Y'a des jours comme ça où on se dit que si la terre est ronde, ce n'est pas pour rien. Certains intellos ou illuminés argueraient comme raisons la gravité, l'orbite elliptique autour du soleil ou encore le façonnement divin mais la réalité devait être en réalité beaucoup plus simple: comme ... ronde pour rendre les gens fous. Ben quoi? Les poissons rouges deviennent fous à force de tourner dans un aquarium rond, y'a pas de raisons que ce soit pas pareil pour les humains non ?
Si elle avait été vivante, la cacahuète que Balthazar broya entre ses énormes molaires aurait hurlé de terreur tant il mit de pression pour la faire claquer. La rasade de Tequila qui suivit était de nature à noyer un cachalot, comme les précédentes. Le colosse rota et reposa la bouteille sur le comptoir du bar, à côté du verre qu'il n'avait pas touché. Le barman, un mexicain à la mine patibulaire ... comme beaucoup de mexicains d'ailleurs tiens ... lui jeta un regard méfiant, encore un. Balthazar lui fit un coucou de la main pour le rassurer et se fendit d'un sourire plâtré des bouts de la pauvre cacahuète et de ses consœurs précédentes. C'est vrai que c'était la deuxième bouteille mais bon ... quand l'alcool n'a pas d'effets sur toi ...
Donc plutôt que de tout péter dans ce bar charmant d'une des villes les plus polluées au monde, Balthazar Noël ruminait sur tout ce qui pouvait bien lui passer par la tête.
Le Mexique, c'est chaud, c'est caliente! C'est l'effronterie sexy de la sud-américaine mélangée à l'odeur de transpiration de la fermière texane, un vrai condensé explosif! Les femmes ici dépotaient bien plus qu'ailleurs. Un "Te quiero" mexicain valait dix "Je t'aime" français" et pourtant les françaises ... Ah! Ces cochonnes .... Hum ... Balthazar s'égarait sur des souvenirs difficilement racontables aussi il se reprit et se retourna sur son tabouret pour suivre un peu l'animation de la salle. Il s'ennuyait. Son voyage sur Terre avait été fructueux. Cela faisait maintenant deux ans qu'il avait quitté son petit nid polaire pour découvrir les joies du sexe et il en avait fait le tour. Non pas qu'il n'aimait plus ça, bien au contraire, mais le sexe c'est comme les Frosties le matin, quand y'en a tous les jours, on s'en lasse un peu. Il avait niqué tant et si souvent que son gros paquet avait son mot à dire maintenant, quand son cerveau s'alarmait d'une présence féminine potentiellement baisable. Il fallait qu'il se mette au régime pour recharger les batteries. Plus de cul, terminé ! Et si jamais une nénette de première catégorie passait, il l'ignor.............. OOOOOOOOOOOHHH!
Celle qui passa devant lui à cet instant se situait dans un classement à part. Tankée mais beau cul, belle paire, belle gueule, plus caliente que texane pour le coup, et même si elle n'avait rien en commun avec la bomba latina locale, elle avait le charme fou de celle qui casse des tronches plutôt que de préparer des cookies. Elle ne souriait pas mais ... on s'en fout, et à sa démarche confiante, on devinait que le premier des blaireaux qui viendrait la chercher ramasserait vite ses dents par terre. Un challenge pour Balthazar! ... Qui même s'il l'aurait bien tirer dans son lit, amener à son lit pardon, était intrigué par l'aura définitivement attirante qui l'entourait.
Il jeta quelques billets sur le comptoir et se leva, sa taille et sa carrure éclipsant le plus costaud des latinos présent ce soir dans ce tripot. Car il s'agissait bien d'un bar quelconque et non pas d'un établissement réputé du centre ville. Ici, pas de mariachis à touristes ni de salsa commerciale. Ici, c'était Tequila , Desperados et Santiag's de truands. On était dans les mauvais quartier et ce n'était pas pour rien. Des évènements récents avaient conduit Balthazar a protégé la veuve et l'orphelin et il s'était prit au jeu du justicier. C'était super! Sauf que ça ne s'invente pas comme métier ou vocation. Ce n'est pas parce qu'on veut éradiquer le Mal qu'il se présente aussitôt à votre porte. Alors Balthazar avait fini à Mexico sans plus trop se souvenir comment et n'avait rien fait d'autre que boire des coups dans des troquets comme celui-ci. Oh, il y avait bien eu quelques animations mais comme il s'était agi de criminels s'écharpant entre eux, il s'était bien gardé d'intervenir.
Mais là! Miss Groslolos venait de débarquer et il s'en félicitait. Elle était sortie et c'est tout naturellement qu'il la suivit. La nuit était chaude mais il n'eut pas le loisir d'y penser. Un type tout pourri s'écrasa à ses pieds comme une loque, la mâchoire pétée ... et le nez aussi ... enfin la gueule en vrac quoi. Oh? Déjà?
La rue était le modèle parfait pour un conflit violent. Assez sombre, seulement éclairée par des néons grésillant et capricieux, bordée de vieux immeubles en briques flanqués d'escaliers métalliques à paliers. il s'en dégageait une odeur très mexicaine aussi, savant mélange de poubelles en décomposition, de chili con carne et d'urine de pistoleros, une vraie scène de théâtre.
Devant lui, les épaules musclées de LA miss s'étaient désaxées, sa posture n'avait plus rien de sexy, enfin si, mais dans un autre genre. Un comité d'accueil l'attendait, déjà réduit d'un membre et elle ne semblait pas s'en soucier plus que ça. Au passage, quel cul !!
Et puis ce fut la charge! Pas question de laisser cette beauté se faire détruire. Balthazar glissa souplement à ses côtés, ajoutant 130 kilos de barbaque supplémentaires à ses chances de victoire. Le premier type qui passa à sa portée mangea une mandale à décorner un bison. Ca claqua fort, sec et harmonieux, en adéquation avec ce que délivrait sa partenaire improvisée. Le type vola sur quelques mètres pour s'écraser contre la portière d'une vieille bagnole et ne se releva pas. Jambes fléchies, bras écartés striés de veines énormes, poings serrés, Balthazar lâcha un rugissement de joie.
"Wolverine ...." lâcha un débile qui recula sous la menace.
"Hein? Non mais putain c'est pas vrai, vous le faites exprès ou quoi? Il est mort bordel! J'ai quoi? Du poil dans les oreilles?"
Ca pourrait faire sourire mais non, personne ne se marrait. Les latinos avait en face d'eux un mec pas content avec de très gros biceps et de très gros pecs et ... tout était gros chez lui. Balthazar se tourna alors vers l'inconnue et faillit se noyer dans la beauté de ce minois d'exception. Elle devait être européenne ...
"Sprechst du deutsh? Vous parlez français? Vous parlez belge une fois? Vi govoritie po russky? Do you speak english? Bon ... on s'en branle! Tu m'en prêtes quelque uns?"
Pas le temps d'attendre la réponse, la suite est un condensé sanglant de massacre à la tronçonneuse et Jason. Ca cartonne dur mais Balthazar a appris sur YouTube tout ce qu'il y a à savoir sur le Muay Boran , le Krav Maga et le combat de rue. En mêlée, sur des distances de combat aussi courtes, ses coudes font des ravages, déboitent des faces de croupions tandis qu'à coups de genoux, il détruit des générations de petits latinos encore sous forme de spermatozoides. Il n'en sort pas indemne, des battes se brisent sur ses avants bras, un héros ennemi arrive à lui coller un pain dans l'œil gauche avant d'être briser en deux par le colosse.
"J'voulais juste te dire que t'étais canon en fait mais c'est pas vrai! En vérité t'es super canon!"
Comme lui, elle ruisselait du sang de cette bande de bâtards.
Il partit d'un gros rire franc qui lui secoua les côtes, para une attaque au couteau qu'il retourna contre la gorge de son adversaire et se rapprocha d'elle.
"Moi c'est Baltha... Brian!"