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Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 25 janv. 2025 15:43
par Mélinda Warren
Les Vents sifflaient autour de lui.

« Wismerhill…
- Nous ne t’oublierons pas…
- Entends notre voix, et reviens à nous…
- La mort n’est pas la fin… »

La mort… Un mot adéquat. Il s’était sacrifié, il avait bondi depuis l’Olympe pour se ruer sur Chaos, utilisant les Sept Épées pour combattre une armée de monstres. Il avait réussi à sceller Chaos dans une sphère, mais au prix de sa propre vie. Oui, Wismerhill était mort… Mais la mort n’est pas la fin. Autour de son sommeil, les Vents lui parlaient, ces éternels acolytes. Ils le guidaient, jusqu’à ce que Wismerhill rouvre enfin les yeux.

Où était-il ? Cette question n’avait aucun sens. Il était dans sa chambre impériale, nu comme un ver. Personne n’était là, aucune concubine, aucun serviteur. Il put sortir de la chambre. La configuration du Palais n’avait rien à voir avec celle qu’il connaissait, tout en étant aussi étrangement familière. Les Vents lui parlaient, et formaient des bourrasques d’air, l’invitant à les suivre. Son cheminement dut le mener hors du Palais… Et, quand les portes s’ouvrirent, il constata qu’il n’était définitivement pas à Mijak. Une brume épaisse l’entourait, rendant difficile de voir au loin. Petit à petit, néanmoins, sa vision s’acclimatait, ce qui lui permit de constater qu’il était au sommet d’une colline dans la forêt, et qu’il venait de quitter un petit fortin situé au sommet de cette colline :


Image

Dans le silence et le sifflement des Vents, Wismerhill put alors entendre, émanant du sommet du fort, des sons de harpe. Quelqu’un jouait de la harpe, puis une voix mélodieuse se mit à chanter. Sa voix était grâcieuse, envoûtante. Un chant paisible et poétique. Impossible néanmoins de la voir, car la voix émanait de la plus haute tour du fortin, et était noyée dans la brume.

« Une voix magnifique, n’est-ce pas ? »

Dans le dos de Wismerhill, une nouvelle voix venait de parler. Une voix juvénile, appartenant à un garçon encapuchonné à la peau noire. Celui-là, Wismerhill l’avait déjà vu, jadis, la première fois qu’il s’était rendu à la capitale de Mijak, et qu’il avait réussi à entrer dans le temple scellé de Maturin.

« Je t’avais dit que nous nous reverrions, non ? Ne trouves-tu pas cet endroit étrangement familier ? »

L’Enfant était assis sur un rocher. Il en descendit, pour se relever, et leva la tête vers la femme qui chantait.

« Comment peux-tu savoir quoi faire de ta vie, quand tu ignores d’où tu viens, Wismerhill ? »

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 25 janv. 2025 16:42
par Wismerhill
Il était mort.

Telle était la seule certitude que l’empereur de Mijak, le guerrier légendaire, le fabuleux et redouté Wismerhill avait. Illusions, cauchemars sans nom, abominations indescriptibles ... autant de taches noires pour fausser ses sens et perturber sa mémoire, lui faire douter de tout, l’empêcher de se concentrer sur quoi que ce soit. Avait-il réellement vécu ? Avait-il terrassé le monstrueux Chaos ? Avait-il affronté les dieux dans une guerre sans merci ? Tout pouvait être sujet à débat, tout pouvait être un mensonge distillé comme un poison dans les fils de sa conscience, le plongeant dans une mare noirâtre de doutes et de falsification. Mais une vérité implacable, puissante et claire comme un astre brillant dans l’obscurité du cosmos, brûlait d’une clarté certaine : Il était mort.

La sensation lui était à la fois parfaitement inconnue, et étrangement familière. On racontait qu’une fois passé dans l’Au-delà, on comprenait que nos âmes n’étaient qu’empruntés, éphémères à peine sorties de leurs chrysalides avant de retourner dans le fleuve primordial glacé mais paisible.

Wismerhill n’était pas terrorisé, ou souffrant, ou encore moins perturbé. Une étrange quiétude l’imbibait, le berçait, couvrait les images atroces de gigantesques monstres et de griffes noires sortant d’une entité colossale. La sensation que son corps était transpercé de part en part, la caresse glacée de la mort ...

La voix des Vents, ses premiers et éternels compagnons, le guidèrent. Il s’était relevé, se trouvant dans le décor familier mais légèrement perturbant de sa chambre opulente, seul, privé de la chaleur de ses belles concubines ou de la présence réconfortante de ses plus proches amis. L’empereur s’était redressé, ne remarquant pas qu’il ne portait pas son armure de Négation impériale ni ses multiples épées légendaires, mais qu’il était vêtu de sa vieille armure, son camail poussiéreux qui avait protégé son corps durant ses aventures solitaires où il ignorait tout de ses origines et ne portait aucun nom.

Quittant les lieux, il se retrouva au pied d’une colline au milieu d’une forêt. Un petit fort, ses murs recouverts d’herbes-folles, se dressait au sommet. Une sensation que derrière ses murs se trouverait la réponse à ses multiples questions effleura sa tête, le poussant à faire quelques pas, comme guidé par un instinct mystérieux. C’est alors qu’il le vit.

L'Enfant. L’être petite créature qui avait l’apparence d’un humain, mais qui n’en était surement pas un. À travers la brume épaisse qui inondait son esprit, une nouvelle image fit surface, balayant les miasmes pour dévoiler un éclat de mémoire. Un temple, fermé pour tous sauf pour lui, et l’accueil énigmatique de l’Enfant ...

“C'est toi.”

Wismerhill aurait pu être surpris du ton neutre de sa propre voix, sans émotion autre qu’une sorte de quiétude profonde, qui ressemblait à de la défaite mais qui en réalité était autre chose. Nullement de la résignation, bien au contraire. Une sorte de délivrance.

“Je crois. J’ai l’impression que ce n’était qu’un rêve ... suis-je dans un rêve ? Est-ce l’Au-delà ?”

La réponse semblait être un oui et un non, instinctivement, ou carrément aucune. En attendant que l’Enfant du Temple daigne lui répondre, il leva ses yeux mélancoliques vers le fortin, ses oreilles se portant enfin réceptives du chant d’une femme, mélodieuse et cristalline. Il en oublia presque la question posée par son mystérieux interlocuteur, le regard perdu, le cœur presque serré.

“Est-ce important si je suis dorénavant mort ? Quel intérêt de connaître ses racines quand l’âme a quitté son enveloppe charnelle ?”

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 27 janv. 2025 01:48
par Mélinda Warren
Il posa ses premières questions. L’Enfant se redressa, et s’amusa à marcher en se tenant à l’équilibre sur le rocher.

« Tu poses une question dont tu ignores les termes. La mort… Un mot simple, mais à la fois difficile à définir. Mais bon, pour une fois qu’un enfant peut enseigner à un adulte, je ne vais pas me priver… Mais tu devrais me suivre ! »

Sur ce, l’Enfant, dans un gloussement, sauta sur un petit sentier qui serpentait sur le flanc de la colline. En le suivant, Wismerhill rejoignit ainsi l’orée d’un grand lac. L’Enfant était là, l’attendant en jetant des cailloux dans l’eau, tentant visiblement de les faire ricocher.

« La Tortue nous enseigne qu’un être vivant se compose de trois éléments : le corps, l’esprit, et l’âme. La vie, c’est quand ces trois composantes sont ensemble, et indissociablement liées. Bien sûr, les mages apprennent à séparer leur esprit de leur enveloppe corporelle, mais ils ne peuvent jamais vraiment s’en éloigner. Je suppose que tu as dû entendre parler de ces trois composantes, non ? Tous les êtres vivants disposent d’un corps et d’un esprit, mais seuls ceux dotés de conscience ont une âme. Quand les fonctions vitales du corps cessent de fonctionner, les adultes considèrent que la personne est morte. Et tu sais quoi ? Ben, ils ont raison ! »

L’Enfant déplaça ses mains. Derrière lui, l’eau commençait à bouillonner, et les brumes se dissipèrent, laissant place à l’obscurité. C’était un ciel étoilé qui s’offrit à Wismerhill, avec de multiples étoiles… Au milieu desquelles flottaient une sorte d’immense flux éthéré. Un long courant blanc qui ressemblait à une rivière de pure lumière flottant dans le ciel. Le sol se modifiait également. La terre se remplaçait par un champ de roses rouges, le lac se transformait en la rive d’un vaste océan, et une tour se formait à proximité, montant dans les étoiles, une tour si haute qu’on peinait à en discerner le sommet.

« Quand le corps meurt, l’esprit disparaît avec lui, et l’âme s’évapore. Ton âme revient dans le grand flux de la vie. C’est ce qu’un savant a dit, une fois… La loi de conservation de la masse. Rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme. C’est ça la mort, Wismerhill. Un changement d’état. Ton âme s’envole, et rejoint le Grand-Tout en passant par la Tour. Regarde ces roses rouges… »

Les pétales des roses s’ouvraient, libéraient de petites sphères lumineuses. En en voyant une, Wismerhill pourrait percevoir des voix, des souvenirs, des images. Un parent aimant, un ouvrier mort d’un accident de chantier, un criminel qu’on venait de guillotiner. Ces petites boules étaient aussi brillantes que de microscopiques étoiles, et convergeaient vers l’intérieur de la Tour, où elles remontaient ensuite, et rejoignaient le Grand-Tout, cette immense rivière céleste qui se diluait ensuite à travers les strates du Multivers. Les ley lines, ces lignes magiques qui fascinaient depuis toujours les occultistes et les mages. Wismerhill put ainsi voir l’architecture de l’Univers, une structure complexe, harmonique, et d’une indiscutable beauté. Le grand cycle de la vie et de la mort, de la reconstitution perpétuelle.

Mais, alors, comment pouvait-il être là ?

« Quand une âme se détache de son enveloppe, elle devient ce que nous appelons une Lumière-Vive. C’est la Tortue qui gère tout ce cycle. Les enfants comme moi qui n’ont pas assez vécu pour avoir une âme complète, les mort-nés ou les nourrissons, rejoignent directement la Tortue, et, comme pour moi, certains restent auprès de Maturin. Nous l’assistons, comme les lutins du Père Noël. Cependant… Il arrive parfois que le processus de mort naturel déraye. L’esprit meurt avec le corps, mais, parfois, l’esprit survit à la disparition du corps, ou le corps survit à la disparition de l’esprit. Fantôme ou zombie, cela doit te parler. Et le même phénomène s’observe avec les âmes. La Tour fait le rôle de transmission, mais aussi de filtre. Les âmes qui sont pures rejoignent les hauteurs, les âmes qui ont été trop souillées rejoignent les profondeurs où elles sont purifiées, avant de remonter. Le Paradis, l’Enfer… Celles qui sont trop souillées, nous les appelons des Lumières-Mortes. »

Encore une fois, Wismerhill put voir des sphères dans chaque main de l’Enfant. Une sphère très vive, une autre sphère dont la lumière était terne. Lumière-Vive, Lumière-Morte.

« Plus les Lumières-Mortes s’accroissent, et plus le cycle est perturbé. Et, plus le cycle est perturbé, et plus la Convergence finale est susceptible de se produire… Mais on y reviendra plus tard. Tu te demandes sans doute pourquoi je te dis ça, hein ? Tu étais prometteur, Wismerhill, mais tu as multiplié les mauvais choix. Tu as suivi ta haine et ta vengeance, et ton âme en est tachetée. La Tortue a besoin de toi, alors nous avons récupéré ta Lumière-Vive, et nous la retenons. Peut-être reviendra-t-elle dans ton corps, ou peut-être n’en reviendra-t-elle pas, cela va dépendre de toi. »

Les visions disparurent ensuite progressivement, ramenant Wismerhill à son rêve de Whisper’s Hill…

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 28 janv. 2025 20:11
par Wismerhill
Il s’était naturellement attendu à ce que cette étrange expérience entre la vie et la mort allait être tout sauf une série de réponses claires et concises. L’occulte et le surnaturel avaient tendance à rendre les choses aussi compliquées que la réflexion d’un homme sur un miroir brisé, à croire que la vie n’était pas déjà assez confuse et problématique, surtout celle de Wismerhill qui avait connu bon nombre d’épreuves et de difficultés.

Soupirant, il suivit le curieux enfant à travers cette terre onirique, l’écoutant monologuer joyeusement d’une oreille attentive, car il n’avait autre chose à faire que de suivre le seul être “vivant” qui s’est présenté à lui. Il était son phare dans l’obscurité, la seule ancre sur lequel s’attacher pour ne pas se perdre dans les méandres de cet outre-monde.

Le petit gamin lui parla d’âme, de corps et d’esprit, lui rappelant ces philosophies décrites dans les parchemins ancestraux des grands philosophes du Bao Tong ou encore les érudits éclairés de Papua. Si l’Empereur de Mijak était avant tout un conquérant, il n’en était pas moins un homme instruit, qui avait accueilli et protégé les grands savants de son empire en sachant bien que le savoir était une ressource toute aussi précieuse que l’or et le sang de ses sujets. Wis’ hocha donc lentement la tête en écoutant l’enfant, lui montrant qu’il n’était pas étranger à ce principe.

Alors, une vision fit place, un spectacle fabuleux qui prit forme par la simple volonté de ce bambin énigmatique, donnant naissance à une vaste tour à la hauteur impossible où convergeait des fleuves d’énergie pure. Sans qu’il ne sache ce que c’était, il savait instinctivement que cette tour, ce donjon pharaonique, était d’une importance capitale.

L’enfant poursuivit ses explications avec son ton innocent. Un principe proche de la réincarnation, ou plutôt d’un équilibre entre le monde des vivants et celui des morts. Une convergence d’un plan à l’autre. Posant un genou sur le sol étoilé, il laissa ses yeux mélancoliques s’énivrer du champ de roses qui encerclaient la tour, découvrant que chacune portait une lumière, telle une luciole.

“Des Lumières-Vives ... c’est donc à ça que ressemble une âme ?”

Wismerhill fut tenté d’en toucher une, mais se ravisa à la dernière seconde, sa main laissant échapper la boule lumineuse qui lévita paresseusement dans les airs, rejoignant une multitude de ses semblables.

“Pourquoi ne suis-je pas sous cette forme moi aussi, si je suis mort ?”

La réponse avait été anticipée, et l’empereur défunt se redressa, visiblement perturbé par toutes ces lourdes révélations. C’était beaucoup de choses à digérer d’un coup, autant de secrets de l’existence, du cosmos, de la spiritualité ... Combien de nécromants, de mages, d’alchimistes et autres scientifiques ont tenté de percer ces secrets, de les défier, de les dominer ? Le voilà maintenant qui était bombardé, découvrant que son âme était destinée à être déchue, mais qu’il était aussi désiré par Maturin, cette entité cosmique dont il ne savait rien et qui selon le gamin était le gardien de cette tour, du flux des Lumières-Vives.

“Ma vie n’a jamais été un chemin clair et aisé. Je ne connaissais rien de ma personne, de mon passé, de ma raison d’être. Le destin m’a emporté dans les légions de Ghorgon Bey et depuis, tout a si vite basculé. Je voulais être maître de ma destinée, de savoir que je pouvais enfin écrire mon histoire plutôt qu’être un inconnu condamné à être soufflé par le néant du passage du temps. Un vide que je devais combler, mais ce vide n’avait continué qu’à croître, devenant un gouffre à mesure que je devais répondre par le sang.”

Wismerhill soupira longuement, les mains ouvertes de chaque côté de son corps, dans un signe qui pouvait être interprété comme de la résignation, ou juste une profonde lassitude. Il regarda longuement l’enfant en face de lui à mesure que le décor changeait, ses paupières battant lentement comme pour chasser la stupeur de son état. Il était si épuisé ...

“Je ne cherche pas à me justifier. Je sais quelle vie j’ai menée, quels choix j’ai pris, quels ordres j’ai donné et quelles vies j’ai soufflé. Je ne peux parler de regret car ce serait mentir, et j’en ai assez des mensonges empoisonnés qui avaient façonné la politique de mes terres. Dis-moi plutôt pourquoi je ne suis pas justement englouti avec les autres Lumières-Mortes ? Quand j’étais encore en vie, on disait que j’étais destiné à de grandes choses, que j’étais élu. Je pensais que c’était de médiocres louanges, des superstitions de faux-prophètes. Maintenant tu me révèles que cette Tortue a besoin de moi ? Pourquoi ? Pourquoi moi ?”

Des réponses. Il désirait plus que tout des réponses.

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 29 janv. 2025 08:03
par Mélinda Warren
Qu’attendait-on de lui ? Celui qui semblait avoir toutes les réponses l’écouta soigneusement parler. Wismerhill disait être prêt, il disait avoir conscience des choix qu’il avait faits, de leur importance, et disait être élu. Cela amusa l’Enfant, dont une ombrelle de sourire éclaira le visage devant cette affirmation.

« Je crois que tous les êtres humains considèrent qu’ils sont destinés à de grandes choses quand ils ont mon âge. Tu ne trouves pas cela paradoxal ? Quand on grandit, on est supposés comprendre que nous ne sommes rien de plus qu’un rouage dans un grand ensemble qui vous dépasse. Pour autant, certaines personnes peuvent parfois influencer sur les grands rouages, mais est-ce que cela vient de leur destinée, ou de leurs propres choix ? »

Une question qui n’appelait aucune réponse, mais qui confirmait une chose claire : malgré son allure et ses paroles, l’Enfant n’était pas qu’un simple enfant. De toute évidence, il savait des choses, beaucoup de choses, que ce soit sur le monde, ou sur Wismerhill même. Il devait sans doute être l’un des plus à même de déchiffrer la Réponse Ultime ! Mais, pour l’heure, l’Enfant ne pouvait pas faire plus que ce qu’il pouvait faire, et que ce que son interlocuteur pouvait faire en l’état.

« Son destin, on se le forge, Wismerhill. Tu n’es pas plus destiné que d’autres à faire de grandes choses. Si on regarde ta vie jusqu’à ce moment précis, la seule grande chose que tu as pu accomplir de toi-même fut de te sacrifier pour sceller l’âme de Chaos. C’est d’ailleurs pour cela que tu tiens ici, et que je me tiens avec toi. La Tortue a estimé que tu méritais une seconde chance. Bien sûr, tous ceux qui ont fauté en méritent une. Tu crois être le seul ici, dans ce purgatoire onirique ? Peut-être que tous les autres qui ont péché sont là, eux aussi… Ta seule destinée entre les mains de ton maître était de mourir, et que ton âme noircie contribue à enrayer ce grand cycle de vie et de mort. Les Lumières-Mortes sont comme des poisons cancéreux qui détruisent et pourrissent de l’intérieur le Grand-Tout. L’Ennemi en a conscience, il sait que Maturin veille sur le Grand-Tout, et qu’il isole ces Lumières-Mortes… Mais, même isolées, ces Lumières-Mortes croissent, grandissent, se développent, et perturbent l’équilibre du Grand-Tout, en menaçant de désorienter totalement l’ensemble. Toi, dont l’âme est à moitié noircie, tu es ce qu’on pourrait appeler un cheval de Troie. Tu devais mourir, Wismerhill, pour que ton âme rejoigne le Grand-Tout, et qu’elle se corrode davantage, et corrompe l’ensemble. »

Dit autrement, il était comme un virus.

« Ceux qui, comme toi, ont été souillés par les Grands Anciens, se retrouvent ici, et errent, pour purger leur âme. Ton défi t’attend à l’intérieur de ce château, tu peux y aller, mais tu ne seras pas en l’état de taille à l’affronter, car tu n’es pas prêt à te confronter aux traumatismes qui t’ont façonné. Ceci étant dit, si Maturin m’a choisi moi pour te guider, ce n’est pas sans raison non plus. Tu es devenu l’Empereur de Mijak. Cette position très privilégiée fait que tu as nécessairement un rôle à jouer. Nous savons que, au fond, tu souhaitais avant tout être un bon dirigeant. Tu as été manipulé, Wismerhill, et Maturin espère que, si tu parviens à voir enfin la vérité, tu feras les bons choix, et que tu nous aideras à empêcher l’Ennemi de mettre à bien ses plans. »

L’Enfant pointa son doigt vers le château.

« Comme je te l’(ai dit, pour sortir d’ici, tu dois entrer dans le château, et faire face à ton passé. Mais tu as oublié tes traumatismes initiaux. Ton cerveau te refusera l’accès. Tu peux bien sûr essayer de voir si tu es capable de le faire. Si tu échoues, tu rejoindras de toute façon le village, et c’est là que ton initiation commencera vraiment. »

Deux options, donc. Soit il rejoignait directement le château et faisait face d’emblée à ce qui l’attendait, soit il choisissait de rejoindre le village à proximité du château pour y rencontrer ce qu’il était supposé y rencontrer…

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 30 janv. 2025 20:11
par Wismerhill
Oui, beaucoup d’êtres s’étaient crus élus par le destin, par une force supérieure et divine, par une cause noble et glorieuse. Des prophètes, des conquérants, des mages aux pouvoirs extraordinaires, des génies dont le savoir ne pouvait être que le fruit d’un don du ciel, ou du moins c’est le mensonge avec lequel ils s’énivraient doucement. Mais Wismerhill n’avait pas proclamé haut et fort qu’il l’était. Ce n’était pas lui qui s’était gorgé de fausses prophéties et d’auto proclamations falsifiées pour atteindre le statut légendaire de son vivant. C’était les autres. Les génies du Vent, ses compagnons, la Lune Noire. À force de les entendre, il avait fini par y croire ... ce qui expliquait l’aisance avec laquelle Thorn, le maître de l’ordre religieux de la Lune Noire, l’avait manipulé comme un pantin.

L’Empereur se tut. La question, ou plutôt la remarque, ne quémandait aucune réponse car elle était en soit déjà évidente. L’Enfant lui exposait ses propres péchés, ses faiblesses comme un miroir qui dévoilerait toute la noirceur qui couvrait son âme. Wis’ ne pouvait que l’écouter éplucher doucement les couches de sa propre hypocrisie en silencieux pénitent.

Son menton, abaissé, se redressa, ses sourcils se fronçant face à une autre révélation, plus douloureuse, plus venimeuse. Elle lui fit remonter la bile dans sa gorge et surement aurait-il eu les yeux virant au rouge cramoisi comme quand il s’apprêtait à laisser sa colère s’exprimer sous la forme d’un puissant sortilège destiné à oblitérer ses ennemis. Mais le plus douloureux, c’était la sensation de trahison, qu’un allié et mentor l’avait poignardé dans le dos, que son existence depuis cette fatidique rencontre n’a servi que les ambitions noires de celui qui avait été son maître et plus proche conseillé.

“Vivant, j’aurai pourfendu d’un coup d’épée celui qui oserait me traiter de marionnette, d’être le pion de Thorn. Mais ... je ne sens aucune malice venant de toi, petit garçon. Je ... gnh ...”

Sa gorge nouée par l’émotion négative rendait toute tentative de parler difficile, ravalant difficilement sa fierté à mesure que les images s’éclaircissaient, que les desseins de Haazhel avaient été réalisés grâce à la naïveté de Wismerhill. Une sensation glacée qui s’écoula en sueurs froides le long de son échine.

“Perfide serpent ...”

Une nouvelle volonté semblait imbiber le corps du déchu, qui semblait avoir regagné sa flamme belliqueuse. Ses yeux brillaient d’une lueur de détermination et ses mains gantées formaient des poings vengeurs.

“Je ne peux donc ignorer l’offre de cette Tortue, Maturin comme tu l’appelles. Pas maintenant que je sais que j’ai valsé pendant toutes ces années au rythme de la musique de ce parjure de Thorn. Quel que soit ses plans vicieux, son lien avec la chute de cette Tour et la corruption des Lumières-Vives, je laverais le péché de mon ignorance avec son sang.”

Le bel homme aux longs cheveux de jais regarda une dernière fois le château, l’ultime épreuve qui allait déterminer s’il était digne de retourner incarner son corps physique ou sombrer dans l’oubli. Son cœur désirait ardemment aller relever le défi de l’Enfant et surmonter ce traumatisme dont il parlait, mais la sagesse voulait qu’il écoute les conseils de ce héraut de la Tortue.

“Tu parles d’initiation. Trêves d’énigmes et de devinettes, je ne suis pas d’humeur à supporter les caprices d’un enfant, aussi étranges soient ses origines. Allons donc voir ce que ce village a de si spécial. Mon peuple m’attend ...”

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 31 janv. 2025 01:49
par Mélinda Warren
L’Enfant laissa l’Empereur parler, guère impressionné quand il lui indiqua qu’il aurait pu le tuer pour ça. Ce n’était pas faux, Wismerhill en avait tué pour moins que ça. Avant de le laisser partir, l’Enfant jugea néanmoins utile d’offrir à l’homme une ultime précision.

« Tu te méprends sur un point. Je ne te soumets à aucune épreuve, pas plus que la Tortue. C’est ton purgatoire. Celui qui t’attend dans ce château, c’est toi-même. Tu n’es pas encore prêt à affronter la vérité. Mais tu es prêt à rejoindre le village. »

L’Enfant s’était assis sur le rocher en disant cela.

« Je ne pourrais pas t’accompagner. Mais tu es un grand garçon, tu y arriveras. »

Après avoir dit ça, l’Enfant s’évapora alors, comme s’il n’avait jamais été là. Il n’y avait plus que ce lac, les brumes, et le château solitaire, qui semblait alors sinistre. Pour rejoindre le village, il suffisait de remonter à travers le sentier forestier. On pouvait entendre les soufflements des vents sur les arbres, faisant craquer les branches. Parfois, on avait l’impression d’entendre des grognements gutturaux, des bruits de pas craquant sur des branches, voire des silhouettes fugaces… Mais il n’y avait rien. Wismerhill prit également conscience qu’il était désormais vêtu… Ou peut-être l’était-il dès le début ? Ici, rien ne semblait faire sens. En se rapprochant de l’orée du village, un vieux panneau rongé par le lierre annonçait le nom de la ville…


SILENT HILL

Un nom inconnu pour Wismerhill, assurément, même s’il se rapprochait du nom de sa ville natale, Whisper’s Hill. Un village qui était plongé dans les brumes, avec des rues larges et des rues plus petites. Toutes les maisons étaient solidement barrées, inaccessibles. Pas âme qui vive, pas un chat, si ce n’est ce sifflement persistant du vent. Des traces de sang apparurent soudain sur les dalles pavées. Un chemin ensanglanté qui menait jusqu’à une ruelle où des grognements plus profonds pouvaient se faire entendre. En se rapprochant prudemment, on pourrait voir au fond de la ruelle une masse noirâtre grande. On aurait dit un ours géant, qui était occupé à dévorer un cadavre. Une créature effroyable, un homme-porc hideux avec une gueule édentée et un groin ensanglanté. La bête se redressa brusquement en grognant. Une voix se faisait entendre. L’homme-porc grogna, puis bondit brusquement en hauteur, et disparut, laissant derrière lui le cadavre impossible à identifier.

Une lueur apparut alors, et l’Empereur put apercevoir un homme qui se rapprochait.

« Edwin ? Enoch ?! »

L’inconnu poussa alors un cri de surprise en voyant le cadavre déchiqueté.

« Seigneur ! »

Il portait une lampe à huile, ainsi que des vêtements élégants, quoique rapiécés et usés. L’homme aperçut alors Wismerhill.

« Hey ! Vous ! Est-ce que vous savez qui a fait ça ? Je… Vous auriez vu mes enfants ? Ils ont disparu, je les cherche ! »

Il se racla la gorge.

« Je ne vous ai encore jamais vu dans le coin, vous… Je suppose que vous êtes aussi paumés que moi, hein ? Écoutez, mon vieux, le temps fonctionne bizarrement ici, mais il ne vaut mieux pas rester dehors quand la cloche de l’église sonne. Il se passe des trucs glauques, dans cette ville. J’ai… J’ai trouvé une femme, on est réfugiés à une auberge à proximité. Je vous conseille de venir. »

L’homme se tut alors un peu, et tendit sa main vers Wismerhill.

« Pardonnez-moi, je manque à tous mes égards. Je m’appelle Oswald Mandus. »

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 01 févr. 2025 21:40
par Wismerhill
L’enfant s’évanoui, comme s’il n’avait jamais existé. Avant de l’abandonner, il avait mentionné un état de purgatoire. À en croire ses mots, Wismerhill allait devoir se tailler une route difficile s’il comptait expier la noirceur qui avait entaché son âme ... ou sa Lumière-vive. Le beau brun soupira longuement, massant une de ses épaules. Voilà longtemps qu’il n’avait pas plongé dans une aventure quelconque, cloué dans son trône à mener un empire vaste et conquérant. Un retour à ses origines aventurières humbles et simples. D’un pas décidé, il se dirigea vers ce fameux purgatoire.

L'ombre de l'empereur Wismerhill se découpa sur la brume épaissie, alors qu'il posait le pied sur le sol de Silent Hill. La ville, d'abord étrangère dans ses contours déformés par le voile de brume, s'étendait devant lui comme un mirage abandonné, figé dans une époque que même le vent semblait avoir oublié. Son armure luisait faiblement, mais l’air ici ne semblait pas capter la lumière. Tout était d’une grisaille oppressante, comme si les couleurs avaient été aspirées dans un gouffre insondable. Le panneau annonçant le nom du village lui donnait l’impression qu’on lui promettait de lourds secrets qui valaient mieux garder enfouis dans la brume.

Les pierres de la rue craquaient sous ses pas, un son aigre et sec qui résonnait comme un écho funeste. Les maisons autour de lui étaient en ruine, leurs fenêtres brisées, leurs portes défoncées, comme si un cataclysme de folie avait dévasté ce lieu. Le silence régnait, mais ce silence était lourd, écrasant, fait de murmures imperceptibles, d’une terreur sourde qui n’attendait qu’un moment d’égarement pour se manifester. Il n’y avait pas de vent, juste cette brume persistante qui se faufilait entre les bâtiments, serpentant comme un être vivant. Wismerhill n’avait jamais senti un silence aussi lourd et bruyant, oppressant par sa nature.

L'empereur se redressa, ses yeux perçants cherchant quelque signe de vie dans ce désert sinistre. À chaque coin de rue, des objets abandonnés, des vêtements en lambeaux, des jouets cassés… tout semblait dénué de toute utilité, comme si les habitants étaient partis dans la précipitation, ou peut-être ne sont jamais partis ... Un frisson traversa son échine, bien que son visage restât impassible. Il avait vu des terres ravagées par la guerre, des royaumes rongés par la souffrance, mais cette ville, cette atmosphère, semblait être bien plus que ça. Un mal ancien semblait s’y être installé, invisible mais palpable, comme une toile d’araignée tendue entre le ciel et la terre.

C’est alors qu’il la vit, dans une ruelle sombre et délabrée. Une créature hideuse, répugnante, une abomination qui donna aussitôt envie à Wis’ de l’embrocher avec son épée, si seulement son poids réconfortant se faisait sentir sur son flanc. La bête dévoila son visage porcin, absolument monstrueux dans sa grossièreté, une chimère abominable. L’empereur de Mijak s’apprêtait à défendre chèrement sa peau, lorsqu’une voix attira l’attention de la bête immonde, qui prit aussitôt la fuite, abandonnant derrière elle un cadavre en piteux état.

Un homme vint à sa rencontre, un individu qui semblait plutôt inoffensif, ne tenant qu’une lampe à huile. Son accoutrement laissait penser qu’il avait connu une vie aisée avant ... et bien, avant qu’il ne tombe aussi dans cet enfer silencieux. La présence d’un autre être humain fit étrangement du bien à Wismerhill, car l’influence perverse de ce village commençait à ronger ses nerfs d’acier. La solitude ici était plus que pathologique.

Fronçant un peu des sourcils, il finit par approcher et serrer la main tendue du dénommé Oswald.

“Wismerhill. Je vous avoue que ça fait du bien de voir quelqu’un de vivant à qui parler, monsieur Mandus. J’ai rapidement deviné que ce lieu était dangereux. Un monstre à l’apparence de cochon carnivore vient de fuir à l’instant.”

Avec son index, il indiqua le cadavre qui avait servi de repas à la bête.

“Je n’ai pas de destination précise, alors je vous suis volontiers. Mais dites-moi, comment êtes-vous tombé ici ? Et non, je regrette, je n’ai vu aucun enfant dans les parages. Je viens d’arriver ici ... je crois.”

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 02 févr. 2025 21:43
par Mélinda Warren
Oswald Mandus contempla brièvement le cadavre, et hocha ensuite la tête.

« Oui, l’endroit est dangereux. Wismerhill, hein ? Comme l’Empereur de Mijak ? C’est marrant, ça ! »

Oswald se retourna vers l’endroit d’où il venait.

« Je ne sais pas comment j’ai atterri ici, non… J’étais dans mon manoir, je cherchais mes enfants, Edwin et Enoch. Je les entendais m’appeler, et… Tout devient flou ensuite. J’ai dû emprunter un passage quelconque, un genre de Portail. Je sais que mes enfants sont dans cette ville, je les entends, mais… Cette ville est hantée. Elle change de forme, elle change d’apparence, les rues se modifient, les immeubles aussi. Il n’y a que l’auberge qui est fixe. Et, quand les cloches de la ville résonnent, cette brume épaisse est remplacée par une nuit opaque avec des nuages rouges, et ces monstres que vous avez vu déferlent dans le coin. »

Ils marchaient tous les deux. En chemin, Oswald lui expliqua qu’il était un Luméen, un homme d’affaires assez influent. Il tenait un abattoir à Lumen et plusieurs boucheries, et avait fondé son abattoir dans les bas-fonds de la ville, afin d’offrir un emploi aux pauvres. Il investissait beaucoup dans la recherche et l’automatisation de ses appareils pour faciliter le labeur des ouvriers, augmenter le rendement. Il sourit en expliquant que la banque Vivaldi avait refusé un dernier prêt qu’il avait demandé, en estimant qu’il s’était surendetté en faisant de nombreux investissements. Cette histoire ne serait peut-être pas totalement inconnue à Wismerhill, si sa mémoire fonctionnait. En effet, il y a plusieurs années, un fait divers avait secoué le monde magique, une sorte d’explosion magique qui avait été ressentie sur tout Terra. Les mages avaient identifié l’épicentre de cette explosion à Lumen. Les rapports des espions mijakiens avaient expliqué qu’Oswald Mandus était mort dans l’explosion de son abattoir, une explosion consécutive à une nuit d’émeutes dans les bas-fonds, où de monstrueuses créatures avaient attaqué les bas-fonds. Les rapports mentionnaient que la Reine s’était personnellement impliquée dans cette histoire, ainsi qu’une okami aux cheveux bleus. Le cataclysme magique ressenti était attribué selon ces rapports à des sortilèges magiques instables utilisés par Mandus, et à l’utilisation d’un artefact elfique antique que Mandus avait sans doute retrouvé dans les profondeurs de l’abattoir. De cette histoire, l’Empereur ne se souviendrait sans doute que d’une seule chose : Oswald Mandus était mort.

Ils remontèrent la ruelle, et, quand ils arrivèrent à la rue, Oswald frémit. Les cloches… Les cloches venaient de se faire entendre !

« Merde ! On a plus le temps, vite ! »

Au son des cloches, c’était comme si la ville entière se mettait à trembler. La brume laissait place à la nuit, et les pavés du sol se décollaient, s’arrachant les uns après les autres, tout comme les ossatures des maisons. C’était comme si une énorme spirale les aspirait, révélant derrière des murs humides, calcinés, pourris, décrépits. Le sol lui-même devenait plus sauvage, plus boueux.

Une seule lumière s’illuminait encore, sur la gauche de la route qui montait : une auberge située au bout d’une cour, l’auberge de la Dernière Lumière. Des flammes étaient allumées dans l’auberge, dont les portes étaient grandes ouvertes. Cependant, pour la rejoindre, Wismerhill allait devoir dégainer son épée. Des monstres hurlaient depuis les toits des immeubles, se précipitant vers eux…

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 03 févr. 2025 20:10
par Wismerhill
Petit haussement de sourcil. Oswald connaissait son identité, ce qui laissait déjà penser que l’homme venait de Terra et non d’un autre univers étrange. N’ayant nullement envie de faire inquiéter davantage ce bonhomme en lui affirmant qu’il se tenait bien en présence du terrible souverain de Mijak, il se contenta de laisser un demi-sourire éclairer ses traits.

Plus il l’écoutait raconter sa vie et plus une sensation de méfiance s’imbibait dans son être. Oswald Mandus parlait de ses origines, de citoyen de Lumen, d’un abattoir très lucratif ... En ressassant le nom du mystérieux étranger dans sa tête, Wismerhill se rappela soudain un des rapports de ses espions qui pullulaient dans les quartiers et châteaux de Lumen. Un incident magique dont les répercussions s’étaient faite sentir sur toute Terra. Si une chose était à retenir, outre l’origine douteuse et controversée des pratiques occultes d’Oswald dans son abattoir et son implication dans une série d’émeutes meurtrières, était qu’il avait été déclaré mort dans l’explosion.

Ainsi donc, il était un autre fantôme, lui-aussi empêtré dans son propre purgatoire. Peut-être que la quête de ses enfants était son épreuve, son châtiment.

Dans les rues dévastées de Silent Hill, la brume épaisse s’enroulait autour des formes sombres, étouffant la lumière lunaire qui peinait à percer l’obscurité. L’air était saturé de l’odeur de décomposition, une puanteur qui collait à la peau, même à l’âme. C’est en gardant méfiance et en concentrant son esprit sur la menace et sa détermination brûlante de vengeance et de justice qu’il sentit soudain que sa ceinture s’était alourdie de la présence d’une épée. C’était la lame même qu’il avait transporté durant ses années d’aventures solitaires, quand il n’était qu’un sans-nom. Un poids familier et bienvenue, ses doigts venant caresser le pommeau avec une certaine nostalgie.

À ses côtés, Oswald Mandus, l'ingénieur tordu par ses propres créations, marchait dans une obscurité de son propre cru, les yeux cernés, la peau grise sous l'éclat blafard de sa lampe,. Le bruit sourd de ses pas semblait se perdre dans le tourbillon de cette ville étrange, à la fois morte et vivante, comme si les rues elles-mêmes se dérobaient sous eux.

Ils étaient si proches. L’auberge, un abri fragile, se dessinait à l’horizon, une silhouette chancelante dans cette mer d’horreurs. Mais alors que l’espoir effleurait l’esprit du duo, un cri d’agonie, brut et bestial, déchira l’air, suivit du son intense et bruyant de cloches qui résonnaient. De tous côtés, des formes grotesques surgirent, rampant des égouts comme des vers de chair, bondissant des toits en ruine avec une grâce bestiale tandis que le décor même de la ville se métamorphosait en une orgie de bâtiments en ruine et de destruction qui défiait l’imaginaire. Des humanoïdes aux traits de porc, leur peau en lambeaux, leurs yeux injectés de sang, leurs crocs effilés et leur haleine fétide, les encerclaient. Une horde, une marée de violence et de soif de sang.

Wismerhill s’arrêta un instant, un sourire sinistre étirant ses lèvres. Il n’y avait pas de place pour la peur, juste une soif insatiable de destruction. D’un geste souverain, il brandit son épée, se sentant enfin dans son élément malgré le danger. Il avait affronté bien pire. Au reflet de la lame, les ombres des créatures se tordirent, comme si la mort elle-même les attendait. Il tourna son regard vers Mandus, qui, pâle comme la mort, l’exhortait de fuir avec lui vers l’auberge, mais Wismerhill savait qu’il n’y avait de salut que dans l’acier.

Les porcs bondirent, hurlant et rugissant, leurs crocs claquant dans l’air, prêts à déchirer la chair du conquérant ressuscité. Le premier, un monstre à la peau grisâtre et à la bouche écumante, plongea sur lui, armé d’une faux rouillée. Mais Wismerhill n’était qu’une ombre mouvante, esquivant d’un pas fluide, avant de trancher la créature en deux d’un coup si net qu’il sembla n’être qu’une illusion. Le sang gicla, noir et épais, éclaboussant les pavés, mais il n’avait pas le temps de s’attarder. D’autres venaient, des masses informes de peau et de poils, surgissant des fissures comme des spectres hurlants.

Il frappa encore et encore, son épée traçant une ligne rouge sang dans l’air, fendant la chair, brisant les os. Un autre porc arriva, portant dans sa main une massue en fer, son corps trop gros pour une telle vitesse, mais sa rage infinie le propulsant au-delà des limites de son corps. Wismerhill se baissa, évitant l’impact de la masse, et d’un coup latéral, il coucha le monstre sur le sol, ses entrailles éclatant dans une explosion grotesque.

Mais les créatures étaient trop nombreuses, trop folles, et leur appétit semblait insatiable. Un autre porc, plus grand, plus résistant, sauta depuis un toit pour se jeter sur Wismerhill. L’Empereur se retourna, la lame traversant l’air dans une danse de fureur. Le porc heurta l’épée de plein fouet, un cri de douleur s’échappant de sa gorge alors que la lame perforait sa peau, mais la bête ne s’effondra pas. Elle tenta de saisir Wismerhill par les épaules, mais celui-ci la repoussa d’un coup de genou dans son ventre, avant de la trancher d’un coup horizontal. La créature s’effondra dans une pluie de sang, et ses confrères se rassemblèrent autour des corps de leurs morts pour les dévorer. Un hideux spectacle.

“Cours, Oswald, ne te retournes pas !”

Démembrant une autre bestiole qui s’était rapprochée d’eux, il tourna le dos à la marre de porcs enragés et poussa d’une main Mandus, l’entraînant avec lui dans la ruelle. Une course folle, Wis’ sentant presque l’haleine des monstres derrière sa nuque, l’odeur de leur épouvantable sueur ...

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 04 févr. 2025 13:27
par Mélinda Warren
Fidèle à lui-même, Wismerhill défia les hommes-porcs. Il affronta les ectoplasmes de Mandus, mais dut rapidement arriver à la conclusion que, seul et sans ses épées magiques, la bataille était risquée. Wismerhill continuait donc à les affronter, faisant preuve d’une habileté rare. Les deux hommes coururent le long d’une ruelle, se rapprochant d’une grande rue. Une lune noire émettant des rayonnements rougeâtres illuminait alors le ciel, et des rugissements furieux se firent entendre. Rejoignant les hommes-porcs, une myriade démons ailés tournoyait autour du duo. L’un des démons fondit vers Wismerhill et Oswald, et les deux épées du démon heurtèrent violemment la lame de l’Empereur. Le choc fut terrible, et, sous l’impulsion de son attaque, le démon repoussa Wismerhill. L’Empereur tomba au sol, mais se releva bien vite, et put croiser le fer, face à un démon rieur.

Jaillissant de la lune noire, des éclairs frappaient les immeubles alentours, les enflammant. De hautes flammes jaillissaient tout autour d’eux, ainsi que des hurlements furieux et désespérés à l’intérieur. Des corps calcinés jaillissaient des portes incendiées, des enfants pleuraient et hurlaient, des villageois tapaient aux fenêtres, implorant qu’on les libère. L’enfer de Wismerhill rejoignait celui de Mandus. Les épées du démon s’enflammèrent, et frappèrent encore la lame de l’Empereur.

« Ce n’est pas l’une de tes Épées, Empereur, gloussa le démon.

Quand les lames se heurtèrent encore, les deux épées du démon fracassèrent l’épée de Wismerhill, dont la lame fut séparée de son fourreau. Le démon ricana alors, ne laissant pas d’autres choix à Wismerhill que de se replier. Il descendit avec Mandus des marches menant vers l’auberge, seul bâtiment protégé de cette incendie infernale et surnaturelle. Comme pour rajouter au cauchemar de cette ville en feu, de ces corps déchiquetés, des croix de crucifixion étaient apparus, avec des corps nus et massacrés, ensanglantés. On avait arraché leurs langues, on les avait émasculés, énuclées, et fait subir sur ces carcasses des tortures indéfinissables.

« Contemple ton royaume, Empereur ! » s’exclama au loin le démon.

Le pire était encore à venir. Alors que lui et Oswald couraient, le sol explosa brusquement sous les pas de Wismerhill, qui fut repoussé en arrière. Il tomba au sol, et vit devant lui une silhouette qui descendait pour se poser. Elle ne pouvait que lui être familière : c’était lui-même, mais sans être lui. Un Wismerhill à la peau grisâtre, aux yeux d’un noir d’encre.

« Il est temps pour toi de mourir, tu n’es qu’un souvenir ! »

L’épée de ce nouvel énergumène lui tomba dessus, et le plongea dans l’obnscurité.


« Hey ! Debout ! »

Un blanc immaculé l’enveloppait. Deux mains chaudes et fines étaient posées sur ses épaules nues. Une silhouette féminine nue indiscernable lui faisait face. Tout était flou.

« Majesté ! Debout !
- Il est trop tôt, il faut le renvoyer !
- Fulron, je vous dis que…
- Attention ! »

Comme si elle était alimentée toute seule, l’une des mains de Wismerhill jaillit alors, et frappa violemment la femme à la gorge, ses doigts transformés en griffes interminables. Le sang fusa sur lui, et il partit d’un grand éclat de rire, tandis que la femme hurlait et sortait de son champ de vision…

…Puis ce fut à nouveau le noir.

Il put entendre avant de revenir à lui le son envoûtant d’une harpe et d’une femme qui sifflotait. Un chant agréable. La musique le berça, jusqu’à ce que ses sens lui reviennent. Il était revenu dans le rêve, couché dans un lit. Il apprendrait ensuite qu’Oswald avait traîné son corps à l’intérieur de l’auberge, et que la plaie béante dans son corps avait alors cicatrisé instantanément. Il avait ensuite été conduit dans une chambre à l’étage. Ici, une femme chantait. La lune avait repris sa teinte argentée, et la ville était redevenue paisible, lointaine, sans aucune trace de cet incendie infernal, évocation des nombreux sièges et pogroms auxquels l’Empereur avait participé quand il était en compagnie de Ghorghor Bey.

La chanson était mélodieuse, envoûtante… Elle émanait d’une femme assise à côté de lui, qui chantait à la harpe, ses doigts remuant sur les cordes. Ses longs cheveux argentés filaient en cascade dans son dos. Elle s’interrompit alors avant de se retourner vers lui. La femme portait une robe argentée, faussement virginale. Elle s’avança alors vers lui, lentement.

« Vous êtes enfin réveillée ? J’ai chanté pour que votre âme nous revienne… Les voyageurs qui passent par cette auberge ne restent jamais. Pour une raison inconnue, vous et Oswald, vous m’accompagnez. J’en déduis que mon époux vous a envoyé ici pour me guider jusqu’à lui. J’ai tellement hâte de le retrouver, vous savez. Il doit me mettre enceinte, alors je chante pour lui, pour qu’il sache que j’existe encore, et que je viendrais à lui. Aucune barrière ne peut se dresser contre le véritable amour, vous savez. »

En le rejoignant, la femme lui sourit, et, pendant un bref moment, on eût pu penser qu’elle était la plus belle femme du monde… Une illusion venant peut-être des rayons de la lune sur ses cheveux.

« Je m’appelle Nadine Cross. Et vous ? Oswald m’a dit que vous étiez un puissant guerrier… »

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 05 févr. 2025 20:28
par Wismerhill
Le purgatoire s’était transformé en enfer.

Silent Hill semblait être animée d’une conscience malfaisante et sadique, tordant et corrompant son décor pour se calquer sur les traumatismes et cauchemars de ses prisonniers, car Wismerhill commençait à concevoir que cet endroit maudit n’était autre qu’une prison malveillante.

Plongé dans un ballet mortel où ses partenaires de danse venaient étaler un tapis rouge écarlate avec leur sang et tripes, les hommes-porcs devinrent vite un problème secondaire quand une nouvelle menace immergea des flammes ravageant soudainement les lieux, le ciel s’éclairant d’une lumière sanglante tandis que des spectacles d’horreur humaine et de carnages se manifestaient autour des deux humains. D’imposants démons ailés, musculeux et armés jusqu’aux dents, s’envolèrent au-dessus d’eux, prenant d’assaut l’Empereur déchu qui eut à peine le temps de parrer une frappe des plus violentes de la part d’un des diables ailés qui lui ricana à la face, son haleine putride lui arrachant un hoquet de dégoût.

Wismerhill était un bretteur de premier ordre, un escrimeur talentueux qui avait derrière lui des années d’expérience forgées dans d’innombrables batailles et duels, mais il n’était qu’un humain sans ses pouvoirs et ses artefacts enchantés, et son épée, bien que de belle facture, n’était qu’un ordinaire bout d’acier face à des lames forgées dans les usines infernales. L’épée se brisa net, désarmant le beau ténébreux qui n’eut d’autre choix que de se replier avec Oswald, les démons à leurs talons.

Le décor devenait de plus en plus insoutenable, amassant toutes les horreurs qu’il avait pu voir durant sa vie de pilleur et de mercenaire. Il se souvenait des atrocités commises par la horde du demi-ogre, Ghorgor Bey, et plus encore le fait qu’il avait été une des épées à son service. Il maudit silencieusement l’Enfant pour l’avoir poussé à rejoindre ce village maudit. Maintenant qu’il était piégé, il se demandait quelle alternative au sein du fortin aurait été plus dangereuse que ce qu’il vivait en cet instant.

“Continue de courir, Mandus !”

Même dans le chaos, il gardait l’esprit aiguisé, cherchant à contenir cette vague intense d’horreur et d’épouvante qui tentait de forcer son cœur et le paralyser. Mais Silent Hill semblait décidée à lui faire éprouver les pires moqueries funestes. Une explosion souffla le duo sous le rire moqueur des démons. Se relevant difficilement après un tel choc, il eut droit au spectacle improbable d’une vision de sa propre personne, une réflexion plus cruelle et vaniteuse de l’Empereur de Mijak, un sourire mesquin sur le visage et une terrible épée entre ses mains. Pâle comme la mort et aux yeux d’encre comme les ténèbres, il annonça sa fin avant de lui porter un coup fatal.

Désarmé et épuisé, Wis’ savait qu’il ne pouvait rien faire contre cette énième malédiction. C’est avec un sentiment de profonde indignation et de désespoir qu’il fut fauché ...

...

Et il se réveilla dans un sursaut violent, étouffé, hoquetant violemment. La douleur, l’obscurité, la sensation glacée du linceul de la mort qui recouvrait une fois encore son corps, l’image de son sosie moqueur qui le pourfendait ...

Une musique douce et envoutante chercha à l’apaiser, la voix mélodieuse et cristalline d’une femme calmant sa respiration saccadée. Ses yeux, qui jetaient des regards de bête piégée, furent fermés l’espace de longs battements de coeur avant qu’il ne reprenne ses sens, baissant le regard vers son torse. Une chemise ouverte dévoilait son torse nu, qui ne portait aucune trace de la morsure de l’épée du faux Wismerhill. L’empereur posa deux doigts sur sa peau, comme s’il s’attendait à sentir une cicatrice sur la pulpe de ses phalanges, avant qu’il ne soit adressé par la fameuse femme de l’auberge. Une femme assurément charmante, la Lune Incarnée. Un halo d’argent semblait la couronner et sa voix tirait des cordes dans l’âme du convalescent guerrier qui cligna lentement des yeux.

“Ce chant ... c’était vous que j’ai entendu, près du fort ?”

Penchant la tête de côté, il fronça des sourcils en l’écoutant parler d’époux et de “la rendre enceinte”. S’il devait la comparer à lui et Mandus, la conclusion directe était que cette femme était aussi une victime de Silent Hill, une âme prisonnière de ce cauchemar. L’auberge était-elle son pénitencier ? L’esprit vif et intelligent du ténébreux avait rapidement relevé, instinctivement, que quelque chose de sombre se cachait sous la pureté factice de la dénommée Nadine. Mais il était inutile de la bousculer immédiatement, ayant déjà épargné Oswald le même traitement.

“Je doute avoir été envoyé par votre époux, je n’ai rencontré aucun autre homme si ce n’est Mandus. Mon nom est Wismerhill. Vous semblez convaincue que vous allez quitter cet endroit, mais vous avez vu ce qui se trouvait au-delà des murs de cette auberge ... comment êtes-vous arrivée ici ? Si ce n’est pas indiscret, bien sûr ...”

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 06 févr. 2025 01:55
par Mélinda Warren
« Le fort ? Quel fort ? Je suis restée ici. »

C’était une autre personne. Elle se déplaça un peu, et commença à parler d’elle.

« Je ne sais plus exactement… J’étais une prof’, à la base. Je viens d’un monde qui a connu une pandémie terrible… Une super-grippe qui s’est échappée d’un laboratoire militaire, et qui a décimé la quasi-totalité de la population. Les survivants ont ensuite reçu un message dans nos rêves, nous invitant à nous rendre à des endroits précis. Moi, je voulais retrouver mon époux, alors j’ai séduit un homme, Harold Lauder. Je devais juste garder ma virginité, et Harold était curieux… Mais on peut faire beaucoup de choses en conservant son hymen, et c’est ce que nous avons fait. Ensuite, nous sommes partis en moto, mais il y a eu un accident. Harold s’est avéré ne pas être le chevalier protecteur que je pensais, il a tenté de me violer, de me prendre pour lui… Nous nous sommes battus, et… Il m’a tiré dessus. Je pense qu’il m’a loupé, mais, ensuite, mes souvenirs deviennent flous. Je me souviens tomber dans le désert, et attendre mon époux, puis… Je me suis réveillée dans cette ville. »

Disait-elle la vérité ? Elle était assurément d’une grande beauté, mais quelque chose de sinistre rôdait en elle, comme une sorte d’aura malsaine. Ceci étant dit, cette aura se trouvait partout à Silent Hill. Nadine sourit alors, et se mit à califourchon sur Wismerhill.

« Je pourrais vous proposer la même chose qu’à Harold, vous savez… Je suis belle, c’est pour ça que mon époux me désire. Mais je tiens à conserver ma virginité ! Je vous ai vus vous battre, vous êtes fort. Oswald est costaud, mais il ne sait pas se battre. Je ne sais pas pourquoi mon époux me l’a envoyé, c’est un incompétent. Mais vous… C’est évident qu’il vous a envoyé vers moi… Vous êtes celui que j’attendais, je le sens. Je mouille rien qu’à y penser. »

Nadine sourit alors, et se pencha vers Wismerhill, cherchant à l’embrasser.

« Promettez-moi de me mener à mon époux… Promettez-moi de me conduire à Randall Flagg, et il vous récompensera comme il se doit. »

Si Wismerhill n’avait sans doute jamais entendu ce nom, quand elle le prononça, une image se matérialisa à lui, s’imposant dans son esprit…

…Haazhel Thorn.

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 07 févr. 2025 20:04
par Wismerhill
Non, ce n’était pas elle qui avait entendu chanter, l’invitant à trouver son salut derrière les portes du fort embrumé. Le défunt aux cheveux de jais se redressa sur un coude, sentant la froideur de la nuit caresser la peau nue de son torse là où sa chemise était ouverte.

“Comment ... ais-je survécu ? Je suis sûr qu’il m’a porté un coup mortel.”

Loin de répondre à sa question, l’énigmatique Nadine semblait être obsédée par autre chose, et lui révéla son histoire. Une triste histoire il est vrai, affligeante. Un amour qui semblait ne pas être réciproque, une quête désespérée pour trouver un époux et une étrange fixation à porter son enfant, comme si son existence ne reposait qu’à cette fin. Malgré la beauté de l’inconnue, l’Empereur ne put repousser cette sensation d’inconfort qu’elle exhumait.

Loin d’être déterrée par l’expression sombre et méfiante du convalescent bretteur, la belle grimpa sa couche pour se mettre au-dessus de lui, ses lèvres se rapprochant de son visage, son corps effleurant le sien.

Non, il n’allait surement pas succomber à cette tentation, son instinct lui hurlait que cette situation n’avait rien d’un beau rêve humide, et rarement son instinct l’avait trompé. Wismerhill pressa doucement mais fermement une main entre lui et Nadine, arrêtant sa descente sensuelle vers ses lèvres tout en soutenant intensément son contact visuel avec ses yeux bleutés.

“Arrêtez. Vous devez vous tromper, je n’ai pas été envoyé par votre époux, qui qu’il soit. Et je ne veux certainement pas avoir les mêmes faveurs que vous avez offerte à celui qui a essayé de vous violer, c’est tellement glauque que ça me dégoûte.”

Il était empereur, par tous les dieux ! Pas un simple chien en chaleur qui abaisserait son pantalon à chaque opportunité offerte. De plus, il venait de vivre une scène cauchemardesque et avait encore la sensation vertigineuse d’avoir été fauché par une lame ... maniée par un sosie diabolique.

C’est alors que le nom de son soi-disant époux généra une image brutale dans sa tête, un portrait qui jadis avait été celui de son mentor et plus proche conseillé, et qui maintenant exprimait toute la haine et la sensation de trahison qui coulait dans ses veines.

Randall Flagg ... Haazhel Thorn. Sans même savoir pourquoi, il avait la certitude claire comme de l’eau de roche que les deux noms étaient liés. Non, qu’ils étaient les deux identités du même personnage. Thorn, le parjure qui s’était joué de lui et l’avait guidé dans une voie de carnages aveugle.

Serrant des dents, il saisit les épaules de Nadine, la secouant brusquement avec cet éclat d’oiseau de proie dans ses yeux.

“Ce nom ... ton époux. Où est-il donc ? Pourquoi veux-tu porter son enfant ? Que t’as t’il promis ? Parle et vite, ma patience est déjà à bout.”

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 09 févr. 2025 13:05
par Mélinda Warren
S’il y avait bien une chose à retenir, c’est que les gens qui étaient dans cette ville étaient des damnés. Nadine ne faisait pas exception, et l’instinct de Wismerhill avait raison de se méfier d’elle. Il refusa ses avances, et lui demanda ensuite des informations sur son époux. Le comportement de Nadine changea alors. Ses muscles se crispèrent, et son regard séducteur devint plus dur, plus froid, et même agressif.

« Oh, tu me prends pour une fille facile ? Lâche-moi, espèce de monstre, et sors de ma chambre, espèce de pervers détraqué ! »

Nadine se redressa alors, et retourna sur le sol.

« Tu ne me tenteras pas, je lui appartiens, je lui appartiens ! Et je le retrouverai seule s’il le faut ! »

Ce fut finalement Nadine qui partit, ouvrant la porte de la chambre, puis la referma. En la suivant, Wismerhill débarquerait sur une mezzanine faisant le tour de l’auberge. Aucune trace de Nadine, cependant. Fait encore plus curieux, l’auberge semblait être traversée par des spectres. Des individus se trouvaient là, mais il était impossible de les voir, ou de les entendre. En s’approchant un peu d’eux et en les fixant, Wismerhill pourrait cependant voir quelques visions. Ainsi, l’un d’eux était un homme désespéré à la recherche de sa femme disparue depuis trois ans, et qui l’avait invité à venir le rejoindre à Silent Hill. Deux hommes assis ensemble sur une table s’appelaient Danforth et Dyer, des professeurs qui fuyaient un shoggoth, et dont les recherches sur l’ancienne civilisation des Anciens dont ils avaient découvert la trace à un endroit qu’ils appelaient « les Montagnes Hallucinées » les avaient conduits ici. Robert Blake, un écrivain de Providence, cherchait encore et toujours à entrer dans le clocher abandonné de Providence, malgré les rumeurs sur le monstre hantant les ténèbres qui s’y trouvait.

Ils étaient là, comme lui, mais il ne pouvait interagir avec eux. Le long du comptoir, en revanche, il y avait quelqu’un qu’il pouvait identifier : Oswald Mandus.

« Ne faites pas attention à ces spectres, l’ami, vous vous ferez à leur présence. Ils vous voient comme ils nous voient. Pourquoi est-ce que nous, on peut se parler clairement, je n’en sais rien… Vous avez dû commencer à comprendre que cette ville réagit différemment selon qui nous sommes, donc je suppose que nous devons avoir de plus amples familiarités que les autres. Venez, cet endroit est sans doute hanté, mais il y a toujours de l’alcool quand j’y reviens ! »

Oswald avala d’ailleurs une gorgée.

« Enfin, je ne sais pas si c’est leur picrate qui est infect ou non, mais ça ne me fait aucun goût. Vous devez d’ailleurs avoir commencé à remarquer que vous n’aviez pas faim, n’est-ce pas ? Ou que vous avez survécu à un coup mortel ? Je vous ai traîné à l’intérieur de l’auberge. Inutile de me remercier, je n’en pouvais plus des sautes d’humeur de Miss Cross. Elle a essayé de vous sauter dessus, hein ? Je ne l’ai pas vu sortir, vous avez réussi à la repousser ? »

En ouvrant la porte, on arrivait directement sur la mezzanine, il était donc impossible qu’Oswald ne l’ait pas vu sortir… Sauf si elle avait rejoint ces spectres qui étaient avec eux sans y être.

« Je pense qu’on rêve tous… Ça vous est déjà arrivé, non ? De rêver en croyant fermement que tout ce qui vous arrivait était vrai ? Mais avez-vous déjà rêvé que vous rêviez ? Je veux dire, quand on rêve, on ne s’imagine pas en train de dormir ou d’avoir des rêves. Vous aurez beau fermer les yeux pendant des heures, jamais le sommeil ne viendra, et, tout ce que vous aurez, c’est l’illusion du sommeil. »

La voix d’Oswald sembla brièvement s’affaiblir.

« Je dois retrouver mes enfants, Oswald… Et vous, alors ? On a pas trop eu l’occasion de discuter là-dehors, l’ami. Qu’est-ce qui vous a amené ici ? Quel bilan vous tirez de votre première journée ? »

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 11 févr. 2025 20:57
par Wismerhill
Wismerhill ne répondit pas immédiatement, contemplant le verre offert par Oswald, ne ressentant aucunement l’envie de remplir sa panse d’alcool, certainement pas quand la sensation fantôme d’une épée dans son corps résidait encore. Il laissa le silence s’étirer entre lui et Mandus, observant du coin de l’œil les silhouettes éthérées qui erraient dans l’auberge. Des fragments de destins brisés, figés dans un entre-deux.

Il connaissait la damnation. Il l’avait embrassée, façonnée, modelée à son gré dans sa quête de puissance sous le mentorat malveillant de Thorne. Mais ici, dans cette ville maudite, c’était elle qui le façonnait. Silent Hill ne jugeait pas, elle montrait. Ses péchés étaient mis à nu et exposés comme monstres et chimères pour la hanter.

Wismerhill posa enfin les yeux sur le père torturé qui sirotait un alcool falsifié. Son regard était froid, acéré, mais en profondeur, une lueur d’incertitude y brûlait.

“Traîné de force comme vous ici, je dirais. Je ... dois revenir, rentrer chez moi et arrêter les manigances d’un faux ami.”

Le semi-démon serra des poings. Son Empire, ses sujets, ses proches ... tous étaient en péril en son absence, surement menacés de guerre civile et de complots pour remplir le trône vacant. Ses enfants, ses femmes, ses plus loyaux serviteurs ... que préparait Hazhel ?

Il jeta un regard vers la mezzanine. Aucune trace de Nadine. Elle s’était volatilisée, absorbée par les brumes de la ville comme une illusion qui n’avait jamais existé. Pourtant, il pouvait encore sentir sa présence, une empreinte résiduelle qui le hantait.

“Nadine. Elle a une connexion avec le traître que je souhaite arrêter. Je ne sais pas exactement comment, mais je sens qu’elle est peut-être une clé importante pour notre salvation. Cette ville ... comme tu le dis, Oswald, elle semble réagir à nos propres démons. Rester caché ici ne nous servira à rien, il faut confronter nos plus noirs secrets. Telle a toujours été ma voie et je suis convaincu que c’est la seule façon de le faire. Soit ça, soit on finit comme ces spectres, des fantômes sans substance.”

Repoussant le verre d’alcool, il tint Oswald par le bras, l’approchant de telle sorte qu’il le fixe droit dans les yeux, une expression déterminée sur son visage. Une expression inquisitrice, autoritaire ... impériale.

“Si nous voulons trouver chacun notre salut, il va falloir se serrer les coudes et jouer carte sur table. Mandus, ton nom ne m’est pas étranger, mais as-tu d’autres souvenirs, de ta vie à Lumen ? Qu’as-tu fait pour atterrir ici ? Tant que tu ne le sauras pas, comment veux-tu retrouver tes enfants ?”

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 13 févr. 2025 01:54
par Mélinda Warren
Oswald médita légèrement la question de Wismerhill.

« Je vous l’ai dit tout à l’heure, mes souvenirs sont flous… Ma famille a fait fortune dans l’élevage depuis des générations, et en développant son propre système de production de viande avec des abattoirs. Notre abattoir au cœur de Lumen est le plus moderne de la ville, automatisé avec l’aide de la technologie gobeline. Nos porcheries sont très célèbres, et nous ont assuré une fortune considérable. De cela, je m’en souviens très bien, tout comme je me souviens de la femme que j’ai aimé… Lily. »

Un mince sourire orna les lèvres d’Oswald.

« Une artiste, une poète… Elle avait manifesté contre la modernisation de notre abattoir, contre l’abattage en batterie des porcs. J’aimais sa fougue, son énergie. Ma famille était très élitiste, et Lily m’avait encouragé à démocratiser mon abattoir et nos boucheries. Lumen souffrait d’une crise économique, vous savez, la population se paupérisait, et nous souhaitions lutter contre cela. A famille est aussi très portée sur les voyages, l’exploration de nouvelles terres. Pendant mon enfance, je faisais des safaris dans des régions humides, sauvages… J’avais emmené Lily en voyage. Une jungle en particulier nous attirait, Zerrikania. Vous en avez peut-être entendu parler. »

C’était une jungle sauvage, extrêmement dangereuse, réputée être l’un des endroits les plus redoutables de Terra. Le safari à Zerrikania consistait à aller autour de la jungle. C’était une tradition d’y aller.

« Je pense que c’est là-bas que Lily a contracté sa maladie… »

Le ton d’Oswald se fit plus sec, plus dur. Il ressassait des souvenirs éprouvants.

« Elle a tenu jusqu’à la naissance de nos enfants… Edwin et Enoch. Elle était tellement épuisée… La maladie l’a tué. Ça a été le début du cauchemar… La construction de mon abattoir, son expansion, l’emploi massif de salariés… La banque Vivaldi ne souhaitait plus me suivre dans mes investissements. Je commençais à accumuler des impayés, des liquidités non honorées. C’est en fouillant dans les archives de mon grand-père que j’ai relu ce qu’il disait concernant Zerrikania… Un trésor inestimable se trouverait en son centre. J’ai eu une révélation, Wismerhill. Je m’y suis rendu avec mes enfants, car j’étais convaincu d’y trouver mon salut… Cela va vous sembler fou, mais je pensais aussi y retrouver Lyli. Mon grand-père parlait d’une pierre magique très précieuse, capable d’héberger des âmes… Des Lumières-Vives. La Pierre-Lune. Je m’y suis rendu, et j’ai trouvé un guide qui m’a conduit au temple. Les locaux n’étaient pas très courageux à l’idée d’y aller, mais, quand j’ai montré à ce guide les notes de mon grand-père, il m’a mené vers le temple. Il se trouvait au centre d’une ancienne cité interdite, qui était selon eux la partie supérieure d’une immense ville disparue dans les profondeurs de la jungle. Nous avons traversé des grottes avec mon expédition. Ce fut une expérience horrible, Wismerhill. Les monstres de la jungle, la maladie, les émanations de gaz de ces grottes qui donnaient des hallucinations… Nous avons finalement rejoint le temple, et… »

Oswald secoua la tête. Sa main serrait fortement le verre.

« J’ai cette vision… La vision d’une pierre qui brille sur un autel, dans une grande pièce noirâtre… Je me vois tenir cet orbe dans la paume de ma main… Puis mes souvenirs s’éparpillent. Je me souviens ensuite me réveiller dans la chambre de mon manoir, plusieurs années après cette expédition. Je sais que je suis revenu de cette jungle avec mes enfants, mais c’est le dernier véritable souvenir que j’ai d’eux… Eux me montrant l’orbe. Depuis que je suis ici, j’essaie de recoller les morceaux… Cet endroit… Je ne sais pas ce que c’est, Wismerhill, mais j’y vois des bribes de mon passé. Je me souviens de moi fouillant mon manoir vide, les portes scellées avec des lettres d’Huissiers m’annonçant la saisie de mes biens et sa vente forcée… Et j’entends les voix de mes enfants, qui m’appellent. Je me souviens sortir du manoir, rejoindre mon abattoir en suivant leur trace, avec le sentiment indicible d’être poursuivi par une créature sinistre et tueuse… Mes souvenirs continuent à me faire défaut, mais je me rapproche du but. Chaque jour que je passe ici, quand je suis la voix de mes enfants, je les entends, et je revisualise mon parcours. Je les retrouverai, Wismerhill. Je les retrouverai, et nous sortirons d’ici. »

Suite à cela, Oswald but une nouvelle rasade.

« J’avais un associé, moi aussi… J’avais oublié sa présence ! Un éminent savant luméen qui appartenait à un club élitiste, le Centaur Club. Mes amis du club lui avaient demandé de me prêter assistance après le décès de Lyli. Cependant, je ne parviens plus à me rappeler de son nom… On l’appelait }le Professeur, mais aussi… Je ne sais pas d’où cela me vient, mais il avait un autre surnom, qu’il ne m’a jamais dit… L’Étranger-Sans-Âge. »

Wismerhill eut à nouveau une vision de Haazhel Thorn.

Randall Flagg, Haazhel Thorn, le Professeur… Une seule et même personne, le dénominateur commun entre lui, Oswald Mandus, et Nadine Cross.

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 08 mars 2025 15:30
par Wismerhill
Wismerhill sentit un frisson glacial courir le long de son échine à la mention du surnom.

L’Étranger-Sans-Âge.

Une pièce du puzzle, à peine dissimulée sous la surface de son esprit. Une ombre ancienne, plus ancienne que lui, plus ancienne que cette ville maudite elle-même. Les échos de ce nom vibraient dans sa mémoire comme une corde de luth tirée à l’extrême, une note dissonante résonnant à travers le temps et l’espace.

Randall Flagg.
Haazhel Thorn.
Le Professeur.

Une seule entité. Un architecte invisible tissant les fils de leurs destins brisés avec une précision cruelle. Il aurait dû le comprendre plus tôt. Les signes étaient là depuis le début — le murmure dans les ombres, la façon dont les événements se répondaient avec une symétrie trop parfaite pour n’être qu’un hasard. Il avait cru avoir échappé à l’influence de Thorn lorsqu’il s’était émancipé de son emprise des années auparavant… mais la vérité était plus pernicieuse.

“Il t’a conduit là-bas, murmura Wismerhill, le regard noir comme un ciel d’orage. Cette expédition, cette pierre, la disparition de tes enfants… Tout a été orchestré. Rien de tout cela n’a été une coïncidence.”

Face au regard tremblant du philanthrope déchu, l’empereur poursuivit avec le même ton sombre :

“Thorn n’offre jamais rien sans un prix. Il t’a offert une issue à ta ruine, une fausse lumière dans tes ténèbres. Il t’a poussé à chercher cette pierre, cette « Pierre-Lune ». C’était un appât. Il t’a manipulé, Oswald. Comme il m’a manipulé, moi ... et Nadine. Nous sommes tous liés par la même chose, par ses manipulations.”

Le beau ténébreux médita un instant sur le sens des paroles de l’Enfant, sur Maturin et sur les Lumières-Vives, leur corruption ... Mandus semblait ne pas comprendre, car le nom de Thorn ne lui disait rien, alors il expliqua d’un ton tranchant :

“Il agit rarement à visage découvert. Il s’insinue dans les failles de l’esprit, il se glisse dans les blessures non refermées. Il s’adapte, il prend d’autres visages, d’autres noms. Il ne t’a peut-être jamais montré son vrai visage, mais il était là. Le guide dans la jungle… c’était lui. La Pierre-Lune… c’était son piège. Nous sommes ici parce que, je le crains, nous sommes les pièces du mêle échiquier. Nous avons été les pions de ce traître et cette ville damnée, ce village ... c’est le prix à payer pour avoir joué son jeu.”

Il en était convaincu à présent, il comprenait mieux ce qui l’avait amené ici. Son purgatoire, son salut reposait sur le fait qu’il affronte ses démons, qu’il se purge de l’influence de Randall et qu’il brise le cercle vicieux de leur damnation.

“Si nous voulons survivre… si tu veux retrouver tes enfants… il va falloir briser le cercle. Nous devons trouver Nadine. Si elle est liée à lui, alors elle est aussi une clé. Une faille dans son plan.”

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 10 mars 2025 13:56
par Mélinda Warren
Oswald but encore un peu. C’était de la bière, mais elle n’avait aucun goût. À force de passer du temps ici, il en oubliait le goût de la bière. Wismerhill lui expliqua que le responsable de tout cela était le Professeur, qui était également responsable de sa propre chute. Oswald se devait d’y réfléchir. Ses souvenirs étaient encore flous, lointains. Ses dettes l’avaient amené à rejoindre Zerrikania, mais qu’est-ce qui l’y avait conduit ? Il se rappelait avoir fouillé dans les archives familiales, mais se souvenait aussi de conversations qu’il avait tenus au Centaur Club.

« Vous n’avez peut-être pas tort… Quand j’avais des dettes, c’est au Centaur Club qu’on m’a parlé d’expéditions archéologiques… D’artefacts légendaires qui valaient une fortune, et de plusieurs personnes qui avaient pu s’enrichir. »

Oswald grogna en se concentrant.

« Je me souviens… On m’avait dit que mon grand-père avait fait fortune par ce biais, en ramenant des artefacts eldois et en les vendant aux enchères… Des pierres précieuses, des rubis… La Pierre-Lune était tout ce qu’il convoitait, mais ses expéditions à Zerrikania n’avaient jamais été concluantes. Alors… Ce serait le Professeur qui… »

Il secoua encore la tête. Ses souvenirs étaient flous, lointains, et distants, si distants… Mais Wismerhill avait raison sur un point. Nadine savait quelque chose.

« Vous avez raison, Wismerhill, il faut retrouver Nadine. Elle se promène parfois hors de l’auberge, aux abords du lac. »

Oswald se releva. Wismerhill aurait pu le suivre, mais des courants d’air filèrent alors autour de lui, et il put à nouveau entendre les Vents qui l’appelaient :

« La chambre…
- Elle est dans la chambre…
- …Vite, dépêche-toi ! »

Tandis qu’Oswald partait vers la porte arrière, Wismerhill grimpa donc logiquement à la chambre. Aucune trace de Nadine, mais le miroir de la chambre s’était brisé. De grands éclats gisaient sur le sol. Des coups résonnaient contre le miroir. Les Vents lui demandaient de réparer le miroir. Un éclat se tenait devant lui, tandis que les coups s’intensifiaient… Et, quand le morceau de miroir fut posé contre les restes du miroir, Wismerhill vit une main blanche contre la sienne… Puis, à travers un éclat, un œil vert qui le regardait.


« Majesté ! »

Le décor autour de Wismerhill disparut intégralement. Il se retrouvait désormais dans une zone totalement blanche. Impossible de voir le sol, des murs, ou un toit. Face à lui, une femme lui faisait face. Ses longs cheveux bruns et bouclés descendaient en cascade derrière son dos. Elle portait une longue robe dorée aux motifs verts, et, surtout, d’étincelants yeux verts.

Mélinda Warren lui faisait face.

« J’arrive enfin à vous retrouver ! Vous ne prévoyez pas de m’égorger à nouveau cette fois ? »

Elle cligna des yeux.

« Je suis Mélinda. Vous ne vous rappelez pas de moi ? Nous nous sommes rencontrées une fois il y a des mois. »

Mélinda avait été invitée par l’Empereur après son mariage avec Vanillia, un mariage qui avait permis de reconstituer le clan Warren, et qui avait inquiété le Conseil Impérial. Ils avaient fait l’amour ensuite, et l’Empereur s’était ensuite désintéressé de son clan.

Elle saisit les mains de Wismerhill, et le décor blanc changea alors brièvement. On put voir des reflets en hauteur, le visage de Mélinda gémissant de plaisir tandis qu’elle faisait l’amour à Wismerhill. Un fragment de leur rencontre… Un souvenir qui avait disparu chez Wismerhill.

« Nous n’avons pas beaucoup de temps, mon Empereur… Comment allez-vous ? »

Re: Son Of Pain [Wismerhill]

Posté : 20 mars 2025 23:02
par Wismerhill
Wismerhill sentit le froid du vide lui glisser sur la peau, le blanc infini s'étendant autour de lui comme une prison sans contours. Mélinda Warren. Ce nom résonnait dans sa mémoire comme une lame ébréchée — une fracture dans son esprit déjà brisé. Il se rappelait les échos de son plaisir, la chaleur de son corps contre le sien… mais ces souvenirs semblaient flous, voilés par une brume ancienne. Une manipulation, peut-être. Ou pire : une conséquence des jeux de Thorn.

Le souvenir s’effaça comme un mirage, mais la sensation persistait.
La chaleur de son souffle sur sa peau, la pression de ses cuisses serrées autour de ses hanches, le goût métallique du sang dans sa bouche après leur étreinte sauvage. Tout cela se superposait à la froideur de ce vide blanc, créant un contraste brutal qui le laissa étourdi un instant. Wismerhill cligna des yeux, fixant Mélinda qui se tenait devant lui, ses doigts fins glissant contre les siens.

“Melinda ... oui, je me souviens de toi. Je crois.”

Il sentit la pression de ses mains dans les siennes. Chaudes. Vivantes. Trop réelles pour être une illusion. Pourtant, il doutait de tout. Il plissa les yeux, détaillant le vert éclatant de ses iris — une couleur presque trop parfaite, trop vibrante dans ce néant.

“Je vais… aussi bien qu’on peut l’être, quand l’enfer gronde sous ses pieds. Je suis mort et mon âme est prisonnière d’un lieu maudit. Pas le repos éternel qu’on nous promettait.”

Son ton empreint d'une ironie sombre. Il écarta doucement ses mains de celles de la vampire. Wismerhill la toisa, ses yeux bleus se plissant légèrement. Une tension palpable flotta dans l’air.

“Que fais-tu ici ? Comment m’as-tu trouvé ? Si tu es bien la dame Warren que je connais, j’ai besoin de savoir ce qui s’est passé depuis mon affrontement contre Chaos. Que devient Mijak ?”

Avalant bruyamment sa salive, l’empereur hésita un instant à poser la question fatidique, essayant de juger si Melinda n’était pas une chimère ou un tour de sorcellerie né des horreurs de Silent Hill pour le tourmenter à nouveau. Soupirant, il se décida à la poser :

“Thorn ... est derrière ma chute. Que fait-il depuis que je suis mort ?”