The Multiversity

Leur plan était improvisé, mais Cahir ne voyait aucune autre solution. Shad et lui se rapprochèrent des entrepôts. Ils étaient en bois, et Cahir força l’entrée. À l’intérieur, aucun garde, mais de nombreux matériels de stockage, ainsi que des tonneaux. Il se rapprocha, et commença par les examiner. Il tourna la manivelle d’un des tonneaux, et un liquide vert étincelant se mit à tomber sur le sol, avec une forte odeur écœurante.

« Du brai… »

Il se retourna vers Shad, et commença à envisager dans quel ordre enflammer les entrepôts. Le Baron-Rouge avait des stocks de brai sur place ! C’était un liquide hautement inflammable, qu’on utilisait pour défendre le château en répandant cette huile bouillante sur les ennemis et en l’enflammant. Cahir se retira donc, et laissa Shad agir, de manière à ce que les flammes qu’elle commence enflamment ensuite le brai. Ils commencèrent donc par incendier un autre entrepôt, et par faire partir un début d’incendie sur le second, ce qui leur laisserait le temps de rejoindre l’entrée.

Cahir et Shad partirent donc, tandis que l’incendie commença à prospérer. Une cloche d’urgence ne tarda pas à résonner, et ils virent les mercenaires s’éloigner, ainsi que plusieurs hommes-porcs. Bénéficiant d’une ouverture, le duo rejoignit le corps de garde. Le pont en bois était relevé, et séparé par une herse en fer forgée. Cahir ouvrit la porte à gauche, et le duo monta à l’étage, avisant la manivelle qui permettrait d’abaisser la porte. Cahir souleva la herse, mais la porte nécessitait au moins deux personnes pour remonter les chaînes… Et les ennemis se rapprochaient. Le bruit grinçant de la herse se relevant avait attiré les gardes, et Shad demanda à Cahir de les retenir. L’apatride acquiesça doucement, et redescendit au sol.

Il dégaina son épée, et vit deux mercenaires se rapprocher. L’un portait une hache, et l’autre une épée.

« Merde, ils veulent ouvrir la porte ! Préviens les autres ! »

Cahir se pinça les lèvres, et s’élança vers l’homme à la hache. Il attaqua avec son épée, et l’abattit de haut en bas. Le bandit se protégea avec un bouclier, et tenta de contre-attaquer en donnant un coup de hache maladroit. Cahir constata vite, à sa posture, qu’il était ivre, et esquiva sans peine son attaque, puis le frappa dans le dos, entaillant sa chair sur plusieurs centimètres. Une estafilade mortelle qui le fit tomber au sol.

Des grognements se firent alors entendre, et, en se retournant, Cahir vit un homme-porc se rapprocher rapidement. La bête massive bondit vers lui, son groin vers lui, et Cahir esquiva encore, en allant sur le côté. Il frappa la bête, mais sa peau était plus résistante qu’un humain normal. L’homme-porc rugit de douleur, et repoussa Cahir du bras. L’homme heurta le mur du corps d’enceinte, faisant sauter au sol une brique branlante, tandis que des flammes rougeoyaient contre les chaînes retenant la porte. L’homme-porc hurla vers Cahir, et se rua vers lui.

L’apatride bondit encore sur le côté, et l’homme-porc heurta le mur de pierres, avant de se retourner vers sa proie. Cahir, dans un sursaut, attrapa la brique tombée au sol, et l’envoya sur le visage de la bête. Sonné, l’homme-porc se recula, et Cahir en profita pour l’empaler, plantant son épée dans son corps. La lame en acier valyrien ressortit de l’autre côté, et Cahir repoussa l’homme-porc du pied. Sa carcasse tomba au sol, et il entendit des bruits de pas rapides. Le temps de se retourner, un spadassin abattit sa lame vers lui, et il se protégea de justesse avec la sienne. Les deux lames se heurtèrent violemment, mais le spadassin le frappa au ventre du pied, renversant l’homme.

Cahir glissa en arrière, un peu sonné, et le spadassin commit alors une erreur. Plutôt que de le frapper au visage, il leva son épée, offrant à Cahir quelques précieuses secondes pour parer avec sa lame à nouveau.

« Hmmm… Misérable… Cloporte ! »

L’apatride tint bon, mais, avec son épaisse armure de plates, le spadassin était plus lourd. Cahir ne cherchait toutefois pas à tenir le choc, et relâcha alors la pression quand le spadassin força avec ses jambes. Il bondit alors sur le côté, déstabilisant le spadassin qui partit en avant, et frappa avec sa lame dans l’une des interstices de l’armure.

Shad fit un trou dans le pont-levis, et fit fondre l’une des deux chaînes retenant le pont-levis. Des hommes-porcs se rapprochèrent encore, et Shad dut se retourner, affrontant également ceux-ci.

« Il faut abattre l’autre chaîne ! »

Les deux étaient en infériorité numérique contre les monstres… Quand l’entrepôt de brai explosa brusquement.

Une violente explosion enflamma le cœur du château, et envoya des projections de feu tout autour de la zone.

« Utilise le feu pour les retenir, je me charge de cette putain de porte ! »

Shad avait affaibli la chaîne métallique en l’enflammant, et Cahir se retourna. Son épée était en acier valyrien, une lame très solide, un acier extrêmement puissant. Il frappa la chaîne métallique avec, et grogna encore, multipliant les coups. La chaîne se brisa soudain, et le pont-levis s’abaissa dans la foulée, tombant violemment sur le sol, recouvrant les douves.

De l’autre côté, les villageois se tenaient là, et hurlèrent rageusement, avant de se ruer vers le château…

Cahir n’eut nul besoin de se répéter. Changeant leur position, elle l’avait laissé s’occuper de la porte pendant qu’elle retenait, comme il l’avait suggéré avec ses flammes, les troupes ennemies.  Ces dernières filèrent, meurtrières vers leurs cibles, principalement humaines. Les hommes-porcs étant protégés contre, mieux valait une approche plus « direct » avec eux. Esquivant les attaques et frappant d’estoc avec son épée, la Louve transperçait la chaire de ses assaillants ; entendant dans son dos le martèlement de l’acier contre le métal. Et quand les villageois pénétrèrent hurlant dans la cour du château, ce fut comme une délivrance…le plan avait marché !

Un deuxième coup de tonnerre la figea cependant sur place, lui octroyant au passage d’être renversée par un des hommes-porcs. Reprenant vite conscience, elle plaça ses bras en croix devant elle, sentant la mâchoire du monstre contre son Radius et Ulna, prête à lui broyer ces deux os. Les flammes frappèrent la créature mais rien, sa peau ignifugée le protégeait que trop bien et niveau force brute, surtout dans cette position, la bête avait l’avantage. Impossible également de se dégager en roulant rapidement sur le côté au risque de se prendre un coup mortel. L’Hybride tenta de résister mais sentait que son adversaire prenait dangereusement et rapidement du terrain, un cri de douleur lui échappant quand l’un des os manqua de craquer :

« HAA MERDE A LA FIN ! »

Et elle le repoussa. Une imposante patte venant écraser violemment l’homme-porc, ne laissant que sur le sol une bouillie disparate. L’Okami ayant pris son apparence animale de plus « grande » taille, se tourna vers le château de Brennenburg, ouvrit la gueule et laissa échapper un jet de flammes qui alla courir sur les remparts ; brûlant tout ceux qui pouvaient s’y trouver.  Par la suite, elle s’attaqua aux fondations, ayant un simple objectif : détruire ce lieu maudit. Mais sa taille faisait aussi d’elle une cible facile et elle ne tarda pas à sentir les groins et les griffes des hommes-porcs tenter à leurs tours de transpercer sa peau. Les attrapant avec sa gueule, elle les éjectait soit violemment au loin avec pour espoir que leurs os soient brisés et leurs articulations désarticulées, soit elle les broyait simplement sous ses propres crocs.

Mais Brennenburg ne possédait pas que des hommes-porcs en termes d’immondices et semblant sortir des tréfonds du château, des tentacules noires apparurent dans la cour intérieure, s’enroulant autours des villageois, frappant de leurs pointes acérées les assaillants.  La Louve sentit rapidement que certaine venaient à s’enrouler autours d’elle. Elle grogna, frappa, usa de ses flammes, mais rien, les tentacules restaient accrochés et commençaient sérieusement à entraver ses mouvements. Et lorsqu’un homme-porc sauta en direction de son museau, prêt à lui crever les yeux, elle abandonna cette forme. Ou du moins, elle la garda mais dans son apparence usuelle, de ce fait, étant plus petite, elle put se déloger des tentacules.

Plus agile ainsi, elle parvint à éviter les assauts tentaculaires mais ces choses semblaient de plus en plus nombreuses. Et provenant des tréfonds, une sombre mélopée s’élevait. Une sordide litanie qui semblait couvrir les bruits de la bataille.

« Cahir ! Il faut les arrêter ! »

Qu’importe le sens de leurs paroles, les laissaient finir n’était pas une option. Elle se dirigea donc rapidement vers lui, sautant sur un des derniers humains restants, ses crocs se plantant rapidement dans sa jugulaire, s’adressant de suite, la gueule pleine de sang, à l’Apatride :

« Sais-tu où est Lance ? Il devait nous aider ! »

Et un peu d’aide là, ne serait pas de refus.

Avec la porte ouverte, la bataille de Brennenburg commença véritablement. Les villageois se ruèrent à l'intérieur de la cour, armés de fourches, mais aussi d'épées, de lances, et d'armures rudimentaires. Les hommes-porcs, surpris, durent se replier, tandis que certains villageois s'équipaient d'arcs et d'arbalètes, tirant sur les monstres du château. Cahir, sentant l'adrénaline lui revenir, hurla rageusement, et se rua à l'attaque également. Sa lame frappa le torse d'un homme-porc, l'ouvrant en deux, et il le poussa du pied, avant de retourner vers la cour principale.

Des cloches d'alarme ne tardèrent pas à retentir, et Shad changea brusquement de forme. La Louve se mit à grandir, devenant une louve géante qui s'étala au milieu de la cour principale du château, et commença à cracher ses flammes. Sa gueule s'ouvrit, et des jets de feu en jaillirent, enflammant les structures au centre du château, mais également les morceaux de paille et de bois des bâtiments collés à la pierre. S'il y avait des tours en pierre, la charpente des tours était en bois, et l'incendie commença à vite se répandre.

Surpris par cette attaque, le château ne tarda pas à réagir. Cahir entendit des vibrations émanant du sol, et baissa la tête. Les dalles commençaient à remuer dangereusement, instables, et il bondit sur le côté, mû par un réflexe qui lui permit d'éviter un tentacule noir. Aiguisé comme un fouet, le tentacule fouetta l'air, et d'autres émergèrent alors du sol, empalant les villageois, ou les enserrant à mort. Cahir, au sol, vit plusieurs tentacules soulever un seul homme par les bras et les jambes. Quatre tentacules s'enroulèrent autour de ses membres, le faisant hurler de douleur avant que, dans d’odieux bruits de déchirements et de craquements, les tentacules ne le désossent. Démembré, le corps du villageois se fracassa au sol en répandant du sol aux alentours.

« Le château est maudit !
-  Nous n'y arriverons pas ! »

Le doute s'installait à nouveau dans le cœur des villageois. Shad dut reprendre sa forme normale pour éviter les tentacules, et hurla en direction de Cahir, qui vit les hommes-porcs revenir à l'assaut. Ils beuglaient furieusement, se déployant vers les villageois, et Cahir dut bien arriver à l'évidence.

« On se replie ! Vers le village, vite ! »

Les tentacules continuaient à les pourfendre, et fuir ne put pas aussi facile que prévu. Cahir vit plusieurs villageois décoller à droite et à gauche quand les tentacules venaient les prendre. Un villageois planta sa hache dans la base d'un tentacule, mais ne put s'y enfoncer que sur quelques centimètres, et un homme-porc le faucha ensuite, venant dévorer sa gorge en y plantant son groin. Les villageois se mirent à fuir rapidement, et Cahir rejoignit l'extérieur du château. Les tentacules ne sortaient plus du sol, et il se retourna vers Shad, qui avançait rapidement sous sa forme de louve. Sans attendre plus longtemps, Cahir grimpa sur elle. Elle était sduffisamment grande pour ça, et, même si l'okami n'était pas un cheval, elle avancerait plus vite que lui avec ses quatre pattes.

Toutefois, la situation ne tarda pas à se compliquer davantage. Tandis que les villageois revenaient vers le village, Cahir constata, avec horreur, que des bruits de combats se faisaient entendre depuis le village. Passant visiblement par les grottes puis par les mines, les hommes-porcs du Baron avaient envahi la ville. On entendait les femmes hurler, tandis que les monstres entraient dans les maisons, et massacraient les habitants. Des flammes s'élevaient également dans le ciel, tandis que les villageois, catastrophés, tentaient de fuir du village.

« Qu'avons-nous fait? » soupira Cahir en réalisant toute l'horreur de la situation.

Une femme tomba au sol devant ses deux enfants, poursuivie par un homme-porc. La bête allait se ruer sur elle quand Shad fit interruption, frappant le monstre. Désarçonné, Cahir tomba au sol, et ordonna à la femme de partir. Mais partir où ? Des monstres affluaient également depuis le château.

« L'église ! Regroupez-vous dans l'église ! hurla un villageois.
-  Ne partez pas dans la forêt ! »

La situation était totalement en train de leur échapper. Depuis la forêt, des loups venaient en renforts au Baron, et attaquaient les villageois ayant tenté de fuir par là. Cahir vit l'une de ces bêtes se ruer vers lui, et pivota sur le côté, évitant de justesse ses crocs, et frappa avec sa lame, venant tuer la bête. Mais d'autres loups se rapprochaient également, et il se mit à courir, se dirigeant lui aussi vers l'église.

Une explosion jaillit soudain d'une maison à côté de lui, et la déflagration l'envoya valser dans les airs sur plusieurs mètres. Il atterrit dans une ruelle, entre deux maisons, et rebondit sur la terre à plusieurs reprises. Un homme-porc enflammé hurlait de douleur au milieu de la rue avant de tomber au sol, tandis que le sang jonchait les rues.

*Tout cela est notre faute... Nous avons réveillé le monstre...*

Que pouvait-il faire ? Qu'est-ce que Lance pourrait faire de l'intérieur de la prison ? Il se releva lentement, sonné. Son oreille gauche bourdonnait, et, quand il passa sa main par là, il constata qu'il saignait. Du sang partant depuis son cuir chevelu, là où Cahir s'était ouvert le crâne. Une blessure sans doute superficielle... Du moins, l'espérait-il...

*Shad ? Où est Shad ?*

L'église était au bout de la rue, et les villageois s'y terraient massivement, tandis que les hommes-porcs bondissaient depuis les toits au sol, attaquant les retardataires. Plutôt que d'aller vers la grande-rue, Cahir se replia prudemment en arrière, et s'abrita dans une maison. Un homme-porc s'y trouvait encore, dévorant le cadavre d'une femme, et sortit ensuite, laissant celle-ci ouverte, son sang se répandant sur le parquet. Du sang dégoulinait également de l'escalier, et Cahir se refusa à songer aux enfants qui avaient dû connaître le même sort là-haut.

La situation tournait au cauchemar, et il ne savait pas quoi faire.

Prise dans la frénésie du combat, la Louve ne nota pas que Cahir avait chuté de son dos. Ses crocs perçaient la peau en cuir de l’homme-porc, ne lâchant pas prise au niveau de son cou, serrant encore et encore. Mais la monstruosité n’était pas une cible facile et ouvrant son groin dans des proportions inhumaines, elle tenta de mordre le cou de Shad qui fut obligée de lâcher prise et de reculer rapidement pour éviter un funeste destin. L’homme-porc hurla, de la salive mélangée à du sang fut expulsé en même temps que son râle, tâchant encore plus le pelage de la Louve. Il s’élança par la suite, ; la percutant de pleins fouet et l’Hybride qui avait pris une autre apparence, plantait ses griffes et lacérait profondément l’épiderme de son adversaire.
   
  Ce fut cependant une lance bien placée qui porta le coup de grâce à la créature. La pointe en fer de cette dernière ressortant depuis sa gueule béante. Le propriétaire de la lance retira cette dernière d’un geste brusque et la masse musculeuse du monstre s’étala à même le sol, la gueule ouverte et la langue pendante. L’homme avait la respiration lourde et des gouttes de sueur perlaient de son front. Du sang séché était également présent sur son visage et malgré un regard déterminé, Shad, qui avait repris son apparence d’Hybride, pu également y lire de la terreur.
   
  « L’église ! Allons à l’église ! »
   
  Impossible de prononcer le moindre mot, la Louve fut amenée bon gré mal gré vers l’enceinte religieuse. Après tout, rester stoïques faisaient d’eux des cibles faciles et d’autres hommes-porcs s’étaient lancés à leur poursuite. Sur le chemin, l’Okami pu apercevoir avec effroi les cadavres jonchant les rues, certains encore entourés de ces monstres abjectes, leurs groins fouillant les entrailles, s’y relevant, des viscères coulant le long de ces derniers. Quand la porte de l’église se referma derrière elle, la Louve put noter que la peur emplissait l’atmosphère. Les quelques survivants étaient prostrés dans un coin, tremblants de tous leurs membres. Seuls quelques hommes armés tentaient de les apaiser.
   
  « On va tous mourir ! »
  « C’est l’œuvre du malin ! Nous avons pêché ! Tout cela est de notre faute ! »
   
  Malheureusement, la réalité était encore bien plus amère, et Shad abaissa ses oreilles à cette idée. La porte principale du bâtiment se mis soudainement à trembler. Rien d’étonnant en soi, les troupes ennemies n’allaient absolument pas arrêter leurs assauts car leurs cibles se trouvent dans une église, c’était là le cadet de leur souci.
   
  « La porte ! Bloquez cette foutue porte !! »
   
  L’hybride fut fixée quelques instants par des regards hébétés, mais un autre coup contre cette dernière fit réagir quelques villageois qui vinrent à pousser des bancs. Mais, ce n’était pas suffisant. Le regard de la Louve se porta sur les vitraux et elle cracha un juron ; les hommes-porcs allaient attaquer par cet endroit. Elle ne fut pas la seule à noter cet état de fait et déjà, les quelques hommes armés vinrent se placer au niveau des vitraux, attendant avec crainte l’assaut à venir. La porte principale trembla une nouvelle fois, puis une seconde, un banc étant même expulsé de cette dernière sous l’impact colossal et puis…plus rien. Un silence de mort, envahissant, oppressant ; jusqu’à ce que l’autel vole à travers le cœur de l’église.
   
  « Merde !! »
   
  D’infâmes tentacules sortirent d’un tunnel qui était depuis lors dissimulée sous l’église, filant à toute vitesse, embrochant et écartelant les malheureux sur leurs passages. Dans la panique générale, les bancs furent déplacés à la hâte et le visage de la femme qui ouvrit la porte fut happé par une main hideuse et attirer au dehors. A présent, les hommes-porcs entrèrent à leurs tours, attaquant toute âme qui vive. L’épée de l’Hybride trancha l’abdomen d’une abomination ainsi qu’un tentacule, mais à cette allure, elle doutait de pouvoir tenir encore longtemps. Elle lança donc une boule de feu qui fila à l’extérieur de l’église et explosa au-dessus de cette dernière. L’objectif n’étant pas de faire des dégâts mais plutôt d’indiquer une position. Encore fallait-il qu’elle soit vue.

Émergeant lentement de son trouble, Cahir constata que les monstres se concentraient massivement autour de l'église. Il s'abrita derrière un muret en maçonnerie, et constata que les hommes-porcs s'acharnaient sur la porte, avant de grimper sur le toit, cherchant visiblement à trouver des brèches. Quel cauchemar ! Que pouvait-il donc faire ? Il avait repris ses esprits, il avait son épée, mais était seul face à une armée... Une armée composée de monstres, de loups, et de tentacules. Il se retourna lentement, et observa le château.

Depuis le donjon central, le Baron se trouvait là, sur un balcon suspendu au dernier étage. Il portait un peignoir rouge et était nu dessous, exhibant son corps long et rachitique, à la peau blanchâtre.

« Vous avez oublié que ce village était mien, que ses terres étaient miennes... Ce village impie disparaîtra de la surface de Terra ! Nul récompense pour ceux qui m'ont trahi, nul pardon ! Que la Déesse en soit témoin ! »

Cahir ne pouvait pas vraiment l'entendre, et sentit le sol vibrer encore, tremblant dangereusement. Dans l'église, les hommes-porcs descendaient depuis le plafond, et Cahir vit des tentacules émerger alors de l'église, sortant par les vitraux. Il y eut des hurlements de douleur et de terreur. Il se rapprocha alors, et la porte d'entrée vola en éclats, soufflée par une puissante boule de feu lancée par Shad. Cahir frappa avec sa lame, cisaillant un homme-porc, et en empala un autre. Il continua ensuite sa course, mais un homme-porc sauta depuis le toit de l'église à côté de lui. Le choc le frappa violemment, et il tomba au sol. Sonné, son sang éclaboussa les dalles, et des tentacules émergèrent de l'église qui semblait flamber de l'intérieur.

L'homme-porc hurla alors en bondissant vers lui, et planta son groin dans son épaule. Cahir hurla de douleur en sentant une souffrance terrible l'envahir, et attrapa un caillou sur le sol, qu'il utilisa pour frapper la tête du monstre. Le coup fit grogner l'homme-porc qui se redressa. Du sang coulait abondamment de sa plaie, et l'homme-porc s'apprêtait à frapper encore...

...Quand un carreau d'arbalète se planta entre ses deux yeux, et ressortit de l'autre côté.

L'homme-porc écarquilla les yeux en vomissant de légères lignes de sang, et tomba au sol. Cahir tomba au sol, agrippant son bras, et entendit alors des cors de guerre résonner au loin.

*Mijak !*

Cahir vit des cavaliers se rapprocher, et des lances fusèrent, attaquant les hommes-porcs. Cahir rampa lentement, et glissa sur le perron du parvis entourant l'église. Les cors sonnèrent encore, et des boules magiques fusèrent ensuite vers les hommes-porcs, tandis que les chevaliers mijakiens se rapprochaient. Cahir se releva lentement, tenant son bras blessé. Des cavaliers venaient d'arriver, et il vit que ceux-ci portaient parfois des armures rouges. L'un d'eux se transforma brièvement en une grosse chauve-souris, et tomba sur un homme-porc qu'il attaqua à mains nues, lui tranchant la gorge.

*Des vampires...*

L'apatride ne connaissait qu'un seul clan mijakien à proximité de ce château...

...Le clan Dowell !

Des cors de guerres...des troupes leurs venaient en aide ? Non, c’était bien trop beau, il devait y’avoir une couille dans le potage. Mais l’Okami n’allait cependant pas cracher sur cette aide inopinée et profitant de la « diversion » dont ces nouveaux arrivants faisaient preuves, elle s’extirpa de l’église ; plantant au passage une dague dans l’œil d’un homme porc qui l’attaquait et chercha de visu et à l’odeur l’Apatride. Par ce chance, Cahir était tout proche et elle le rejoignit rapidement, l’aidant à se relever avant de voir une impressionnante chauve-souris passer juste devant eux.
   
  « Des vampires…Je déteste les vampires… »
 
 
  Si les vampires considéraient les humains comme du bétail, pour les hybrides c’était encore pire ! Moins elle en côtoyait, mieux elle se portait !  La Louve regarda Cahir avant de fixer les alentours. Des monstres, du feu, du sang, des vampires…c’était un véritable enfer !  Au moins, ce clan Myjakien apportait une aide non négligeable et également une porte de sortie. SI ces derniers occupaient les monstres de Brennenburg, Cahir et elle auraient peut-être une chance de s’en sortir vivant. Surtout qu’à la vue de l’état de ce dernier, continuer à combattre serait que pure folie.
   
  « On devrait s’en al… »
   
  Le sol trembla subitement et la Louve fit un bond sur le côté, entraînant Cahir avec elle. Juste à temps pour éviter un tentacule à la pointe acérée. Elle jura, avant de réaliser que d’autres venaient à leurs tours et autant dire que vue l’état de Cahir, il était peu probable qu’il puisse tenir tête face à…ça. La meilleure solution était donc d’éviter le plus possible la confrontation. L’Hybride fit jaillir des flammes qui vinrent s’attaquer aux tentacules, leur laissant ainsi quelques secondes de répit, car déjà, d’autres tentacules venaient remplacer celles carbonisées.
   
  « Tu montes, tu t’accroches et tu te tais. »
 
 
  Point le temps de discuter ! Shad pris donc sa forme animale et laissa Cahir montait sur son dos. Ainsi elle pouvait tout à la fois le porter et se défendre. Malheureusement sa transformation ne passa pas inaperçu et certains soldats mijakien les prirent pour cible…entre le conflit et la fuite, la Louve opta pour le second choix, devant cependant faire face à plusieurs hommes-porcs.  Ses crocs se refermèrent sur les gorges de ces abominations tandis que des fouets de flammes en brûlaient certaines mais un œil avisé aurait tôt fait de noter un point important : elle arrivait à bout de force. Et malgré le fait qu’elle soit obligée de combattre, la Louve cherchait un moyen de sortir de cet enfer…

La situation était en train de virer en plein chaos, et les rues commençaient à rougeoyer du sang des innocents. Les tentacules jaillissaient du sol, fauchant comme des épis de blés les villageois paniqués. Cahir était totalement dépassé par un tel niveau de magie noire, qui allait bien au-delà de ce qu'il connaissait. Il n'était pas un spécialiste en magie, mais il avait appris à se battre, et à connaître la magie. Et la magie qui suintait de cet endroit l'inquiétait au plus haut point, tant elle semblait échapper à tout contrôle. Cahir était désemparé, isolé avec Shad, qui finit par lui ordonner de grimper sur elle.

Cahir obtempéra, et le duo s'élança à travers le village en feu. Les tentacules maléfiques du Baron-Rouge pourfendaient les villageois sans distinction. Là, il vit une tête se faire transpercer par l'arrière ; ici, un corps fut éventré ; là, un autre fut découpé en deux, répandant ses viscères et ses tripes sur le sol. Et, au milieu du chaos, les soldats mijakiens venaient de rejoindre la bataille, tranchant les tentacules. Une flèche fusa vers la tête d'Alexander, qui se tenait au sommet du donjon, et se heurta à un bouclier magique qui le protégeait. Le tir surprit néanmoins le Baron-Rouge, et plusieurs hommes-porcs se ruèrent vers le malheureux.

Shad se dirigeait vers la forêt, et bondit par-dessus des débris.

Des mercenaires jaillirent alors, et des flèches fusèrent vers eux. Un tir frappa Cahir au torse, et il partit à l'arrière, tombant du corps de Shad.

« Ûrk ! » fut tout ce que l'apatride arriva à dire.

Il roula sur le sol à plusieurs reprises tandis que des éclairs zébrèrent le ciel, frappant plusieurs arbres, déclenchant alors un début d'incendie dans les bois, amplifiant le feu qui ravageait le village. Cahir se releva lentement, et, tandis que Shad se retrouvait acculée par les mercenaires, un homme-porc se rua vers lui. La bête rugit avec fureur, quand un cavalier mijakien jaillit alors, et frappa l'homme-porc sur le côté, renversant le monstre, avant de le pourfendre d'un coup de lame. Cahir vit des yeux rouges se tourner vers lui, des yeux étincelants, tandis que le cavalier portait une élégante armure pourpre en ébonite.

*Alexandre Dowell !*

Impossible de se méprendre sur l'identité du cavalier, qui croisa pendant quelques secondes le regard de Cahir. La flèche avait heurté l'armure de Cahir, qui put la retirer. Sa peau avait été très légèrement entaillée, et, même si du sang coulait, la blessure n'en restait pas moins superficielle.

Shad se reçut de son côté un coup de lance dans les côtes, et Cahir se retourna vers elle. La Louve s'était toutefois enfoncée dans la forêt, et il marcha le plus vite qu'il pouvait. Il boitait toutefois légèrement, tout en se tenant le torse.

*Shad !*

Dowell s'était déjà éloigné, retournant dans la bataille, et Cahir trébucha sur une racine. Il éternua bruyamment, et se releva encore, s'appuyant contre un tronc d'arbre. Une branche enflammée tomba à côté de lui.

De son côté, l'okami, en combattant les mercenaires d'Alexander, se retrouva dans une petite prairie à proximité de l'endroit où Cahir avait été désarçonné de son corps. Les mercenaires l'encerclaient, et plusieurs flèches fusèrent autour d'elle.

« C'est elle !
-  La salope de Louve !
-  Tu fanfaronnes moins, sale chienne, hein ?! »

Une trompette retentit alors entre deux arbres, et une silhouette émergea alors de l'ombre. C'était un visage que Shad connaissait bien, un individu qu'elle avait déjà affronté à plusieurs reprises...

...William Hamleigh venait d'émerger devant elle, dans une armure pourpre, une cicatrice lui barrant le visage.

« L'okami... Quelle heureuse rencontre ! »

Celui qui avait jadis pactisé avec les forces de Brahmin, puis avait participé à l'assaut du royaume de Koldoue avec l'utilisation d'une clone maléfique d'Élise conçue par le Roi Cramoisi... Lors de leur dernier affrontement, Knaël, une guerrière mijakienne de renom, avait poussé William du haut d'un beffroi, le laissant pour mort. Mais la mort semblait visiblement ne pas avoir envie de l'âme infernale de William Hamleigh, ancien seigneur déchu dont la famille toute entière avait voué la cause de l'Œil.

Et, alors que Shad aurait pu l'attaquer, des tentacules jaillirent subitement du sol, et s'enroulèrent autour de ses membres, venant entailler sa chair.

« Il faut croire que tu es destinée à toujours te mettre sur ma route... Cela doit cesser. Quand je t’aurai décapité, j'enverrai ta tête à cette salope de Sha et d'Élise, en souvenir du bon vieux temps, comme une promesse pour ce que je leur réserve. »

Il se rapprocha encore, et fit sortir sa lame, une lame noirâtre chargée de magie noire. Ses yeux s'illuminèrent également d'une intense lueur sombre. Les tentacules continuaient à retenir Shad, lorsque l'attaque jaillit

Lance !

Le chevalier mijakien lança un sortilège de purification qui fit fondre les tentacules après avoir pourfendu le dos d'un tueur. Un archer ennemi lui tira alors dessus, mais le Mijakien dévia la flèche avec sa lame, et fut rapidement rejoint par plusieurs Mijakiens du clan Dowell, qui hurlèrent rageusement en attaquant les forces d'Hamleigh.

« SHAAAAAAAD !! »

William s'élança vers elle, ayant visiblement réussi à outrepasser sa phobie du feu au profit de sa haine envers cette maudite furry qui n'avait eu de cesse de le ridiculiser !

William Hamleight…comment diable cet homme, si d’autant on pouvait le considérer comme tel, était encore vivant ? Voilà une triste nouvelle qui ne fera sans doute pas bondir de bonheur Elise. Et en parlant de bondir, elle-même sentait qu’elle ne pourrait plus faire ce simple geste ; les tentacules ayant meurtri ses membres. Et même si Lance l’eut délivré de leurs étreintes, la mobilité de la Louve était bien restreinte, du sang coulant de son flanc blessé et de ses pattes ; l’obligeant ainsi à bouger le moins possible. Et quand William fou de rage, hurla son nom et fonça vers elle dans l’objectif de lui trancher la tête, la Louve laissa exploser une imposante gerbe de flammes, brûlant au passage quelques mercenaire du fou à lier mais épargnant les hommes accompagnant Lance.

« WIILLIAAM ! »

Et il faisait fi de ses flammes en plus ! Fonçant toujours vers elle, son regard dément la fixant. Elle parvint à esquiver un premier coup d’épée, ses crocs se refermant contre la garde avant de la relâcher directement, l’étrange magie noire agissant également à cet emplacement de l’arme. Le dos légèrement courbé, la queue relevée et ébouriffée, les crocs pleinement apparents, l’Okami était en posture d’attaque. Bien évidemment, elle ne comptait pas lui faciliter la tâche malgré le fait qu’elle ne pouvait pas se mouvoir à sa guise. Du sang coulant encore de ses plaies. Mieux valait en finir vite. Et elle le vit, charger de nouveau dans sa direction, invoquant au passage de nouveaux tentacules qui vinrent s’enrouler autours de son corps, serrant et « griffant » ; entaillant la chair sans relâche.

La Louve hurla de nouveau, un hurlement de douleur et de rage. Ses crocs se refermèrent contre les tentacules qu’elle tira de toute ses forces pour les déloger. Ses flammes vinrent à l’envelopper entièrement lui offrant à la fois un moyen d’attaque contre ces tentacules et à la fois un moyen de dissuasions envers William afin qu’il ne s’approche pas le temps qu’elle se débarrasse de ses entraves visqueuses. Mais cela n’eut pas l’effet escompté et au moment où l’Okami parvint à arracher un nouveau tentacule, celui-ci situé dangereusement au niveau de son cou, elle senti une pointe froide pénétrer facilement ses chairs au niveau de son flanc.

Par chance ou par miracle, aucun organe vital ne fut touché. Mais la douleur était bien là, et Shad pu croiser le regard dément et satisfait de l’homme. Une douleur qui explosa par ailleurs, ses flammes se firent plus forte, plus nombreuses, ravageant la végétation alentours et s’attaquant à tous sans distinctions, mercenaires ou soldats myjakiens.  Mais la principale cible, William Hamleight, semblait ignorer les flammes qui venaient à lui brûler sa peau. Aveuglé par la démence, il fit tourner sa lame dans la plaie de la Louve, agrandissant sa blessure.

« Souffre ! Souffre et meurs salope ! »

Pour souffrir, elle souffrait !  La lame noire s’enfonçant dans sa chaire « offrait » à l’Okami des douleurs incommensurables, une douleur bien supérieure à celle qu’on était en droit d’attendre d’un coup d’épée. Elle avait tout simplement l’impression que son corps brûlait de l’intérieur, et cette douleur l’empêchait tout simplement de bien contrôler ses flammes, ces dernières se mouvant en réponse à leur invocatrice, créant un véritable brasier, manquant même de brûler l’Apatride.  La Louve sentit par la suite William qui poussait son épée, sa lame continuant sa traversée morbide dans sa chaire et son corps s’affaisser par manque de force.

Elle n’allait quand même pas mourir ? Elle ne pouvait pas mourir ainsi !  Elle tenta bien de se saisir de son assaillant mais une torsion de la lame dans son corps, la bloqua dans son assaut. Et puis elle le vit, sortir une deuxième épée, tout aussi noire que la première et la lever juste au-dessus de son cou, s’apprêtant à l’abattre…

William Hamleigh semblait avoir vaincu l'enfer. Sa famille avait fait partie de ces nobles qui s'étaient massivement opposés à la présence d'Élise. Sous l'autorité de ses parents, Percy & Regan, et surtout de sa mère, Regan Hamleigh, les Hamleigh avaient dominé leur région sous la terreur, s'alliant avec des criminels. Des traîtres qui servaient la cause de la Monarchie de la Rose, et qui avaient soutenu l'attaque de White Elise. Regan Hamleigh avait été tuée à cette occasion, et Élise et Shad avaient contribué à ce meurtre nécessaire. De quoi rendre son fils, William, fou furieux. Sa pyrophobie semblait toutefois avoir disparu, et il avait de toute évidence survécu non sans peine à la bataille de Koldoue. Plantant une épée infernale dans l'épaule de Shad, il appliquait sur sa proie une pression redoutable, et ricanait lentement, immobilisant Shad avec ses tentacules maléfiques. Des tentacules qui auraient pu en d'autres circonstances avoir une fonction sexuelle, mais les ronces qui commençaient à se développer n'auguraient rien d'attrayant.

Alors que Shad commençait à désespérer, un coup d'épaule repoussa William. Cahir venait de faire irruption. Il tenait son épée en acier valyrien, et défia William du regard.

« Que signifie tout ceci ?
-  Hahaha ! Misérable ! »

William tendit sa main, et envoya une langue de feu vers Cahir, qui l'esquiva habilement. William envoya alors des tentacules depuis sa main. Ils tournoyèrent dans les airs, tels des serpents assoiffés, et, plutôt que de les esquiver, Cahir décrivit un mouvement vertical avec son épée, les tranchant nets. Shad avait fait flamber le feu autour d'elle, et du sang s'écoulait désormais de sa plaie.

« Que faites-vous ici, en compagnie du baron ?
-  En quoi tout cela t'intéresse, petit apatride ? Tu crois que j'ignore qui tu es ? »

William bondit vers lui, et les deux lames se heurtèrent au milieu des flammes. Cahir était épuisé, blessé, et William frappa encore sa lame, avant de le frapper au ventre avec son pied, le forçant à reculer. Il cherchait à briser sa garde, et tenta un coup d'estoc. Cahir esquiva l'attaque en tournoyant sur le côté, et frappa au passage avec sa lame, heurtant le dos de William. Le coup entailla son armure, et l'homme hurla, blessé. Il se retourna ensuite, furieux, sa lame se noircissant davantage, et des tentacules fusèrent alors du sol. Cahir les sentit s'enrouler autour de ses jambes, les ronces venant entailler ses jambes, et il gémit sur place.

Le criminel se redressa péniblement, et Cahir commençait à retirer les tentacules en tirant dessus... Quand William s'élança, avant que Shad, sous sa forme de louve, ne lui saute dessus. Une énorme louve s'abattit sur lui, et le mordit à la gorge, ou tenta de le mordre là, tout en lui lacérant le torse.

« Huaaargh !! » hurla William.

Cahir découpa les tentacules, et des archers leur tirèrent dessus, forçant Shad à se reculer. William était blessé, mais se retourna sur le sol, et tenta de se replier, tandis que, jaillissant des bois,d es hommes-porcs s'élancèrent vers eux deux. Cahir en combattit un, et un archer le visa, prêt à lui décocher une flèche... Quand un arbalétrier mijakien lui tira dans le plastron.

Des craquements résonnaient dans la forêt. Des branches d'arbres enflammés tombaient régulièrement sur le sol, et deux des hommes de William vinrent l'aider à se relever. Cahir se retourna vers Shad après avoir embroché un homme-porc, son épée s'enfonçant dans le corps du monstre pour ressortir de l'autre côté.

« Je te retrouverai, Shad ! hurlait avec fureur William tandis que ses hommes l'éloignaient.
-  On retourne à la Calla ! » s'exclama l'un des hommes de William.

Cahir se rapprocha de Shad, n'ayant pas le temps de s'occuper de ce genre de choses.

« Il faut partir d'ici ! » lui indiqua-t-il.

Des clairons résonnèrent encore, et, en tournant la tête, Cahir vit des cavaliers mijakiens jaillir... Et l'un des puissants destriers le frappa en plein visage. Un coup de sabot lui heurta le crâne, et il s'effondra sur le sol.

« Cahir ! »

Bon sang qu’elle était heureuse de le voir ! Malheureusement, son état n’était guère meilleur que le sien. Lui aussi était blessé et à bout de force et bien vite, ce fut William Hamleight qui pris l’ascendant lors de leur duel. Voyant que l’Apatride se retrouvait à son tour en mauvaise posture, la Louve prit sur elle pour se relever malgré la blessure et bondir sur William. Ce faisant, elle perdit certes, encore plus de sang de par sa plaie suintante, mais fit perdre sa concentration à leur adversaire commun.  Ce dernier était toutefois bien protégé et la Louve n’arrivait pas à exercer une force de pression nécessaire pour réellement le mettre à mal. Des flèches furent tirées dans sa direction, la forçant à reculer, certaines venant se planter dans son dos.

Elle ne participa à la mise à mort des hommes porcs qui s’étaient élancés, concentré sur un William qui lui hurlait toute son envie de vengeance. Elle n’osait imaginer dans quel était il serait à leur prochaine rencontre, cet homme était fou. Et pire encore c’était un fou dangereux.  L’Okami entendit également parfaitement le mot « Calla » mais n’avait pour l’heure, pas la moindre idée de quel endroit cela pouvait s’agir. Pour l’heure, elle était soulagée que William Hamleight et ses troupes battent en retraite par la faute des soldats myjakiens.

« Il faut partir d’ici ! »
« Et je suis d’accord ! »

Et tandis que l’hybride toujours sous sa forme animale s’apprêtait à partir de cet endroit plus que maudit en compagnie de l’apatride, des cors de guerres résonnèrent à nouveau. N’ayant nullement le temps de réagir, un cavalier s’élança vers eux, frappant d’un coup de sabot le visage de Cahir, l’envoyant directement aller sucrer les fraises. La Louve gronda mais sentait également qu’elle n’avait plus la force pour combattre, ni même de porter l’Apatride !

Elle resta donc sur place, poils hérissés, crocs apparents. Ses derniers se refermèrent sur un canasson qui s’était trop rapproché. Mais un coup lourd et sec dans la nuque, une attaque venant de son angle mort, amena la Louve à s’effondrer à son tour sur le sol et à reprendre sa forme initiale. Elle se retrouva ainsi sans défense, à la merci des soldats myjakiens, son sang continuant à couler de ses plaies…

Elle se réveillera plus tard dans un nouvel endroit, séparée de Cahir, et en cage !