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Basic Instinct

Posté : 11 déc. 2024 18:08
par Leon Redgrave
Les lumières des gyrophares peignaient des ombres dansantes sur les murs blancs de l’immeuble. Nick traversa le hall marbré, ses pas résonnant dans le silence pesant. Un agent en uniforme l’attendait près de l’ascenseur, son visage tiré par la fatigue et une pointe de malaise.

— L'appartement est au dernier étage, inspecteur. Préparez-vous, la scène est... particulière.

Nick hocha la tête sans répondre, la mâchoire crispée. L’ascenseur s’ouvrit dans un tintement froid, et il entra, le goût métallique de l’adrénaline déjà sur sa langue.

Lorsque les portes se refermèrent derrière lui, il prit une longue inspiration. Ce genre de scène, il en avait vu des dizaines. Mais une intuition, presque viscérale, lui disait que celle-ci serait différente.

À l’ouverture des portes, l’air semblait plus lourd. Un couloir impeccablement entretenu menait à une porte entrouverte, où deux autres agents discutaient à voix basse. L’un d’eux se redressa en le voyant approcher.

— Inspecteur Harmon. Appartement 901. C’est le voisin d’en face qui a appelé. Il a entendu des bruits étranges cette nuit.
— Et la victime ?
— Un homme, Johnny Boz. Mort sur place. La scène est… vous verrez par vous-même.


Nick passa sous le ruban jaune et entra. L’appartement baignait dans une étrange atmosphère : un mélange de luxe glacé et d’intimité troublante. La lumière tamisée, les œuvres d’art modernes, l’odeur subtile de fleurs fanées… Tout semblait soigneusement orchestré, jusqu’à la macabre mise en scène dans la chambre.

Le lit à baldaquin dominait la pièce. Au centre, Robert Langston gisait, nu, le corps étendu dans une posture presque théâtrale. Ses mains étaient attachées aux montants du lit avec des foulards de soie noire. Une tache de sang sombre s’élargissait sous lui, contrastant violemment avec la blancheur immaculée des draps.

Nick s’approcha lentement, scrutant chaque détail. Un agent en blouse blanche lui tendit une paire de gants.

— Une arme du crime ? demanda-t-il en enfilant les gants.
— Oui, répondit le technicien. Regardez ceci.
Il lui tendit un sachet contenant un pic à glace, maculé de sang séché.
— Retrouvé dans le salon, posé sur un plateau d’argent. Comme si on voulait qu’on le trouve.

Nick haussa un sourcil.
— Ça ressemble à une signature, pas à un accident.

Le médecin légiste, occupé à examiner le corps, se tourna vers lui.
— L’heure de la mort est estimée entre 2h et 3h du matin. Aucune trace de lutte. Il était probablement attaché de son plein gré. Le coup a été précis, net, en plein cœur.
Nick observa le visage de la victime, figé dans une expression ambiguë, comme s’il était surpris autant par la douleur que par son origine.
— Vous avez interrogé les voisins ?
— Oui, répondit l’agent près de la porte. La plupart dormaient, sauf celui qui a signalé les bruits.

Nick poussa un léger soupir.
— Un suspect ?
L’agent haussa les épaules.

— On sait que la victime avait une relation avec une femme du nom de Katherine Duhamel, une puissante femme d’affaire du coin.
Nick se détourna, fixant la scène du crime une dernière fois. Une étrange sensation lui nouait l’estomac. Tout dans cette pièce hurlait une intention calculée, une volonté presque artistique.

— Faites-moi une liste des preuves trouvées, et donnez-moi l’adresse de Mme Duhamel, dit-il d’une voix ferme. Je veux lui parler dès que possible.
Puis il quitta la pièce, son esprit déjà focalisé sur ce qui l’attendait : une confrontation avec une femme que rien ne semblait pouvoir ébranler, pas même un meurtre.


[Ellipse]


Les grilles du manoir s’élevèrent devant Nick et son partenaire Bob, comme les remparts d’un secret bien gardé. La ferronnerie noire, entrelacée de motifs floraux, semblait à la fois inviter et avertir. Derrière, une allée pavée s’enfonçait entre des cyprès, des gardiens silencieux dont les ombres longues dans la lumière du crépuscule ressemblaient à des doigts pointant vers l’inconnu.

« Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas besoin d’aides sociales, elle. Pourquoi aurait-elle buté un pauvre rockeur du coin si elle est aussi friquée ? »

« Aucune idée, on le saura bien assez tôt »


Nick inspira profondément avant d’appuyer sur l’interphone, le grésillement métallique brisant brièvement le calme feutré de l’endroit.
— Inspecteur Nick Harmon. Je viens voir Mme Duhamel.

Après un instant de silence, un déclic résonna, et les grilles s’ouvrirent dans un mouvement lent et majestueux, comme si elles hésitaient à céder. Nick et son partenaire avancèrent. A l’entrée, se trouvait une porte en bois qui s’ouvrit, laissant apparaitre ce qui semblait etre le major d’homme de la maison.

« Inspecteur Nick, j’ai signalé votre présence à Mme Duhamel. Veuillez attendre dans la salle de séjour, je vous prie, elle va bientôt vous rejoindre »


Nick et Bob pénétrèrent dans l’enceinte du manoir, un habitacle somptueux, d’une beauté rarement égalée. Bob et Nick scrutaient chaque recoin de la pièce. Il y’avait notamment des œuvres d’arts accrochés au mur, et une ambiance assez occulte dans la maison.

« La dernière fois que j’ai checké, ce genre de maison se vendaient pour au minimum 5 millions de dollars… Je savais qu’elle était riche, mais à ce point… »


Nick avait un drôle de pressentiment, et pour cause, refusa de s’asseoir, préférant rester debout. Bob, de son coté, savourait délicieusement le café que venait de lui apporter la bonne, qu’il ne manqua pas d’ailleurs de draguer. L’anxiété de Nick ne fit pas inaperçue chez Bob, qui trouva que Nick était bien trop tendu…

« Détends-toi, vieux, on dirait que t’attends t’affronter un boss de fin dans un jeu vidéo. C’est qu’une femme un peu friquée, c’est tout. On l’interroge et après on se barre »

HRP:Petite info sur nick : sa sœur est morte assassiné après avoir été violée, et le coupable n’a jamais été retrouvée. En verité, le coupable a été capturé de maniére clandestine par nick qui l’a torturée pendant une semaine dans son domicile avant de l’enterrer dans le jardin. Etant donné les pouvoirs occultes de Katherine, elle aurait connaissance de cet indicent, qui est une grosse tache d’encre dans le parcours de flic exemplaire de nick, et s’en servirait comme arme psychologique contre lui, en lui révélant des détails (de maniére indirecte) sur cet indicent, ce qui pousserait nick a devenir parano

Re: Basic Instinct

Posté : 28 déc. 2024 17:46
par Reine Alice Korvander
Le majordome conduisit les deux inspecteurs vers le salon principal de cette luxueuse villa installée en hauteur. Elle dominait San Francisco, avec une terrasse massive abritant une énorme piscine. Dans le salon, il y avait une femme, et une télévision à écran plat énorme allumée, qui retransmettait les actualités locales.

« …Conférence de presse au sujet du décès de Johnny Boz. Ce chanteur, qui a connu son heure de gloire il y a une dizaine d’années, a été retrouvé mort dans une chambre d’hôtel. Les circonstances de son décès n’ont pas encore été communiquées par la police. Johnny Boz était le guitariste principal du groupe ‘‘The Alamos’ Sinners’’, un groupe de rock alternatif antimondialiste. Des accusations de consommation d’héroïne et de relations sexuelles avec des prostituées avaient entraîné la dissolution du groupe… »

Tandis qu’ils approchaient, la femme, avachie sur un canapé, mangeait un croissant.

« Madame, annonça le majordome, la police souhaite interroger Madame Duhamel. »

La jeune femme se retourna alors. Elle portait une combinaison rouge assez moulante. D’une voix inflexible, le majordome la présenta comme étant la petite-amie de Madame Duhamel, Roxy. Elle leur sourit chaleureusement, puis leur indiqua que Catherine dormait encore.

« Elle m’a demandé de préparer du café.
- Ce que j’ai fait, Madame Roxy.
- Vous êtes un ange, Jasper ! »

Roxy gloussa alors, et observa ensuite les deux inspecteurs.

« Bon, je ne m’attendais pas à voir deux policiers ce matin… Vous n’avez qu’à attendre, je vais dire à Kate de descendre. »

La jeune femme fila ensuite par une porte, tandis que Jasper invitait les deux hommes à s’asseoir sur le canapé. Il fallut attendre plusieurs minutes avant que la porte coulissante ne s’ouvre encore. Katherine Duhamel était là, magnifique blonde aux formes avantageuses, et aux interminables jambes fuselées. Son nom trahissait ses origines françaises. Elle était une riche héritière qui avait légèrement anglicisé son prénom.

« Messieurs… Je vous souhaite la bienvenue chez moi. Il est inhabituel de recevoir la visite d’inspecteurs, a fortiori si tôt. »

Katherine s’assit devant eux, et attrapa la tasse de café que Jasper lui tendait, qu’elle trempa dans un croissant, et mangea ensuite devant eux. On pouvait voir qu’elle avait pris le temps de se coiffer, der s’habiller, et même de se parfumer. Une magnifique odeur qui envahissait la pièce.

« En quoi puis-je vous être utile ? » finit-elle par demander.

Re: Basic Instinct

Posté : 05 janv. 2025 18:04
par Leon Redgrave
Nick laissa son regard errer un instant sur les contours du salon, absorbant chaque détail comme un peintre observant une toile. La villa, perchée sur les hauteurs de San Francisco, respirait une opulence décontractée. Tout semblait soigneusement orchestré : le scintillement de la piscine visible par les larges baies vitrées, le parfum délicat qui imprégnait la pièce, et cette femme—Katherine Duhamel—dont la présence suffisait à alourdir l’atmosphère d’une aura magnétique.

Il s’installa sans un mot sur le canapé moelleux, laissant son partenaire prendre les rênes de la conversation. Il n’était pas là pour séduire ou dominer l’échange ; son rôle, pour l’instant, était celui d’une ombre attentive, prête à capter ce qui échappe à la lumière.

Bob s’avnça alors vers Kate, avant de lui serrer la main

« Bonjour Madame Duhamel, je me présente : inspecteur bob Morgan, de la police de san Francisco, et voici mon partenaire : Nick Johnson. Navré de vous déranger en si bon matins, mais vous avez sans doute entendu parler du décès de Johnny Boz »

La voix de son partenaire résonnait avec une douceur trompeuse, semblable au murmure d’une lame qui fend l’air. Nick, silencieux, fixa Katherine sans la quitter des yeux, cherchant à déceler dans son visage la moindre fissure.
Elle, en revanche, semblait parfaitement imperturbable. Avec une grâce nonchalante, elle trempa son croissant dans le café et releva doucement le regard. Ses yeux, d’un bleu limpide, semblèrent balayer les deux hommes, comme pour jauger leur importance.

« Si nous sommes ici, c’est parce que votre nom à été cité dans l’enquête, pourriez-vous nous dire quel genre de relations entreteniez-vous avec monsieur Bozz ? »

Nick croisa lentement les bras, s’appuyant légèrement contre le dossier du canapé. Son visage demeurait impassible, mais son regard était vif, traquant le moindre détail : une infime hésitation dans la voix, un battement de cils trop rapide, ou cette manière calculée dont elle posa sa tasse sur la table basse.

Bob, imperturbable, poursuivit d’une voix mesurée, en sortant son carnet :

« Pourriez-vous également me dire ou vous vous trouviez hier entre deux heures et trois heures du matin ? »

Re: Basic Instinct

Posté : 10 janv. 2025 09:54
par Reine Alice Korvander
Katherine croisa sensuellement ses longues jambes en attrapant sa tasse de café. Elle trempa son croissant dedans, et commença à le manger, rompant le silence. On l’interrogea ensuite sur le décès de Johnny Boz.

« Je viens de me lever, mais Roxy me l’a dit en venant me dire que vous étiez là. L’information semble circuler sur les réseaux sociaux. Au fait, si vous voulez du café ou un croissant, Jasper pourra vous en préparer, il est toujours malaisant de manger devant des gens qui vous regardent manger. »

Sa jambe libre se balançait de droite à gauche. Elle ne portait qu’un peignoir assez élégant en satin, avec un décolleté plongeant. La dentelle entourant le peignoir était presque transparente, ce qui permettait de voir que Kate ne portait aucune culotte.

Elle avala un peu de son café, avant de leur répondre :

« Johnny Boz ne m’est pas inconnu. Il est venu me voir il y a plusieurs jours, il faudra demander à Roxy pour avoir la date, c’est elle qui gère mon agenda. Il souhaitait relancer sa carrière, et il sait que je suis une mécène, et qu’il m’arrive de financer des artistes. »

Katherine avala encore un peu de son croissant.

« Les Alamos’ Sinners ont eu leur moment de gloire, mais la consommation d’héroïne a provoqué la dissolution du groupe, ainsi que des accusations d’infraction sexuelle. Johnny m’avait assuré qu’il était clean, et m’a invité à son concert… Qui a eu lieu hier soir. J’y suis allée, pour l’écouter, et il m’a invité chez lui, mais je n’y suis pas allée. »

Elle reposa sa tasse, décroisa les jambes, puis les recroisa en les inversant.

« Nous avons eu une relation sexuelle, mais rien de bien significatif. Il continuait à se droguer, ça m’a refroidi. Roxy était une toxicomane avant que je ne la prenne sous mon aile. Je l’éloigne donc de ce milieu, et je m’en éloigne aussi. J’imagine qu’il est mort d’une overdose. »

Katherine regarda ensuite Bob, et répondit à sa question :

« Cette nuit, je faisais l’amour à Roxy. Je pense qu’elle pourra vous le confirmer. »

Katherine resta ensuite silencieuse pendant un temps, et poursuivit :

« J’ignore ce qu’on vous a dit sur moi, je pense que Johnny attendait beaucoup de mon argent. Il a été accusé d’agression sexuelle, vous savez… Après #MeToo, c’est compliqué de sortir d’une telle réputation. Je suppose que cela l’a fait replonger dans la drogue. Pauvre homme… Il avait du talent, vous savez. Mais je suppose que l’enquête va conclure à un suicide, non ? »

Re: Basic Instinct

Posté : 21 févr. 2025 21:18
par Leon Redgrave
Nick observait Katherine avec une intensité calculée, cherchant à percer le voile de son apparente nonchalance. Des criminels, il en avait vu défiler des centaines, et généralement, le flair de Nick s’était toujours montré fiable, flairant les suspects a des kilomètres à la ronde. Cependant, face à cette « suspecte », l’esprit de Nick était de plus en plus sceptique. Que ce soit la nonchalance avec laquelle elle se déplaçait, la manière dont elle trempait son crossant dans son café, son vêtement ou encore son sang-froid face aux questions frénétiques de bob, elle restait calme, comme si elle n’avait pas la moindre inquiétude. C’était trop calculé, trop maitrisé. Nick n’aimait pas ça.

« Oh, merci, volontiers ! », répondit Bob en souriant a la proposition de Katherine, un regard plongé dans son décolleté.

Jasper revit ensuite avec du café et des croissants, que bob prit sans hésiter. Nick se contenta d’un café, ignorant le jeu de jambes dévastateur de la maitresse des lieux, qui faisait presque baver bob, qui la dévorait des yeux. Il fallait dire que ses gestes, couplé a son peignor transparent, la rendait irréstitble. Nick demeura indifférent.

Buvant une gorgée de son café, Nick sentit son battement de cœur s’accélérer, son regard s’assombrir alors qu’il fermait brièvement les yeux. Puis, quelque chose bascula. Que se passa-t-il ? La café était-il empoisonné ? Nick faisait-il une crise d’hypertension ?
Puis Le monde autour de lui se mit à vaciller, comme si la réalité commençait à se déformer. Les lignes du décor s’étirèrent, se brouillèrent, se fondirent dans une obscurité mouvante. L’appartement luxueux de Katherine se décomposa en éclats de lumière et de fumée, s’évaporant pour laisser place à un espace irréel.

Nick se retrouva dans son sanctuaire mental. Un lieu hors du temps et de la logique, un espace qu’il avait façonné inconsciemment au fil des années, un théâtre mental où chaque indice prenait forme sous une nouvelle perspective.
Les murs étaient tapissés de fragments de souvenirs, de notes griffonnées en suspension, d’images diffractées de la réalité. Un gigantesque tableau d’enquête flottait devant lui, épinglé de fils rouges et de croquis animés représentant les moments-clés du crime.
Dans un coin, l’ombre floue de Johnny Boz vacillait, un spectre figé dans sa dernière nuit en vie. Plus loin, Katherine apparaissait sous différentes facettes : séductrice, manipulatrice, témoin sincère ou menteuse habile.

Nick avança dans ce monde mental, passant une main sur l’un des fragments lumineux qui représentaient ses notes. Les mots griffonnés se transformèrent en voix murmurantes, répétant les déclarations de Katherine d’un ton feutré.

— "Il continuait à se droguer, ça m’a refroidi."
— "J’imagine qu’il est mort d’une overdose."
— "L’enquête va conclure à un suicide, non ?"

Sur le tableau, on pouvait également voir des notes, symbolisant les pensées de Nick :

"Katherine Warren. Dernière personne connue ayant vu Johnny Boz vivant."
Son écriture était fluide, méthodique, tandis qu’il résumait point par point ses déclarations.
"Elle apprend sa mort ce matin via Roxy. Confirmation : réseaux sociaux."
"Aucune surprise apparente. Sang-froid notable."
"Johnny Boz, ex-rockstar, carrière déchue à cause de drogue et accusations d’agressions sexuelles. Elle l’a vu il y a plusieurs jours – vérifier auprès de Roxy."
"Concert hier soir. Rencontre. Invitation rejetée."
"Relation sexuelle admise, sans importance selon elle. Dissuadée par sa consommation de drogue."
"Alibi : nuit passée avec Roxy. Vérification à faire."
"Hypothèse avancée : overdose. Prise de distance avec la drogue – Roxy ex-toxicodépendante."

Alors qu’il réfléchissait, le décor oscilla de nouveau. Une porte invisible s’ouvrit derrière lui, signe qu’il devait revenir à la réalité. Nick inspira profondément, puis lâcha prise.
Le monde reprit son cours.
Il était de retour dans l’appartement de Katherine. Le léger tintement de la tasse contre la soucoupe, le parfum du café, la lumière filtrant à travers les rideaux… Tout était redevenu normal.

« Ça va, Nick ? », questionna son partenaire
« Oui, ça va », répondit Nick, d’un ton rassurant.

Nick se leva ensuite du sofa et s’avança vers Katherine, ses yeux d’azur soutenant son regard mystique :

« Non, Johnny Booz n’est pas mort d’un suicide, mais il a été assassiné… avec un pic à glace »

C’était la première fois que Nick s’adressait à Katherine. Nick avait jusque-là été silencieux, passant inaperçu. Peut-être que Katherine ne s’était meme pas rendu de sa présence ? Bref, Nick venait de prendre la parole, et avec un ton ferme. Son partenaire ne tarda pas à se joindre à la conversation :

« Johnny Booz a effectivement été poignardé à plusieurs reprises avec un pic a glace, il est mort assassiné a son domicile. Est-ce que vous savez par hasard s’il avait des ennemis ? Ensuite, j’aimerais- »

Bob ne put terminer sa question, Nick vint le couper en posant une question directe à Katherine :

« Qu’est ce que ça vous fait qu’il soit mort ? »

Re: Basic Instinct

Posté : 03 mars 2025 01:05
par Reine Alice Korvander
Katherine semblait imperturbable. Elle offrait l’hospitalité, tout en ayant conscience qu’elle pouvait à tout moment mettre fin à cette conversation. Son calme implacable tranchait avec la relative nervosité de Roxy. Elle revenait fréquemment passer une tête, comme pour se demander si les inspecteurs étaient partis. San Francisco n’était pas Los Angeles, tous les artistes n’avaient pas la réputation de prendre de la drogue, mais Nick avait vu juste sur un point. Roxy était une ancienne toxico’. En regardant son dossier, les inspecteurs pourraient apprendre qu’elle avait été une enfant placée. Ses parents étaient instables, un acteur raté qui avait sombré dans l’alcool et la drogue, et qui épanchait sa frustration sur sa femme, sous emprise. Les services sociaux avaient fini par retirer la garde de Roxy, mais ses séjours en famille d’accueil n’avaient pas été fructueux. Elle avait commencé à se droguer, pour fuir, pour oublier ses soucis, jusqu’à finir internée dans un asile après une tentative de suicide par overdose. Les médecins avaient réussi à la purger, et, ensuite, Roxy avait fini par disparaître. Son parcours la menait finalement ici, chez Katherine Warren.

L’inspecteur Nick lui expliqua alors que Johnny Booz n’était pas mort d’une overdose, mais assassiné par un pic à glace. Les sourcils de Katherine se haussèrent sous la surprise. L’inspecteur Bob enchaîna, puis Nick à son tour. Katherine sortit de son côté une longue et élégante cigarette avec un porte-cigarettes, et souffla dedans.

« Un… Un pic à glace, vous dites ? Voilà une arme… Très féminine, vous ne trouvez pas ? Je dirais bien que je suis désolée pour Johnny, par compassion et par hypocrisie, mais j’ai toujours été très franche, inspecteur Nick. Les accusations d’agression à son encontre… Tout se sait dans le monde des artistes, et je suis une mécène, vous savez. Johnny ne parvenait pas à se contrôler. Dans mon pays natal, il y avait un écrivain, Albert Camus… Il disait : ‘‘Un homme, ça s’empêche’’. Johnny n’arrivait pas à se retenir. Il me semble que vous tenez une sérieuse piste, Inspecteurs. Interrogez celles qui ont accusé Johnny d’agressions, ce sont elles qui auraient un mobile pour sa mort. »

C’était le choix le plus logique, après tout.

« Interrogez son agent, rouvrez des dossiers, je ne sais pas, moi… Vous êtes les détectives, non ? »

Cette réponse-là était destinée à l’inspecteur Bob. Concernant l’inspecteur Nick, sa dernière question avait surpris Katherine, qui y avait déjà plus ou moins répondu.

« Quant à ce que je ressens pour sa mort… Votre question est tendancieuse, Inspecteur Nick. Je ne le connaissais pas plus que ça. Juste les rumeurs qui le concernaient sur ses crises de colère. Et, si je me fie à ces rumeurs, vous allez trouver peu de gens qui regretteront son départ. Maintenant, Inspecteur Nick, puisque vous souhaitez savoir ce que je pense, dites-moi donc… Pensez-vous qu’un homme doit s’empêcher ? »

Tout en posant cette question, ses jambes étaient toujours joyeusement croisées.

Re: Basic Instinct

Posté : 13 mars 2025 00:17
par Leon Redgrave
Les yeux de Nick s’écarquillèrent a la question de Katherine, elle venait d’évoquer une citation d’Albert Camus, un écrivain français du 20éme siècle, connu pour sa pensée de l’absurde. Ou du moins, c’est comme cela qu’il définissait l’existence : comme une chose absurde à laquelle on ne pouvait trouver de sens. Mais le point le plus surprenant, c’était que Nick aussi, était un fervent lecteur d’Albert Camus… une coïncidence ?

« Un homme doit s’empêcher, oui. Mais dieu serait plutôt idiot de croire que toute sa création peut s’empêcher. C’est pourquoi nous avons des normes judiciaires dans notre société, destiné à punir ceux qui ne s’empêchent pas. », dit-il en se penchant légèrement en avant à sa dernière phrase, comme pour appuyer ses propos

Derrière, bob continua de savourer son petit déjeuner, les yeux remplis d’étoile face au débat philosophique qui avait lieu

« Mais il y a autre chose que Camus disait. Il parlait du moment où un homme choisit de ne plus s’empêcher. De cet instant où l'on décide que certaines règles ne s’appliquent plus, que la morale peut être réinterprétée. Johnny Booz était un monstre, c’est ce que vous suggérez. Un homme incapable de se contrôler. Et quelqu’un, quelque part, a décidé qu’il ne méritait plus de respirer. »

Nick se pencha légèrement en avant, son regard transperçant le sien.

« Et cette personne … C’est peut-être vous. »

Un silence. Puis un sourire. Un sourire froid, professionnel, presque amusé.

« Oh, je sais. Vous allez me dire que vous n’avez aucune raison de l’avoir tué. Que vous n’étiez même pas là. Que tout ceci n’est qu’une coïncidence. Mais voyez-vous, les coïncidences ont tendance à beaucoup nous intéresser, au commissariat. »


Il jeta un regard à l’horizon, faisant mine de réfléchir.

« Et puisque vous aimez les citations, en voici une autre de Camus : ‘‘La vérité, comme la lumière, aveugle. Le mensonge, au contraire, est un beau crépuscule qui met chaque objet en valeur’’. »


Nick attrapa son badge et le posa sur la table devant elle.

« A la police, on aime voir la lumière en face. Alors, je propose que vous nous suiviez au commissariat. Bien sûr, vous êtes libre de refuser. Mais d’un côté, refuser maintenant ne ferait qu’aiguiser notre curiosité. Et vous n’aimeriez pas que l’on commence à creuser davantage, n’est-ce pas ? »

Les deux inspecteurs n’avaient pas de mandat d’arrêt, ce qui signifiait que Katherine pouvait facilement refuser leur proposition, la loi américaine exigeant un mandat d’arrêt pour emmener quelqu’un au commissariat. Mais au fond, Katherine avait-elle réellement peur de deux policiers ?

Re: Basic Instinct

Posté : 17 mars 2025 02:00
par Reine Alice Korvander
Quand Nick évoqua l’idée que Katherine puisse avoir tué Boz, Bob écarquilla brièvement les yeux derrière lui. Cela, il ne l’avait pas anticipé ! Katherine, de son côté, parvint à faire preuve d’un parfait stoïcisme, et sourit ensuite, comme si elle pensait à une plaisanterie.

« Vous avez le sens de l’humour, au sein de la police. »

Nick semblait toutefois très sérieux. Légalement, celui-ci n’avait rien contre elle, aucun motif valable ni aucun début de commencement de preuve à son encontre pour la mettre en détention. De plus, ils s’étaient spontanément présentés en souhaitant l’interroger comme témoin. Que l’on demande à un témoin d’aller au commissariat pour transcrire de façon officielle sa déposition afin de l’intégrer à la procédure, cela s’entendait, mais Nick l’accusait clairement.

Katherine cligna donc des yeux, et un léger silence flotta dans la pièce.

« Roxy, mon amour, peux-tu me dire avec qui j’ai rendez-vous aujourd’hui ? »

Roxy avait elle aussi écarquillé les yeux en entendant la menace de l’inspecteur, si bien qu’elle ne répondit pas immédiatement à Katherine. Une lueur d’agacement flotta dans les iris des magnifiques yeux de Katherine, qui se retourna vers Roxy.

« Roxy ?
- Oh… Euh, oui, bien sûr, désolée… »

Roxy attrapa l’agenda de Katherine.

« À 9h30, il y a Kent Paul, l’agent des Love Fists. Ensuite, on a à 11h00 le rendez-vous à la galerie SubUrban Art, pour le prochain vernissage…
- Roxy mon amour, pourrais-tu les appeler pour dire que nous allons devoir reporter les rendez-vous ?
- Dois-je aussi prévenir Maître Hamlin ? »

Katherine conserva sur ses lèvres un bout de sourire.

« Seulement si ces messieurs envisagent de me mettre des menottes ailleurs que dans leur chambre… Disons que je me rends au commissariat pour faire ma déposition, en citoyenne zélée que je suis. Inutile d’embêter Howard. »

Roxy fronça les sourcils. Vu son passé de toxicomane, elle était naturellement plus méfiante que Katherine à l’égard des policiers.

« Je suppose que je dois vous suivre dans votre voiture, Messieurs les inspecteurs ? Voudriez-vous me laisser quelques minutes pour me préparer ? »

Bob acquiesça alors. Il fit signe à Nick, et les deux policiers sortirent dehors. Bob sortit alors une cigarette, et commença à la fumer.

« Nick, si cette salope nous a mis sur écoute, tu es conscient que tu nous as foutu dans la merde ? On a rien sur cette richarde, et tu l’accuses chez elle. Putain, je suis sûre que sa copine nous a mis sur écoute dès qu’elle nous a vus. À quoi tu joues ?! »

Re: Basic Instinct

Posté : 17 mars 2025 15:05
par Leon Redgrave
Nick avait-il été trop loin ? Possible. Il lui arrivait souvent de déraper, mais jamais il n’avait franchi une ligne aussi fine avec autant d’aplomb.

L’inspecteur sortit son paquet de cigarettes, en coinça une entre ses lèvres et l’alluma d’un geste sec. Il inspira profondément, laissant la fumée s’échapper lentement dans l’air frais du matin. Son regard s’attarda sur l’horizon un instant, comme s’il cherchait à retrouver ses esprits, mais Bob ne lui laissa pas ce luxe.

« Putain, Nick. »

Bob le fusillait du regard, les traits tendus par une colère contenue.

« Tu crois que je fais ça au hasard ? »
répliqua Nick en le fixant, impassible.

Bob pinça les lèvres et jeta un coup d’œil autour d’eux, comme s’il redoutait que quelqu’un puisse écouter leur conversation.

« Écoute-moi bien, Bob. On a peut-être rien de concret sur elle, mais elle est pas nette. T’as vu sa réaction ? Pas un foutu battement de cils, comme si elle savait déjà qu’on allait lui poser la question. Une femme normale aurait été indignée, choquée, elle nous aurait foutus dehors. Elle, non, on l'a accusé de meurtre et ça l'a meme pas fait broncher. »

Bob soupira, secouant la tête avec agacement.

« Ouais, peut-être. Mais, t’as quand même balancé une accusation sans aucune preuve chez elle, devant sa secrétaire. Si elle nous fout un avocat sur le dos, on est dans la merde. »

Nick expira une longue bouffée de fumée et haussa légèrement les épaules.

« Oui, je sais, mais elle ne le fera pas. »

Bob écarquilla les yeux, incrédule.

« Quoi ? Comment tu peux être aussi sûr de toi ? »

Nick écrasa sa cigarette sous sa chaussure et croisa les bras.

« Je le sais, c’est tout. »


Il y eut un bref silence entre eux, seulement troublé par les bruits de la ville qui s’éveillait. Bob s’apprêtait à répliquer, mais le son d’une porte qui s’ouvra derrière eux l’en empêcha.

Re: Basic Instinct

Posté : 24 mars 2025 01:17
par Reine Alice Korvander
L’argent n’était pas un problème pour Katherine, qui ne tarda pas à sortir de la maison. Elle avait enfilé un manteau blanc en soie avec double boutonnage, soit un manteau qui valait bien un millier de dollars. Elle avait également enfilé des gants noirs en cuir souple valant bien 500 $, et enfin un chapeau canotier de la maison Michel de Paris, valant quant à lui 1 500 $. Autrement dit, Katherine portait sur elle des vêtements valant sans doute un salaire mensuel de Nick et de Bob réunis.

« Messieurs, je suis à votre disposition. Comme je l’ai indiqué à ma compagne, si la déposition que je m’apprête à faire devait évoluer en accusation, il conviendra de contacter mon avocat. Voici sa carte. »

Katherine sortit de sa poche intérieure une élégante carte dorée avec des reflets brillants, sur laquelle on pouvait lire :
HHM
HOWARD HAMLIN


100 CONSTITUTION WAY
SAN FRANCISCO, CA 94080
S’ensuivait ensuite un numéro de téléphone et l’adresse mail de Maître Hamlin. Sur le verso de la carte, le slogan du cabinet HHM : « Conseiller et Défendre ».

Une rapide recherche indiquerait que le cabinet HHM était un gros cabinet américain. Fondé à Albuquerque, il s’était ensuite relocalisé à San Francisco, et avait des bureaux dans plusieurs État américains, mais aussi à l’international. Howard était le fils de l’un des deux fondateurs du cabinet, George Hamlin, et le cabinet HHM se spécialisait dans le conseil aux entreprises, aux stars, exerçant surtout des activités en droit des affaires, en droit fiscal, ou en droit pénal des affaires. Autrement dit, un cabinet richissime, laissant supposer des bouledogues qui allaient mettre en pièce tout dossier de procédure. Autant dire que Bob garda pour lui ses réflexions, espérant que l’autre pétasse lesbienne n’allait pas confirmer une mise en accusation sans preuves. Bob connaissait suffisamment les baveux pour savoir qu’ils s’acharneraient sur ce genre de détails.

Katherine grimpa à l’arrière de leur voiture, et sortit d’un étui en or une longue cigarette, avant de croiser à nouveau sensuellement les jambes.

« Ça ne vous ennuie pas si je fume ? Ce n’est pas comme si j’étais suspecte… »

Bob acquiesça. Il ne manquait plus que des paparazzis les voient…

« Ouvrez votre fenêtre, Madame. Désolé, notre voiture ne doit pas être aussi confortable que votre voiture, je suppose. »

Katherine sourit doucement.

« Au moins, je ne risque pas l’excès de vitesse. Je dois vous avouer que cette grille me met mal à l’aise… Ainsi que l’absence de poignées.
- Ne vous inquiétez pas, Madame Duhamel, on préfère faire ça vite, parce que… Enfin, la mort d’une star, ça attire toujours les paparazzis, donc mieux vaut régler ça vite avant qu’ils ne nous tombent dessus, et que votre nom apparaisse dans la presse.
- Je vous remercie pour cette délicate attention, Agent Moran. Je pense en effet que vous allez vite avoir la pression. Johnny a mal fini, mais sa mort reste tragique. C’est vous qui vous chargez de prévenir sa famille ? Ce genre de moments doit être dur à gérer… Je ne sais pas si j’en serai capable, personnellement.
- Non, non, on a des collègues qui s’en chargent, vous savez. »

Katherine acquiesça, puis reçut un SMS. Elle ouvrit son téléphone.

« Oh… Roxy a déjà prévenu Howard. Ça vous dérange si je l’appelle ? Il souhaite venir… Visiblement, il se méfie de vous. Pourtant, on ne devrait pas se méfier de la police, non ? »

Re: Basic Instinct

Posté : 30 mars 2025 23:05
par Leon Redgrave
Bob siffla doucement en voyant Katherine sortir de chez elle, emmitouflée dans un manteau qui devait coûter plus cher que sa voiture. La soie blanche semblait irréelle, tout droit sortie d'un univers de fantasy, et le moindre mouvement révélait des reflets discrets, presque hypnotiques. À ses mains, des gants en cuir souple qui devaient valoir à eux seuls plus que son propre costume bon marché. Et ce chapeau… Bon sang, un canotier de chez Michel. Bob ne savait pas grand-chose de la haute couture, mais il savait reconnaître quelqu’un qui marchait sur l’or.

Nick, lui, ne fit aucun commentaire. Mais son regard s’attarda sur le tissu soyeux, sur l’élégance maîtrisée de chaque élément de sa tenue. Ce n’était pas juste du luxe, c’était un message. Un rappel que, dans ce monde, il y avait des classes, et qu’elle appartenait à une caste où la police n’était qu’une nuisance passagère.
Il resta impassible, mais serrant les mâchoires, il se jura intérieurement qu’il ne la laisserait pas s’en tirer aussi facilement.

Bob, lui, n’avait pas la patience de jouer aux politesses.

« J’espère que vous n’avez pas peur de salir votre manteau en montant dans notre vieille bagnole, Madame Duhamel, » lança-t-il avec un sourire en coin.

Katherine ne répondit pas immédiatement. Elle s’approcha lentement d’eux, son parfum boisé flottant dans l’air, avant de leur tendre une carte dorée d’un geste fluide. L’assurance d’une femme qui avait l’habitude d’être intouchable, d’une femme qui savait que, quoi qu’il arrive, elle avait toujours une longueur d’avance.
Nick attrapa la carte et haussa un sourcil en lisant le nom : Howard Hamlin.

Bob, curieux, jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et lâcha un ricanement amer.

« HHM, hein ? Rien que ça… Vous avez prévu un procès avant même qu’on vous pose une question ? »


Nick tourna la carte entre ses doigts, son expression se fermant un peu plus. Il connaissait HHM. Un cabinet aux dents longues, qui adorait broyer les flics au tribunal. Le genre de firmes qui transformaient les suspects en victimes et les victimes en profiteurs avides. Il serra la mâchoire, puis rangea la carte dans la poche intérieure de sa veste. Il ne réagit pas aux sous-entendus de Bob, mais une chose était certaine : cette femme ne prenait rien à la légère.

Sans plus attendre, ils montèrent en voiture. Le claquement des portières brisa le silence, et dès qu’ils furent installés, Katherine sortit un élégant étui doré de sa poche et en tira une cigarette longue et mince. Elle la porta à ses lèvres avec une lenteur étudiée, savourant l’instant, puis chercha son briquet.
Nick, qui gardait les yeux droits devant lui, déclara d’un ton neutre :

« Ouvrez la fenêtre, Madame. On évite de laisser des odeurs qui pourraient fausser les enquêtes. »


Katherine haussa légèrement un sourcil avant d’obtempérer, ouvrant la vitre d’un geste délicat. Elle n’avait pas besoin de parler pour afficher son amusement.

À cet instant, son téléphone vibra. Sans même un regard pour les inspecteurs, elle l’ouvrit, parcourut rapidement l’écran et esquissa un sourire en coin. Elle annonça, l’air faussement désolé, qu’elle venait de recevoir un message de Roxy : son avocat avait été effectivement prévenu par cette derniére, ce qui signifiait que Nick allait bientôt avoir un avocat sur le dos.
Bob laissa échapper un ricanement.

« Tout dépend, Madame… »

Nick, lui, ne souriait plus. Il se tourna lentement vers elle, la fixant avec un regard plus perçant.

« C’est étrange… » Sa voix était calme, presque pensive. « Moi, je me disais que vous étiez du genre à ne pas appeler un avocat. »

Re: Basic Instinct

Posté : 07 avr. 2025 01:36
par Reine Alice Korvander
Katherine haussa légèrement les épaules, avant de souffler encore.

« C’est le moment où vous tentez la psychologie inversée, inspecteur ? Le moment où vous me dites que, si on appelle un avocat, c’est qu’on a forcément quelque chose à craindre ? Celui où vous me dites que vous n’êtes pas là pour me faire du mal, et que je peux avoir confiance en vous ? »

Elle inspira encore, et souffla par la fenêtre.

« J’ai fait un peu de droit quand j’étais étudiante, et je m’intéresse toujours au droit. Lors d’une formation, un avocat s’amusait de ce genre de choses. La police, ce sont les accusateurs. Qui d’autre qu’un policier peut dire à la personne dont il cherche des aveux de lui faire confiance ? Et, pour vous répondre, si je salis mes vêtements, j’enverrai ma facture au Procureur… Ou je la lui donnerai quand il assistera à l’une des expositions que je finance. »

Soit une manière subtile de leur rappeler qu’elle avait le bras long.

« Mais non, je cherche à rassurer Roxy. Ma chérie a eu… Un passé compliqué. Je vous ai dit que c’était une toxicomane. Elle fuyait une famille difficile. Son père abusait d’elle, et sa mère était le profil classique de la femme soumise au foyer. Malheureusement, son père était policier. Autant vous dire que Roxy n’apprécie que peu la police. Ses plaintes n’ont jamais été suivies, si bien que Roxy se réfugiait dans la drogue. Elle a été arrêtée en ayant fait une tentative d’overdose, et elle était dans un asile quand je l’ai récupéré. Je l’ai sevré, et j’ai pris soin d’elle. Roxy a un gros potentiel, vous savez, elle suivait une thérapie reposant sur l’art. C’est comme ça que j’ai découvert ses tableaux. Mais elle se méfie de la police. Donc, elle a appelé Howard. »

Bob hocha la tête.

« On cherche juste à faire notre travail, Madame.
- Et je fais mon devoir de citoyenne. »

Katherine rassura donc son avocat en lui disant qu’il était inutile qu’il vienne, et en lui demandant de rassurer Roxy. Elle raccrocha son téléphone.

« Vous pensez que ce sera long ? Et vous me raccompagnerez ? »

Sereine, Katherine restait sereine…

Re: Basic Instinct

Posté : 19 avr. 2025 19:22
par Leon Redgrave
Nick écouta attentivement, son regard impassible ne quittant pas Katherine, tandis qu’elle enchaînait avec une précision presque mécanique, comme si elle avait anticipé chaque mot, chaque nuance qu’il aurait pu employer. Elle parlait comme on déroule un plaidoyer, chaque phrase savamment pesée, chaque silence maîtrisé. Elle ne semblait jamais prise au dépourvu, et cela agaçait Nick autant que ça l’intriguait. Son ton, aussi léger que son attitude, ne faisait qu’ajouter à cette aura de contrôle absolu qu’elle semblait revêtir comme un parfum de luxe.

Elle inspira à nouveau, et le souffle de sa cigarette s’échappa lentement par la fenêtre entrouverte. Nick, lui, se contenta de la fixer, sans ciller. Son regard froid ne trahissait rien, ni approbation, ni agacement. Juste une attente patiente, presque clinique. À côté, Bob restait en retrait, son expression changeant subtilement entre l’intérêt poli et une moue sceptique. Il suivait le discours de Katherine comme on observe une pièce de théâtre : fasciné par l’actrice, mais conscient qu’il s’agissait d’un rôle.

Katherine ajoutait des couches à sa narration, des détails censés humaniser, attendrir, détourner l’attention peut-être. Elle parlait ensuite de Roxy, de son passé, de la violence, de la drogue, de l’asile, comme on dévoile une plaie en espérant susciter l’empathie. Et quelque part, peut-être, ça aurait pu marcher… sur un autre public.

Bob rompit le silence d’une voix posée, presque compatissante :
« Ne vous inquiétez pas, Madame Duhamel. Il n’y a aucune charge contre Roxy. »

Il marqua une courte pause, ses yeux glissant vers Nick, un éclair ironique dans le regard.
« Ni contre vous d’ailleurs. »

Nick fronça légèrement les sourcils. Il comprit le message, limpide. Bob venait de lui rappeler les limites, la ligne rouge du droit qu’il franchissait parfois avec la certitude de celui qui pense savoir. Est-ce qu’il avait merdé ? Peut-être. Ce ne serait pas la première fois qu’on lui faisait le reproche d’en faire trop, d’écouter son instinct plus que la procédure. Mais il le sentait. Il y avait quelque chose. Une dissonance. Un parfum de mensonge derrière le discours lisse de Katherine.

Elle finit par leur demander s’ils pouvaient la raccompagner. Bob eut un petit rire sec, presque moqueur :

« Bien sûr ! Nick sera ravi de vous raccompagner, Madame. »

Nick soupira, agacé à la fois par son collègue et par le jeu subtil auquel Katherine se livrait depuis qu’elle avait ouvert la bouche. Il se retourna enfin vers elle, la jaugeant un instant, et décida de changer d’approche.

« Parlez-nous de votre nouveau roman… » dit-il d’un ton calme, presque doux, mais sans chaleur.
Il laissa un court silence s’installer, le temps d’attraper son regard.
« De quoi parle-t-il ? »

Re: Basic Instinct

Posté : 05 mai 2025 00:55
par Reine Alice Korvander
Katherine sourit doucement quand l’agent Bob lui signala que Nick sera « ravi » de la raccompagner.

« Oui, c’est exactement l’impression que j’avais. »

Elle faisait preuve d’un calme redoutable. La présence de policiers vous mettait toujours un peu la pression, et la police comptait d’ailleurs là-dessus, pour que vous vous mettiez à passer aux aveux, à vous trahir… Katherine agissait comme si elle avait passé sa vie à côtoyer des policiers, à être en salle d’interrogatoire. Calme et pesée, elle ne semblait s’inquiéter que pour Roxy.

Nick l’interrogea ensuite sur son roman. Katherine sourit doucement, et commença par inhaler une nouvelle bouffée de sa cigarette.

« Je ne crois pas vous avoir dit que j’étais une écrivaine. Vous vous renseignez sur tous les témoins que vous auditionnez, officier ? Ou est-ce que vous envisagez déjà d’approfondir notre relation ? »

Bob s’efforça de rester impassible. Lors de leur conversation, Katherine n’avait en effet jamais dit qu’elle était romancière. Ses livres n’étaient pas forcément tous des best seller, mais certains avaient pu bénéficier d’adaptations audiovisuelles plutôt ratées. On profitait de l’influence de Katherine pour lui faire des cadeaux.

Son premier ouvrage le plus connu semblait directement inspiré de la vie de Roxy. C’était l’histoire d’une femme saine d’esprit qui se retrouvait internée de force dans un asile suite à une conspiration à son encontre. Son beau-père était le frère du directeur de l’asile, et les deux souhaitaient récupérer une assurance-vie dont l’héroïne était la bénéficiaire. Un scénario crapuleux que Katherine avait décrit dans un interview comme un hommage à « (i]Vol au-dessus d’un nid de coucou[/i] », l’histoire d’un violeur qui se faisait interner en simulant l’aliénation mentale.

Toutefois, le véritable succès littéraire de Katherine avait été un thriller impliquant une femme fatale, Basic Instinct.

« J’envisage une suite à mon thriller, Basic Instinct. Peut-être êtes-vous l’un de mes lecteurs, Officier ? Cela expliquerait vos soupçons.
- Que voulez-vous dire, Madame ?
- Mon plus grand succès littéraire est Basic Instinct. HBO souhaite acquérir les droits d’adaptation. Ce livre raconte la croisade vengeresse d’une femme qui provoque la mort de plusieurs personnes. Le livre est raconté à travers le point de vue d’un inspecteur qui recherche celle qu’on surnomme La Veuve Noire. Je me suis aussi inspirée du Comte de Monte-Cristo, car ce brave enquêteur finissait par comprendre que les cibles étaient des individus qui avaient jadis tourmenté la tueuse, et qu’il était lui-même la dernière cible. Je ne voudrais pas vous spoiler la fin, ceci dit…
- Je crois que vous en avez déjà trop dit, Madame. Ceci dit, je crois que mon épouse a lu votre bouquin, elle en était scotchée !
- C’est gentil. Bref, à la fin, l’inspecteur apprenait que sa petite-amie était la tueuse qu’il recherchait depuis le début. Un peu cliché, certes. Une histoire de petite-fille qui a tout perdu à cause d’un tuteur qui a abusé de sa mère placée sous tutelle pour voler son argent. Notre protagoniste avait refusé de la croire quand elle était jeune, et se le reprochait à la fin, tandis que les deux faisaient l’amour. Une fin volontairement ouverte, puisqu’on ignorait si notre tueuse le tuait ou décidait de lui pardonner.
- Et le lien avec Boz ? »

Katherine souffla lentement, puis fixa les deux inspecteurs à travers le rétroviseur.

« Le pic à glace… L’arme du crime que la Veuve Noire utilise dans mon roman. »