sont des anges, mais à part les reprendre une ou deux fois, car ils bavardent trop, c'est loin d'être des élèves aussi turbulent que certains collègues peuvent décrire. »

Cela devait varier selon les professeures, selon le fait que le prof soit gentil ou non, que le cours intéresse l'élève turbulent en question, ce genre de choses. Pour le coup, Hirotaka était donc bien tombé, il n'avait pas à se plaindre de ses élèves. Alternant le café chaud et la cigarette, le jeune homme profitait de sa proximité avec sa collègue pour sortir, ne serait-ce que légèrement du cadre professionnel, à toujours parler éducation, école, et ainsi de suite.

« Excusez-moi par avance, Harigato-senseï, mais je peux vous demander une chose plus... privé ? Enfin, personnel plutôt ? Il est coutume que le dernier jour, nous laissons nos élèves libres comme l'air pour acheter des souvenirs, leur laisser passer du temps ensemble sans que nous soyons sur leurs dos. Je voulais donc savoir si vous accepteriez de m'accompagner ce jour-là ? Ce ne serait que pour acheter quelques souvenirs pour ma famille, mais évidemment, sauf si on n'a pas de chance, ça ne prendra pas toute l'après-midi donc, on pourrait passer un peu de temps ensemble, à mieux se connaître sans avoir à être contraint de surveiller notre montre pour ne pas louper le prochain cours. »

Un rencard ? Moui, mais non. Car comme il l'avait dit, c'était pour acheter des souvenirs, mais il a quand même aussi précisé passer du temps avec elle ensuite donc, rencard quand même. Ce n'est pas comme si Hirotaka avait dit cela en bafouillant, le rouge aux joues, non, il était toujours aussi calme et stoïque, mais au moins, il laissait une ouverture à la jeune femme. Bien qu'il donnait l'air de se ficher de l'amour, il n'en restait pas moins un homme alors il pouvait bien espérer à son tour un jour connaître ça ? Vraiment bien entendue. Ses rares petites amies n'ont pas été bien loin en amour pur, restant près de lui, mais finissant par se lasser de toujours le voir si sérieux et accrocher à ses cours. Au moins, avec une collègue, elle pourrait comprendre cela. Même si bon, il faudrait sûrement éviter que cela se sache si jamais tout va dans le bon sens ? Il n'a pas vraiment lu le règlement intérieur, mais généralement les relations entre collègues sont à éviter.

« Vous avez le droit de refuser, je ne voudrais pas vous forcer la main, je comprendrais. »

De nos jours, surtout à notre époque, il fallait vraiment ne pas insister et rester courtois, la drague ou même une simple invitation amicale pouvait tourner au drame avec les réseaux sociaux. Hikari ne semblait pas de ce genre-là, et même Hirotaka se fichait bien de ce genre d'application perte de temps. Mais au moins, elle peut choisir sa réponse, oui ou non, cela ne changerais rien. Ce n'est pas comme si elle prendrait la mouche facilement, non ?

Nerveuse, Hikari l’était. Coucher avec Nanami et avec Alice l’avait aidé à se détendre, mais… Chassez le naturel, et il revenait au galop ! Elle aurait voulu avoir l’assurance de Nanami… Ce qui était d’autant plus ironique qu’elle était une élève, et que c’était donc normalement à elle de les former ! Hikari était donc face à Hirotaka, qui lui assura que sa relation se passait plutôt bien avec ses élèves. Hikari était un peu surprise, car Hirotaka était plutôt beau, et elle s’était attendue, maintenant qu’elle avait vu le véritable visage du lycée Jinmu, à ce qu’il se retrouve embêté plus tôt que prévu. Alice lui avait expliqué que, derrière la relation « professeur / élève », il y avait tout un monde plus occulte à Jinmu, fondé sur des rapports de pouvoir entre différents clans. Une sorte de guerre privée où les professeurs n’étaient pas exclus. Hikari avait trouvé qu’Alice exagérait un peu, mais elle savait qu’elle n’avait encore rien vu, et, au fond d’elle-même, elle regrettait le jour où Alice lui montrerait tout ce qu’elle se refusait pour l’heure à voir sur le lycée.

Fort heureusement, Alice était assez bavarde. Hikari n’avait qu’à fermer les yeux pour se rappeler leurs corps nus, entremêlés dans sa chambre, pendant qu’Alice l’embrassait et lui parlait, et qu’Hikari palpait ses formes, et surtout ses adorables fesses…

*Oh mon Dieu, j’ai donc changé à ce point !*

Pour trouver une zone de confort, elle ne pensait plus à ses livres, mais au sexe ! Rougissant brièvement, Hikari se racla la gorge, tandis qu’Hirotaka indiqua qu’ils souhaitaient profiter de leur dernière journée dans les Alpes pour sortir ensemble. Hikari savait que le dernier jour était celui de la fête étudiante. On mettait de la musique le soir, et, pendant le reste de la journée, les élèves avaient quartier libre dans le village. Ils en profitaient pour acheter des souvenirs, faire des photographies, ce genre de choses…

La professeure sourit alors, et hocha la tête.

« J’en serais ravie, Nifuji-san. »

Le choix d’utiliser le suffixe « -san », et non « -sensei », marquait une certaine familiarité entre eux. Elle se racla ensuite la gorge. C’était le bon moment pour agir, elle le sentait. Car un rencard le dernier jour, c’était bien, mais nettement insuffisant, au regard des critères posés par sa Maîtresse ! Hikari réfléchissait donc à la suite, en se pinçant doucement les lèvres.

« Vous savez, je… J’aimerai vraiment qu’on… Qu’on profite de ce séjour pour… Pour se rapprocher un peu. Parce que… Je trouve que nous avons quand même des points communs, vous et moi, et… On gagnerait à se rapprocher pour… Pour coordonner nos études. Vous savez, je trouve que le principal problème de l’éducation, c’est que les élèves ont l’impression que toutes les matières sont indépendantes les unes des autres, et qu’ils n’arrivent pas à faire le lien entre chaque enseignement. Alors, peut-être qu’on pourrait profiter de ce séjour pour coordonner ensemble nos cours, et essayer de voir comment on pourrait… Rapprocher nos enseignements… »

Ah, que c’était dur ! Il ne fallait pas être trop familier pour ne pas lui donner l’impression d’être une allumeuse, mais assez proche aussi pour que quelque chose puisse se créer entre eux. Trouver le juste milieu, c’était très compliqué !

C'est sûr qu'Hirotaka avait la chance de se trouver au bon endroit au bon moment pour éviter de tomber sur des élèves un peu trop proche. Ça lui était arrivée de croiser des élèves qui se bécotent, mais bon, du moment que c'était discret et que ça n'allait pas trop loin, il n'avait rien à dire du moment qu'ils ne séchaient pas les cours. Donc bon, se bécoter, il en avait croisé, mais pas plus. Donc sois une force divine lui épargnait la face sombre du lycée, soit il s'en rapprochait doucement, mais sûrement ? À voir. En tout cas, après sa demande, Hikari était d'accord, voulant même aller plus loin et se rapprocher de lui afin de croiser leurs cours pour donner plus envie aux élèves de s'intéresser, participer et mieux retenir leurs cours. L'idée était très loin d'être mauvaise ! Là ou certaines personnes auraient pu voir un sous-entendu vu les mots employés, pour lui, ce n'était que professionnel ! Bien qu'il ne rayonnait pas de joie à en bondir de son siège, il affichait un discret sourire, reprenant un peu de café tout en faisant tombé la cendre au bout de sa cigarette.

« Bien vue, on peut commencer à voir cela pendant le voyage, mais je doute qu'on ai le temps de tout mettre en place vu le planning, dans le pire des cas, je vous donnerais mon numéro pour que nous voyions cela après. »

Après le voyage. Dans un pays comme le Japon où la proximité n'était pas une chose facile, donner son numéro de téléphone ou même son prénom, c'était un sacré pas en avant ! Là où les autres pays européens ou même aux USA, on s'appelle simplement par les prénoms, en Asie et particulièrement au Japon, le respect veut que l'on se nomme par le nom de famille et citer le prénom était le signe d'une proximité donc cela ne se faisait pas si simplement. Une notion de respect qui pourrait être vue ailleurs comme exagéré, mais au Japon, la politesse prenait une grande place dans la vie de tous les jours, et même si comme partout, tout le monde ne respectait pas cela, c'était quand même respecté par une grande partie de la population et on apprenait cela dé le plus jeune âge.

Ils avaient encore pas mal d'heures de trains, le voyage ne faisait que commencer, entre les arrêts et enfin atteindre leur destination, cette première journée était surtout voyage et installation, la vraie sortie commencera demain !

« Est-ce qu'il y a une partie de ce voyage que vous attendez le plus ? »

Autant en apprendre un peu plus et voir si pendant ce voyage, il y a un des arrêts qu'elle attendait en particulier ? Le concernant, il avait déjà sa petite idée...

« Dans mon cas, j'attends l'exposition des katanas et autres sabres de guerre, je compte là-dessus pour que les garçons soient très intéressés par tout cela et par ailleurs, aussi sur les filles, car on ne le souligne pas assez, mais pendant les guerres, les femmes des différents seigneurs avaient un grand rôle. Certes, parfois, les livres d'histoires se contentent juste de les cataloguer comme femme ou amante, mais certaines batailles, on éclater pour défendre leur honneur ou au contraire, certaines ont su en raisonner certains pour éviter des morts inutile face à une bataille perdue d'avances. »

Bon, parfois la fierté des hommes de l'époque faisait qu'ils s'en fichaient totalement, mais parfois, ces femmes avaient eu un plus gros impact sur l'histoire qu'elles n'y croyaient. Après tout, le Japon, aujourd'hui, serait différents si certaines batailles avaient eu lieu. Non pas que ça aurait complètement changer le pays, mais à certains détails, cela ne serait pas pareil.

Son numéro… Hikari s’efforça de rester calme, même si, en elle, une petite voix intérieure bondissait de joie. Si elle était dans un manga, le mangaka aurait sûrement dessiné à côté d’elle une petite Hikari-chibi qui serrait joyeusement les poings en les brandissant en l’air, accompagnée d’un « OUAIS ! » triomphant. Avoir le numéro personnel d’Hirotaka était une avancée significative, et Hikari avait déjà hâte de le dire à Alice, comme pour faire part à sa Maîtresse des progrès accomplis ! Ceci étant dit, Hirotaka n’avait donné son numéro qu’à des fins purement professionnelles… Mais Hikari commençait à doucement frissonner en se disant que cela n’était qu’une excuse pour lui, et que, peut-être, il commençait à céder à son charme. Hikari, elle, devait bien admettre qu’elle appréciait beaucoup Hirotaka. Paradoxalement, elle l’appréciait aussi pour son côté professionnel, pour le fait que, contrairement à Chifumi-san, il ne cherche pas juste à coucher avec ses élèves. Or, tout ce qu’Hikari voulait, c’était coucher avec son collègue. C’était contradictoire, illogique… Hikari ne s’expliquait d’ailleurs pas vraiment les raisons profondes la poussant à agir ainsi, c’était juste qu’elle voulait le faire.

Hirotaka évoqua ensuite sa passion pour les katanas, et précisa que, selon lui, les femmes avaient joué un rôle assez significatif dans l’Histoire du pays. La jeune professeure le laissa parler, sentant bien en lui un homme de passion, quelqu’un qui aimait la matière qu’elle enseignait. Au Japon, les mathématiques étaient un peu compliquées à enseigner, car les Japonais avaient historiquement développé leurs propres mathématiques, les wasan, avant de les abandonner progressivement au cours de l’ère Meiji pour reprendre les mathématiques occidentales.

« De mon côté, j’ai noté qu’il y avait un musée scientifique dans la région où nous nous rendons, j’ai envie de présenter à nos élèves les mathématiques traditionnelles, je leur en ai déjà parlé en cours. Enseigner les mathématiques par l’Histoire, comme je vous l’ai déjà dit, c’est quelque chose à quoi je tiens beaucoup, car cela permet d’expliquer l’intérêt des mathématiques. »

Elle savait de quoi elle parlait. Hirotaka et elle étaient tous les deux passionnés, et l’idée de faire des thèmes communs était tentante, mais nécessiterait l’aval de la direction. Hikari allait sûrement devoir se rapprocher d’autres professeurs pour faire part de son idée lors de la prochaine réunion. Elle envisageait déjà d’en parler à Myumi Ichtora, une autre professeur de mathématiques du lycée Jinmu, une femme charmante et pulpeuse, très appréciée des élèves, mais qui évoquait des sentiments contradictoires chez Hikari. Elle appréciait sa proximité et sa sympathie, tout en la trouvant… Un peu trop proche !

Hikari observa encore son collègue, tout en continuant à boire son café.

« Je suis sûre que nous allons faire de grandes choses ensemble, Hirotaka-san. Je trouve qu’on se complète plutôt bien, vous ne trouvez pas ? »

Loin de se douter dans quel genre de machination Hirotaka mettait les pieds, il ne voyait auprès d'Hikari que la parfaite collègue avec qui partager leur voyage et que tout se passe bien. Naturellement, les choses pourraient changer tôt ou tard, mais actuellement, même en lui tendant une perche, il ne verrait que le côté professionnel de leur relation. Sa collègue voulait profiter des musées pour apprendre aux élèves l'ancêtre de leurs mathématiques actuel, une bien bonne idée. Ils pourront se rassurer de voir que de nos jours, c'est bien plus simple qu'à l'époque même si évidemment, en remontant plusieurs siècles, peu de gens pouvaient faire attention aux décimaux ou autres détails venant pimenter les calculs aujourd'hui. L'époque évolue, la civilisation évolue, l'histoire est aussi là pour montrer aux gens de ne pas refaire les mêmes erreurs que celles du passé, mais il faut bien avouer qu'avec certains chefs d'état au pouvoir, difficile de tourner la page ou ne pas voir un reboot du passé parfois.

« Et c'est une bonne chose de vouloir le leur apprendre. Quand bien même la majorité pourrait trouver ça barbant ou inutile, si on arrive à faire apprendre un détail à, ne serait-ce qu'un élève, ça peut leur changer leur parcours. »

Hirotaka n'était pas en train de plomber le moral de la demoiselle, mais étant prof d'histoire, il savait que parfois, mettre son cours sur pause pour y rajouter une ou deux anecdotes peut sembler inutile et pourtant, qui sait ce qui pourrait tomber aux prochains examens en fin d'année ? Ce sont ses petites graines planté ici et là qui pourraient bien faire la différence sur une note finale. Même quand sa collègue trouvait qu'ils allaient bien ensemble, il ignorait si elle disait cela sur le ton professionnel ou si elle voyait cela autrement, mais lui, il voyait cela du point de vue professionnel.

« Je le pense aussi. L'histoire à cette chance de pouvoir se marier avec bien des matières pour pouvoir associer nos deux cours. Mais je trouve qu'avec les mathématiques, c'est aussi important. Les mathématiques font partie intégrante de l'histoire à partir du moment où l'homme à commencer à réfléchir. Que ce soit pour leurs inventions, leurs lois, leur façon de vivre, de payer, de poser les taxes, bref... De nos jours, nous utilisons les mathématiques naturellement, peut-être pas que tout le monde le pousse comme le ferait de grand mathématiciens, mais ne serait-ce que les bases. »

Que ce soit au Japon ou ailleurs, les mathématiques ont subit une grande évolution, ce sera donc parfait pour leurs cours. Terminant sa tasse, sa cigarette avait déjà été finie depuis quelques minutes, il se préparait à se redresser, prenant sa tasse, ainsi que celle d'Hikari une fois vide.

« Vous voulez une autre tasse ou bien, on retourne voir si notre wagon n'est pas sans dessus-dessous ? »

Hirotaka n'était pas une personne très souriante et pourtant, on voyait bien un léger sourire au coin des lèvres, preuve qu'il passait un agréable moment en sa compagnie. Il avait eu sa dose de nicotine, il n'était donc plus sur les nerfs. Non pas qu'il l'ai été récément, mais au moins, il était plus calme.

Une triste vérité s’imposait. En matière de séduction, Hikari était totalement nulle ! En même temps, elle n’avait jamais eu à faire ça, et elle ne savait vraiment pas comment s’y prendre ! Elle avait l’impression que chacune de ses tentatives envers Hirotaka se soldait par un échec cuisant. D’un autre côté, la jeune femme savait aussi que ce genre de choses prenait du temps. Elle n’avait pas de pouvoirs magiques pour qu’Hirotaka tombe instantanément amoureux d’elle, elle ! Elle faisait avec ce qu’elle pouvait ! Hikari sourit toutefois quand il lui expliqua que les mathématiques avaient eu un grand intérêt dans l’Histoire, et c’était vrai ! Hikari aimait souvent expliquer à ses étudiants l’intérêt des mathématiques en citant la remarque de Monsieur Jourdain du Bourgeois Gentilhomme réalisant qu’il faisait de la prose continuellement. On se référait continuellement aux mathématiques en les utilisant implicitement, sans même y penser. C’était la magie de cette science, mais aussi toute sa difficulté, car elle apparaissait comme trop abstraite et complexe pour vraiment intéresser les étudiants.

Hirotaka proposa de retourner surveiller les élèves, ou de rester ici. La réponse saine aurait été d’y retourner, a fortiori avec quelqu’un comme Chifoumi-sama, qui inspirait peu de confiance à Hikari. Leur collègue n’était pas très clair, mais Hikari n’oubliait pas aussi que sa mission était de séduire son ravissant collègue. Sans penser pouvoir s’approcher de quelque chose de concret, elle estimait toutefois que quelque chose était en train de se produire.

« Nos élèves sont plutôt sages, vous savez… Et puis, dans un train, ils ne risquent pas de disparaître ! Nous n’aurons pas forcément l’occasion d’être ensemble ensuite… Juste tous les deux, vous voyez ? »

Ses joues s’empourprèrent doucement, et elle se racla la gorge. Pour elle, c’était très osé comme phrase ! En tant que Japonaise, elle n’avait clairement pas été éduquée pour chauffer les mecs ! Elle tenta donc de retrouver son calme après ses déclarations, et regarda encore Hirotaka.

« }Je trouve ça juste dommage de ne pas profiter de… De ce moment pour… Se connaître un peu plus.  Comme moi, vous n’avez pas grandi à Yoake, cela nous rapproche un peu, je trouve… Vous n’avez jamais eu ce sentiment d’être… Hummm… Vous savez, le lycée où nous travaillons, il y a des élèves formidables comme Shii-san, mais aussi des pestes richissimes qui toisent les professeurs de haut, comme Morimoto-san. Enfin, le sentiment que j’ai eu en étant dans ce lycée, c’est vraiment d’avoir débarqué dans un endroit très particulier, tout comme cette ville. »

Yoake était située au milieu de montagnes et de grandes forêts, isolée des autres grandes métropoles japonaises. C’était une construction unique en son genre.

« Alors, je ne sais pas pour vous, mais, quand je suis arrivée ici, c’est comme si j’étais… Seule au milieu de la multitude. Vous voyez ce que je veux dire, ou c’est moi qui déraille complètement ? »