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En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:01
par Le Barbarium
Au cœur des ténèbres insolubles de l'Outreterre, le Rampant des Terres Noires n'émettait aucune lumière. Ses occupants avaient coupé l'éclairage en considérant l'affaire qui se déroulait au loin, et qu'ils avaient l'avantage de pouvoir étudier en détail à partir d'un hologramme généré par une gemme magique. C'est grâce aux sens éprouvés d'Ökale, laquelle ayant pris place sur le siège du Résonnant - une sorte de radar destiné aux Sensorielles comme l'était justement l'esclave -, que les têtes pensantes de l'équipage eurent l'occasion de deviser tranquillement autour du problème :

- Ce n'est plus qu'une question d'heures avant que leurs assaillants ne les engloutissent.

Le fataliste qui venait de s'exprimer était un Drow du nom de Vortek. Equipé d'un manteau noir aux bords élimés, il avait de longs cheveux blanc et des yeux jaunes au sein desquels l'empathie brillait par son absence. On ne le surnommait pas le Nécromancien pour rien.
Une voix douce accueillit sa remarque :

- En effet. Ces pauvres nains sont mûrs. Si les monstres ne parviennent pas à passer à travers les hauts murs de leur bastion, ils finiront bien, vu leur nombre écrasant, par les escalader. (Un rire léger, ironique et charmant accompagnait ce constat réfléchi.) Ils n'auront jamais assez d'huile bouillante et de poudre à canon pour tous les repousser. Cette invasion n'est, en d'autres termes, qu'un combat d'usure.

Véfa Elmerald ! Demi-drow et demi-démone. Séduisante jeune femme attifée comme une diseuse de bonnes aventures, avec deux jolies cornes plantées sur le crâne au beau milieu d'une chevelure noire comme de la suie. Elle appartenait à cet équipage en qualité de collaboratrice et conseillère - et non pas d'esclave, comme la plupart de ses membres.

- Et nous alors, qu'est-ce qu'on est censés faire avec tout ce foutoir ? Assister à cette débâcle naine les bras croisés ?

Le sarcasme d'Ökale, si récurrent, n'étonnait plus personne. L'aveugle - qui ne l'était que par les yeux du corps et non de l'esprit - se savait libre de s'exprimer en l'absence de son maître.

- M'est avis que notre glorieux capitaine y verra une nouvelle opportunité de se remplir les poches ! "La misère des autres fait le profit des forts et des hardis." C'est typiquement le genre de phrase qu'il nous sortirait, pas vrai ?

Les drows se regardèrent en souriant. Le mâle adressa un regard à une petite blonde aux yeux vairons - un jaune et un rouge - qui, depuis le début de la conversation, les fixait sans mot dire. Sur cet ordre silencieux, celle-ci s'en alla aussitôt informer le Brise-Monts en personne.


Quand il ne baisait pas dans ses quartiers ou ne prenait pas place aux commandes, le capitaine Eviscéran Kroch'mar aimait se défouler un peu dans un des plus grands compartiments du vaisseau qui tenait lieu de salle d'entraînement. Aujourd'hui, il y affrontait Shabel Sealgïr, une ex-mercenaire aux yeux d'un roux clair, et Dwëna Hogg'brennandi, la géniale inventrice de ce vaisseau à l'esthétique plus que douteux.  La seconde bougeait plutôt bien dans sa combinaison noire - un alliage de métal bizarrement moulant comme celui d'une super-héroïne. Sa volto-masse en main, elle avait pourtant beaucoup de mal à tenir tête à l'Orc noir. Tout comme Shabel qui, armée d'une épée courte et d'un bouclier, suait à grosse gouttes face à leur diable d'assaillant.

- Prévisibles.

Elles avaient beau lui tourner autour, essayer de le prendre à revers, enchaîner les frappes fulgurantes... absolument rien n'y faisait ! Eviscéran, avec son expérience de l'arène et son titre d'ancien champion qui lui a valu le titre de Brise-Monts, les repoussait sans cesse. Non, en fait c'était même pire que cela : il les acculait dans un coin de l'aire de combat... puis reculait sereinement, sans jamais craindre pour sa vie alors que ses adversaires manipulaient de vraies armes.
Parmi elles, la plus fière n'était autre que Shabel, la "Vierge" de Bronze, qui brûlait d'envie de regagner sa liberté :

- Va au diable !

Frustrée, elle attaqua sans plus se soucier de son équipière ! D'une main robuste, Eviscéran détourna sa lame avant de faire de même avec son bouclier. La protection de métal rencontra le visage de Dwëna, qui avait eu l'excellente idée de se joindre à cette charge... avec un léger retard.
Le choc la fit basculer sur les fesses.

- Gh-ouille !

De la barbe de sa lourde hache, le colosse noir lui enferma la cheville avant de la soulever de terre. Il se servit du corps étendu de l'ingénieure pour frapper l'ex-mercenaire en plein dans les côtes - de quoi lui couper le souffle !

- Ougfh !

Durant leur chute, les deux corps s'entremêlèrent douloureusement.
La hache sur l'épaule, leur maître les considéra d'un œil franchement critique.

- Une posture embarrassante dont vous vous êtes montrées dignes, déclara-t-il. Vous manquez cruellement d'entraînement et de sang-froid. Je vais vous faire bosser là-dessus, vous allez voir...

Avec ce sourire abject qu'il leur adressait, elles redoutaient le pire.

- C'est pas terminé, orc, cracha Shabel, une main pressée au coté, tout en s'efforçant de se relever.

Dwëna, allongée sur le ventre, et qui ne savait plus trop où elle avait mal, referma ses doigts suppliants sur l'une de ses chevilles.

- A-arrête... c'est inutile... on n'y arrivera... pas comme ça.

La Vierge de Bronze grimaça d'un air blessé. L'ingénieure avait raison. Leur foutu maître avait raison. Mais bordel... que la raison aille se faire voir ! Elle repoussa cette main pathétique et aligna quelques pas - furieux quoique chancelants - vers l'orc détestable qui avait su abuser d'elles un nombre incalculable de fois.
Eviscéran ne fit pas mine de bouger. Il la fixait comme un oiseau observe un ver, ni plus ni moins.

- Y-yaaah !

Elle dressa son bouclier, leva son arme...

- Quel manque de conviction.

D'un coup de pied frontal, il l'éjecta sur Dwëna.
La première s'écroula sur la deuxième.
Ni plus ni moins...

- Capitaine.

Eviscéran braqua son regard de chef sur la nouvelle arrivante. Daya Trifid, la blonde assassine aux yeux vairons et aux quelques "tâches" reptiliennes sur le corps, avait presque su le surprendre.

- Qu'y a-t-il ?

Sans omettre le moindre petit détail, elle lui exposa scrupuleusement la situation. Il hocha la tête.

- Dis-leur de se préparer au contact. Nous devons avoir une petite discussion avec le chef des assiégés. (Il souriait derrière ses crocs monstrueux.) Pas question que ces monstres stupides dévorent ces musculeux troglodytes avant que nous ayons obtenu un "petit quelque chose" de leur part.

La messagère disparut par là où elle était venue.
Jusqu'alors postée en retrait, une femme à la peau brune et aux cheveux blancs dont les solides épaules supportaient deux lourdes pierres, s'avança et lui dit :

- Ça sent la baston à plein nez.

Eviscéran toisa la dénommée Ilge Val'jardnesk. La première championne qui avait su lui faire honneur en héritant de son titre. Une combattante de renom aussi douée au combat que dans un cadre... plus intime.

- Tu ne manques pas de flair, répondit son maître. Va donc récupérer ta matraque, l'Implacable. Une grande bataille nous attend !

- Pour des profits équivalents ?

Il eut un sourire amusé.

- Là où les faibles se couchent jubilent les plus puissants.

Puis il regarda Shabel et Dwëna, qui n'avaient plus essayé de se relever depuis leur cuisante défaite.

- Supportez-vous. Bougez-vous. Entraidez-vous... je m'en moque bien ! Ce qui m'importe, c'est de vous retrouver debout face à l'ennemi en temps et en heure. Pigé ?

- Pas besoin de me le rabâcher, grogna Shabel.

- Ça fait un vrai mal de chien, geignit sa comparse, mais... je dois combattre pour ma Charteresse !

Il n'y avait plus rien à ajouter.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:02
par Benjamin T
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Benjamin devait bien l’admettre. Plus il vieillissait et plus ça devenait difficile. Oui, non, enfin, mauvaise formulation. S’il avait l’impression qu’il y a encore quelques heures, il était allongé sur une plage de sable fin se faisant dorer la pilule face à un soleil des îles : voilà qu’il se retrouvait dans les ténèbres d’une espèce de ver des géants. Il faisait si sombre… et c’était si humide…

*Bouge-toi le cul, Benjamin ! *

Tout autour de lui, des nains en armure se relayaient sans cesse. Les petits humanoïdes tenaient un siège des plus éprouvants. Ce qui était d’autant plus troublant que la muraille qui les protégeaient était impressionnante de hauteur. Doublé d’une bonne vieille épaisseur. Ce n’était pas un matériau bon marché programmé à coup d’obsolescence programmé. Non. Ici, c’était le genre d’architecture qui résisterait au temps comme les pyramides de… de son monde. Qui n’était pas celui-ci.

*Penser aux pyramides d’Egypte. Il faut croire que mon esprit essaie de me dire quelque chose. Et que mon corps me fait bien comprendre que le soleil est vachement plus sympa que les ténèbres sans un toit panoramique. *

« Bon, les petits gars, il est temps que j’intervienne dans votre petite guerre. »

*Ah oui… vraiment fatigué. Une seule phrase et j’arrive à répéter deux fois petits. Pas la répétition le problème, hein. Le fait d’utiliser un mot pour un petit peuple. Enfin, pas petit peuple au sens large de fée et… sans déconner ? J’essaie vraiment de me convaincre moi-même en pensées ? *

« Ouais. Désolé. J’y vais. »

Amenant son poignet gauche près de son visage, la main droite appuya sur le bouton de l’Omnitrix. Un artefact contenant une riche bibliothèque en ADN alien. Bibliothèque loin d’être ennuyeuse car elle avait la capacité spéciale de provoquer une mutation. Si elle ne durait guère plus d’une seconde, et qu’il y était habitué depuis l’âge de ses dix ans, elle n’en restait pas moins douloureuse/inconfortable.

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« Midas ! »

C’était plus fort que lui. Un réflexe qu’il avait gardé de sa période lumineuse. Quand il avait dix ans, qu’il voyageait pendant les grandes vacances avec son grand père et sa cousine Gwen. Sa famille… qui n’existait plus aujourd’hui… tout comme le bon temps… et les souvenirs… et…

*Benjamin ! Action ! *

Une silhouette féminine entièrement plaquée d’or et deux fois grande comme un être humain se mit à voler dans les airs. Il était soudainement la flamme qui attire les papillons. Cette richesse volante au regard si pénétrant et si bleu. Ce visage sans bouche. Cette silhouette humaine aussi froide que les plus évolués des robots. Ces mêmes robots qui paraissent si effrayants dès que les yeux humains détectent la moindre anomalie.

Aujourd’hui, la « malédiction » de cette alien allait devenir une arme de destruction massive. Il lui suffisait de toucher quelque chose pour qu’une transformation opère. Celle de transformer toute matière pauvre en « or » coûteux.

Les créatures qui assaillaient la forteresse devenaient des sculptures hyper-réalistes en or. Pas seulement un placage. Toute l’entièreté de ce qui avait été vivant devint soudainement un projectile dense qui entraîna dans sa chute nombre d’autres créatures. Les collisions entre elles. La dernière qui se faisait écraser au sol. Les dégâts étaient nombreux. En sorte, un effet papillon. Pour en revenir à cet animal déjà précédemment cité.

Les nains levèrent haut leurs haches et braillèrent de joie. Il y avait de l’espoir. Les créatures hésitaient. Une partie tout du moins. Car l’autre continuait à attaquer sans relâche, trop loin ou trop inconsciente pour réaliser le revirement de situation. Mais l’impact de Midas (l’alien de Benjamin) était réel. Les nains respiraient. Ils allaient pouvoir ralentir sur les changements d’équipe. Ce qui signifiait aussi prendre plus de repos. Et donc, bientôt, ce serait une armée de nain ayant retrouvé son second souffle qui reprendrait activement part au siège.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:03
par Le Barbarium
Toujours vissée au siège du Résonnant, Okäle eut une drôle de réaction.

- Quelque chose de... vraiment bizarre vient de se produire, déclara-t-elle.

Le Nécromancien braqua son regard sur la Caverneuse.

- Comment ça ?

- Oui, c'est étrange, intervint Véfa. Regarde l'hologramme, Vortek. Tout près des remparts, bon nombre de créatures se sont figées.

- La plupart sont mortes, précisa Ökale. Je crois qu'elles ont brutalement basculé en contrebas ou ce sont littéralement fondus dans le rempart.

- Les nains auraient fait usage d'une arme secrète ? s'enquit le conseiller d'Eviscéran.

Nérénie, la favorite du capitaine, qui, à travers le cockpit du vaisseau, jouissait depuis le début d'une vue d'ensemble sur la bataille, leur fit doucement part de ses observations :

- J'ai cru, l'espace d'un court instant, voir un ange flotter dans le ciel...

Les doubles portes s'ouvrirent sur le puissant Brise-Monts et son escorte féminine. Ils avaient dû faire un léger détour vers la réserve pour récupérer leurs armes.

- Balivernes de surfacienne ! lâcha Eviscéran en prenant place près de la noble déchue à qui il confia une lance. Un ange dans l'Outreterre ? Ha ! Tu m'en diras tant. (Il claqua des doigts à l'attention de Dwëna.) Prends les commandes du Rampant avec Vortek ! Nous allons profiter de cette... apparition insolite pour nous jeter contre les remparts.

L'ingénieure ne se le fit pas dire deux fois. Elle glissa Ana'bhrion, sa volto-masse, entre les mains d'une Shabel mitigée.

- La Charteresse supportera le choc ?

- Bien sûr que oui ! répondit son capitaine avec un gloussement moqueur. Le but n'est pas de passer à travers le mur : seulement de s'arrêter dessus. Ce dernier va faciliter notre abordage, c'est tout.

- Pas sûr que les nains approuvent le geste, commenta Ilge avec un léger détachement.

- Ils nous remercieront après avoir compté les cadavres qui auront fini écrabouillés sous les chenilles du Rampant des Terres Noires.

- Entre-temps, ils ne seront pas très contents, dit Véfa.

- Qu'importe leurs états d'âme ! trancha Eviscéran. Où est passée Odogara ? Je ne la vois nulle part alors que nous savons tous que ça va chauffer.

- Elle dort dans sa cellule, l'informa Daya Trifid, son assassine aux yeux vairons.

L'orc fronça les sourcils à son attention.

- Qu'attends-tu pour aller la chercher ?

Une idée qui ne plaisait pas forcément à la jeune femme qui, à juste titre, craignait d'approcher celle que l'on appelait la Louve de Sang.
Hochant finalement la tête, la blonde disparut dans les ombres aussi vite qu'elle était apparue.
Après avoir gueulé de nouveaux ordres, le capitaine Kroch'mar s'en alla rejoindre la plate-forme qui surmontait le vaisseau. Il quitta donc la salle des commandes en compagnie de Nérénie, Shabel, Ilge Val'jardnesk et Ökale - cette dernière ayant laissé sa place sur le Résonnant à Véfa, la plus puissante Sensorielle de l'équipage.


Alors que de nouvelles aberrations nyctalopes fondaient en essaim sur la base des remparts, la terrible Charteresse leur collait au train ! Elle n'était pas bien rapide, certes, mais son poids et son gabarit monstrueux faisaient toute la différence. La terre protestait bruyamment  sous ses puissantes chenilles. Les premières créatures émirent d'abominables couinements gutturaux en terminant leur existence comme des crêpes sanguinolentes, leur carapace en chitine réduite en purée. Aucune d'entre-elles ne fut suffisamment habile pour s'accrocher à l'épaisse carrosserie du vaisseau sans y laisser soit les pattes soit la vie.
La fière conductrice - Dwëna, donc - s'amusait comme une petite folle alors que son ultime création dévorait le peu de distance qui la séparait des remparts du bastion nain.

- Impact dans dix, neuf, huit...

- Je tire le levier, annonça Vortek, son co-pilote drow.

Le regard fixe, un peu sourire de démente collé aux lèvres, l'ingénieure approuva l'initiative d'une simple secousse de la tête. Elle était, pour sa part, très concentrée sur l'épaisse muraille de pierre façonnée par ce peuple qui l'avait autrefois adoptée, éduquée et formée.
La Charteresse perdait de la vitesse. C'était une bonne chose, estima-t-elle.

- Sept, six, cinq, quatre...

- Accrochez-vous ! s'écria Véfa en se cramponnant à son siège.

De près, le mur paraissait véritablement immense - presque deux fois plus grand que la forteresse mobile, déjà bien imposante par définition. Rien d'étonnant à ce que les monstres ne l'aient pas encore prise. Surtout que les nains faisaient, en prime, d'excellents défenseurs.

- Trois, deux, un...

*BROUM!*
En rencontrant le mur, l'intégralité du vaisseau fut profondément secoué par le choc. Faute d'avoir eu le temps de trouver un siège où se fixer, Daya Trifid avait traversé la salle des commandes en roulant sur plusieurs mètres. Odogara - encore un peu abrutie par son réveil - ne l'avait suivi qu'à moitié ; en freinant de toute urgence, elle avait laissé de formidables marques de griffes sur le sol métallique. Le bruit strident avait vrillé les tympans de l'ingénieure, du Nécromancien et de la Sondeuse.


Au dehors, c'était un bordel monstre ! Eviscéran et ses guerrières s'étaient dressés sur la plate-forme supérieure. Stable et parfaitement plane, elle était bien assez large pour tous les accueillir ; en revanche, elle ne l'était point suffisamment en comptant les monstres chitineux qui tombaient du mur et rebondissaient dessus. Heureusement que Shabel et Nérénie, avec leurs lances, les en chassaient immédiatement quand le Brise-Monts et l'Infernale ne les pulvérisaient tout simplement pas en usant de leurs armes lourdes.
Et Ökale, alors ? Que faisait-elle au milieu de cet attroupement ? En tant que manipulatrice de l'élément terrestre, la Caverneuse travaillait à leur confectionner un escalier à partir d'une toute petite portion de la muraille. Ce qui ne plut naturellement pas à ses défenseurs qui ne savaient pas trop à quoi s'attendre en les voyant ainsi débouler chez eux. Ils s'agitaient entre les créneaux, et notamment du côté des grands chaudrons...

- Il va pleuvoir de l'huile bouillante ! les avertit Shabel.

- Je m'en occupe, fit Nérénie en levant un main lumineuse au-dessus de sa tête.

Une barrière magique en forme de dôme, d'un jaune pur et étincelant, intercepta les coulées sulfuriques. Ainsi dévié, le flamboyant liquide dégoulinait le long des flancs hermétiques du Rampant des Terres Noires. Les monstres qui s'étaient agglutinés autour de sa base s'enfuirent ou moururent dans d'atroces souffrances.
Autant pour tester la fiabilité de son escalier que pour le nettoyer au minimum, Ökale, la maitresse de la terre, avec les mouvements de mains idoines, en secoua vigoureusement les marches ; les plus fragiles d'entre-elles s'écroulèrent avec fracas.

- Grimpons, décida le capitaine avant d'ajouter avec autorité : faites attention où vous mettez les pieds !

Il escalada les marches quatre à quatre. Ses esclaves, moins audacieuse que lui, le suivirent avec plus de précautions.
Une fois parvenus en haut, les membres du quintuor tombèrent nez à nez avec une vaillante troupe de nains armés de haches à deux mains ou d'une masse d'armes accompagnée d'un grand bouclier rond. Coiffés d'un casque ailé et protégés d'une lourde cuirasse qui les rendait plus compacts encore, ils n'avaient pas l'air très commodes...
Tandis que l'orc noir tentait de les convaincre de lui présenter leur chef, Nérénie, elle, observait distraitement ce qui se passait à quelques bons mètres de leur perchoir. Elle cherchait du regard la silhouette dorée qui s'en était pris aux monstres avant leur intervention. A en juger par le nombre de sculptures dorées accrochées à la paroi de pierre, elle ne devait pas être bien loin.
Ami ou ennemi ?
Plus croyante que les autres, la noble déchue entretenait cette douce lueur d'espoir qui l'intimait à croire en la bonté et la noblesse d'esprit de cette céleste entité dont elle ignorait pourtant la nature exacte.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:04
par Benjamin T
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Ça l’ennuyait beaucoup. Toute cette bataille était d’un profond ennui. C’était le problème de cet alien. Une empathie proche de zéro. Voler. S’éloigner de la masse grouillante. Tout ça paraissait tentateur. Mais, en levant la tête, Midas fut obligé d’accepter la réalité. Si les tunnels avaient des proportions bibliques, il n’empêchait qu’il y avait un épais plafond de pierre. Une impossibilité de rejoindre les cieux. Une obligation d’intervenir dans les affaires terrestres.

*Si cela peut m’occuper les mains et l’esprit suffisamment longtemps… *

Les sortes de crabes à robe renforcée étaient débiles. De vulgaires animaux qui continuaient à prendre d’assaut une forteresse (presque) imprenable. Ces tanks sur pattes convergeaient vers cette unique endroit. Pourquoi ? Migration sousterrienne ? Recherche de nourritures ? Destruction d’un danger se trouvant parmi le peuple nain ? Que ce soit pour se déplacer, pour croquer du nain ou détruire un artefact répandant ses ondes : les créatures sans nom attaquaient. Et elles attaquaient maintenant de plus en plus Midas. Cet « ange d’or » qui était telle une flamme dans les ténèbres. Comme de vulgaires insectes, les créatures convergeaient vers lui.

Alors il reprit de la hauteur. Et il constata deux choses. La première était la présence d’une sorte de tank qui s’était garé contre la forteresse. Des humaines (ou humanoïdes) grimpaient un escalier pour rejoindre les nains qui n’appréciaient pas l’intrusion, au vu de leur attitude et armes dressées. La seconde chose était que les cadavres dorés créaient petit à petit un escalier pour atteindre les nains. Il n’y avait nulle pitié à marcher sur les cadavres de leurs congénères. Et il n’y avait aucune avidité à repartir avec ces richesses sculptées.

Midas décida d’arrêter de combattre et de se rapprocher de la situation entre les étrangers et les nains.

L’orc noir était grand et costaud. Mais l’ange doré était bien plus grand que lui. C’était le jour et la nuit.

Survolant la scène, tous les regards se tournèrent vers lui. Pour autant, il resta à une distance qui le rendait davantage spectateur qu’acteur. Et la vérité était qu’il se fichait des affaires des uns et des autres.

Son corps se tourna vers son propre champ de bataille qu’il avait quitté. Il amorça un mouvement pour y retourner quand il s’arrêta de nouveau. Son visage inexpressif sans bouche et aux yeux bleus perçants réfléchissait. L’espèce de parasite au niveau de son épaule, de ses deux yeux globuleux, observa l’assemblée. Cette petite silhouette féminine (en attestait une petite paire de seins) semblait bizarrement plus humaine et empathe que le précédent visage décrit.

« Voulez-vous de l’or ? »

C’était une voix froide et sans intonation. Et c’était surtout une voix qui résonnait dans la tête. De la télépathie. Adressée au groupe de l’orc noir mais aussi aux nains. Ces derniers levèrent à nouveau leurs armes en l’air en poussant des cris. Les chercheurs d’or en eux exultaient. Alors Midas, de ses deux mètres et demi presque trois, plia son corps pour du bout de son doigt toucher ici une hache, ici un bouclier, ici une armure. Puis ce fut des débats en langue naine. Est-ce qu’il fallait combattre avec pareils trésors ? La densité de l’or par rapport à leur métal était facilement du double. Etait-ce sage de combattre avec pareil inconvénient ?

Puis Midas se tourna vers l’orc noir. Et vers cette femme aux cheveux blonds et à l’opulente poitrine. Elle semblait charmée par lui. Une telle foi dans un regard lui donnait toujours des envies de conversion. Mais ce terme n’était jamais très clair en lui. La toucher et l’emprisonner à jamais dans une beauté dorée. Ou quelque chose de plus métaphysique ? D’angélique ? Il ne savait pas.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:04
par Le Barbarium
Les petits guerriers trapus se montraient à la fois fort têtus et peu confiants en cet orc noir sorti de nulle part. Pas question de le guider jusqu'à leur chef alors que lui et sa troupe étaient armés ! Le risque, pareil au colosse, semblait trop important au yeux des défenseurs.

- Comment vous disiez à l'entrainement, capitaine ? (Shabel fit mine de réfléchir.) Ah, ça y est ! je me souviens : " prévisible".

- C'est qu'elle a l'air de vous chercher, boss, jubila Ökale.

- Et elle va finir par me trouver, gronda Eviscéran.

Ilge préférait se concentrer sur l'équipe adversaire, visiblement plus fournie que la leur en matière d'effectif. Elle demeurait toutefois confiante en l'équilibre des rapports de forces dans la mesure où, avec leurs armes en main et leur expérience du combat, la demi-ogresse ne voyait pas trop de raison de s'en faire pour leurs vies.

- Un signal... juste un tout petit signe de votre part et je broierai de ma masse autant de nains qu'il le faudra !

Mais cette querelle en devenir n'eut point lieu. Depuis la voie des airs, l'"ange" doré s'était immiscé dans leurs affaires. Il s'exprimait comme Véfa la Sensorielle le faisait parfois, c'est à dire à travers le canal de l'esprit. Sous le regard méfiant de l'orc noir, le héros des nains récompensa ceux qui l'acclamaient d'un toucher divin. Tout d'abord, leurs armes devinrent des trésors qui les mirent rapidement d'excellente humeur ! Sauf que la beauté et la richesse de ces outils à l'usage primitif mettaient un frein à leur envie de combattre, et donc de survivre.

- Nom d'un bordel ! éructa le capitaine Kroch'mar en se tournant illico vers le vide. Tu parles d'un cadeau... le moment est mal choisi.

- Tss ! A ce train-là, les monstres vont ne faire qu'une bouchée de ces imbéciles, râla Shabel. Qu'est-ce qu'on fait ? On se fraie nous-même un chemin jusqu'à leur chef ?

Eviscéran s'apprêtait à les diriger d'une main de maître quand Nérénie, qui avait gardé les yeux rivés sur l'entité dorée, rompit son silence :

- Non ! Nous devons avant toute chose leur prouver notre bonne foi. (Quand elle se tourna vers le précipice, son regard se mit à briller d'une flamboyante détermination.) Affrontons le danger au lieu de lui tourner le dos !

- Ça me plait bien, grogna Ilge en se pourléchant les lèvres.

- Inutile d'attendre que ces rampants posent une de leurs sales pattes sur les créneaux, lança Ökale. Je m'en vais tout de suite vous tailler quelques plates-formes volantes pour que vous leur filiez une rouste mémorable !

Leur capitaine constata avec ravissement que, à contrario des nains, leur combativité avait grimpé crescendo.

- Faites donc, dit-il. Mais gare à vos fesses, mes pouliches : je vous interdis de basculer stupidement dans le vide !

Elles firent comme convenu. Nérénie, qui avait été la première à lancer cette vertigineuse opération de contre-attaque verticale, prit place au-dessus des créneaux. Sa lance de techno-magie en main, la noble déchue la tenait comme un sceptre. Avec elle, il lui était possible d'ériger de nouvelles barrières magiques afin de soutenir ses alliées - même éparpillées. Mais pour l'heure, ce n'était pas ce qui la préoccupait le plus. Ses yeux rosés observaient toujours le Faiseur d'Or qui semblait partager sa curiosité. Nérénie le sentait plus qu'elle ne pouvait le lire sur son visage figé, dans ses yeux clairs.
Tout en le regardant, elle se plaqua un poing sur le cœur et cria :

- S'il vous plait : aidez-nous à repousser ce fléau ! Moi, Nérénie Anthelme, je vous demande expressement, au nom de l'équipage du Barbarium, de préserver ces murs de ces abjectes créatures !

Elle s'exprimait avec une réelle conviction. Son Maître lui-même en fut surpris. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vue se comporter ainsi, avec autant d'ardeur ! Depuis leur sanglante querelle dans l'atelier de Dwëna, à vrai dire... Rude journée qui s'était soldée par la capitulation de l'ingénieure, de l'ex-mercenaire et de la noble déchue. Lesquelles ayant fini par devenir officiellement ses esclaves.
C'est d'un air nostalgique, pensif, que le capitaine observait le dos de cette fière humaine qu'il avait fait sienne.
Pas un jour ne passe sans que je ne m'en réjouisse.
Ce n'est pas un hasard s'il n'avait pas suivi ses guerrières au combat en plongeant avec elles : il avait choisi de veiller personnellement sur les arrières de Nérenie. Ou plutôt sur ce précieux derrière dont il n'arrivait tout simplement pas à se passer, pour lequel il éprouvait un grand faible. L'Orc s'aperçut qu'il craignait au fond de lui bien plus de perdre cette femelle plutôt que toutes les autres réunies.
Alors si ce pseudo-ange essayait de la lui chiper, il allait le sentir passer !

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:04
par Benjamin T
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La foi de cette créature l’attirait. Il y avait quelque chose dans son regard. Dans son intonation. Dans sa façon de se tenir et de s’adresser à lui.

« J’ai lutté contre ce que vous nommez fléau. Mais en est-il vraiment un ? N’est-ce pas vous et ces nains qui bloquez leurs processus biologiques de base ? »

Midas s’approcha un peu plus de la dénommée Nérénie. Si la présence hostile de l’orc noir était clairement présente, la façon d’agir de celui qu’on prenait pour un ange ne semblait pas en éprouver de la peur. Son absence totale d’émotion signifiait même qu’il était comme une fourmi pour un humain ? A savoir trop minuscule pour qu’on y prête attention. C’était tout à fait possible.

« Je me fiche de ce Barbarium. Tout comme je n’ai que peu d’importance quant à la survie de ces nains ou de cette forteresse. La Mort fauche les vivants et le Temps s’occupe de tout ce qui est inerte. Rien ne survit indéfiniment. »

Midas se rapprocha encore un peu plus. S’il était longiligne, il n’empêchait que sa grande taille lui donnait une aura « divine ». S’il avait eu des ailes, Nérénie aurait pu avoir l’impression de se faire avaler par cette grandeur dorée. Ce qui était déjà le cas, plus ou moins.

« Je ressens ta foi, femme. Cela me plaît. J’ai envie de te faire un don. Mais te toucher reviendrait à te condamner. Quoiqu’immortaliser ta beauté et cette émotion dans tes yeux en une sculpture hyper-réaliste en or serait un véritable présent pour les peuples présents et à venir de ce monde enténébré. »

Ce devait ressembler à une menace pour l’orc noir. Au vu de la masse de muscles et de sa race, il n’était à point douter qu’une réaction allait très vite survenir. Ce qui laissait peu de temps à Midas, très peu, pour lui permettre de subjuguer un peu plus la femelle de son aura angélique. Encore le temps de quelques phrases et il devrait s’occuper de cette grosse fourmi noire. Pénible.

« Je pourrais toucher vos cheveux et les rendre d’or. Je pourrais également toucher du bout de mes doigts votre toison pubienne et la rendre également d’or. Je ne peux toucher seulement des parties de votre anatomie qui pourront continuer à pousser malgré la portée de mon Toucher. Peut-être vos ongles ? »

Nain : « Hey ! C’est quoi cette merde ! Vous vous rendez pas compte que nos ennemis sont en train de gagner du terrain à cause de votre pouvoir déconnant ? Oh, vous m’écoutez l’angillon ! »

La tête de Midas se tourna d’un seul coup vers le nain râleur. Le temps que ce dernier lève la hache en l’air pour donner du poids à ses remontrances, le pseudo-ange avait volé très rapidement, si rapidement comme un insecte qu’on ne peut suivre des yeux ? Et du bout de son doigt, il avait sommé au silence la petite créature ingrate.

Midas se tourna alors vers l’orc noir. Il ne lui dit rien mais plongea profondément ses yeux en lui. S’il voulait récupérer la femelle pour avoir sa foi à 100%, il devait la gagner à son maître actuel.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:04
par Le Barbarium
Le Rampant des Terres Noires était remarquable. Comme une colline au beau milieu d'un champ de citrouilles. Voire comme un épouvantail, étant donné sa couleur sombre. Sauf qu'il n'effrayait pas du tout les merles ! C'était même tout le contraire puisqu'il semblait les attirer comme des mouches...

- Je ne vais pas tout de même laisser toutes ces horreurs se servir de la carrosserie de ma Charteresse comme d'un vulgaire marchepied !

Dwëna pressa un bouton caché dont son capitaine ignorait jusqu'à l'existence. Des golems de sa conception se détachèrent du bolide, tombant comme des pierres tombales au beau milieu du champ d'ennemis. D'emblée, ils s'activèrent au contact du sol et des cadavres fracassés, leurs cristaux magiques déchirant la pénombre éternelle de l'Outreterre.

- Wouhouw ! exulta l'ingénieure depuis le poste de commande. Déchainez-vous, mes robustes soldats de métal ! Mettez leur la pâtée, à ces vermines !

Vortek la regardait bizarrement. Il ne savait pas si le génie de cette esclave l'inquiétait ou le surprenait. Sans doute un peu des deux.

- Depuis tout ce temps, tu as enfermé tes jouets dans des compartiments cachés du vaisseau ?

- Ah, bah, oui ! Que croyez-vous, au juste ? Je n'allais tout de même pas les laisser à la merci du capitaine ! S'il avait été mis au courant de leur existence, il s'en serait servi pour son entraînement personnel, ce grand égoïste ! Et qui aurait dû passer derrière pour tout ranger ET tout réparer ? Eh bien, c'est ma pomme, pour ne pas changer ! Alors oui, je n'ai mis personne dans la confidence - pas même Shabel, mon assistante.

- De bons arguments, commenta Véfa. Mais je ne suis pas sûre que notre capitaine partage cet avis.

- Moi non plus, avoua la Golémaniaque avec un soupir. Mais quelle importance ? Il continuera à me faire la misère, de toute façon ! Cela ne lui fera qu'une excuse supplémentaire pour se justifier de son attitude bourrue...

- Oh ! Tu vas tous nous faire pleurer, ma pauvre petite chérie, se moqua le Nécromancien.

- Ça ne risque pas : vous êtes intérieurement plus sec qu'un arbre mort !

- Moi aussi, je détiens le pouvoir de te punir à la moindre petite offense, lui rappela-t-il avec un sourire de son cru.

- ...Alors je n'ai plus qu'à me souhaiter bon courage pour les jours à venir.


Tandis que Shabel et Ilge pilonnaient les envahisseurs avec le soutien d'Ökale, Nérénie tentait de faire de cette entité dorée un allié à leur équipage hétéroclite. Elle comprit rapidement, dès sa première réponse, que ce ne serait pas du tout chose évidente. L'être de métal luisant ne partageait pas son point de vue ; il pensait autrement, ne se rangeait dans un aucun camp en particulier...

- Je me suis peut-être trop avancée, il est vrai, mais... à première vue, ces monstres représentent un danger pour les habitants du Sous-Monde. Processus biologiques ou pas, nous ne pouvons décemment pas les laisser marcher sur le peuple nain sans rien faire ! N'en sont-ils pas les protecteurs nés ? Leurs racines remontent à loin.

Et celles de ces monstres à carapace de pierre ? Elle l'ignorait, voilà tout ! En revanche, les nains, eux, disposaient d'une conscience, et donc de la capacité de penser. Ce don les rendait prioritaires sur leurs assaillants qui n'hésitaient pas à se ruer bille en tête vers la mort et la cristallisation. Nérénie les voyait grimper sur les dépouilles de leurs congénères sans émotion aucune. Cette progression morbide la répugnait bien plus que ce qu'elle avait pris l'habitude de subir depuis sa captivité dans le Barbarium.
Au moins, son capitaine ne l'expédiait pas au casse-pipe sans qu'elle puisse lui faire part de sa façon de penser.
Ce qui, pour une esclave, semblait peut-être un petit peu ironique, non ?
La communication avec le prétendu être divin se poursuivit. Ce dernier se considérait au-dessus du Barbarium, des nains et de tout le reste. Un "observateur" qui agissait sur un coup de tête ?
Nérénie ne fit pas mine de reculer alors qu'il le surplombait de toute sa hauteur. Son aplomb ne se justifiait pas seulement par la présence de son capitaine, qui les surveillait de près. Elle avait beau être une noble déchue, souillée un nombre incalculable de fois par son Maître orc, la descendante des Anthelme restait fière à sa manière.
Elle ne tressaillît pas en écoutant l'ange sans ailes se réjouir de cette foi qu'elle lui accordait. Elle ne semblait point apeurée par la perspective de se retrouver figer dans le temps, sous la forme d'une statue plus resplendissante encore que celles de ces monstres rampants collées aux murs de l'enceinte. En revanche, elle perçut un mouvement d'humeur chez son rustre propriétaire. Tout comme elle l'entendit grogner sa désapprobation.
Tout ceci n'était clairement pas bon signe mais, d'un autre côté, si jamais l'orc venait à mourir de la main de cette créature de lumière, elle en serait également libérée, non ?
Quoi qu'il en fût, sa fascination intéressait l'être télépathique. Elle était devenue, pour ainsi dire, la cible de ses étranges fantasmes. Il voulait user de son pouvoir sur elle. Accroître sa beauté en touchant divers endroits de sa personne. A commencer par sa chevelure blonde, pour descendre vers des zones plus intimes ou plus focalisées, comme ses ongles par exemple...

- Vous ne devriez pas faire ça, lui dit-elle. J'admire votre don, mais ce serait du gâchis que de...

Un nain coupa court à la conversation. Son intervention se solda par une foudroyante pétrification. L'ange était vif, malgré sa silhouette élancée ! Il ne lui avait fallu qu'un toucher de l'index pour tétaniser à jamais ce bourru personnage.
Ce geste attisa le mécontentement de ses congénères barbus qui grognèrent de conserve, les doigts serrés sur leurs armes.
L'orc fronça les sourcils. Le temps de la discussion était révolu. Le pseudo-ange en avait après sa plus délicieuse esclave ? Il représentait un obstacle à ses desseins. Cela faisait d'eux des ennemis naturels.

- Aux armes, troglodytes ! gueula-t-il sans quitter "l'angillon" des yeux. Cette chose n'est pas votre alliée. Capricieuse, elle agit à sa seule convenance. Ensemble, nous allons saper son autorité dévoyée et venger votre frère d'armes !

Etant donné les circonstances, cette appel à la guerre tombait sous le sens ! Tandis que l'un des nains s'en alla discrètement informer leur chef, les autres se ruèrent sur le mal éclairé comme des bêtes assoiffées de sang. Ils eurent droit à quelques renforts en la personne d'artilleurs embusqués. Ils étaient armés de canons portatifs. D'ingénieux bazookas miniatures qui crachaient des boulets explosifs.
D'un pas assuré, Eviscéran, sa lourde hache entre les mains, talonnait la chair à canon qui allait sans doute mourir sur sa recommandation.
Et, hélas par pour la première une fois, Nérénie se rendit compte qu'elle avait perdu le contrôle de la situation. Que ses "pouvoirs" ne se limitaient qu'à des paroles qui n'atteignaient que trop rarement le cœur de son auditoire.

- Non, arrêtez tout ! C'est de la folie !

Mais personne ne l'entendait de cette oreille. Gonflés à bloc, enhardis par le cri de guerre de l'orc noir, les nains ne partageaient pas son admiration pour le "divin".

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:04
par Benjamin T
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Il s’en était douté. L’orc noir serait un obstacle à la récupération de son adoratrice. Il avait suffi de quelques mots pour exalter les nains à l’attaquer. Il était évident que l’humanoïde possédait plus que des muscles et une solide armure naturelle. Un véritable leadership et visiblement une capacité à manipuler les autres pour ses propres desseins. Car Midas ne croyait pas en la théorie selon laquelle l’équipage du vaisseau coopérait par bons sentiments. C’était jugé à la tête du client mais l’orc noir n’avait pas le faciès d’un héros. Ce qui, étrangement, motivait davantage Midas à lui voler la femme. Non, la tirer de son emprise sonnait mieux.

Dans un premier temps, Midas s’envola toujours plus haut pour esquiver les projectiles. Il avait mal jugé les petits guerriers. Il s’était attendu à une résistance nulle du fait de leurs armement « sauvage ». Seulement, ils possédaient davantage que des haches et des boucliers. Ce qui était ennuyeux. Bien entendu, Midas était très vif malgré sa grande taille. Et il aurait pu fuir dans cette énorme galerie pour ne plus jamais être touché. Laisser cette forteresse subir un engloutissement total des créatures ne lui posait aucun problème.

Mais il y avait cette femme.

Alors il redescendit vers la masse grouillante et chaotique. Il assista à la bataille entre les autres femmes de l’orc noir contre les créatures motivées. Elles semblaient légion. Le flux paraissait ne jamais pouvoir se tarir. Et plus les femmes vainquaient, plus la masse des cadavres s’amoncelaient. S’il y avait des chutes et des rebonds mortels, telle une courbe de Gauss, un pic central demeurait sur sa position.

Après avoir effectué un vol en sécurité dans les hauteurs et pris le temps de faire un détour, Midas redescendit en direction du sol grouillant et de l’imposante machine sur chenilles. Sans une seule hésitation, il fondit vers le système de locomotion et toucha de l’extrémité de son doigt les chenilles qui se transformèrent en or.

Puis il remonta en direction de la femme et de son terrible garde du corps. Il leur parla à tous deux en pensées.

« Ainsi, votre collaboration sera véritable. Vous n’avez plus le choix de combattre cette meute que vous croyez sans âme et sans émotions. »

Il s’éleva à nouveau pour éviter de nouveaux coups de hache suivi d’une nouvelle salve de tirs. Il était à noter que depuis le toucher du nain qui avait conduit à l’éructation du l’orc noir à une alliance contre « l’ange », aucun autre mort n’avait été à déclarer. Midas traversait le champ de bataille tel un messager intouchable.

Il s’adressa alors de nouveau en pensées à l’orc noir et la fille aux cheveux de soleil, mais aussi à tous les nains présents.

« A présent, vous êtes véritablement unis. Vous pouvez décidé de vous en prendre à moi. Dans un tel cas, je cesserai d’être passif et je vous attaquerais indéniablement et avec un grand nombre de succès. Je pourrais peut-être même réussir à provoquer un double génocide. Mais vous pouvez aussi vous désintéresser de moi car pendant que vous me ciblez uniquement, les vagues de ce que vous appelez des monstres, continuent de déferler inlassablement. J’ai survolé le champ de bataille, plus le temps passe, plus votre forteresse devient une simple colline à gravir. Choisissez votre ennemi. Et je choisirai quel camp je soutiendrais. Je suis prêt à rejoindre les monstres, tous vous éradiquer, pour simplement récupérer la fille aux cheveux de soleil. »

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:05
par Le Barbarium
Les nains faisaient leur office. Ils tiraient sur la créature dorée. Malheureusement, pas un boulet ne l'atteignait. Son vol lui conférait une agilité et une vitesse hors normes. Le capitaine Kroch'mar grinçait des dents derrière les canonniers révolutionnaires.

- Ne le quittez pas des yeux !

C'était plus facile à dire qu'à faire : l'ennemi avait pris de l'altitude pour mieux descendre en piqué le long de la muraille. Il n'était alors plus possible de le cibler sans courir le risque de toucher les membres de l'équipage.

- Stop ! gueula Eviscéran.

D'un coup du plat de la main, il força un nain à baisser son arme. En retour, le troglodyte le fusilla du regard. Ce duel visuel ne dura guère longtemps, le vétéran ayant trop d'expérience en la matière pour se laisser intimider de la sorte.

- J'ai dit STOP, nom d'un BORDEL ! (Il ajouta à la cantonade.) Si l'un d'entre vous touche accidentellement une de mes femelles, je le lamine dans la seconde qui suit !

Ils parurent comprendre le message et se concentrèrent aussitôt sur les monstres qui grimpaient toujours.
Voyant Nérénie penchée au-dessus des créneaux, l'Orc noir vint à sa rencontre, son énorme hache à l'épaule.

- Il est toujours dans les parages ?

Il suivit le regard de l'humaine. Les yeux de la noble déchue s'étaient arrondis.

- La Charteresse... Il l'a immobilisée.

- Quoi ?!

L'enfoiré s'en était pris à son vaisseau !


Suite au toucher alchimique de l'ange, un cristal d'alerte s'était activé. Vortek le voyait clignoter et cela ne lui plaisait pas plus qu'à son capitaine.

- Nous avons un problème, annonça Dwëna.

- Explique, exigea aussitôt le Nécromancien.

- Nous sommes coincés. Les chenilles ne répondent plus.

- Elles ont été transformées en or, précisa Véfa.

- Alors nous n'avons plus le choix... (Il se tourna vers Odogara, la seconde favorite d'Eviscéran aux cheveux écarlates.) Il est temps. Tes griffes vont nous être utiles.

La Louve de Sang le regardait sans réagir. Daya Trifid, qui ne se trouvait pourtant pas à coté, mit davantage de distance entre elles. L'atmosphère était encore plus lourde que tout à l'heure, avec ce crash contre la grande muraille...

- C'est quoi, ce regard ?

L'air menaçant, il s'était levé lentement de son siège, l'une de ses mains de fer noir crispée sur le dossier. Odogara, elle, demeurait debout et silencieuse. Ses poings étaient serrés le long de ses flancs.

- Je te déconseille d'essayer de profiter de la confusion pour te rebeller. Tu es puissante mais tu n'iras pas bien loin comme ça.

- Ça m'énerve.

Vortek fronça les sourcils.

- De quoi ?

- Qu'ils s'en prennent à notre nid, dit-elle en faisant volte-face. Je vais les tailler en pièces.

Sur ces paroles, elle quitta la salle des commandes d'un pas furibond.

- Elle a l'air en pétard, commenta Dwëna qui avait retenu son souffle tout du long.

- Elle l'est, confirma Véfa qui, au cas où, suivait sa progression grâce au Résonnant.

- Tant mieux, sourit vicieusement le Drow. Je vous cède les commandes. Les joies du terrain m'appellent.

- Compris ! fit Dwëna.

Il s'en alla sur les traces de l'Ecorchée.


Tandis que Shabel Sealgïr utilisait sa lance depuis sa plate-forme pour harponner les monstres, Ilge Val'jardnesk avait bondi de la sienne afin de tenir le front au beau milieu duquel les golems de Dwëna se battaient vaillamment. Ils tournoyaient comme des toupies, leurs bras aussi tranchants que des hélices, et ne laissaient qu'une infâme bouillie sanglante dans leur sillage. Certains robots avaient malgré tout été emportés par le flot de monstres avant de finir broyés ou décomposés. C'est parmi ces brutes que la demi-ogresse atterrit lourdement. D'entrée de jeu, sa batte monstrueuse s'était abattue avec la puissance d'un éboulement ! Elle n'avait pas pris la peine de compter les victimes et, tout en hurlant, faisait vrombir son arme contondante avec une rage typiquement guerrière.
J'ai parfois tendance à oublier qu'elle n'est pas humaine.
L'ex-mercenaire ne s'imaginait pas capable de l'imiter, et à raison.
Avec le travail qui ne manquait pas autour, Shabel dut s'abstenir de l'admirer. Elle bénéficiait du soutien d'Ökale qui, avec sa maitrise de la terre, protégeait ses angles morts des pattes et des mandibules de l'adversité. La Vierge de Bronze, qui se chamaillait souvent avec la Caverneuse, ne l'avait jamais autant appréciée qu'en cet instant de pure complicité. 


Lorsque le messager de lumière remonta à leur rencontre, Nérénie fut contrainte de reculer sur l'ordre de son maître. Les nains, qui avaient vu l'ange revenir, entreprirent à nouveau de l'atomiser. C'était vain : il était beaucoup trop rapide pour eux. Sans compter les monstres qui n'avaient pas renoncé à leur effroyable ascension.

- Le bel enfoiré...

Le capitaine avait compris son stratagème. Lentement mais sûrement, son alliance avec les nains se retournait contre lui. Cette feinte collaboration virait réelle et menaçait de tous les faire couler, le Barbarium et les barbus défenseurs.
Nérenie, de son côté, ne s'en alarmait pas. Contrairement à son capitaine, elle voulait depuis le début soutenir les assiégés.

- Nous ne céderons pas, dit-elle avec force dévotion. Nous combattrons pour tous, dans l'unité absolue !

Eviscéran jura dans sa barbe. Il ne partageait pas sa bienveillance et son quasi-fanatisme mais avait-il seulement le choix ?
La voix de l'ange s'insinua dans l'esprit de tous les combattants. La menace était réelle. Tant et si bien qu'elle força les nains à revoir leurs priorités sans même que leur prétendue aide de camp à la peau d'obsidienne le leur vocifère.
Un cor de guerre résonna ; c'était un nain plus vieux que les autres, revêtu d'une armure en plaques brune, avec une épaisse barbe blanche divisées en trois tresses, qui soufflait dedans.

- Holà, mes frères ! Resserrez immédiatement les rangs et tenez la ligne ! Faites fi de l'émissaire doré, et concentrez vous sur ces maudits Turtàrchn !

Comme pour donner l'exemple, il s'aligna avec ses congénères avant d'écraser son marteau à long manche sur un rampant qui s'était glissé entre deux créneaux. Malgré sa carapace mi-chitineuse mi-rocailleuse, le Turtàrchn se transforma instantanément en crêpe sanglante mélangée à une vulgaire nappe de décombres.
La venue de cet héroïque donneur d'ordres redonna un peu de mordant aux vaillants troglodytes.
Eviscéran le regardait de biais, presque insolemment, sans trop chercher à capter son regard sous ce casque à protection nasale qu'il avait d'emboîté sur le crâne. D'un violent coup de pied frontal, le capitaine Kroch'mar expulsa une de ces aberrations avant de demander d'une voix sombre :

- Général... ?

- Krönan Bronzchest, s'identifia le nain. A qui ai-je affaire, d'abord ?

- Capitaine Kroch'mar, grogna l'Orc. Vos remparts attirent la merde rampante, on dirait.

- Un mal pour un bien, trancha-t-il. On commençait à s'ennuyer ferme, sur nos remparts.

- Vous n'étiez pas pressé d'arriver.

- J'étais occupé à couler un bronze presque aussi gros que ces saloperies.

- Ah.

Alors que la bataille faisait rage, ces deux robustes cinglés échangeaient aussi aisément que dans un salon de thé ! Heureusement que Nérénie était là pour les seconder. Avec ses boucliers de lumière, elle les protégeait de certains attaques - notamment celles qui ciblaient leurs angles morts. Pour elle, cela faisait partie de l'épreuve imposée par l'envoyé de la surface. Sa magie éclairait les rangs nains plus sûrement que des torches à la flamme dansante.

- Alors c'est elle, la "fille aux cheveux de soleil" qui a tapé dans l'œil du faiseur d'or ?

Tout en défonçant la gueule d'un Turtàrchn, Eviscéran répliqua sèchement :

- Parce que vous en voyez une autre, de blonde, dans les environs ?

- J'imagine que vous n'envisagez pas de vous en débarrasser.

- Vous imaginez bien.

- Dommage. Ma forteresse manque cruellement de filles de joie.

La dite fille de joie ne releva pas l'insulte. Elle était en partie vraie, certes. Mais cela faisait longtemps que Nérénie avait ravalé son orgueil en vue d'assurer sa propre survie au sein du Barbarium. A savoir qu'elle se sentait tout autant concernée par celle des autres filles.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:05
par Benjamin T
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Midas était loin de la muraille lorsqu’un événement étrange survint. Un énorme flash de lumière ! Quand tout le monde put à nouveau voir sans être victime de traces rémanentes dans leur vision, un autre événement étrange était à observer. La grotte était comme éclaboussée par une tâche de soleil. Dans un environnement qui n’était rien d’autre qu’une immense galerie plongée dans les ténèbres : nul doute que certains y verraient un signe d’un Dieu. Qui plus est, cette tâche couleur de soleil avait la même capacité à illuminer qu’une veilleuse.

Etait-ce l’ange qui avait marqué le mur ? Où était-il d’ailleurs ? En relevant la tête, il n’y avait aucune trace de ce grande humanoïde sans ailes. En baissant la tête, parmi la masse grouillante des tanks sur pattes, il n’y avait aucune trace jaune volant avec légèreté et insouciance parmi les machines à tuer organique. Alors où était-il ?

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*BORDEL ! Mais qu’est-ce qui se passe ?! *

La main en appui contre son front et son œil droit, un être humain se retrouvait sur le plancher des vaches. Au-dessus de lui, une étrange tâche sur le mur illuminait la scène de faifles reflets jaunes. Ce qu’il voyait ne lui plaisait pas. Toutes ces armures chitineuses comme mises en lumières. Cette impression que chaque insecte cuirassé portait des richesses sur leur dos. D’ailleurs, certains en étaient carrément. Des sculptures à jamais immobilisés dans l’or.

*Pas le temps de réfléchir, Benjamin ! Va falloir courir si tu ne veux pas crever. Tu chercheras à comprendre après ! *

Il n’y avait pas trente six solutions. Cette énorme muraille défensive qui était défendu à grands coups de détonations et de cris. Mais c’était une cible impossible. Alors que ce véhicule cuirassé aux chaînes en or ? Ca ne semblait pas du tout être un vestige. Ce n’était pas une carcasse abandonnée car il y avait de la vie et des batailles tout autour. Benjamin avait fait son choix. Il allait parier sa survie sur cet étrange véhicule.

*Foutu migraine ! Impossible de me souvenir de ce que je fous ici… *

Il y avait une femme aux cheveux presque blancs qui tenaient le corps-à-corps avec les créatures. Elle était impressionnante, même de loin, avec sa grande batte hérissée de piques. Elle ne faisait pas dans le détail, cette fille. Benjamin hésita même un instant à la rejoindre. Puis, la vision de golems l’assistant l’apaisa bizarrement. Dans un coin de sa tête, il sut qu’elle n’était pas seule. Qu’elle devait être la première ligne d’un groupe. Le bourrin qu’on envoie et qui prend son pied à être assailli de toutes parts.

*On n’a pas le même style vestimentaire elle et moi. *

Benjamin courrait et évitait encore et encore des attaques mortelles. Pas une seule fois il ne tenta de répliquer. Il avait bien un holster accroché à sa ceinture qui tenait son pantalon type militaire. Mais l’armure naturelle couplée à ce qui lui semblait une infinie menace ne l’encourageait pas à gaspiller ses précieuses munitions. Si, là, il en tira une pour crever un œil. Une distraction suffisante pour continuer à courir vers l’engin sécurisé. Et pas une seule fois il réalisa que sous sa veste de cuir noir se trouvait une boursouflure au niveau de son épaule. Monstrueuse forme qui… bougeait. Non, Benjamin ne le réalisa pas. Et il finit par faires de grandes signes à la barbare à la batte en agitant ses deux bras bien en l’air.

« Hey ! J’ai besoin d’aide ! Votre véhicule est bien une mini forteresse imprenable ou pas ? »

Il continua à se rapprocher. En réalité, qu’elle lui dise oui ou non, il comptait entrer dedans. Il préférait gérer une ou deux femmes en colère plutôt qu’une armée d’insectes avec qui il était impossible de communiquer.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:05
par Le Barbarium
Au sommet des remparts, tous les défenseurs purent voir cette lointaine explosion de lumière. S'ils en ignoraient la signification exacte, ils pouvaient malgré tout s'en faire une idée. Celle de l'Orc Noir se voulait rassurante : le pseudo-ange s'était éloigné du champ de bataille ; il s'était peut-être même écrasé contre une stalactite comme une mouche géante. Chose peu probable mais diablement amusante ! Cela donnait davantage de mordant à la puissante hache du capitaine, qui semait la mort dans les rangs ennemis au côté du chieur de nain.
Nérénie, plus croyante, voyait en cet évènement improbable un signe divin. Un marquage de territoire. Une zone qu'il fallait défendre au nom de celui qui l'avait déposée là, cette tâche lumineuse sur laquelle les ténèbres ne parvenait à se refermer complètement. Elle fit donc montre d'une combativité exemplaire. D'une ferveur guerrière qui surprit même son Maître ! La magie protectrice de sa Poupée d'Or était aussi en mesure de blesser l'adversité. Ce que d'ordinaire la noble déchue répugnait à faire.
Haut les cœurs !
Cette femelle avait le don de le faire bander à des moments parfaitement inappropriés.
Une excitation qui, pourtant, n'émoussait en rien sa lourde lame.


Ilge était trop occupée avec ces saloperies rampantes pour se soucier de ce que le plafond leur envoyait. De la lumière ? Et alors ! Les golems de Dwëna en produisaient bien avec leurs cristaux magiques. Ils aménageaient d'ailleurs quelques ouvertures dans la défense ennemie. Shabel en profitait bien, avec son allonge. Elle avait beau être humaine, quand il s'agissait de survoler le ennemis et de leur harponner la tronche, elle excellait ! En même temps, Ökale lui rendait sacrément service avec sa plate-forme de pierre volante. Elle l'y avait rejointe, par ailleurs, et décochait quelques projectiles rocailleux meurtriers sur les Turtàrchn.
Ça, c'est ma championne !
La demi-ogresse grogna en encaissant un coup de patte dans le flanc. Ce n'était pas le premier de la journée. Son corps en dénombrait quelques marques. Des blessures bénignes, pour une combattante de son calibre. L'important étant que ses ennemis ne la renversent pas pour ensuite l'écraser. Là, elle serait dans de beaux draps !

- Vous avez beau être putain de nombreux...

Sa masse broyait les carapaces, brisait des pattes, défonçait d'abominables gueules. L'Implacable la maniait d'une main de maître. Elle ne pesait pas plus lourd qu'une plume, entre ses doigts surentrainés ! A cette force titanesque s'ajoutait bien sûr la puissance destructrice du feu qui coulait dans ses veines. Ilge produisait de belles brèches dans les rangs adverses. Les monstres faisaient un écart pour l'éviter. Ils se bousculaient, se gênaient tantôt dans l'espoir de rejoindre la muraille tantôt pour essayer de faire demi-tour.
Elle ne leur laissait jamais aucune chance !

- Tout ça ne changera rien à votre destin !

Oh oui, elle s'amusait ! La barbare s'en donnait à cœur joie. Elle savourait ce moment intense. Elle en éprouvait grand plaisir jusqu'à ce qu'un... humain - que fout-il ici, celui-là ? - la hèle en lui adressant de grands gestes.
C'est quoi, ce cirque ?
En plein milieu du champ de bataille, ce drôle de type cherchait à communiquer. Il avait demandé, en hurlant par-dessus le brouhaha des créatures, si la Charteresse était en mesure d'assurer sa protection.

- Ha ! Je ne sais pas d'où tu sors, mon lascar, mais je te souhaite bon courage pour y entrer.

Impossible de s'y introduire par en bas : le pont était levé ; la grande porte, obstruée. Les golems, eux, étaient sortis par un compartiment qui n'avait pas tardé à se refermer. Seule la trappe de secours, tout en haut du Rampant des Terres Noires, permettait encore d'y avoir accès. Alors qu'elle frappait dans le tas, Ilge ne la vit pas s'ouvrir à la volée. Pas plus qu'elle ne fit attention à cette mince silhouette qui tombait du ciel. Non : la demi-ogresse ne la reconnut pas avant qu'elle ne s'abatte en plein sur la carapace d'un ennemi, le réduisant en une grosse pulpe sanglante !
De cette purée malodorante, Ilge s'en reçut en travers de la bouche.

- Nom d'un bordel !

Elle cracha par terre.
Odogara Oeil-de-Sang, en acrobate de l'extrême, se redressa souplement. Ses pieds nus trempaient dans la mort. Les Turtàrchn s'avisèrent de cette nouvelle menace. Ils se tournèrent lourdement vers elle. La rousse, jusqu'alors calme, poussa un grognement ténu. Elle fléchit sur ses jambes. D'un bond impossible, elle se retrouva en un éclair sur un monstre qui la toisait. Les griffes de l'Ecorchée émergèrent d'entre ses doigts serrés. Elle s'attaqua, en priorité, aux yeux du curieux avant de labourer tout aussi brutalement le reste de son être !
Le premier mutilé d'une longue liste.
En la regardant faire, Ilge sentit la jalousie faire trembler ses membres musculeux. Elle ne pouvait tout simplement pas se permettre d'être immobile face à pareille vision. Odogara lui avait piqué son titre de championne dans l'arène ; il n'était pas question qu'elle lui vole la vedette au-dehors !

- Ok. On passe aux choses sérieuses !

Faisant tournoyer sa massue, l'Implacable repartit à l'assaut.
Elle n'avait pas le temps d'attacher une laisse autour du cou de cet humain barbu.

Une silhouette drapée de noir contemplait la bataille depuis le sommet de la Charteresse. Vortek, le Nécromancien, en suivait tranquillement le cours. Ses mains métalliques reposaient le long de ses flancs.  Avec elle, en un mouvement il était capable de faire pleuvoir la Foudre Nécrotique sur la marée ennemie. Si le Drow ne s'en servait pas, c'est parce que ses priorités étaient tout autre ; il surveillait la Louve de Sang. Un molosse récalcitrant et extrêmement dangereux. Autrement dit : une arme à double tranchant.
Ne fais pas de bêtise, Sauvageonne. Tu sais que je t'observe...
Il demeurait malgré tout vigilant à tout ce qui se passait sur le champ de bataille. Cet humain, qui n'appartenait pas à son équipage, attira aussitôt son attention. Celui-là aussi, il fallait le surveiller. L'origine de sa présence relevait du mystère.
Bonne ou mauvaise surprise ? Dans l'Outreterre, les bonnes ne courraient pas les galeries.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:06
par Benjamin T
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Et voilà que Benjamin était repoussé. A cause de la masse grouillante d’insectes cuirassés qui progressait selon un esprit de ruche, il dut subir le flux et se faire emporter au risque de… et bien, de finir piétiné. C’est qu’elles étaient grandes les bébêtes !

(pensée chantante) : *Touche-les. Touche-les et ils deviendront des obstacles à la marée montante. *

La tête de Benjamin pivota trop brusquement en arrière pour que ce ne soit pas douloureux. Il y avait eu une voix féminine. Quelque part. Mais il n’y avait personne. Enfin, il y avait ces femmes tout là-bas. Cette espèce de barbare à la batte avec des pics. L’espèce de clocharde déjantée et meurtrières. Il y en avait aussi une autre qui semblait être en retrait et incanter des trucs pierreux de mouvements de ses mains ? Benjamin n’avait pas eu le temps de tout observer correctement. Voilà déjà qu’il devait réagir pour ne pas mourir.

*Ce ne sont pas des obstacles. Ce sont des sortes de taxis démodés, ah ah ! *

La main s’enfonça dans une anfractuosité de l’armure de l’insecte monstrueux. Bizarrement, ça évoqua à Benjamin une prise dans un mur à escalader. Sans être un athlète, il avait grimpé plus d’une falaise lors de différentes missions. L’avantage de cette « falaise » était qu’elle était mobile. Il se servit donc des mouvements de locomotion de la bête pour se propulser, grimper et enfin arriver sur son dos. Dans une position qui ressemblait maintenant à un surfer, il observa ses environs.

*Je suis le nouveau Coubertin. Je vais leur inventer les jeux olympiques à la sauce souterraine. *

C’était donc se laisser emmener vers la muraille ou revenir en arrière vers la forteresse aux chaînes immobilisées dorées. Un éclat. Quelque chose tout en haut. Une paire de main bougea et ce sont les reflets métalliques qui avait attiré son œil. Est-ce qu’il venait de lui faire un signe ? Benjamin était certain avoir ressenti le poids de son regard dans son dos. Sa décision était prise. Ce serait le tank protégé par un groupe de femmes et pas la haute muraille gardée par de petits hommes barbus.

« J’arrive ! »

Manquant tomber, il retrouva son équilibre. Puis commença alors une nouvelle épreuve qui consistait à sauter d’un insecte cuirassé à un autre pour remonter le courant. Ce qu’il ne vit pas, c’est que le premier insecte qu’il avait touché de sa main droite… était tâché d’or. Un observateur réfléchi y verrait les traces de cinq doigts qui s’était accroché dans le relief de l’armure chitineuse. Et là, plus haut, carrément la paume d’une main. Cette insecte parviendrait à grimper un peu plus tard sur ses congénères décédés et pétrifiés. Son chemin l’amènerait auprès d’une certaine Nérénie qui verrait alors un nouveau « miracle ». L’ange était toujours avec eux. Mais… quel était le message ? Quelle était sa signification ?

Il n’allait pas y arriver. C’était une question d’une seconde ou deux avant de prendre un terrible choc. Son pied avait glissé alors qu’un insecte cuirassé était entré en collision avec un autre. Il y avait eu toute une succession de choc qui avait conduit Benjamin à se retrouver allongé par terre. L’image d’un homme attaché à des rails avec un train lui arrivant dessus flasha derrière ces yeux. Quelle était la cause de cette mort à venir ? La conjugaison d’une demi-ogresse associée à une clocharde en guenilles qui réveillait la peur dans les cerveaux reptiliens.

« Pas le choix ! »

Sans regarder l’Omnitrix, sa main pressa le cadran et il se transforma. Douloureux. Bizarre. Et tant d’autres sensations en moins d’une seconde. Il n’était plus Benjamin, il était…
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« Incassable ! »

Il avait recommencé. Crier le nom de l’alien qu’il avait surnommé de cette manière quand il avait dix ans. Désormais, Benjamin était Incassable. Un humanoïde au corps de cristaux couleur émeraude. Sa combinaison noire et blanche lui donnait un peu un aspect de super-héros. Avec ces nouveaux pouvoirs qui consistaient à projeter des éclats de cristaux ou, en posant les mains sur le sol, à faire jaillir des stalagmites : il put finir de se frayer un chemin et partir à l’assaut de la forteresse blindée. Un peu d’escalade. Quelques sauts. Quelques petits « piercings » pour le véhicule et il se retrouvait face à cet homme aux mains de fer. (et oui, il avait usé de son pouvoir pour faire croitre des cristaux directement depuis la carlingue. Entre ça et les chaînes dorées…)

« Salut, le ténébreux ! Tu me laisses rentrer à l’intérieur ? Promis je m’essuie les pieds sur le tapis à l’entrée. »

Ce qu’Incassable n’avait pas remarqué ? Dans son épaule droite irradiait une lumière dorée. On pouvait voir à travers les différentes facettes du cristal couleur émeraude. Il y avait une sorte de petite créature aux formes féminines. Comme une sorte de petite fée portant un voile et la couleur de l’or…
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Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:06
par Le Barbarium
- Rooaaarrh ha ha ha ha !

Le capitaine Kroch'mar prenait un pied d'enfer ! Il avait cessé de compter le nombre de victimes tombées sous les coups de sa hache. Par contre, il avait remarqué que de ces monstres, il en arrivait un petit peu moins.
Ça veut dire que mes pouliches bossent bien, en bas.
Quoi de plus encourageant ? Eviscéran se sentait d'humeur à faire durer le plaisir ! Alors que lui combattait torse nu, les nains, eux, engoncés dans leurs armures de plaques, transpiraient à s'en dessécher la peau. Leur chef sentait presque aussi fort que l'unité entière ! l'Orc Noir avait du flair - ce qui n'est pas toujours un cadeau - et parvenait très bien à faire la différence entre un et plusieurs culs merdeux.

- Vot' talent pour la boucherie donne du mordant à mes hommes, grand orc ! Que diriez-vous d'intégrer not' forteresse  ? Lorsque tout ce merdier sera enfin terminé, cela va de soi !

Avec son marteau en main, le nain ne se laissait pas le moins du monde malmener par les monstres. Et quand il reprenait son souffle, il y avait toujours un de ses sous-fifres, non loin, pour lui sauver les miches à coup de canon portatif ou de masse d'armes.
Un travail d'équipe vraiment admirable - même pour un sans-cœur comme ce diable de vétéran de l'arène à la peau sombre.

- Pfah ! Avec tout l'aide qu'on vient de vous fournir, vous nous devez bien le gîte et le couvert, répondit-il. Mes esclaves et moi, nous célébrerons la victoire comme il se doit - et à vos frais.

- T'es sacrément culotté, mon gaillard ! Mais z'étes bien moins nombreux que nous, alors pourquoi pas festoyer ensemble plutôt que nous tirer sur les tresses, hein ? Si on peut s'le permettre, alors autant s'la mettre !

- Oh, mais bien sûr que vous le pouvez, grogna le capitaine.

- Par contre, je regrette mais il n'peut pas y avoir d'fête sans un alcool fort et quelques jolis petits culs bien rebondis.

- Bien vrai, ça, admit l'orc en jetant un coup d'œil en coin à Nérénie. Respectez votre parole et je m'assurerai qu'une fois l'argent avancé, les chopines ne seront pas les seules à être remplies à ras bord.

- Oh-ho ! Ça roule plus sûrement qu'vôtre monstre de fer !

Bon ! Eh bien, au moins Nérénie savait ce qui les attendrait une fois ce combat mené à son terme... il allait lui falloir avoir une petite conversation avec les autres filles, histoire de tuer dans l'œuf toute tentative de vaine rébellion de leur part. Les esclaves du Brise-Monts éprouvaient toujours quelques difficultés à accepter leur condition - et les devoirs que cela impliquait. La noble déchue les comprenait très bien, sauf qu'elle appartenait à l'Orc Noir depuis un bon moment déjà et qu'elle avait fini par se résigner à cette vie mouvementée en "famille"...
Cette responsabilité qui m'incombe est plus importante que la leur. Peut-être que, dans le fond, je les dégoûte en tant que favorite du tristement célèbre Brise-Monts et qu'elles n'osent pas me le dire en face ? Peu importe, à vrai dire ! Je dois faire ce qui me semble être le mieux pour tout le monde. Une peine commune, partagée de façon équitable ; c'est ainsi que les membres d'une même famille parviennent à se souder et à se renforcer.
La Poupée d'Or y croyait dur comme fer ! Elle refusait de se laisser aller, de baisser les bras ou, pire encore, de se suicider pour fuir la conséquence de ses choix. Elle s'évertuait à...
Un Turtàrchn jaillit de nulle part ! Il était déjà bien trop proche pour qu'elle puisse l'éviter. Le temps lui faisait cruellement défaut pour invoquer une protection suffisamment dense pour...

- Reste concentrée !

Un bras puissant s'était refermé autour de ses hanches étroites avant de la tirer à l'écart du danger. C'était celui de son capitaine possessif - le seul amant qu'elle aie jamais connu de son misérable vivant - qui arrivait à se monter presque tendre, à de rares occasions...
Sa hache décrivit une courbe verticale, déchirant à la manière d'une guillotine la gueule mandibulaire de la créature qui s'affala sur place - comme foudroyée nette par un éclair fait d'acier !
La noble déchue bascula brutalement sur ses appuis.
Eviscéran la fusillait du regard.

- Ne réfléchis pas trop ! Sur un champ de bataille, le plus petit moment d'égarement est par trop souvent synonyme de mort. La tienne n'est pas prévue au programme.

- La votre non plus ne doit pas être négligée.

Cette fois-ci, Nérénie eut le temps d'invoquer son pouvoir ! Sa barrière lumineuse engloba son maître, le protégeant instamment de l'étreinte d'un autre Turtàrchn. Dans un hurlement de guerrier, Eviscéran frappa entre les pattes du mastodonte, qu'il ouvrit en deux en même temps que le bouclier magique. Dans le processus, sa morpho-hache, conformément à ses propriétés latentes, s'était transformée en un monstrueux espadon. La longue lame était imprégnée de sang noir.

- Hrmpf ! Beau travail, Poupée d'Or. Cela m'apprendra à te faire la morale.

En se ruant la gueule grande ouverte sur un nouvel adversaire, le capitaine dissimula soigneusement son embarras. Ainsi que sa gaule, accessoirement.
Sacrée femelle !
A moitié souriante, la concernée arrêta subitement son regard sur la cuirasse du Turtàrchn. Elle discerna les quelques taches d'or qui mouchetaient ses pointes. Les empreintes de l'ange ! Mais d'une dimension... curieusement humaine ?
Il ne s'est pas volatilisé. Il... ne nous a pas abandonnés.
Elle le savait, oui ! Le doute n'avait plus sa place. De quoi la motiver d'autant plus à repousser cette invasion de grande ampleur ! Une ferveur renouvelée au nom de ce lumineux messager de la surface.


Alors que les monstres l'avaient envoyé baladé, l'humain s'était subitement métamorphosé en une sorte de golem de cristal. Vortek en éprouva de la surprise ; il n'avait ressenti aucune magie émaner de ce mortel, pas plus qu'il n'en sentait, en cet instant miraculeux, émaner de cette nouvelle forme de combat qu'il avait adoptée.
Intéressant spécimen que nous avons là...
Stoïque, il assistait à son combat pour la survie, puis à son ascension sur l'épaisse carrosserie de la Charteresse. Le monstre paraissait diablement agile malgré les apparences ! Des mouvements qui trahissaient une certaine habitude, plus qu'une légèreté de cette enveloppe de pierres polies.
Lorsqu'il fut tout près de lui, le Nécromancien s'était gardé de tout mouvement. Il n'avait pas besoin de s'exciter pour que ses doigts caparaçonnés de fer noir crachent une douloureuse chaîne d'éclairs verdâtres - même pour une entité à la chair rocailleuse.

- Te laisser entrer ? Pour quoi faire ? Pour que tu puisses te mettre à l'abri alors que des femmes moins bien pourvues que toi se battent comme des lionnes ? (Vortek sourit - une expressions dénuée de toute chaleur et de charme.) Délicieusement ironique de la part d'un colosse qui se fait appeler "Incassable".

Il l'avait entendu crier son nom, oui. Vortek, en plus d'être un excellent observateur, avait l'ouïe fine. Plus fine que la plupart de ses congénères. Alors qu'il était sur le point d'envoyer paître ce grand lâche, le Drow s'avisa de cette curieuse lueur sur son épaule d'émeraude.  Un feu doré, certes plus faible que cette éblouissante explosion de lumière survenue un peu plus tôt, mais qui n'en demeurait pas moins... familier. Et incompréhensible, car il était enfermé dans le cristal sous une forme vaguement humaine.
D'un doigt griffu, le nécromancien pointa la curiosité fossilisée.

- Ne bouge pas, homme de pierre. Tu as un ersatz de mouche accroché à ton épaule.

Comptait-il la lui enlever en vue de l'étudier ?
Pas spécialement.
Par mesure de précaution, Vortek lui décocha un éclair. La décharge, dans son format classique, n'aurait eu absolument aucun effet sur une surface non-organique. Mais le Nécromancien l'avait calibrée autrement de sorte à pouvoir produire l'effet inverse, à savoir : rien sur la chair, tout sur la matière solide !
Une douleur effroyable comme il n'en avait jamais connu auparavant traversa alors l'épaule du colosse avant qu'elle n'explose dans une gerbe d'échardes de cristal.

- Quel vilain petit cachotier tu fais, jubila le "ténébreux". En plus d'avoir oublié de me donner ton nom, tu as oublié de me présenter ton hôte.

Visiblement, il était impossible d'entrer dans le Rampant des Terres Noires comme dans un moulin. Surtout en plein milieu d'une bataille.

- Prouve-moi ta bonne foi au combat, mutant, et peut-être que je t'accorderai le droit de t'asseoir tranquillement dans un coin.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:06
par Benjamin T
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Benjamin ne le savait pas. Mais la Voix de Midas avait bien touché « la fille aux cheveux d’or ». Nérénie avait reçu son message. Sa foi venait de gagner un nouveau niveau. Ce qui lui donnait suffisamment de force pour se jeter dans la bataille. Mais surtout : y survivre au côté de son odieux et musculeux Maître.
*
**
Incassable faisait face à un stéréotype de méchant. La gueule couleur de cendres. Les cheveux blancs. Des crocs. Quoique… celui-là avait d’étranges gantelets aux mains. Est-ce que lui aussi s’était retrouvé pris dans cette marée montante d’insectes caparaçonnés ? Non. Il connaissait les filles-guerrières de cet engin cuirassé. Il faisait partie de… cet équipage ? Ce groupe ? Cette milice ? Incassable n’en savait rien. Et dans l’immédiat, ça importait peu. Il souhaitait seulement trouver une place forte où attendre que le danger se soit éloigné à des kilomètres de lui.

« Un quoi ? »

Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire « un ersatz de mouche accroché » ? Il n’eut pas le temps de tourner la tête qu’une terrible douleur lui foudroyait l’épaule et éclatait son épaule ! C’était probablement aussi douloureux que de prendre corps dans cette forme alien. Mais l’Omnitrix infligeait cette épreuve le temps de moins d’une seconde. Présentement, la seconde était déjà passée depuis plusieurs !

« JE VAIS TE-… ! »

Ca pulsait dans son épaule. Ca… chantait ? Comment ça pouvait chantait ?!

(pensée chantante) : *Liiibre ! *

Qu’est-ce qu’avait dit le pseudo-vilain ? Incassable n’en avait aucune idée. Entre les vagues de douleurs et ces pensées angéliques dans sa tête, il était complètement à la dérive. A la fois en esprit et en corps. Ca pulsait dans son épaule. Et ce n’était plus seulement la douleur. Quelque chose « envoyait des ondes ». Bizarrement, Incassable eut cette image des cercles concentriques qui se répandent dans l’eau. Sauf qu’il imaginait de la lumière et non des cercles noirs. Et…

Ce fut à l’autre homme de gueuler sa douleur et sa surprise. Ce qu’il avait surnommé son « hôte » venait de « chanter ». L’esprit de Midas venait de toucher la matière et opérait une alchimie. Il n’avait pas eu besoin de contact physique. Après tout, en regardant de très près la matière, elle était faite énormément de vide. De plus, le chant était une onde. Tout cela faisait que l’esprit de Midas était parvenu à « toucher » le gantelet de fer noir. Avec un peu de chance, il ne perdrait peut-être pas sa main ? Mais l’extrémité de ses doigts devaient valoir l’onéreuse richesse d’une couronne de Roi. A attaquer sans savoir, on récoltait une contre-attaque à égale mesure. Il n’avait que ses yeux pour pleurer. Si, de bien entendu, un tel être marqué par la malfaisance en était seulement capable.

« Qu’est-ce que tu m’as fait ?! Pourquoi tu m’as attaqué ? »

Incassable tourna seulement son visage vers son épaule. Au niveau de l’impact, les cristaux émeraude était de couleur or et ne laissait plus passer la lumière. La peur se répandait dans l’esprit de l’alien. Le processus de régénération ne fonctionnait pas ! Et… et…

« Qu’est-ce que c’est que ce truc ?!! Enlève-moi ça ! »

(pensée chantante) : *Je pourrais chanter pour toi : la la la ! L’immortaliser dans une beauté dorée éternelle. Et puis nous pourrions retourner là-haut. Elle nous attend. La fille aux cheveux d’or. *

Les mains de cristal émeraude firent étau sur sa tête. Mais ça ne servait à rien. Ca n’avait aucune incidence sur la voix cristalline. Alors Incassable gueula encore. Pour exorciser sa douleur. Son incompréhension. Cette chose reliée par un fil d’or à son épaule.

« Ca suffit les conneries, laisse-moi passer ! »

Son adversaire devait souffrir de douleur ou d’au moins d’incompréhension. Un rageur coup d’épaule couplé à quelques cristaux bien placé au niveau de ses appuis ne lui permettraient pas d’endiguer cette charge de taureau.

Incassable ne perdit pas de temps et se jeta à l’intérieur du cuirassé immobilisé.

*Qu’est-ce qu’il m’arrive… mais qu’est-ce qu’il m’arrive, bordel… *

Sa main s’apprêtait à appuyer sur le cadran de l’Omnitrix. Pour redevenir humain. Non, pour prendre possession d’un autre alien. Il fallait qu’il accède à des compétences particulières s’il voulait survivre. Et pendant ce temps, l’esprit de Midas était tel un petit phare au milieu de la nuée. Une lumière qui, ici et là, transformait des parties organiques en or. Une certaine masse à pic subit elle aussi à son tour un changement de poids et de densité. Plus lourde. Plus brillante. Si lumineuse.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:06
par Le Barbarium
Vortek ricanait. Il riait au nez de ce colosse de cristal, oui ! Un imbécile qui croyait que les politesses seules pourraient lui permettre de trouver un abri de fortune à l'intérieur de la Charteresse. Un étourdi qui n'avait même pas fait attention à son "parasite de lumière". Si le Nécromancien en ignorait la nature exacte, il se méfiait toujours de ce type de créature. Lui préférait de loin les ténèbres et ses sinistres séides.

- Que vas-tu me faire, pantin de pierre ? Me curer le nez avec tes pointes rutilantes ? Tes bonnes manières me donnent envie de vomir et... (Il s'interrompit, ses oreilles sombres et pointues animées d'un mouvement quasi imperceptible.) Cette chanson, c'est... quoi ?!

Il avait perdu le contrôle de son gantelet. De cette prothèse maléfique que de l'or avait recouvert comme par magie !
Le Drow grimaça d'horreur. Un sort lui avait été jeté alors qu'il ne l'avait même pas senti approcher ! Comment cela était-il seulement  possible ? Les yeux jaunes du Nécromancien se braquèrent sur le pseudo golem.

- Que me racontes-tu là, raclure de change-forme ? Ne comprends-tu pas que c'est de ta faute ?!

Vortek voulut lui balancer un éclair. Mais il le fit de la mauvaise main - triste habitude ? - alors que le colosse était déjà sur lui, en plus d'avoir pris ses dispositions pour le "clouer" sur place à l'aide de ses cristaux.

- Maudit bâtard !

Son troisième éclair nécrotique de la journée avait rebondi sur la trappe. Le salaud de pierre s'était glissé in extremis de l'autre côté ! Vortek n'avait d'autre choix que de le poursuivre pour...

- Hé, vice-capitaine !

C'était Ilge, la demi-ogresse tribale, qui cherchait à attirer son attention.

- Je crois que notre sanglante championne commence à perdre légèrement les pédales.

Le Nécromancien riva ses yeux acides sur la Louve de Sang. Le regard d'un bleu faussement innocent, elle se déchainait au beau milieu d'un impressionnant monticule de cadavres ! Elle avait essuyé de nombreux coups à force d'éplucher ses ennemis vivants et, bien que sa peau se régénérait très rapidement, cela avait fini par l'énerver encore plus. Cette montée de violence brouillait sa logique et nuisait à son self-control. Vortek la savait à deux doigts de se transformer en chien de l'enfer.

- Nom d'une puterelle !

Il devait revoir ses priorités. Sinon les autres esclaves risqueraient fort de faire office de dommages collatéraux. Et si jamais Eviscéran, son collaborateur exécrable, perdait ses précieuses pouliches Vortek en pâtirait lui aussi...
Après une très brève réflexion, le Drow rassembla ses pouvoirs et se focalisa sur le sceau incrusté dans la nuque de la Sauvageonne.


Entretemps, Véfa, la Sondeuse, avait détecté une intrusion dans le vaisseau par l'intermédiaire du Résonant. Par conséquent, en tant que troisième figure d'autorité de l'équipage, elle avait dépêché Daya Trifid pour cette mission d'interception. La petite blonde assassine, aussi baptisée "Fausse-Couche" en raison de son hybridation partielle, s'était projetée à la rencontre de l'intrus. Pour ce faire, afin de ne pas être vue, la jeune femme se fondait dans les ombres à la manière d'un ninja. Une fois la cible dans son collimateur, elle n'attaqua pas tout de suite, préférant l'étudier bien à l'abri. Elle observait silencieusement cette montagne de cristal qui avait concentré toute son attention sur une sorte de cadran incrusté dans son corps.
Un point faible ? Une arme de dernier recours ?
Le géant n'avait pas l'air en grande forme...
Daya Trifid s'empara d'une de ses lames courtes et, sans plus de cérémonie, l'envoya, d'un geste rapide et mesuré, se loger dans ce qui était en fait l'Omnitryx.


Sur les remparts, les défenseurs tenaient bon. Le moral était en hausse ! Pas seulement celui de Nérénie qui, en étroite collaboration avec son Maître, faisait des merveilles. Le chef de guerre nain n'était pas en reste. Il gérait ses troupes d'une main de maître. Sans doute que la promesse d'une orgie n'y était pas pour rien dans cette histoire. Car c'est bien connu avec les troglodytes de ce genre : après le combat et quelques chopines de bière mousseuse, rien de tel qu'une bonne paire de cuisses pour dégager la tension d'une rude journée ! Krönan Bronzchest devait lutter pour ne pas franchir les étapes ; son regard lubrique avait tendance à se tourner machinalement sur le derrière rebondi de la seule blonde qui les épaulait. Une femme compétente en matière de magie, de toute évidence ! Une lancière particulièrement douée, oui. Dommage qu'elle appartenait à cette maudite peau sombre et musculeuse...
Alors qu'il combattait, le nain en armure réfléchissait à un plan sordide qui pourrait bien lui permettre d'économiser ses richesses et d'en amasser d'autres, bien plus tendres et juteuses, au lieu de n'en profiter qu'une seule pauvre petite nuit sous la direction d'une brute grotesque.
Midas, qui approchait du champ de bataille sous sa forme volatile, n'était décidément pas le seul à convoiter la fille aux cheveux d'or.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:07
par Benjamin T
Il était temps que les muscles ferment un peu leur gueule !

Un nouveau nain se faisait sa propre place sur la muraille envahie par des espèces de gros insectes intéressants. Si seulement sa frangine de forgeronne avait été là pour admirer ces cuirasses naturelles parfaites. Elle en aurait mouillé sa culotte ! Bref. Il fallait que Heffa Zeustoss se concentre. C’est qu’il avait un sacré angle mort avec son œil droit déglingué.
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Heffa Zeustoss : « Hey ! Krönan ! Il a fallu que je me ramène. Ca commence à jacter dans les chaumières. T’es plus capable de repousser quelques insectes ? Tu sais que la bière réchauffe ! »

Le nain se ramenait sur le champ de bataille avec un tablier, une grosse paire de gants et le cigare aux lèvres. Aux vrais ! Il n’était pas question de poser un bronze où que ce soit. Les blagues scatophiles, ça va un moment. Après ça commence vite à sentir et à prendre à la gorge. Donc !

(BOOM !)

Krönan Bronzchest : « T’as ramené le déambulateur, papy ? »

Heffa Zeustoss : « Fous-toi encore de ma gueule et tu monteras la prochaine fois au front avec une couche-culotte tellement je t’aurai agrandi ton trou de fion ! »

Il était vrai qu’après avoir entendu le terme de déambulateur, il était difficile de ne pas voir le petit chariot tiré par une corde comme un vrai canon efficace. Et pourtant, l’impact avait eu de quoi provoquer des sifflements dans les oreilles naines trop près. Pour preuve, l’insecte cuirassé était reparti s’écraser de l’autre côté de la muraille avec un gros trou dans le corps.

Krönan Bronzchest : « Si t’es là, l’ancêtre, c’est que les systèmes doivent être prêt ? »

Heffa Zeustoss : « Ouais ! Ils vont en chier leur race : hey hey ! »

Derrière le vieux nain qui était très loin d’être grabataire se trouvait un petit escadron de nains en… c’était bizarre. Il y avait un tablier et par-dessus une blouse blanche. Un modèle qui paraissait bien lourd et faisait penser à une cotte de mailles. Sans être des guerriers, il n’en paraissait pas faible. Mais ils avaient définitivement cette image du groupe scientifique et intellectuelle.

Heffa Zeustoss : « Bougez-vous le cul et faites-moi frire ses insectes ! »

Krönan Bronzchest : « Ouais. T’as quand même un langage très porté sur le cul, hein ! »

Les nains du chef ingénieur se ruèrent vers des manivelles. Certaines se trouvaient en plein milieu de l’ennemi. Des marteaux de taille ridicule, comparés aux armes de guerre, furent sortis pour se défendre et attaquer. Des coups « pour la forme » car les vrais guerriers nains attaquaient et défendaient leurs camarades en blouse blanche. Très vite, tout le mécanisme fut ouvert. Un système à basculement déversa de l’huile bouillante sur les insectes carapaçonnés. S’il y avait des meurtres, il y avait aussi des percement d’armures. Ceux qui parvenaient à monter devenaient des proies bien plus faciles pour les guerriers nains.

Heffa Zeustoss : « Activez vos miches et descendez à l’étage du dessous. Je veux que toutes les lignes d’huile bouillante soit activées dans les dix minutes ! »
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Dans le cuirassé aux chaînes d’or immobilisantes, une lame sortie des ombres et vint frapper l’artefact au poignet du colosse de cristaux. La réaction fut… étrange. Le jet était d’une adresse remarquable. Pour autant, l’Omnitrix n’allait pas se briser si facilement. En fait, il sembla que ce fut l’alien envahisseur qui se brisa. Des fissures qui se propagèrent sur tout son corps émeraude et qui semblait la promesse de réelles blessures profondes.

Et très vite les fissures se remplirent d’un liquide qui avait la couleur, la texture et la luminosité de l’or. Un esprit suffisamment attentif aurait remarqué que le liquide coulait depuis une source. Comme l’eau d’une rivière coule depuis le sommet d’une montagne pour se répandre dans les anfractuosités. L’esprit de Midas, la voix chantante : c’était elle la source du remplissage. Et à ce moment, l’esprit de Midas obtint son nom et devint Kintsugi. (qui signifie « jointure en or » en japonais ; une technique pour magnifier des objets brisés).

« Quoi ?! »

Réalisant la petite entaille sur le cadran de l’artefact : c’est dans un mouvement de panique qu’Incassable appuie sur le mécanisme pour provoquer… il ne sait pas quoi, en fait. Une remise à zéro ? L’activation d’un processus d’auto-régénération ? L’esprit d’Incassable n’était plus capable d’une réflexion faite avec sang-froid. Alors il déclencha l’Omnitrix et…

…vit la pousse de deux nouveaux bras !

« Quoi ?! NON ! »

Si les deux nouveaux membres étaient rouges et appartenaient sans aucune hésitation à un nouvel alien du nom de Quad, la glace et les fissures d’or se propagèrent sur ces nouveaux membres.

« NON ! »

(bruit de banquise qui se fissure en deux !)

« Mais nON ! »

Son bras droit, celui qui emprisonnait alors l’esprit de Midas maintenant devenu Kintsugi tomba par terre et rebondit une fois. Incassable frappa à nouveau l’Omnitrix de deuxième et maintenant unique bras droit.

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Heffa Zeustoss : « Putain ça donne faim cette odeur de friture ! Alors, ils sont pas efficaces mes minions, Krönan ? Et j’ai encore en réserve une arme secrète si ça fait pas dégager les insectes. »

Krönan Bronzchest : « Quoi ? NON pas question ! Hors de question d’empuantir encore la galerie et notre forteresse de l’odeur de nos fions ! Je préfère me faire bouffer la barbe par cette horreur en armure plutôt que de sentir le jus de cul des semaines durant ! »

Peut-être que le chef ingénieur n’aurait pas à sortir le gaz sobrement intitulé « gaz marron ». Car les insectes caparaçonnés commençaient à faire machine arrière. Qu’il y ait eu appel instinctif, peur d’un prédateur ou autre : la quantité de perte avait atteint un point impossible. Il fallait fuir pour survivre ! Quitte à fuir vers une autre mort.

Krönan Bronzchest : « Hey, grand orc ! On dirait bien qu’on va pouvoir se saouler et remplir des petits culs, hein ! »

Heffa Zeustoss : « Ah ouais ? Et les petites sont pas dégoûtés par les vieillards encore bien vigoureux ? »
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« Je… »

La transformation alien avait « enfin » cessé. Benjamin était de nouveau sous sa forme humaine. Une tête. Deux bras. Deux jambes. Tout semblait correct et bien positionné. Si ce n’était une terrible fatigue qui le frappa comme d’un coup de massue derrière la tête.

Il s’écroula au sol.

Inconscient…



Excepté que son corps n’avait pas entièrement recouvré sa forme totalement humaine. Au niveau de son épaule droite se trouvait un trou impossible. Il n’y avait pas d’effusion de sang. Il n’y avait pas visibilité sur le système muscles/os. Un trou noir. Profondément noir. Quelqu’un aurait-il la folie de vouloir s’essayer à y couler un doigt ?... Ce trou se trouvait à l’emplacement où Kintsugi avait élu domicile lorsque Midas avait fait place à Incassable.

Quel était ce nouveau bordel ?! Etait-ce un nouveau genre de maladie causé par cet incroyable artefact qui, peu importait la force mise en œuvre, était « collé » à l’ADN même du corps humain ? Impossible de lui retirer l’artefact. Ou alors, il faudrait éventuellement penser à une ablation d’une partie du bras…

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:07
par Le Barbarium
Eviscéran se devait bien d'admettre que les nains se débrouillaient comme des petits chefs ! Ces troglodytes le rebutaient, au fond de lui même. Pourtant, il lui fallait les supporter, les tolérer...
Ce que sa Poupée d'Or parvenait à faire avec une facilité déconcertante !
Les religieuses, c'est vraiment trop fleur bleue.
Mais alors pourquoi prenait-il autant plaisir à jouer avec cette humaine ? Qu'admirait-il vraiment chez elle en dehors, bien sûr, de son corps de sainte qu'il avait déjà maintes fois profané ?
Le premier connard que j'entends me traiter d'"amoureux" aiguisera le coin de plus pointu de ma hache avec son foutu crâne d'écervelé !
Paradoxalement, cette rage contenue l'aidait à voir plus clair dans ses combats. S'il récoltait des blessures de temps à autres, il ne les sentait même pas. Son esprit n'était pas entièrement celui d'un berserk. Le capitaine Kroch'mar avait depuis longtemps passé l'âge de sombrer dans une folie destructrice et de se découvrir tout couvert de sang à son réveil.
Parce que je suis entouré de femmes, j'ai appris à mieux me doser.
Il lui fallait économiser des forces pour toutes les honorer. Des moments dont il était le maître et le parfait décisionnaire. Grand privilège de capitaine ! Alors qu'il continuait à faire vrombir sa puissante lame sous le hurlement assourdissant des canons apportés par les nouveaux nains, l'Orc Noir s'interrogeait toujours sur la meilleure façon d'éliminer son concurrent nain. En s'y prenant bien, peut-être même qu'il pourrait s'emparer de cette forteresse et s'en faire un hangar surprotégé ?
L'idée le faisait bander aussi sûrement que celle de partager un nouveau coït avec sa favorite.


Daya Trifid avait l'impression d'avoir fait une bêtise. Sa lame avait ricoché contre l'accessoire de sa cible sans toutefois le fracasser. En fait, bizarrement, ce fut son porteur qui en fit les frais. Une étrange mutation était en train d'avoir lieu. L'intrus avait beau s'échiner sur son appareil que cela ne servait à rien. C'était même, au contraire, bien pire : à force de presser cet énorme bouton collé à son poignet, deux nouveaux bras lui avaient poussé. La Caustique crut alors comprendre, en voyant les fissure d'or et la glace se répandre sur ces membres énormes, que leur propriétaire dysfonctionnait dangereusement...
Il ne fait pas bon vivre par ici.
Son instinct lui hurlait de prendre la poudre d'escampette. Mais, d'un certain côté, le mutant ne l'avait pas encore repérée.
Elle pouvait donc se permettre un autre coup d'œil, non ?
Un bruit de choc attira son attention.
Le spécimen de foire avait perdu un de ses bras. Et il s'agissait du droit.


Les cascades d'huile bouillante des ingénieurs nains avaient produit un beau petit miracle ! Eviscéran avait beau trouvé Heffa Zeustoss le borgne aussi crade que ses congénères courts-sur-pattes, ce type là possédait un certain génie...
Son feu liquide est une arme de dissuasion massive.
Qu'avait-il fait de son côté, mis à part empêché quelques insectes carapaçonnés de s'approcher des nains en blouse blanche pour qu'ils puissent finir le boulot ?
Présenté comme c'est, je risque de devoir forcer mes pouliches à écarter les cuisses pour un régiment de nains.
Malgré la perspective d'une bonne rémunération à la clé, le capitaine eut une grimace écœurante.
Dwëna ne fera pas la fine bouche. Elle a été éduquée par des nains alors elle pourra bien baiser avec eux, qu'elle importance ? Ilge et Ökale apprécient les mâles musclés - surtout s'ils sont bien membrés - ; elles voudront bien participer à cet effort de guerre. Mais Daya, Shabel et Odogara ? Elles vont certainement me poser problème, ces petites salopes...
Les turtàrchns battaient en retraite. Les nains s'ovationnaient mutuellement comme s'ils s'étaient déjà enfilés plus d'une bière autour de la grande table.
Je hume la chiasse propre à une situation bien merdique.
Le glorieux capitaine dissimulait son trouble sous ses grands airs de guerriers. Krönan et son compagnon à moitié aveugle ne parlaient déjà plus que du service en nature. Une orgie en prévision, sans limite d'âge aucune !

- Une promesse est une promesse.

Lance au poing, Nérénie avait rejoint son supérieur. Elle aussi n'affichait pas grande émotion. Humble jusqu'au bout des ongles, cette charmante blonde !

- J'ai tout entendu.

Les yeux noirs de l'orc pivotèrent vers elle.
Du chantage en devenir ?
Ses gros poings noirs se resserraient.

- Dois-je vous les préparer en vue de ce... banquet spécial ?

Il y eut un blanc sonore.
Le capitaine Kroch'mar réfléchissait tout en se demandant si sa favorite n'essayait pas de renforcer sa position au sein de la Charteresse, à défaut de pouvoir s'en échapper comme elle avait essayé de le faire par le passé ?
Il desserra les poings.

- Je porterai mes burnes en allant personnellement leur annoncer la nouvelle. (Avant de la dépasser, il s'arrêta pour lui déposa une main reconnaissante - voire paternelle - sur l'épaule.) Tu te chargeras de leur trouver une tenue adéquate. Si les nains doivent juter, je veux qu'ils le fassent le plus vite possible pour que nos filles aient le moins à en pâtir.

- Vous ne devriez pas les sous-estimer ainsi, répondit Nérénie.

- Pardon ?

- C'est vous qui les avez formées, non ? Ce sont toutes vos championnes. En refusant de leur accorder confiance, vous refusez de vous faire confiance à vous-même.

L'Orc la regarda intensément. Il la trouvait changée. Plus mâture, plus réaliste, comme habitée par de nouvelles résolutions.

- Alors c'est aujourd'hui que nous allons pouvoir faire le bilan de tout ce qu'elles ont appris.

Il s'en alla les rejoindre. La noble déchue jeta un denier regard aux nains avant de lui emboiter le pas.
Krönan Bronzchest n'avait plus d'yeux que pour elle - et son cul, bien évidemment !


Le mutant s'était écroulé. Son corps, à la fin du processus chaotique, était redevenu celui d'un être humain ordinaire...
A l'exception, constata Daya Trifid, de son épaule droite.
Il y avait un trou, à la place. Non pas un quelconque orifice organique, mais bel et bien un "trou noir" sans fond ! Il était impossible de voir à travers ; l'assassine blonde s'en était approchée pour en être sûre. Bien qu'elle refusait catégoriquement de plonger la mains là-dedans.
Les précautions d'abord, toujours.
Même si elle avait enfilé ses gants noirs, le risque d'une réaction "allergique" ou d'une contamination atypique lui paraissait beaucoup trop élevé. Daya Trifid n'avait pas survécu jusqu'ici, en manipulant des poisons complexes aux côtés de son Maître Drow, sans y réfléchir à deux fois avant de tripoter de la matière suspecte.
La Caustique fit dériver son regard vers la montre collée au bras de l'humain.
Dois-je l'amputer ?
D'un coup bien placé, cela lui semblait tout à fait envisageable. Mais était-ce vraiment nécessaire ? Pire encore, cette perspective entrait-elle en compte dans les potentiels calculs de Vortek ?
Trop de zones d'ombre pour une mesure aussi extrême.
Elle vérifia le pouls de l'humain avant d'aller chercher un filet d'arrimage accroché à un mur, dans un couloir proche, et de l'empêtrer en prenant bien garde à ne pas toucher son épaule bizarre. Puis elle le traîna silencieusement jusqu'au laboratoire, qui faisait également office d'infirmerie.
Quant au bras coupé du colosse ? Il n'avait pas bougé de sa position.

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 20 août 2024 19:49
par Benjamin T
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Benjamin ne s’était pas réveillé. Pas même quand celle qui avait voulu le tuer depuis les ombres avait commencé à le saucissonner avec ce qui traînait. Ce n’était pas normal. Elle ne pouvait pas le savoir tandis qu’elle évitait la zone d’un noir profond sur son épaule et le tirait vers un laboratoire. Mais cette inconscience n’était pas normale. Quand Benjamin reprenait forme humaine après avoir été sous forme alien : il était éveillé et alerte. Selon certaines périodes, il revenait parfois avec les blessures inscrites dans la forme alien qu’il avait. Parfois non. Mais il revenait réveillé.

Qu’en était-il de ce trou ? Il semblait que ça allait devenir un point d’intérêt lorsqu’il serait analysé dans ce laboratoire. Il y allait probablement y avoir deux phases. A savoir une observation sans contact et une autre avec contact. Dans le premier cas, et à l’aide d’appareil, le « scientifique »/chercheur/alchimiste ou que sais-je ! découvrirait une impossibilité. Un espace si profond que la notion de profondeurs abyssales viendrait en tête. Il y avait un non-monde dans ce qui semblait être un trou. C’était… c’était comme si l’épaule de cet être humain abritait un tout autre monde que celui dans lequel ils vivaient tous actuellement ?!

Et il y avait le cas où quelqu’un toucherait ce « trou d’abysses ». Dans ce cas… il se ferait absorber. Dérivant des ténèbres sans fin. Très vite, le « trou » dans l’épaule deviendrait un point de lumière. Puis plus rien. Trop loin. Trop… où ? Où était le bas du haut ? Cette personne piégée ne pourrait plus savoir si elle avait la tête en bas ou non. Incapable même de voir sa main gauche en la posant sur le bout de son nez. Une complète perte des sens. Jusqu’à… cette lumière. Blanche ? Non, verte. En s’approchant, ça ressemblera comme une vitre en verre de forme circulaire. D’une taille titanesque par rapport à l’emprisonné. Il n’y aura qu’en touchant ce verre que quelque chose se produira. Un autre emprisonnement. Stocker avec des centaines d’ADN aliens. Et au moment du contact avec la vitre de verre, le mécanisme de l’Omnitrix se relèvera. Présence d’un nouvel ADN, normalement ! Peut-être que Benjamin aura les mains libres et appuiera dessus ? Peut-être que quelqu’un d’autre le fera ? Ou peut-être que ça s’appuiera tout seul. Toujours est-il que si cette possibilité devait advenir, le corps de Benjamin et de l’emprisonné devrait cohabiter. Peut-être une moitié de corps Benjamin partagé avec l’autre parasite ? Ou simplement une tête poussant à côté de celle de Benjamin ? Qui peut savoir réellement de quoi demain sera fait ?

Quant au bras laissé derrière ? Il se désintègrera pour devenir petit nuage de poussière d’or. Plus aucune trace dans la Charteresse qui ne retiendra en rien cette lumière solide. Elle s’échappera et s’élèvera dans ce qui était un siège. Qui n’est plus que fuite et débâcle pour les insectes caparaçonnés. Kintsugi est animé d’une pulsion. Elle doit retrouver la fille aux cheveux d’or. Et elle sait où elle se trouve. Cette femme en haut de la muraille imprenable l’appelle. Elle ne doit même pas s’en rendre compte. Mais elle a été touché par Midas. Il y a comme une signature énergétique qui vibre dans son corps. Les cordes de l’univers chantent et Kintsugi entend la chanson. Elle se déplace vers elle sous sa forme de petite nuage doré. LA ! Kintsugi l’a trouvé. Le mouvement qui était alors serpentant dans l’air fuse en ligne droite. Le nuage percute le visage. La poudre d’or rentre via ses yeux, ses narines et sa bouche. Kintsugi s’infiltre au-dedans. Et plus particulièrement dans son cerveau. OUI ! Elle va pouvoir chanter. Enfin, lui parler directement. Certes, elle sera surement traité de « voix dans la tête ». Mais elle préférerait être prise pour une voie divine. Un ange apportant les messages de divinités. Et… peut-être est-ce vraiment le cas !

(pensée chantante) : *Enfin nous sommes réunies. Tu peux m’appeler Kintsugi. M’entends-tu chanter dans ta tête ? Toi et moi, nous avons de grandes choses qui nous attendent. Tu as été touché par l’Or. Tu es la Première. Tu seras notre Voix. Toutes ces ténèbres sont si tristes. Si animales. Nous devons nous élever toi et moi : tu m’entends ? Celui qui était Midas a touché les insectes. C’est autant de preuves de son passage. Toutes ces sculptures parfaites devraient être récupérés et formés une allée pour notre futur temple. Nous devons préparer sa venue. Cette muraille. Cette forteresse. Elle devrait être notre. Vois-tu l’or couler sur les murs ? Te vois-tu marcher à l’intérieur de la lumière ?*

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 22 août 2024 19:30
par Le Barbarium
Soudain, la noble déchue s'arrêta. Son capitaine poursuivit sa route sur quelques pas lourds avant de remarquer qu'elle ne le suivait plus, en haut des remparts. Il ne vit pas le petit nuage doré se fondre dans le visage de sa favorite. En fait, il ne la vit que cligner des yeux à plusieurs reprises et se figer inexplicablement.
Ce n'était pas dans les habitudes de la Poupée d'or de lui désobéir.

- Que fais-tu ?

Elle ne parut pas l'entendre.
En même temps, pour Nérénie, le temps s'était comme arrêté. Une voix, à la vitesse d'une pensée, chantait merveilleusement bien dans sa tête ! Celle de Kintsugi, dit l'Or qui avait choisi de faire d'elle Leur Voix. Kintsugi, l'esprit de lumière chantant, était en relation avec Midas, l'ange qui avait transformé en or insectes comme nains pour empêcher un massacre entre la bande d'Eviscéran et les défenseurs de la muraille. Kintsugi, la Voix de la Divine Sagesse, projetait de convertir cette forteresse en un temple dédié à Leur gloire. Et, pour cela, Nérénie aurait pour rôle de leur préparer le terrain.

- Je me vois marcher pour Vous, répondit-elle, ses yeux rosés braqués dans le vide.

- ...Quoi ?

Sans une once d'hésitation, elle se détourna de l'ancien gladiateur.
Celui-ci avait l'air vaguement inquiet. Il l'observa s'approcher des nains, qui s'extasiaient déjà de leur prochain et prometteur divertissement.

- Ça va faire une paille que je ne me suis pas farci une jeunette !

- Va pas falloir te précipiter alors : tu pourrais bien finir par nous lâcher entre les pattes !

Le chef ingénieur et le général de la défense s'interrompirent en remarquant la noble déchue. Celle-ci ne s'arrêta pas. Elle déposa une main sur l'épaule de chacun d'entre-eux. La lumière enveloppa ces deux créatures libidineuses, aveuglant leurs hommes qui ne s'étaient pas du tout attendus à ce spectacle. Quand la magie perdit de son éclat et se résorba entre les doigts graciles de la noble déchue, Bonzchest et Zeustoss se découvrirent plus brillants que jamais : ils étaient comme des statues d'or, mais en ayant tout de même conservé leur mobilité de nain.

- Mais qu'est-ce que... ?

- Par ma barbe ! s'exclama le voisin de Krönan. Qu'est-ce qu'elle a bien fichu ?

Les autres nains étaient trop surpris pour réagir. Tout comme Eviscéran, qui s'était pourtant attendu à devenir la cible d'une attaque sous prétexte de trahison. Il plissa les yeux à l'attention de sa favorite.
Comment diable avait-elle pu... ?
La douce voix de la Messagère de Lumière inonda leurs oreilles :

- Je vais avoir besoin de vos bras, petits hommes des tunnels. Bientôt, cet endroit va accueillir le Faiseur d'Or ! Votre forteresse a été jugée digne de recevoir Son attention. Ensemble, nous allons préparer cet endroit à Sa venue. Pour cela, dans un premier temps, il va nous falloir déplacer ses sculptures afin de former, devant ces murs, une haie en l'honneur de Sa gloire immortelle.

Le capitaine grimaça. Les nains, ayant eu le temps de récupérer contenance, empoignèrent leurs armes avant de prendre position autour de la pseudo prêtresse. Ils n'avaient pas l'air très enthousiastes à l'idée de servir une entité qui ne leur disait que trop rien.
Ça va saigner...
L'Orc Noir s'apprêtait à se battre quand la voix autoritaire de Krönan Bronzchest tonna :

- Rangez vos armes, espèces d'idiots !

Tous le regardèrent avec étonnement.
Heffa Zeustoss, lui, contemplait ses mains avec émerveillement.

- Je ne ressens plus aucune douleur aux articulations, souffla-t-il, heureux comme un poisson dans l'eau, avant de lever les bras au plafond et de crier : Je suis plus vivant que jamais !

- C'est une bénédiction ! scanda le chef troglodyte. Qui sommes-nous pour cracher dessus ? L'Or nous tend la main, mes frères, et nous allons la lui embrasser avec reconnaissance.

Il s'agenouilla face à Nérénie. Les autres ne tardèrent pas à l'imiter.

- Nous comptons sur vous pour nous superviser, Dame Solaire.

- Bien. En ce cas, que vos hommes descendent et s'en aillent répondre à Notre première demande. Je vous exposerai en temps voulu la suite de Leur programme.

Les nains se mirent en branle. Pour rejoindre Nérénie, Eviscéran dut se frayer un chemin à contre-courant. Il n'avait pas l'air très ravi.

- Qu'est-ce que c'est que ce cirque ? Qu'en est-il de notre accord ?!

- Ne vous emportez pas...

La noble déchue voulut lever une main réconfortante sur son Maître. Celui-ci la saisit au vol, par le poignet. En réponse à ce geste, Zeustoss et Bronzchest grognèrent à l'unisson comme deux molosses bien dressés.
Nérénie, elle, avait l'air d'un calme absolu alors qu'il aurait très bien pu lui briser l'avant-bras.

- Et notre arrangement, alors ? Vous l'avez oublié, queutards ?

Elle répondit à leur place :

- Il aura toujours lieu, mais pas dans la Charteresse.

- Pardon ?

- C'est au sein du nouveau temple que mes Sœurs rendront hommage à l'Or, déclara-t-elle. Je toucherai chaque nain qui aura pour mission sacrée de les honorer. Et c'est parés d'or, comme ces deux fidèles ici présents, que les hommes des tunnels jouiront de ce rituel divin.

- Que diable t'arrive-t-il, Poupée d'Or ?

- Ma condition s'est élevée, avoua-t-elle en toute solennité. Je suis toujours votre obligée, Maître, mais je dois aussi répondre aux attentes de l'Or. Il ne peut y avoir de compromis. J'ai été choisie pour être Leur Voix. Nul ne pourra m'en empêcher, et vous devrez vous-même m'en excuser.

L'orc la toisa froidement. Elle lui rendit son regard, mais sans l'ombre d'une hostilité. Eviscéran ne lut en elle qu'une dévotion aveugle et inflexible.
Il eut un grognement avant de la lâcher.

- Soit, dit-il. Tu resteras donc ici, avec les... fidèles. (Il regarda les deux nains, en particulier.) Mais si l'un de vous ne pose qu'un seule doigt dessus...

- Ils n'en feront rien parce qu'ils sont passés à Son service, l'interrompit Nérénie. Je vous suggère très fortement de demander à Véfa de s'occuper de revêtir mes Sœurs. Elles rempliront leur devoir dans la plus grande salle de la forteresse. Je veillerai personnellement à ce que le trésor des hommes des tunnels, en guise de rémunération, soit prêt avant votre retour.

Poings serrés, l'orc ne répondit rien. Il fit volte-face, direction la Charteresse.


Vortek avait perdu un temps fou à remettre du plomb dans la tête de cette maudite rousse ! La Lycanthrope Ecorchée s'était montrée très hargneuse. Ses pulsions meurtrières étaient si importantes qu'elle s'était mise en tête de pourchasser le moindre turtàrchn pour le réduire en bouillie. "Morts aux intrus !", avait-elle gueulé comme la folle sanguinaire qu'elle était devenue. Pour la maîtriser, il lui avait fallu faire intervenir Shabel, Ökale et Ilge en plus d'invoquer la puissance neutralisante du sceau imprimé dans la chair de son cou. Un processus pas si compliqué que ça, à l'origine, et pourtant...
Avec une main figée, ça ne peut être que plus emmerdant.
Une fois de retour dans la Charteresse, il avait fait enchaîner la Louve de Sang par mesure de sécurité - et sous la surveillance combinée de Dwëna, Shabel et Véfa. Daya Trifid était apparue peu de temps après, avec une surprise qu'elle avait installée dans le laboratoire.
Notre invité mystère n'aura pas été difficile à maîtriser.
Allongé sur une table froide et inconfortable, le patient endormi attendait son heure. Lui aussi était solidement immobilisé par des chaînes - enroulées aux cuisses et aux bras. Au moindre mouvement brusque, les liens magiques étaient programmés pour diffuser dans ses chairs une douleur équivalente à celle que procurait la Foudre Nécrotique.
Un cadeau empoisonné de la part de celui qui s'était vu privé, par la faute de cet humain étrange, de l'usage d'une main.
Faisons les choses dans l'ordre.
Tout en sifflotant un air lugubre, le Nécromancien se débarrassait de son membre inutile au bénéfice de l'installation d'une autre prothèse, neuve et fonctionnelle. Parce que le Drow aurait besoin de l'usage de ses deux mains pour étudier les spécificités de ce patient insolite. Ce trou noir qu'il arborait à l'épaule, en l'occurrence, éveillait tout particulièrement son intérêt...
Tout comme Daya Trifid avant lui, Vortek comptait faire montre d'une grande prudence.
Telle disciple tel maître, n'est-ce pas ?

Re: En état de siège [PV Benjamin T]

Posté : 24 août 2024 20:10
par Benjamin T
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Benjamin avait d’abord ressenti le froid. Puis une sensation de fer s’écrasant dans ses chairs. Il avait alors voulu ouvrir les yeux mais s’était retenu. Quelqu’un sifflotait. Et ce n’était pas du tout un air joyeux ou lubrique. La suite n’augurait rien de bon…

*Réfléchis, Benjamin. Tu te souviens de quoi ? Quel est ton dernier souvenir ? Oui ! Etre entré dans la forteresse. Puis une sensation d’impact au niveau du poignet. Et moi qui chute. Et… c’est tout. Je crois. *

Quand il réalisa qu’il s’éloignait et qu’il lui faisait maintenant dos, grâce à la patience et à l’écoute du son par rapport aux obstacles : Benjamin entrouvrit les yeux. Cette silhouette… il savait qui c’était. C’était cet homme qui avait tenté de lui faire barrage au-dehors de la forteresse immobilisée. Il avait déjà un faciès de méchant. Mais en ajoutant la bande son qui sortait de ses lèvres et le fait d’être allongée sur une espèce de table d’opération ? Définitivement un méchant.

« Il faudra revoir votre façon de gérer vos réunions. Ce lit est parfaitement inconfortable. Trop dur. Trop froid. Non, décidément, ce n’est pas du tout une façon d’accueillir un client. »

On pouvait dire que c’était sa façon d’appréhender une situation stressante : à coup de plaisanterie. Sa longue expérience lui avait appris que s’il n’était pas mort, c’est qu’il avait une valeur. Il fallait alors savoir quoi pour réussir à orienter la conversation là-dessus. Sinon, il lui faudrait gagner suffisamment de temps pour réussir à s’en sortir par lui-même. Et très probablement via une transformation alien.

Benjamin tira sur les chaînes pour en éprouver leur solidité. Il était donc attaché aux cuisses et aux bras. Ça n’allait pas être facile de s’en sortir. Cette façon d’avoir enroulé les chaînes semblait indiquer une habitude à retenir des gens. Ou des choses. Ou encore des monstres. Benjamin n’était plus sûr de rien en ce moment. Sa mémoire était comme… victime de flashs de lumière aveuglants.

« Vous savez où est ma femme ? Et mes enfants ? Félix ! Félix, tu es là mon gros toutou ? »

Première stratégie : diminuer son importance derrière l’étiquette d’un père de famille. Tout en appelant au secours. Avec un peu de chance, le « méchant » commencerait à douter et chercherait à vérifier qu’il n’y avait personne d’autres dans les alentours. Un chien était particulièrement chiant. Aboyer. Renifler. Etre loyal envers son maître. Une vraie plaie dans une histoire de kidnapping.

*Bon, j’ai tenté des trucs. Il va falloir que j’arrive à la fermer et lui laisser en placer une ou deux. Concentration, Benjamin. Le moindre mot peut être important. Le moindre geste peut être une façon de s’en sortir. Tu dois être aux affûts tout en restant dans le personnage de quelqu’un de cool et complètement à côté de la plaque. Tu as l’habitude de ce personnage, ça va aller. Ce n’est pas la première fois que tu es capturé. Et ce ne sera pas la dernière ! *