The Multiversity

Themyscira, ou encore appelée « l’Île du Paradis », ou « Paradise Island » en anglais, était une petite île située en Méditerranée, aux larges de la Grèce. La légende disait que les Amazones étaient la réincarnation des femmes tuées par les hommes, qu’elles avaient été façonnées sur la base d’argile par les mains de la Déesse Hestia, et avaient ensuite reçu vie de la part des Déesses Hestia, Aphrodite, Déméter, Athéna, Artémis, et Héra. L’Histoire mythologique des Amazones était nimbée de contradictions et de messages erronés. À une époque où la Grèce antique méprisait les femmes, les chroniqueurs de l’époque avaient naturellement modifié leurs plumes en tenant compte des préjugés sexistes de l’époque. L’une des Amazones les plus connues était la Reine Penthésilée, la dernière Reine amazone mentionnée dans les chroniques avant Hippolyte. Elle avait été tuée par Achille lors de la Guerre de Troie. Suite à la mort de Penthésilée, Hippolyte devint Reine des Amazones.

« Tu as rencontré Mère, Héraclès, tu t’en souviens ? Pour tes travaux, tu devais récupérer sa ceinture dorée. Une ceinture magique qui fut donnée à Mère par le roi des Dieux, Zeus. Selon la version la plus couramment admise, tu as tué ma mère pour t’emparer de la ceinture sous l’influence d’Héra. »

L’évocation de ce nom irrita la femme à qui Diana relatait l’histoire de son peuple. Cela, elle le vit dans son regard. Mais elle passa outre.

« J’ai moi aussi cru à cette fable… Elle était parfaite pour les auteurs de l’époque. Une Déesse jalouse et stupide qui, malgré tout ce qu’elle fait, se fait sans cesse humiliée et rabrouée par son mari. Tu as tué ma mère, et Zeus l’a ramené à la vie. Mère n’a jamais pu me donner sa version des faits, car elle ne s’en souvenait plus. La vérité, je l’ai eu récemment, de la bouche d’Héra. »

Suite à l’Olympomachie, Héra avait ramené Héraclès à la vie. Diana avait été là quand elle avait vu la chute de l’Olympe, le sacrifice de Wismerhill, et la chute de Chaos. Zeus s’était sacrifié pour offrir à Wismerhill l’énergie nécessaire pour qu’il pourfende Chaos. Le sacrifice de Wismerhill avait permis de sceller Chaos, libérant de ce fait Héraclès, dont le corps sans vie était retombé au sol. Celui-ci ayant des propriétés divines, Héra l’avait ressuscité, tout comme elle avait ressuscité la Déesse Sha. Cependant, Héraclès était revenu à la vie… Sous une forme différente. C’était désormais une femme. Héra avait décidé de l’amener à Themyscira en attendant qu’il se rétablisse, et en se disant que, s’il voyait Héra, il risquait de l’attaquer… Ou, plutôt, « elle ».

Héraclès avait émergé plusieurs jours après, mais avec de grosses amnésies. Diana s’efforçait donc de lui dire ce qu’elle savait.

« La vérité, c’est que tu as tué ma mère parce que tu étais maudit… Maudite, pardonne-moi. Les Olympiens ont ramené Hippolyte à la vie, ainsi que les autres Amazones que tu avais tué, et ont fini par nous protéger du monde des hommes. Ta venue inquiète légitimement mes sœurs, même si tu n’as plus en toi l’essence de Chaos. Les Douze Travaux que tu as faits visaient à ce que tu réunisses des artefacts divers pour sceller en toi l’âme de Chaos. Ce plan a marché… Jusqu’à ce que la Boîte de Pandore ne finisse par s’ouvrir. »

Le récit de Diana pouvait être très confus pour Héraclès. Pour l’heure, la femme n’était pas encore sortie de sa chambre. Quand elle avait essayé de marcher, elle était tombée au sol. Il fallait encore qu’elle se repose, qu’elle reprenne des forces, et, surtout, qu’elle se fasse à son nouveau corps.

Le réveil d’Héraclès ne s’était pas fait sans surprise. Lui, le fier guerrier à la virilité imposante, était devenu une femme. Passée la surprise, Diana avait donc commencé à tout lui expliquer. Elle lui avait dit qu’il était dans le coma depuis maintenant une bonne semaine… Ou plutôt, elle. Il fallait s’y faire : Héraclès était désormais une femme. Elle avait donc commencé en rappelant à Héraclès des faits généraux que sa mémoire n’avait pas encore oublié : ses accès de folie, et le fait qu’il avait tué Hippolyte, puis ses enfants. Mais elle allait aussi lui dire la vérité que Zeus et Héra avaient toujours refusé de lui dire. Pour lui qui était originaire de la Grèce antique, et qui avait baigné dans cette culture machiste, se transformer en femme devait être particulièrement infamant.

« Tu es ici, et tu es ainsi, parce que Héra t’a accordé sa grâce, parce qu’elle a estimé que les Amazones de Themiscyra étaient les plus à même de t’aider à t’adapter à ton nouveau corps… Et on m’a également demandé de tout te dire, ce que je fais donc. »

Suite à cela, Diana avait commencé ses explications, mais, avant d’aborder le cœur du sujet, elle devait aborder le contexte.

« Chaos est pour ainsi dire l’ancêtre commun du panthéon olympien, ton ancêtre. Éros, Gaïa, Ouranos, Érèbe, Nyx, Éther… Ces divinités primordiales sont nées à partir de Chaos. Si Chaos peut prendre une forme humaine, sous sa forme originelle, il était impalpable, une sorte d’énergie chaotique à partir de laquelle les premières divinités ont été moulées. Ce que je sais désormais, c’est qu’il y avait en Chaos quelque chose de mortel, de dangereux, de… De corrompu. J’en ignore encore précisément les détails, mais tout porte à croire que l’entité éthérée que fut Chaos avait été contaminée par d’autres dieux, aussi anciens que lui, et plus sombres encore… Les Dieux Extérieurs. »

Shub-Niggurath, Nyarlathotep, Ubbo-Sathla, Yog-Sothoth, Azathoth… Des noms sinistres pour désigner les ennemis éternels du panthéon, les maîtres des Grands Anciens.

« Pour ce que nous en savons, les Divinités Primordiales ont hérité de l’essence de Chaos… Gaïa fut la première à être conçue, et façonna ensuite les Divinités Primordiales. Parmi celles-ci, on trouve Ouranos, la divinité primordiale lié au Ciel et à la pluie. Tu te souviens sûrement des contes de Hésiode qu’on te disait étant enfant sur Ouranos ? »

Hésiode racontait que Ouranos avait scellé ses enfants en lui, dans la terre de Gaïa, et que Gaïa avait aidé ses enfants à se libérer. Son histoire expliquait comment Cronos, à l’aide d’une faucille, émascula Ouranos, lui arrachant ses testicules pour les jeter à terre. Selon Hésiode et les conteurs grecs, cette métaphore symbolisait la séparation définitive du Ciel et de la Terre.

« Au-delà du conte et de la parabole, Ouranos et Gaïa enfantèrent les Titans. Rétrospectivement, tout laisse à penser que, d’une manière ou d’une autre, Ouranos a hérité de l’essence vitale de Chaos, et que cela l’a corrompu. Chaos avait de toute évidence envisagé de diluer cette essence en se séparant en plusieurs divinités primordiales. Ouranos a répété cette opération en fondant les Titans, et Cronos a hérité de ce maléfice. J’ignore à ce stade si c’est héréditaire, ou si Cronos le récupéra en le tuant. Quoi qu’il en soit, Cronos sombra ensuite dans la même folie que son père, et condamna ses propres enfants, les Dieux olympiens, à subir le même rituel que lui et les autres Titans avaient vécu. Je pense qu’à partir de là, tu visualises le chemin qui mène à toi, Héraclès. Le rituel de Cronos a conduit à ce que Zeus hérité de ce maléfice, et à ce qu’il tue lui-même Cronos. C’est à ce stade que Héra intervient. »

Diana se releva pour continuer son récit. Elle se rapprocha de la fenêtre, observant l’horizon, bras croisés.

« On m’a dit à ma naissance que j’ai été façonnée dans l’argile… Une belle histoire pour enfants. Je suis ta demi-sœur, Héraclès, mais cela, tu le sais. On dit aussi que Pandore a été façonnée dans de l’argile, mais c’est faux. Pandore était une fillette qui a été utilisée dans le cadre d’un rituel. Zeus voulait se purger de l’essence de Chaos. Pour cela, Héra a développé le rituel réalisé par Gaïa en extrayant l’essence de Chaos de l’âme de Zeus pour la sceller dans une boîte. Cette essence serait enfermée dans l’âme d’une innocente, Pandore. Six Dieux ont utilisé des éclats de leur propre essence vitale pour cela… Héphaïstos, Athéna, Aphrodite, Apollon, Hermès… Et Héra. Six Éclats d’Âme scellant la Boîte, et scellant à l’intérieur l’âme de Pandore, abritant l’essence de Chaos. »

On pouvait sentir l’amertume de Diana. La mythologie recelait de contes atroces perpétrés par les Dieux. Sacrifier l’âme d’un enfant en faisait partie, et ne faisait guère partie des valeurs de Wonder Woman. La demi-déesse se retourna ensuite vers Héraclès.

« Mais cela n’a pas suffi… Ou peut-être que la culpabilité de Zeus était trop forte, si tant est qu’il ait jamais pu en ressentir. Si son âme avait été nettoyée, il sentait encore en lui l’essence de Chaos. C’est là que lui et Héra ont conçu leur fable… Zeus multiplierait les relations adultérines, et Héra se chargerait ensuite de vérifier si ses enfants étaient contaminés ou non. Héra accepta le rôle qui lui fut donné, celle d’être une épouse acariâtre et jalouse dont les Grecs pourraient se moquer… Peut-être était-ce le prix qu’elle avait accepté de payer pour sacrifier Pandore. En tout cas, cela lui semblait préférable que d’admettre que les Dieux puissent être faillibles. Leur objectif était de purger les restes de Chaos en les scellant dans les enfants de Zeus… Parmi tous les enfants de Zeus, c’est toi, Héraclès, qui as hérité de cette malédiction. Tu devais mourir des serpents d’Héra, mais tu as réussi à les tuer. Depuis ce jour, Héra et Zeus pensaient que tu étais un enfant sain… Jusqu’à ce que tu provoques la mort de ton épouse et de tes enfants. »

La folie d’Héraclès, un épisode terrible de la vie du héros, qui, sous un accès de démence attribué à Héra, tua Mégara et leurs enfants.

« Quand Eurystrée t’a confié les Douze Travaux pour te purger, on t’a dit que Héra avait été responsable de ce crime… Mais c’est plus compliqué que cela. C’était l’essence de Chaos en toi qui t’avait fait perdre la raison. Tu étais revenue de la guerre contre les Minyens, et ton père adoptif, Amphitryon, était mort. Il est probable que la violence de la guerre, et ta culpabilité vis-à-vis de la mort du roi Amphitryon, t’aient conduit à laisser Chaos s’emparer de toi. »

En disant cela, Diana s’était rapprochée d’Héraclès, et lui attrapa la main.

« Tu n’étais pas responsable, Héraclès… En te ramenant à la vie, Héra a pu reconstituer tes souvenirs manquants. Nous avons pu voir ce qui s’était vraiment passé le jour où ta famille est morte. Ces souvenirs, je pourrais te les montrer quand tu te sentiras prête, mais ils te permettront de clarifier une chose… La créature qui a tué ta famille, ce n’était pas toi, ton corps était possédé. »

Diana avait beaucoup parlé, alors elle se tut assez longtemps. Héraclès devait digérer tout cela. Elle avait conscience que cela faisait beaucoup. Elle-même avait encore du mal à croire à toute cette histoire, et aux implications que les révélations de ces derniers jours impliquaient. Elle comprenait en tout cas parfaitement l’inimitié de Héraclès vis-à-vis de Héra. Elle-même en avait fait les frais, quand Héra avait changé Hippolyte en pierre, ou transformé les Amazones en serpents. Même en tenant compte de ce contexte sinistre, il était difficile de ne pas voir la cruauté d’Héra, son intransigeance. Ce qui avait été fait concernant Pandore lui apparaissait comme le péché originel des Dieux olympiens, une faute morale qui avait entaché leur pureté divine. Un vice qui avait corrompu continuellement ces derniers, jusqu’à arriver à la seconde partie de son histoire.

Héraclès n’était pas encore prête à voir ce qui s’était passé. Diana estimait pourtant que, aussi dure que soit cette vision, elle lui permettrait de comprendre ce qui lui était arrivé. Pour autant, elle respectait son choix, et, quand Héraclès lui demanda ce qu’elle avait encore fait, Diana se pinça les lèvres brièvement.

« Pour faire simple… Disons que Chaos s’est réincarné en toi et a failli détruire la réalité. »

Un résumé un peu abrupt, qui amena Diana à faire des précisions. Elle s’assit pour cela sur une chaise.

« Héra et Zeus partageaient bien plus de choses que ce que l’on pensait, Héraclès. Quand tes enfants sont morts, ils ont commencé à se demander si le rituel de la Boîte de Pandore était aussi efficace que cela. Zeus s’est rapproché d’une Déesse liée à la magie, la Déesse Sha, qui s’est rendue en Olympe en compagnie d’une de ses sorcières, Mélisandre Swann, pour t’examiner toi, et voir d’où venait ta folie. Héra, de son côté, s’est rapprochée d’un magicien. Elle a été voir Marten Largecape, le magicien de l’Eld, un royaume de Terra. »

Diana se racla la gorge, avant de poursuivre.

« Largecape a convaincu Héra que la Déesse Sha manipulait Zeus. Cette Déesse était jadis liée à un Dieu Noir, Tzeentch. La théorie avancée par Largecape était que Sha était responsable d’affaiblir le rituel. Fidèle à elle-même, Héra a cru les paroles de ce magicien, et a banni Sha et sa sorcière, Mélisandre. Ce faisant, elle a aussi banni la seule personne qui pouvait empêcher la suite… Car Marten Largecape était tout, sauf un personnage fiable. Dès le jour où Héra a banni Sha, elle a compris son erreur. Largecape était un traître, servant les intérêts des Grands Anciens, et a brisé la Boîte de Pandore. En l’ouvrant, les Maux de Pandore se sont répandus. Tout ce que Héra a pu faire fut de se sacrifier pour générer un bouclier qui a retenu les Maux au sein de l’Olympe, contaminant la plupart des Dieux qui y étaient présents. »

Revenant ensuite au sujet principal, Diana poursuivit :

« Toi, tu étais là quand les Maux de Pandore sont sortis. Après tes Travaux, tu as rejoint l’Olympe. C’est Hébé qui s’occupait de toi. Héra étant à ce moment hors de l’Olympe, il a fallu que d’autres divinités me disent ce qui était advenu de toi. Hébé s’occupait de toi, et je suppose que tu étais toujours affligé par la mort de ta famille. Il semble que certaines parties de l’Olympe étaient protégées de l’influence des Maux. Quoi qu’il en soit, au bout d’un moment, Zeus a fini par se convaincre que l’humanité représentait une menace, et a déployé ses armées pour envahir Terra et la Terre. Tu t’es retrouvé impliquée dans ce conflit. »

Elle lui précisa que, pour cela, Zeus s’était rapproché des Moires, afin qu’elles ramènent à la vie d’anciens héros grecs.

« Tu as affronté Athéna dans son Sanctuaire en Grèce. Puis, tu es revenu en Olympe, où tu as affronté Superman. Lors de ces combats, sous l’influence des Maux de Pandore, l’âme de Chaos en toi a commencé à émerger. Zeus t’a ensuite plongé dans le coma, et, malgré les efforts d’Hébé, Chaos s’est pleinement emparé de toi. Je t’épargne les détails, mais, entre-temps, nous avons réussi à réunir les différents Éclats permettant de reforger la Boîte de Pandore, et nous avons également retrouvé Héra. Il y a eu un combat final qui a dévasté l’Olympe, d’abord contre Zeus, qui détenait un Éclat, puis contre Chaos. Tout espoir semblait perdu, quand un homme, Wismerhill, portant en lui l’Éclat de Pandore, a porté un coup fatal à Chaos. Son épée a été infusée par l’énergie de Zeus, et a permis de sceller Chaos. Quand ce coup a été porté, ton corps a été séparé de Chaos, mais tu étais mort. »

Diana avait quasiment fini.

« L’âme de Pandore a enfin pu s’échapper de sa prison. Chaos a aussi tué Sha pendant la bataille. Héra a usé de sa magie pour ramener Sha parmi nous, puis a utilisé également sa magie pour te ressusciter, toi. Zeus s’est de son côté sacrifié. Nous avons également perdu Arès, Poséidon, Hadès, et Apollon. Je suppose qu’ils vont se réincarner, mais, le temps que cela se fasse, l’Olympe n’est plus qu’un champ de ruines. »

Diana soupira lentement. Il y avait d’autres choses qu’elle aurait pu évoquer… Comme le fait que, lors de ce conflit, Artémis avait été possédée par Nyx, ce qui faisait que les Amazones de Terra étaient en pleine crise interne… Ou encore que, avec la mort de Hadès, la Porte du Tartare était ouverte, et que Typhon menaçait d’en sortir, ou qu’Hypérion s’était déjà enfui à hauteur de Papua.

« L’Olympe n’ayant plus de souverain, Héra a fondé un Conseil chargé d’administrer l’Olympe, et comprenant des représentants de plusieurs panthéons religieux. Maintenant, pour aborder le point de ton changement de sexe… Héra a choisi de faire de toi une femme en te ressuscitant. J’ai jugé préférable que tu te réveilles ici, à Themiscyra, plutôt que devant elle. Sache que je ne cherche pas à dédouaner Héra de ses méfaits. La Mère de l’Olympe a commis de nombreuses erreurs, et mon intention n’est pas de t’amener à sympathiser avec elle. »

Wonder Woman se releva enfin, et s’assit sur le lit, à côté d’Héraclès.

« Tes enfants… Créontiadès, Thérimaque et Déicoon… Héra a récupéré leurs âmes. Il t’est possible de les ramener à la vie, Héraclès. Quand tu es mort en Olympe, Mégara était là. Elle faisait partie des personnes que Zeus avait ramené à la vie. Elle a mêlé son âme à la tienne. »

Diana lui sourit alors, et caressa le visage d’Héraclès, glissant ses doigts sur ses cheveux. Elle lui présenta ensuite un miroir.

« Je ne sais pas si tu l’as déjà fait, mais tu as ses yeux, Héraclès… Ceux de Mégara. Les enfants que tu porteras avec ce nouveau corps seront des réincarnations de tes Chalkoarai. »

Elle se tut ensuite.

« Voilà pour les explications… Dans les grandes lignes. Il ne reste plus aucune trace de Chaos en toi. La seule âme qui l’a remplacé est celle de Mégara. Peut-être l’entendras-tu dans tes rêves, je t’avoue que je ne sais pas trop comment ce genre de choses fonctionnent. Je parle d’Héra, mais ce n’est même pas vraiment elle qui a réalisé ce rituel. L’Olympe est un champ de ruines, mais nous avons reçu des alliés inattendus. C’est un certain Fulron qui a lié l’âme de Mégara à la tienne, et qui s’est assuré que tes futurs enfants seront des réincarnations de tes anciens enfants. »

Diana ne rentra pas trop dans les explications techniques. Le fait est que Fulron avait, à sa manière, répété le rite de Pandore. Quand l’âme de Chaos avait été extraite du corps d’Héraclès, le vide qui s’y était trouvé aurait immanquablement continué à ouvrir une brèche permettant à Chaos de revenir. Mégara avait alors proposé de lier son âme à celle d’Héraclès. Leurs deux âmes s’étaient liées, ce dont Héraclès prit conscience en observant la couleur de ses yeux. Diana sourit ensuite distraitement en voyant ses yeux s’embuer. Elle eut la pudeur de ne rien dire, tout en sachant que, dans ses rêves, Héraclès risquait de croiser Mégara. Elle ne chercha pas non plus à lui dire de ne pas s’en vouloir. Héraclès n’était pas responsable de ce qu’elle avait fait. Elle la remercia, et le sourire de Diana se fit plus franc.

« Si on m’avait dit un jour que je ferai preuve de compassion à l’encontre du grand Héraclès… Enfin, de la grande Héraclès, maintenant… »

Évoquant ses attributs féminins, Héraclès les soupesa, tout en se demandant comment les femmes faisaient pour se battre.

« Eh bien… Si on en croit les historiens antiques, on se coupait le sein pour se battre… Moi, tu vois, je me demande comment les hommes font pour marcher avec leur sexe qui pendouille. Je veux dire, ça doit frotter et gêner au niveau des cuisses, non ? »

Certaines choses ne s’expliquaient pas. Ceci étant dit, maintenant que Héraclès qu’elle avait des soins, sans doute allait-elle aussi réaliser qu’elle avait perdu ses attributs masculins. Elle avait en effet une chatte. L’écarquillement des yeux de Héraclès, tranchant avec tout ce que Diana avait dit, ne put que faire rire l’Amazone.

« Si tu voyais ta tête, Héraclès… Enfin, tu comprends sans doute mieux pourquoi tu es ici, chez les Amazones. Je t’imagine mal te reconvertir en agent d’assurances, donc nous sommes là pour t’aider à retrouver tes repaires, et à te battre avec ton nouveau corps. »

Quoi de mieux que des Amazones pour apprendre à se battre, en effet ?

« En tout cas, on dirait que tu aimes bien tripoter tes seins… Je dois reconnaître qu’ils font honneur à ta musculature. Pour le reste, je pense que tu es capable de revenir à ce que tu étais avant… Voire davantage. Les femmes peuvent être de rudes guerrières, tu sais. »