The Multiversity

Il y a quelques jours...

« Shykarka ? Qui est-ce ?
-  Les informations que nous avons sur elle sont minces, Princesse... Mais elle est une femme d’importance. »

La voix profonde et légèrement égrenée de l’Omniprêtre avait toujours effrayé un peu Alice... Au moins autant que le visage fatigué et ridé de ce vieil elfe. Mais l’Omniprêtre était aussi le puits de connaissance de Sylvandell, un elfe extrêmement âgé, qui, disait-on, savait tout de Terra. Ainsi, quand Alice avait reçu une missive de Rosteria, sollicitant une entrevue royale avec la Dragonne Shykarka, elle s’était rapprochée de l’Omniprêtre après avoir constaté que ses livres contenaient peu d’éléments sur Rosteria.

Face à elle, l’Omniprêtre lui expliqua que Rosteria était une île assez isolée, protégée par une épaisse barrière de corail, ce qui rendait les voyages difficiles vers elle, d’autant que l’île était séparée des routes de navigation commerciales. L’Omniprêtre continuait à parler, lui expliquant que Mijak avait envoyé quelques expéditions sur Rosteria.

« Nos nations ne sont pas en guerre, jeune Princesse. Rosteria est éloignée, puissante, et ne présente en l’état que peu d’intérêts. De plus, nos forces sont principalement concentrées sur les Luméens, mais nous avons pu commencer à envisager des tractations commerciales avec Rosteria. Tout cela est tout de même assez récent, mais je sais que le Conseil Impérial a traité du sujet de cette nation à plusieurs reprises.
-  C’est... C’est une île avec des dragons, non ? »

L’Omniprêtre hocha doucement la tête.

« Sylvandell n’est pas le seul lieu abritant des dragons... Mais il n’y a pas beaucoup d’humains là-bas... Voire aucun, je crois. Beaucoup d’hybrides, en revanche.
-  Oh... Mais que peut-elle bien nous vouloir ? »

Là-dessus, l’Omniprêtre n’avait aucune réponse à fournir. Shykarka était d’ailleurs une femme assez spéciale. Une Déesse ? Peut-être... C’était en tout cas ce qui semblait s’en rapprocher le plus. Le seul autre exemple qui lui venait en tête était l’Ombre, la Déesse Sha. Comme l’Omniprêtre le répétait souvent, la Création abritait quantité d’êtres exceptionnels, et cette Shykarka en faisait partie.

« Est-il prudent de la recevoir ?
-  Plus prudent que de refuser. Le Patriarche a entendu parler de cette femme, Princesse. Voilà le conseil que je pouvais vous donner. »
Maintenant...

Alice avait donc accepté, et, en compagnie de plusieurs gardes, elle se trouvait hors du Château, au milieu de la ville haute de Sylvandell, sur une estrade officielle. Elle attendait la venue de la fameuse Shykarka...

...Tout en continuant à se demander ce que celle-ci voulait.

En tant que chef suprême de Rosteria, Shykarka se devait de garder un œil sur tout ce qui se passait sur son île. Non seulement elle devait éviter aux différents peuples d’hybrides de s’entretuer pour un oui ou pour un non, mais en plus elle devait rester à l’affût de ce que faisaient les deux superpuissances de Terra, Lumen et Mijak, au cas où l’une d’entre elles aurait envie d’annexer son île. De ce fait, elle était toujours au courant de chaque transaction, chaque rencontre, chaque discussion entre un des pays de Rosteria et des représentants venus du continent principal. Mais plus le temps passa, plus elle comprit qu’elle ne pouvait pas être une simple spectatrice du jeu de la politique de Terra. Rosteria était encore assez méconnue de Lumen et Mijak, et les dirigeants des différents pays de l’île en profitaient pour profiter individuellement de ce qu’ils pouvaient tirer d’eux, ignorant l’intérêt commun. Il fallait donc qu’une voix unique se fasse entendre, et personne ne pouvait le faire mieux que la déesse locale.

Après un peu de recherche, Shykarka découvrit l’existence d’un royaume appelé Sylvandell. Ce royaume était relié à l’Empire de Mijak, l’une des deux superpuissances de Terra, et même s’il n’était qu’un territoire parmi tant d’autres, il avait attiré l’attention de l’hybride en raison de la présence de dragons sur son territoire. De plus, les dragons et les humains semblaient réussir à vivre en bonne harmonie, ils partageaient même une histoire commune dans la création du pays. La déesse de Rosteria décida donc de commencer sa campagne diplomatique sur Terra par une visite dans ce royaume. Elle commença par envoyer une missive officielle au gouvernement local afin de les convaincre de la nécessité d’une entrevue officielle dans l’intérêt de Rosteria et de Mijak. Après quelques jours, elle reçut une réponse de la part de Sylvandell, qui l’invitait à venir rencontrer la princesse Alice Korvander pour un entretien officiel.

« Parfait. »

Le jour suivant, Shykarka quitta Rosteria en rappelant bien à ses chers sujets que, même si elle s’éloignait, elle ne les perdait jamais de vue, et qu’ils avaient intérêt à bien se conduire en son absence. De toute façon, elle pourrait revenir à la vitesse de la lumière pour les punir s’il le fallait. Elle s’envola donc en direction de Sylvandell, et vit un rassemblent de personnes autour d’une estrade officielle. Elle alla donc se poser devant cette estrade, faisant une entrée assez remarquée, tellement remarquée que certains gardes étaient prêts à dégainer leurs armes. Une fois le calme revenu, Shykarka planta son regard dans celui de la femme assise au centre de l’estrade, une magnifique jeune femme blonde aux yeux bleus qui dégageait une certaine prestance.

« Vous devez être la princesse Alice Korvander. »

Elle lui fit une sobre révérence.

« Je suis Shykarka, dirigeante de l’île de Rosteria. Je vous remercie de m’accueillir aujourd’hui dans votre pays. »

L’hybride détestait devoir se montrer aussi gentille face à des êtres inférieurs, mais son but premier était quand même de se faire bien voir de Mijak, alors pas question que sa fierté ne gâche tout.

« Je suis venu aujourd’hui dans l’espoir que votre royaume, ainsi que l’Empire auquel il est rattaché, connaisse mieux mon île et comprenne que notre seule envie est de vivre en paix, loin des affaires de la guerre. »

La couleur était annoncée, restait à voir comment allait répondre la princesse.

Alice observait donc le ciel, en attendant l’arrivée de cette fameuse Shykarka, l’esprit toujours aussi confus. Pourquoi elle précisément ? N’était-il pas plus logique de s’entretenir directement avec son père ? Mais Tywill n’était pas là. En son absence, Alice gérait les affaires du royaume, mais il aurait été possible de décaler l’entrevue avec Shykarka. Qu’est-ce que l’Omniprêtre lui cachait donc ? Alice était depuis longtemps persuadée que le vieil elfe ne lui disait pas toute la vérité, qu’il dissimulait volontairement des informations sensibles, et cruciales. La jeune Princesse se pinçait doucement les lèvres, avant de voir une ombre qui approchait.

« Oh...
-  Prudence, Majesté. »

Outre quelques gardes, Alice avait surtout à côté d’elle son fidèle Oberyn, un Commandeur respectable, qui s’amusait régulièrement à la suivre sur Terre. L’ombre se rapprocha encore, et Alice vit ainsi la silhouette féminine et musclée de la fameuse Shykarka. Elle avait un corps écailleux verdâtre, et se posa sur l’estrade, devant elle, faisant virevolter pendant quelques secondes les cheveux de la Princesse. Elle se pinça doucement les lèvres, et inspira ensuite lentement, se calmant, ne montrant pas sa tension nerveuse devant cette femme, qui la regardait silencieusement, déployant ses ailes comme pour illustrer sa puissance.

Alice parla alors :

« Bienvenue à Sylvandell, Dame Shykarka ! Je suis la Princesse Alice Korvander, et je suis ravie de vous accueillir ! »

D’emblée, Shykarka précisa ses intentions, souhaitant éviter un conflit entre Mijak et Rosteria. Alice sourit alors doucement, et hocha la tête :

« Je n’aime guère les conflits militaires, Dame Shykarka, et j’espère que notre entrevue permettra d’éviter des escalades regrettables. »

Les Mijakiens avaient récemment perdu plusieurs navires en s’approchant de Rosteria, ce qui avait commencé à creuser quelques tensions. Aucun élément ne permettait toutefois d’accuser les Rosteriens, mais il suffisait parfois de peu de choses pour déclencher une guerre... Même si Alice ne comprenait pas trop l’intérêt d’une guerre, au vu du conflit avec le royaume de Lumen qui s’enlisait. Alice l’observa encore.

« Et je ne souhaite pas me fâcher avec d’autres dragons, Dame Shykarka. »

Elle se retourna ensuite, et lui présenta de la main la plaine haute de Sylvandell, avec des tours visibles ici et là, des maisons, ainsi que le Château royal.

« Souhaitez-vous vous rendre au château ? »

L’arrivée de Shykarka n’avait pas manqué de marquer les esprits des habitants de Sylvandell, mais la princesse Alice semblait très calme. Elle salua la déesse avec autant de respect que cette dernière l’avait fait, et lui assura qu’elle voulait autant qu’elle éviter un conflit entre Rosteria et Mijak, aussi bien pour des raisons politiques que parce qu’elle ne voulait pas se fâcher avec d’autres dragons.

« Je vous rassure, il y a peu de chances. D’après ce que j’ai pu voir ici, vous vous débrouillez très bien pour vivre en harmonie avec les dragons. »

La princesse lui indiqua la plaine haute de Sylvandell et lui demanda si elle souhaitait se rendre au château.

« Avec plaisir. Ce sera plus agréable de discuter autour d’une table. »

Shykarka suivit Alice et son escorte sur le chemin qui allait les mener jusqu’au palais. C’était l’occasion pour elle de glaner quelques informations et de commencer à charmer la représentante du pays.

« Dites-moi chère princesse, avez-vous des contacts réguliers avec les dirigeants de Mijak ? J’aimerais comprendre pourquoi il y a tant de tension entre nous. »

En réalité, elle le savait très bien. Certains pays de Rosteria fournissaient un soutien matériel à Mijak pour l’aider dans la guerre contre Lumen, et plusieurs navires avaient été perdus durant ces transactions clandestines. Même si la déesse savait que quelques-uns de ces navires avaient été perdus dans de vrais accidents, elle soupçonnait Mijak d’en avoir détruit certains exprès pour avoir une bonne raison de déclarer la guerre à la petit île et s’emparer de leurs richesses. Cette rencontre diplomatique avait pour but de bien montrer à l’empire que Rosteria ne voulait que la paix, et que si la guerre devait arriver jusqu’à eux, ils se tourneraient vers Lumen pour obtenir leur protection.

« J’espère également que cette rencontre me donnera l’occasion de découvrir votre beau pays. J’aimerais comprendre comment des humains ont pu arriver à vivre en paix avec des dragons. »

Cette rencontre serait non seulement une bonne occasion de gérer ses relations diplomatiques avec Mijak mais aussi de rencontrer d’autres dragons. En tant qu’hybride, elle avait beaucoup à apprendre d’eux sur sa part animale. Et en tant que dirigeante, elle pourrait sans doute découvrir une ou deux choses en observant cette jeune princesse dans une rencontre diplomatique.

Même sans être dotée de pouvoirs magiques, Alice pouvait sentir la puissance qui émanait de cette femme. Une puissance que lui confirma aussi la jeune magicienne sylvandine qui l’accompagnait, Ayano Konoe. Son ancienne belle-sœur était une magicienne assez talentueuse, qui pouvait sentir l’impressionnant pouvoir magique de Shykarka. Alice, elle, le sentait instinctivement, peut-être en raison de la nature si particulière des Korvander, une nature que Shykarka pouvait peut-être sentir aussi. Curieuse, celle-ci avait des questions à poser à la Princesse, à la fois sur Mijak d’un côté, mais aussi sur la nature si particulière de Sylvandell d’autre part.

Alice se contenta d’un léger sourire, avant de lui répondre, tout en marchant vers une calèche qu’on avait spécialement affrétée pour elles :

« Je répondrais à vos interrogations, Dame Shykarka, soyez sans crainte. »

Elle rejoignit ensuite la calèche. Celle-ci était assez grande, suffisamment pour contenir Shykarka, tant qu’elle ne s’amusait pas à déployer ses ailes à l’intérieur. Alice grimpa la première, Shykarka ensuite, et Ayano ferma la marche.

« Je vous présente Ayano Konoe, Dame Shykarka, ma magicienne.
-  Enchantée de vous rencontrer, Dame Shykarka. »

Belle et ravissante, Ayano était habillée à la manière des sorcières... De manière courte et sexy. La calèche se mit ensuite en marche, et Alice, après quelques secondes, parla à Shykarka :

« Nous avons affrété une chambre pour vous. Bien sûr, nous pourrons consacrer du temps à la visite de Sylvandell, j’ai cru comprendre que vous resteriez pour plusieurs jours ? »

C’était une question assez rhétorique, car Alice avait soigneusement lu la missive que Shykarka leur avait envoyé.

« Quoi qu’il en soit, sachez que Mijak ne parle pas d’une voix unie. L’Empereur est fatigué, et le Conseil Impérial regroupe des représentants de différents bords et de différentes approches. Certains aimeraient envahir Rosteria, mais la plupart des Conseillers sont plutôt partisans d’une approche diplomatique. Votre visite ne concerne effectivement pas que Sylvandell, mais également l’Empire. »

Sur ce point, Alice était d’une honnêteté impressionnante, et même assez inhabituelle pour quelqu’un de son rang. Ayano, de son côté, renchérit ensuite :

« On dit que votre île abrite des trésors magiques d’importance, c’est la raison pour laquelle certains navigateurs mijakiens se sont rapprochés. Mais il s’agit souvent de contrebandiers ou de mercenaires. Néanmoins, on ne peut objecter que certains cherchent à créer un incident pour déclencher un conflit. »

Originaire du Japon, Ayano avait entendu parler de l’incident du Mandchourie, un attentat terroriste qui avait servi de prétexte pour permettre aux Japonais d’envahir les Chinois en 1931. Une voie de fer appartenant à une société japonaise avait fait l’objet d’un attentat à la bombe, mais les historiens soupçonnaient depuis toujours les Japonais d’avoir eux-mêmes commandité l’attentat... Ce qu’Alice avait découvert quand on lui avait fait lire une bande dessinée pendant longtemps interdite au Japon : « Le Lotus Bleu », de Tintin.

Ayano avait beau être encore jeune, elle avait pu naviguer dans les hautes sphères politiques lors de ses études académiques, en compagnie de l’Archimage Samara, et était bien moins naïve qu’auparavant.

« Il existe des courants extrémistes au sein de l’Empire, Dame Shykarka, résuma Alice. Je fais partie de ceux qui veulent changer l’Empire, qui veulent anéantir ces mouvances extrêmes. Je ne veux pas la guerre avec les Rosteriens, et je ferai tout pour éviter une escalade. »

Sur ce, elle n’avait pas encore répondu à la seconde question de Shykarka... Mais, entre-temps, la calèche approchait du grand pont menant au Château royal.

« Je sens en vous une puissance incroyable, Dame Shykarka... Je crois que nous aurons aussi des questions à vous poser. »

Alice avait fait préparer une calèche pour se rendre au château de Sylvandell. Shykarka aurait pu y aller, mais elle fit l’effort de suivre la princesse dans son moyen de transport. Même si elle ne manquait pas de place, il ne fallait pas qu’elle déploie ses ailes. Sans compter qu’elle allait faire la route avec Alice et sa magicienne personnelle, Ayano Konoe.

« Enchantée également, Ayano. »

Pas besoin de formule de politesse compliquée, elle n’était qu’une des servantes de la princesse. La route vers le château fut l’occasion de commencer à discuter de la situation actuelle de l’Empire, une situation complexe car le Conseil Impérial semblait avoir des avis divergents sur la marche à suivre concernant Rosteria, et l’Empereur était semble-t-il trop fatigué pour s’en soucier. Mais selon Alice, la plupart des membres du Conseil seraient plutôt partisans d’une approche diplomatique.

« Vous m’en voyez ravie. »

Ayano parla ensuite des rumeurs à propos de grands trésors magiques sur l’île, et que la plupart des bateaux qui avaient fait route là-bas étaient des navires de contrebandiers ou de mercenaires. Elle reconnut même que certains voudraient bien voir un incident majeur devenir un prétexte pour déclencher un conflit.

« Je peux vous assurer que mon île ne possède aucun trésor magique assez conséquent pour justifier une guerre avec Mijak. »

Et le pire, c’est que c’était vrai. Rosteria ne possédait que peu de reliques magiques, la plupart de ses trésors étant les créations des habitants, et les quelques artéfacts qu’on y trouvait étaient tous sous la protection de Shykarka. Cependant, elle les abandonnerait tous sans hésitation si cela pouvait éviter un conflit ouvert avec les superpuissances de Terra. Mais selon les dires d’Alice, il fallait aussi craindre les courants extrémistes au sein de l’Empire. Heureusement, elle affirma vouloir les éliminer.

« Eh bien dans ce cas, je crois que nous allons très bien nous entendre. »

Cependant, quelque chose embêtait Shykarka. Ayano semblait être capable de ressentir la puissance de la déesse et voulait en savoir plus. En temps normal, cela ne l’aurait pas inquiété plus que ça, mais elle essayait de cacher au maximum son jeu lors de cette rencontre diplomatique, elle n’avait pas besoin qu’une petite curieuse vienne l’observer à la loupe.

« Nous verrons auxquelles je pourrai répondre. »

Une fois arrivée au château, Shykarka descendit de la calèche et déploya complètement ses ailes comme un humain s’étirant après être resté trop longtemps dans la même position. La demeure royale de Sylvandell n’était pas aussi impressionnante que son manoir à Rosteria, mais cela suffirait le temps qu’elle s’occupe de cette visite. Une chambre lui avait été affrétée, mais elle n’était pas d’humeur à dormir pour le moment.

« Et si nous commencions les pourparlers ? J’ai hâte que nous puissions mettre au clair certaines choses et que les relations entre Rosteria et Mijak s’améliorent. »

Un jeu délicat de diplomatie allait commencer. Shykarka devait se méfier de tout ce qu’elle allait dire, de sa façon de le dire, mais aussi être attentive aux remarques et aux questions de ses interlocuteurs, ainsi qu’à sa façon d’y répondre. Nul doute que cela n’allait pas être de tout repos. 

Le Château royal de Sylvandell était une demeure antique, qui avait toujours été... Étriquée. Le fort avait été bâti sur une colline, et on ne pouvait logiquement pas construire au-delà des limites de ladite colline. Partant de là, le château était petit, si petit que la plupart des services administratifs avaient été délocalisés dans l’hôtel de ville de Sylvandell, située dans la partie basse de la ville. Le Château était ainsi davantage la demeure royale des Korvander que le véritable siège administratif du pays. Shykarka, de son côté, se montra assez élusive sur ce qu’Ayano avait pu ressentir, ce qui n’échappa pas non plus à Alice. Si elle avait demandé à Ayano de l’accompagner, c’était aussi parce que la jeune femme avait des connaissances spécifiques en matière de magie draconique... Dès qu’Ayano avait commencé ses études, elle avait souhaité rester à Sylvandell, qui était après tout le pays qu’elle connaissait le mieux sur Terra, et celui où elle espérait pouvoir retrouver sa sœur, précisément grâce à l’aide de ses connaissances magiques. Alice lui accordait donc toute sa confiance.

Les trois femmes rejoignirent la cour du château, où elles purent descendre. Alice expliqua à Shykarka qu’elle avait une chambre pour elle, mais, plutôt que d’y aller, elle préféra entamer directement les négociations. Visiblement, Shykarka s’inquiétait d’un contexte tendu entre son royaume et l’Empire, mais Alice lui avait expliqué qu’elle n’était pas responsable de la diplomatie mijakienne.

« De ce point de vue, tout ce que je pourrais faire, c’est appuyer votre situation auprès du Conseil Impérial.
-  Ne soyez pas si modeste, Princesse. Sylvandell a beau être un petit royaume, le Conseil sait quand vous écouter. »

La tête blonde haussa les épaules.

« Malheureusement, beaucoup de Mijakiens sont obtus. »

Alice rejoignit la pièce centrale du Château, qui abritait la table de banquet, et faisait également office de salle du trône. C’était une grande pièce en pierre, avec un perron, une longue table en U, et avec des cheminées encastrées dans les murs, qui permettait de réchauffer celle-ci. Alice ne s’installa toutefois pas là, et préféra aller dans un couloir. Les ailes de Shykarka raclaient contre certains murs, témoignant encore de l’étroitesse des lieux. La salle de banquet était sans doute ce qu’on trouvait de plus grandiloquent au sein du Château.

Elles rejoignirent un salon plus étroit. Des flammes crépitaient déjà dans une cheminée, et il y avait plusieurs bibliothèques abritant des rangées de livres.

« Ce sera plus simple pour discuter ici. »

Alice s’assit sur une chaise autour d’une table, et laissa Shykarka s’asseoir... Ou rester debout.

« Bon, puisque vous voulez démarrer... Je m’interroge déjà sur les raisons vous ayant amené à vouloir discuter avec Sylvandell, ou avec moi. Pourquoi ne pas aller directement voir le Conseil Impérial à Mijak, plutôt que de passer par moi ? »

Si Shykarka avait fait un tel détour, c’est qu’il y avait sûrement quelque chose qui l’intéressait à Sylvandell...

Shykarka se sentait un peu à l’étroit dans ce château, mais impossible de dire si c’était parce qu’elle était habituée aux grands espaces ou parce que l’édifice n’était pas assez grand pour y contenir son immense vanité. Elle devait vraiment se faire violence pour ne pas paraître telle qu’elle était vraiment aux yeux d’Alice, mais c’était pour le bien de Rosteria alors ça valait le coup. Elle suivit la princesse à travers ce qu’elle supposait être la salle pour les banquets, puis à travers plusieurs couloirs où elle devait garder ses ailes rétractées en permanence, jusqu’à finalement atteindre un petit salon dans lequel elles s’installèrent. La déesse prit un siège face à l’humaine et l’écouta poser ses premières questions.

« Je suis venue vers vous en premier parce que je ne voulais pas attaquer le Conseil Impérial de front. Si j’étais allée les voir en premier, seule, sans autre argument que la volonté de ma nation de ne pas se mêler du conflit, je crois que les choses ne se seraient pas bien terminées. Je savais qu’il me fallait de l’aide au sein de l’Empire, des soutiens sur lesquels je pourrais compter, des personnes que le Conseil connaîtrait déjà et dont il respecterait la parole.
Alors que je cherchais à qui je pourrais m’adresser, j’ai découvert l’existence de votre royaume. Ce qui m’a surtout intrigué est la présence des dragons qui vivent en apparente harmonie avec vous. Je me suis dit que si vous aviez été capable de construire un royaume que les dragons estiment assez important pour cohabiter avec, c’est que vous êtes une région de l’Empire avec laquelle il était intéressante de débuter ma recherche de soutiens. Je pensais qu’un premier contact serait plus facile avec des gens habitués à voir des dragons. »

Shykarka s’était dressée un portrait assez négatif de Mijak, et pensait que la plupart des pays composant l’empire n’aimaient pas ce qui n’était pas 100% humain. Il lui avait semblé plus prudent de commencer par un pays où elle savait que sa nature d’hybride-dragon ne serait pas un obstacle au message qu’elle essayait de transmettre.

« Le peu que j’ai pu apprendre sur votre royaume m’a donné envie d’en savoir plus. Et si cette rencontre se passe bien, alors ce sera un premier pas dans l’établissement d’une paix durable entre Rosteria et Mijak. »

Shykarka maudissait intérieurement la faiblesse militaire de son île. Si seulement Rosteria avait une puissance suffisante pour résister aux superpuissances de Terra, elle ne serait pas obligée de mendier l’aide d’autres royaumes et elle ne serait pas obligée de devoir supporter le regard curieux de la magicienne d’Alice. Elle pouvait le sentir.

« Ma chère Ayano, je sens que vous mourrez d’envie de me questionner. Ne vous gênez pas, allez-y. »

Alice sentait quelque chose de curieux avec cette femme. Était-ce une forme d’intuition ? Ou bien quelque chose de lié à son sang, ou à son artefact magique ? Alice portait toujours avec elle l’artefact légendaire de Sylvandell, forgé par Erwan Korvander en personne, la Croix de Sylvandell. Ce pendentif en forme de croix dorée qu’elle portait au bout d’un fin collier la protégeait, mais avait aussi d’autres atouts magiques... Et elle avait l’impression que la Croix réagissait étrangement envers Shykarka, comme si, instinctivement, la Croix sentait que l’Hybride face à elle ne lui disait pas tout, qu’elle était... Plus que ce qu’elle semblait. C’était aussi une impression qu’Ayano partageait. Elle s’était longuement entraînée dans le domaine de la perception magique, précisément en raison des aptitudes naturelles de sa grande-sœur à se dissimuler. Samara l’avait longuement entraîné sur ça, pour pouvoir déceler les artifices magiques, et elle percevait quelque chose d’étrange chez Shykarka, quelque chose qui l’intriguait.

En réponse aux interrogations d’Alice, Shykarka répondit par allusions, en se bornant à répéter ce qu’elle avait déjà dit : elle cherchait des alliées dans le cadre de tractations diplomatiques avec Mijak, et s’était intéressée à Sylvandell, espérant y voir un soutien.

*Certes... Mais pourquoi avoir demandé spécifiquement la Princesse ? Mon père a plus de poids... Et il existe aussi des clans de dragonniers à Mijak.*

L’Empereur lui-même disposait de dragons royaux rouges, des bestiaux très impressionnants qui avaient un nid dans le Jardin Impérial, au sommet de la Tour Impériale. Mais Shykarka, bien décidée à prendre le contrôle de la conversation, ne laissa pas le temps à Alice de réagir, et se retourna vers Ayano. Évidemment, il fallait bien admettre qu’Ayano manquait de sens politique, ce qui était toujours embêtant pour les magiciens, qui gravitaient dans les sphères politiques. Elle restait très honnête, et on pouvait encore assez aisément lire en elle comme dans un livre ouvert.

« Et bien... »

Ayano laissa passer quelques secondes, avant de poursuivre :

« Je sens en vous quelque chose... Une force sous-jacente quez vous essayez de dissimuler, et... Je ne saurai dire si votre puissance me fascine, ou si elle est supposée m’effrayer. »

Ayano fronça doucement les sourcils en se redressant, croisant les bras devant elle, ce qui eut pour effet de légèrement comprimer ses seins :

« Vous n’êtes pas une simple hybride-dragon, n’est-ce pas ? »

Shykarka sentait bien qu’Alice avait des doutes sur elle. Elle devait se demander pourquoi elle avait voulu la rencontrer elle plutôt que son père, et pourquoi commencer par un petit pays plutôt que par une plus grande nation de l’empire. Mais elle ne lui laissa pas le temps de réagir avant de se tourner vers Ayano pour la forcer à poser les questions qui la travaillaient. Et effectivement, la magicienne se demandait d’où venait l’incroyable puissance qu’elle pouvait sentir émaner de l’hybride, malgré les efforts qu’elle faisait pour le masquer. La déesse était aussi concentrée sur ses paroles que sur la façon dont ses bras croisés faisaient rebondir ses seins.

« Je mentirais si je disais que j’étais une hybride-dragon comme tous ceux qui vivent à Rosteria. Savez-vous comment ils m’appellent là-bas ? »

Elle laissa planer quelques secondes pour donner un effet dramatique.

« Leur déesse. Ils me voient comme un être divin. C’est uniquement grâce à ce pouvoir que vous sentez caché en moi que j’ai réussi à amener la paix sur mon île. Et si j’ai voulu le dissimuler à vos yeux, c’est parce que je ne voulais pas vous intimider. »

Il était temps de faire preuve de juste assez d’honnêteté pour mettre ses interlocutrices en confiance.

« Je ne sais pas si je suis une déesse comme vous vous le représentez. Je n’ai jamais vu d’autres dieux pour comparer. Mais tous les habitants de Rosteria me considèrent comme leur déesse, et c’est grâce à cela que j’ai pu les convaincre de cesser de se faire la guerre, alors j’ai entretenu cette vision. Mais je sais que si jamais une grande puissance de Mijak venait à découvrir mon vrai pouvoir, tout l’empire chercherait à en profiter.
Vous vouliez savoir pourquoi je vous ai choisi vous plutôt qu’un autre royaume ? Parce que je sais que vous respectez la puissance des dragons, et que je crois sincèrement que vous ne serez pas aveuglés par l’envie de pouvoir. Je vous ai choisis pour mener une discussion sereine et réfléchie, où les enjeux humains seront considérés avant les enjeux militaires et économiques. »

Shykarka savait que Mijak n’hésiterait pas à envahir Rosteria s’ils craignaient sa puissance. Elle avait fait de son mieux pour protéger son image au-delà des frontières de son île, mais il était maintenant temps pour elle de prendre les choses en main et d’aller à la rencontre des royaumes de l’empire pour éviter la guerre.

« Alors ? Ai-je eu raison de vous choisir ? »

Une Déesse... Du moins, c’est comme ça que ses habitants la voyaient. Mais était-ce la vérité ? Des individus se faisant passer pour des divinités, c’était courant, surtout quand ils étaient des magiciens. Ayano ne savait trop quoi dire. Avec Samara, elle avait déjà croisé une Déesse, la puissante Sha. Sha était justement la Déesse des Sorcières, et Ayano avait pu sentir en elle un pouvoir immense, potentiellement infini, et terrifiant. Était-ce cela qu’elle ressentait aussi chez Shykarka ? Cette même énergie ? Cette même particularité ? Elle n’aurait su le dire, mais... Oui, il y avait clairement quelque chose d’inhabituel chez elle. Quoi qu’il en soit, Shykarka lui demande si elle pouvait être fiable, tout en lui indiquant qu’elle était venue la voir, car elle avait eu la conviction de tomber sur une femme louable, sur quelqu’un qui ne chercherait pas à l’exploiter.

Alice écouta cela silencieusement, et hocha ensuite doucement la tête, consciente que c’était désormais à elle de parler, ce qu’lele fit rapidement :

« À Sylvandell, nous honorons les dragons, en effet... Plus particulièrement le Pätriarche, qui est le Dragon d’Or le plus âgé de la meute de dragons se situant dans les collines. Sylvandell a été fondée grâce à une alliance improbable entre mon ancêtre, Erwan Korvander, et le Patriarche. Je respecte les dragons pour leur puissance, je les vénère même... Et nous connaissons leur force, leur puissance. »

Ayano acquiesça doucement. Elle savait que sa grande-sœur avait été choisie par le Patriarche, qu’elle avait un rôle spécial à jouer dans ce monde. Le pouvoir de Sakura avait grandi au contact du Patriarche, et Ayano, tout en ayant quelques connaissances en matière de magie draconique, n’était toutefois pas une utilisatrice du Thu’um, cette magie draconique spécifique à certains individus... Un art magique que la puissante Shykarka contrôlait sans doute.

La Princesse renchérit encore, et glissa sa main dans son décolleté. Un geste surprenant, mais qui lui permit surtout de sortir à l’air libre un pendentif lumineux, une croix dorée et brillante : la Croix de Sylvandell. Elle la dressa devant sa partenaire.

« Ceci, Shykarka, est la Croix de Sylvandell. Un artefact ancestral, qui me protège, et qui réagit au sang des Korvander... Mais aussi face à d’autres personnes. Quand vous êtes venue, je l’ai senti vibrer. Ceci signifie que vous êtes une femme d’importance, et que la Croix reconnaît votre pouvoir. Pour le reste... Je pense que nous devrions inclure pendant votre séjour à Sylvandell une visite au Sanctuaire. »

Seul le Patriarche pourrait vraiment leur dire qui était Shykarka, ce qu’elle faisait ici, et quel était son rôle. Alice ne croyait pas qu’elle soit une Déesse, car, à l’entendre, les gens de Rosteria l’avaient considéré comme une Déesse alors qu’elle était déjà puissante. Or, les pouvoirs des Dieux émanaient de la foi que les gens avaient en eux.

Alice poursuivit ensuite :

« Je reconnais en vous votre puissance, Shykarka, et j’ai l’intime conviction que nous aurons plus à gagner en étant alliés qu’ennemis. Je pourrais vous introduire auprès d’individus influents au sein de l’Empire, des Conseillers Impériaux qui, comme moi, n’appartiennent pas à une mouvance extrémiste et impérialiste qui chercherait à vous asservir. »

Ayano ne pouvait qu’acquiescer. Samara lui avait parlé de mages très puissants, d’individus si dangereux qu’ils avaient à eux seuls la puissance d’États entiers. Terra recélait d’individus particuliers, de forces surnaturelles, des êtres exceptionnels, et Shykarka semblait ne pas devoir échapper à la règle.

« Alors... Je pense que ce sera à vous de répondre à votre question, et de voir si je mérite votre confiance... Tout comme à moi de voir si vous méritez la mienne. Ayano et la Croix confirment votre pouvoir, et j’ai pour habitude de me référer à ce dicton ancestral, selon lequel le pouvoir corrompt... Mais n’y voyez aucune accusation, disons plutôt que l’être humain a une tendance naturelle à se méfier de ce qui est puissant. »

Inversant les rôles, Alice demanda brusquement :

« Alors... Dois-je me méfier de vous ? »

Après cet aveu sur sa nature si particulière, Shykarka ne savait pas trop comment ses interlocutrices allaient réagir. Alice prit la parole et commença à lui raconter l’histoire de Sylvandell : la rencontre du Pätriarche avec Erwan Korvander, leur alliance qui avait conduit à la fondation du royaume, la Croix de Sylvandell qui reconnaissait son pouvoir… Pour la déesse, toutes ces informations étaient précieuses à connaître. Non seulement elle avait eu confirmation que la princesse vénérait les dragons, mais en plus un artéfact magique de son royaume donnait une légitimité à son discours. Mais ensuite arriva le passage qu’elle redoutait : Alice voulait être sûre qu’elle pouvait avoir confiance en son invitée avant d’envisager d’aller plus loin. Et comme elle le dit elle-même, l’être humain se méfie de ce qui est puissant, la princesse avait donc besoin qu’on apaise ses craintes.

Ça y est, j’y suis.

Une rencontre avec des conseillers impériaux et le soutien de Sylvandell ne tenaient plus à présent qu’à la capacité de Shykarka à convaincre son auditoire.

« Chère princesse, je peux vous assurer que, hormis si vous décidez d’attaquer Rosteria, vous n’aurez jamais à vous méfier de moi. En tant que chef d’état, je sais à quel point la paix peut être fragile à maintenir, et à quel point la guerre est un fléau pour un pays. Tout ce que je veux, c’est permettre à Rosteria et à ses habitants de vivre sans redouter une invasion. Jamais je ne m’en prendrai à vous parce que cela nuirait à mon pays.
J’espère que mon séjour à Sylvandell sera l’occasion de mieux nous connaître, et qu’il me permettra d’effacer tous vos doutes. »

Et cette découverte pourrait aussi bien être diplomatique que… plus intime. Alice était sans doute mariée, mais ce n’était peut-être pas le cas d’Ayano. La jeune sorcière était une belle femme, et Shykarka ne restait jamais insensible à de bons attributs féminins placés là où il faut. Même si ce n’était pas le but premier de sa visite, elle pourrait bien prendre une heure ou deux pour faire découvrir à cette demoiselle comme il était plaisant de coucher avec une hybride dragon.

« Dites-moi princesse, que puis-je faire pour que notre relation parte du bon pied ? »

Alice avait joué carte sur table, et Shykarka en fit de même. Elle lui assura qu’elle n’envisagerait jamais d’envahir d’autres pays tant qu’eux ne les attaqueraient pas. Et, à voir la puissance de Shykarka, il était à craindre les risques de se lancer dans un conflit ouvert, sachant que Mijak avait tendance à multiplier les conflits. Dans l’absolu, Alice préférait trouver des alliés que des ennemis, mais elle savait aussi les difficultés et les limites de cette logique. Le Conseil Impérial, en soi, ne voulait pas d’alliés, mais de provinces supplémentaires à annexer à son immense Empire. C’était une chose que la jeune Princesse admettait volontiers, et là, face à Shykarka, elle se doutait que la femme n’accepterait jamais de s’inféoder à Mijak.

*Ou peut-être que si... Sous une forme allégée ?*

La Princesse n’en savait trop rien, mais, en toute hypothèse, elle soupçonnait qu’elle pourrait négocier des années de tranquillité à Rosteria, au moins le temps que le conflit avec Lumen se termine... Et, qui sait ? Le temps que le conflit se termine, la doctrine impériale majoritaire pourrait changer de paradigme, opter pour une approche plus pacifiste. Alice se pinça les lèvres quand Shykarka demanda ce qu’elle pouvait faire pour que leur relation commence bien.

« Et bien... »

Elle réfléchit un peu, sans se douter des arrière-pensées de Shykarka... Ou pas.

« Officiellement, le programme diplomatique ne commence que Shykarka, cela nous laisse un peu de temps pour nous découvrir... Plus personnellement.
-  Nous pourrions lui montrer où elle dormira ? » proposa subitement Ayano.

Alice hésita encore un peu. Elle n’était pas télépathe, et ne savait donc pas à quoi Shykarka pouvait bien penser, mais estima que la proposition d’Ayano fournirait un prétexte parfait pour cela. La Princesse acquiesça donc, et invita Shykarka à la suivre, tout en déambulant dans les couloirs.

« Vous avez dû constater que le Château était plutôt petit. À l’époque d’Erwan, il était assez grand, mais, tandis que la population de Sylvandell a cru, nous avons continué à conserver ce château ancestral comme siège politique. Il a parfois été envisagé de construire un fort plus grand dans les hautes-plaines, mais... Les Sylvandins sont assez nostalgiques. »

Alice rejoignit un nouvel étage, et s’arrêta devant une porte.

« C’est l’aile réservé aux hôtes diplomatiques. Nous pouvons préparer une chambre pour vous, Shykarka... »

La tête blonde ne termina pas sa phrase sur le coup. Elle croisa brièvement le regard d’Ayano, avant de reprendre :

« ...Mais vous pouvez aussi avoir une autre chambre... Dans mes quartiers personnels. »

Que choisirait-elle ?

Apparemment, Shykarka avait réussi son coup. Alice semblait être moins sur ses gardes. Comme le programme diplomatique ne commençait que le lendemain, Ayano proposa à la déesse d’aller visiter la chambre qui lui avait été réservée pour son séjour.

« Quelle bonne idée. Je vous suis mesdemoiselles. »

En chemin, la princesse expliqua à son invitée pourquoi le château était aussi petit, principalement à cause de l’accroissement de la population et de la nostalgie du peuple. En arrivant à l’étage supérieur, elle lui demanda si elle préférait s’installer dans une chambre de l’aile diplomatique ou dans les quartiers privés de la femme. Une belle opportunité que l’hybride se dépêcha de saisir.

« Eh bien… je ne voudrais pas paraître impolie surtout… mais j’avoue être assez curieuse de voir vos quartiers personnels. J’aimerais y avoir une chambre. »

Shykarka suivit donc Alice et Ayano jusqu’aux quartiers privés de la princesse. En chemin, elle se félicita intérieurement pour cette réussite. Non seulement elle avait réussi son entrée dans la sphère diplomatique de Sylvandell, et donc dans celle de l’empire par la même occasion, mais en plus elle allait pouvoir se rapprocher de la princesse et de sa magicienne personnelle pendant son séjour, de quoi tisser des liens plus proches et ainsi appuyer sa future demande de pacte de non-agression auprès du conseil impérial. Et avec un peu de chance, elle allait peut-être même pouvoir s’amuser avec Ayano et son corps de rêve.

En arrivant dans les quartiers personnels d’Alice, Shykarka se demanda à quel point ce rapprochement était significatif pour sa mission diplomatique.

« Chère princesse, sachez que je suis flattée que vous m’accordiez assez de confiance pour m’inviter dans vos quartiers. Et j’espère que ce rapprochement fera suite à beaucoup d’autres, que ce soit entre nos deux pays… ou de façon plus personnelle. »

Shykarka accepta donc son offre, ce qui ne manqua pas de faire doucement sourire Alice. Elle hocha donc la tête, puis se déplaça à nouveau, invitant la femme à la suivre. La femme avait indiqué qu’elle n’était pas contre l’idée de renforcer leurs relations également sur un plan personnel, une doucereuse invitation qui n’échappa évidemment pas aux oreilles aguerries de la Princesse. À Mijak, les mœurs étaient bien différentes qu’à Lumen, et il était habituel de célébrer une relation d’affaires, ou même diplomatique, par une partie de sexe. Quel meilleur moyen de célébrer l’amitié que de s’envoyer mutuellement en l’air ? Alice grimpa de nouvelles marches, jusqu’à rejoindre le sommet de l’une des tours du Château, avec une double porte et deux gardes.

« Mes appartements sont derrière cette porte, Shykarka. Soyez assurée que le fait de vous inviter ici témoigne de ma profonde amitié à votre encontre. »

Les appartements d’Alice étaient toutefois un peu étroits pour une Princesse. Ils comprenaient un couloir en forme de L, avec une série de portes à droite et à gauche, donnant sur la salle de bains, la salle de rangement, la bibliothèque, et une chambre d’amis. C’était au bout de petit couloir en forme de « L » qu’on trouvait une porte menant à la chambre de la Princesse. Cette chambre-ci était en revanche assez spacieuse, avec une cheminée, un grand lit, et une porte-fenêtre permettant d’accéder à une terrasse surplombant le royaume.

Très rapidement, Alice posa un doigt pensif sur ses lèvres en arrivant au seul constat qui s’imposait :

« C’est bien ce que je craignais... Ma chambre d’amis est trop petite pour vous. »

Il fallait après tout tenir compte des ailes, et Alice n’avait nullement l’intention d’indisposer son invitée. Toutefois, son ton ne semblait pas vraiment surpris, comme si cette petite mise en scène était savamment calculée. Ayano souriait d’ailleurs doucement. Même si elle apprenait quelques leçons politiques avec Samara, la magicienne d’Alice restait encore jeune, et ne masquait donc pas son enthousiasme à l’idée de ce qui allait suivre.

Alice invita donc Shykarka à la suivre, et elles entrèrent dans la chambre de la Princesse. Là, la tête blonde se retourna vers Shykarka, tandis qu’Ayano refermait doucement la porte derrière elles, avant de se rapprocher de Shykarka.

« J’ai bien conscience que ma chambre doit sembler un peu petite pour une femme aussi grande que vous... Mais je puis vous assurer que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous vous sentiez à votre aise...
-  Ce que je compte faire aussi... »

Ayano se rapprocha donc de Shykarka également, sur sa droite, tandis qu’Alice se mettait à sa gauche, n’attendant plus qu’un signal, un geste pour réduire encore l’espace qui les séparait...

Les quartiers privés de la princesse étaient certes élégants mais un peu étroits pour une femme de la carrure de Shykarka. Elle ne pouvait pas rester dans la chambre d’amis d’Alice, alors cette dernière la conduisit jusqu’à sa propre chambre. L’endroit était bien plus luxueux, et d’une certaine façon, semblait bien plus intime. L’hybride se sentait encouragée à tenter un rapprochement intime avec Ayano, et peut-être même avec Alice. La chambre intime, leur proximité physique… tout paraissait aller dans ce sens. Mais avant de faire une erreur stupide, elle voulut tâter un peu le terrain pour être sûre de son coup.

« Princesse, j’espère que vous ne trouverez pas trop… indécente, mais après tout nous sommes entre adultes, et j’ai l’impression que les choses deviennent tout à coup plus… intimes. »

La déesse déploya ses ailes pour entourer discrètement les deux femmes et les inciter à se rapprocher d’elle.

« Chère Alice, avec votre permission… je souhaiterais profiter d’un moment intime avec vous et Ayano. »

Elle se tourna ensuite vers la magicienne.

« Ayano, tu es une vraie beauté et ta tenue te met bien en valeur. Je suis peut-être ici pour des raisons diplomatiques, mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas le droit de m’amuser. Alors si tu es d’accord, que dirais-tu de découvrir le sexe avec une déesse ? »

Après Ayano, Shykarka regarda Alice et lui tint à peu près le même discours, mais en prenant plus de pincettes.

« Princesse, je ne sais pas quelles sont les règles de votre pays en ce qui concerne les relations extra-conjugales, mais si cela ne pose pas de problème à votre mari, je serai ravie de vous avoir dans le lit avec Ayano. »

Si ça ne tenait qu’à elle, l’hybride aurait déjà plaqué ces deux humaines sur le lit et leur aurait arraché leur robe pour leur faire découvrir à quel point elle était une bonne amante. Mais tant qu’elle serait à Sylvandell, elle devrait être diplomatique dans tout ce qu’elle ferait, y compris dans l’intimité.

Alice se rappelait encore de l’époque où Sakura avait retrouvé Ayano. Elle était sa petite-sœur, qui avait disparu sur Terra, et était encore jeune quand elle était venue à Sylvandell. Comme sa sœur, Ayano n’avait eu aucune envie de retourner sur Terre, et Alice lui avait donc offert la nationalité. Puis Sakura avait disparu, et Ayano était partie à la capitale pour s’entraîner. Elle était revenue plus grande, dans tous les sens du terme, et elles n’avaient pas tardé à faire l’amour, Ayano souhaitant se mettre aux services de la Cour de Sylvandell, et plus précisément de la Princesse, afin de devenir sa magicienne personnelle. Toujours est-il que cette évolution avait pu surprendre Alice, et continuait d’ailleurs à chaque fois à la surprendre. Le temps avait visiblement passé, et elles se retrouvaient maintenant toutes les deux face à Shykarka, qui les engloba avec ses ailes, les amenant l’une comme l’autre à se retrouver contre elles.

Leurs mains amorcèrent le premier contact physique entre les trois femmes, et Alice pouvait sentir ses battements cardiaques s’accélérer brusquement, sous l’effet d’une bouffée d’adrénaline. Prenant conscience du rapprochement, Shykarka fut la première à, briser pleinement le protocole, en proposant à Ayano de lui faire l’amour... Avant de faire la même proposition à Alice. Ayano s’en mordilla doucement les lèvres.

« Coucher avec une femme comme vous serait un honneur, Déesse Shykarka... »

Quant à Alice, elle sourit doucement, et remonta sa main pour caresser la joue de Shykarka. Celle-ci était un peu plus grande qu’elle, de sorte qu’Alice dut se hisser sur la pointe des pieds pour aller lui souffler un baiser. Ses lèvres se posèrent sur les siennes pendant quelques secondes, balayant par ce simple geste tous les doutes que Shykarka aurait pu avoir.

« Les mœurs mijakiennes sont très particulières, Déesse Shykarka... Je suis mariée, oui, alors... Si vous voulez coucher avec moi, il vous faudra être prête à le faire aussi avec mon mari. »

À Mijak, terre de démons, les valeurs religieuses insistant sur la chasteté sexuelle étaient très faibles. Ici, le mariage n’était pas un sacrement vu pour permettre d’anoblir les relations sexuelles, mais une convention d’amour passée entre deux individus s’engageant à mener une vie commune dans le but de fonder une famille. Le mariage n’en restait pas moins important, mais ses conséquences étaient différentes du mariage luméen. C’était une chose qu’Alice avait très bien comprise. Juste après son baiser, ce fut au tour d’Ayano de se hisser sur la pointe des pieds, pour embrasser la femme-dragon. Son baiser était plus vif que celui d’Alice, trahissant sa fougue et son inexpérience... Même si elle était loin d’être vierge. Quand on suivait une formation avec Samara, il y avait, tôt ou tard, une partie consacrée à l’éducation sexuelle.

Les trois femmes partagèrent donc plusieurs baisers, avant qu’Alice n’esquisse un léger sourire taquin.

« Vous êtes sûre d’y arriver, Shykarka ? S’occuper de deux femmes comme nous en même temps... Vous avez intérêt à être à la hauteur, et à réussir à nous satisfaire ! »

Après tout, Shykarka n’avait pas n’importe qui comme amantes en face d’elle, mais une magicienne et une Princesse... Indéniablement, cela méritait quelques égards particuliers !

Shykarka avait tenté un assaut frontal mais en prenant assez de sécurité pour faire machine arrière en cas d’échec. Pour son plus grand plaisir, les deux femmes avaient accepté de partager un moment intime avec elle. Ayano se mordilla les lèves en disant qu’elle serait honorée de coucher avec elle tandis qu’Alice vint lui voler un baiser en lui expliquant que, selon les mœurs mijakiennes, si elle couchait avec une femme mariée, elle devait être prête à faire la même chose avec son mari.

« Hhhmmm… nous verrons cela. Pour l’instant, c’est vous que je veux. »

Après la princesse, ce fut la magicienne qui vint l’embrasser, un baiser plus vif et plus appuyé. La déesse allait avoir beaucoup de travail si elle voulait satisfaire deux femmes aussi belles et énergiques que ses hôtes.

« Ne vous en faites pas, ça va aller. Je sens que ça va être une délicieuse expérience, pour vous comme pour moi. »

Shykarka referma ses ailes en entourant Alice et Ayano pour les obliger à se coller à elle et ses mains puissantes allèrent empoigner leurs fesses. Ses doigts puissants couverts d’écailles pressèrent la chair moelleuse des postérieurs des deux femmes et elle les écouta gémir de plaisir, blotties contre son corps.

« Ça vous plaît hein ? Et ce n’est que le début. »

Shykarka alla s’assoir sur le lit d’Alice et fit installer ses amantes sur ses genoux. Tandis que ses mains continuaient de palper leur fessier, elle colla leurs corps plus près du sien pour que sa poitrine se presse contre la leur. La tehcnique de la femme était parfaitement au point, acquise après des années d’expérience à force de faire l’amour à toutes les hybrides de son île qui lui vouaient une telle admiration qu’elles voulaient toutes perdre leur virginité avec elle ou porter son enfant. A présent, c’était la princesse et sa magicienne qui profitaient de délicieuses caresses sur leurs seins et leurs fesses, mais pour l’hybride, ce n’était pas encore suffisant.

« Et si vous vous déshabilliez mesdemoiselles ? Que je puisse voir ce que vous cachez sous ces élégantes tenues. »

Et bien sûr, qu’elle en profite pour observer comment ces femmes utilisaient leur corps pour charmer et séduire leurs amantes avant d’aller palper leur jolie peau sans aucun obstacle sur sa route.

Alice et Ayano se retrouvaient en bonne compagnie, mais Shykarka allait avoir fort à faire avec ces deux femmes. L’époque où Ayano était encore une jeune femme inexpérimentée était bien éloignée. Ayano l’avait démontré à Alice en lui faisant l’amour, se servant des sorts de magie rose qu’elle avait appris auprès de l’Archimage Samara. Shykarka était toutefois en confiance, et referma ses ailes sur les deux femmes, les plaquant contre son corps musclé, écailleux et saillant. Plutôt grande, Shykarka posa alors ses deux mains sur les fesses de ses partenaires, faisant rougir Alice. La dragonne y allait maintenant sans ménagement, faisant parler son côté bestial et dominateur, crispant ses doigts sur les postérieurs de ses amantes, et se déplaça ensuite. Elle s’assit sur le rebord du lit, et décolla alors ses ailes, chacune des deux femmes s’asseyant sur ses cuisses. Alice sentait les écailles de la femme contre elle, et se pinça doucement les lèvres, commençant à se dandiner sur place.

Shykarka prenait littéralement les choses en main, et les plaqua contre ses seins. La dragonne avait une assez belle poitrine, même si elle était partiellement dissimulée sous ses écailles, et demanda si cela leur plaisait. Alice sourit doucement à cela, et acquiesça :

« Oui, c’est...
-  C’est un bon début » compléta doucement Ayano, provocante.

Les deux femmes ne comptaient pas laisser Shykarka chanter victoire trop tôt. Contrairement à ce que la dragonne pouvait penser, elle n’avait pas affaire à des amatrices, mais à des amantes expérimentées, qui ne pavoiseraient pas pour rien. Elle leur intima de se déshabiller, et Alice sourit doucement.

« Oh, quelle impatience, chère dragonne... »

Alice portait encore sa robe blanche, et défit lentement les bretelles, dévoilant ses épaules, puis tira sur le bas de sa robe. Cette dernière glissa, et la jeune femme la jeta au sol, finissant ainsi dans des sous-vêtements affriolants, puisqu’elle portait, sous celle-ci, un élégant corset blanc à dentelle dissimulant une culotte blanche. Ayano, de son côté, retira sa cape et le léger voile qu’elle portait, permettant ainsi de mieux voir ses formes bronzées... Puis les deux femmes, en souriant, renversèrent soudain Shykarka en prenant appui sur son corps.

La Princesse semblait s’amuser de la situation, et se pencha vers Shykarka, l’embrassant sur les lèvres.

« Nous sommes des Mijakiennes et des Sylvandines, Shykarka, pas de simples paysannes. Il ne suffit pas de parler pour nous faire obéir, il faut agir ! »

Un peu de résistance de la part de ces deux femmes... Mais Shykarka pouvait-elle vraiment s’attendre à autre chose ? Elle ne couchait pas avec n’importe qui, après tout !

Shykarka pensait que ce serait facile de gérer deux humaines qui voulaient du sexe, alors elle se contentait d’agir comme elle le faisait d’habitude dans ces conditions. Alice et Ayano se levèrent de ses genoux pour pouvoir se déshabiller. La princesse fit tomber sa robe blanche pour dévoiler une lingerie tout aussi blanche, avec un élégant corset à dentelle qui dissimulait une petite culotte. La magicienne, elle, portait si peu de vêtements que, une fois sa cape et son voile tombés, la dragonne réalisa qu’elle se baladait pratiquement en sous-vêtements depuis le début de cette rencontre. Elle regarda les deux femmes revenir vers elle en souriant, puis elles posèrent leurs mains sur sa poitrine pour la renverser.

« Oh… »

Après qu’Alice soit venu lui voler un baiser, Shykarka réalisa que ces femmes allaient être plus difficiles à apprivoiser que ses amantes habituelles. Elle les laissa s’amuser un peu en leur donnant des baisers et des caresses, puis elle décida de passer à la vitesse supérieure. D’un clignement d’œil, elle fit disparaître le haut de sa tenue, laissant sa plantureuse poitrine danser à l’air libre. Ses mains allèrent ensuite se poser sur les poitrines de ses amantes, une main pour chacune.

« On peut dire que vous êtes bien loties toutes les deux. Ronds, chauds, moelleux… je sens que je pourrais jouer avec pendant des heures. »

Ses mains puissantes malaxaient la chair de leurs seins en y mettant progressivement plus de force pour voir jusqu’où elles pouvaient le supporter. De temps en temps, elles pinçaient leurs tétons entre ses doigts griffus pour les voir gémir et se tortiller. Elles étaient peut-être plus difficiles à gérer que des amantes ordinaires, mais elles finiraient bien par se mettre à genoux devant elle tôt ou tard.

« J’espère que mes griffes ne vous font pas trop mal. Je peux les faire disparaître si vous voulez. Je peux faire beaucoup de choses avec ma magie. »

Shykarka leur fit une petite démonstration en utilisant ses pouvoirs sur ses mains. Basiquement, sa magie lui permettait de contrôler l’essence spirituelle qu’on trouvait dans toute chose vivante et d’en faire ce qu’elle voulait. Du coup, elle utilisa ce pouvoir pour rendre les caresses procurées par ses mains plus délicieuses pour ses amantes. Leurs seins allaient sans doute leur paraître plus sensibles et elles allaient éprouver plus de plaisir à se faire tripoter. La dragonne ne faisait pas dans la dentelle pour être sûre qu’elles prenaient bien leur pied, ces femmes semblaient apprécier que leur plaisir fasse un peu mal.

« Et si vous veniez jouer avec mes seins ? Qui sait… vous pourriez avoir une surprise. »

En effet, sa magie lui permettait aussi de changer son propre corps. Si elles se mettaient à téter, Alice et Ayano auraient la joie de découvrir deux belles mamelles pleines de lait.