The Multiversity

Le vent salé de Yoake fouettait les cheveux turquoise de Rebecca alors qu’elle slalomait entre les ruelles étroites du quartier maritime, son cœur battant à tout rompre sous l’adrénaline pure. « Allez, les gars, vous pouvez pas suivre une petite comme moi ? » lança-t-elle par-dessus son épaule, un éclat de rire maniaque lui échappant alors qu’elle entendait les cris furieux des gangsters derrière elle. Tout ça parce qu’elle avait peut-être , juste un peu, provoqué leur chef en lui balançant une réplique bien sentie après qu’il avait tenté de racketter une marchande du coin. « T’as des yeux de poisson mort, connard, t’as qu’à aller nager avec ! » Oups, peut-être pas sa meilleure idée, mais c’était plus fort qu’elle, ces types lui donnaient des envies de chaos.

Ses cyberbras, rouge et bleu, claquaient contre les murs alors qu’elle sautait par-dessus une caisse renversée, leurs implants massifs grondant sous l’effort. Sa veste noire flottait derrière elle, laissant entrevoir sa lingerie noire qui semblait attiser la colère des poursuivants, au contraire, leurs insultes redoublaient. « Attrapez cette petite pute ! » hurla l’un d’eux, un type baraqué avec une cicatrice sur la joue. Rebecca éclata d’un nouveau rire, ses sneakers claquant sur le pavé humide, mais elle commençait à sentir la fatigue peser. Trop de virages, trop de provocations, même elle n’était pas invincible.

Soudain, un cul-de-sac ! Merde, pas le temps de réfléchir. Elle se retourna, les poings serrés, prête à en découdre avec ses cyberbras prêts à cogner, quand une silhouette inattendue surgit devant elle. Une femme, avec une aura qui sentait le métal et le mystère. « Eh, toi ! T’as une tête qui sait se battre, non ? » lança Rebecca, un sourire narquois aux lèvres malgré la situation. « J’suis un peu dans le pétrin avec ces clowns, un coup de main cybernétique, ça te tente ? » Ses yeux néon clignotèrent, passant du rouge au vert, tandis qu’elle jetait un regard rapide derrière elle, les gangsters se rapprochant dangereusement. « Allez, fais pas ta timide, on va leur montrer qui commande ici ! »

En plus d'être au lycée Jinmu, Lisbeth avait à côté un petit travail, un de ses fameux baito (job) qu'une partie de la population japonaise faisait pour gagner leur vie ou arrondir leurs fins de mois. Elle avait décroché un contrat de deux semaines dans un konbini (supérette ouverte 7j7, 24h24) se trouvant dans le quartier maritime.
Elle commençait vers 18 heures et finissait à minuit. Le patron, quelque peu étonné qu'une fille aussi jolie, étrangère de surcroit, fasse ce genre de boulot, avait quand même accepté de l'embaucher et n'avait eu qu'à s'en féliciter : Lisbeth parlait et comprenait le japonais à la perfection, préparait vite et de manière efficace les bento (paniers repas), retenait l'emplacement des articles, ainsi que leurs noms et leurs prix, était ponctuelle et n'était jamais fatiguée. Cerise sur le gâteau, sa plastique attirait davantage des clients, essentiellement masculins.
Ses compétences étaient tellement extraordinaires que cela en devenait quelque peu effrayant, ce qui n'empêchait pas son patron d'envisager de prolonger son contrat.

Avec ses capacités cybernétiques, Lisbeth aurait pu facilement trouver un travail plus rémunérateur et moins ingrat, voire carrément dérober de l'argent, mais elle trouvait que ce job était un parfait terrain pour étudier les humains et plus discret, pour mieux "se fondre dans la masse".

Elle avait quitté son service ce soir là et parcourait le chemin menant à son domicile, situé non loin du centre-ville. Pour ce faire, elle était obligée d'emprunter les rues du quartier maritime. A un détour, elle tomba nez à nez avec une fille des plus étranges : un peu plus grande qu'elle, elle avait une peau violette, des yeux qui brillaient dans la pénombre, et une tenue qui donnait l'impression qu'elle venait juste de sortir d'un club de strip-tease. Le plus remarquable cependant étaient ses bras qui étaient... mécaniques, aux mains démesurées.
Un rapide scan l'informa que cette donzelle était dotée d'attributs cybernétiques.

Elle semblait avoir des ennuis, en témoignait le petit groupe d'individus qui accourait vers elle et dont les intentions étaient tout sauf amicales, ce dont elle n'avait pas l'air de s'en inquiéter. Elle demanda même à Lisbeth, avec une insistance à peine discrète, de lui filer un coup de main.

- Euh... Je pense qu'on ferait plutôt mieux de se casser ! finit-elle par répondre. Elle n'avait pas spécialement envie de se battre, surtout pour une fille qui avait plus l'air de chercher la castagne qu'à fuir pour sauver sa peau. D'un autre côté, elles étaient dans une impasse et le groupe était enfin arrivé à leur hauteur, les encerclant...

- Et merde !... lâcha lisbeth.

Les gaillards étaient au nombre de cinq et n'avaient pas des mines spécialement engageantes. Sûrement des voyous, pensa la cyborg.

- Tu nous as bien fait courir petite salope !
- Ouais, tu vas nous le payer !
- Oh oh oh, elle est allée chercher sa copine pour nous affronter... J'ai peuuuuur les mecs !!!!!
- T'as vu la paire de nichons qu'elle se trimballe l'autre ?!
- Putain, tas raison, j'en ai jamais vu d'aussi gros !

Le dernier qui venait de parler s'approcha de Lisbeth et posa une main avide sur l'un de ses seins.

- Monumentale erreur... fit Lisbeth d'une voix glaciale, dont les yeux venaient de se rétrécir.

Avec la rapidité d'une mangouste, sa main agrippa la main du malotru et la retourna d'un coup sec. Un craquement sinistre se fit entendre puis un hurlement de douleur déchira l'air nocturne : Lisbeth venait de lui briser le poignet.

La sarabande infernale venait de commencer !

Le chaos explosa dans le cul-de-sac, et Rebecca resta un instant figée, les yeux écarquillés, alors que la petite silhouette devant elle, une petite nana, peau lisse comme du silicone, des cheveux blonds éclatants et des yeux bleus pétillants, venait de broyer le poignet d’un gangster comme si c’était une brindille. « Putain, mais t’es quoi, toi ? » marmonna-t-elle, son instinct de combattante s’éveillant alors que son regard néon clignotait entre le rouge et le vert, fascinée par cette force inattendue. Mais avant que la blonde ne prenne les devants, Rebecca décida de montrer de quoi elle était capable.

Les gangsters, furieux, se jetèrent dans la mêlée, mais Rebecca ne leur laissa aucune chance. D’un mouvement vif, elle lança un coup du cyberbras rouge dans la mâchoire d’un premier type, l’envoyant valser contre le mur avec un craquement sonore. « Allez, les clowns, venez goûter ça ! » hurla-t-elle, son rire maniaque résonnant alors qu’elle pivotait pour attraper un deuxième gars par le col, le soulevant comme une poupée avant de le projeter au sol avec un grondement métallique de ses implants. Un troisième tenta de la frapper par derrière, mais elle esquiva avec agilité, ses sneakers claquant sur le pavé, et lui asséna un uppercut qui le fit s’écrouler, le nez en sang.

Les deux derniers hésitèrent, mais Rebecca ne leur laissa pas le temps de réfléchir. Elle chargea, ses cyberbras sifflant dans l’air, et d’un double coup latéral, elle les envoya rouler dans la poussière, leurs grognements se perdant dans la nuit. Le calme revint aussi vite qu’il avait éclaté, les survivants fuyant en hurlant dans les ruelles sombres. Rebecca essuya une goutte de sueur sur son front, son souffle court, puis se tourna vers la mystérieuse sauveuse avec un sourire narquois.

« Eh ben, ma jolie, t’as vu ça ? » lança-t-elle, sa voix rauque teintée d’un ton taquin. Elle s’approcha de la blonde, détaillant sa silhouette avec un éclat d’admiration. « 1m50 de perfection cybernétique, hein ? T’es pas humaine, ça crève les yeux, et j’adore ça. T’es forte, t’es bonne, et t’as l’air d’avoir du fun à mater les mecs comme ça. » Elle fit un pas de plus, réduisant la distance, et posa une main légère sur l’épaule de la demoiselle, son cyberbras contrastant avec la douceur apparente de sa peau synthétique. « Moi aussi, j’aime bien me faire maîtriser, tu vois, surtout par une bonasse comme toi. T’as une aura qui claque, et j’parie que t’as d’autres talents cachés sous ce corps de rêve. Alors, qu’est-ce t’en dis ? On continue ce petit jeu ailleurs, juste toi et moi ? » Elle inclina la tête, un éclat joueur dans les yeux, son cœur battant d’adrénaline et d’une excitation nouvelle face à cette inconnue aussi intrigante que puissante.

Mais avant qu’elles puissent échanger un mot de plus, un nouveau tumulte déchira l’air. Une nouvelle vague de gangsters surgit des ombres, plus nombreux et armés jusqu’aux dents. Lames scintillantes brillaient sous les lampadaires, tandis que d'autres brandissaient des pistolets, leurs canons pointés avec une menace palpable. Rebecca serra les poings, ses cyberbras prêts à rugir à nouveau, son sourire se transformant en un rictus de défi.

Le combat fut aussi bref qu'intense. Surtout pour l'inconnue : cette dernière, grâce à ses bras cybernétiques réussit à mettre à mal cinq des voyous en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire. Pendant ce temps, Lisbeth ne s'était coltiné qu'un seul des ruffians, esquivant dans un premier temps ses coups avant de riposter. La cyborg n'avait pas une force herculéenne mais elle en avait suffisamment pour mettre KO son adversaire en deux ou trois coups bien placés.

Le silence retomba dans la ruelle et la fille à la peau violette se tourna vers Lisbeth, la gratifiant d'un sourire que l'on pourrait qualifier sans peine de carnassier ou de séducteur, c'est selon, avant de la féliciter, lui faisant remarquer au passage sa nature cybernétique. En fait elle fit plus que la féliciter : elle lui fit carrément du rentre-dedans ! Manifestement Lisbeth lui plaisait et elle ne serait pas contre un autre type de combat avec elle, de préférence dans un endroit plus calme et plus discret, toutes deux allongées dans un plumard...

Lisbeth n'eut pas vraiment le temps de répondre, ni de réfléchir à sa proposition d'ailleurs car un autre groupe de voyous venait de faire son apparition, plus nombreux mais également mieux armés : armes à feu, katanas, couteaux, barres de fer, battes de base-ball... L'inconnue eut un petit sourire, signe qu'elle était prête à en découdre mais Lisbeth trouvait que cela allait beaucoup trop loin cette fois. Elle ne craignait pas pour sa vie, étant donné qu'elle ne pouvait pas vraiment mourir mais elle n'avait nulle envie de se prendre un mauvais coup ou une balle perdue qui endommagerait un de ses circuits, voire carrément son système, même si cela paraissait peu probable.

- On ferait mieux de se casser ! fit-elle à sa "coéquipière", lui désignant du pouce une ruelle adjacente qui leur permettrait de filer. Cette partie du quartier maritime était un vrai dédale mais Lisbeth avait le plan en tête, littéralement, et elle se faisait fort de semer leurs poursuivants tout en se trouvant une bonne cachette en attendant que les choses se tassent.

Le problème était de savoir si l'autre préférait la fuite à la baston. Sans attendre de réponse, la cyborg s'engouffra dans la ruelle.

Rebecca sentit l’adrénaline rugir dans ses veines alors que le nouveau groupe de voyous surgissait, leurs armes luisant sinistrement sous les néons vacillants de la ruelle, leurs silhouettes floues dans la pénombre. Un rictus sauvage étira ses lèvres alors qu’elle jeta un coup d’œil à Lisbeth, son sourire carnassier s’intensifiant malgré la menace croissante. « Oh, ils veulent jouer les durs avec leurs jouets ? Parfait, j’adore gâcher leurs plans ! » lança-t-elle, sa voix teintée d’un rire maniaque. Sans perdre une seconde, elle plongea la main dans une poche de sa veste noire, ses doigts cybernétiques s’enroulant autour d’une grenade aveuglante et assourdissante subtilisée lors d’une précédente escapade. « Tiens, un petit cadeau pour ces clowns ! »

D’un mouvement fluide, elle arracha la goupille avec ses dents, un éclat de défi dans ses yeux néon clignotant entre rouge et vert, et lança la grenade au milieu du groupe. Une explosion de lumière aveuglante et un bang assourdissant éclatèrent, faisant trébucher les voyous dans un chaos de cris et de jurons. À cet instant, la pluie commença à tomber, des gouttes fines d’abord, puis un déluge qui transforma leur fuite en une course aquatique. « Allez, princesse, on dégage ! » cria-t-elle à Lisbeth, ne lui laissant pas le choix. Avec une agilité surnaturelle, ses cyberbras puissants se tendirent, saisissant la cyborg par la taille et la soulevant comme une princesse dans ses bras. Le métal de ses implants grinça sous l’effort, l’eau s’infiltrant dans les circuits humides, mais Rebecca ne broncha pas, un rire sauvage lui échappant alors qu’elle sprintait hors de la ruelle adjacente, la pluie martelant leurs corps.

Ses sneakers éclaboussaient le pavé détrempé, ses cheveux turquoise se collant à son visage ruisselant tandis qu’elle slalomait à travers le dédale du quartier maritime, suivant instinctivement les indices qu’elle devinait dans le regard de Lisbeth. La pluie, qui avait débuté dès leurs premiers pas de course, avait trempé leurs vêtements, rendant la veste noire de Rebecca humide et révélant les contours de sa lingerie noire. « T’es légère comme une plume, dis donc ! On va trouver un coin cosy pour sécher, » taquina-t-elle, son souffle court formant de petits nuages dans l’air frais, son énergie intacte malgré l’eau qui ruisselait de ses cyberbras. Elle repéra un entrepôt abandonné, ses portes rouillées entrouvertes comme une invitation, et s’y engouffra sans hésiter. L’intérieur était sombre, rempli de caisses empilées et d’ombres dansantes, l’odeur de sel et de métal mêlée à celle de l’humidité ambiante.

Elle déposa Lisbeth avec précaution sur une caisse, ses mains cybernétiques, encore humides et luisantes, effleurant la peau trempée de la demoiselle, laissant une traînée d’eau froide avant de reculer d’un pas, un sourire narquois aux lèvres. Leurs vêtements ruisselants gouttaient sur le sol, les gouttes s’écrasant en un rythme doux, leurs corps luisants sous la faible lumière. « Voilà, sauvée par ta chevalière en armure high-tech, même sous la pluie ! » lança-t-elle avec un clin d’œil, ajustant sa veste trempée pour révéler davantage sa lingerie noire, l’eau accentuant les courbes de son corps. Elle s’appuya contre une pile de caisses, croisant les bras, ses yeux néon scrutant Lisbeth avec une lueur taquine, la lumière se reflétant sur sa peau mouillée. « Bon, maintenant qu’on est tranquilles et trempées… t’as une idée de ce qu’on fait avec tout ce temps libre ? Parce que j’ai quelques suggestions, et elles impliquent pas que de fuir des idiots armés, peut-être un moyen de se réchauffer, » ajouta-t-elle, sa voix baissant d’un ton, laissant planer une invitation suggestive dans l’air lourd et humide de l’entrepôt, leurs souffles visibles dans la fraîcheur.