The Multiversity

Il y a plusieurs années

Trop tard ! Trop tard ! C’était un désastre, une catastrophe dont Éléonore peinait elle-même à en mesurer encore les conséquences. Elle en avait le vertige. Les drapeaux mijakiens flottaient sur les remparts dévastés de la légendaire Gilead, la capitale des Eldois, la demeure des légendaires pistoleros, ces guerriers futuristes équipés d’armes à feu sacrées qui, pendant des siècles, avaient défendu Terra. Aujourd’hui, il n’en restait plus rien, rien d’autre qu’une grandiose cité dévastée. Partout, les cités eldoises étaient tombées. Des charniers géants avaient été réalisés, et les cadavres gisaient à perte de vue, les soldats capturés ayant été crucifiés et torturés par des Orcs et des soldats mijakiens. Éléonore ne pouvait croire que Hagendorf, l’Empereur de Mijak, avait trahi à ce point sa parole. Parmi les tueurs qui s’aventuraient dans les ruines de la ville pour abattre les ultimes survivants, on trouvait, outre des soldats mijakiens, les redoutables Commandeurs Écarlates. Ces guerriers en armure rouge intégrale servaient un ordre militaire mijakien dirigé par l’un des enfants de Hagendorf, celui qui était pressenti pour être son héritier naturel, le Prince Parsifal.

Pour s’emparer de Gilead, l’Empire avait déployé une puissante armée, avec de terribles Leviathans, des monstres de guerre immenses dont les puissantes défenses permettaient de perforer bien des portes. Ensuite, ils avaient déferlé dans la ville. En cas d’attaque, les Eldois se réfugiaient dans des halls souterrains situés dans cette ville. La terrible odeur de soufre et de chair calcinée qui ressortait des égouts signifiait que les Eldois étaient tombés dans un piège terrible, et que les civils avaient été brûlés vifs.

*C’est un cauchemar…*

Éléonore avait entrepris ce long voyage depuis Elden pour retrouver l’héritier d’Arthur Eld, le Roi légendaire qui avait défié et triomphé jadis des Grands Anciens. Leur sang si particulier était l’ingrédient dont la sorcière Ranni avait besoin pour lutter contre la malepeste. En rejoignant la ville, Éléonore cherchait des survivants, et ses pas l’approchèrent d’une maison éventrée où des maraudeurs examinaient une carcasse métallique.

« C’est un automate, j’te dis ! Il était sur le mur principal quand il a explosé ! Il a été soufflé !
- Non, non, il y a un homme là-dessous, j’ai vu une tête bien humaine !
- Alors, comment tu expliques qu’on arrive pas à l’ouvrir ? »

En se rapprochant, Éléonore fit suffisamment der bruit pour que les deux bandits se retournent. Elle n’eut qu’à tendre la main, et Snape, son basilic, jaillit alors, puis frappa l’un des hommes à la gorge, plantant ses crocs dedans. L’autre écarquilla les yeux en paniquant, mais, avant qu’il ne puisse hurler, Éléonore bondit sur lui, et déploya ses griffes, puis l’égorgea à son tour.

« Shhhtt… N’attirez pas vos collègues, et mourez bien gentiment. »

Elle se pencha ensuite vers l’homme. Il était passé par un toit, s’écrasant sur la table de salle à manger. Éléonore caressa de la main son armure noire, la trouvant… Étonnante. Son casque arrondi était surprenant. Éléonore réfléchit un peu, cherchant comment ouvrir cette armure, et se redressa ensuite. Elle hésita un peu, puis projeta sur l’armure des arcs électriques avec ses doigts, rechargeant sans y penser les batteries du robot qui se tenait là…

=== Mode économie d’énergie. En attente de charge solaire ===


=== Reboot en cours. Charge suffisante... 20%... ===

*J’ai déjà été à Gilead… La plus magnifique de toutes les villes, même devant Lumen. Quelle horreur… Comment est-ce possible ?*

Voir l’état actuel de cette cité millénaire, qui avait survécu à bien des invasions, à bien des épidémies, était un crève-cœur. C’était la première ville édifiée par les hommes. La légende disait qu’Arthur le Jeune, le deuxième Roi de l’Eld, avait conçu la ville ici, autour du mausolée du légendaire roi fondateur de l’Eld, Arthur l’Ancien, ou Arthur I^er, père d’Arthur II, dit « le Jeune ». Là où le père avait été un guerrier ayant combattu les engeances eldrichtiennes à travers tout Terra et amené la paix, son fils avait apporté la prospérité en bâtissant des cités millénaires comme Gilead, et en instaurant des traités économiques qui avaient permis l’essor de Lumen. Gilead avait été un carrefour commercial, idéalement placé dans les montagnes au centre de Terra. Il n’en restait plus que des ruines. Ses citadelles célestes, ses monuments à la gloire des anciens Rois, ses colonnes de marbre et ses arcades s’élevant en brillant quand elles réfléchissaient la lumière du soleil. Éléonore avait été émerveillée en voyant cette ville.

Elle essayait de ne pas penser à tout cela tandis que l’homme face à elle émergea. L’homme… L’automate, plutôt. Éléonore avait voyagé au-delà de Terra, elle connaissait les Portails dimensionnels, qui utilisaient les Rayons pour aller d’un Monde-Cœur à l’autre. Tous les Rayons se regroupaient à Terra. L’androïde ne venait certainement pas de Terra, Éléonore aurait pu en juger. Son alliage ne ressemblait en rien à ce que les nains faisaient, et elle pensa à un voyageur venant de Megapolis, probablement sur demande des pistoleros pour les soutenir.

« Bonjour, androïde. Je m’appelle Éléonore Elden, je viens du royaume d’Elden, un allié de l’Eld. »

Un allié très proche, même, comme en témoignaient leurs proches noms.

« J’étais venue ici pour demander l’aide du roi Steven Deschain. Je ne m’attendais pas à ce que les Mijakiens violent les discussions de paix pour envahir l’Eld, c’est un désastre… Et toi, androïde, qui es-tu ? Tu viens de Megapolis ? »

Dans ce chaos ambiant, ils n’allaient pas être tranquilles longtemps, mais Éléonore devait tout de même s’assurer que cet androïde ne soit pas son ennemi…

Un X-1000… Cela ne disait absolument rien à Éléonore. Il indiqua toutefois ne pas venir de Megapolis, mais de la Terre, d’un futur alternatif. Un voyageur temporel… La chose n’était pas impossible. Éléonore en avait déjà entendu parler. Elle savait toutefois qu’un voyage temporel stricto sensu n’existait pas. En voyageant dans le temps, on créait une nouvelle temporalité. Autrement dit, X-1000 avait cherché à fuir quelque chose, ou à accomplir quelque chose qui ne pouvait plus être accompli dans sa temporalité. Il lui indiqua qu’il était venu pour défendre le royaume de l’Eld.

*J’espère que son but n’était pas de protéger l’Eld…*

Éléonore avait envie de lui poser beaucoup de questions, mais ils n’étaient pas vraiment en situation idéale pour se lancer dans des explications. Des dragons noirs survolaient encore la zone, et la ville était passée sous le contrôle de pillards et de Mijakiens. X-1000 proposa de se rendre vers le Palais Royal. La femme acquiesça distraitement.

« Je ne suis pas sûre qu’il y ait des survivants, mais peut-être trouverons-nous des pistes… »

Le duo se mit donc en marche. Éléonore rejoignit une ouverture qui donnait sur une ruelle, et grimaça en voyant des cadavres qui jonchaient le sol. Ils n’avaient fait aucun survivant, abattant soldats, civils, femmes comme hommes. La ruelle donnait sur une rue assez grande, normalement animée. Il y avait des marchands, des charrettes, des enfants qui dansaient. Une vision idyllique transformée en scène d’horreur absolue. Des Orcs se tenaient là, tandis que des corps massacrés avaient été torturés, scarifiés, massacrés. On les avait accrochés à leurs fenêtres, les pendant par leurs tripes. La cruauté dans toute sa barbarie. Les Orcs se retournèrent vers les deux protagonistes. Éléonore concentra sa magie, ses magnifiques ongles se transformant en griffes acérées.

Un Orc rugit en les voyant, brandissant un doigt vers eux en levant sa masse. Éléonore bondit en avant. Elle sauta en l’air, et égorgea l’Orc, jouant sur la rapidité. Son proche voisin rugit furieusement, et projeta sa masse vers elle. Éléonore était puissante, mais pas assez pour résister à un tel coup qu’elle esquiva donc en bondissant en arrière, puis généra avec sa magie des pics qui fusèrent vers l’Orc. Les pics heurtèrent son armure, le faisant reculer. D’autres maraudeurs se rapprochaient, des humains armés d’épées, des pillards classiques qui avaient dû rejoindre la horde de Mijak.

« Vous allez payer pour ce que vous avez fait, monstres ! »

Éléonore ne pourrait jamais rendre justice… Mais elle pouvait au moins tuer quelques-uns de ces monstres !

Quand l’androïde demanda à Éléonore si elle avait besoin d’aide, celle-ci grogna un « Oui » sec et expéditif. Les membres de sa famille étaient tous de noble extraction, et, contrairement à bien des aristocrates, ils savaient tous se battre, et utiliser la magie et leurs performances génétiques. Éléonore avait tiré la carte du vampirisme, et cela en faisait une combattante redoutable. L’Orc face à elle leva son gourdin, et tenta de fracasser le crâne d’Éléonore avec. Elle esquiva l’attaque, et porta ses griffes à la gorge de l’Orc, heurtant son armure. L’Orc réagit en frappant Éléonore au visage avec son poing, pour l’écarter. Celle-ci se déplaça ensuite rapidement dans son dos en se transformant en chauve-souris, puis reprit forme. Ses griffes lacérèrent encore l’armure de l’Orc. Depuis un toit, un archer décocha alors une flèche qui se planta dans le dos d’Éléonore. La Comtesse gémit de douleur en sentant le sang jaillir de ses lèvres.

La détonation de X-1000 surprit alors les bandits. Ils fixèrent l’androïde, et, quand il les interrogea, ils se mirent à hurler de rage.

« Un pistolero !!
- Tuez-le ! Le Maître nous récompensera pour ça ! »

Ils coururent alors, tandis que des arbalétriers et des archers tirèrent sur X-1000. Les maraudeurs utilisaient aussi des sortilèges magiques élémentaires. Éléonore attrapa la flèche, et grogna en usant de ses griffes et de sa force pour arracher la flèche de sa peau. La pointe fit couler son sang, mais sa constitution vampirique allait rapidement lui permettre de cicatriser. Face à elle, l’Orc s’était retourné, et brandit son gourdin. La vampire bondit entre ses grosses jambes, et le gourdin heurta violemment le sol. Elle lacéra ensuite les genoux de l’Orc, coupant ses tendons. Il grogna en tombant au sol. L’archer qui avait atteint Éléonore décocha une nouvelle flèche. Les yeux d’Éléonore avaient viré au rouge, tandis qu’elle utilisait ses pouvoirs vampiriques pour amplifier ses sens. Elle vit ainsi le temps se dilater autour d’elle, la flèche fonçant vers elle au ralenti… Et la saisit en plein vol, devant son œil.

Surpris, l’archer allait décocher une nouvelle flèche quand Éléonore grogna, et retourna la flèche. Elle l’enveloppa de traînées rouges, son propre san g, qu’elle utilisa pour projeter la flèche, qui heurta le crâne de l’archer. Il tomba en arrière. Éléonore souffla alors, et frappa avec ses griffes le cou de l’Orc, l’égorgeant.

La Comtesse se retourna alors vers X-1000, et vint l’aider à combattre les maraudeurs. Elle bondit en sautant dans le dos de l’un, ceintura ce dernier avec ses jambes, et régénéra son énergie sanguine en plantant ses crocs dans son cou. Elle ne fit pas dans la dentelle, découpant sa veine, et aspira le sang. L’homme se mit à hurler de douleur en essayant vainement de repousser la Comtesse. Elle finit par entendre un ennemi se rapprocher derrière elle avec une hache. La Comtesse relâcha le cou de l’homme, et bondit ensuite en arrière, faisant une roulade en l’air qui lui permit d’éviter la hache du bandit. Cette hache se nicha dans la nuque de sa précédente victime. Le temps que ce dernier réalise son erreur et déloge sa hache du corps de son allié, Éléonore lui ouvrit le ventre avec ses terribles griffes.

« On doit partir avant que des renforts n’arrivent ! »

Au beau milieu de cette ville assiégée, cette patrouille de rôdeurs n’était que du menu fretin face aux autres ennemis qui se trouvaient là, et Éléonore n’avait guère envie de les croiser…

Visiblement, l’androïde de combat avait plusieurs atouts à son arc. Elle constata que, outre être un guerrier aguerri disposant d’armes futuristes, il pouvait aussi changer de forme. Cela évoquait à Éléonore les Slimes. Elle était du coup curieuse d’en savoir plus sur ce robot de combat, et sur l’étendue de ses facultés. Il se métamorphosa sur sa demande en cheval, et Éléonore le chevaucha donc. Sa peau argentée était froide et collante. Le cheval s’élança donc, tandis qu’un rugissement se fit entendre dans les airs. En tournant la tête, Éléonore vit un sinistre démon ailé qui les poursuivait. Il ressemblait à un croisement improbable entre un dragon et un démon. La créature fondit sur la rue, et vola vers Éléonore et X-1000. Le cheval bifurqua dans une ruelle à droite, évitant ainsi la charge du monstre. La ruelle donnait sur un escalier que le duo emprunta, descendant rapidement. Le long des toits les entourant, des roues enflammées filaient de toit en toit, incendiant les derniers. Éléonore reconnut des wanyūdō, ces yokai ressemblant à des roues de bois en feu.

Le monstre ailé les survolait encore, rugissant en l’air. La terrifiante bête continuait à les traquer, mais il lui était impossible de descendre dans cette petite rue. Il fallait en revanche éviter les morceaux de bois enflammés qui leur tombaient dessus. En bas des escaliers, une petite place circulaire se trouvait là, avec une statue ensanglantée. Les envahisseurs avaient empilé les cadavres autour de la statue. Des flèches fusèrent autour d’eux, émanant d’autres bandits.

« Attention ! »

X-1000 s’enfonça dans une rue pavée qui avait sans doute connu de meilleurs jours. On avait attaché des cadavres aux fenêtres, des traînées de sang jonchaient le sol, ainsi que des cadavres. Ils approchèrent d’un homme couché sur le dos, sa main tendue en avant, des gobelins dévorant son cadavre.

« Des fugitifs !
- Tuez-les ! »

Éléonore s’abaissa contre X-1000, évitant ainsi des flèches supplémentaires.

« Il faut se mettre à l’abri ! »

X-1000 galopa à vive allure, et le duo parvint finalement à s’enfuir en rejoignant une ruelle, puis l’androïde ouvrit ensuite une trappe au bas d’un mur qui donnait sur les égouts. Éléonore et lui passèrent, et refermèrent la trappe derrière eux. La vampire soupira ensuite lentement, soulagée d’avoir échappé à leurs poursuivants. X-1000 et elle étaient puissants, mais sans doute pas assez pour affronter toute une armée.

« Bien joué, X-1000, tu es une monture plutôt agréable. »

La Comtesse lui sourit doucement. En d’autres circonstances, elle aurait sans doute pu envisager plus, mais ses narines et ses sens vampiriques furent rapidement agressés par de vives odeurs. Les égouts eldois étaient assez développés, conçus par des ingénieurs nains. Éléonore ne tarda pas à voir que les eaux usées étaient inondées de sang et de cadavres qui flottaient dans les eaux usées. Elle grimaça devant ces litres de sang qui s’évacuaient, et ces nombreux cadavres qui flottaient à la surface. Hommes, femmes, enfants, vieillards, et même des enfants… Partout, la mort et la cruauté.

« Quelle horreur… Ils n’ont vraiment épargné personne. »

La jeune femme était clairement surprise. Les tueries à l’occasion de pogroms étaient classiques, mais les envahisseurs cherchaient généralement à faire des prisonniers, des esclaves… Mais pas ici. Aucun Eldois n’était épargné, et, en traversant la ville, Éléonore n’avait vu aucune cage, aucun enclos. C’était une tuerie systémique et totale, comme si les attaquants ne souhaitaient faire aucun survivant. Le duo remonta donc, suivant les cadavres, et remontant les rivières de sang pour se diriger vers le Palais. Éléonore était venu ici pour solliciter l’aide des Eldois afin de lutter contre la malepeste qui ravageait Elden, mais elle commençait à comprendre qu’il n’y aurait malheureusement aucune aide à obtenir du royaume légendaire. Comment était-ce possible ? Les Eldois disposaient de troupes, de remparts solides, leurs légendaires pistoleros étaient réputés pour leur efficacité…

Des grognements tirèrent Éléonore de ses pensées. Avec tous ces cadavres, la putréfaction des corps et la chair attiraient nécessairement des monstres. Le long d’une galerie, Éléonore vit ainsi des noyeurs qui arrachaient des morceaux de chair des corps, les dévorant. Reniflant l’odeur d’Éléonore, les noyeurs se redressèrent, et grognèrent en voyant le duo.

« Misérables saloperies… »

La vue de tous ces corps révulsait la jeune femme. Des monstres anthropophages à massacrer, voilà bien tout ce dont elle avait besoin !

X-1000 avait besoin qu’on recharge ses batteries. Éléonore sourit doucement en comprenant ce qu’il voulait.

« On dirait que nous sommes complémentaires, alors… Très bien. »

La Comtesse sourit doucement, puis déploya encore ses arcs électriques. Cela permit à X-1000 de déployer de puissants lance-flammes. Deux langues de feu envahirent l’égout, calcinant les noyeurs qui poussèrent des hurlements de douleur.

« Il n’y a plus vraiment de croyances applicables ici, j’en ai bien peur. »

Le feu repoussa les derniers noyeurs, qui préfèrent partir que demander leur reste. Éléonore se déplaça encore, et reprit la tête de leur duo. Ils s’aventurèrent donc dans les couloirs, voyant ici et là des filaments de sang venant des bouches d’égout. Éléonore s’arrêta en entendant des ennemis parler depuis la surface.

« Il y a encore des poches de résistance, ces pistoleros sont coriaces…
- On dit qu’il y a des putains de sorceleurs.
- N’oubliez pas que la priorité est de retrouver le Prince.
- Il est sûrement mort à l’heure qu’il est ! Moi, j’en profite pour m’en mettre plein les poches, ces salopards d’Eldois sont foutrement riches ! »

Le Prince… Éléonore se pinça les lèvres.

« Roland Deschain… Il serait encore en vie ? »

Cette nouvelle était sans doute celle qui était la plus rassurante qui soit ! Tout espoir n’était donc peut-être pas perdu… Le seul moyen d’en savoir plus était sans doute de trouver les résistants qui continuaient encore à se battre. Éléonore ne pensait pas qu’ils étaient au sein du Palais, celui-ci devait sûrement être sous la coupe réglée des Mijakiens. Le duo continua donc à se déplacer, jusqu’à rejoindre un escalier qui leur permit de rejoindre le sous-sol d’une maison. Éléonore ne tarda pas à sentir des groupes sanguins. On avait barricadé la maison de l’intérieur. Une trappe d’accès les mena au cellier d’une cuisine.

« Il y a des gens à l’étage… Pas assez nombreux pour être une bande. Je sens leurs battements cardiaques, ils sont paniqués… »

Sans doute avaient-ils enfin trouvé des survivants…

Un homme, un enfant, une femme, d’autres enfants… Des réfugiés paniqués. Des Eldois qui avaient survécu au massacre. Éléonore se présenta, et certains enfants reconnurent X-1000, ce qui acheva de calmer les choses. Tandis que X-1000 filait vers le grenier, Éléonore demanda des explications aux Eldois. Comment les choses avaient-elles pu dégénérer à ce point ?

« La délégation mijakienne n’est pas venue pour la paix, mais pour tendre un piège. Ils ont assassiné notre roi, et ont tué tous ceux qui étaient réfugiés dans le palais. Ils connaissaient nos consignes de sécurité, et ils ont saboté le corps de garde principal. »

Éléonore déglutit. Quand l’Eld était attaquée, tous les habitants se réfugiaient à la capitale, et se rendaient dans les immenses cryptes situées sous le palais.

« Vous voulez dire qu’ils sont tous morts ?
- Ils ont été gazés ! Je n’avais jamais vu ça… Ceux qui arrivaient à sortir étaient brûlés par des lance-flammes, tandis que les autres mouraient. Les hommes, les femmes, les vieillards, les enfants… J’ai réussi à m’extirper du palais, et à rejoindre ma maison, mais ils fouillent toutes les maisons, ils… Ils ne font même pas de prisonniers ! »

Une telle cruauté allait bien au-delà de ce que les Mijakiens faisaient. Éléonore ne comprenait pas ce qui se passait. Si les Mijakiens souhaitaient conquérir l’Eld, pourquoi l’exterminer ? Tout cela n’avait aucun sens. Ceci étant dit, elle savait que l’Empire avait eu un souverain fou, Ram Aballah, le Roi Cramoisi… Les méthodes impitoyables de l’Empire n’étaient plus à démontrer.

« Le Roi est mort, mais quid de son fils ? Quid du Prince Roland ?
- Il supervisait les défenses, je ne sais pas où il est… »

Restée en retrait, la femme intervint alors :

« Il réunit les réfugiés pour fuir en empruntant un Portail dissimulé dans la Tour du Loriot…
- Arrête avec ça, nous n’avons aucune certitude ! Cela reviendrait à traverser la ville !
- Tu préfères rester ici et attendre qu’ils viennent nous tuer ?! »

La Comtesse pouvait percevoir leur désespoir. X-1000 revint alors, et signala avoir repéré une base potentielle qu’il indiqua sur une carte.

« Oui, c’est possible, c’est un manoir retranché… Si le Prince est en vie, il a pu déployer des pistoleros dans ce genre d’endroits pour recueillir des réfugiés. »

Éléonore hocha la tête.

« Alors, autant s’y rendre, nous n’avons pas d’autres options, après tout… »