Ribu et son vaisseau, le Daïkatana [Valiobservée !]
Posté : 21 août 2024 11:33
Le Daïkatana voyage dans le multivers, piloté par Ribu, en recherche de troupes. Si elle est partie seule, Ribu n'a jamais exclu de rassembler au sein de son vaisseau un nouvel équipage, même si ce n'est pas son objectif. L'équipage actuel du Daïkatana est :
Ribu :
Louise :
Génèse :
Ribu, fillette de Daichi, vole à toute allure en compagnie de deux jeunes garçons de son âge.
« Dépêche-toi, Ribu !
- Je vole aussi vite que je peux ! »
De toutes leurs forces, les trois se dépêchent et arrivent vers une foule amassée et excitée qui leur tourne le dos. Pieds à terre, le trio rejoint cet amas qui parle, gueule, rit ; ils entendent stupéfactions, pleurs émus et compliments tandis qu'ils se faufilent entre jambes et fesses. Les Saiyajins adultes, surtout des femmes, ne les laissent pas volontiers passer et c'est énergiquement qu'ils se fraient un passage dans cette forêt dont mollets et cuisses sont les arbres pour enfin les apercevoir, car ils reviennent : les soldats de la centurie Tichok.
« Ce sont eux !
- Tichok-sama ! »
Menée par un imposant commandant taillé comme un bloc de granit, solide comme un bloc de granit, au regard dominant tel le lion dont la mâchoire brise un bloc de granit, l'unité militaire avance au son des acclamations du public. À sa tête, Tichok porte fièrement la cape flottante par-dessus son armure blanche. Droit, il jette toutefois quelques regards à droite et à gauche, lâchant parfois même un sourire. Un sourire en coin, certes, mais un sourire. Ses hommes, fiers, adoptent une attitude militaire, marchant droit, regardant devant eux. Certains adressent un geste de salutation au public venu les accueillir, mais la foule s'écarte pour les laisser passer, ceux qui marchent maintenant vers la caserne militaire très anguleuse, une curiosité pour en tout cas ce coin de sa planète.
« Bravo, commandant !
- Vive la centurie Tichok !
- Qu'ils sont beaux !
- Vous avez vu ? Je suis sure que le commandant m'a regardée ! »
Ribu est là, qui regarde Tichok, fixement, bouche bée, ne clignant pas des yeux, sans bouger. Il la remarque et s'arrête à la surprise de ses soldats, puis il se penche et secoue la main devant les yeux de la fillette, qui sursaute alors. Il éclate de rire et dit :
« Allons, allons. Ne fais pas cette tête ! Tu verras, quand tu auras mon âge, toi aussi, tu pourras servir les nôtres. Après tout, tu es une fière Saiyajin ! »
Il se redresse et reprend son chemin. Les deux amis de Ribu se tiennent alors à ses côtés.
« Ouah !
- Tu as entendu ? Tu pourras devenir une guerrière de l'espace ! Tu pourras combattre nos ennemis et nous représenter !
- Non !
- Hein ? Comment ça, non ?
- Quand je serai grande, j'irai conquérir !
Le silence s'installe et des femmes se retournent. Les copains de Ribu font de gros yeux.
« Quoi ? Mais c'est super-dangereux ! Et j'ai entendu dire que les conquérants étaient devenus des pilleurs, des voleurs et étaient violents sur les champs de bataille !
- Ouais, mais c'est ça qui est cool.
Par la suite, Ribu s'entraine et s'entraine encore au sol afin de maitriser la création de boules d'énergie, un exercice nouveau dont toutes les ficelles lui sont étrangères. Elle ne comprend pour ainsi dire rien aux dires de l'instructeur chargé de la formation guerrière des plus jeunes qui commence très tôt. La fillette aux cheveux roses voit autour d'elles ses amis parvenir à générer des kikoas, mais rien ne sort de ses doigts. Une grande déception pour celle qui essaie, essaie, mais pour qui ce début de formation est un échec. Heureusement, elle est doué en vol, mais sans boules d'énergies, les combats tournent toujours à son désavantage et Konba, génie de sa classe, la toise d'un air bien sinistre avant de s'envoler. Il vient de la battre, encore une fois, et encore une fois, il détourne son regard d'elle, la faisant intérieurement rager. Cette colère, elle la connait quotidiennement et la frustration est devenue sa compagne bien malgré elle. Dans pareil cas, normal de réagir comme elle et baisser la tête, marcher lourdement, épuisée par les vaines tentatives. Toutefois, aujourd'hui, lors de la fin des cours, alors que chacun s'envole, une voix porte.
« Konba, Ribu ! »
Les intéressés sont appelés par leur professeur, qui attend que chacun soit parti.
« J'ai attentivement observé vos différents combats et vos exercices. Ribu, je crois savoir ton souci. Je crois avoir aussi deviné les tiens, Konba.
- Hein ? fait la fillette, surprise. Ses pupilles se tournent alors vers son camarade, sur le front duquel une goutte de sueur timide perle.
« Konba, tu as un talent dans le combat à distance, mais un de es points faibles, c'est le corps-à-corps. Je l'ai clairement vu encore mieux que d'habitude avant-hier, quand ton frère jumeau t'a donné un coup de pied au ventre. C'est pour cela que tu as développé un grand contrôle du kikoa pour ton âge et ta maitrise des tirs d'énergie est impressionnante. Mais en grandissant, tu combattras des ennemis toujours plus forts qui réussiront à passer tes tirs. À ce moment, si tu ne sais pas utiliser tes poings, tu perdras. »
Alors c'était vrai ? Konba a un point faible, vraiment ? Il est possible de le battre ? Avec plus d'insistance, Ribu aurait pu lui casser la figure ? Vraiment ?
« Ton second point faible, c'est la puissance. Tu fais des attaques variées, mais tu gagnes en visant bien. Le jour où Ribu maitrisera l'art du kikoa, elle pourrait te battre, tu sais. Car ton second point faible est l'inverse du tien, sourit le professeur.
- Quoi ? demandent en choeur les deux élèves intrigués.
- Ribu, tu es forte. Ton niveau au corps-à-corps est élevé, mais il te manque quelque chose pour l'utiliser à son plein potentiel : la confiance en toi. »
La fillette cligne des yeux, ne saisissant pas. Elle ne se bat pas assez bien au corps-à-corps à cause de son manque de confiance ? Mais cette critique est injuste ! Le maitre a-t-il vraiment bien regardé ?
« C'est faux ! Je me bats mal parce que je sais pas lancer un kikoa, c'est tout !
- Erreur. Tu perds tes combats, car tu penses que sans kikoa, tu perdras. Tu laisses tes adversaires gagner, là où tu aurais pu résister au dernier tir de Konba et lui donner un coup de poing.
- Elle aurait pu me battre ?
- Oui, Konba. À cause de ton manque de puissance. Mais aujourd'hui, je vais vous proposer de vous battre en utilisant chacun une méthode différente. »
Ribu se sent assommée d'informations et à voir Konba, le talent de la classe peine aussi à tout saisir. En les voyant cogiter, le prof souffle du nez et poursuit.
« Ribu, bats-toi de toutes tes forces. N'abandonne pas la victoire. Mais surtout, lorsque tu contrôles ton énergie, sois plus calme. Sois beaucoup plus calme. Arrête d'essayer de la faire éclater. Respire et concentre-toi. Konba, toi, fais exploser ton énergie ! Vous allez chacun utiliser la méthode de l'autre pour canaliser l'énergie.
Se calmer… Ribu n'a pas l'impression d'être particulièrement agitée. Oui, quand elle essaie de former des kikoas, elle essaie de tout donner et d'éclater en puissance, mais… soit, elle choisit de se prendre au jeu et ferme les yeux. Konba se fait retenir par le maitre alors qu'il veut profiter de cela pour balancer un maximum d'énergie à distance et doit alors se donner à fond. Il canalise l'énergie en lui et la fait éclater. La fillette aux cheveux roses sent comme une brise se lever. Non, il ne s'agit que de son adversaire. Alors donc, il fait comme elle. Il a du mal à s'y prendre ainsi ? Ce n'est pas bien difficile, pourtant. Mais alors si il utilise une autre méthode que la sienne, elle doit elle aussi être capable de s'y prendre autrement. Se calmer, a dit le prof. Elle prend une grande respiration et ferme à nouveau les yeux. Sa poitrine. Son nez. Son nez. L'air. Inspiration, expiration. L'énergie de son corps. Plus d'énergie. Non, pas plus, simplement de l'énergie. Elle se calme et sent le souffle de l'énergie de Konba qui augmente. Elle souhaite en faire de même et lui rabattre son caquet mais encore une fois, elle respire tranquillement. Elle se concentre et sent affluer en elle l'énergie. Elle la sent vraiment ! Elle la sent de manière presque palpable ! Ses deux bras le lèvent et elle essaie de mener à eux cette force qui flotte en elle. Doucement, comme a dit le maitre. Doucement…
« Konba a l'air prêt. Ribu, tu as trois secondes ! 3 ! 2 ! 1 ! »
Un tir. Elle l'entend, elle l'esquive, mais il transperce sa coiffure, brulant quelques mèches au passage. Le petit prodige a fait des progrès, jamais une de ses attaques n'a été aussi rapide et puissante. Mais il en faut plus pour complètement destabiliser sa compagne d'entrainement du jour qui file vers lui tel un éclair stoppé en plein vol par un tir qu'elle reçoit de plein fouet et que son bras gauche seul peine à retenir, mais malgré cela, elle avance assez pour d'un coup de pied envoyer Konba au sol. Elle concentre alors plus d'énergie dans son bras droit et enfin réussit l'exercice du kikoa, vite dévié par son adversaire car pas assez fort. Mais elle est parvenue à cela ! Ne s'arrêtant pas là, elle bondit sur le garçon qui se relève à peine et tente de lui asséner un crochet du droit, mais à la grande surprise, il choisit de tirer un rayon d'énergie dans le ventre de la fillette afin de se projeter lui-même en arrière. Se servir d'un rayon d'énergie au corps-à-corps, Ribu n'a jamais vu cela. À partir de ce jour, les deux se livrent une rivalité d'abord compétitive qui deviendra violente puis après quelques années cordiale pour devenir amical à l'adolescence et carrément complice en fin de celle-ci.
Après plusieurs années, Ribu intègre officiellement l'armée. Ses compétences en pilotage lui donneront accès à cette fonction comme assistante d'un vieux casqué bourru et barbu au joli bidon bedonnant, le genre d'homme qui a bien bourlingué et que l'aventure a vieilli en apparence qui officie auprès de celui qui a été présenté comme "Knife". Contrairement à ce qu'elle aurait aimé, elle n'entre que dans un bataillon de défense des zones conquises à bord d'un bâtiment aéro-spatial de taille moyenne qui décolle justement pour sa première mission.
« Sergent ? »
Le chef pilote, tenant fermement les commandes en main et sa pipe de bois en bouche, demande sans se retourner :
« Qu'est-ce qu'il y a, Ribu ?
- Le capitaine, quel genre d'homme est-ce ? Knife, c'est un surnom, j'imagine.
- Hahaha, tu es pas la première à demander et surement…»
Mais résonne une sirène. Le pilote en chef fait signe à Ribu d'activer la retransmission audio et holographique. Apparait un homme sec, les cheveux en coupe de cheval et le front dégarni, la quarantaine apparemment. Il est vêtu d'un manteau imperméable n'ayant rien à voir avec les tenues officielles mais sous lequel l'on devine des morceaux de l'armure typique du Saiyajin. Il porte des chaussures de combat tout aussi peu officielles et a les mains gantées.
« Soldats, salutation. Tout le monde m'appelle par mon surnom, "Knife", que j'ai fini par adopter. Mais pour vous, je serai le capitaine. Les pilotes ainsi que l'équipe technique et les tireurs de garde sont restés à leur poste pour d'évidentes raisons. Cette mission sera la première de plusieurs d'entre vous, aussi, nous avons été mandés dans une zone reculée mais calme de notre territoire. Jusque là, cet endroit n'a pas été le théâtre de gros affrontements. Certaines de nos planètes ont été attaquées, mais tous les combats se sont joués sur le sol et non dans l'espace. Nous plongerons d'ailleurs dans les combats dès notre arrivée, je viens de recevoir une demande de renforts. Rassurez-vous, ce ne sera qu'une escarmouche. Tenez-vous prêts à vous poser et à entamer une nouvelle bataille pour notre peuple ! À vos postes ! »
Fin de la transmission.
« C'est tout ?
- On dirait b… »
Un grésillement indique la reprise de transmission.
« D'autres consignes vous seront données lorsque nous aurons de plus amples informations sur notre objectif. À vos postes ! »
Un long silence suit la fin de transmission dans la cabine de pilotage. Ribu et celui qu'elle assistent se regardent, regardent leur chemin, se regardent, regardent les hauts-parleurs, se regardent.
« On dirait que c'est bon, chère assistante.
- C'est habituel chez lui, de faire ses messages en deux fois ?
- Ça arrive.
- D'accord. C'est embêtant.
- Oui, mais c'est rare.
- Ça reste embêtant.
- Ça arrive plutôt à midi.
- …
- Lorsqu'il fait entre 24 et 26 degrés celsius.
- Ah… si vous le dites. L'info est quand même vachement précise, » continue la jeune assistante avant un nouveau silence tandis que le vaisseau s'enfonce dans l'espace.
L'arrivée sur la planète à défendre s'avèrera aisée, voire même confortable en l'absence d'un comité d'accueil armé permettant à l'équipage d'avoir tout le loisir de mettre en oeuvre la stratégie de leur chef, une attaque en un point précis ayant pour but d'affaiblir fortement l'armée adverse et de désorganiser le champ de bataille.
« Ribu, repli. Ils se réunissent sur notre position. Nous devons nous réunir pour les accueillir avec un barrage de boules d'énergies !
- Mais capitaine…
- C'est un ordre ! Repli !
- Mais ils ne volent pas ! Pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour les contourner avec une unité volante et les désorganiser une deuxième fois en les attaquant de toute part ?
- Ah… Caporal, prenez cette fille et quelques soldats pour attaquer notre adversaire sur plusieurs flancs par les airs ! »
S'envole alors une demi-douzaine de Saiyajins à raz le sol tandis que le gros des forces lance une grande attaque composée de multiples rayons d'énergie et kikoas qui ralentissent fortement la progression de l'adversaire. Pendant ce temps, l'unité de Ribu se faufile entre les rangs ennemis et attaque depuis le ciel, jouant à cache-cache avec le décor. Une première bataille facile qui laissera place au doute lorsque des formes se dessineront au loin. Des formes se rapprochant encore et encore à grande vitesse et de plus en plus nombreuses. Une armée de robots géants qui forcera les Saiyajins à tout bonnement abandonner la planète tant elle aura été nombreuse. Par la suite, Ribu enchainera les missions aux côtés de son sergent de pilote-en-chef et du capitaine Knife. Contrariée par son affectation, elle commencera à voler des effets personnels aux adversaires vaincus pour compenser ce manque de satisfaction.
« Tu es sure que tu veux faire ça à ton adversaire alors qu'il a déjà perdu et accepté sa défaite, Ribu ? »
Les remarques et question du sergent auront un effet, certes, celui de la faire s'arrêter quelques secondes, mais elle prendra, prendra et continuera à prendre.
La présence des forces de Zortron forcera le capitaine Knife a toujours confronter son équipage à de plus gros dangers. C'est lors d'une bataille que Ribu découvre que sous l'un des gants de son supérieur se trouve une lame en lieu et place d'une main, justifiant amplement ce surnom.
L'année suivante, son équipage est envoyé pour faire face à cette force armée qui n'arrange rien pour eux : l'Impérium. Elle fait atterrir le vaisseau sur une planète nouvellement conquise au milieu d'une jolie flottille de beaux vaisseaux dont les munitions de réserves sont des tirs de rayons d'énergie provenant des soldats-même composant l'unité d'élite. Certains canons automatiques composent la puissance principale de cette technologie là où les autres canons alimentés par les réservistes servent à des salves d'avertissement ou des tirs de dissuasion, permettant de conserver les munitions les plus chères et précieuses. Ça aussi, ça aura été une surprise pour la jeune femme aux cheveux roses : plus jeune, elle imaginait ne combattre qu'avec son corps et l'armée lui aura fait découvrir le combat spatial et l'usage de stratégie et de machines. Mais tout cela semble inutile lorsque l'étoile la plus proche, brillant de tous ses feux, est entièrement cachée par une véritable armada. L'Impérium a directement choisi de mettre le paquet en envoyant un signal radio : évitez de trop vous rapprocher des frontières de notre territoire ! Des renforts sont demandés à la planète-mère et la bataille fait rage : les pilotes doivent tous rivaliser de talents pour échapper aux tirs de canons perfectionnés de la flotte ennemie, des tirs en salve puissants et parfois explosifs. Mais le pilote apprend là à Ribu que le combat spatial n'est pas si éloigné du combat rapproché et qu'oser l'astuce peut se révéler payant. Le sergent envoie son vaisseau observer de près les gigantesques bâtiments de guerre impériaux, invitant son capitaine et Ribu à observer les armes attentivement pour exploiter une faiblesse. Knife semble repérer quelque chose en pointant l'articulation d'un canon, mais il n'est pas sûr de lui et il dit qu'il faudrait se rapprocher encore plus. La femme aux cheveux roses se concentre alors sur les articulations. Qu'a donc vu Knife ? Soudain, elle sursaute et prend les commandes fonçant droit sur le bâtiment de guerre le plus proche en évitant les tirs et braque pour voler à raz de l'immense bâtiment. Les tirs cessent.
« Vous auriez du vous fier à votre intuition, capitaine, dit-elle. Il semblerait que les canons soient incapable de tirer contre le blindage de leur propre vaisseau.
- On dirait bien. Quant aux autres navires de guerre, j'imagine qu'ils ne tirent pas sur un des leurs. Ils comptent surement sur leur nombre comme dissuasion. Jamais des gens sains d'esprit ne se seraient approchés de la sorte sur une supposition. Sergent, vous faites bien la paire avec votre assistante. Nous allons profiter d'être dans leur angle mort pour détruire leur canons et transmettre la faiblesse de ces modèles de bâtiments au reste de nos troupes et aux renforts qui ne devraient pas tarder.
- Reçu, capitaine.
- Une dernière chose : ne comptez pas exploiter cette faille longtemps. Pour envoyer une armada pareille, l'Impérium dispose d'une logistique monstrueuse à n'en pas douter. Nul doute que cette brèche sera vite refermée.
- Je m'en doutais, Knife.
- Sergent, ce sera "capitaine" pour vous aussi.
- Pf ! Arrête de te la jouer, gamin. Après tout, c'est…
- SILENCE ! La mission prime sur la discussion.
- … »
Un beau jour, alors qu'elle s'apprête à entrer dans son vaisseau, le capitaine lui fait signe de s'arrêter. Croyant à une blague, elle continue, mais de sa main valide, Knife la prend par l'épaule droite.
« Qu'est-ce que…
- Vous regrettez votre affectation, non ? »
Une question sèche pour un geste qui l'est tout autant. Le capitaine lui refuse l'accès à son lieu de travail et elle ne comprend pas. Cette manière qu'il a de lui parler, comme l'accusant, elle ne saisit pas, mais surtout n'accepte pas. Il est blessant et offensant. Elle lui saisit le bras, le visage furieux, mais il dit alors :
« Votre affectation a changé.
- Hein ? » demande une femme soudain stoppée dans sa contrariété pour un choc. Elle quitte le capitaine et le sergent. Mais pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ?
Des pas résonnent alors. Des pas lents mais décidés et une voix se fait entendre.
« Alors c'est elle, ma nouvelle recrue, Knife ? »
Cette voix… Non ! Elle lui est familière et enveloppe son coeur, l'attire presque. Elle la reconnaitrait entre mille, même après tant d'années ! N'attendant pas, elle se retourne pour découvrir le capitaine Tichok ! Vieilli par les années, il porte la barbe de trois jours mais sa stature n'a pas changé. Mais il semble plus petit, maintenant : Ribu a grandi. Et dans le visage de cet officier, la jeune femme se revoit enfant, admirant le centurion.
« Tichok-sama… »
La voilà qui fixe celui qu'elle a si longtemps admiré. Les adieux à son ancien équipage sont rapides, mais l'on tient à la remercier pour ses bons et loyaux services. Par les vitres, elle aperçoit une dernière fois son sergent de bourlingueur de pilote-chef. La voilà pilote autonome du Taiga. Affectée à la conquête, elle est plongée dans le bain au milieu des batailles et explorations où elle ne perd pas sa manie de voler, bien au contraire, même lorsqu'elle n'est pas en situation avantageuse. Son capitaine en rit.
Elle évolue jusqu'à ce qu'on lui confie des missions d'espionnage. Il s'agit d'aller observer la situation de planètes à conquérir. C'est un travail tout nouveau sans combats, sans vitesse, sans rayons d'énergie : que de la discrétion prévue au programme et la peur au ventre de ne pas être à la hauteur. Bien que ses premiers objectifs ne soient pas irréalistes, dès le début, elle sent une crispation certaine qui lui fait demander au capitaine Tichok d'envoyer quelqu'un d'autre à sa place, mais il insiste : c'est sa pilote qu'il veut sur le terrain et personne d'autre, et la femme aux cheveux roses d'obéir à contrecoeur. La réussite de sa première mission ne la rassure pas, bien au contraire, elle craint de prendre une trop grande confiance en elle et de se croire pousser des ailes. Puis une seconde réussite, une troisième et une quatrième viennent s'ajouter au tableau. Bien que douteuse, Ribu s'habitue à une préparation psychologique et un encadrement strict : rien de ce qui peut être prévu n'est laissé au hasard et elle bénéficie du soutien total de son équipage.
Un jour, l'équipage, qui se trouve sur une base militaire avancée, reçoit un signal de la planète-mère : Zortron, l'Impérium et les maudits Xénos semblent avoir décidé d'unir leurs forces en un point précis de la planète-mère. Si Ribu n'en revient pas, il en est de même pour ses compagnons de bataille et la confusion, puis l'empressement prennent le dessus sur le calme. Il faut un grand cri à Tichok pour pour se faire écouter.
« Reprenez-vous ! Notre planète court à la catastrophe et aura besoin de toutes les troupes disponibles ! C'est pour cela que vous allez garder votre sang froid ! Les Saiyajins perdront surement le contrôle de planètes qui seront reprises, mais le plus important est de venir en renforts aux troupes en place ! Mais je ne me fais pas d'illusions : à nous seuls contre trois armées, nos forces courent à leur perte et quand bien même nous gagnerions, nous resterions en danger, car nos ennemis peuvent former une nouvelle coalition pour nous attaquer. Nous allons nous joindre aux autres équipages et quitter cette base, mais pas à bord de notre vaisseau ! Ribu, je te charge d'une mission spéciale : pars explorer notre univers, toi qui sais si bien t'infiltrer ! Pars et trouve-nous des alliés. Il est temps pour les Saiyajins de faire des concessions, fais des compromis, négocie. C'est un ordre ! »
Suite à cela, l'équipage de Tichok se divise afin d'intégrer d'autres bâtiments de guerre, tandis que seule, Ribu part aux confins de l'univers. Mais pas pour longtemps, car des navires de guerre de l'Impérium commencent à la pourchasser. Elle les évite en se dissimulant dans une ceinture d'astéroödes, mais elle sait bien que dès sa sortie de sa cachette, elle sera canardée par les forces impériales. Slalomant entre les gros cailloux cosmiques, elle regarde à gauche. Non, un vaisseau. Elle fonce plus loin, mais deux navires l'attendent. La ceinture est longue, mais l'Impérium sait attendre et traquer et la course semble inutile, lorsqu'un arc de cercle électromagnétique apparait devant elle. N'ayant pas le temps de freiner, Ribu ressent un violent choc, une secousse qui fait trembler son vaisseau entier. Puis plus rien. Plus d'astéroïdes. Plus d'Impérium. Juste cette planète qu'elle approche à grande vitesse. Ribu n'y comprend rien et c'est bien normal : en un instant, son navire a été téléporté et la voici qui s'apprête à atterrir sur Rustworld.
Ribu :
Génèse :
Ribu, fillette de Daichi, vole à toute allure en compagnie de deux jeunes garçons de son âge.
« Dépêche-toi, Ribu !
- Je vole aussi vite que je peux ! »
De toutes leurs forces, les trois se dépêchent et arrivent vers une foule amassée et excitée qui leur tourne le dos. Pieds à terre, le trio rejoint cet amas qui parle, gueule, rit ; ils entendent stupéfactions, pleurs émus et compliments tandis qu'ils se faufilent entre jambes et fesses. Les Saiyajins adultes, surtout des femmes, ne les laissent pas volontiers passer et c'est énergiquement qu'ils se fraient un passage dans cette forêt dont mollets et cuisses sont les arbres pour enfin les apercevoir, car ils reviennent : les soldats de la centurie Tichok.
« Ce sont eux !
- Tichok-sama ! »
Menée par un imposant commandant taillé comme un bloc de granit, solide comme un bloc de granit, au regard dominant tel le lion dont la mâchoire brise un bloc de granit, l'unité militaire avance au son des acclamations du public. À sa tête, Tichok porte fièrement la cape flottante par-dessus son armure blanche. Droit, il jette toutefois quelques regards à droite et à gauche, lâchant parfois même un sourire. Un sourire en coin, certes, mais un sourire. Ses hommes, fiers, adoptent une attitude militaire, marchant droit, regardant devant eux. Certains adressent un geste de salutation au public venu les accueillir, mais la foule s'écarte pour les laisser passer, ceux qui marchent maintenant vers la caserne militaire très anguleuse, une curiosité pour en tout cas ce coin de sa planète.
« Bravo, commandant !
- Vive la centurie Tichok !
- Qu'ils sont beaux !
- Vous avez vu ? Je suis sure que le commandant m'a regardée ! »
Ribu est là, qui regarde Tichok, fixement, bouche bée, ne clignant pas des yeux, sans bouger. Il la remarque et s'arrête à la surprise de ses soldats, puis il se penche et secoue la main devant les yeux de la fillette, qui sursaute alors. Il éclate de rire et dit :
« Allons, allons. Ne fais pas cette tête ! Tu verras, quand tu auras mon âge, toi aussi, tu pourras servir les nôtres. Après tout, tu es une fière Saiyajin ! »
Il se redresse et reprend son chemin. Les deux amis de Ribu se tiennent alors à ses côtés.
« Ouah !
- Tu as entendu ? Tu pourras devenir une guerrière de l'espace ! Tu pourras combattre nos ennemis et nous représenter !
- Non !
- Hein ? Comment ça, non ?
- Quand je serai grande, j'irai conquérir !
Le silence s'installe et des femmes se retournent. Les copains de Ribu font de gros yeux.
« Quoi ? Mais c'est super-dangereux ! Et j'ai entendu dire que les conquérants étaient devenus des pilleurs, des voleurs et étaient violents sur les champs de bataille !
- Ouais, mais c'est ça qui est cool.
Par la suite, Ribu s'entraine et s'entraine encore au sol afin de maitriser la création de boules d'énergie, un exercice nouveau dont toutes les ficelles lui sont étrangères. Elle ne comprend pour ainsi dire rien aux dires de l'instructeur chargé de la formation guerrière des plus jeunes qui commence très tôt. La fillette aux cheveux roses voit autour d'elles ses amis parvenir à générer des kikoas, mais rien ne sort de ses doigts. Une grande déception pour celle qui essaie, essaie, mais pour qui ce début de formation est un échec. Heureusement, elle est doué en vol, mais sans boules d'énergies, les combats tournent toujours à son désavantage et Konba, génie de sa classe, la toise d'un air bien sinistre avant de s'envoler. Il vient de la battre, encore une fois, et encore une fois, il détourne son regard d'elle, la faisant intérieurement rager. Cette colère, elle la connait quotidiennement et la frustration est devenue sa compagne bien malgré elle. Dans pareil cas, normal de réagir comme elle et baisser la tête, marcher lourdement, épuisée par les vaines tentatives. Toutefois, aujourd'hui, lors de la fin des cours, alors que chacun s'envole, une voix porte.
« Konba, Ribu ! »
Les intéressés sont appelés par leur professeur, qui attend que chacun soit parti.
« J'ai attentivement observé vos différents combats et vos exercices. Ribu, je crois savoir ton souci. Je crois avoir aussi deviné les tiens, Konba.
- Hein ? fait la fillette, surprise. Ses pupilles se tournent alors vers son camarade, sur le front duquel une goutte de sueur timide perle.
« Konba, tu as un talent dans le combat à distance, mais un de es points faibles, c'est le corps-à-corps. Je l'ai clairement vu encore mieux que d'habitude avant-hier, quand ton frère jumeau t'a donné un coup de pied au ventre. C'est pour cela que tu as développé un grand contrôle du kikoa pour ton âge et ta maitrise des tirs d'énergie est impressionnante. Mais en grandissant, tu combattras des ennemis toujours plus forts qui réussiront à passer tes tirs. À ce moment, si tu ne sais pas utiliser tes poings, tu perdras. »
Alors c'était vrai ? Konba a un point faible, vraiment ? Il est possible de le battre ? Avec plus d'insistance, Ribu aurait pu lui casser la figure ? Vraiment ?
« Ton second point faible, c'est la puissance. Tu fais des attaques variées, mais tu gagnes en visant bien. Le jour où Ribu maitrisera l'art du kikoa, elle pourrait te battre, tu sais. Car ton second point faible est l'inverse du tien, sourit le professeur.
- Quoi ? demandent en choeur les deux élèves intrigués.
- Ribu, tu es forte. Ton niveau au corps-à-corps est élevé, mais il te manque quelque chose pour l'utiliser à son plein potentiel : la confiance en toi. »
La fillette cligne des yeux, ne saisissant pas. Elle ne se bat pas assez bien au corps-à-corps à cause de son manque de confiance ? Mais cette critique est injuste ! Le maitre a-t-il vraiment bien regardé ?
« C'est faux ! Je me bats mal parce que je sais pas lancer un kikoa, c'est tout !
- Erreur. Tu perds tes combats, car tu penses que sans kikoa, tu perdras. Tu laisses tes adversaires gagner, là où tu aurais pu résister au dernier tir de Konba et lui donner un coup de poing.
- Elle aurait pu me battre ?
- Oui, Konba. À cause de ton manque de puissance. Mais aujourd'hui, je vais vous proposer de vous battre en utilisant chacun une méthode différente. »
Ribu se sent assommée d'informations et à voir Konba, le talent de la classe peine aussi à tout saisir. En les voyant cogiter, le prof souffle du nez et poursuit.
« Ribu, bats-toi de toutes tes forces. N'abandonne pas la victoire. Mais surtout, lorsque tu contrôles ton énergie, sois plus calme. Sois beaucoup plus calme. Arrête d'essayer de la faire éclater. Respire et concentre-toi. Konba, toi, fais exploser ton énergie ! Vous allez chacun utiliser la méthode de l'autre pour canaliser l'énergie.
Se calmer… Ribu n'a pas l'impression d'être particulièrement agitée. Oui, quand elle essaie de former des kikoas, elle essaie de tout donner et d'éclater en puissance, mais… soit, elle choisit de se prendre au jeu et ferme les yeux. Konba se fait retenir par le maitre alors qu'il veut profiter de cela pour balancer un maximum d'énergie à distance et doit alors se donner à fond. Il canalise l'énergie en lui et la fait éclater. La fillette aux cheveux roses sent comme une brise se lever. Non, il ne s'agit que de son adversaire. Alors donc, il fait comme elle. Il a du mal à s'y prendre ainsi ? Ce n'est pas bien difficile, pourtant. Mais alors si il utilise une autre méthode que la sienne, elle doit elle aussi être capable de s'y prendre autrement. Se calmer, a dit le prof. Elle prend une grande respiration et ferme à nouveau les yeux. Sa poitrine. Son nez. Son nez. L'air. Inspiration, expiration. L'énergie de son corps. Plus d'énergie. Non, pas plus, simplement de l'énergie. Elle se calme et sent le souffle de l'énergie de Konba qui augmente. Elle souhaite en faire de même et lui rabattre son caquet mais encore une fois, elle respire tranquillement. Elle se concentre et sent affluer en elle l'énergie. Elle la sent vraiment ! Elle la sent de manière presque palpable ! Ses deux bras le lèvent et elle essaie de mener à eux cette force qui flotte en elle. Doucement, comme a dit le maitre. Doucement…
« Konba a l'air prêt. Ribu, tu as trois secondes ! 3 ! 2 ! 1 ! »
Un tir. Elle l'entend, elle l'esquive, mais il transperce sa coiffure, brulant quelques mèches au passage. Le petit prodige a fait des progrès, jamais une de ses attaques n'a été aussi rapide et puissante. Mais il en faut plus pour complètement destabiliser sa compagne d'entrainement du jour qui file vers lui tel un éclair stoppé en plein vol par un tir qu'elle reçoit de plein fouet et que son bras gauche seul peine à retenir, mais malgré cela, elle avance assez pour d'un coup de pied envoyer Konba au sol. Elle concentre alors plus d'énergie dans son bras droit et enfin réussit l'exercice du kikoa, vite dévié par son adversaire car pas assez fort. Mais elle est parvenue à cela ! Ne s'arrêtant pas là, elle bondit sur le garçon qui se relève à peine et tente de lui asséner un crochet du droit, mais à la grande surprise, il choisit de tirer un rayon d'énergie dans le ventre de la fillette afin de se projeter lui-même en arrière. Se servir d'un rayon d'énergie au corps-à-corps, Ribu n'a jamais vu cela. À partir de ce jour, les deux se livrent une rivalité d'abord compétitive qui deviendra violente puis après quelques années cordiale pour devenir amical à l'adolescence et carrément complice en fin de celle-ci.
Après plusieurs années, Ribu intègre officiellement l'armée. Ses compétences en pilotage lui donneront accès à cette fonction comme assistante d'un vieux casqué bourru et barbu au joli bidon bedonnant, le genre d'homme qui a bien bourlingué et que l'aventure a vieilli en apparence qui officie auprès de celui qui a été présenté comme "Knife". Contrairement à ce qu'elle aurait aimé, elle n'entre que dans un bataillon de défense des zones conquises à bord d'un bâtiment aéro-spatial de taille moyenne qui décolle justement pour sa première mission.
« Sergent ? »
Le chef pilote, tenant fermement les commandes en main et sa pipe de bois en bouche, demande sans se retourner :
« Qu'est-ce qu'il y a, Ribu ?
- Le capitaine, quel genre d'homme est-ce ? Knife, c'est un surnom, j'imagine.
- Hahaha, tu es pas la première à demander et surement…»
Mais résonne une sirène. Le pilote en chef fait signe à Ribu d'activer la retransmission audio et holographique. Apparait un homme sec, les cheveux en coupe de cheval et le front dégarni, la quarantaine apparemment. Il est vêtu d'un manteau imperméable n'ayant rien à voir avec les tenues officielles mais sous lequel l'on devine des morceaux de l'armure typique du Saiyajin. Il porte des chaussures de combat tout aussi peu officielles et a les mains gantées.
« Soldats, salutation. Tout le monde m'appelle par mon surnom, "Knife", que j'ai fini par adopter. Mais pour vous, je serai le capitaine. Les pilotes ainsi que l'équipe technique et les tireurs de garde sont restés à leur poste pour d'évidentes raisons. Cette mission sera la première de plusieurs d'entre vous, aussi, nous avons été mandés dans une zone reculée mais calme de notre territoire. Jusque là, cet endroit n'a pas été le théâtre de gros affrontements. Certaines de nos planètes ont été attaquées, mais tous les combats se sont joués sur le sol et non dans l'espace. Nous plongerons d'ailleurs dans les combats dès notre arrivée, je viens de recevoir une demande de renforts. Rassurez-vous, ce ne sera qu'une escarmouche. Tenez-vous prêts à vous poser et à entamer une nouvelle bataille pour notre peuple ! À vos postes ! »
Fin de la transmission.
« C'est tout ?
- On dirait b… »
Un grésillement indique la reprise de transmission.
« D'autres consignes vous seront données lorsque nous aurons de plus amples informations sur notre objectif. À vos postes ! »
Un long silence suit la fin de transmission dans la cabine de pilotage. Ribu et celui qu'elle assistent se regardent, regardent leur chemin, se regardent, regardent les hauts-parleurs, se regardent.
« On dirait que c'est bon, chère assistante.
- C'est habituel chez lui, de faire ses messages en deux fois ?
- Ça arrive.
- D'accord. C'est embêtant.
- Oui, mais c'est rare.
- Ça reste embêtant.
- Ça arrive plutôt à midi.
- …
- Lorsqu'il fait entre 24 et 26 degrés celsius.
- Ah… si vous le dites. L'info est quand même vachement précise, » continue la jeune assistante avant un nouveau silence tandis que le vaisseau s'enfonce dans l'espace.
L'arrivée sur la planète à défendre s'avèrera aisée, voire même confortable en l'absence d'un comité d'accueil armé permettant à l'équipage d'avoir tout le loisir de mettre en oeuvre la stratégie de leur chef, une attaque en un point précis ayant pour but d'affaiblir fortement l'armée adverse et de désorganiser le champ de bataille.
« Ribu, repli. Ils se réunissent sur notre position. Nous devons nous réunir pour les accueillir avec un barrage de boules d'énergies !
- Mais capitaine…
- C'est un ordre ! Repli !
- Mais ils ne volent pas ! Pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour les contourner avec une unité volante et les désorganiser une deuxième fois en les attaquant de toute part ?
- Ah… Caporal, prenez cette fille et quelques soldats pour attaquer notre adversaire sur plusieurs flancs par les airs ! »
S'envole alors une demi-douzaine de Saiyajins à raz le sol tandis que le gros des forces lance une grande attaque composée de multiples rayons d'énergie et kikoas qui ralentissent fortement la progression de l'adversaire. Pendant ce temps, l'unité de Ribu se faufile entre les rangs ennemis et attaque depuis le ciel, jouant à cache-cache avec le décor. Une première bataille facile qui laissera place au doute lorsque des formes se dessineront au loin. Des formes se rapprochant encore et encore à grande vitesse et de plus en plus nombreuses. Une armée de robots géants qui forcera les Saiyajins à tout bonnement abandonner la planète tant elle aura été nombreuse. Par la suite, Ribu enchainera les missions aux côtés de son sergent de pilote-en-chef et du capitaine Knife. Contrariée par son affectation, elle commencera à voler des effets personnels aux adversaires vaincus pour compenser ce manque de satisfaction.
« Tu es sure que tu veux faire ça à ton adversaire alors qu'il a déjà perdu et accepté sa défaite, Ribu ? »
Les remarques et question du sergent auront un effet, certes, celui de la faire s'arrêter quelques secondes, mais elle prendra, prendra et continuera à prendre.
La présence des forces de Zortron forcera le capitaine Knife a toujours confronter son équipage à de plus gros dangers. C'est lors d'une bataille que Ribu découvre que sous l'un des gants de son supérieur se trouve une lame en lieu et place d'une main, justifiant amplement ce surnom.
L'année suivante, son équipage est envoyé pour faire face à cette force armée qui n'arrange rien pour eux : l'Impérium. Elle fait atterrir le vaisseau sur une planète nouvellement conquise au milieu d'une jolie flottille de beaux vaisseaux dont les munitions de réserves sont des tirs de rayons d'énergie provenant des soldats-même composant l'unité d'élite. Certains canons automatiques composent la puissance principale de cette technologie là où les autres canons alimentés par les réservistes servent à des salves d'avertissement ou des tirs de dissuasion, permettant de conserver les munitions les plus chères et précieuses. Ça aussi, ça aura été une surprise pour la jeune femme aux cheveux roses : plus jeune, elle imaginait ne combattre qu'avec son corps et l'armée lui aura fait découvrir le combat spatial et l'usage de stratégie et de machines. Mais tout cela semble inutile lorsque l'étoile la plus proche, brillant de tous ses feux, est entièrement cachée par une véritable armada. L'Impérium a directement choisi de mettre le paquet en envoyant un signal radio : évitez de trop vous rapprocher des frontières de notre territoire ! Des renforts sont demandés à la planète-mère et la bataille fait rage : les pilotes doivent tous rivaliser de talents pour échapper aux tirs de canons perfectionnés de la flotte ennemie, des tirs en salve puissants et parfois explosifs. Mais le pilote apprend là à Ribu que le combat spatial n'est pas si éloigné du combat rapproché et qu'oser l'astuce peut se révéler payant. Le sergent envoie son vaisseau observer de près les gigantesques bâtiments de guerre impériaux, invitant son capitaine et Ribu à observer les armes attentivement pour exploiter une faiblesse. Knife semble repérer quelque chose en pointant l'articulation d'un canon, mais il n'est pas sûr de lui et il dit qu'il faudrait se rapprocher encore plus. La femme aux cheveux roses se concentre alors sur les articulations. Qu'a donc vu Knife ? Soudain, elle sursaute et prend les commandes fonçant droit sur le bâtiment de guerre le plus proche en évitant les tirs et braque pour voler à raz de l'immense bâtiment. Les tirs cessent.
« Vous auriez du vous fier à votre intuition, capitaine, dit-elle. Il semblerait que les canons soient incapable de tirer contre le blindage de leur propre vaisseau.
- On dirait bien. Quant aux autres navires de guerre, j'imagine qu'ils ne tirent pas sur un des leurs. Ils comptent surement sur leur nombre comme dissuasion. Jamais des gens sains d'esprit ne se seraient approchés de la sorte sur une supposition. Sergent, vous faites bien la paire avec votre assistante. Nous allons profiter d'être dans leur angle mort pour détruire leur canons et transmettre la faiblesse de ces modèles de bâtiments au reste de nos troupes et aux renforts qui ne devraient pas tarder.
- Reçu, capitaine.
- Une dernière chose : ne comptez pas exploiter cette faille longtemps. Pour envoyer une armada pareille, l'Impérium dispose d'une logistique monstrueuse à n'en pas douter. Nul doute que cette brèche sera vite refermée.
- Je m'en doutais, Knife.
- Sergent, ce sera "capitaine" pour vous aussi.
- Pf ! Arrête de te la jouer, gamin. Après tout, c'est…
- SILENCE ! La mission prime sur la discussion.
- … »
Un beau jour, alors qu'elle s'apprête à entrer dans son vaisseau, le capitaine lui fait signe de s'arrêter. Croyant à une blague, elle continue, mais de sa main valide, Knife la prend par l'épaule droite.
« Qu'est-ce que…
- Vous regrettez votre affectation, non ? »
Une question sèche pour un geste qui l'est tout autant. Le capitaine lui refuse l'accès à son lieu de travail et elle ne comprend pas. Cette manière qu'il a de lui parler, comme l'accusant, elle ne saisit pas, mais surtout n'accepte pas. Il est blessant et offensant. Elle lui saisit le bras, le visage furieux, mais il dit alors :
« Votre affectation a changé.
- Hein ? » demande une femme soudain stoppée dans sa contrariété pour un choc. Elle quitte le capitaine et le sergent. Mais pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ?
Des pas résonnent alors. Des pas lents mais décidés et une voix se fait entendre.
« Alors c'est elle, ma nouvelle recrue, Knife ? »
Cette voix… Non ! Elle lui est familière et enveloppe son coeur, l'attire presque. Elle la reconnaitrait entre mille, même après tant d'années ! N'attendant pas, elle se retourne pour découvrir le capitaine Tichok ! Vieilli par les années, il porte la barbe de trois jours mais sa stature n'a pas changé. Mais il semble plus petit, maintenant : Ribu a grandi. Et dans le visage de cet officier, la jeune femme se revoit enfant, admirant le centurion.
« Tichok-sama… »
La voilà qui fixe celui qu'elle a si longtemps admiré. Les adieux à son ancien équipage sont rapides, mais l'on tient à la remercier pour ses bons et loyaux services. Par les vitres, elle aperçoit une dernière fois son sergent de bourlingueur de pilote-chef. La voilà pilote autonome du Taiga. Affectée à la conquête, elle est plongée dans le bain au milieu des batailles et explorations où elle ne perd pas sa manie de voler, bien au contraire, même lorsqu'elle n'est pas en situation avantageuse. Son capitaine en rit.
Elle évolue jusqu'à ce qu'on lui confie des missions d'espionnage. Il s'agit d'aller observer la situation de planètes à conquérir. C'est un travail tout nouveau sans combats, sans vitesse, sans rayons d'énergie : que de la discrétion prévue au programme et la peur au ventre de ne pas être à la hauteur. Bien que ses premiers objectifs ne soient pas irréalistes, dès le début, elle sent une crispation certaine qui lui fait demander au capitaine Tichok d'envoyer quelqu'un d'autre à sa place, mais il insiste : c'est sa pilote qu'il veut sur le terrain et personne d'autre, et la femme aux cheveux roses d'obéir à contrecoeur. La réussite de sa première mission ne la rassure pas, bien au contraire, elle craint de prendre une trop grande confiance en elle et de se croire pousser des ailes. Puis une seconde réussite, une troisième et une quatrième viennent s'ajouter au tableau. Bien que douteuse, Ribu s'habitue à une préparation psychologique et un encadrement strict : rien de ce qui peut être prévu n'est laissé au hasard et elle bénéficie du soutien total de son équipage.
Un jour, l'équipage, qui se trouve sur une base militaire avancée, reçoit un signal de la planète-mère : Zortron, l'Impérium et les maudits Xénos semblent avoir décidé d'unir leurs forces en un point précis de la planète-mère. Si Ribu n'en revient pas, il en est de même pour ses compagnons de bataille et la confusion, puis l'empressement prennent le dessus sur le calme. Il faut un grand cri à Tichok pour pour se faire écouter.
« Reprenez-vous ! Notre planète court à la catastrophe et aura besoin de toutes les troupes disponibles ! C'est pour cela que vous allez garder votre sang froid ! Les Saiyajins perdront surement le contrôle de planètes qui seront reprises, mais le plus important est de venir en renforts aux troupes en place ! Mais je ne me fais pas d'illusions : à nous seuls contre trois armées, nos forces courent à leur perte et quand bien même nous gagnerions, nous resterions en danger, car nos ennemis peuvent former une nouvelle coalition pour nous attaquer. Nous allons nous joindre aux autres équipages et quitter cette base, mais pas à bord de notre vaisseau ! Ribu, je te charge d'une mission spéciale : pars explorer notre univers, toi qui sais si bien t'infiltrer ! Pars et trouve-nous des alliés. Il est temps pour les Saiyajins de faire des concessions, fais des compromis, négocie. C'est un ordre ! »
Suite à cela, l'équipage de Tichok se divise afin d'intégrer d'autres bâtiments de guerre, tandis que seule, Ribu part aux confins de l'univers. Mais pas pour longtemps, car des navires de guerre de l'Impérium commencent à la pourchasser. Elle les évite en se dissimulant dans une ceinture d'astéroödes, mais elle sait bien que dès sa sortie de sa cachette, elle sera canardée par les forces impériales. Slalomant entre les gros cailloux cosmiques, elle regarde à gauche. Non, un vaisseau. Elle fonce plus loin, mais deux navires l'attendent. La ceinture est longue, mais l'Impérium sait attendre et traquer et la course semble inutile, lorsqu'un arc de cercle électromagnétique apparait devant elle. N'ayant pas le temps de freiner, Ribu ressent un violent choc, une secousse qui fait trembler son vaisseau entier. Puis plus rien. Plus d'astéroïdes. Plus d'Impérium. Juste cette planète qu'elle approche à grande vitesse. Ribu n'y comprend rien et c'est bien normal : en un instant, son navire a été téléporté et la voici qui s'apprête à atterrir sur Rustworld.