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Panser les plaies [Bellone]
Posté : 12 avr. 2025 17:49
par Aphrodite
Ce RP se passe après l’Olympomachie.
L’Olympe avait assurément connu des jours meilleurs.
La bataille finale contre Zeus, puis contre Chaos, avait dévasté l’éternel Palais des Dieux. Des temples secondaires tenaient encore debout, mais les structures centrales du Palais s’étaient effondrées sous la puissance de ce combat colossal. Dans la fosse où l’Empereur Wismerhill avait finalement réussi à sceller Chaos, un lac avait été installé, avec une statue. Le terrain s’était ensuite surélevé pour former une colline. Tout autour du lac, la Déesse Hestia avait construit un cercle de pierre, un chemin avec des voûtes avec des temples à chacun des douze escaliers en pierre permettant de gravir cette colline. La statue, elle, était dédiée au Roi mort de l’Olympe, Zeus.
Héra avait fleuri tout autour du lac de multiples fleurs et planté des arbres, fidèle à son amour pour les arbres et la flore.
Assurément, la situation était dramatique. Les trois principaux Dieux de l’Olympe étaient morts : Zeus, Hadès, et Poséidon. D’autres divinités majeures comme Hermès, Arès, ou Apollon avaient également succombé. Artémis était également défaite, possédée par la Déesse Nyx, qui avait profité du conflit pour se libérer. Les monstres proliféraient désormais sur Terra, car l’Olympe n’était plus là pour assurer le contrôle de l’équilibre des flux magiques. De plus, avec la mort de Hadès, le Palais d’Hadès était désormais encerclé par les démons, car les portes du Tartare étaient ouvertes, et les Titans pouvaient à chaque moment sortir. Le Titan Hypérion s’était d’ailleurs enfui depuis le lac de Papua lors de la guerre.
Parmi cette avalanche de mauvaises nouvelles, il subsistait toutefois des espoirs. La Déesse Enyo, qui avait jadis quitté l’Olympe pour devenir la Déesse Bellone, était revenue. Elle avait combattu Arès à Mijak, puis Zeus en Olympe. Désormais, Héra souhaitait savoir si Bellone comptait rester en Olympe, ou retourner en exil. Aphrodite se dirigeait vers le sanctuaire de Bellone, pour savoir quel était son état d’esprit.
Le sanctuaire était situé contre le flanc du Mont Olympe, derrière les ruines du temple d’Arès. Rejoignant l’ouverture, Aphrodite s’en approcha.
«
Bellone ? Es-tu prête à retrouver Héra ? »
Dans les jours qui avaient suivi la chute de Zeus, Aphrodite et Bellone n’avaient pas eu trop l’occasion de parler.
«
Sache que je suis très heureuse de te revoir, Bellone… »
Les deux Déesses avaient grandi ensemble. Bellone, si rebelle, là où Aphrodite, elle, était beaucoup plus introvertie. Aphrodite aurait aimé que leurs retrouvailles se fassent en de meilleures circonstances, mais elle ne pouvait pas nier être heureuse de la revoir…
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 22 avr. 2025 19:44
par Bellone
Bellone de retour à l'Olympe
Zeus, Poséidon, Hadès ... et tant d'autres encore ... Tous disparus, éradiqués, annihilés. Leur essence n'était même plus perceptible, il n'en restait rien. Le drame de l'Olympomachie avait choisi ses vainqueurs et il ne s'agissait pas du grand panthéon des Dieux. Contre toute attente, l'union des peuples terrans et d'autres divinités avait contré les plans de l'Olympe et la sanction avait été tragique.
Bellone se tenait sous la haute arche de l'accès principal de son temple. Son sanctuaire n'avait pas souffert des affres de la guerre contrairement à celui de son frère Arès, en ruine non loin de là. Sans avoir les dimensions de l'un des temples majeurs, le sien revêtait une aura de puissance directement liée à l'objet de sa vénération: la guerre sous ses aspects les plus horribles. Les colonnes étaient parées de sculptures dédiées aux combats et à leurs souffrances. Aucun héros n'était représentés, seulement des guerriers se battant férocement. Le fronton principal était orné d'une fresque relatant une bataille d'où aucun homme n'était revenu. L'or et le carmin dominaient, contrastant avec l'obsidienne utilisée pour l'édification du temple.
La déesse contemplait ce qui restait de la grande demeure des dieux. L'Olympe avait souffert jusque dans ses entrailles et la beauté divine des lieux n'était qu'un lointain souvenir. Tout était à reconstruire: le palais et les temples mais surtout, et avant tout, le Panthéon lui-même. Il ne restait que peu de dieux et déesses, et malheureusement les plus emblématiques avaient disparus. Le regard de Bellone perça les distances et reconnut Athéna, juchée sur les marches des restes du palais de Zeus, donnant des directives à des légions de volontaires venus bâtir. Les hommes oubliaient souvent qu'Athéna était aussi la déesse des architectes. Bellone perçut aussi le son du marteau d' Hephaïstos résonnant sur son enclume. Lui aussi aurait à faire. D'Héra, elle ne ressentit que la présence sans la voir. Bellone n'aimait pas Héra. Elle la considérait comme une comploteuse de l'ombre, prompte à user de sa langue de vipère dès qu'elle en avait l'occasion. D'autres auras brillaient, que seule une divinité pouvait ressentir. Mais encore une fois, trop peu. Et puis il y avait Aphrodite. Bellone l'observa monter vers elle.
La situation du temple sur le flanc de l'Olympe était l'une des plus élevée. Cela permettait de ... dominer.
Jusqu'à présent, Bellone n'en avait que peu profiter. Exilée sur Terre, et par nécessité car fâchée avec Zeus, et par volonté aussi car détestant l'atmosphère pédante de l'Olympe à l'époque où elle y résidait, Bellone n'était revenue que peu de temps auparavant. Elle avait choisi son camp, s'était battue, avait vaincu et à présent, elle était l'une des pièces maitresses du nouveau panthéon à venir.
La guerre étant passée (mais pas les dangers à venir), elle avait déposé son armure et ses armes. Elle portait une tunique noire, légère et courte, et des sandales de cuirs dont les bandes croisées remontaient autour de ses mollets.
Aphrodite ... Avant elle ne l'aimait pas. La raison était simple. L'une d'elle était une femme superbe et plantureuse, première beauté des déesses adulée par des foules d'humains en rut. Son corps était une ode à l'obsession, sa voix, une mélodie inoubliable, et sa grâce, aussi fluide que l'eau du Styx. Elle était la maitresse des salons et prônait la fornication comme arme ultime. L'autre, était une petite teigne brune, généralement représentée couverte de sang et hurlant des ordres désignant la souffrance comme unique destinée. On la craignait et avec elle, nul question de baiser durant les combats ...
Le choix entre les deux était vite fait pour un terran standard ... Donc, jalousie certes mais les critères et arguments de Bellone pouvaient être entendus. Les deux déesses s'étaient autrefois sévèrement crêpées le chignon pour ces histoires ...
C'était avant et la tragédie n'avait pas encore eut lieu. Tout avait changé et le passé restait derrière.
"Aphrodite ... Bienvenue en ma demeure."
Elles entrèrent dans le temple, entretenu par de fidèles compagnons de Bellone, l'ayant accompagnés depuis la Terre: d'anciens légionnaires à qui elle avait offert l'immortalité pour leur ardeur dans leurs batailles communes.
L'édifice était tenu assez sobrement mais elles prirent place en son centre, dans un patio ouvert, s'allongeant sur des banquettes confortables. Il fut servi du vin et des fruits.
"Je n'aime pas Héra."
Le ton était donné.
"Toi et moi avons eu des différends mais rien qui ne puisse troubler la tâche qui nous incombe. Tu es ma sœur et contrairement à Arès, je te considère comme juste et méritante de ton titre. L'Olympomachie était une erreur stupide qui aurait pu avoir des conséquences pires que celles que nous connaissons. Nous sommes chanceuses d'être encore là. Des dieux ont foiré ... excuse moi ... des dieux ont trahi leur fonction première et il nous appartient de ne pas suivre le même chemin. Nous devons définir une voie et des règles qu'aucun des nôtres ne saurait transgresser. Et je pense qu'Héra n'est intéressée que par son propre chemin. Pour moi, elle est un problème."
Elle n'avait pas vu Héra depuis son retour mais on lui reportait que l'épouse de feu Zeus parlait encore d'elle comme d'Enyo, ce qui l'horripilait. Et ces propos d'Héra pouvaient être interprétés de nombreuses manières.
"Elle est égoïste et jalouse, et n'avait pour seule fonction que d'être la femme de Zeus, en plus d'être sa sœur. Son utilité n'est pas ... nécessaire."
Elle but du vin dans une simple coupe d'argent et planta son regard dans celui de la maitresse de la beauté.
"Je pense que je suis aussi heureuse de te revoir Aphrodite. Tu ... n'as pas changé."
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 05 mai 2025 01:00
par Aphrodite
Avant de quitter l’Olympe, Bellone s’appelait Enyo. Elle avait changé de nom, mais Aphrodite avait encore parfois l’habitude de l’appeler ainsi. Elle se félicitait donc que sa langue n’ait pas fourché. Bellone lui exprima toute sa méfiance d’Héra. Aphrodite ne pouvait pas vraiment lui reprocher sa méfiance, la rivalité entre Athéna, Héra, et Aphrodite était bien connue. Elle avait donné lieu au Jugement de Pâris, et où Pâris, en privilégiant les faveurs d’Aphrodite, avait déclenché la guerre de Troie.
La Déesse sourit quand Bellone lui glissa qu’elle n’avait pas manqué, et caressa al joue de Bellone.
«
Je te remercie pour ce que je suppose être un compliment… Même si j’aimerais me rendre plus utile que je ne le suis actuellement. Tu vas en tout cas avoir l’occasion d’exposer ta vision des choses à Héra. Marchons un peu. »
Aphrodite glissa sa main dans celle de Bellone, entremêlant leurs doigts. Rien de surprenant à cela, Aphrodite avait toujours été très tactile. Bellone avait participé aux combats, elle avait défié Arès à Mijak, mais elle ne connaissait pas encore toutes les subtilités liées à l’Olympomachie.
Les deux Déesses traversèrent l’Olympe en rejoignant la structure centrale. Les fleurs d’Héra, comprenant de magnifiques roses, avaient commencé à germer. Elles grimpèrent les marches menant à la salle de réunion du Conseil de l’Olympe.
Héra était là.
«
Ényo, je te souhaite un bon retour en notre maison. »
Héra était toujours aussi puissante, et, même si elle portait le deuil de son époux, elle se devait d’agir.
«
Pour ta gouverne, si je n’existais pas, tu ne serais pas là, ce qui devrait rehausser un peu mon… Utilité. »
C’était grâce à Héra que les Dieux olympiens étaient des Dieux. La légende disait que chaque enfant qui tétait de son lait devenait un être divin, et que la traînée spectrale que l’on voyait la nuit dans l’espace était sa projection de lait, d’où le fait d’appeler la galaxie de la Terre « Voie Lactée ».
Héra avait entendu ce que Bellone avait dit à Aphrodite. Rien n’échappait à Héra au sein de l’Olympe.
«
Je t’ai demandé de venir pour une raison bien précise, mais il semble auparavant que tu doives être mise au courant de ce qui se passe. »
Héra s’assit sur son trône.
«
L’Olympomachie… Est la conséquence d’un secret que moi et Zeus avions dissimulé aux Olympiens. J’ai accepté d’endosser le rôle de la mégère acariâtre, car cela convenait très bien à la société grecque antique, une société phallocratique et stupide qui considérait les femmes comme étant inférieures aux hommes, et n’ayant que pour seule fonction d’être engrossées. Tu as beau être du genre manuelle, je pensais que tu aurais depuis longtemps compris que la vérité est toujours plus subtile. »
La Mère de l’Olympe ne perdait jamais de son sarcasme. Sa fierté était réelle, et Aphrodite ne pouvait qu’espérer que Bellone s’en souviendrait.
«
Zeus était atteint par un mal incurable, expliqua Aphrodite.
Un mal qu’il a hérité de Cronos, son père, qui l’avait lui-même hérité d’Oneiros…
-
Je suis une mère, Enyo, quelle mère irait torturer des enfants ? On m’a mis sur le dos toutes les malédictions subies par la progéniture de Zeus, mais je n’en ai jamais été responsable. Vois-tu, notre famille porte depuis ses origines une infection, une corruption liée aux Eldrichtiens… Les Grands Anciens. Mon époux utilisait des rituels pour se soulager de cette affliction, qui consistait à la transférer à ses enfants. La regrettée Pandore a été la principale sacrifiée, mais cela n’a pas suffi. Héraclès aura été le dernier, et c’est lui qui a dévasté l’Olympe. Mon époux s’est sacrifié pour permettre aux humains de sceller à nouveau cette corruption… Chaos. Quant à moi, j’ai commis l’erreur de faire confiance à un magicien qui m’a promis de soigner mon époux, mais qui a ouvert la Boîte de Pandore. »
L’Olympomachie avait véritablement commencé quand la Boîte avait été ouverte, et s’était emparée de l’esprit des Dieux olympiens présents à ce moment.
«
J’ai souhaité ta présence Enyo, pour te demander de revenir, et de nous prêter assistance. »
Avant de quitter l’Olympe, Enyo était la concubine d’Arès, sa sœur de bataille. Les contes à son sujet la mentionnaient comme une Déesse particulièrement brutale, l’incarnation de la sauvagerie de la guerre. Un rôle qui était surtout lié à Arès, dont Enyo avait autant été l’amante que la victime. Elle avait donc quitté l’Olympe.
«
Sache que je n’ai jamais trahi mes fonctions. L’Olympe a toujours été un rempart pour protéger l’humanité, et nous avons fait face à une menace qui nous est supérieure. Alors, entre choisir de révéler aux humains nos faiblesses, ou que je passe pour une mégère acariâtre du fait des infidélités, j’ai choisi d’être la risée, plutôt que de devoir admettre qu’il existe plus puissants que nous. Je pense que tu dois le ressentir, en ton for intérieur. Si j’ai souhaité ta présence, ce n’est pas pour endurer tes quolibets, je sais qu’il n’y a plus ingrat que les enfants. Je souhaite ton aide pour restaurer l’Olympe, et pour éviter que les choses ne s’aggravent encore. Nous avons remporté une bataille, mais, si nous ne souhaitons pas que cette victoire se transforme en victoire à la Pyrrhus, il faut encore agir. T’en sens-tu capable, ou préfères-tu rester la fillette que tu étais jadis en m’accablant de reproches et en te persuadant que tout ira mieux ainsi ? »
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 22 mai 2025 09:46
par Bellone
Bellone n'était absolument pas ravie de devoir retrouver Héra. S'il y avait bien une rencontre qu'elle aurait voulu éviter, c'était bien celle-là. Non pas par crainte mais par ... écœurement. C'était ce que provoquait Héra chez elle.
Seulement, c'était son choix de revenir et immanquablement, il allait falloir faire avec la présence de la mère de nombreux dieux. Malheureusement, Héra avait survécu à l'Olympomachie. Le contraire aurait été apprécié de beaucoup.
Bellone accompagna Aphrodite. Elles traversèrent l'Olympe dévastée. Quelle désolation ... Il ne restait rien de la beauté de la demeure des dieux. Et puis, il manquait tellement d'auras divines qui autrefois occupaient ces lieux ...
"Tant de morts inutiles .... et si peu de prétendants pour les remplacer ... Terra va encore beaucoup souffrir, et les dieux restants aussi. Le travail qui s'impose est ... titanesque si je puis dire."
Elles atteignirent le cœur de l'Olympe pour entrer dans l'enceinte sacrée où les dieux se réunissaient autrefois sous l'égide de Zeus. Héra attendait là, digne et belle certes, mais toujours nimbée de cette aura que Bellone détestait.
Les premiers mots crispèrent la déesse de la souffrance des champs de bataille. Enyo ... Elle l'appelait Enyo. Si Héra voulait u nouveau drame à l'Olympe, qu'elle continue ainsi. Bellone n'était pas considérée comme une déesse majeure mais il ne fallait surtout pas oublier quelle était la nature de sa divinité. Si elle s'était débarrassée d'Arès, alors aucune des divinités survivantes ne l'impressionnait ... sauf peut être Athéna.
"Bellone retourne à l'Olympe, pas Enyo. Retiens ce changement Héra. Et si je n'étais pas née de toi, je l'aurais surement été de l'une des nombreuses maitresses de Zeus. Ne te donne pas une importance que tu n'as pas."
Bellone grinça:
"Je fais la différence entre le rôle d'une mère, que tu n'as pas tenu d'ailleurs, et celui d'une déesse au culte retentissant. Quelle est la dernière fois que quelqu'un t'a adressé ses prières ... Mère?"
Bellone ramenait avec elle son caractère; celui qui avait en partie provoqué son exil et elle ne laisserait personne la prendre de haut. Aphrodite avait su l'aborder, Athéna saurait aussi être diplomate. Héra n'avait qu'à faire de même. Mais elle laissa la veuve éplorée continuer et quand celle-ci s'assit sur son trône, Bellone vint s'asseoir sur celui de son père. Hors de question qu'elle soit considérée comme inférieure à la mère des dieux.
Encore une fois, Bellone s'irrita des paroles d'Héra.
"Je ne suis pas venue pour que tu m'insultes. Continue et l'Olympe pourrait se passer de toi ... sans subtilités."
Néanmoins, elle continua d'écouter et fit écho au sarcasme d'Héra.
"Tu as fais confiance à un magicien humain? Quelle ...ironie ... alors que tu me parles de sagesse. La magie corrompt les hommes. Je n'ai pas ce problème avec mes guerriers ... manuels. Mais continue, je te suis grée que tu reconnaisses tes erreurs de mère et de déesse."
Les chats n'enfantent pas des chiens ...
Bellone se leva et s'éloigna d'Héra pour s'approcher des colonnades délimitant le cœur de l'Olympe. A ses pieds, la dévastation peinait à voir.
"Si tu as besoin de moi, ce qui est le cas, essaye d'éviter de me froisser. La fillette que je pourrais être s'est débarrassée d'Arès, un fils a qui tu as surement dû parler et conseiller de la même manière ... Cesse ce jeu Héra. Je suis là pour une raison et mon épée est couverte de sang divin. C'est une tragédie et je participerai à la reconstruction de l'Olympe. Seulement, je ne te cache pas que je demanderai à ce qu'une autre divinité que toi préside au panthéon. Athéna ou Aphrodite sauraient parfaitement remplir ce rôle, n'est-ce pas ma sœur?"
Bellone n'avait aucune confiance en Héra et malgré son explication, elle se méfiait d'elle comme de la peste. Qui savait comment se placerait la mère des dieux dans cette nouvelle hiérarchie?
"Bien ... si les enfantillages sont terminés, comment verriez-vous la reconstruction?"
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 26 mai 2025 01:57
par Aphrodite
Enyo avait toujours eu un fort caractère. Autant dire qu’avec Héra, cela faisait des étincelles ! Mais, quand elle alla jusqu’à suggérer qu’elle préférait qu’Athéna ou Aphrodite dirigent l’Olympe, Aphrodite écarquilla des yeux. Restée silencieuse jusqu’à présent, elle ne put s’empêcher de bondir sur place.
« Quoi ? »
Héra se contenta de sourire, doucement amusée.
« Quoi, tu crois que l’Olympe va se mettre à fonctionner de façon démocratique ? Tu crois qu’Athéna n’a pas assez à faire sur Terre ? Qu’Aphrodite n’a pas assez à faire à Lusst’ghaa ? Nous sommes en effectif très réduit, pourquoi crois-tu que je m’adresse à toi si…
- Oh, mais arrêtez de vous battre, toutes les deux ! Vous êtes ridicules l’une comme l’autre ! »
Aphrodite venait de couper Héra, sa mère, ce qui était suffisamment rare pour le signaler.
« C’est Hestia qui s’occupe de la reconstruction de l’Olympe, Bellone. Et je n’aspire nullement à présider l’Olympe, pas plus que ma sœur Athéna. »
L’époque du Jugement de Pâris était bien éloignée.
« Maintenant, sauf à ce que vous ayez envie de vous disputer pendant des heures, pourrons-nous aller au vif du sujet ? »
Héra resta silencieuse pendant quelques instants, comme si elle était surprise de voir la manière avec laquelle Aphrodite réagissait. Elle sourit ensuite, puis reporta son regard sur Enyo. La main de Héra remua alors un peu, et une sphère se matérialisa dans sa paume, avant de s’étendre, jusqu’à englober les trois personnes.
Un décor se matérialisa autour d’elles, les amenant dans un village sur Terre. On devinait aux toitures et aux rues que le village se trouvait au Japon, près d’une montagne.
« Parmi les monstres qui ont profité de la guerre pour s’enfuir, il y a Méduse. Celle-ci a semé le chaos dans un lycée d’Atarashï Yoake en me recherchant, avant d’être défaite. Elle n’est cependant pas morte, et j’ai retrouvé sa trace dans un village reculé, où elle a figé tous ses habitants. »
Des habitants transformés en statues de pierre par la Gorgone. Dans la mythologie, Méduse avait été décapitée par Persée. Elle faisait partie de ceux que les Parques avaient ramené à la vie sur demande de Zeus, sous l’influence des Maux de Pandore.
« Athéna envisage d’envoyer plusieurs de ses Saints sur place, mais je me disais que vous pourriez vous en occuper toutes les deux.
- M-Moi ? demanda une Aphrodite surprise.
- Ne m’as-tu pas dit que tu aimerais redevenir la Déesse guerrière que tu étais sous ta dernière incarnation ? Méduse n’attaque pas ce village sans raison, je me demande si elle n’y a pas perçu la réincarnation de Zeus… Il est donc crucial que des Déesses talentueuses et de confiance s’y rendent. »
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 21 juil. 2025 20:55
par Bellone
Bien sûr qu'Aphrodite n'avait aucune envie de présider l'Olympe. Mais la bravade avait porté et c'est ce qui comptait pour Bellone.
"De façon démocratique? Il faudrait encore qu'il y ait un débat pour cela, et tu es tout ce qui représente le contraire d'une ouverture à un débat. Tu décides et après tu t'arranges pour qu'on t'écoute. Je te hais Héra. Pour moi tu es perfide. Maintenant tu m'envoies tuer Méduse qui je te le rappelle était une humaine que sa fierté a condamné. Elle se croyait la plus belle, un peu comme toi aujourd'hui qui pense être la plus utile. Tu devrais venir et me montrer que tu es capable d'affronter quelqu'un autrement que par les mesquineries."
Bellone en avait vraiment après Hera. Elle haussa les épaules.
"En fait non, je préfère la compagnie de la Gorgone à la tienne."
Bellone était plus jeune et explosive que ses aînées mais elle n'en restait pas moins une déesse, et pas n'importe laquelle. Au combat, à part peut être voire surement Athéna, personne ne pouvait s'opposer à elle. Elle s'adressa à Aphrodite:
"Allons-y ma sœur. Des humains meurent."
Elle prit Aphrodite par la main et l'invita à quitter le Conseil de l'Olympe. Elle détonnaient l'une à côté de l'autre. L'ombrageuse Enyo, ciselée pour les champs de bataille et la flamboyante Aphrodite, mère de toutes les désirs charnels, toute en formes et générosités.
Bellone savait que parler ainsi à Hera n'était jamais bon mais elle refusait de laisser le dernier mot à "l'ex de Zeus".
"Je pensais Méduse définitivement éliminée. Sais tu qui les Parques ont ils ramené à la vie?"
Bellone inspira. L'air de l'Olympe était léger, bien trop. Les fragrances divines et les énergies primordiales étaient bien trop peu présentes après l'hécatombe de l'Olympomachie.
"Nous sommes faibles. Si j'étais à la place de nos ennemis, je frapperais maintenant et je commencerais par vous éliminer, Athéna et toi. Moi qui ai été absente longtemps, je ne reconnais plus vraiment cet endroit. Penses tu être en sécurité ici?"
C'était une manière de proposer son aide, comme par exemple inviter Aphrodite dans son temple. Attaquer la maison d'Enyo n'était pas une bonne idée d'une manière générale.
"Je sais que tu as ton refuge de Lusst'ghaa mais je n'aimerais pas rester seule avec Hera ... et on ne s'est pas vues depuis longtemps."
Leurs pas les guidaient nonchalamment vers la forge d'Héphaïstos d'où s'échappait un martèlement puissant et régulier. Le fils d'Hera était un dieu à l'aspect intimidant. Quand il avait son marteau en main, il semblait indestructible. Mais il était aussi un être sage et mesuré, passionné d'art. Les deux déesses s'approchèrent. Bellone s'expliqua à Aphrodite.
"J'ai émoussé mon épée contre le bouclier d'Arès. Si nous devons battre Méduse, j'ai besoin que sa lame soit parfaite."
Le forgeron avait senti leur proximité et il sortit du four qui lui servait de temple.
"Bonjour mon frère. Heureuse de te voir parmi nous. Je n'ai jamais eu de doutes quant à la sagesse de tes choix."
Le dieu ruisselant de sueur grogna.
"Enyo ... Ne brave pas Hera. Tu pourrais le regretter. Tu es partie longtemps et tu ignores bien des choses. Ne laisse pas ton tempérament gâcher ton précieux retour."
Il avait parlé de sa voix basse et profonde. Bellone ne s'offusqua même pas qu'il l'appelle ainsi.
"Je ne la brave pas. Qu'elle comprenne juste que je ne suis pas à son service. Et, j'ai besoin des tiens justement. Mon épée nécessite ton attention. Je peux te la ramener?"
Il hocha la tête avant qu'elles ne repartent et laissa son regard d'acier peser sur Aphrodite. La déesse des champs de bataille donna un petit coup de coude à la déesse de l'amour.
"Je me demande avec quel dieu tu n'as pas ..."
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 25 août 2025 01:45
par Aphrodite
Si on se fiait au récit mythologique, Méduse était une jeune femme innocente qui fut transformée par Athéna en Gorgone après avoir été violée par Poséidon dans un temple dédié à la Déesse. D’autres versions du mythe mettent en avant la vanité de Méduse, si fière de ses cheveux qu’elle prétendait être plus belle que les Dieux même. Pour la punir, Athéna transforma ses cheveux soyeux en serpents. Comme toujours dans la mythologie, les femmes avaient le mauvais rôle. La réalité était que Méduse avait été victime de la malédiction de Zeus, et que la jeune femme innocente qu’elle avait été fut transformée en Gorgone sous l’effet des gènes maudits de Chaos s’étant répandus en elle. Zeus et Méduse avaient bien fait l’amour dans un temple d’Athéna, mais c’était pour que la Déesse puisse intervenir en cas de difficulté. Méduse était une sacrifiée.
«
C’est la Déesse Athéna qui a demandé à Persée de libérer Méduse de sa malédiction. Dans les histoires qu’on nous a appris, Persée réunissait trois artefacts pour atteindre Méduse et la tuer : le casque d’Hadès, des sandales ailées, et une besace. Athéna souhaitait libérer Méduse de sa malédiction, et avait besoin de sa tête pour cela. »
Aphrodite tentait d’expliquer à Enyo qu’entre ce qu’elles avaient appris enfants et la réalité, les choses n’étaient pas aussi simples. Les récits qu’elles avaient reçus émanaient d’une société phallocratique, où il était de bon usage de mépriser les femmes. Au sein de la Grèce antique, la femme était tout juste meilleure qu’un animal. Les Grecs préféraient les relations homosexuelles avec de jeunes éphèbes, et les femmes n’avaient que pour fonction d’accueillir la vie. On les humiliait donc, on les rabaissait, comme Héra et sa jalousie maladive, l’éternelle femme trompée par Zeus. La réalité était bien plus sinistre.
Les deux femmes rejoignirent Héphaïstos. Il était l’un des Dieux qui avait survécu à l’Olympomachie. Il était l’un de ceux qui portaient les Éclats de Pandore, un éclat qu’il avait donné à l’Ange Pit quand ce dernier s’était infiltré en Olympe*. Héphaïstos avait aussi forgé pour la Déesse Athena les redoutables
God Cloths, ces armures que ses chevaliers utilisaient pour se battre. Héphaïstos était aussi le mari d’Aphrodite, et, tandis qu’Enyo récupérait son épée, Aphrodite l’embrassa tendrement, se lovant contre lui.
Héphaïstos encouragea également Enyo à ne pas s’opposer à Héra, mais Enyo n’en faisait qu’à sa tête. Cela amusa Enyo, et Aphrodite sourit doucement.
«
N’est-il pas normal que mon époux me regarde, Enyo ? J’ai depuis longtemps décidé de croire dans les vertus de l’amour, tu sais… Mais ce qui nous est arrivé démontre que l’amour est insuffisant. Je dois réapprendre à me battre, Enyo, je dois retrouver ce que j’étais avant de renaître, avant de rejoindre l’Olympe. »
Des propos qui allaient sans doute interpeller Enyo.
«
Nous sommes en difficulté, oui, mais nous ne sommes pas sans défense non plus. Nous avons reçu un visiteur il y a quelques temps, quelqu’un qui en sait beaucoup… As-tu déjà entendu parler du dieu Fulron, ma chère Enyo ? »
* :
CF. RP « Le Dernier Éclat . »
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 29 août 2025 15:26
par Bellone
L'existence, les origines, la mort ou encore la réincarnation des divinités n'étaient en rien comparable à ce que les humains pouvaient imaginer. Même les dieux et déesses étaient régis et interprétés par une force suprême qui avait ces propres buts, ou objectifs. Aphrodite n'avait peut être pas toujours été celle qu'elle était aujourd'hui. Elle portait même surement un autre nom ou était dédiée à une autre fonction. Elle ne cultivait pas l'amour ni de cherchait à développer à l'extrême les relations charnelles ...
Les dieux parlaient rarement d'eux mêmes si ce n'était pour s'enorgueillir de tel ou tel aspect parfait de leur divinité. L'Olympomachie avait remis les pendules à l'heure et Bellone trouvait que les survivants de l'Olympe étaient plus enclins à se livrer qu'avant. Ils avaient vu nombres d'entre eux périr et apprenaient peut être l'humilité ainsi.
Bellone était assez jeune comparée à ses aînées, et elle pensait n'en être qu'à sa première vie. Aussi, quand Aphrodite se livra, même partiellement sur ce qu'elle était avant, la déesse de la guerre en fut surprise. Elle cessa d'ausculter le fil de son épée et regarda le couple se becquoter.
"Arrêtez! Vous me faites penser à Gomez et Morticia ... C'est insupportable! Quoi? Oui des humains d'une série télé nauséabonde ... Enfin ... rien d'important ..."
Elle haussa les yeux au ciel avant de reprendre.
"De quoi parles tu? Tu veux apprendre à te battre? Toi?"
Le regard de Bellone en dit long sur ce qu'elle pensait. Aphrodite n'avait pas un corps de combattante. Elle était belle oui, mais paraissait si fragile. Son bras serait incapable de manier une épée toute une journée sur un champ de bataille et un bouclier divin pesait l'équivalent d'une montagne ... Et puis ... comment bouger correctement avec une paire de mamelles pareilles? Les ballotements de ces trucs là devaient déséquilibrer à chaque mouvement... Bellone,elle, loin d'être aussi bien pourvue, compressait sa poitrine sous des bandes de tissus enroulées et serrées autour de son torse.
"Je ne veux pas paraitre désagréable mais ta fonction n'est pas de te battre sur un champ de bataille. Je reconnais que ton esprit est acéré et ton corps ... utile, mais pas pour ça. Je me demande bien pourquoi Hera veut t'envoyer éliminer Méduse. Que ce soit moi, d'accord, c'est déjà plus logique mais la déesse de l'amour ? Tu es au courant Héphaïstos?"
Le forgeron de l'Olympe secoua la tête, réprouvant la jeunesse de la déesse des champs de bataille.
"Enyo! Écoute Aphrodite! C'est de cohésion dont nous devons faire preuve. Ne fais pas le jeu de nos ennemis à semer le doute et engendrer des conflits. Hera a ses raisons, et qu'elle ne les divulgue pas ne te regarde pas. Elle est la mère de l'Olympe."
Bellone ne retint pas une grimace de dégoût.
"J'attends avec impatience de la voir prendre les armes ... si elle en a le courage, elle...."
Puis après avoir soupiré ...
"Je t'apprendrais à te battre ma sœur ... et toi, tu m'apprendras la diplomatie si cela est vraiment nécessaire."
Héphaïstos sourit et lui tapota le dessus de la tête comme s'il le ferait avec un mauvais garnement repentant. Bellone ne broncha pas, elle respectait immensément le forgeron.
La déesse se dégagea et reprit:
"Fulron dis-tu? Ce nom m'est familier. Je l'ai entendu prononcé à maintes reprises, en passant à Sylvandell. Il ne m'a pas été donné l'occasion de le rencontrer. De quel panthéon vient-il?"
Bellone avait saisi la main d'Aphrodite pour s'éloigner des forges mais se heurta au bouclier d'énergie divine invisible que le forgeron avait généré autour d'eux. Rien de ce qu'ils se disaient ne filtrait.
"Hum ... ainsi tu ne fais pas confiance à tout le monde non plus."
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 01 sept. 2025 01:55
par Aphrodite
La Déesse fronça les sourcils quand Enyo lui signala qu’elle n’était pas faite pour se battre. Aphrodite croisa les bras en signe de mécontentement.
« Ne parle pas comme Héra, cela ne te sied pas, Enyo ! »
Héphaïstos s’amusa de la situation. Il généra une bulle, et, quand Bellone lui en demanda les raisons, il sourit doucement.
« Je ne souhaite pas que tu énerves encore Héra, Enyo. »
Aphrodite se déplaça un peu.
« Fulron ne vient d’aucun panthéon en particulier. Je ne suis même pas sûre qu’on puisse le considérer comme un Dieu, vu qu’il n’a pas de culte. Il est lié au culte du dieu unique, et à la Tortue, dont il est l’émissaire et le messager. Pendant des millénaires, son corps était enfermé dans un sarcophage situé à Papua. Le Patriarche de Sylvandell est l’un de ses avatars. Il a récemment été libéré grâce à une jeune femme, Shad. Il est venu ensuite en Olympe. Mère a longuement discuté avec lui… Je pense même qu’ils ont fait l’amour. Toujours est-il que, suite à cela, elle l’a nommé comme étant notre conseiller. Si je te parle de lui, c’est parce que je l’ai rencontré, et qu’il m’a dit des choses passionnantes. »
La Déesse continua ses explications :
« Il m’a dit que j’étais la réincarnation d’une Déesse qu’il a connue, Ishtar… La Grande Déesse mésopotamienne, Déesse de la guerre et de l’amour. Il m’a expliqué qu’il fut l’amant d’Ishtar, mais qu’elle a été corrompue. Elle s’est scindée en deux… Je suis la descendante de sa face amour. Fulron m’a dit que je pouvais être plus que la Déesse de l’amour… »
Héphaïstos hocha la tête.
« Comme tu le sais, Bellone, Aphrodite a été adoptée par Zeus et par Héra. Elle est devenue une Olympienne en tâtant du sein d’Héra.
- C’est Zeus qui m’a retrouvé. Héra pensait au début que j’étais le fruit d’une quelconque relation adultérine, car elle avait perçu en moi l’essence de Chaos. Les secrets de ma naissance ont été emportés avec Zeus dans la tête, jusqu’à ce que Fulron ressente en moi l’essence d’Ishtar. »
Aussi improbable que cela puisse sembler, la mythologie abondait dans le sens d’Aphrodite. Les historiens pensaient en effet que le culte d’Aphrodite était une résurgence de cultes mésopotamiens, et que les Grecs avaient construit le culte d’Aphrodite à partir de cultes plus anciens datant du Moyen-Orient.
« Fulron… M’a dit qu’Ishtar régnait sur Babylone. Quand il est revenu pour combattre le Roi Cramoisi, c’est lui-même qui lui a dit qu’Ishtar, sous l’influence de notre ennemi, s’était scindée en deux. Je pense que cela explique pourquoi j’ai toujours essayé d’étendre mon influence au sein de l’Olympe. Lusst’ghaa, les Enfers… Inconsciemment, j’ai toujours recherché ma seconde moitié. Pour la retrouver, pour la ressentir, je dois développer mes capacités de combat, renouveler avec celle que je fus… C’est ce que Fulron m’a dit, en tout cas. »
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 17 sept. 2025 16:11
par Bellone
Enyo ... Son nom ... Son véritable nom. Celui sous lequel elle était née; celui sous lequel elle avait été vénérée ... Tous ici l'appelaient ainsi comme si cette Bellone était une étrangère à l'Olympe. La déesse de la guerre avait provoqué son propre exil et avait même été jusqu'à changer son nom pour effacer d'elle les souvenirs du panthéon grec. Mais que ce soit Aphrodite, Héphaïstos ou Héra, ils l'appelaient par son nom originel, comme si elle n'était jamais partie. Même de nombreux serviteurs ou habitants du domaine des dieux s'inclinaient: "Dame Enyo ... Maitresse Enyo ..." Son identité lui collait à la peau et à aucun moment elle n'était parvenue à imposer l'indépendance de Bellone. Elle réintégrait l'Olympe, toute entière, grecque, et dorénavant divinité de la guerre de pleins pouvoirs. Arès n'était plus, elle seule dominait les champs de bataille.
"Il va falloir que je m'y fasse, si Enyo sonne vraiment mieux que Bellone ..."
Si aucun sons ne filtraient de la bulle du forgeron des dieux, en revanche ceux de l'extérieur leur parvenait très bien.
Athéna, maitresse d'œuvre de la reconstruction de l'Olympe, dirigeait les équipes d'ouvriers de sa voix claire et portante. Toutes les catégories de métiers étaient à l'œuvre allant du tailleur de pierres au charpentier. Cela générait un vacarme aussi fort que quand les coups de masse d'Héphaïstos résonnaient sur son enclume. Les temples grandioses des dieux avaient soufferts de la guerre; certains avaient été totalement détruits; mais les habitations des populations affiliées à l'Olympe avaient aussi été touchées. La masse de travail à abattre était colossale.
Le regard perçant d'Athéna croisa celui d'Enyo et la majestueuse déesse lui adressa un signe de tête. Elle aussi lui souhaitait la bienvenue. Le panthéon vivait des heures difficiles et n'avait pas franchi les limites nécessaires à sa totale sécurité. Les menaces étaient bien réelles et comme l'avait dit Héphaïstos, la cohésion des dieux devenait primordiale. C'était paradoxal car qu'est ce qui était plus égoïste qu'un dieu? Bien peu de choses ... Mais il fallait y parvenir.
Aussi Enyo réitéra ce qu'elle avait dit.
"Je t'aiderai Aphrodite. Nous retrouverons ta moitié et j'armerai ton bras."
L'histoire de sa sœur était plausible, elle n'en doutait pas. Les origines des dieux étaient souvent inconnues , même pour eux, tout puissants et premiers concernés.
"Mes légions ont combattu celles d'Ishtar sur Terre. Elle, je ne l'ai pas rencontrée face à face. Les romains ont remporté des victoires aisées donc j'imagine que celle qui les bénissait était l'avatar incomplet dont tu parles. C'était en effet en Mésopotamie dans le vallée de l'Euphrate, au nord de Babylone qui était depuis bien longtemps sur le déclin. Les temples à sa gloire y étaient nombreux, tous ont été pillés et je me souviens que certains artefacts précieux ont été ramenés à Rome.
L'empereur Vespasien en parlait comme des reliques précieuses. A cette époque, cela ne m'intéressait pas."
Héphaistos, qui sous ses airs bourrus savait recevoir, leur offrit du nectar des dieux et quand Enyo en but, elle sentit une grande puissance couler en elle, différente de ses propres pouvoirs.
"Ainsi donc, ce Fulron t'a révélé tout ceci. On croirait entendre l'histoire d'un nouveau prophète. Espérons qu'il ai plus de chances que le précédent, tout fils de dieu qu'il fut ... J'aimerais le rencontrer. Peut être pourrait il me dire si j'ai bien fait de revenir ..."
Cette dernière réplique était superflue mais il était dans le caractère d'Enyo de piquer un peu.
"Mais Héra nous a ... commandé ... de détruire Méduse, alors si nous ne voulons pas nous attirer ses interminables remontrances, il va falloir nous y mettre. Je te laisse guider. Sais tu où se trouve cette pauvre créature? "
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 22 sept. 2025 01:22
par Aphrodite
«
Tu n’as pas dû bien écouter Héra tout à l’heure, ma chère sœur. Méduse est dans un village. Enfin, c’est la dernière fois qu’on l’a repéré. Le Portail devrait être prêt, maintenant. »
Elle lui fit un sourire malicieux, et caressa son visage. Aphrodite se pencha vers elle, et l’embrassa alors chaudement sur la joue. Un baiser tendre et doucereux.
«
Je crois que mon époux ne serait pas contre coucher avec nous deux, ma sœur… Mais le réconfort vient après l’effort. Allons voir ce village, et nous pourrons ensuite profiter de mon mari comme il se doit. »
Un sourire malicieux orna les lèvres d’Aphrodite. La Déesse de l’amour ne perdait jamais le nord, mais elle ne voulait pas trop tenter Bellone en ce moment, juste lui offrir de quoi la motiver. Aphrodite reposa sa main dans le creux de la sienne, et le duo rejoignit un temple. Des prêtresses d’Aphrodite avaient réussi à générer un Portail. Elles encouragèrent les Déesses à être prudentes, ce qui fit sourire Aphrodite. Elle se concentra, et généra sur elle
une armure divine, forgée par Héphaïstos. Une élégante armure dorée avec des vêtements blancs dessous. Bellone, de son côté, avait une armure romaine, qui frisait un peu l’hérésie au sein de l’Olympe. Aphrodite ne fit toutefois aucun commentaire, puis emprunta ensuite le Portail.
Les deux femmes rejoignirent la Terre. Méduse avait été repérée à Atarashï Yoake, et s’était ensuite enfuie dans les montagnes japonaises. Elles arrivèrent
dans la rue d’un village japonais abandonné. Aphrodite sentait un air malsain dans la zone, et grimaça. Elles venaient de quitter le temple d’Aphrodite, où des encens et des parfums embellissaient chaque salle du temple. Le changement était donc radical. Aphrodite sentit aussi une brume pesante qui était tombée sur le village.
«
Voilà pourquoi on a eu du mal à générer un Portail, l’air est saturé par la présence malsaine de Méduse… »
Près d’elles, il y avait une boutique ouverte. Une porte claquait régulièrement à l’entrée. Aphrodite s’en approcha, et put voir que plusieurs personnes étaient à l’intérieur, figées en statues de pierre. La preuve en était faite, Méduse était bel et bien passée par là ! La méfiance était donc de mise…
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 07 nov. 2025 18:45
par Bellone
Aphrodite n'était pas la déesse de l'amour et de la tentation pour rien. A chaque divinité était dévolue la charge d'une tâche et celle de la sœur aînée d'Enyo était des plus plaisantes. Aphrodite avait beau l'air de jouer ou de s'amuser, elle ne faisait en réalité que s'acquitter très naturellement de sa nature première. Aussi, Bellone ne s'offusqua pas du baiser que lui offrit sa sœur.
La nouvelle déesse de la guerre; nouvelle parce que plus importante en ayant repris les Lois de son frère décédé Arès, n'était ni une novice en matière de sexe, ni perchée sur des dogmes incitant à l'abstinence sous toutes ses formes. Bellone était une pure guerrière, elle était née pour cela. Donc cela incluait en plus des batailles sauvages et épiques, les festins et les orgies qui succédaient généralement aux grandes victoires. Et en la matière, les romains, son peuple de prédilection et d'adoption, avaient développé une maitrise certaine de la chose. Et si ce glorieux empire avait aujourd'hui disparu, elle n'en avait pas moins gardé les habitudes de vie.
Un trio avec Aphrodite et Héphaïstos? Ce serait une récréation bienvenue, d'autant plus que son retour à l'Olympe, et surtout sa rencontre avec Héra, l'avait passablement frustrée.
"Dans ce cas, puisque tes paroles semblent être promesses, dépêchons nous de régler cette triste affaire."
Peu après, au temple d'Aphrodite, elles étaient prêtes au départ. Le portail ouvert à destination de la Terre semblait instable et la mobilisation de prêtresses confirmées pour le maintenir en état incitait effectivement à la prudence. Maintenant, c'est de deux déesses de l'Olympe dont il s'agissait, pas de simples mortelles ou de déités mineures.
Aphrodite avait passé une armure de toute splendeur et en experte, Bellone en analysa immédiatement les qualités et les défauts. L'excellence d'Héphaïstos en faisait un artefact d'exception mais entre porter une armure et savoir combattre avec, il y avait tout un monde. Enyo préférait la simple demie armure portée par les légions romaines. C'était un outil efficace pensé pour la mobilité et la protection sur les champs de bataille. Elle était moins efficace qu'une armure de plates conventionnelle, plus associée aux lourds cavaliers du moyen-âge, mais permettait d'être rapide, ce qui comptait au corps à corps. Pour sa protection vraiment effective, Bellone pouvait générer un Scutum, ce grand bouclier rectangulaire incurvé qui représentait un mur de métal face à un adversaire. Son armement également était celui des élites des légions: un Gladius, ce glaive à la lame assez large et une dague aussi aiguisée qu'un rasoir. Bien entendu, tout cet équipement revêtait un caractère divin. Il disposait d'enchantements et de qualités particulières malgré sa sobriété. Enyo ne recherchait pas l'éclat mais lus la sobriété, c'est pourquoi à côté de la flamboyante Aphrodite, la petite déesse brune paraissait bien épurée.
"Je passe devant, ma sœur."
Elles sentirent que le portail était corrompu. Il vibra négativement à leur passage, comme s'il voulait les repousser mais les prêtresses poussèrent leurs pouvoirs et maintinrent le passage disponible.
Le village qui les accueillit puait le Mal. Elles étaient sur Terre, dans un lieu reculé et tout de suite, elles surent qu'elles étaient au bon endroit. Les corps pétrifiés qu'elles découvrirent dans la boutique ne furent que les premiers d'une série qui en totalisa une grosse vingtaine, de tout âges et tout sexe.
"Des vies prises inutilement ... Méduse est un monstre créé par les dieux. Aussi terrible qu'elle ait pu l'être, l'Olympomachie nous aura au moins débarrassée de certains fardeaux."
Même face à deux déesses, Méduse n'était pas à prendre à la légère. Elle s'était principalement opposée à des humains, simples hères ou héros, mais personne n'était capable de dire si son pouvoir de pétrification était efficace sur une déesse. Si cela était le cas, elle ne se contenterait pas seulement de transformer les sœurs en pierre mais aussi, elle briserait leurs corps sans aucun état d'âme.
"Elle a dû nous déceler. Le portail et nos auras sont perceptibles pour cette créature. Il faut s'attendre à une attaque sournoise plutôt qu'à un combat frontal. Prépare tes pouvoirs, ils te seront je pense plus utiles que tes armes. Cette partie là me revient."
Méduse aussi dégageait une aura identifiable et Enyo s'engagea dans l'allée principale du village. Elle préférait éviter les passages étroit ou biscornus, propices à une rencontre nez à nez avec le monstre. La déesse suivit l'aura malsaine en se fiant à l'intensité augmentant petit à petit, ce qui l'amena à proximité de l'entrée d'une grotte qui semblait s'enfoncer dans les entrailles de la montagne. Il y avait un petit kiosque à l'entrée, une caisse pour les visiteurs, avec une plaquette: "Grotte des deux rivières. Une excursion libre d'une heure pour 2000 yens/personne."
"Je déteste les grottes ..."
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 10 nov. 2025 01:46
par Aphrodite
Méduse avait déjà sévi ici. Les villageois avaient été pétrifiés. Hommes, femmes, enfants, vieillards… Ils étaient toujours en vie, figés dans la pierre magique de la redoutable Gorgone. Aphrodite n’aimait clairement pas cette odeur malsaine. Elle identifia le nom du village en observant un panneau : «
EBISUGAOKA ». Sur ce panneau d’annonces publiques, il était signalé des disparitions inquiétantes d’adolescents. Aphrodite fronça les sourcils.
*
Mais à quoi joue Méduse ici ?*
Si on se fiait au mythe de Méduse, la jeune femme était à la base une mortelle à la grande beauté que Poséidon viola dans un temple d’Athéna. Athéna punit Méduse en la transformant en monstre. Une autre version du mythe dit que Méduse était tellement fière de ses cheveux qu’elle rivalisait avec ceux d’Athéna, qui la punit pour sa vanité. Persée se mit en tête de la tuer pour impressionner une femme dont il était tombé amoureux. Il la traqua en pistant les sœurs de Méduse, de vieilles mégères acariâtres vivant dans une grotte, les Grées, et, en les torturant, obtint l’emplacement de Méduse, qu’il tua donc. Un mythe finalement fort peu moderne, où un héros idiot et musclé provoqua sans raison particulière la mort d’une femme prise pour un monstre parce qu’elle était différente. Aphrodite savait maintenant à quel point les histoires pouvaient être fausses, et à quel point la vérité pouvait être déformée. Il suffisait de voir le rôle d’Héra pour s’en rendre compte.
Bellone avait senti une piste. Aphrodite et elle quittèrent Ebisugaoka pour rejoindre une grotte située à l’extérieur de la ville embrumée. Celle-ci était séparée du reste du monde par une rivière, avec un pont installé au-dessus. Cette rivière était l’une des deux rivières ayant sa source dans la montagne. En rejoignant l’entrée de la grotte, Aphrodite put voir un énorme
torii, ainsi que de multiples statues et petites maisons de poupées. De manière plus surprenante, Aphrodite vit aussi de singulières fleurs rouges qui serpentaient le long des murs. Des fleurs qui avaient un côté putride, car des champignons poussaient en plein milieu. Aphrodite s’en approcha en grimaçant.
«
Cela n’est pas naturel… »
Elle se rapprocha de Bellone, et lui sourit alors.
«
Oui, ce n’est pas très pratique pour les combats… Mais je ne suis pas sûre que Méduse soit derrière tout ça. »
Aphrodite et Bellone s’avancèrent dans la grotte. Celle-ci était lugubre. Aphrodite pouvait voir ici et là des panneaux, des inscriptions, relatant le passé mythologique de la région. Il y était fait référence de l’une des huit têtes du dragon Orochi, un légendaire dragon japonais à huit têtes qui fut vaincu par Susano à l’aide de tonneaux remplis d’un alcool très fort. La légende disait que Susano avait découpé chacune des têtes d’Orochi à l’aide de l’épée légendaire Kusanagi. Les panneaux indiquaient que Susano avait confié à un
kami-renard le soin d’enterrer l’une des têtes d’Orochi sous cette montagne. Suite à cela, on disait que les émanations de gaz toxique émanant de la montagne étaient le fruit de cette tête, dont la surveillance fut confiée aux descendants du Dieu-renard, le clan des Renards.
Cette grotte était une ancienne mine japonaise qui avait fermé en raison des explosions de bistre récurrentes. Depuis lors, la mine avait été reconvertie en une sorte de musée touristique. Plus le duo s’enfonçait, plus les fleurs rouges et fongiques prospéraient. Aphrodite grimaça en voyant que des corps étaient emmitouflés dedans. Des fleurs et des champignons avaient poussé sur leur corps. Eux étaient clairement morts.
Les deux femmes rejoignirent finalement une sorte de grande cavité avec un trou au centre donnant sur la source des rivières, un lac souterrain. En se rapprochant, Aphrodite perçut l’aura de leur cible, Méduse. Elles descendirent en contrebas, Aphrodite déployant ses ailes angéliques pour voler sans difficulté. Le lac était plongé dans la pénombre, et elles la virent sur une petite île au centre.
Méduse se retourna vers elles. Elle était d’une beauté incroyable. Son aspect monstrueux ne faisait que paradoxalement la rendre encore plus désirable.
«
Méduse ! »
Méduse siffla en reconnaissant Bellone.
«
Toi… La pute d’Arès ! »
Méduse fit un bond prodigieux, et fusa sur Bellone, crachant avec ses serpents des jets d’acide…
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 13 nov. 2025 12:26
par Bellone
Bellone avançait prudemment. L'étroitesse des lieux se prêtait particulièrement bien à une attaque surprise et elle n'avait aucune envie de tomber nez à nez avec le monstre qu'elle et Aphrodite étaient venues chasser. Encore une fois, elle n'avait aucune idée de l'incidence du pouvoir de pétrification de Méduse sur une aura divine mais elle ne voulait prendre aucun risque.
Les deux déesses descendaient dans les profondeurs de la Terre et la température faiblissait avec leur progression. Elles dépassèrent la zone réservée aux touristes pour passer dans des galeries où la présence du public était interdite. Là aussi, certains passages étaient tellement exigus qu'elles étaient incapables de se protéger l'une l'autre.
L'endroit empestait la présence de Méduse. Enyo disposait de plusieurs types de visions mais aucun n'était efficace. Elle augmentait naturellement la clarté des lieux, ce qui lui permettait de "voir" mais en revanche sa vision thermique ne lui était d'aucune aide. Méduse avait le sang froid ...
Et les corps qu'elles découvrirent devaient être là depuis un moment. Certains étaient grotesques tellement ils étaient gonflés et difformes. Là encore, des fleurs et champignons avaient poussé, puisant dans la putréfaction la nourriture nécessaire à leur épanouissement. Le spectacle était à vomir mais ne changeait pas des carnages des champs de bataille ...
"Tu as raison, ce n'est pas normal. Méduse sait que ses méfaits seront punis par les dieux et elle ne prendrait pas le risque de quitter son repaire sans une bonne raison, ou sans que quelqu'un l'y incite. Cela faisait longtemps que l'on entendait plus parler d'elle. Athéna s'est occupée d'elle une fois et elle aurait dû retenir la leçon."
C'était vrai. L'Olympe toute entière avait suivi la punition de la Gorgone, et Méduse n'avait jamais caché sa haine d'Athéna ni son désir brûlant de revanche. Mais entre vouloir et pouvoir, il y avait tout un monde. Détruire une déesse telle qu'Athéna relevait quasiment de l'impossible et Méduse était loin d'être stupide. Alors qu'est ce qui aurait pu la faire quitter son territoire de mort où personne ne s'aventurait, sauf quelques fous ou des héros arrogants qui lui servaient de repas? La promesse de retrouver sa forme humaine d'antan? C'était possible en utilisant la magie noire et en brisant une malédiction divine. Peut de personnes étaient capables d'un tel exploit. Ou alors encore, la promesse d'abattre Athéna. Challenge tout aussi peu probable ...
C'était des informations qu'il faudrait arracher à Méduse avant de l'occire.
Plus loin encore, le boyau dans lequel elles évoluaient s'élargit. Le sol était glissant car très humide. Des milliers de gouttes d'eau tombaient au sol des extrémités des stalactites et s'écoulaient ensuite vers un passage plus grand encore. Là se rejoignaient les rivières qu'elles avaient où traversées ou longées, les perdant parfois dans ce labyrinthe minéral.
Elles émergèrent aux abords d'une vaste cavité occupée en partie par un lac à l'eau si glacée qu'elles pouvaient le sentir sans même la toucher. Les parois de cette immense caverne étaient couvertes de lichens des profondeurs phosphorescents qui diffusaient une douce clarté verdâtre sans pour autant couvrir l'obscurité ambiante. L'endroit aurait pu être appréciable si ce n'était l'immonde odeur de Méduse qui occupait les lieux, dense, lourde, écœurante ...
Les déesses l'aperçurent au moment ou elle aussi dardaient ses yeux sur leur apparition.
"Elle nous attendait. Pourquoi n'a t'elle pas attaqué avant ..."
Méduse siffla et Bellone se hérissa. Elle osait l'insulter? La pute d'Arès?
Le monstre fila sur elle à une vitesse surprenante en crachant de l'acide et Enyo eut juste le temps de générer son grand bouclier et de se caler derrière. La gorgone s'y écrasa de tout son poids sans que la déesse ne bouge d'un iota. Il y eut un "bong" ridicule et Enyo éclata d'un rire qui résonna dans la grotte.
"Pathétique ..."
Le monstre revint à l'attaque et se heurta à nouveau à l'artefact divin. Enyo passa la lame de son glaive en rasant la bordure supérieure du bouclier et Méduse couina. Des serpents tranchés tombèrent au sol en se tortillant et dans la demie seconde qui suivait, la déesse de la guerre utilisait son bouclier à l'horizontale pour l'écraser sur les ratiches du monstre.
La Gorgone recula, du sang noir coulant de sa bouche.
Bellone prenait garde de ne pas la regarder en face, voilant son visage de son bouclier. Elle choisit un angle lui permettant de bloquer toute fuite de Méduse et se campa bien sur ses jambes. Elle jeta un coup d’œil à Aphrodite qui avait bien plus de talents qu'elle dans l'art de la diplomatie.
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 24 nov. 2025 02:06
par Aphrodite
Aphrodite était certes diplomate, mais elle était bien la seule ici ! Bellone trancha avec sa lame plusieurs des serpents sur la tête de Méduse, la faisant rugir. Bellone se protégea ensuite avec son bouclier, attrapant les rebords du bouclier, et le secoua furieusement. Ses serpents tranchés se reconstituèrent alors, tout comme les serpents sur la tête de Méduse. Aphrodite généra avec sa main une lance. Elle n’était pas une combattante, mais elle apprenait à se battre, et, parmi toutes les armes, elle avait le plus d’affinité avec une lance.
« Pathétique ?! Et tu dis ça en te planquant comme une fillette, haha ! Retourne dans les jupes de ton maître, salope ! »
Que faisait Méduse ici ? Cela n’avait aucun sens. Aphrodite essayait de comprendre. Méduse bondit en hauteur, esquivant le bouclier de Bellone, et la griffa ensuite. Ses doigts griffus glissèrent sur son armure, la faisant scintiller, et, quand Bellone tenta à nouveau de l’attaquer avec sa lame, un serpent sur la tête de Méduse s’étira, et manqua mordre Bellone au visage, l’amenant à se replier… Pour que l’un des serpents tente de la mordre à la cheville. La lance d’Aphrodite perça alors le serpent, protégeant Bellone.
« Bellone, attention !
- Mêle-toi de ton cul, Princesse ! »
Méduse lui cracha dessus, une salive toxique et acide. Aphrodite fut touchée à l’épaule, et poussa un hurlement de douleur. Méduse se reçut ensuite un coup de bouclier, et Bellone se servit du bouclier pour pousser en avant, et jeta Méduse au sol. La Gorgone siffla en tombant à terre, et l’épée de Bellone fusa ensuite pour la transpercer… Avant de se transformer en pierre, et d’exploser contre le torse de Méduse.
« Haha ! Tes yeux se reflètent dans l’eau, ma chérie ! »
Cela atténuait les pouvoirs de Méduse, mais elle avait pu priver Bellone de son épée. Celle-ci disposait encore de son bouclier, mais les autres cheveux coupés de Méduse sifflèrent autour d’elle. La situation commençait donc à se compliquer quand…
« …Nous venons en amies, Méduse !
- Des amies de l’Olympe ? Où étiez-vous quand Poséidon m’a violé ?! Athéna m’a transformé en… En ce monstre !
- Plus aucun homme ne peut désormais poser son regard sur toi sans que tu le figes en pierre. Tu penses qu’Athéna t’a maudite ? Elle t’a offert des pouvoirs immenses ! C’est de cette manière qu’elle a répondu à ta souffrance ! »
Méduse siffla rageusement.
« LA FERME ! »
Elle s’élança vers Aphrodite, qui resta stoïque face à elle. Méduse la cloua contre le mur de la paroi, et serra sa main sur la gorge d’Aphrodite.
« C’était la volonté d’Héra… Sa manière à elle de te protéger… Sinon, c’est Zeus qui serait venu ensuite… »
Méduse fronça encore les sourcils, croisant le regard d’Aphrodite. Elle commençait à hésiter… D’autant qu’Aphrodite soutenait son regard, sans que Méduse ne la transforme en pierre.
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 26 nov. 2025 13:10
par Bellone
Bellone obtint la réponse à sa question. Le Pouvoir maudit de Méduse avait un effet certain sur elle et elle sentit son corps réagir à la tentative de la Gorgone de la pétrifier. Heureusement, il n'était pas simple de s'en prendre à une déesse, qui plus est, celle de la guerre. Enyo était une teigne, mais une teigne résistante et rompue à de nombreux combats. Il en était ainsi pour presque tous les dieux de l'Olympe. Durant la guerre de Zeus, beaucoup avaient péri mais cela avait eu un coût. Pour chaque dieu abattu, combien de vies avaient été sacrifiées ...
L'épée d'Enyo vola donc en éclat au moment où la guerrière s'apprêtait à transpercer le cœur du monstre. Athéna avait vraiment trop bien fait les choses. La déesse de la sagesse tendait quand même à être excessive en terme de punition... Méduse était devenue un monstre, mais un monstre redoutable.
La déesse évita les attaques suivantes, aussi performante avec son bouclier qu'avec son épée. Face à elle, la Gorgone n'avait au final aucune chance de survie. Mais Méduse se replia avec vivacité sur Aphrodite et plaqua l'Olympienne contre la pierre froide de la grotte.
Aphrodite avait choisi d'aborder le sujet d'une manière différente et surprit Bellone. En amies? Ce n'est pas ce dont il était question. Méduse devait être éliminée. Elle représentait une immense menace pour les hommes et devait être punie pour ses innombrables crimes. Alors pourquoi Aphrodite se laissait-elle faire et pourquoi usait-elle de ce ton apaisant pour parler au monstre?
Sans effort, Enyo leva son bouclier à l'horizontal et s'approcha de la créature. D'un coup de la tranche de la lourde pièce de métal, elle pouvait décapiter leur ennemie et s'affranchir de leur mission.
Le monstre hésitait, il sentait sa présence, reportait son attention sur Aphrodite; ses serpents dardaient vers la guerrière en sifflant.
"Héra est la pire de vous toutes! Tu mens!"
Sur ce point, Enyo ne pouvait qu'être d'accord. Héra était la pire des déesses de l'Olympe, grande comploteuse et prompte à mentir pour arriver à ses fins. D'ailleurs, Enyo ne l'avait pas menacée mais de retour à l'Olympe, elle irait la voir pour être très claire avec elle. Toute manœuvre de la déesse-reine qui sortirait des marges du code d'honneur de la déesse de la guerre entrainerait des complications entre elles qui ne seraient pas favorables à la veuve de Zeus. Héra était plus seule que jamais aujourd'hui. Si elle voulait pouvoir compter sur Enyo, elle devrait abandonner ses habitudes détestables.
C'était la fin et Méduse allait mourir. Bellone arma son bras ... mais le coup ne vint pas. Le regard d'Aphrodite vers sa sœur signifiait "Ne frappe pas." Ce fut l'hésitation qui sauva Méduse, d'autant plus qu'elle aussi s'était retenue. La créature semblait indécise. Etait-ce le charme de la déesse de l'amour qui opérait ou bien l'incompréhension de l'inutilité de son Pouvoir de pétrification ne fonctionnant pas sur elle?
Pendant une fraction de seconde, Bellone se dit que sa sœur avait des vues sur le petit cul de la Gorgone mais ... non, même pas en rêves ... Pourtant, Aphrodite n'en serait pas à sa première bizarrerie. On disait bien des choses sur ce qui se passait dans l'oasis de Lusst'ghaa ...
"Aphie? Tu nous expliques?"
Enyo restait prête à frapper. Ce serait rapide si Aphrodite acquiesçait.
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 01 déc. 2025 02:02
par Aphrodite
« C’est très simple, Bellone. Je ne cesse de te le dire, mais tu ne cesses de refuser de m’écouter. Tout comme Héra n’est pas ton ennemie, Méduse ne l’est pas non plus. »
La Gorgone siffla furieusement.
« Assez ! Vous pensez vraiment pouvoir me battre ?
- L’Olympe a payé pour ses crimes, Méduse ! Héra nous a envoyé vers toi, alors qu’Athéna prévoyait d’envoyer ses Saints. Leurs armures divines résistent plutôt bien à ton sortilège. »
Le motif invoqué par Héra avait été plutôt nébuleux. Méduse siffla encore.
« Je ne veux rien de l’Olympe, vous m’avez tout pris !
- Ah, mais vas-tu arrêter de caqueter ? Tu es une vraie pie, ma parole ! Regarde, puisque tu ne me crois pas ! »
Aphrodite serra sa main, et, quand elle l’ouvrit, des étoiles s’envolèrent, et formèrent autour d’elles une vision. La grotte de Méduse se transforma pour devenir un temple d’Athéna. Méduse frémit en se voyant. C’était elle, jadis, sous sa forme de prêtresse.
« Comment oses-tu… ? Je ne veux pas revivre ça !
- Oh, mais tais-toi donc, te dis-je ! Poséidon ne s’était pas contenté de te violer, tu sais, il t’avait aussi laissé pour morte. Pour lui, c’était une manière de se moquer d’Athéna, qui n’a pas apprécié cela. Athéna ne t’a pas maudit. »
Devant elles, Athéna et Héra se rapprochaient du corps sanguinolent de Méduse. Elle avait été violemment massacrée par Poséidon, qui lui avait arraché un œil, et ouvert le ventre, pour en extraire de ses entrailles les embryons des futurs enfants issus de ce viol, Pégase et Chrysaor.
« Poséidon l’a violé et massacré…
- Quelle horreur… C’était l’une de tes prêtresses, Athéna…
- Elle n’est pas morte, nous pouvons la soigner, mais Poséidon reviendra la violer. Il sait que je ne peux pas m’en prendre à lui sans déclencher la colère de Zeus.
- Un jour viendra où les femmes ne seront plus les esclaves des hommes, Athéna. Je peux redonner à Méduse sa vie, et lui insuffler mon pouvoir. Elle deviendra une femme forte, que les hommes craindront. »
Méduse les observait, moribonde. Poséidon l’avait également énuclée, arrachant l’un de ses yeux. Héra la regarda, et lui demanda si elle acquiesçait. Puis, les mains d’Héra s’illuminèrent, et transformèrent le corps de Méduse, ses cheveux devenant des serpents.
« Tes cheveux magnifiques ont plu à Poséidon… Un jour viendra où les Dieux paieront pour leurs excès, ma chère prêtresse, mais ce jour n’est pas venu. Poséidon est tombé en adoration de ton regard, je décrète donc qu’aucun homme ne pourra désormais te toucher les cheveux sans subir ton venin, et qu’aucun homme ne pourra te regarder sans ton accord. Ainsi, Méduse, tu seras à jamais supérieure aux hommes. »
Aphrodite se retourna vers Méduse.
« Héra avait sous-estimé la rancœur de Poséidon. Persée t’a tué, et il a remis ta tête à Athéna, pour continuer à la narguer, pour lui rappeler la supériorité de Poséidon. Tu étais la dot que Persée devait ramener au roi Polydecte pour épouser sa fille, Polydecte dont la mère était une naïade… »
Méduse resta silencieuse, bouillonnant de rage.
« C’est pour ça que Héra m’a envoyé à toi, Méduse. Poséidon, Zeus, Hadès… Ils sont morts. Ils ont payé pour leurs crimes, des crimes que Héra a dû endosser. Si je suis là, c’est pour te ramener auprès de nous, Méduse.
- Je n’en ai aucune envie. Vous, les Dieux, vous serez toujours arrogants ! Tu dis vouloir la paix, mais tu as amené la furie d’Arès ! Vous m’avez attaqué !
- Disons plutôt que tu nous as sauté dessus avant qu’on ne puisse faire quoi que ce soit… »
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 02 déc. 2025 10:28
par Bellone
Les révélations d'Aphrodite n'avaient rien de surprenantes. De tous les panthéon des dieux existants, celui de l'Olympe trônait sur le plus élevé des piédestals en terme de machinations et de plans tordus pour gagner en supériorité, au sein même du collectif de divinités. Tout était bon pour rappeler aux autres le niveau et la place de chacun et les plus puissants se délectaient de leur état dominant. Bellone en savait quelque chose, ayant été pendant longtemps subordonnée à Arès. Quand elle lui avait ôté la vie, elle avait souri en se remémorant les interminables sermons égocentrés du dieu de la guerre. Quant à Poséidon, elle l'avait haï du plus profonde de son âme. Le frère de Zeus était d'une arrogance crasse et particulièrement imbuvable. Ses entrées étaient toujours impétueuses et ses sorties théâtrales. Bien sûr, il avait la puissance allant avec son rang mais ... aujourd'hui, il était mort et serait rapidement oublié. Le seul qu'Enyo pourrait regretter était le noir Hadès. De par leurs cultes, ils avaient été étroitement liés et contrairement à Zeus et Poséidon, Hadès avait toujours fait état de sobriété. Il s'en était fallu de peu pour qu'il ne dirige l'Olympe mais Zeus avait bénéficié d'un petit coup de pouce. Il faudrait que Perséphone, l'épouse d'Hadès, reçoive la visite de la nouvelle Olympe assez vite. Les Enfers et les océans ne pouvaient pas rester sans maitres très longtemps sous peine que le semblant d'équilibre restant après l'Olympomachie soit définitivement rompu.
"Ça aurait été plus simple si Héra et toi m'aviez informé AVANT qu'on entre dans cette grotte. J'y vois là un manque de confiance qui honore encore une fois la chose de Zeus. Je vois que l'Olympe a du mal à se défaire de ses tares passées."
La nouvelle et unique déesse de la guerre abandonna sa position de frappe et repoussa Méduse d'Aphrodite d'un simple revers du bouclier, sans que cela soit pour autant brusque.
"Sous réserve que tout cela soit vrai, je compatis, Méduse. Tu es une victime de plus de dieux cruels et si j'avais le Pouvoir de te rendre ta liberté, je le ferais. Or, je ne l'ai pas et j'imagine que seule celle qui t'as maudite peut retirer cette malédiction. Cependant Aphrodite ..."
Bellone se tourna vers sa sœur ...
"Méduse est malgré tout coupable de crimes étrangers à sa condition. Elle a prit des vies innocentes et un jugement doit être rendu. Si l'Olympe veut redorer son image, et elle en a besoin, aucune exception ne doit être tolérée. Une comparution devant Thémis et le tribunal des dieux grecs devra être envisagée."
Thémis était la deuxième épouse de Zeus et déesse de la justice. Son statut lui avait permis de rester neutre durant l'Olympomachie mais maintenant que les perdants étaient morts, elle se devait de rendre les jugements en toute impartialité. L'Olympe avait failli dans la conscience des peuples de Terra et d'autres dieux voyaient leur culte en pleine expansion. Sha à Mijak progressait rapidement tandis que dans les royaumes du Nord, les Valkyries d'Asgard répandaient les hymnes guerriers de Thor et d'Odin, jusque là plus centrés sur la Terre.
"Tu sais que tu as mal agi Méduse mais tu n'as d'autres choix que d'affronter les conséquences de tes actes, tous dirigés qu'ils aient pu être."
L'illusion d'Aphrodite s'était dissipée et l'aspect austère de la grotte les ramenait à une réalité plus triste encore. Si Méduse n'acceptait pas de les suivre, cet endroit lugubre serait son tombeau. Les deux déesses feraient s'écrouler la cavité sur elle-même et la tête de Méduse rejoindrait définitivement le hall des trophées de l'Olympe.
"Aphrodite? Athéna est-elle au courant de ce que nous faisons? S'il y a bien une seule déesse que je ne veux pas affronter, c'est elle."
Méduse s'était reculée. Son visage avait perdu l'expression figée sur un rictus mauvais qui la caractérisait au profit de quelque chose de plus doux ... de l'espoir? Ses serpents ne sifflaient plus et ce n'est pas pour autant que Bellone la regardait dans les yeux. Par quel miracle Aphrodite pouvait-elle tenir la pétrification en échec? ... Elle n'en savait rien. Encore un sujet qu'il faudrait aborder plus tard.
Re: Panser les plaies [Bellone]
Posté : 08 déc. 2025 02:06
par Aphrodite
Face à la remarque de Bellone, Aphrodite haussa les épaules.
« T’informer de quoi, Bellone ? Je ne cesse de te dire que Héra n’est pas le monstre que tu crois, et tu ne cesses de refuser de me croire. M’aurais-tu cru si je t’avais dit la vérité concernant Méduse ? Ou te serais-tu encore contentée des histoires que les hommes ont raconté ? »
La mythologie olympienne était teintée d’un sexisme crasse à l’égard des femmes, reflet de la Grèce antique. Si les sociétés modernes vantaient les nombreuses et réelles qualités de la Grèce antique, il ne fallait pas négliger les mauvais côtés. À cette époque, la femme avait un rôle très inférieur. Elle restait considérée comme incapable toute sa vie, et les contes olympiens retranscrivaient ces préjugés misogynes. La réalité était différente, et somme toute bien plus sinistre. Bellone insista sur le fait que Méduse avait commis des crimes, et qu’elle devrait être punie en conséquence.
« Des crimes ? Tu as beau te prétendre différente des autres Dieux, Enyo, tu fonctionnes comme eux, arrogante et prétentieuse. Je n’ai commis aucun crime !
- Nous avons vu des gens figés dans le village… Oserais-tu nier ton implication ? »
Méduse persifla.
« Oh, je ne nierai pas votre bêtise mutuelle. Vous êtes bien jolies, toutes les deux, mais je n’y suis pour rien. Vous n’avez pas vu toutes ces fleurs fongiques en venant ? J’ai figé des villageois, oui, mais ils sont toujours en vie, sauf si vous avez commis l’erreur de détruire les statues ! Je les ai protégés du mal qui hante cette région, mal dont vous êtes responsables ! »
Aphrodite fronça les sourcils. L’histoire de Méduse, elle la connaissait, mais cela…
« Explique-toi, Méduse. »
Méduse secoua la tête.
« La mort de la majorité des Dieux olympiens a fragilisé de nombreuses barrières et de nombreuses prisons. Ebisugaoka, le village où vous vous trouvez, n’existe sur aucune carte du Japon. Il est ce qu’on appelle un village caché. »
Méduse se déplaça lentement.
« Le Japon aussi a ses propres légendes, comme celle du dragon Orochi. »
Yamata-no-Orochi, le dragon à huit têtes… Une légende bien connue de la mythologie japonaise, celle d’un immense dragon qui terrorisait le Japon, et qui venait chaque année dévorer de jeunes filles. Orochi fut vaincu par Susanoo, qui décapita les huit têtes d’Orochi.
« Ces huit têtes furent chacune dispersées dans des sanctuaires secrets du Japon, des sanctuaires autour desquels des gardiens furent chargés de protéger ces prisons. Ebisugaoka est l’un de ces sanctuaires. Avec l’Olympomachie, un mal puissant s’est réveillé ici. Je m’y étais rendue à la base pour me réfugier, mais j’ai pu constater qu’une brume épaisse s’était abattue sur la ville. Les villageois que j’ai croisés étaient transformés en monstres. J’en ai rencontré d’autres qui n’étaient pas infectés, et je les ai figés pour les empêcher d’être contaminés par ce gaz. Les Dieux y sont visiblement immunisés. »
Héra connaissait-elle cela ? Était-ce finalement pour ça qu’elle avait envoyé des divinités, et non de simples guerriers ?
« Héra ne nous a rien dit de cela…
- Ce sont les kamis qui protègent le Japon… Héra ne savait sans doute pas cela. Enfin… J’ai décidé d’explorer un peu la région, mais j’ignore où se trouve cette tête, ni comment la refermer. J’avais prévu de retourner en ville rejoindre le temple, en espérant y trouver une prêtresse susceptible de m’aider, quand vous avez débarqué. »
Méduse regarda ensuite Bellone.
« Ainsi, je te déconseille de faire s’effondrer cette grotte. Tu risquerais surtout de déclencher une projection supplémentaire de ce gaz souterrain qui a formé cette brume. Donc, si pour une fois, vous étiez prêtes à réfléchir avec vos cerveaux plutôt qu’à foncer dans le tas comme des idiotes, vous me serez peut-être utile… Sinon, retournez voir Héra. »