Page 1 sur 1

"Adjugée, vendue !" (Le Barbarium)

Posté : 29 mars 2025 19:32
par Merveil
- Décidément, je passe ma vie à être capturée... pensa Merveil. Elle se tenait derrière une estrade, un peu à l'écart des esclaves qui étaient vendus aux enchères. Le marchand avait tenu à la présenter en dernier, étant pour lui "un article de premier choix". Même si elle n'avait jamais vraiment été esclave, la prêtresse d'Aphrodite avait connu la servitude durant son enfance quand elle était Laideron et qu'elle devait se taper le plus gros des corvées de la ferme familiale.

Mais le plus déroutant était le cadre dans lequel se déroulait cette vente : une ville se trouvant sous la surface de Terra, dans l'Ombre-Terre ou Outreterre, un lieu dont la plupart des habitants de la surface murmurait le nom avec crainte. On disait que c'était un lieu empli d'horreurs innommables mais également de merveilles, dans lequel vivaient bon nombre de races et de créatures toutes plus étranges les unes que les autres. la jeune femme en avait entendu parler mais jamais elle n'aurait imaginé qu'elle puisse voir de ses propres yeux cet univers déroutant par bien des aspects.

Le récit des circonstances de la présence de Merveil en ce lieu serait beaucoup trop long, aussi nous contenterons-nous de dire que sa capture fut due à un malheureux concours de circonstances impliquant un festival dans un village du royaume de Lumen avec un trésor à la clef, gardé par une Bête, les avances peu flatteuses d'un barbare ivre, un course éperdue pour fuir le malotru et, pour finir, la chute dans un gouffre à la profondeur vertigineuse...

Le marchand d'esclaves, ainsi que ses acolytes, étaient des Duergar, des Nains des Profondeurs, race à la réputation peu flatteuse parmi les habitants d'Ombre-Terre. Le "menu fretin" vendu, ce fut au tour de Merveil de se retrouvée juchée sur l'estrade.

- Et maintenant, chers clients, le clou de cette vente ! Cette magnifique jeune femme à la beauté inégalable ! Admirez ces superbes cheveux blonds, ce port de reine, cette poitrine opulente... (là, le Duergar écarta les bretelles de sa robe, dévoilant ainsi les seins de la prêtresse)... Je fixe la mise à prix à 1000 pièces d'or !

Le Duergar sentait la vinasse et l'écurie mais il en fallait plus pour écœurer Merveil qui en avait vu d'autres : quand elle était Laideron, elle dormait dans la porcherie et avait eu donc constamment l'odeur du fumier sous les narines. Le contact de la main calleuse et graisseuse du marchand d'esclaves sur sa peau, quand il avait dévoilé sa poitrine, l'avait quelque peu révulsé mais pas au point de provoquer une grimace de dégoût.
En fait, c'était l'assistance qui captait le plus clair de son attention : il y avait des Duergars mais également des Elfes à la peau aussi noire que du charbon et à la chevelure aussi blanche que la neige, des Gnomes au crâne chauve et au teint terreux, et quelques créatures à l'aspect vraiment déroutant : grandes et minces, elles avaient des visages évoquant celui d'une pieuvre et des yeux d'un blanc laiteux.

Quoi qu'il en soit, Merveil ne laissait pas indifférent car les enchères se mirent à grimper, vite, très vite même : les Elfes Noirs (Merveil sut un peu plus tard qu'on les appelait "Drows") enchérissaient dans leur langue mélodieuse et les Gnomes (des Svirfneblins) dans leur langue rocailleuse ; par contre, les étranges créatures à tête de pieuvre (des Illithids) ne prononçaient aucune parole mais de temps en temps le marchand indiquait à grands cris leurs enchères, preuve qu'elles devaient utiliser un mode de communication plus subtil que le langage.

Toujours est-il que l'enchère se mit à atteindre la somme exorbitante de 7000 pièces d'or...

Re: "Adjugée, vendue !" (Le Barbarium)

Posté : 09 avr. 2025 21:20
par Le Barbarium
C'était une journée sombre pour le capitaine. Son précieux Rampant des Terres Noires souffrait d'une agaçante panne de cristaux ! Sans ces pierres mystiques, capables de se recharger à partir de la dépense en énergie des occupants du vaisseaux auxquels ils étaient rattachés, l'appareil gigantesque n'était plus du tout fonctionnel. Sa mobilité en pâtissait affreusement, et sans elle adieu les expéditions lucratives...

- Hrrrm...

Cependant, tout n'était pas perdu : certains cristaux fonctionnaient toujours. Ils n'étaient qu'une poignée seulement, tous concentrés dans une unique pièce miraculeusement épargnée par cette espèce de malédiction sortie de nulle part. Eviscéran avait naturellement profité de cette zone "saine" en compagnie de ses esclaves. Parmi elles, Daya Trifid (son assassine/empoisonneuse), Odogara (sa championne lycanthrope) et Nérénie (son trésor de chair de bonne lignée) avaient sué dans l'effort. Epuisées par cette étouffante tournante, elles avaient, de leurs corps, brillamment contribué aux derniers mètres parcourus par le vaisseau avant son immobilité totale aux abords d'une ville au nom imprononçable, tandis que Dwëna Hogg'brennandi (l'ingénieure) et Shabel Sealgïr (son assistante par intérim) travaillaient sur les pierres HS sous la surveillance étroite de Vortek, le bras droit du capitaine.

- Quelle merde, soupira vulgairement Ilge Val'jardnesk, la barbare au teint mate qui accompagnait son capitaine en guise de garde du corps et de porteuse de sacs. On s'ennuie à mourir ici... Visez-moi ce bazar insipide : ils ne vendent que des chiffe molles !

- A défaut de les voir, j'arrive au moins à les sentir, fit Ökale, sa compagne telluriste, en se pinçant le nez.

L'Orc Noir fronça les sourcils. La place où s'époumonaient les marchands d'esclaves ne payait pas de mine. Les moins courageux des captifs s'étaient probablement chié dessus à un moment ou à un autre...
Si Vortek n'était pas dépendant de ma réussite, j'aurais pu croire que c'est lui, avec son art impie, qui a eu le malheur d'exciter ma mauvaise étoile.
La Ritualiste Drow qui l'accompagnait, du nom de Véfa Elmerald, gloussa comme si elle avait capté ses mauvaises pensées.

- Ne vous faites pas de mouron ! Les Duergar ont beau avoir de drôles de goûts en matière de femme, j'ai le pressentiment que ces rustauds n'ont pas encore joué leur carte maîtresse.

Elle ne disait que trop vrai. En terme de beauté, la dernière créature à s'avancer sur l'estrade surpassait allégrement l'ensemble de ses prédécesseurs ! Cette grande blonde ô combien plantureuse tapa dans l'œil du capitaine autant que dans celui de sa première championne.

- Par le Grand Feu, s'exclama Ilge. Comment diable ont-il réussi à se dégoter pareille vache à lait ?

- A t'écouter, je l'imagine avec le balcon plein à craquer, jubila la telluriste.

- Nom d'un bordel ! Ça, c'est peu de le dire...

- Silence, leur intima leur Maître, passablement énervé.

Son agacement s'expliquait par le fait que Drows et Gnomes s'en étaient donné à cœur joie, enchérissant les uns derrière les autres comme de satanés affamés. Ils étaient accompagnés par les Illithids - ces foutues grosses têtes à tentacules, silencieuses, mais qui trouvaient quand même le moyen de passer le mot à ce microbe de vendeur euphorique.
Eviscéran croisa le regard de Véfa qui, à en juger par sa réactivité, avait déjà anticipé sa réaction.

- Je viens de bloquer temporairement leur canal de communication mental. Si vous voulez acquérir cette nymphe, il n'appartient qu'à vous de le faire savoir à la plèbe.

La somme proposée était affreusement élevée. Avec 7000 pièces d'or sur la table, il y avait déjà de quoi nourrir énormément de monde pendant un bon bout de temps.
Voilà qui va faire un joli trou dans les caisses...
Mais la magnifique blonde valait bien son pesant d'or. Le capitaine avait un gros faible pour les cheveux d'or, comme en témoignait sa préférence pour Nérénie Anthelme. La Ritualiste ne l'ignorait sans doute pas, d'où sa prise d'initiative.
Cette nouvelle femelle pourrait faire bien plus qu'occuper mon temps libre.
Avec cette maudite histoire de panne généralisée, elle tombait pour ainsi dire à point nommé.
Signe ou pas signe, je m'en branle.
Trêve de superstitions ; le musculeux capitaine leva le poing bien haut et tonna grossièrement :

- 9000.

Après cela, il ne s'abaissa même pas à couler un regard à la concurrence. Drows comme Gnomes pouvaient toujours se risquer à faire monter les enchères : pour cette unique jument, le Brise-Monts était disposé à lâcher un montant à cinq chiffres.

Re: "Adjugée, vendue !" (Le Barbarium)

Posté : 11 avr. 2025 14:25
par Merveil
Le marchand Duergar se frottait les mains : les enchères pour cette splendide créature montaient vites, sacrément vites même ! Sans compter que l'objet de la transaction encourageait la clientèle à participer de manière fébrile : elle bombait de temps à autre le torse, ce qui faisait saillir ses seins superbes, faisant ainsi grimper la température et les enchères... L'esclavagiste avait été quelque peu étonné de cette initiative, ses esclaves appréciant peut d'être ravalés au rang de "produits" mais il n'allait pas s'en plaindre, bien au contraire !

Une telle attitude pourrait paraître surprenante de la part de Merveil, alors qu'elle était quand même l'objet d'une vile transaction, mais il faut savoir qu'elle avait sa fierté et qu'il ne lui déplaisait pas qu'on l'estime à un prix si élevé. C'était un peu comme certains criminels dont la tête était mise à prix et qui faisaient le maximum pour augmenter la récompense que leur capture apporterait aux chasseurs de primes, et ce par pur orgueil. En outre, elle était servante d'Aphrodite et cette dernière lui avait toujours dit de "se mettre en valeur et d'être fière de sa beauté, quelles que soient les circonstances" et on ne pouvait pas dire que Merveil ne suivait pas jusqu'au bout des ongles le dogme de sa déesse.

A partir de 7000, les enchères commencèrent à ralentir. Merveil était certes très belle mais 7000 Belaern d'Or était une somme énorme que peu de personnes dans l'Ombre-Terre ne pouvait se permettre de dépenser. C'était une Drow, servante d'une des plus influentes Maison de Menzoberranzan qui remportait l'enchère pour le moment.

- 7000, une fois... 7000, deux fois... claironna l'esclavagiste, rêvant déjà à ce qu'il pourrait se payer avec une telle somme. Vraiment, la capture de cette belle blonde avait été une véritable aubaine, vu qu'elle allait lui permettre de renflouer ses caisses. Il n'avait qu'un seul regret toutefois : se séparer de cette beauté qui était un fantasme vivant à elle toute seule. Mais la cupidité l'avait emporté sur la luxure dans le cœur sombre du Duergar.


9000 !!!


Les têtes se tournèrent et Merveil fit de même : celui qui avait lancé cette somme dans un rugissement n'était autre qu'un Ork, accompagné de trois donzelles, dont une Drow.

- Oh oh, 9000 Belaern d'Or !... Qui veut enchérir ? questionna l'esclavagiste qui était aux anges.

Quelques Gnomes secouèrent la tête, les Illithids quant à eux, semblaient indécis, voire même confus et la Drow qui avait failli emporter l'enchère poussa un juron et fendit abruptement la foule des clients, aidée en cela par les membres de son escorte, deux solides Drows bien armés.

- 9000, une fois... 9000, deux fois... 9000 trois fois... Adjugée vendue ! Ce magnifique seigneur remporte cette splendide créature qui, je l'espère, lui donnera pleine satisfaction !

Merveil ne le savait pas, mais elle avait eu de la chance : si elle avait été vendue aux Drows, elle aurait été certainement offerte en sacrifice à leur sombre divinité, Lolth, et les Illithids l'auraient tout simplement ajouté à leur menu, ces créatures étant particulièrement friandes de cervelle humaine... Pour ce qui était des Gnomes des Profondeurs, ils n'étaient pas réputés pour être maléfiques et ne s'intéressaient nullement à l'esclavage, mais le Duergar les avait démarchés pour faire monter les enchères en échange d'une petite commission qu'ils toucheraient après la vente.

Merveil fut donc amenée devant l'Ork, posant sur ce dernier un regard à la fois interrogateur et curieux, avant de se poser sur les trois femmes...

Re: "Adjugée, vendue !" (Le Barbarium)

Posté : 21 avr. 2025 13:15
par Le Barbarium
Les enchères s'étaient finalement achevées sur son offre retentissante. 9000 Belaern d'Or ? Ce n'était pas ce qu'on peut qualifier de menue monnaie ! Le sac que transportait Ilge Val'jadrnesk était lourd comme le poids d'un homme - même s'il avait l'air de ne rien peser au bout de son bras musclé. La somme exigée tomba donc entre les pattes du Duergar, qui dut se faire aider pour transporter ses gains en lieu sûr. Merveil, quant à elle, fut prudemment escortée jusqu'au capitaine Kroch'mar et son entourage féminin.
Là où Véfa accueillit l'approche de la sublime servante d'Aphrodite avec un sourire, Ilge paraissait tout de suite moins enthousiaste.

- A ce prix-là, on aurait pu bouffer comme des rois, lâcha-t-elle.

- Cela tombe bien que tu t'en plaignes, répondit son maître. Prends Okale avec toi et utilise donc ce qu'il reste de notre magot pour nous trouver de quoi becqueter. Si tu nous déniches ce qui se fait de mieux dans cette ville, vous aurez droit à une part un peu plus conséquente que celles des autres.

En endentant cela, la Telluriste s'en frottait déjà les mains. Elle administra une grande claque dans le dos de sa compagne et lança :

- Qu'est-ce qu'on attend ? Haut les cœurs, mon ogresse ! Nos ventres ne vont pas se remplir tous seuls.

D'un œil amusé, Véfa les regarda s'éloigner à travers la foule.

- Celles-là, elle ne sont pas prêtes de vous tourner le dos.

- Et elles ne risquent pas non plus de se faire emmerder par grand monde.

Elles étaient des esclaves de premier choix. Deux championnes qui se complétaient à merveille dans et au-dehors du cadre des arènes. Certes soumises au moindre de ses désirs, elles lui étaient aussi redevables pour tout ; l'Orc Noir incarnait aussi bien leur unique figure paternelle que leur plus terrible amant. Nul n'était en mesure de le remplacer.
Il baissa ses petits yeux porcins sur sa récente acquisition.
De près comme de loin, Merveil était un diamant de chair qui valait bien son prix. Illithids et Drows jalousaient le capitaine pour leur en avoir privé. Eviscéran sentait les ressentiments de ces quelques personnalités caustiques qui, certainement, envisageaient déjà de lui planter un couteau entre les omoplates.
Ces caves ne l'inquiétaient pas plus que ça.

- Je ne vais pas chercher à te mentir, esclave. Ton corps a beau être taillé comme celui d'une reine, cette nouvelle vie que tu te dois de mener sous mon joug ne sera pas de tout repos.

Il comptait bien la rentabiliser. En commençant par joindre l'utile à l'agréable. Un bon début au sein du Barbarium, et de son imposant vaisseau qui souffrait actuellement d'une emmerdante défaillance technique. Après avoir épuisé physiquement trois de ses créatures de rêve, Eviscéran nourrissait le besoin de les remplacer en attendant qu'elles s'en remettent.
Il tira donc sur l'extrémité de cette chaîne sinistre, qu'on lui avait remise en même temps que sa nouvelle poupée de valeur. L'Orc Noir était si puissant qu'il n'avait pas besoin de forcer outre mesure sur sa laisse pour que toute résistance de Merveil fût futile.

- Sois sage et obéissante et tu n'auras pas à en souffrir ; refuse de te soumettre et je n'hésiterai pas à te rentabiliser auprès d'hommes moindres, dans un contexte moindre que celui que je suis prêt à t'offrir.

Un capitaine pour le moins délicat ! Il n'avait pas été gladiateur - et champion - pour rien...
Même si Merveil n'avait pas l'air affamée, le colosse qui la guidait, et que l'on appelait aussi le Brise-Monts, eut la prévenance de lui demander :

- Tu as faim ? Ne cherche pas à me mentir, esclave, car crois moi sur parole : tu vas avoir besoin d'énormément d'énergie pour faire tes preuves au sein du Barbarium.

Chemin faisant, Merveil devait limite trottiner derrière ce monstre pour ne pas se faire distancer - et donc étrangler par son collier. Pour que le capitaine le lui retire, elle n'avait d'autre chose à faire que de gagner sa confiance. Il n'existait pas mille et une façon pour une femelle de l'obtenir.
La Drow qui accompagnait ce singulier duo, elle, ne semblait pas le moins du monde dérangée par la cadence imposée.

- Tu ne m'as pas l'air d'être une idiote. J'imagine que tu devines ce qui t'attend, surfacienne ?

A l'entrée de la ville, la masse noire et intimidante du Rampant des Terres Noires se profilait à la manière d'un monstre arraché à la gueule des abysses. Qui eût cru qu'une humaine élevée par les nains était à l'origine de son impressionnant design ?

Re: "Adjugée, vendue !" (Le Barbarium)

Posté : 25 avr. 2025 19:32
par Merveil
Le Duergar était chargé comme un mulet avec son gros sac d'or entre les mains et Merveil se dit qu'elle valait son propre poids en or, ce qui flattait quelque peu son amour-propre : quitte à être vendue en tant que marchandise, autant qu'elle vaille son prix !

La prêtresse reporta son attention sur le quatuor : deux des femmes râlaient sur le fait qu'avec tout le fric dépensé, elles auraient pu faire bombance jusqu'à s'en faire éclater la panse tout en jetant des regards réprobateurs à la prêtresse. L'ork les envoya donc chercher des victuailles dans le village. Par contre, la troisième femme fit un joli à sourire à Merveil qui ne sut comment le prendre...

Toujours est-il que l'Ork mit autour du cou de la jeune femme un collier de fer pourvu d'une longue chaine. Merveil fit la grimace : elle n'aimait pas trop qu'on l'attache, cela l'avait toujours incommodé, surtout depuis que, du temps où elle était Laideron, son père l'avait attaché toute une nuit dans la porcherie pour la punir d'avoir brisé une cruche.

- Sois sage et obéissante et tu n'auras pas à en souffrir ; refuse de te soumettre et je n'hésiterai pas à te rentabiliser auprès d'hommes moindres, dans un contexte moindre que celui que je suis prêt à t'offrir. lui dit son "maître", tirant légèrement sur la chaine, histoire de bien lui faire sentir sa force.
Merveil ne dit rien mais se permit quand même un petit sourire : s'il croit m'effrayer avec ce genre de menaces, il se fourre le doigt dans l’œil ! Quand on a vécu ce que j'ai vécu par le passé, plus grand chose ne vous effraie. pensa-t-elle.

Puis, l'Ork lui demanda si elle avait faim, lui conseillant de dire la vérité car elle aurait besoin de toutes ses forces pour être admise au sein du "Barbarium". Le nom lui fit hausser un sourcil : qu'est ce que c'est que ce truc ?! "Barbarium", il n'a pas dû aller chercher bien loin pour trouver un nom aussi tarte !.... Elle répondit quand même à la question de l'Ork, son ventre se mettant à gargouiller :
- Hum, je dois avouer que je n'ai pas beaucoup mangé depuis ma venue en euh... Ombre-Terre, c'est ça ? Donc oui, j'ai faim.

C'était la première fois qu'elle ouvrait la bouche depuis le début de la vente aux enchères et il fallait bien avouer que si le plumage de Merveil était un enchantement, son ramage l'était également. Sa voix était étrangement à la fois grave et douce, profonde, se répercutant légèrement en échos dans les voûtes de l'immense caverne.

Ils se mirent donc en route, Merveil trottinant derrière l'Ork, ce qui n'était pas vraiment pratique. Au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient du village, l'obscurité reprit ses droits mais ce n'était pas un problème pour la jeune femme qui était dotée d'infravision ; elle put donc marcher sans se prendre les pieds dans une saillie rocheuse ou percuter un stalactite (ou un stalagmite, elle ne savait plus).

- Tu ne m'as pas l'air d'être une idiote. J'imagine que tu devines ce qui t'attend, surfacienne ? lui demanda la Drow.

Merveil la regarda brièvement mais ne lui répondit pas, se contentant de hausser les épaules : si l'autre m'a acheté, ce n'est certainement pas pour exécuter un numéro de claquettes ou changer les papiers peints ! pensa-t-elle, n'osant pas trop exprimer ses sarcasmes à haute voix, de peur de se prendre une mandale : son "maître" avait l'air d'avoir la baffe facile.

- Mon Dieu, qu'est ce que c'est que ça ?! s'exclama-t'elle, quand elle vit la masse imposante de la forteresse noire.

Re: "Adjugée, vendue !" (Le Barbarium)

Posté : 02 mai 2025 18:08
par Le Barbarium
Comme tout autre son qui avait franchi le palier de ses lèvres pleines jusqu'à maintenant, son exclamation de surprise avait été, aux oreilles du capitaine, un plaisir inavoué. Ce dernier ourla entre ses crocs un rictus modéré là où la Drow, plus ouverte mais non moins malicieuse, ne se gênait pas pour l'afficher en coin.

- Ma forteresse mobile, déclara le musculeux colosse à la chair noire. Le Rampant des Terres Noires, qui deviendra aussi ton nouveau lieu de vie... ou ta prison, lorsque tu en viendras stupidement à négliger mes attentes.

- M'est avis qu'elle apprendra très vite à les satisfaire, commenta Véfa, l'œil luisant. Pour son propre bien.

Ce coup de pouce, elle était prête à le lui donner. Pas seulement pour elle. Avant tout pour le bien de l'équipage. Car lorsque le capitaine était d'humeur massacrante, il ne ménageait personne. Pas même son bras droit, de la même espèce qu'elle, que la plantureuse blonde n'allait pas tarder à rencontrer...
A leur approche, le pont-levis s'abaissa dans un grincement. Au-delà de ce dernier, l'on pouvait apercevoir une vitre. Dans son encadrement somme toute étroit en comparaison de la dimension de l'appareil, le visage encapuchonné d'une elfe sombre. Le sorcier aux commandes en l'absence du puissant Eviscéran Kroch'mar !

- Entrons.

A l'intérieur du vaisseau, il faisait plus chaud. Le long des étouffants boyaux de fer, la tuyauterie apparente exhalait un peu de sa chaleur. Reliés à des cristaux luminescents disséminés dans à peu près toutes les pièces, les tubes voyageaient à travers tout le vaisseau en un réseau particulièrement complexe. Néanmoins, ils se rejoignaient tous dans le cœur de ce monstrueux moyen de locomotion. Cet espace dédié à la Golémaniaque, dans lequel s'étalait son atelier qui, lui-même, protégeait l'indispensable noyau du Rampant des Terres Noires.

- Il est encore trop tôt pour te présenter aux autres, décida l'orc en continuant de la guider par le biais de sa laisse. Ton estomac d'humaine crie famine. Nous allons lui donner son content.

Et donc, direction le réfectoire. Le trio passa plusieurs portes massives. D'abord closes et austères comme les grilles d'un donjon, elles paraissaient s'ouvrir par elles-mêmes - comme par magie. En réalité, c'était là l'œuvre de Vortek qui, depuis la salle des commandes, les gérait d'une main de maître. Lorsque la dernière porte s'ouvrit, Merveil eut l'insigne honneur de contempler cette vaste pièce. Avec ses tables solides et froides. Ses chaises, adaptées à différents fessiers. Dont celle du capitaine, bien plus lourde imposante que les autres...
La porte dans leur dos se referma. Eviscéran lâcha l'extrémité de cette chaine qu'il avait tirée durant tout le trajet.

- Installe toi où bon te semblera, lui dit-il, avant de s'apprêter à dire autre chose quand...

La Drow frappa dans ses mains pour attirer leur attention.

- Inutile ! Aujourd'hui, c'est moi qui vais me charger des préparatifs~

Le capitaine la dévisagea un moment.

- Soit.

Ce n'était clairement pas dans ses habitudes de passer derrière les fourneaux. D'où l'hésitation de son patron, relativement passagère.
Avant de se diriger vers les cuisines, Véfa glissa à l'oreille de l'opulente esclave :

- Ma grande, si je peux te faire une promesse, c'est bien celle-ci : toi et tes papilles, vous n'allez pas être déçues du voyage.

Merveil étant une poule de luxe, son corps, il allait falloir qu'ils l'entretiennent avec les moyens du bord ! Par bonheur, des ressources nutritives, le Barbarium n'en manquait pas. L'équipage renouvelait fréquemment ses stocks de nourriture. Soit après chaque arrêt. Et certaines villes possédaient des mets de la surface. De la viande et des légumes de qualité, oui ! De quoi concocter un "petit" festin pour le capitaine et sa séduisante acquisition. Le premier s'était déjà installé à table. Sur cette monstrueuse parodie de trône qui dépassait largement le dossier des autres chaises.
Ce fut lui qui lança la conversation.

- J'imagine que comme toute surfacienne qui se respecte, ton ancien monde t'a accordé un nom...

Non. Ce n'était pas une question. Il poursuivit donc sur sa lancée.

- Je ne te demanderai pas de l'oublier. Pas plus que je ne t'en imposerai un autre. Mais ce sera là ton seul bagage. Que je t'invite d'ailleurs à me révéler sans plus attendre.

Là, c'était un ordre. Le bon sens, tout autant que la prudence, exigeait qu'elle s'exécute sans broncher. Il n'y avait rien de compliqué à cela face à pareille montagne de muscles, n'est-ce pas ? Un ancien gladiateur, qui plus est. Intimidant avec sa voix grave, limite caverneuse...

- Comment s'y sont-ils pris pour te mettre la main dessus ? demanda-t-il soudainement. Un fruit pareil, aussi brillant que juteux, ne tombe pas comme ça de son arbre - alors même qu'un tiers chercherait à le déraciner. Tu sais que tu n'es pas monnaie courante, dans le coin. Je suis même prêt à t'avouer que ce marché dans lequel tu as été vendue est indigne de toi.

Effectivement, il continuait à estimer sa valeur. Au-delà des 9000 pièces d'or, oui.

- Alors maintenant réponds moi franchement... ton sort, à quelle sorte de malheur est-il lié ?

Tiens donc ! une interro' surprise ? Comme quoi son nouveau Maître n'était pas grand que de taille : sa curiosité aussi partageait cette caractéristique.

Re: "Adjugée, vendue !" (Le Barbarium)

Posté : 04 mai 2025 14:36
par Merveil
La construction cyclopéenne portait le nom très évocateur de "Rampant des Terres Noires" et était une sorte de forteresse ambulante, montée sur roues. Captivée par cet engin, Merveil ne prêta pas attention aux paroles de l'Ork et de la Drow.

Après avoir franchi un pont-levis ils entrèrent dans la forteresse proprement dite. L'intérieur valait l'extérieur : des corridors de métal parcourus par toute une tuyauterie qui laissait de temps en temps échapper des volutes de vapeur en de longs sifflements. La jeune femme remarqua que les tuyaux étaient reliés à d'étranges cristaux disséminés un peu partout dans le vaisseau. L'air était un peu étouffant et au bout de quelques minutes Merveil commença à suer, exhalant autour d'elle une douce odeur de fleur de lys.

Ils se dirigèrent vers le réfectoire, passant par quelques portes qui s'ouvraient d'elles-mêmes, comme par enchantement. Une fois arrivés à destination, son "maître" l'invita à s'assoir où elle désirait tandis que ce dernier s'assit sur une chaise monumentale. Merveil se dit que lui seul était autorisé à poser son séant et que si d'aventure quelqu'un d'autre s'y risquait, il se prendrait une bonne branlée. Voire pire...

Elle s'assit donc, un "merci" timide franchissant ses lèvres. La Drow déclara que c'était elle qui allait s'occuper du repas, murmurant à l'oreille de Merveil qu'elle allait se régaler. Pour toute réponse, elle lui sourit avant de reporter son attention sur l'Ork qui lui avait demandé comment elle s'appelait.

- Merveil. Mon nom est Merveil. Comme le mot mais sans le "l" et le "e" à la fin, répondit-elle, rougissant légèrement.

Puis il passa à la question suivante : comment avait-elle fait pour être réduite en esclavage. Ce n'était pas tous les jours qu'un esclavagiste Duergar mettait la main sur une telle beauté, en tirant 9000 pièces d'or. L'Ork pensa même que la jeune femme en valait bien plus...

- Eh bien, c'est une suite d'évènements un peu particuliers... commença-t-elle.

Elle lui raconta qu'elle s'était jointe à une compagnie d'aventuriers pour participer à un concours donné annuellement dans un village : "La Bête de Bantosoz". Après être entrés dans une caverne, les aventuriers avaient parcouru un boyau descendant en pente douce pour parvenir ensuite à une sorte de complexe de cavernes.
A partir de là, cela avait dérapé : un des membres du groupe, un Barbare quelque peu éméché, avait eu envie de s'accoupler avec Merveil. Cette dernière avait pris ses jambes à son cou, parcourant le dédale souterrain pour échapper à son agresseur qui continuait à courir après elle. Ses compagnons s'étaient eux-mêmes lancés à sa poursuite, dans le but manifeste de le calmer mais ils s'étaient vite perdus.
Au bout d'un moment, Merveil avait fini par atteindre une sorte de rivière souterraine. Sans plus réfléchir, elle avait sauté dans l'eau et avait été surprise par la puissance du courant qui l'avait entrainé au plus profond des entrailles de la terre avant de se jeter dans un gouffre qui semblait sans fin.
Elle s'était souvenu de la chute vertigineuse le long de la cascade puis la plongée dans un lac souterrain avant de sombrer dans l'inconscience.

- Lorsque j'ai repris mes esprits, j'étais dans la cage de cet esclavagiste... conclut-elle.

Le temps qu'elle raconte son récit rocambolesque, le repas était prêt.