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Les rumeurs attirent souvent les gens {Clad Oyio}

Posté : 06 mai 2025 11:21
par Neferita
On ne lui avait pas parlé directement.C’est dans le demi-silence d’une ruelle poussiéreuse qu’elle avait entendu ces mots, chuchotés entre deux vieillards trop fatigués pour mesurer la portée de ce qu’ils disaient.

— …des fantômes, là-bas, dans les marais. Ils parlent encore, parfois. De choses qu’ils n’auraient jamais dû voir.
— Et tu les as entendus toi-même, ces esprits ?
— Pas moi. Mais d’autres. Des voyageurs. Ils disent… ils disent qu’ils connaissaient Râ.


Le nom avait glissé dans l’air comme une lame tiède. Râ.

Son cœur avait manqué un battement. Ce nom... le nom de son père...elle l’avait toujours entendu dans les prières, dans les récits des temples, dans les flammes des offrandes. Mais jamais dans la bouche d’un mort. Jamais dans la voix d’un spectre. Et ces fantômes, dans ces marais maudits, auraient vu quelques choses .Peut-être même… vécu quelque chose avec lui.

Elle n’avait rien dit. Elle s’était contentée d’écouter, les yeux mi-clos, les mains jointes sur ses genoux. Puis, à la fin du jour, elle était partie. Pas comme on fuit. Pas comme on s’en va. Comme on glisse vers une vérité que le monde ne veut pas vous donner. Le désert s’était effacé peu à peu, emportant avec lui le soleil éclatant, les lignes nettes, les parfums secs. Devant elle, les marais s’étaient ouverts comme une blessure humide dans la terre.

Ici, la lumière n’était plus franche. Elle passait à travers des voiles de brume, se brisait sur les branches tortueuses, se noyait dans les flaques stagnantes. Tout était lent, mouillé, organique. Le sol était chaud, spongieux, haletant comme un animal endormi. Ses chaussures s’enfonçaient dans la vase, et le contact de la terre molle contre sa peau la faisait frissonner à chaque pas. La boue s’accrochait à ses chevilles, dessinant des lignes sombres le long de ses jambes. Son voile translucide, trempée, ne servait plus à rien, il moulait son corps comme une seconde peau, épousait la courbe de ses hanches, soulignait la fermeté de sa poitrine, glissait dans le creux de son dos.

Elle sentait l’humidité l’envelopper entièrement, s’insinuer sous le tissu, se mélanger à la sueur sur sa nuque, à la chaleur entre ses cuisses. L’air sentait la mousse, la sève, la chair en décomposition. Elle avait l’impression de respirer l’obscurité elle se s’entait si mal loin du soleil et de sa chaleur. Qu’elle hésita à faire demi-tour. Et plus elle s’enfonçait, plus elle se sentait… vue. Pas observée, non.Sentie. Devinée. Avalée.Chaque arbre semblait incliner ses branches vers elle. Chaque touffe de brouillard effleurait sa peau comme une paume invisible. L’eau murmurait sous ses pas, et les racines frémissaient doucement à son passage. Le marais n’était pas vide.

Son corps réagissait avant sa pensée. Ses gestes devenaient plus lents, plus ouverts, plus offerts. Elle ne cherchait pas à se protéger. Elle s’abandonnait. Les murmures s’épaississaient autour d’elle. Ils n’avaient ni mots clairs, ni forme précise. Juste un rythme, un souffle, une vibration sourde qui entrait dans sa peau, descendait dans son ventre, remontait jusqu’à ses tempes. Elle ne comprenait pas, mais elle sentait. Chaque murmure semblait chuchoter quelque chose comme une langue ancienne. Elle s’agenouilla près d’une flaque d’eau noire. La surface était si lisse qu’elle semblait figée. Elle se pencha. Son reflet n’était plus vraiment le sien. Il y avait quelque chose dans ses yeux une lumière étrange, comme si une autre l’observait depuis l’intérieur. Son corps était là, offert au regard muet du marais, sa robe collée à sa peau, ses seins presque visibles sous le tissu trempé, ses cheveux ruisselants était fixer à son dos.

Autour d’elle, l’air vibrait.

Des formes naquirent lentement dans la brume. Hautes, élancées, floues. Elle pensait que des esprits étaient la mais au fur et à mesure qu’elle s’approchait. Elle ne pu retenir sa voix et cria déterminé.

« Qui est la ? »

Elle se releva et se prépara à combattre , elle n’avait pas peur d’utiliser sa magie si il le fallait.