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Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 14 mars 2025 13:56
par Mrs Claus
NOIR.

Un univers de ténèbres.

Il y avait pourtant une flamme rebelle qui résistait. La fusion d’une « simple » fermière et d’une entité de la Nature. Les deux appartenaient à deux ordres différents. Mais aucun de ces deux ordres n’étaient à sa place dans ce monde nocturne.

Au loin, ce bruit à nouveau : tchakatchak…tchakatack…

Au loin, mais dans une autre direction : un nouveau cône de lumière. Comme un projecteur de théâtre pour mettre en évidence un acteur qui va s’exprimer.

Mais ce n’est pas un acteur. Ce serait plutôt une danseuse au bu de son accoutrement rose avec ce qui ressemble à un tutu plutôt épais.

Le bruit s’en va…
La lumière également…

Au loin, toujours ce bruit de ce qui semble être une locomotive à vapeur. Mais à l’opposé d’où elle avait été entendu auparavant. Comment a-t-elle pu se déplacer aussi vite ? Et ce, sans faire de bruits durant la transition entre les deux localisations de l’onomatopée ?...

Le cône de lumière éblouit soudainement la pyro-dryade. A une vingtaine de mètres devant, cette silhouette rose et féminine. Ce n’est ni une actrice, ni une danseuse : c’est une clownesse.

Ses doigts pressent son nez rouge et sa bouche dit :

« Pouet-pouet. »

Mais la voix ne contient pas d’émotivité. Tout comme ses yeux à moitié baissés s’apparenteraient au visage d’une gothique ou d’une blasée. Mais la clownesse coince alors ses pouces derrière les bretelles qui retiennent sa jupe rose.

« Il me semble que vous n’avez pas payé votre place pour entrer dans le Cirque de Monsieur Kowai ? Ce n’est pas très rigolo, ça… »

Ses pouces viennent alors étirer les commisures de ses lèvres pour donner l’illusion d’un sourire. A moins que la clownesse soit dans l’impossibilité physique de démontrer pareille expression par la seule force de ses muscles ?

« Voulez-vous que je vous fasse rire ? Vous me semblez bien tendue. Hum… que pourrais-je vous proposer à vous et à vos oreilles ? Hum…

Tu aimes bien ta mère ? Alors reprends un bout.

Ou peut-être, hum…

Quand mon père m’a beaucoup battu, il a chaud. Alors je me traîne vers la fenêtre et je la ferme pour qu’il n’attrape pas de courant d’air.

Non plus ? Public difficile, hum… Celle-là peut-être ?

Halloween : livraison à domicile pour pédophiles. »
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Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 23 mars 2025 12:23
par Marisa Teritt
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En l'absence de danger immédiat, Yggrisa se déchargea de ses sanguinolents boucliers de chair. Morts et mous, les satyres s'écrasèrent tout autour d'elle, au beau milieu de cette infinité obscure dans laquelle la pyro-dryade elle-même peinait à s'éclairer.
Ce monde n'était pas le sien - elle en avait parfaitement conscience. Et pour ne rien arranger, ses pouvoirs avaient commencé à décliner. La fusion n'allait pas tarder à se défaire alors que l'endroit ne semblait pas du tout propice à une irrémédiable perte de puissance.
Yggrisa, qui s'était vraisemblablement égarée en cherchant à retrouver la mercenaire, entendit le roulement mécanique d'un train dans le lointain. Elle raffermit sa prise sur cette fourche enflammée, qu'elle avait invoquée avant de pénétrer dans cette étouffante faille de pures ténèbres.

- Hm ?

Un cône de lumière était apparu ailleurs. Cette source de lumière impossible à identifier s'estompa rapidement, effaçant du même coup la silhouette de danseuse qu'elle avait éclairée.

- On se joue de nous ?

A qui s'adressait-elle ? Elle n'en avait pas la moindre idée !
Yggrisa fronça les sourcils, ce qui n'égratignait en rien son intemporelle beauté.
Le bruit de locomotive retentit à un autre endroit. La pyro-dryade ne s'y intéressa qu'un maigre instant avant de reprendre la route.
Elle s'arrêta dès que le cône de lumière réapparut, avec en son centre cette personne qu'elle avait entraperçue quelques secondes plus tôt. Ladite clownesse eut une réaction étrange. Elle mima un bruit en pressant son nez rouge.
Etait-ce la façon qu'elle avait se saluer son "public" ?
Yggrisa resta de marbre alors que l'autre glissait ses pouces sous ses fines bretelles blanches.
Le Cirque de Monsieur Kowaï ? Une place pour y entrer ?
Encore une fois, la pyro-dryade s'abstint de tout commentaire.
Dans son élan à la limite du lymphatisme, la clownesse en vint à lui proposer une blague supposée la faire rire. Mais en tout et pour tout, elle finit par lui en donner trois, toutes aussi glauques les unes que les autres...

- Tu fais peine à entendre, déclara froidement la flamboyante fusion. Nous avons connu des cadavres plus divertissants que toi.

D'un pas aussi déterminé qu'élégant, la pyro-dryade commença à dévorer les vingt mètres qui les séparaient. Au bout de ce chemin, elle comptait bien lui mettre les dents de sa brûlante fourche sous le nez avant de lui demander "gentiment" ce qu'il était advenu de la musculeuse mercenaire.
Yggrisa n'avait plus une minute à perdre, car sa silhouette tendait déjà à rapetisser et sa figure de muse à récupérer les traits arrondis de la simple fermière.

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 12 avr. 2025 10:24
par Mrs Claus
Clownesse : "Hum ?"

Elle pencha la tête sur le côté. Comme si elle ne comprenait pas la réponse

La lumière s'éteignit d'un seul coup. Les ténèbres opaques envahirent à nouveau la fusion entre la paysanne idiote et l'esprit de la forêt.

Elle se ralluma. La clownesse en rose était toujours présente. Mais elle se retrouvait à nouveau à une vingtaine de mètres. Il n'y avait pas eu de bruits de pas. Elle ne présentait pas de signes d'efforts. Comment se deplaxait-elle ?
Et...pourquoi Yggrisa avait la désagréable impression que la clownesse n'avait pas bougé et que c'était elle qui s'était éloignée ?... Enfin, plutôt que le sol avait bougé. Avec elle dans le même temps.

Clownesse : "Et donc, tu es une nécromancienne ? Tu sais, c'est le genre de capacité que le Baron Kowai apprécie. Hum...mais tu ne serais pas la seule. Après, il y a tant de morts qu'il faut bien une grosse quantité de vivantes pour interagir avec eux."

La clownesse leva ensuite les yeux au ciel et se tapota les lèvres gercées comme si elle réfléchissait très sérieusement à la question au sujet de la nécromancie.

A nouveau, brutalement, brusquement, le cône de lumière mettant en valeur la clownesse disparut. Les ténèbres s’abattirent de nouveau comme si cette « couleur » avait un poids oppressant. Dès qu’il n’y eut plus de lumière, le bruit de la locomotive dans le lointain se fit de nouveau entendre. Le fonctionnement mécanique qui permettait d’imaginer les grandes roues et ses bras de fer accrochées. Le bruit de la fumée qui jaillissait d’un conduit obscur. Permettant d’imaginer une lourde cheminée expirant un air vicié. Ce n’était pas le monde d’Yggrisa, autrement elle aurait pu imaginer ces affreuses cheminées d’usines déversant leur poison dans le ciel des vivants.

Un nouveau bruit. Sur la droite d’Yggrisa. Un…loup ?
Et voilà qu’un autre hurlait à l’absence de Lune à l’opposé.
Et d’autres encore dans son dos.
Une meute ?

Des cônes de lumière apparurent en demi-cercles tout autour elle sauf devant elle. Devant… dans cette « idée » de lointain là-bas… là où se trouvait la locomotive à vapeur. Est-ce qu’on la forçait à prendre un chemin ? Tout cela était-il orchestré ?

En tournant la tête, elle ne vit rien dans les cônes de lumière. Ce qui était encore plus terrifiant. Car cette lumière annonçait quelque chose. Le prédisait. Faisait naître la notion de suspens et d’attente. Et… LA ! Une silhouette féminine et blanchâtre. Cette tête aux cheveux noirs qui entra la première dans la lumière, la tête baissée. Une jeune femme. Normale ? Non. Peut-être. Elle était habillée d’une seule robe fermée par une fermeture éclair sur le devant. Elle… tomba à genoux sur le sol noir ?! Ce corps et cette robe blanche. Etait-ce du sang ROUGE qui perlait de ses cheveux sombres ?! Et- ET !...
Le LOUP !
Il sortait de la fermeture éclair de la robe ? D’une éventration du corps de la jeune femme ?!

Ce phénomène, il se reproduisit dans chaque cône de lumière formant un demi-cercle. Cette meute était-elle dangereuse ? Ces animaux hybridés ? Etaient-ils des prédateurs ou des victimes ?...

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Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 26 avr. 2025 12:27
par Marisa Teritt
La physique de ce monde lui apparaissait abrutissante ! La lumière n'était là que pour mieux les duper, car à chaque fois qu'elle s'estompait les ténèbres complotaient en réagençant l'espace. Jamais Yggrisa ne s'était sentie aussi dépaysée ! La pyro-dryade percevait la peur de sa moitié la plus "humaine" (et faible) qui n'allait vraiment plus tarder à rejaillir à gros bouillons. L'esprit plus réfléchi d'Yggdrasia contrebalançait momentanément ce problématique processus psychique.

- Une nécromancienne ?

C'est ainsi que la considérait la clownesse. Des propos déstabilisants dans un environnement qui l'était tout autant.
Yggrisa n'eut pas le temps de lui expliquer qu'elle faisait fausse route. Le halo de lumière déclina encore. Le bruit d'une lointaine locomotive résonna de façon lugubre. Puis il y en eut un nouveau. D'un autre genre, oui. Plus bestial ! Comme le hurlement d'un loup. Ce son parut se multiplier - ou se déplacer ? - dans la direction opposée, puis ailleurs encore...

- Quel est le sens de tout ceci ?

Des cônes de lumière apparurent tout autour de la fusion déboussolée. Ils étaient vides, pour le moment, et laissaient une fenêtre de ténèbres ouverte juste en face d'elle.
S'agissait-il là d'une invitation ou d'un piège ?
Yggrisa l'ignorait. Et elle peinait à s'en faire une idée, ses pensées tendant à se scinder en deux opposés...
Le moment est... très mal choisi.
Reste que les yeux de la pyro-dryade s'accrochaient à ce qu'il se passait alentour. Elle assista donc à l'apparition de cette jeune femme blafarde. A sa chute dans la lumière ! A la vision de sa crinière rouge grasse de sang !! A ces coulures carmines qui barraient son regard vide !!! Et à... l'éclosion de ce loup qui semblait avoir été vomi par ses entrailles ??!!
Une scène macabre qui se reproduisit, invariablement, au sein de chacun de ces cercles lumineux !
Cette vision démultipliée acheva de désolidariser la fusion, la peur de la Fleur des Champs ébranlant sa structure entière. Le corps d'Yggrisa s'ouvrit au niveau de la colonne à la manière d'une noix. Recrachée par cette enveloppe tétanisée, Marisa, trempée de la tête aux pieds, bascula en arrière et s'effondra sur les fesses au beau milieu des loups.
Elle avait l'air terrorisée, ses lèvres tremblant sous le coup de l'émotion.

- Aaaah... Au... au secours ! AU SECOURS !!!

Elle l'était complètement. Mais ça ne l'empêcha pas de bondir sur ses pieds et de se mettre à cavaler dans les ténèbres, loin des canidés !
L'instinct de survie qui primait ? Oui ! Sauf que même si la peur décuplait sa vitesse, la pyrône n'allait pas pouvoir supporter ce rythme bien longtemps. Surtout pas aussitôt après avoir fusionné avec Yggdrasia - qui ne donnait plus signe de vie ?
Sa fuite aveugle n'était donc que temporaire, et sans doute qu'un seul obstacle allait suffire à l'interrompre... ou la faire empirer.

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 02 mai 2025 10:24
par Mrs Claus
Clownesse : « Oh ? Que c’est étrange. »

Dans un cône de lumière qui était apparu derrière…ce phénomène qui sembla singer celui de la naissance de la meute de loups. Dans un cône de lumière donc, était ré-apparue la clownesse. Les mains dans le dos. Le corps penché sur le côté. La fermière rousse ne l’avait même pas capté…

Clownesse : « Est-elle une nécromancienne ? Un remake d’une Vierge de Fer ? Ou peut-être…hmm… »

Elle se releva et posa son index sur ses lèvres. Ses yeux se levant vers les ténèbres du « plafond » pour réfléchir. Mais rien n’était vraiment intense dans son visage. Tout était comme surjoué. Car la clownesse n’avait d’envie pour rien. Il n’y avait qu’un pas pour la faire chuter dans une pulsion suicidaire finale…

Marisa sprintait à en perdre haleine !

Elle avait laissé derrière elle les cônes de lumière en cercle. Les loups hurlèrent. Mais ils ne la prirent pas en chasse. Toutefois, si elle y prêtait une oreille à peu près attentive, elle apprendrait que les loups s’étaient rassemblés. D’un pas sans hâte, ils marchaient dans son sillage…

Au-devant de Marisa ? De nouvelles sources lumineuses apparurent. Vacillantes. Tremblotantes. Si fragiles. Des femmes assises en tailleur, exhibant leurs dos. Plusieurs qui formaient une sorte de hait d’honneur. Un couloir gothique « forçant » la fermière inoculée par le poison de la peur dans ses veines, à toujours avancer. Toujours dans une direction imposée.

Ces femmes étaient blanches. Recouvertes de vagues et de coulures de cire blanche. Ces femmes étaient bien vivantes. Mais objectivités. Elles étaient les Candélabres de ce Cirque. Des meubles vivants et silencieux. Si Marisa chercha à en contourner une pour voir son visage ?... Une impossibilité. Au moment de se retrouver face au Candélabre, le visage était comme brouillé le premier instant. L’instant suivant, le Candélabre avait effectué une demie rotation instantanée…

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Et dans le lointain, toujours ce bruit mécanique de locomotive. La machine ralentissait… Même sa respiration à base de charbon devenait plus posée.

Le sol devenait plus spongieux. Une sensation de terre sous ses pieds nus. Une odeur de nature renfermée et vieille. Quelques troncs rabougris et noirs pouvaient se deviner ici et là via les lueurs claires des bougies coulant sur les Candélabres.

Et alors, soudainement ! Face à la fermière paniquée, une autre femme. Un corps d’une blancheur presque pure. Un corps nu. Si ce n’était cette majestueuse cape en plumes de corbeaux surmontée d’un demi crâne en terme de « casquette ». Il n’y avait que ses deux petits mamelons sombres dressés à hauteur des yeux de Marisa. Car la nouvelle femme était grande. Les yeux de Marisa se retrouvant à hauteur de ses seins. Et en lavant la tête, pantelante, elle plongerait dans deux abimes de sombreur… Deux points blancs se baissant vers elle. Deux « yeux » horrifiques. Deux yeux qui ne pouvaient appartenir qu’à une prédatrice au sang-froid. Le fait qu’elle parle et donne son titre ne fit que le confirmer :

« Je suis la Femelle Alpha. Es-tu une louve égarée ? Ou une proie à dévorer ? »

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Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 11 mai 2025 19:25
par Marisa Teritt
Ce monde n'était pas le sien ! Il ne pouvait décemment pas l'être ! Il y faisait beaucoup trop noir, et les rares sources de lumière arboraient des formes vraiment perturbantes. Car outre les halos de lumière ayant précédé l'apparition des loups, il y avait également ces femmes assises en tailleur et recouvertes de cire qui avaient donné naissance à une interminable haie d'honneur à travers laquelle la fermière courait à en perdre haleine.
Par où s'enfuir ? Où donc se diriger ? Elle ne le savait pas.
Alors, en désespoir de cause, elle dévorait une distance incalculable...
Jusqu'à ce que sa course paniquée la jette face à une grande femme dénudée, coiffée d'une mâchoire supérieure de carnivore, avec pour seul vêtement un large manteau de plumes. Marisa dut lever les yeux de sa poitrine laiteuse pour espérer croiser son regard. Des yeux qui n'avaient rien d'humain. Des points blancs impossible à cerner, mais qui lui faisaient tout de même peur.

- Ah... ? Haaa... iiih ?

Son cerveau lui hurlait de s'enfuir mais son corps était comme engourdi. La rouquine trébucha en arrière, basculant sur les fesses. Elle fallit se mordre la langue.
La "géante" s'exprima alors d'une voix sans timbre. La Femme Alpha, s'était-elle présentée, avant de l'interroger, elle, la petite fermière, sur la place qu'elle occupait au cœur de ces ténèbres infinies.

- J-j-je... je suis...

C'était déjà trop pour elle. Sans l'appui d'Yggdrasia, devant ce qui se rapprochait trop fort de la maîtresse de cette meute de loups qui s'approchait au loin, la vessie de Marisa céda. Elle se fit dessus, sentant confusément son urine chaude couler le long de ses jambes, s'introduire dans ses bottes... se répandre, sous elle, à travers les ténèbres insolubles ?
La Fleur des Champs allait très probablement connaître une fin atroce en se faisant dévorer vivante lorsque sa main droite, soulevée par une force concentrée autour de son poignet, parut s'élever toute seule !

- ... ?!

Un long bâton lui poussa entre les doigts. Au bout de cette curiosité sylvestre, quatre épines parallèles percèrent le bois tendre, lui conférant la forme dentelée d'une fourche. Les crocs de cette "arme" illogique s'étaient arrêtés à un moins d'un cheveu du visage de la Femme Alpha.
Une voix familière résonna dans la tête de la fermière.
Ne te laisse pas intimider aussi facilement, bougre d'idiote !
Le visage de la rouquine laissait transparaître plus d'incrédulité que d'effroi.
Elle louchait sur son arme de fortune.

- Y...Ygg... drasia ?

De qui d'autre pourrait-il s'agir, benête ?
L'esprit de la sylve vivait encore à travers elle. Plus précisément par le biais de Nymyss, le bracelet de la Dryade.

- T-Tu es vivante !!

L'espoir redonnait un peu de couleur à son visage blême.
Ne te réjouis pas trop vite, imbécile ! Et surtout, garde notre adversaire dans ta ligne de mire.
Marisa hocha la tête et se redressa. Ses genoux trempés tremblaient encore un peu mais arrivaient tout de même à supporter son poids.
Oublie ta peur, Pyra. Elle est l'amie des ténèbres qui t'entourent ; elle leur donne de l'emprise sur toi. Cesse de penser et fie-toi à ma voix.
Désormais cramponnée à sa fourche, la fermière était bien décidée à lui obéir.
Ne te présente pas. Pose lui plutôt la question.
Devant l'immobilité prolongée de Marisa, Yggdrasia jugea bon d'ajouter :
Nous avons plongé dans cette faille obscure pour retrouver cette mercenaire que les satyres ont enlevée. Tu t'en souviens, j'espère ?
Raffermissant son regard azuré, la fermière hocha la tête. Elle déglutit aussi discrètement que possible avant de demander à la Femme Alpha :

- Qu'avez-vous fait de notre amie ?!

En pensée, Yggdrasia lui souffla de lui en dresser le portrait.

- La grande dame aux cheveux blancs, avec d'énormes muscles ! Dites-le moi tout de suite et je pro... promets de ne pas vous faire de m-mal !

En ces circonstances, il n'était pas facile pour elle d'être crédible.

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 21 mai 2025 11:49
par Mrs Claus
A partir du moment où la fermière s’urina dessus, la Femelle Alpha toisa encore de plus haut son interlocutrice. Ses narines rebiffèrent à l’odeur acide de la peur. A moins que ce n’était une manière de marquer son territoire. Une question qu’il fallait poser. Elle entendait la poser devant cette victime si faible. Cette poche à viande pour sa meute de loups qui se rapprochaient, prenant le même chemin que la fermière avait emprunté, à savoir au milieu des Candélabres qui brûlaient de leur vie même…

Mais la viande-parlante invoqua une arme. Rustre, certes. Mais au potentiel certain. La Femelle Alpha renifla encore une fois l’odeur entêtante collée aux cuisses de ce petit bout de femelle sous son menton levé. Etait-elle folle ? Elle se parlait à elle-même… Maladie ? Schizophrénie ? Ou la carcasse de viande au pelage roux abritait dans le vide des os de sa cage thoracique un autre être ? Un esprit très probablement pensa la Femelle Alpha alors qu’elle se faisait soudainement questionnée.

Elle ne répondit pas. Pas tout de suite.

Le silence couplé aux ténèbres était puissant. Quand il s’associait en trinité impie avec le temps, cela devenait impitoyable.

ImageFemelle Alpha : « Elle est la mère de l’essence de la magie de Noël. C’est une femme importante. Contrairement à ta petite personne. »

Ses yeux louchèrent une nouvelle fois sur la fourche invoquée.

ImageFemelle Alpha : « Je vais te donner une réponse. J’ai besoin que tu parles. Et ce sujet semble actionner ta langue. Un met de choix. »

Terrible supplice. Cette Femelle Alpha parlait avec une voix sourde. Un rythme sans pression aucune. Même les quatre pics proches de sa gorge semblaient aussi dangereux qu’un risible essaim de quatre mouches.

ImageFemelle Alpha : « Tu entends la locomotive ? Elle se trouve au-dedans. »

Les loups formèrent alors un mur vivant dans le dos de Marisa. Quelle terrible vision !... Si Yggdrasia en avait le pouvoir, elle devrait alors la conseiller de ne pas se retourner. De ne pas faire face à l’hideuse exhibition d’une bande de loups au fessier ensanglanté et surtout rattaché au corps humain qui leur avait donné naissance. Tel un bébé qui vient juste de naître et encore relié au cordon ombilical ensanglanté…

Cela avait suffi pour que la Femelle Alpha se retrouve à quatre pattes. Elle avait bougé si vite ! Le nez laiteux la renifla entre les cuisses.

ImageFemelle Alpha : « Tu as uriné de peur ? Tu as uriné pour marquer ton territoire ? Veux-tu disputer ma position d’Alpha dans la meute ? »

L’impression que les Candélabres « glitchèrent »… L’instant d’avant elle formait une haie « d’honneur ». L’instant suivant elle disparaissait et réapparaissaient ici et nulle part. L’instant d’après, elle formait un second mur derrière le premier fait des Loups Ombilicaux.

La Femelle Alpha était juste devant Marisa. Mais avec son grand manteau de plumes de corbeau, l’invisibilité l’avait saisi. Seul son crâne d’os donnait l’illusion de flotter. Et comment cette prédatrice pouvait mesurer dans les environs d’un mètre cinquante au garrot ?

Puis le bruit d’un liquide éjecté avec grande force. C’était de la terre gorgée d’humidité sous leurs pieds. L’odeur était forte. La matière collante aux bottes de la fermière. Mais l’odeur de la pisse de la Femelle Alpha était encore plus entêtante.

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 27 mai 2025 19:51
par Marisa Teritt
Le silence de la Femme Alpha était pesant - oppressant même ! Marisa tremblait des jambes et des bras. Elle avait envie de fuir mais Yggdrasia, en son for intérieur, lui refusait cette option potentiellement mortelle. La raison était du côté de l'esprit de la sylve, là où la passion avait tendance à faire doucement reculer la fermière...
La Fleur des Champs était sur le point de hausser le ton quand sa possible Némésis lui fit part de sa moindre importance par rapport à "la mère de l’essence de la magie de Noël".
Qu'est-ce qu'elle raconte ?
Le sang froid de cette grande et sombre femme était proprement glaçant. Marisa ne tenait pas sa fourche : elle s'y cramponnait farouchement. Elle hocha la tête - un mouvement presque imperceptible, rempli d'appréhension. La fermière déglutit presque douloureusement.

- La... l-locomotive ?

Au-dedans ? Que signifiait cette fable de damné ?
Marisa sentit une pression dans son dos. Celle émise par les loups monstrueux qui, désormais, l'encadraient comme pour lui couper toute possibilité de s'enfuir. Yggdrasia, bien sûr, l'empêcha de céder à la panique, de s'y enfoncer tête la première.
Ne regarde pas derrière toi. Ne te courbe pas. Ta plus grande ennemie se tient devant toi.
L'intéressée avait descendu d'un étage. Elle était passée en dessous des dents de la fourche de la fermière pour... lui renifler les cuisses ?
Marisa fit un pas en retrait. Qui la rapprocha inexorablement de la meute. Elle entendit grogner.

- N-ne vous approchez pas de moi !

Entre ses mains, son arme ressemblait à un jouet face à cette femme bizarroïde. Yggdrasia en avait conscience, et ne mènerait pas large non plus en se matérialisant juste après avoir achevé sa fusion avec la Fleur des Champs. Fusion qu'elle ne pourrait pas renouveler de sitôt - surtout pas en ce monde étouffant, constitué de ténèbres insolubles.
Elle urine ?
Marisa ne comprit pas tout de suite. En fait, elle crut même que la Dryade parlait rétrospectivement de sa petite personne avant de sentir cette odeur piquante, acide et agressive lui incendier les narines.
Odeur de défi qui appartenait à la Femme Alpha.

- Pourquoi avez-vous... ?

Parce qu'elle s'imaginait que la Fleur des Champs cherchait à prendre sa place. Mais cela, Marisa Teritt ne l'avait entendu qu'à moitié, la majeure partie de son esprit rongée par la peur de voir sa misérable vie drastiquement écourtée. Son enveloppe charnelle déchiquetée entre les crocs de cette meute effroyablement silencieuse.
Il faut que tu t'embrases.
Cette déclaration lâchée à froid estomaqua Marisa.

- ...Quoi ? Mais...

Si tu ne le fais pas, tu mourras entre leurs griffes.
Un nouveau trouble chauffa les neurones de la fermière. Sa peur prit une tout autre direction. Des craintes braquées sur elle-même. Sur sa part de pyrône, qu'elle n'avait jamais appris à maîtriser et qui risquait fort de générer un enfer tel qu'il pourrait...
Telle est l'unique solution, surenchérit l'esprit de la sylve, qui avait appris de ses pensées. Déchaîne-toi, l'Incandescente ! Tu n'auras pas d'autre opportunité de le faire. Ce monde obscur ne mérite pas ta clémence. Ton feu intérieur doit le dévorer. Ou bien c'est lui, cruel et monstrueux comme il est, qui finira par te dévorer, toi, l'intruse.
Ce n'était que trop vrai. Insupportablement véridique !
Soudain, Marisa parut se recroqueviller sur elle-même sous la pression toxique...
Ce n'était pas du tout le cas.

- Ne... ne me MeTteZ... PaS... En CoLèRe !

Ses yeux bleus s'étaient mis clignoter comme si un feu rouge y pulsait. Sa crinière rousse s'était mise à remuer au-dessus de ses épaules. Subitement, le roux devint flammes dansantes ! Chaleur impossible qui eut vite fait de se propager sous l'épiderme de la fermière, y dessinant d'ardentes craquelures. A ce stade du mode Géhenne, les vêtements de la demi-pyrône n'avaient pas encore brûlé ; ils avaient tout juste commencé à s'assombrir, à brunir...
Marisa baissa sur la Femme Alpha son visage transformé par un courroux salvateur.
Cette dernière, à l'instar des loups, dut forcément éprouver l'étouffante chaleur qui se dégageait du corps de la demi-pyrône.
Entre ses doigts parcourus de veinules rougeoyantes, la fourche végétale était rongée par les flammes.

- Je ne veux pas de votre place ! s'écria l'Incandescente avant d'écarter largement les bras, propageant accidentellement des flammes tout autour d'elle. Je ne veux RIEN de tout ça !

Yggdrasia était toujours là pour la guider mentalement. Nymyss, le bracelet qu'elle lui avait offert, était enchanté, et donc parfaitement ignifugé. Il lui avait fallu beaucoup de temps et d'efforts pour lui en fabriquer un capable d'endosser ce pouvoir ainsi que sa conscience de dryade.
Essaye de ne pas l'incinérer avant de lui avoir tiré les vers du nez.
Hélas, Marisa ne pouvait rien lui promettre.
Sourcils froncés, l'Incandescente leva un doigt luisant à l'attention de la Femme Alpha.

- Vous allez me dire où la trouver, lui ordonna-t-elle. Vous me guiderez jusqu'à elle... ou bien le pire s'abattra sur votre territoire !

En catimini, l'esprit de la sylve s'arrangeait pour attiser les flammes de sa colère. Elle était en mesure d'influer sur les émotions de Marisa - d'une certain manière. Chose qu'elle se serait jamais permis de faire ailleurs qu'ici, dans ce lieu de pure désolation.

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 10 juin 2025 19:57
par Mrs Claus
LE FEU !

Cet ennemi des ténèbres. Si soudain. Si effrayant ! Tous les loups avaient courbé l’échine et reculé par réflexe. Même la Femelle Alpha ! Elle s’en voulait. Elle arquait comme le chat lorsqu’il avait peur. Au lieu d’une fourrure épaisse, c’était son manteau de plumes qui s’était déployé dans les airs pour se grandir. Et il paraissait bien grand dans ce paysage seulement éclairé par une petite fermière.

Ce paysage si sombre aux reflets de feu. Cette couleur de soleil couchant et mourant. Cette teinte d’apocalypse maculant la terre gorgée de flottes, les arbres comme recouverts d’une couche de goudron liquide emprisonné dans une boucle infinie. Si ce n’était pas la fin du monde, ou d’un monde, ça y ressemblait foutrement… Ca ou un putain de cauchemar !...

ImageFemelle Alpha : « Qui es-tu pour me CONTESTER ?! »

C’était la première fois que la cheffe de tous les loups perdait le contrôle de sa voix. Ses yeux impossibles brillaient d’un éclat fou. Les poils de ses bras s’étaient redressés. Sa bouche semblait être devenue une gueule. Pleine de crocs. Et cette pisse qui semblait maintenant l’embaumer, comme un terrible avertissement qu’on ne rudoyait pas l’Alpha du territoire.

ImageFemelle Alpha : « Tu n’as rien à ordonner, Sans-Poils ! J’ai déjà affronter le FEU auparavant ! Tous mes ennemis sont MORTS ! Je les ai tous DEVORES pour m’emparer de leur FORCE ! Je ferais pareil avec toi !!! »

Les loups derrière Marisa hurlèrent au ciel noir. La Femelle Alpha sembla grossir. A moins que ce n’était un effet d’optique avec sa cape de plumes de corbeau ? Peut-être. Mais même intimidée par le feu, elle n’en demeurait pas moins une menace réelle. Ses crocs dans sa gueule s’allongèrent de quelques centimètres. Tout comme ceux du crâne qu’elle portait. Tout comme les ongles qui devaient être nommés griffes maintenant. Même ses tétons semblèrent s’allonger. Tout comme sa peau si blanche se couvrit à certains endroits d’une toison sombre.

ImageFemelle Alpha : « JE VAIS TE DEVORER ! Ah-Ouuuuuuh !!! »

A nouveau la meute lui répondit. Mais aucun des loups rattachés à leur chose humaine ne bougea. C’était le combat de l’Alpha. Et l’Alpha attaquait déjà. Elle fonça en ligne droite et se protégea de son manteau de plumes pour parer les flammes. Oui, une partie allait cramer. Mais c’était suffisant pour arriver au corps-à-corps ! Pour donner un coup de patte griffue ! Pour tenter de dévorer un morceau de cette tête si égarée et si en colère à la fois. Une double morsure en ajoutant le crâne sur sa tête ! Car dans cet univers de ténèbres, les règles normales ne voulaient pas s’appliquer. Il y avait des magies sombres en action…

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 12 juin 2025 17:09
par Marisa Teritt
La peur qu'éprouvait la Femme Alpha à son égard muselait celle qu'elle avait préalablement éveillée dans le cœur de Pyra. Marisa n'avait pas bougé lorsque le manteau de son ennemi s'était déployé comme les plumes d'un paon. Pas plus qu'elle n'avait réagi à la laideur de son environnement. Yggdrasia veillait dans l'ombre des flammes à ce qu'elle ne songe qu'à leur survie. Et celle-ci dépendait de son duel avec la prédatrice capée.
Elle est énervée. Cela signifie que tu es parvenue à remettre son autorité en doute. Regarde là : cette sinistre imbécile est aussi inflammable que sa meute.
La demi-pyrône ne répondit rien. Entourée de ses flammes, elle fixait hargneusement l'aboyeuse qui se prétendait invaincue.
Marisa n'avait que faire de son palmarès. Elle n'avait plus besoin de se retenir, et n'en avait pas davantage l'envie.
Dans son dos couronné de feu, les loups hurlèrent à l'unisson. On eût dit qu'à travers leurs cris, ils s'évertuaient à transférer de leur énergie à leur maîtresse. Cette dernière semblait ragaillardie. Non seulement elle avait grossi, mais en plus de cela tout dans sa posture laissait sous-entendre une imminente offensive.
Elle va s'y essayer, lui assura la dryade. Ne la laisse surtout pas te mordre.
Marisa n'avait pas baissé la main.
La Femme Alpha chargea !
Le regard incandescent de la métisse s'illumina davantage. Des langues de flammes firent barrage au monstre à crocs et à plumes. Elles léchèrent goulument son épais manteau, s'y accrochant avec un appétit destructeur.
Trop imbue d'elle-même, la Femme Alpha brava ces brûlants désagréments et étira une patte griffue vers le visage de son adversaire.
Percuté par une force invisible, son membre hideux fut rejeté en arrière à mi-chemin. Sa gueule effroyablement dentée subit un sort comparable, la déséquilibrant sur le coup.
Et Marisa qui avait toujours cette main de levée, ce doigt de braqué sur la monstrueuse Femme Alpha...

- Ne me forcez pas à vous réduire en cendres.

La pression télékinétique devint plus forte, amenant cette fois-ci la Femme Alpha à se recroqueviller sous le regard attentif de son abominable meute.
Marisa la pointa d'un autre de ses doigts. Une main de plus levée dans sa direction.
Les flammes gonflèrent sur son manteau, menaçant de mordre profondément dans ses poils avant de s'attaquer à ses chairs.
L'odeur qui en émanait était presque aussi insupportable que celle de son urine.

- Ce sont mes flammes qui vont dévoreront la première. Et croyez-moi : je sais de quoi je parle !

Cet éclat de voix produisit une légère onde de choc dans son dos. Les loups basculèrent pour la plupart. Les plus "vaillants" couinèrent d'indignation.
Marisa fixait toujours leur cheffe. Elle devait maintenant baisser les yeux pour cela.

- Guidez moi jusqu'à elle où je jure de transformer votre meute en torche canine.

Sa magie raciale n'était pas moins dangereuse que celle de ce monde infâme.

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 23 juin 2025 18:49
par Mrs Claus
Les deux genoux à terre. La tête plongée entre ses deux bras tendus dont les paumes étaient à plat dans la boue ténébreuse. La Femelle Alpha était en mauvaise posture.

Son manteau de plumes de jais hurlait dans les flammes. Car ce n'était pas seulement des plumes. Tout le manteau semblait avoir pris vie. Mais les corbeaux hurlant ne pouvaient prendre leur envol. Marisa était pareil à une inquisitrice qui avait initié la chasse aux sorcières.

Dépouillée de son manteau qui lui donnait une stature, le dos noirci et les cheveux noirs de sa tête devenue court : la Femelle Alpha releva les yeux vers Marisa.

ImageFemelle Alpha : "Je m'incline. Tu maîtrises le feu qui effraie les animaux. Ça et une autre force invisible. Je ne suis plus l'Alpha. Tu l'es. Je suis. Je ne suis plus grand chose maintenant..."

Et elle couina. Celle qui avait été l'Alpha. Et ceux qui avaient été sa meute hurlèrent une nouvelle fois au ciel insondable. Tristement d'abord. Puis ils hurlèrent à nouveau. C'était l'expression d'une salutation. Ils acceptaient Marisa l'Alpha.

Celle qui avait été l'Alpha claqua de sa langue. Toutes les lumières s'éteignirent. Et on entendit la meute se disperser. Même les Candélabres diffusaient déjà une lumière tamisée. Bientôt elles seraient éteintes. Il n'y avait plus qu'elles deux.

ImageCelle qui était l'Alpha : "Viens. Nous allons retrouver ta...peu importe qui elle est pour toi. Ce qu'elle représente ne me concerne pas. Sauf si tu concèdes à me le dire. Mais je comprendrais le manque de confiance. Je t'appartiens. Mais si tu ne me veux pas dans tes pattes, je demeurerais invisible. Je resterais juste derrière la frontière entre ce qui est visible et ce qui ne l'est pas. Mais pour le moment : viens."

Le cou ployé vers le sol en signe de domination, celle qui avait provoqué Marisa devint une guide solitaire. La terre sembla plus remplie d’eau. Les arbres semblèrent se multiplier. Leurs branches dans la sphère de pénombre, à la frontière des flammes de la fermière, donnaient l’impression de se tendre et de vouloir recourber leurs branches griffes pour attraper toute forme de vie. Celle qui était l’Alpha se permit même de claquer des mâchoires et de gronder à…l’adresse d’un arbre ?

Le chemin se poursuivit. Le bruit de la locomotive était non loin. Ce mélange de libération de fumée et d’un roulement mécanique. Et puis il y eut une flamme ! Qui s’éteignit. Durant ce bref moment, il y eut des éclats visuels. Il y eut un crâne enflammé. Des flammes qui se réverbèrent sur un autre crâne métallique. Et il y eut aussi celle qui avait été l’Alpha qui hérissa ses poils qui n’avaient pas brûlé. Imperceptiblement, elle fit un pas en arrière pour laisser passer la nouvelle Alpha.

Puis il y eut une nouvelle gerbe de flammes. Cette fois elle demeura dessus. Mais aussi dedans un crâne. Ce crâne semblait noirci. Tout comme son costume impeccablement taillé était noir. L’homme plongea son absence de regard dans celui de Marisa puis celle qui avait été l’Alpha. Il ne dit rien. Ce qui permit à la fermière de découvrir deux autres informations. Il y avait une autre bête face à elle. Et elle était en partie métallique comme la présence de la locomotive partiellement visible à l’arrière-plan. Elle s’était rapprochée de Mrs Claus. Mais elle n’y était toujours pas.

ImageLoup : « Crr… La locomotive est prête à partir. Crr… »

Il y avait comme des bruits métalliques lorsque le loup à tête de fer s’exprima. Marisa put découvrir ses bras couverts de bandages, d’objets métalliques, de sang et de suie. Egalement cette grosse chaînée relié à un collier massif autour de son cou. Les maillons semblaient le relier au véhicule de tête de la locomotive.

ImageCrâne : « Parfait. »

Le ton de l’homme à la tête enflammée était posé. Comme si rien ne pouvait l’atteindre. Ni le retour de celle qui était Alpha défaite. Ni la présence de cette étrangère qui maniait elle aussi des flammes. S’il en avait peur, il en montrait zéro signe. Il semblait même avoir l’intelligence de ne rien dire d’inutile et laisser les autres lui donner assez de matière pour rebondir dessus et en prendre l’ascendance.

ImageCelle qui était l’Alpha : « Elle se trouve à l’intérieur. »

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 28 juin 2025 13:38
par Marisa Teritt
Sans le concours d'Yggdrasia, jamais Marisa n'aurait pu réaliser pareil exploit ! A ses pieds, la Louve Alpha n'en portait plus que le nom. son couinement avait été déchirant. Au même titre que celui de sa meute, qui considérait la fermière d'un œil beaucoup, beaucoup plus sage...
C'est bien mieux ainsi.
La demi-pyrône avait des doutes. Elle ne se sentait pas faite pour ce rôle de meneuse. Elle était jeune. D'ordinaire joyeuse. Une bonne vivante qui n'avait rien à faire dans un environnement aussi sombre que celui dans lequel le kidnapping d'une alliée de poids l'avait plongé. C'était comme si sa bonne étoile lui avait tourné le dos pour qu'une autre, plus ambitieuse, vienne prendre sa place.
La Femme Alpha émit son dernier ordre ; les loups abandonnèrent leur ancienne mère.
Marisa, qui n'avaient plus envie de réfléchir et qui se reposait essentiellement sur les consignes de la dryade, lui répondit :

- Va. Je te suis.

Soulagée de son manteau à plumes, la Femme Louve était devenue leur inférieure. Yggdrasia interdisait donc à son hôte de la vouvoyer. Un schéma simple : une donneuse d'ordre, une obligée. Point. Et son guide n'avait pas besoin de savoir ce que représentait la mercenaire à ses yeux.

Un nouveau paysage obscurci s'offrait au regard de Pyra. Le feu qui se dégageait de sa silhouette éclaboussait des arbres rabougris aux branches crochues comme des doigts de sorcière. La Femme Louve claqua des mâchoires et gronda à l'attention d'un arbre. Un piège "naturel", sans doute ?
Inutile.
La température autour de Marisa agissait comme un bouclier. Yggdrasia s'estimait heureuse d'être protégée par le bracelet qu'elle lui avait offert.

Plus loin encore, les bruits de machinerie s'étaient fait plus forts. A son approche, la Femme Louve perdit de son assurance. Elle finit par reculer, dégageant la voie à celle qui était parvenue à la dominer. Le regard incandescent de la demi-pyrône s'éleva en direction de flammes qui n'étaient pas les siennes. Un feu que couvait un crâne squelettique et métallique. Ce tout surmontait un corps costumé de noir, comme pour mieux se fondre dans le décor.
Une nouvelle menace pour la fermière ?
Yggdrasia mettait en garde sa protégée dont les traits juvéniles affichaient une colère passive. Car à proximité de la sinistre chenille de fer, il n'y avait non pas une menace mais deux. La seconde s'apparentait à un loup métallique. Sa tête l'était. Ainsi que certaines régions de son corps canin. Le reste était un mélange de sang séché et de bandages noués à la va-vite. Cette monstruosité hybride portait un collier qui la reliait à la locomotive comme un vulgaire chien de traineau.
La Femme Louve informa Marisa que l'objet de sa quête se trouvait à l'intérieur.

- Alors je vais monter.

Elle ne demanda pas l'autorisation au crâne enflammé. Elle se dirigea vers la locomotive et pénétra dans le premier wagon qui lui était possible de visiter. Avant d'en franchir le seuil, elle lâcha tout de même par-dessus son épaule :

- Je n'ai plus besoin de toi, Femme Louve. Tu peux prendre congé.

Elle se fichait bien de son sort. Emotionnellement, Yggdrasia limitait son hôte. Pour son propre bien. Pour la protéger de la folie. Ou d'une potentielle crise de colère destructrice.
Ne te détourne pas de ton objectif.
Marisa l'entendait de cette oreille. Elle avait beau produire de la lumière avec son corps, le phare n'était autre que la dryade qui savait l'aiguiller.

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 09 juil. 2025 01:45
par Mrs Claus
Celle qui avait été l’Alpha grogna dans ses babines. Mais le cou ployé car elle n’allait pas ouvertement montrer sa désapprobation à celle qui avait ravi sa position. C’était déjà difficile d’être déchue. Ca l’était encore plus d’être jeté comme un reste d’os nettoyé. Elle n’imaginait pas pouvoir se sentir plus inutile. Et elle ne pouvait pas rester ici plus longuement. Pas alors que les flammes issues du « Crâne » la menaçait. Pas alors que la « Machine-Loup » la toisait de toute sa hauteur, sa confiance, ses épaules carrées lourdées de débits de shrapnels.

Elle s’en alla donc se réfugier dans les ténèbres. Elle pouvait être à moins d’une centaine de mètres. Tout comme elle pouvait avoir déjà dérivé dans les courants noirs et se retrouver à plusieurs dizaines de kilomètres de la locomotive assoupie.

Mais Marisa s’en fichait.

Et dans ce premier wagon il y avait de la lumière et une forme de confort. Il n’y avait pas de couleurs et les globes au plafond et sur le haut des murs donnaient une lumière tamisée. Par les vitres, il n’y avait rien à voir. C’en était même à se demander si elles n’avaient pas été peintes de noir. Que ce soit ou un paysage insondable, aucune réponse n’était rassurante. Rien qui ne donnait envie de s’asseoir dans des fauteuils matelassés dont la couleur pouvait faire penser au marron des arbres et donc à l’esprit de la Nature qui s’évertuait à faire survivre cette vie fragile dans ce monde qui semblait tout faire pour la souffler. Définitivement…

ImageCrâne : « Prenez place. »

L’homme en costume noir et crâne enflammé était entré. Etrangement, il ne semblait pas produire de chaleur…

Un bras replié dans le dos, l’autre présenta un de ses canapés matelassés. Un qui se trouvait voisin d’un autre occupé par une personne. Une femme. Massive. Allongée et visiblement…endormie ? Inconsciente ? Décédée ?...

ImageCrâne : « Elle ne vous répondra pas. »

Et avant même qu’il puisse être questionné, il exposa son dos qui ne paraissait pas être devenue une ouverture dans sa « défense ». Les flammes de sa tête n’illuminèrent plus l’intérieur du wagon et sortirent au dehors. Il s’adressa au loup qui était en partie humain et en partie mécanisée.

ImageCrâne : « Reprends ta place. Alimente en charbon. Nous allons repartir. »

ImageLoup : « Crr… EntendZzZu. Je remets quelques pelletés. Crr… »

Il n’y avait personne d’autre dans ce wagon. A travers les vitres qui permettaient de passer dans le second wagon, on voyait… le même wagon. Il y avait un trouble à croire que c’était une répétition piégeuse. Mais une sorte de rassurance à ne pas se voir en train de se regarder. Ouf. C’était « juste » un wagon vide. Et il semblait que le troisième était également vide. Aucune présence physique. Aucun poids de regard.

Juste Marisa.
Et une Mrs Claus incapable de répondre à ses questions.
Il n’y avait que l’homme en costume de ténèbres et yeux vides de flammes qui s’était remis en position. Debout. Droit. Telle une sorte de majordome. Il y avait une somme de politesse en-dedans de lui. Mais ça le rendait trop propre et donc suspicieux dans cet environnement qui donnait maintenant l’impression d’être entré dans le ventre de la bête…


Image

!!! SPECIAL !!! 3/14
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« Quel délicieux paradoxe que l’établissement de ce crossover. Dans le sujet précédent, nous parlions de la combustion d’Yggdrasia. Excepté qu’Yggdrasia se trouve actuellement ailleurs. Un épisode qui s’est déroulé dans le passé ? Une version multiverselle ? Ce n’est pas à moi de condamner un personnage qui n’appartient pas à mon « Dieu ». Mais la question est intéressante. Bien que tout artifice scénaristique sera accepté. Le principal étant de trouver du plaisir dans l’écriture. »
.
ImageCandy : « Dans l’écriture, OK. Mais ici ? Dans les espèces de limbes du Baron Kowai et sa Locomotive. D’ailleurs, tu savais que parmi les liens évoqués, il y a celui de Cruella. »
.
« CHUT ! Mais vas-tu te taire un peu gobeline à paroles ! Moi-même je ne suis pas serein. Ici, dans cet univers sombre, noir et poisseux : l’Académie n’a pas de passage. Ici, les Couleurs se font matraquer la gueule par le Noir. »
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ImageCandy : « Qu’est-ce que tu parles abruptement tout d’un coup. Et puis le noir, ça peut être une couleur aussi, oui ? »
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« Ici, l’Académie ne viendra pas. Elle ne prendra pas le risque de perdre la seule bataille qui importe vraiment de toutes les batailles qui constitue cette guerre. Que le Baron Kowai soit relié au Roi Cramoisi du lore principal, parce qu’il faut bien le respecter un chouïa, importe peu. Le Baron Kowai est notre Ennemi. »
.
ImageCandy : « Notre Big Boss de fin de niveau, ouais, j’ai compris. »
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« Alors tais-toi et sauvons-nous d’ici ! »
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ImageCandy : « Pauvre petite Marisa… Petite flamme fragile dans un univers de ténèbres insondable… »

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 27 juil. 2025 13:13
par Marisa Teritt
La demi-pyrône grimpa dans le véhicule. Elle ressemblait presque à un automate en cet instant. Ou a une poupée dépourvue d'émotion. Les deux pouvant aller de paire, comme une certaine M3gan. Une sorte de Projet à l'apparence moins monstrueuse que le fameux CA.lcium...
J'abhorre les machines.
Marisa n'en était pas une grande fan non plus. Les tracteurs ne la dérangeaient pas. Pas plus que les moissonneuses-batteuses. Mais celles qui sortaient de son monde ne la faisaient pas du tout rêver.
Le Crâne brûlant l'invita à s'asseoir.
La Fleur des Champs l'observa sans mot dire. Lui, son squelette en torche et son costume noir impeccable, qui l'avait suivie sans son autorisation. Quelque chose dont il n'avait apparemment pas besoin. Sans doute parce que cette maudite locomotive était sous sa responsabilité.
D'un geste courtois, il lui indiqua un siège libre... non loin de celui qu'occupait la masse endormie de la mercenaire qu'elle était venue récupérer !
A cet instant, malgré les efforts d'Yggdrasia, les émotions de sa protégée reprirent le dessus, apportant davantage de combustible à son ondulante chevelure de feu.

- Madame Noël !

Bras tendus, la fermière s'immobilisa à mi-chemin. Crâne s'était montré catégorique. Il ne l'empêcherait pas d'approcher la mercenaire parce qu'il était convaincu qu'elle ne réagirait pas en retour.

- Qu'en savez-vous ?!

Elle le dédaigna pour sonder la robuste guerrière. Marisa se mit à lui parler à l'oreille, à la secouer plusieurs fois en utilisant à faible dose ses capacités télékinétiques - parce qu'elle redoutait de la brûler au toucher.
Mais Crâne maitrisait son sujet. Il était peut-être même celui qui avait plongé Madame Noël dans ce coma artificiel.
Le visage de cette dernière n'avait pas changé de couleur. Et son pouls ne s'était pas encore éteint. Il demeurait faible mais plus ou moins perceptible.
La fermière songea au moyen de la transporter. De la tirer hors de ce wagon quand celui-ci se mit en marche.
Doucement. Efforce toi de te calmer.
Elle ne s'y prêta pas, préférant rester debout plutôt que les fesses tranquillement posées sur cette banquette. Elle reporta son regard sur le majordome squelettique.
N'attaque pas cet individu. Plutôt que de le détruire, tes flammes pourraient bien le nourrir.
Il leur coupait toute retraite. Les seules issues possibles se situaient à chaque extrémité du wagon. Sauf qu'elles menaient dans une autre partie du vaisseau, en tout point similaire à celle dans laquelle ils se trouvaient.
Ne t'emballe pas. Nous avons sans doute été piégées.
En équilibre sur ses deux jambes, Marisa serra ses petits poings.

- Où nous conduit ce train ?

Entre ses doigts éclairés, la chaleur se faisait de plus en plus intense.

- Qu'est-ce que vous attendez de nous ?!

Elle était vraiment à deux doigts d'aller à l'encontre des directives d'Yggdrasia. A deux doigts de répandre ses flammes dans ce wagon.
Sauf que la présence de la mercenaire l'en empêchait.
Car c'était pour elle que la fermière avait parcouru tout ce noir chemin.

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 08 août 2025 14:37
par Mrs Claus
Mrs Claus demeurait hors de portée de Marisa. Vivait-elle au moins quelque chose au pays des songes ? C’était un maigre réconfort comparé à la pensée que la Vie poursuivait son cours sans elle. Ni morte ni vivante. Entre les deux. Rien.

L’homme au crâne et aux flammes ne répondit pas immédiatement aux interrogations. Peu importe ce qu’il avait été avant d’être « ça », il semblait maîtriser le rythme d’une conversation. Ne pas se laisser embrigader par la vitesse de l’autre. Rester à sa vitesse. Forcer l’autre à aller à SA vitesse. Alors il attendit un petit peu. Juste de quoi lui faire comprendre. Pas assez pour la pousser à des actions, disons, dramatiques.

ImageCrâne : « Cette locomotive nous emmène au Baron Kowaï. Elle s’en va toujours auprès de son Maître. Mais elle prend rarement le plus court des chemins. La locomotive a sa volonté propre. Et on ne contrarie pas un monstre. »

Autant de réponses qui devaient faire éclore des questions. Métaphore « subtile » pour une fermière surnommée la « Fleur des Champs ». Peu importait. Il fallait combler car le silence prenait beaucoup de place dans ce wagon. Il en devenait presque un protagoniste tant il était « pesant ».

ImageCrâne : « Quant à cette seconde question, il me faudra la nuancer. Je n’attends rien de vous. Vous êtes une passagère non désirée. Vous vous êtes imposée. Pour venir au secours de cette… »

Il y eut comme deux hoquets. Un semblant de rire.

ImageCrâne : « …princesse. Cette « Madame Noël », comme vous dites, intéresse fortement le Baron Kowaï. Pour aller aux confidences, elle est un vecteur très important pour briser certaines chaînes et en reforger d’autres. Plus sombres. Plus enclin à servir ses propres desseins. Mais vous ? »

Il pointa Marisa du doigt.

ImageCrâne : « Il n’y a aucun plan. Le scénario le plus probable pour le moment est que, lors d’un prochain arrêt de la locomotive, vous soyez jetée en pâture. Seulement voilà, rien n’est jamais simple. Et sachez que j’abhorre le combat. Donc il est maintenant probable que vous cherchiez à me convaincre. La solution la plus pertinente serait de rejoindre nos rangs. Vous avez déjà acquis le titre de « Femelle Alpha ». Mais mon instinct me souffle que ce n’est pas une décision de vie acceptable pour vous. »

Il se rapprocha. Il n’y avait aucune hâte. Ce n’était pas une araignée mais il semblait tisser sa toile pas après pas. Mot après mot.

ImageCrâne : « Convainquez-moi. »

Sans plus de contexte. Plus la demande était floue, plus il fallait fournir des trésors d’inventivité. Dans ce cas précis, plus Marisa parlerait et plus l’être au costume de ténèbres aurait de levier sur lequel exercer une pression.

Puis du wagon de tête, la voix du loup au crâne métallique rugit :

ImageLoup : « On va accélérer ! Gare aux zZzZecousses ! La locomotive part en chasse. J’ai pas vu quoi. Crr… »


Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 15 août 2025 17:58
par Marisa Teritt
Marisa s'impatientait. Elle craignait pour la vie de cette autre passagère - son seul objectif en cet univers de pure noirceur. Elle pensait que le temps jouait contre elles. Sans vraiment savoir si le temps, justement, s'écoulait comme dans son monde. S'il n'était pas déformé, ou perverti d'une façon ou d'une autre, lui aussi...
Je te le répète, Marisa : si jamais tu l'attaques, nous aurons de trop grandes chances nous retrouver dans de très sales draps.
La demi-pyrône eut une grimace. Luttant pour récupérer son sang-froid, elle secoua la tête d'un coup sec.
La chaleur contenue dans ses paumes se dissipa lentement. Si bien que lorsque le crâne enflammé décida enfin à lui répondre, ses mains paraissaient presque normales.
Celui qui se faisait sobrement appelé Crâne lui révéla alors la destination de cette maudite locomotive. Soit vers son maître : le Baron Kowaï. Un nom plutôt joli pour un maître de monstres...
Nous allons sans doute avoir besoin de le rencontrer pour quitter cet endroit avec la mercenaire.
Raison de plus pour ne pas lancer un combat avec le squelette costumé.
Marisa avait très bien compris le message - même si ses yeux continuaient de lancer des éclairs à son informateur.
Nous ne la céderont pas à son maître. Il ne s'en servira pas à sa convenance. Nous l'en empêcherons en temps voulu. D'ici là, garde tes brûlantes épines rentrées, Rose de Feu.
Ce nouveau surnom fit presque sourire la concernée.
Crâne la pointait du doigt. Et ce geste insolent ne lui plaisait pas beaucoup.
Lui-même ne sait pas vraiment où se situer. Car s'il avait toute confiance en sa victoire, il aurait déjà engagé le combat. Je pense qu'il s'imagine que jouer la montre lui sera beaucoup plus bénéfique qu'à nous.
Cela n'avait rien de rassurant. Leur prochain arrêt pourrait bien être le dernier.
Marisa s'efforçait d'écouter tout le monde. Cette voix intérieure qui la préservait, et celle de ce diable poli.
Crâne disait ne pas aimer combattre. En ajoutant qu'il aurait été préférable qu'elle rejoigne leurs rangs en tant que nouvelle "Femme Alpha" plutôt que de chercher à s'opposer à eux.
Nous jouons donc dans une impasse.
Crâne se rapprochait. Il avait maintenant besoin d'une raison pour ne plus rester les bras ballants.
Marisa se devait de la lui fournir, sans quoi...
Elle le défiait toujours du regard quand la voix du loup se fit entendre à travers tout le wagon.
La locomotive était sur le point d'accélérer. Ce qui compliquerait davantage la situation.

- Vous l'avez dit vous-même : je me suis imposée en tant que passagère.

Plutôt que de rester debout, elle s'installa sur ce siège, juste à côté de Madame Noël.

- Et je vais continuer ainsi, en tant que "Femme Alpha", que cela vous plaise ou non.

Elle ne croisa point les bras sur sa petite poitrine. S'il lui fallait s'en servir pour noyer Crâne dans une mer de flammes, elle le ferait ; dans le cas contraire, ils resteraient là, bien au repos le long de ses flancs.

- Le Baron Kowaï sera forcé de me recevoir, lui aussi. Parce que j'accompagne mon amie endormie et que, en dehors de moi, personne n'aura le droit de la transporter ailleurs. (Elle haussa les épaules.) C'est ainsi et pas autrement. Madame Noël a combattu pour me venir en aide ; je compte bien lui rendre là pareil jusqu'à ce que nous soyons toutes les deux tiré d'affaire.

D'un chasser du bout des doigts, la fermière lui fit signe de s'éloigner d'elles.

- Vous avez dit ce que vous aviez à dire. Partez - et ne venez plus nous embêter.

Elle jouait son rôle de Femme Alpha à la perfection.
Yggdrasia en était plutôt fière.
La Dryade sentait que sa protégée pourrait assurer le coup le temps de sa récupération.

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 31 août 2025 17:20
par Mrs Claus
Celui qui était surnommé Crâne fit une dernière courbette et disparut de la vue de Marisa. Il ne quitta pourtant pas le wagon mais partit s’asseoir au plus loin d’elle et de « Madame Noël ». Les panneaux entre chaque banquette permettant de donner une sensation retrouvée d’intimité. Sans compter que, malgré sa prestance et sa tête enflammée : on parvenait rapidement à l’oublier.

(ce qui pouvait être mal ressenti. Voir donner le genre d’idée selon laquelle sa tête pouvait s’éteindre et lui donner corps avec les ombres pour apparaitre dans votre dos et… Mais il est parfois préférable de ne pas dérouler une pensée jusqu’à sa finalité)

Actuellement, la Locomotive accélérait. Elle zigzaguait également. Qu’il était malaisant d’imaginer une telle masse d’acier faire du tout terrain sur un terrain vallonné. Et voilà que quelque chose faisait rebondir Marisa de son luxueux siège. Madame Noël aussi tressauta. Au premier saut, elle resta sans aide sur sa couche. Mais il y eut d’autres événements au-delà des vitres noires qui les firent rebondir. Sans aide, Madame Noël finirait allongée sur le sol.

Il y avait des bruits de métal dans la cacophonie de cette Locomotive en action. Se faisait-elle attaquer ? Pourchassait-elle une proie ? Encore autre chose ? Elle était en action, c’était ce qu’il y avait à savoir. Elle et ses passagers. (pas tous invités).

Et puis plus rien.
Immédiatement.

Il y eut quand même un choc avant ce rien.
Le wagon contenant la Femelle Alpha et sa préciseuse alliée se retrouva sur le flanc.

Il y eut un temps de rien.
Comme si tout s’était arrêté au dehors.

Et tout repris. De plus en plus vite. Il y eut un bruit métallique qui s’expliqua par une rapide visite du Loup qui dut grimper sur le wagon pour ouvrir la porte. Porte qui donnait l’impression de se retrouver au plafond à cause de la chute du wagon. Il prévint Crâne que la Locomotive avait marché sur des Ours à piège. Oui, il avait bien marché et non roulé. Et il avait bien Ours à piège et non piège à ours. Les nuances étaient importantes.

Loup repartit aussi vite. Crâne observa Marisa une dernière fois quelques secondes. Puis s’en alla lui aussi donner une assistance au-dehors.

(si Marisa sortait, elle découvrirait qu’une partie de la Locomotive semblait s’être détachée et humanisée. Bipède, harnachée d’une « hotte », elle dégueulait ses pierres noires par une gueule qui semblait être un canon.
Au niveau du sol, des sortes d’ours avec un dispositif métallique à la place de la gueule, harcelait la locomotive. Une des huit pattes de la Locomotive était toujours piégé au-dedans. Ce qui avait vraisemblablement causé l’accident.
Sans compter la menace aérienne. Un autre « animal ». Lui aussi un croisement avec un objet. Cette fois une seringue à la place de la tête. Pour inoculer quelque chose ? Pour prélever le sang jusqu’à vider complètement sa proie ?)

Mais Marisa aurait un autre événement auquel assister avant la découverte de cette extérieure. Il y avait eu une main géante qui avait recouvré tout le wagon. Les formes de gros doigt s’étaient faits brièvement voir à travers les fenêtres noires. Dans un flash. Comme si le monde extérieur, à travers les vitres, était devenu le négatif de ce qu’il était. A la façon des négatifs des pellicules photos argentiques.

Puis cette main énorme était devenue une sorte de marée avançant rapidement. Si rapidement ! Dégueulant telle une marée de boue de toutes les vitres. Des avant-bras en pagaille qui visèrent Madame Noël. La Rose de Feu pouvait en brûler une quantité. Mais le résultat serait le même : Madame Noël serait attachée par des fils remontant dans les cieux. Des fils qui disparaissaient dans les ténèbres là-haut.

Les fils ne pouvaient être tranchés ou brûlés.
Madame Noël ne s’était pas réveillée. Et ne se réveillerait pas.
Mais, tel un cadeau empoisonné, la colosse se retrouverait sur ses deux puissantes jambes. Surtout, elle suivrait Marisa partout où elle irait.
Comme si un marionnettiste géant et dissimulé dans le ciel des ténèbres… l’assistait.

Alors elle pourrait sortir.
Tout était toujours sombre. Si sombre. Mais pas partout. Plus loin, au-delà de la bataille entre la Locomotive et les Croisements, se trouvait une petite cabane étrange. Elle donnait l’impression d’avoir des portes et des fenêtres sans menuiserie. D’ici, cela donnait l’impression que les murs avaient l’épaisseur d’une feuille de papier.
Et elle était entourée de « lumière ». Au centre d’une bulle parfaite. Au-dedans de la bulle, une « lumière » blanche. Trop blanche. Absolument non naturel.
Cette cabane semblait se trouver au milieu d’un marée. Mais était-ce vraiment des sortes de rizières ses « ondes » blanches. Les motifs étaient TROP « géométriques ». Ils n’inspiraient pas confiance. Mais rien n’inspirait confiance dans ce monde. Cet anti-monde ?


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Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 16 sept. 2025 14:55
par Marisa Teritt
La torche squelettique s'était retirée dans son coin. Marisa, que leur entretien avait laissé tendue, soupira lourdement avant de s'affaler dans son siège. Sans le soutien d'Yggdrasia, la pauvre aurait sans doute fait tout capoter dans une étouffante mer de flammes !
Tu te sous-estimes. Mais ce n'est pas plus mal quand, dans une situation comme celle-ci, il te faut constamment rester sur tes gardes.
Un petit rappel à l'ordre ? La fermière se remit droite presque instantanément.
Tranquillise-toi. Car moi aussi, de mon côté, je veille à ta sûreté.
La dryade ne croyait pas si bien dire ! La locomotive ayant gagné en vitesse, le confort des voyageuses, malgré les luxueux sièges, n'était pas, aux yeux du conducteur, un élément indispensable. Les virages s'annonçaient relativement compliqués. Même la mercenaire, avec son poids lourd, parvenait à se détacher de son moelleux support.

- Mais qu'est-ce qui se passe ?

Afin de palier à cette vomitive agitation, Marisa dut carrément se cramponner aux sièges d'à côté, prendre place sur les genoux de madame Noël et, avec ses fesses, faire pression dessus. Elle sentit des petites douleurs dans le bas de son dos et grimaça conséquemment.
Au-dehors, de chaotiques bruits de métal se faisaient entendre.

- C'est... insupportable, gémit-elle sans pouvoir empêcher ses cheveux, dans le stress, de flamboyer et chatouiller le plafond.

Le calme était revenu d'un seul coup... pour mieux la surprendre !
Alors que leur wagon tanguait dangereusement d'un côté, le monde lui-même parut basculer.

- Iiiiiiiiih !!!

Malgré son vœu de régénération, Yggdrasia prit immédiatement les rênes et, à travers la silhouette menue de sa protégée, généra des racines qui maintinrent les voyageuses à leur poste. Bien sûr : le feu de Marisa, dans son état actuel, représentait un véritable poison pour les entraves. Mais il ne pouvait pas les réduire en cendres dans la seconde. Alors elles s'avéraient toujours bien utiles à cet effet.
Marisa continua de hurler. Même après que leur véhicule se fut complètement retourné et immobilisé. Les yeux fermés, elle n'entendit ni ne surprit cet échange rapide entre Crâne et le loup de métal qui leur avait ouvert la porte.
Reprends-toi, jeune hystérique ! La voie est libre.
Les racines qui retenaient le duo tombèrent en poussière. A nouveau tranquillisée par l'influence de la dryade, la rouquine s'exécuta comme un automate, oubliant jusqu'à la mercenaire sur laquelle elle était assise. Il y eut alors un effet de lumière qu'elle ne comprit pas tout de suite. Quelque chose de gros - d'immense même ! - était passé sur leur wagon, avait glissé dessus pour ensuite disparaître au-delà. Une main, qui en avait vomi en un millier d'autres, plus petites, toutes destinées à prendre d'assaut la mercenaire inconsciente ! Submergée, celle-ci disparut dans la masse avant de décoller dans les ténèbres.
La demi-pyrône n'eut même pas le réflexe d'abuser de ses flammes, sa pyrokinésie comme... verrouillée ?
Yggdrasia jouait un jeu relativement dangereux en manipulant ses propres fils.
Continue d'avancer. Ne cherche pas à réfléchir.
Une fois au-dehors, ses yeux incandescents s'arrondirent d'horreur. Toutes sortes de créatures cauchemardesques s'étaient jetées sur la Locomotive. Marisa découvrit entre autres choses des ours dont la gueule se résumait à deux mâchoires métalliques dentelées, un gigantesque oiseau de proie avec une longue seringue à la place du bec, ainsi qu'un affrontement entre une araignée grimaçante pourvue d'un abdomen à l'image d'une machine à vapeur en pleine confrontation avec un titan charbonneux à gueule de canon.
Ignore-les tous ! Détourne ton regard de ces damnées créatures. Répète-toi tel un mantra qu'elles ne sont pas réelles, puis file te mettre à l'écart !
Les membres tremblants, Marisa obéit. Et elle ne fut pas la seule à ressembler à un zombie ; inexpressive, le visage éteint, Madame Noël était réapparue et la suivait aussi.
Elle n'a toujours pas repris connaissance et pourtant... ?
Marisa faillit bien être contaminée par son scepticisme. Elle gémit entre ses lèvres serrées. Yggdrasia mit ses propres pensées de côté et la força à reprendre la route à pied.

Seule lumière dans la nuit noire, la Rose de Feu dévorait inlassablement la distance. Une sueur incandescente perlait de son front et, assez rapidement, se transformait en vapeur avant même d'attendre son menton. Madame Noël la talonnait toujours, colosse au féminin dont les membres lourds étaient soutenus par des fils qui se perdaient dans la voûte ténébreuse.
Attends !
La Dryade sentit plus qu'elle ne vit la végétation qui cernait cette petite cabane, au loin, dans cette curieuse bulle de lumière...
Etait-ce un autre piège de ce monde absurde ?
Quelle autre option leur restait-il sinon s'en approcher à pas de loup ?
Va, petite flamme. Mais ne te précipite surtout pas.
En raison du contraste, Marisa dut plisser les yeux tout en alignant un pied devant l'autre. Elle n'osait plus parler et se dirigeait machinalement vers cette maison abandonnée qui, avec un peu d'imagination - réconfortante ? - ressemblait grossièrement à sa précieuse petite ferme.

- Elles ne sont pas réelles. Pas réelles. Elles ne sont pas réelles. Pas réelles, mumurait-elle.

Yggdrasia s'en voulait un peu de lui avoir infligé ça. De l'avoir mise dans cet état. Pour autant, cela s'était avéré indispensable à leur survie. Et elle ne voyait pas d'autre solution que de poursuivre sur cette abrutissante lancée. De faire serpenter sa protégée lobotomisée, ainsi que son accompagnatrice zombifiée, autour de ces étranges bandes blanches qui garnissaient un sol herbeux et inondé.
Les lois de cet anti-monde, Il allait leur falloir les assimiler à la dure.

Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 26 sept. 2025 18:07
par Mrs Claus
Marisa arriva aux abords de la sphère « blanche » dans ce monde de ténèbres. Ses yeux se perdirent dans les circonvolutions de ce qui lui apparaissait comme des rizières. Faute de meilleur terme pour comprendre ce que son cerveau ne pouvait pas comprendre.

Et ce fut le silence.

Un silence assourdissant car « pur » après le vacarme de la bataille entre la Locomotive du Baron et des créatures en partie objet. L’environnement était plus lumineux et plus en paix. Pour autant, il y régnait une égale dangerosité.

Ce n’est qu’au dernier moment, en arrivant devant une des entrées de cette maison étrange qu’elle la vit. Ce corps blanc si laiteux recouvert de son linceul noir qui avait été jadis une cape de plumes de jais. Tout était si blanc et noir dans ce lieu. Même sa peau était presque trop blanche. Seuls ses flammes étaient une source de lumière. Même le sang de l’ancienne Femelle Alpha n’était pas criard de rouge. Blanc ou noir, selon l’angle de comment on le regardait.

Ancienne Femelle Alpha : « J’ai pactisé pour toi. Pour que tu survives. »

Il manquait une jambe et une partie du ventre. Les viscères menèrent la piste vers une créature qui devait mesurer dans les trois mètres de hauteur. Elle était belle. Et effrayante. C’était comme voir une statue « parfaite » monté sur un piédestal de monstre indescriptible. Il y avait une sagesse ancienne dans ses yeux tandis que des crocs mâchonnaient le corps de l’ancienne Femelle Alpha.

Et elle se trouvait juste devant Marisa. A trois longueur de bras. Comment avait-elle fait pour ne pas la voir avant ? Cette entité qui descendait son regard sur la petite chose qu’elle était, tout en mastiquant celle à qui elle avait ravi un titre dans cet anti monde.

??? : « Mère. Est-ce que je romps les liens ? »

??? : « Procède. »

Derrière Marisa, le colosse qu’était « Madame Noël » tomba au sol. Le visage dans l’eau entre les circonvolutions du sol. Comme si la vie l’avait quitté précipitamment. A cause de cette femme menue aux cheveux noirs et blancs. Du bout de ses doigts agiles restaient des parcelles de fils presque invisible. Elle ressemblait à une marionnettiste car elle en était une. Etrangement, peut-être avec son body noir, elle donnait une impression de danseuse étoile. Elle qui semblait être éclairé par la lune froide.

??? : « Tu peux m’appeler la Comtesse Lumière. C’est un titre parmi d’autre. Voici ma fille Cruelle. »

Cruelle : « Mère, nous ne devons pas nous attarder. Il ne faut pas que le Baron Kowaï nous trouve. »

Comtesse Lumière : « Je ne le sais que trop bien. Mais celle qui était la Femelle Alpha a fait appel à nous. Elle nous a donné sa chair d’une part et la chaleur de son âme d’autre part. Nous nous sommes engagées. »

Cette entité qui se faisait nommer la Comtesse Lumière, elle était comme vêtue de dizaines et de dizaines de bras portant des lanternes allumées. Etrangement, dans cet univers de noir et de blanc, la lueur jaune-orange était visible. Et qu’avait-elle dit ? La « chaleur » de l’âme de l’ancienne Femelle Alpha ?...

Comtesse Lumière : « Ton âme s’échappe de ton corps. Tu débordes de vitalité, petite chose sur le point de vaciller. M’en donneras-tu l’excédent ? »

Cruelle : « Mère ! Retenez votre geste. Il y a autre chose. Un autre type de marionnettiste chez cette enfant. »

Yggdrasia avait été démasqué.

Comtesse Lumière : « Certes. Mais cela ne change pas grand-chose. Tu n’es pas obligée de me donner tes flammes. J’ai déjà eu mon sacrifice. Sache que cela me permettra d’investir le corps de cette femme à travers les âmes que j’ai prélevé. Un lien de toi à moi. Mais ce refuge, ce que tu pourrais nommer « bulle blanche » ne demeurera pas longtemps. Moi et ma fille devons repartir au plus vite. Tu n’auras qu’à lever les yeux au ciel. Ou les poser dans les tourbes de cet anti monde. Il y aura toujours un bras pour te guider. »

Cruelle : « Les signes t’emmèneront jusqu’à un passage pour retourner dans ton monde. »

Comtesse Lumière : « C’est véridique. Je t’offre un temps qui ne peut être compté. Viens à l’intérieur et repose-toi. Il n’y a rien dans cet espace mais tu pourras t’y reposer un temps. »

C’était vrai. Il n’y avait rien entre les quatre murs. A peine les aretes étaient marqués pour délimiter le sol, des murs du plafond. Et pourtant, cet endroit impossible paraissait bien plus reposant que l’agréable fauteuil du wagon de la Locomotive.


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Re: Fermière au Cirque Kowai [avec Marisa Teritt]

Posté : 02 oct. 2025 16:27
par Marisa Teritt
Dans cette maison sans mur, au milieu de ce silence inconfortable, se trouvait celle à qui elle avait tenu tête. Les sourcils de Marisa se soulevèrent. Ses bras n'avaient toujours pas bougé le long de son corps. Elle avait tout de même reconnu la Femme Alpha. Ou plutôt... l'ex-Femme Alpha ?
Il lui est arrivé quelque chose.
Cela se voyait facilement. Une de ses jambes avait déclaré son indépendance et, depuis son ventre crevé, ses viscères dessinaient un chemin sinueux jusqu'à sa meurtrière.

- Pour que... je survive...

Yggdrasia raffermit aussitôt son contrôle sur elle. Le regard de la demi-pyrône se voila. Elle chancela sur deux pas avant de reprendre une démarche moins gauche, plus mécanique.
Une nouvelle prédatrice ? Elle est immense !
Telle une parodie de photosynthèse, la dryade absorbait continuellement les peurs de la fermière. La tâche n'était pas simple. En fait, elle était si douloureuse et complexe que l'esprit de sa protégée rejetait une bonne partie de son anesthésiant mystique.
Le lierre meurt où il s'accroche. Je ne pourrai pas tenir bien longtemps...
La grande chose était accompagnée. Et c'était justement sa partenaire qui tirait les ficelles de Madame Noël.
Ficelles qui cédèrent dans un claquement, faisant choir la mercenaire dans ce liquide étrange et décoloré.

- Oh ! Madame Noël est tombée...

Tandis que la Comtesse de Lumière et sa fille prénommée Cruelle se présentaient à elle, la Fleur des Champs s'en alla d'elle-même soutenir son alliée. Tout en gardant un œil sur son entourage, Yggdrasia l'aida dans son projet. Les bras chauds et menus de Marisa se garnirent de racines et de fleurs. Redressée sur ses genoux inertes, Madame Noël cessa de boire la tasse.

- On dirait une... grosse poupée.

Le rire ne figurait plus dans son répertoire émotionnel. Elle n'avait fait que dire ce qu'elle pensait. Une pensée innocente. A l'instar de celle d'une jeune fille sans défense.
Yggdrasia, en parallèle, comprit rapidement ce que le dialogue des deux complices impliquait.
La Femme Alpha n'avait-elle pas parlé d'un pacte qu'elle avait passé pour préserver la vie de son héritière au titre ?
Un sacrifice de chair, de sang et... d'âme.
La partie semblait plutôt bien engagée quand la Comtesse Lumière manifesta son envie de goûter à l'excédent de vitalité de sa protégée. Elle bascula complètement lorsque Cruelle capta la raison de sa résilience.
Recule-toi !
Sans émotion aucune, Marisa s'exécuta. Les racines de la dryade se détachèrent de ses bras, formant autour d'elle de menaçantes pattes à l'apparence insectoïde. Comtesse Lumière ne parut pas dérangée par cette manifestation boisée. Elle renonça tout de même à dévorer les flammes de la fermière. Mieux encore : elle disait, avec le concours de Cruelle, vouloir l'aider à s'échapper de cet antimonde. Pour cela, il allait lui falloir suivre les bras.

- La lumière, souffla Marisa comme hypnotisée. Toutes ces lumières qui brûlent dans vos lanternes...

Marisa avait levé la tête pour les contempler. Il devait bien y en avoir une dizaine d'accrochée autour de cette large robe. S'y perdre lui permettait de se calmer un peu. Mais cela n'allait pas durer puisque la Comtesse Lumière et sa fille comptaient se retirer avant l'arrivée du baron Kowaï.
La mercenaire nous avait mis en garde à son sujet.
Ce chuchotement mental arracha Marisa à sa torpeur.
On lui avait demandé de se reposer sous le toit de cette chaumière morte. Pourtant, il y avait bien plus urgent. Comme par exemple...
La voix de Marisa se fit plus claire :

- Attendez.

Yggdrasia ne chercha point à la museler. La chevelure de Marisa s'était mise à flamboyer. Excitées, les flammes donnaient l'impression de danser sur sa tête. Leur couleur tâchait de orange le noir et le blanc de la mère comme de sa fille qui s'apprêtaient à partir.

- Comment dois-je faire pour la ramener ?

Elle avait tourné son regard vers Madame Noël.
N'avait-elle pas plongé dans ce cauchemar pour la retrouver ?
Oui, mais la colosse avait perdu quelque chose de crucial en chemin : sa conscience.

- Je ne peux pas quitter.... cet endroit sans elle.

La Femme Alpha avait conclu un marché pour la sauver ?
Marisa, au grand dam d'Yggdrasia, était prête à surenchérir :

- Aidez-moi à la guérir... et je vous donnerai de mon feu.

C'est du suicide ! s'insurgea mentalement la dryade.
La demi-pyrône ne répondit pas. Au lieu de ça, elle fendit l'air d'un large mouvement de bras.
Les pattes conçues par Yggdrasia tombèrent en cendres.
Tu ne te rends pas compte de ce que tu es en train de faire, Pyra !
Au contraire. La Fleur des Camps était résolue. Son regard brûlait d'une froide détermination.
La folie, elle, avait foutu le camp.