En état de siège [PV Benjamin T]
Posté : 20 août 2024 19:01
Au cœur des ténèbres insolubles de l'Outreterre, le Rampant des Terres Noires n'émettait aucune lumière. Ses occupants avaient coupé l'éclairage en considérant l'affaire qui se déroulait au loin, et qu'ils avaient l'avantage de pouvoir étudier en détail à partir d'un hologramme généré par une gemme magique. C'est grâce aux sens éprouvés d'Ökale, laquelle ayant pris place sur le siège du Résonnant - une sorte de radar destiné aux Sensorielles comme l'était justement l'esclave -, que les têtes pensantes de l'équipage eurent l'occasion de deviser tranquillement autour du problème :
- Ce n'est plus qu'une question d'heures avant que leurs assaillants ne les engloutissent.
Le fataliste qui venait de s'exprimer était un Drow du nom de Vortek. Equipé d'un manteau noir aux bords élimés, il avait de longs cheveux blanc et des yeux jaunes au sein desquels l'empathie brillait par son absence. On ne le surnommait pas le Nécromancien pour rien.
Une voix douce accueillit sa remarque :
- En effet. Ces pauvres nains sont mûrs. Si les monstres ne parviennent pas à passer à travers les hauts murs de leur bastion, ils finiront bien, vu leur nombre écrasant, par les escalader. (Un rire léger, ironique et charmant accompagnait ce constat réfléchi.) Ils n'auront jamais assez d'huile bouillante et de poudre à canon pour tous les repousser. Cette invasion n'est, en d'autres termes, qu'un combat d'usure.
Véfa Elmerald ! Demi-drow et demi-démone. Séduisante jeune femme attifée comme une diseuse de bonnes aventures, avec deux jolies cornes plantées sur le crâne au beau milieu d'une chevelure noire comme de la suie. Elle appartenait à cet équipage en qualité de collaboratrice et conseillère - et non pas d'esclave, comme la plupart de ses membres.
- Et nous alors, qu'est-ce qu'on est censés faire avec tout ce foutoir ? Assister à cette débâcle naine les bras croisés ?
Le sarcasme d'Ökale, si récurrent, n'étonnait plus personne. L'aveugle - qui ne l'était que par les yeux du corps et non de l'esprit - se savait libre de s'exprimer en l'absence de son maître.
- M'est avis que notre glorieux capitaine y verra une nouvelle opportunité de se remplir les poches ! "La misère des autres fait le profit des forts et des hardis." C'est typiquement le genre de phrase qu'il nous sortirait, pas vrai ?
Les drows se regardèrent en souriant. Le mâle adressa un regard à une petite blonde aux yeux vairons - un jaune et un rouge - qui, depuis le début de la conversation, les fixait sans mot dire. Sur cet ordre silencieux, celle-ci s'en alla aussitôt informer le Brise-Monts en personne.
Quand il ne baisait pas dans ses quartiers ou ne prenait pas place aux commandes, le capitaine Eviscéran Kroch'mar aimait se défouler un peu dans un des plus grands compartiments du vaisseau qui tenait lieu de salle d'entraînement. Aujourd'hui, il y affrontait Shabel Sealgïr, une ex-mercenaire aux yeux d'un roux clair, et Dwëna Hogg'brennandi, la géniale inventrice de ce vaisseau à l'esthétique plus que douteux. La seconde bougeait plutôt bien dans sa combinaison noire - un alliage de métal bizarrement moulant comme celui d'une super-héroïne. Sa volto-masse en main, elle avait pourtant beaucoup de mal à tenir tête à l'Orc noir. Tout comme Shabel qui, armée d'une épée courte et d'un bouclier, suait à grosse gouttes face à leur diable d'assaillant.
- Prévisibles.
Elles avaient beau lui tourner autour, essayer de le prendre à revers, enchaîner les frappes fulgurantes... absolument rien n'y faisait ! Eviscéran, avec son expérience de l'arène et son titre d'ancien champion qui lui a valu le titre de Brise-Monts, les repoussait sans cesse. Non, en fait c'était même pire que cela : il les acculait dans un coin de l'aire de combat... puis reculait sereinement, sans jamais craindre pour sa vie alors que ses adversaires manipulaient de vraies armes.
Parmi elles, la plus fière n'était autre que Shabel, la "Vierge" de Bronze, qui brûlait d'envie de regagner sa liberté :
- Va au diable !
Frustrée, elle attaqua sans plus se soucier de son équipière ! D'une main robuste, Eviscéran détourna sa lame avant de faire de même avec son bouclier. La protection de métal rencontra le visage de Dwëna, qui avait eu l'excellente idée de se joindre à cette charge... avec un léger retard.
Le choc la fit basculer sur les fesses.
- Gh-ouille !
De la barbe de sa lourde hache, le colosse noir lui enferma la cheville avant de la soulever de terre. Il se servit du corps étendu de l'ingénieure pour frapper l'ex-mercenaire en plein dans les côtes - de quoi lui couper le souffle !
- Ougfh !
Durant leur chute, les deux corps s'entremêlèrent douloureusement.
La hache sur l'épaule, leur maître les considéra d'un œil franchement critique.
- Une posture embarrassante dont vous vous êtes montrées dignes, déclara-t-il. Vous manquez cruellement d'entraînement et de sang-froid. Je vais vous faire bosser là-dessus, vous allez voir...
Avec ce sourire abject qu'il leur adressait, elles redoutaient le pire.
- C'est pas terminé, orc, cracha Shabel, une main pressée au coté, tout en s'efforçant de se relever.
Dwëna, allongée sur le ventre, et qui ne savait plus trop où elle avait mal, referma ses doigts suppliants sur l'une de ses chevilles.
- A-arrête... c'est inutile... on n'y arrivera... pas comme ça.
La Vierge de Bronze grimaça d'un air blessé. L'ingénieure avait raison. Leur foutu maître avait raison. Mais bordel... que la raison aille se faire voir ! Elle repoussa cette main pathétique et aligna quelques pas - furieux quoique chancelants - vers l'orc détestable qui avait su abuser d'elles un nombre incalculable de fois.
Eviscéran ne fit pas mine de bouger. Il la fixait comme un oiseau observe un ver, ni plus ni moins.
- Y-yaaah !
Elle dressa son bouclier, leva son arme...
- Quel manque de conviction.
D'un coup de pied frontal, il l'éjecta sur Dwëna.
La première s'écroula sur la deuxième.
Ni plus ni moins...
- Capitaine.
Eviscéran braqua son regard de chef sur la nouvelle arrivante. Daya Trifid, la blonde assassine aux yeux vairons et aux quelques "tâches" reptiliennes sur le corps, avait presque su le surprendre.
- Qu'y a-t-il ?
Sans omettre le moindre petit détail, elle lui exposa scrupuleusement la situation. Il hocha la tête.
- Dis-leur de se préparer au contact. Nous devons avoir une petite discussion avec le chef des assiégés. (Il souriait derrière ses crocs monstrueux.) Pas question que ces monstres stupides dévorent ces musculeux troglodytes avant que nous ayons obtenu un "petit quelque chose" de leur part.
La messagère disparut par là où elle était venue.
Jusqu'alors postée en retrait, une femme à la peau brune et aux cheveux blancs dont les solides épaules supportaient deux lourdes pierres, s'avança et lui dit :
- Ça sent la baston à plein nez.
Eviscéran toisa la dénommée Ilge Val'jardnesk. La première championne qui avait su lui faire honneur en héritant de son titre. Une combattante de renom aussi douée au combat que dans un cadre... plus intime.
- Tu ne manques pas de flair, répondit son maître. Va donc récupérer ta matraque, l'Implacable. Une grande bataille nous attend !
- Pour des profits équivalents ?
Il eut un sourire amusé.
- Là où les faibles se couchent jubilent les plus puissants.
Puis il regarda Shabel et Dwëna, qui n'avaient plus essayé de se relever depuis leur cuisante défaite.
- Supportez-vous. Bougez-vous. Entraidez-vous... je m'en moque bien ! Ce qui m'importe, c'est de vous retrouver debout face à l'ennemi en temps et en heure. Pigé ?
- Pas besoin de me le rabâcher, grogna Shabel.
- Ça fait un vrai mal de chien, geignit sa comparse, mais... je dois combattre pour ma Charteresse !
Il n'y avait plus rien à ajouter.
- Ce n'est plus qu'une question d'heures avant que leurs assaillants ne les engloutissent.
Le fataliste qui venait de s'exprimer était un Drow du nom de Vortek. Equipé d'un manteau noir aux bords élimés, il avait de longs cheveux blanc et des yeux jaunes au sein desquels l'empathie brillait par son absence. On ne le surnommait pas le Nécromancien pour rien.
Une voix douce accueillit sa remarque :
- En effet. Ces pauvres nains sont mûrs. Si les monstres ne parviennent pas à passer à travers les hauts murs de leur bastion, ils finiront bien, vu leur nombre écrasant, par les escalader. (Un rire léger, ironique et charmant accompagnait ce constat réfléchi.) Ils n'auront jamais assez d'huile bouillante et de poudre à canon pour tous les repousser. Cette invasion n'est, en d'autres termes, qu'un combat d'usure.
Véfa Elmerald ! Demi-drow et demi-démone. Séduisante jeune femme attifée comme une diseuse de bonnes aventures, avec deux jolies cornes plantées sur le crâne au beau milieu d'une chevelure noire comme de la suie. Elle appartenait à cet équipage en qualité de collaboratrice et conseillère - et non pas d'esclave, comme la plupart de ses membres.
- Et nous alors, qu'est-ce qu'on est censés faire avec tout ce foutoir ? Assister à cette débâcle naine les bras croisés ?
Le sarcasme d'Ökale, si récurrent, n'étonnait plus personne. L'aveugle - qui ne l'était que par les yeux du corps et non de l'esprit - se savait libre de s'exprimer en l'absence de son maître.
- M'est avis que notre glorieux capitaine y verra une nouvelle opportunité de se remplir les poches ! "La misère des autres fait le profit des forts et des hardis." C'est typiquement le genre de phrase qu'il nous sortirait, pas vrai ?
Les drows se regardèrent en souriant. Le mâle adressa un regard à une petite blonde aux yeux vairons - un jaune et un rouge - qui, depuis le début de la conversation, les fixait sans mot dire. Sur cet ordre silencieux, celle-ci s'en alla aussitôt informer le Brise-Monts en personne.
Quand il ne baisait pas dans ses quartiers ou ne prenait pas place aux commandes, le capitaine Eviscéran Kroch'mar aimait se défouler un peu dans un des plus grands compartiments du vaisseau qui tenait lieu de salle d'entraînement. Aujourd'hui, il y affrontait Shabel Sealgïr, une ex-mercenaire aux yeux d'un roux clair, et Dwëna Hogg'brennandi, la géniale inventrice de ce vaisseau à l'esthétique plus que douteux. La seconde bougeait plutôt bien dans sa combinaison noire - un alliage de métal bizarrement moulant comme celui d'une super-héroïne. Sa volto-masse en main, elle avait pourtant beaucoup de mal à tenir tête à l'Orc noir. Tout comme Shabel qui, armée d'une épée courte et d'un bouclier, suait à grosse gouttes face à leur diable d'assaillant.
- Prévisibles.
Elles avaient beau lui tourner autour, essayer de le prendre à revers, enchaîner les frappes fulgurantes... absolument rien n'y faisait ! Eviscéran, avec son expérience de l'arène et son titre d'ancien champion qui lui a valu le titre de Brise-Monts, les repoussait sans cesse. Non, en fait c'était même pire que cela : il les acculait dans un coin de l'aire de combat... puis reculait sereinement, sans jamais craindre pour sa vie alors que ses adversaires manipulaient de vraies armes.
Parmi elles, la plus fière n'était autre que Shabel, la "Vierge" de Bronze, qui brûlait d'envie de regagner sa liberté :
- Va au diable !
Frustrée, elle attaqua sans plus se soucier de son équipière ! D'une main robuste, Eviscéran détourna sa lame avant de faire de même avec son bouclier. La protection de métal rencontra le visage de Dwëna, qui avait eu l'excellente idée de se joindre à cette charge... avec un léger retard.
Le choc la fit basculer sur les fesses.
- Gh-ouille !
De la barbe de sa lourde hache, le colosse noir lui enferma la cheville avant de la soulever de terre. Il se servit du corps étendu de l'ingénieure pour frapper l'ex-mercenaire en plein dans les côtes - de quoi lui couper le souffle !
- Ougfh !
Durant leur chute, les deux corps s'entremêlèrent douloureusement.
La hache sur l'épaule, leur maître les considéra d'un œil franchement critique.
- Une posture embarrassante dont vous vous êtes montrées dignes, déclara-t-il. Vous manquez cruellement d'entraînement et de sang-froid. Je vais vous faire bosser là-dessus, vous allez voir...
Avec ce sourire abject qu'il leur adressait, elles redoutaient le pire.
- C'est pas terminé, orc, cracha Shabel, une main pressée au coté, tout en s'efforçant de se relever.
Dwëna, allongée sur le ventre, et qui ne savait plus trop où elle avait mal, referma ses doigts suppliants sur l'une de ses chevilles.
- A-arrête... c'est inutile... on n'y arrivera... pas comme ça.
La Vierge de Bronze grimaça d'un air blessé. L'ingénieure avait raison. Leur foutu maître avait raison. Mais bordel... que la raison aille se faire voir ! Elle repoussa cette main pathétique et aligna quelques pas - furieux quoique chancelants - vers l'orc détestable qui avait su abuser d'elles un nombre incalculable de fois.
Eviscéran ne fit pas mine de bouger. Il la fixait comme un oiseau observe un ver, ni plus ni moins.
- Y-yaaah !
Elle dressa son bouclier, leva son arme...
- Quel manque de conviction.
D'un coup de pied frontal, il l'éjecta sur Dwëna.
La première s'écroula sur la deuxième.
Ni plus ni moins...
- Capitaine.
Eviscéran braqua son regard de chef sur la nouvelle arrivante. Daya Trifid, la blonde assassine aux yeux vairons et aux quelques "tâches" reptiliennes sur le corps, avait presque su le surprendre.
- Qu'y a-t-il ?
Sans omettre le moindre petit détail, elle lui exposa scrupuleusement la situation. Il hocha la tête.
- Dis-leur de se préparer au contact. Nous devons avoir une petite discussion avec le chef des assiégés. (Il souriait derrière ses crocs monstrueux.) Pas question que ces monstres stupides dévorent ces musculeux troglodytes avant que nous ayons obtenu un "petit quelque chose" de leur part.
La messagère disparut par là où elle était venue.
Jusqu'alors postée en retrait, une femme à la peau brune et aux cheveux blancs dont les solides épaules supportaient deux lourdes pierres, s'avança et lui dit :
- Ça sent la baston à plein nez.
Eviscéran toisa la dénommée Ilge Val'jardnesk. La première championne qui avait su lui faire honneur en héritant de son titre. Une combattante de renom aussi douée au combat que dans un cadre... plus intime.
- Tu ne manques pas de flair, répondit son maître. Va donc récupérer ta matraque, l'Implacable. Une grande bataille nous attend !
- Pour des profits équivalents ?
Il eut un sourire amusé.
- Là où les faibles se couchent jubilent les plus puissants.
Puis il regarda Shabel et Dwëna, qui n'avaient plus essayé de se relever depuis leur cuisante défaite.
- Supportez-vous. Bougez-vous. Entraidez-vous... je m'en moque bien ! Ce qui m'importe, c'est de vous retrouver debout face à l'ennemi en temps et en heure. Pigé ?
- Pas besoin de me le rabâcher, grogna Shabel.
- Ça fait un vrai mal de chien, geignit sa comparse, mais... je dois combattre pour ma Charteresse !
Il n'y avait plus rien à ajouter.