The Multiversity

Elle ne dit rien. Ca perturbe Marischka. Elle pensait qu’en commençant à dire les premiers trucs qui lui passe par la tête, l’autre répondrait. Il lui aurait alors été facile de réagir. Prendre une initiative a déjà été un sacré effort. Et comme elle ne dit rien, elle va être obligée d’en faire un autre. De toute façon, c’est soit ça soit se taire. Et le silence risque de la rendre folle si ça continue…

« Je crois que vous m’avez tellement détruite que je suis complètement perdue… »

Si seulement elle savait que c’était là le véritable objectif de Shayne. Devoir détruire tout ce qui la condamne à une pitoyable existence de survivaliste agressive pour muer en quelque chose d’exceptionnel. Mais personne ne veut se détruire (bien qu’il y avait ce genre de pulsion en elle…). Personne ne veut quitter sa zone de confort pour prendre pareilles risques. C’est déjà assez difficile en soit quand toute votre vie a été fuite, combat et déplacement constant. Une zone de confort est justement ce qu’elle recherche. Cette maison EST devenu sa zone de confort.

« Peut-être qu’on devrait faire des trucs simples toutes les deux ? Cette maison est quand même un truc relativement nouveau pour moi. Si je l’ai entièrement exploré en arrivant, ça ne veut pas dire que je la connais vraiment. En tout cas, c’est sur qu’à part le lit, la douche et le frigo, je ne l’utilise pas vraiment efficacement. »

Elle ne dit toujours rien. Pourtant, il y a quelque chose avec sa proximité qui met Marischka à l’aise. C’est peut-être aussi con que le fait qu’elle soit assise et non plus debout. Elle ne parait plus si grande. Même si ses bras nus sont toujours autant musclés et tatoués : le fait qu’elle soit au repos et non plus en posture de combat change aussi la donne.

« Donc… »

*C’est vraiment nul ce que tu vas dire…. Mais, en même temps, qu’est-ce que j’ai à y perdre ? Je suis déjà au plus bas… *

« Peut-être qu’on pourrait apprendre à manger toutes les deux ? J’ai vu que tu n’avais pas utilisé les plats à réchauffer qui sont dans le frigo. Peut-être que je pourrais aller avec toi dehors la prochaine fois ? »

*Si cette idée était déjà nulle, en tout cas pas glorieuse, l’autre va être encore pire… *

« Manger et dormir. Je ne me vois pas faire autre chose pour le moment. Alors, mis à part manger, on pourrait peut-être aussi dormir ensemble ? Je ne serai pas aussi amorphe, je me serai cachée derrière l’excuse que c’était pour te tenir à l’œil. Garder ses ennemis plus proches que ses amis, blablabla… Mais la vérité, c’est que je ne m’habitue toujours pas à ce lit immense pour moi toute seule. »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Je ne me considère pas très intéressante. Je chasse. Je pêche. Je ramasse des végétaux pour varier ma diète. Je mange. Je bois, je dors. Je baise quand j’ai l’occasion. Je me bats pour garder la forme. Mais si tu veux qu’on mange et qu’on dorme ensemble… Pourquoi pas. Je commencerais par une douche à deux. Pour découvrir l’autre tel que la nature nous a conçu. Aussi, c’est pratique pour se laver le dos. »

Akane et sa voix grave pour une femme. Ça colle merveilleusement bien avec son physique de dure à cuire. Et de la façon dont elle a parlé, de façon rassurante… Cela pourrait rappeler vaguement à Marishka des choses très intimes murmurées par cette voix grave et chaude dans le creux de son oreille… Bon, ce sont des souvenirs d’Alma mais c’est de peu d’importance. Ce qui est important de retenir c’est qu’Akane a accepté la proposition de Marishka. Elle n’a pas protesté, elle n’a pas jugé négativement ma fille adoptive, elle a juste… Accepté. Oh elle a proposé quelque chose, bien sûr. Mais ce sera platonique. Akane est patiente. Elle finira par avoir ce qu’elle veut de Marishka. Elle est patiente. C’est une chasseresse, après tout. Si elle était impatiente, elle ne serait pas une bonne prédatrice, c’est certain. Simple, oui. Stupide, non. Il ne faut pas confondre les deux.

Il ne faut pas oublier un autre point important : le Rouge enseigne l’esprit de meute. Même si elles ne sont que deux, c’est de peu d’importance pour elle. Savoir vivre avec d’autres membres de la même espèce permet d’établir une hiérarchie. C’est important, la hiérarchie, pour le Rouge. Les meutes, les colonies, les essaims… Le Rouge aime l’ordre. Les forts. Les faibles. Les proies. Les prédateurs. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de chaos dans le Rouge, pas du tout. Il y en a. Définitivement. Tout ce que je dis c’est qu’il y a aussi une grande part d’ordre. Donc ce n’est pas si étonnant qu’Akane cherche plus à aller dans le sens de Marishka qu’à contresens. C’est quelque chose qui est commun aux deux versions d’Akane. La vraie et celle du rêve. Après, est-ce que ma fille adoptive va accepter ce qu’Akane a suggéré? Il n’y a rien de sexuel. C’est purement… Utilitaire.

« Et pour ce que ça vaut, je ne t’ai pas détruite. On s’est battu, c’est tout. TU voulais qu’on se batte, je te rappelle. Et je continue de dire que ce n’était pas une vraie victoire pour moi. Mais bon. Tu veux qu’on fasse plus ample connaissance via les… Activités… Que tu as proposé : moi ça me va. Je ne suis pas quelqu’un de très complexe de toute façon. C’est simple. Droit au but. J’aime bien presque par défaut. »

Ce serait effectivement bien qu’elles fassent d’abord connaissance avant qu’Akane ne lui présente ses deux pseudos dragons qui vivent cachés dans la forêt. Disons que ce n’est pas le genre d’information que vous balancez à la légère, comme ça, candidement… Ça pourrait créer une certaine panique. Pas que Marishka a peur facilement. Juste que de se retrouver nez à nez avec des créatures que vous n’avez jamais vu… Ça peut vous faire réagir négativement, c’est tout ce que je dis. Au moins dans l’immédiat, ma fille adoptive n’a pas à craindre une cohabitation difficile. Akane semble… Plutôt sympa, en fait. Si vous passez par-dessus son physique imposant et que vous vous concentrez sur la personne, elle n’est pas méchante ou mal intentionnée. Ce qui est un plus pour Marishka. Difficile de se concentrer sur vivre si vous devez constamment surveiller vos arrières…

Les épaules se sont haussés. Si Akane ne se considère pas intéressante, c’est son problème. Preuve en est que Marischka n’est pas en forme. En temps normal, son égo aurait surement pris le devant. Clamer que c’était à elle de déterminer si oui ou non elle était intéressante. Aujourd’hui ? Elle s’en fichait totalement.

Une seconde fois, elle aura haussé les épaules. Elle a des difficultés à comprendre l’intérêt d’une douche à deux. Mais vivre à deux est vivre en intimité. Il y a de fortes chances pour que les deux femmes se voient nues tôt ou tard. Et puis, si vraiment c’est plus pratique pour se laver le dos : qu’est-ce que Marischka pourrait avoir à y redire ? C’est comme ces images qu’elle a eu. Probablement qu’elle a imaginé ça en combinant le fait brut d’Akane disant qu’elle baise quand elle peut avec le fait qu’elles vont prendre une douche. Mais la libido de Marischka aura besoin d’un puissant sortilège de nécromancie pour être tiré de là où elle est enterrée.

« Ce n’est pas vraiment toi qui m’a détruite. C’est plutôt le fait d’avoir perdu contre toi après toutes mes défaites contre Shayne. J’avais besoin de gagner. Je ne sais plus trop pour quoi. Mais je m’en fiche maintenant. »

Elle soupire puis libère ses jambes repliées contre elle. Elle soupire à nouveau comme si le fait de se relever lui demandait un effort de type ultra-trail. Alors que c’est juste quitter le confort du canapé, le fait de ne pouvoir rien faire dans quelque chose de mou, pour se retrouver en équilibre sur ses deux jambes.

« Et puis, baiser c’est comme se battre. C’est une débauche d’énergie pour nourrir une pulsion. C’est un face-à-face entre deux personnes. Je n’ai pas du tout envie de ça. Je n’ai rien à nourrir en moi. Mais je mangerai quand même, hein. Je veux dire, de la nourriture solide. Je ne vais pas non plus me laisser dépérir. »

Lentement, en traînant des pieds, Marischka se dirige vers la salle de bain. Dans sa tête, Akane a proposé de prendre une douche à deux. Alors c’est que ça doit être maintenant. Et puis, si elle s’est trompée, et bah elle n’aura qu’à dévier sa trajectoire pour retrouver l’oubli en comatant sur son lit.

Si des souvenirs d’Alma arrivent du futur pour lui donner d’étranges informations concernant Akane, d’autres surviendront. Sous la douche. Nue. En se voyant dans un miroir, peut-être ? Ou en sentant les doigts épais d’Akane sur sa peau, Marischka laissera échapper un mot qu’elle ne comprendra pas : « Kano ». Pourtant, ce simple mot fera le même bruit d’une fissure qui vient entailler une vitre (celle de son âme ? De la protection entre ce rêve et la réalité ?). Il lui donnera aussi l’impression d’un « manque ». D’un vide en elle. Sans parvenir à comprendre pourquoi.

Après tout, endormi là-haut dans les étoiles, le soleil n’est-il pas encore plus présent ?

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Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Elle se sent nettoyée. Oui, c’est une phrase à la con étant donné qu’elle est en train de se faire sécher par Akane. Mais il y a davantage que son corps qui a été nettoyé. Cette douche semble aussi avoir emporté une partie de ses idées noires. Non qu’elle était en colère ou triste avant. Et elle n’a toujours pas retrouvé des envies. Mais elle ne se sent plus si… inerte ? vide ? Quelque chose dans le genre. Elle se sentirait presque prête à remonter la pente. Pas de grosses étapes. Seulement, de petites marches semblent envisageables.

*Je ne vais pas pouvoir me mentir. Même si je n’ai toujours pas envie de sexe avec Akane, être proche d’elle, sentir sa chaleur, se faire sécher. Tout ça est quand même appréciable. Ouais, avec mes défenses qui sont tombées, je crois même que j’aime ça. Ou que j’en ai besoin ? Je ne sais pas trop… *

Petit à petit, la patience d’Akane envahit l’âme de Marischka.

« Je n’ai pas tellement faim. »

Son corps tourne au ralenti. Elle n’a pas besoin non plus de stocker de l’énergie en vue de prochains combats. Tiens, maintenant qu’Akane est là, est-ce que sa nouvelle mère continuera à passer tous les trois jours ? Elle n’en sait rien. Pire, elle ne sait pas si elle veut la voir. Elle ne veut certainement plus l’affronter. Dans ce cas, à quoi servirait qu’elle vienne ?

*Mais je crois que j’en ai envie quand même. Même si c’est pour rester assise à ne rien dire. *

« Mais si toi tu as faim, je veux bien grignoter quelque chose avec toi. »

Marischka doit faire des efforts. Elle ne sait toujours pas comment cohabiter avec Akane. Ce qu’elle sait, c’est que si elle ne fait rien : rien ne se passera. Elle se fait également la réflexion que c’est compliqué de construire quelque chose. A la différence de détruire. Mais, et elle ressent encore cette sorte d’impression de déjà-vu, elle a envie de « construire ». Elle veut essayer avec cette femme qui ne semble pas être du type à la trahir.

« Après, on pourrait peut-être aller dehors pour se balader ? Je dois avouer que je ne connais pas bien les environs. Mis à part la carrière. Je crois que prendre l’air pourrait me faire du bien. Mais pas la carrière. Trop déprimant. Trop de roche. Trop inerte. Trop mort. Je crois que je veux la nature. »

Avoir envie de bouger. Vouloir être au contact de la vie (même si seulement végétale). Tout cela semble encore être de petites marches à grimper pour retourner à une forme olympique. Et qui sait, pourquoi pas plus tard (dans des années ?) une forme déifique ? Mais cela est trop flou et trop loin. Marischka n’est pas du tout préparée à une telle destinée. Retrouver l’envie de manger. Retrouver un esprit combatif. Ce sont là deux objectifs à absolument emplir en premier.

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Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Shayne est une demi déesse. Ce qui lui confère l’immortalité. Qui plus est, elle n’est plus toute jeune. Attention, je n’ai pas dit qu’elle était vieille non plus. Je ne suis pas suicidaire… Donc, tout ça pour en venir où ? Au point où Shayne va devoir mettre à profit sa patience. Car Marischka ne va pas d’un claquement de doigts se transformer en la version parfaite qu’elle conçoit. Elle ne va déjà pas tout simplement reprendre goût à la vie et ruer au-dedans.

La reconstruction prendra du temps. Des jours ? Des semaines ? Qui sait.

Marischka sera peu bavarde. Mais elle écoutera avec attention tout ce qu’Akane aura envie de partager avec elle. Notamment le fait de chasser et que cela puisse devenir un exutoire à sa violence. Sans compter le fait de ramener à manger dans leur maison. Mais aussi, et cette pensée lui plaît sans trop savoir pourquoi : gagner en indépendance. Ne plus à avoir à appeler sa nouvelle mère au téléphone pour lui dire que le frigo a besoin d’être rempli.

La partie recyclage, elle ne comprend pas bien. Mais, une nouvelle fois, elle n’est pas d’humeur bavarde ni curieuse : alors elle ne dit rien. Le simple fait de pouvoir marcher lui suffit. Et elle sent au fond d’elle qu’elle doit faire attention. Ne pas en vouloir trop tout de suite. Elle sent que ce serait une erreur. Alors elle s’oblige à rester dans cette zone où elle vivote. A cet instant, elle est plus proche de l’animal que de l’homme. Ancrée dans le présent sans penser au futur. Pas même à ce qu’elle fera quand cette balade sera terminée.

Si ni Akane ni Shayne ne prévoient des actions spécifiques, alors le premier déclic se fera quelques jours après cette première balade. Durant ces quelques jours, Marischka aura pu constater la puissance et l’élégance du corps affûté d’Akane. Certes, elle l’avait vu de très près sous la douche. Mais découvrir ce corps massif capable de soudaine accélération ? Ces muscles qui se contractent et réagissent au moindre désir ? Ces observations amorceront un début de quelque chose.

Lors d’une énième balade en compagne d’Akane, un petit lapin fera son apparition. La scène semblera se mettre sur pause. Tout le monde regardant tout le monde. C’est l’animal le premier qui bondira pour fuir ces deux femmes. Avant même qu’elle le réalise, Marischka bondira à son tour pour courser l’animal. Il n’y aura pas encore eu une seule pensée. Ni un désir de chasser pour manger. Ni un désir d’expulser une pulsion hors de son corps. Pas plus une envie de s’entraîner. Mais elle se mettra à lui courir après.

*Je ne veux pas m’empâter. Je veux ce corps musclé qui réagit au moindre de mes désirs. Je veux… *

La revoilà. L’étincelle de vie. La flamme qui commence à s’embraser en elle. Pour le moment, c’est le désir de retrouver la forme. C’est potentiellement une forme de jalousie mêlée d’un complexe d’infériorité à côté d’Akane. Peu importe le comment du pourquoi. Marischka sprinte et slalome entre les arbres. Le souffle court. Flirter avec la limite de ce que ses muscles peuvent fournir. Et elle adore ça !

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Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

C’est tellement stupide de se sentir mieux après avoir couru dans tous les sens. Elle en aurait presque même oublié que le pseudo-but de tout était d’attraper le lapin. Maintenant qu’elle le tient par la peau du cou, ahanant, elle se demande bien ce qu’elle va pouvoir en faire. C’est qu’elle a le souffle court Marischka. Les cheveux ébouriffés également. Bien qu’elle ne soit pas très « mode ». Sans compter que la transpiration a maculé ses vêtements. Mais elle s’en fout la Marischka ! Elle sourit comme une enfant.

« Ce serait idiot de le relâcher après tous les efforts que j’ai fait, je crois. Ouais, il fera partie de notre repas ce soir. »

Sans grande inspiration, Marischka fait le coup du lapin… au lapin. Oui, toujours ce manque d’imagination même quand il s’agit de description. C’est donc avec le cadavre chaud d’un lapin tenu en bout de bras qu’elle découvre le lac. Elle n’était jamais allée jusque là avant qu’Akane arrive. Comme quoi, vivre à deux semble avoir plus d’effet qu’imaginer.

Marischka n’aura pas répondu à la question d’Akane. Le soleil est présent. Tout son corps a chaud de la course-poursuite avec le lapin. Indéniablement, se plonger dans l’eau fraîche. S’il y avait encore besoin d’ajouter des arguments. On pourrait ajouter celui d’une zone sure protégée par une demi déesse. Même la paranoïa de Marischka a (presque) accepté cette réalité. Alors se mettre à nue dans une zone si ouverte pour barboter est du concevable. Ce n’est même pas la présence d’Akane le problème. Elles ont pris des douches ensemble.

« Euh… Akane ? »

Qu’est-ce qu’elle déteste quand elle est dans cet état. Les effets de la course-poursuite auraient tendance à être dévorer par ces noires choses qui vivent en elle…

« Tu as pieds là où tu te trouves ? »

Bien sûr qu’elle a pied. Elle n’est pas partie jusqu’au centre du lac à la nage pour faire un peu d’exercices. Elle se baigne au bord de l’eau. Sa façon de se déplacer. Sa façon de la regarder. Akane garde un œil sur Marischka. De là à dire qu’elle est attentive aux besoins de la fille adoptive de la demi déesse, il n’y a qu’un pas à franchir. Ou peut-être une brasse, adaptions la métaphore à l’élément aquatique. Comme celle qui veut que Marischka « se jette à l’eau » pour avouer ce qui la dérange.

« J’ai un problème. Je ne sais pas nager… »

Le lapin déjà posé derrière elle, Marischka s’est approchée jusqu’à mettre ses pieds nus dans les quelques centimètres d’eau du bord du lac.

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Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

S’il n’y avait pas les allers et venues de Shayne réguliers, il n’y aurait aucun moyen de prendre mesure du temps qui passe. Sans montre. Sans téléphone portable. Sans agenda. Sans rien d’autre à faire que d’apprendre à vivre avec Akane et apprendre à vivre tout court.

Alors le temps. Et ce qui est peut-être le plus surprenant, c’est que ça se passe bien. Parfois, Marischka se retrouve seule et se met à penser. Il y a des choses qu’elle touche du bout des doigts et appréhende à peine. Comme le fait de ne pas utiliser ses pouvoirs. C’est quelque chose qu’elle fait sans y réfléchir. Une des raisons ? Le commandement de sa mère suite à l’épisode dans la chambre effaceuse. Il y a également une autre raison. Après avoir émergé de sa période de dépression suite à sa destruction : Marischka a réalisé qu’elle se comparait énormément à Akane. Rien que l’épisode du lac et de l’apprentissage de la nage en est un exemple.

Et il y a des choses dont elle a conscience. Elle se sait être une personne qui ne peut pas se contenter de la force qu’elle possédait hier. Sans cette volonté de se surpasser soi-même (pour au final surpasser les autres) : Marischka serait morte. Mais avec Akane, elle ne cherche pas l’affrontement. Elle pourrait chercher une forme plus « gentille » d’affrontement nommée compétition. Mais ce n’est que jonglage avec les mots. Le fond reste le même. Une femme versus une autre. Et au fond d’elle, Marischka sent que c’est une pente glissante. Si elle se met à compétiionner, la mauvaise partie de sa personnalité émergera à nouveau. Et elle n’est pas prête à réussir à surpasser ses défauts.

Donc… elle vit. Tout simplement. Elle court avec Akane dans les bois et cela lui suffit pour dépenser le trop-plein d’énergie dans son corps. Pour s’affûter à nouveau. Si elle ressent des pulsions violentes ? Alors elle se met à chasser du gros gibier. Parfois, elle se demande si Akane ne lu compliquerait pas la tâche. Le comportement de certains animaux lui paraissant… étranges. Mais impossible de lui en vouloir si c’est vraiment elle. Car à la fin d’une chasse violente, elle retrouve une certaine quiétude.

Cette nouvelle vie apaisée est visible exactement de l’extérieur. Si la première (et surtout réelle) version d’Alma a changé de nom. Cette version (rêvée) de Marischka se laisse pousser les cheveux. Dans un monde où elle n’a plus à survivre, avoir les cheveux courts pour empêcher de les avoir dans les yeux ou qu’ils se retrouvent dans les mains de ses ennemis n’existent plus. Elle se laisse donc pousser les cheveux sans réaliser le sens caché. Mais il y a une femme qui va s’en rendre compte. Il n’y en a que deux : entre Akane et Shayne. Il y en a donc une qui va le réaliser avant l’autre étant donné le temps passé ensemble : Akane.

Dans son maillot de bain une pièce (le fait de cacher son corps est avant tout une façon de ne pas avoir sans cesse sous ses yeux les cicatrices qui réveillent les mauvais souvenirs ; et non le fait qu’elle ait honte de ses cicatrices qui sont autant de trophées et de preuves de ses réussites à survivre jusqu’à aujourd’hui). Donc, dans son maillot de bain une pièce, Marischka crèvera la surface de l’eau de sa tête pour reprendre une goulée d’air. L’eau coulant de ses cheveux plus longs. Ruisselant sur son corps de nouveau affûté par chaque journée à faire de l’exercice. Marischka ne le réalise pas. Mais elle est belle. Plus que cela, elle plus féminine.

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Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Les doigts de Marischka passent dans ses cheveux pour dompter ses cheveux noirs et mouillés. C’est dans ce genre de petit moment qu’elle réalise qu’ils ont vraiment poussé. Qu’elle a changé. Qu’Akane voit qu’elle a changé. Elle lui sourit. Oui, elle a trouvé que c’était brut de décoffrage. Mais c’est Akane. Elle ne va pas s’attendre à une ode à son nom et sa nouvelle beauté. Pas qu’elle se considère non plus comme un mannequin. Mais elle est sensible aux compliments. C’est… nouveau. Du renforcement positif que certaines femmes de sa vie (future vie) pourraient lui dire avec des mots dits savants.

Tuons le doute dans l’œuf et relâchons l’étreinte qui empêche Maman Shayne de respirer convenablement. Non, Marischka ne se découvre pas soudainement porteuse de papillons dans le ventre. Non, elle n’a pas envie de se jeter sur le corps musclé d’Akane et d’aller explorer son intimité. Par contre, car il y a toujours un « mais » ou approchant dans ce genre de situation : Marischka n’arrive plus à considérer Akane comme une ennemie ou un adversaire. Un partenaire d’entraînement, à la limite. Mais davantage un partenaire de vie.

Elles partagent tout. Elles sont tout le temps ensemble. Evidemment que les liens de la relation se densifie. Elles chassent ensemble. Elles se douchent ensemble. Elles dorment ensemble. Elles sont attentives l’une à l’autre. Elles voient des choses. Elles en pressentent d’autres aussi. Et donc, Marischka finit par sortir de l’eau pour aller rejoindre Akane sur la berge. La sensation de l’herbe paraissant douce sous le pied.

« Akane. J’aimerai te parler de quelque chose. »

Marischka fait une pause. Une dernière afin de se sonder et confirmer que sa libido brûle pour Akane. Non, il n’y a pas de feu.

« Je sais que tu as des besoins que je ne peux pas t’aider à satisfaire. Non, c’est faux. Je pourrais mais je ne l’ai jamais fait. Oui, désolé, ça ressemble à quelqu’un qui tourne en rond. Je vais être plus directe. Ca m’ennuie que tu vois de temps à autres ses prostituées pour que tu te libères de tes pulsions sexuelles. »

Voilà. Quelque chose de mauvais est passé en elle. Elle n’avait pas encore mis le doigt dessus. Mais ça ressemble à un grain de sable dans l’engrenage. Au serpent qui vient corrompre.

« Je ne brûle pas de passion pour toi. Je n’ai pas plus envie que ça de devenir ce que tu avais appelé une soumise forte. Mais si tu en as envie, je suis prête à être là pour toi le moment venu. Je crois que je commence à bien te connaître. Toi et ton corps. Je crois que je pourrais réussir à t’aider. Comme tu m’as de nombreuses fois aidée. »

Elle sait qu’elle doit arrêter de trop parler. Et elle le fait après cette dernière phrase :

« Je suis désolé. Ca sonne vraiment bizarre ce que je viens de te dire. »

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Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Akane écoute ce que Marishka dit. Elle ne la juge pas. Elle lui donne son attention. Elle ne va pas l’interrompre non plus. Akane est une prédatrice. Tous ses sens sont à l’affût pratiquement en permanence. Pas parce qu’elle se sent en danger. Parce que c’est juste dans sa nature. Oh elle peut être calme, posée. Mais elle va toujours être attentive. Comme on l’a dit précédemment, tout signe du non verbal peut en dire beaucoup. Vivre ne veut pas dire oublier ses racines. Et c’est une partie du Rouge. Le rouge est évolution. Le Rouge est croissance. Le Rouge est ordre naturel des choses. Et si vous voulez rester au sommet de la chaine alimentaire, cela demande des efforts. Mais revenons-en au fait qu’elle écoute attentivement Marishka. Ma fille adoptive pourrait être nerveuse. Ou même avoir peur de s’ouvrir. Mais en quelque part, malgré son physique imposant…

Akane a une présence rassurante, en quelque part. Peut-être son aura de cheffe de meute? Car elle a été à la tête d’un groupe, d’une bande. Pour moi, ce que Marishka dit me surprend énormément. Mais elle ne semble pas trop surprise. Est-ce qu’elle aurait anticipé l’évolution de ma fille adoptive? Ou est-ce qu’elle a perçu les changements graduels chez Marishka et que c’est une forme de conclusion logique pour elle? Après, bon, c’est sûr que se faire dire plus ou moins « je suis jalouse de l’attention que tu donnes aux prostituées » la surprend. Marishka n’a jamais exprimé vraiment d’intérêt pour elle. Et quand Akane fréquente les prostituées, Ce n’est pas par amour ou par attirance, c’est vraiment pour assouvir un besoin plus ou moins exacerbé par le Rouge. Le Rouge est plaisir. Le Rouge est violence. Les pulsions si chères à certains psychologues et autres « spécialistes ».

Le Rouge n’est pas psychopathe, par contre. Le plaisir pour amener à la reproduction et à une existence satisfaisante. La violence pour se défendre, défendre sa meute. Pas nécessairement attaquer. Une fourmilière, une ruche peut entrer en guerre avec une autre ruche ou une autre fourmilière. Ou alors elle peut rester paisiblement dans son coin et ne se défendre qu’en cas d’attaque. Akane étant humaine, le sexe n’est pas que pour la reproduction. La notion de plaisir entre en ligne de compte. Donc que Marishka semble jalouser ces prostituées ou ne pas aimer considérer qu’Akane les fréquente… Et en même temps elle dit ne pas avoir d’intérêt pour le sexe ou au minimum, si elle comprend bien, ne jamais en avoir eu. Mais si Marishka ne s’offre pas à elle, il est impensable pour La Bête de se contenter uniquement de la masturbation. Que répondre à Marishka…

« Donc si je comprends bien tu es… Jalouse… Des prostituées que je fréquente? J’avoue ne pas comprendre pourquoi. Elles sont un moyen de satisfaire une pulsion. Il n’y a rien de plus qu’un échange de service. Alors que toi et moi partageons une maison, un territoire, notre temps et nos journées. Je t’assure que tu n’as rien à leur envier. Ceci dit, et je ne suis pas douée pour toujours exprimer clairement ce que je veux dire…

Essentiellement tu es en train de me dire qu’à l’avenir, tu veux que je te dresse… Pardon… T’entraine dans les affaires sexuelles pour que tu puisses te substituer aux prostituées et… Me garder pour toi seule? C’est ce que je crois comprendre de ce que tu me dis. Tu as l’impression de me partager avec d’autres et tu n’aimes pas cette compétition? Si c’est bel et bien le cas, Marishka… Le sexe n’est jamais agréable s’il n’est pas consentant ou s’il est forcé. Tu en es bien consciente? »

Marischka n’aime pas cette conversation. Elle regrette de l’avoir amorcé. Et, en même temps… cela faisait déjà quelques jours que ce sujet revenait fréquemment dans sa tête. La dernière chasse qui a fini par la mise à mort de l’animal : c’était pour se soustraire à cette source de frustration grandissante. Elle pensait que ça suffirait à se calmer. Mais non. Ce sujet revenait toujours à la charge. Ca la dévorait de l’intérieur. Marischka savait d’instinct que c’était malsain de conserver ça pour elle. Il fallait qu’elle en parle à Akane.

Plus elle passe de temps avec Akane, et plus elle en apprend sur elle-même. Tout comme elle en apprend sur Akane. Derrière cette façade de brute se cache d’excellents traits d’esprit. Si c’est instinctif, Akane fait d’excellentes analyses et synthèses. Et cette version d’Akane est peut-être en train de révéler une « énormité »… Un fait sur Marischka qui pourrait faire tomber une demi-déesse sur son cul… Car Marischka pense qu’Akane ferait une très bonne meneuse. Et qu’elle se complairait surement dans le rôle de suiveuse. Mais cela serait hérésie, n’est-il pas ? Marischka est promue à devenir quart de déesse et Akane une de ses lieutenantes.

« Tu es une femme formidable, Akane. Tu arrives à comprendre des choses sur moi que je ne pourrais pas comprendre toute seule. »

Marischka aimerait dire à Akane que le mot « dresser » au lieu d’entraîner a provoqué un frisson dans son corps. Mais il y a un sujet plus important à traiter en priorité.

« Tu aurais dit que j’étais seulement jalouse, je t’aurais peut-être que oui. J’aurai pris ça pour un défaut et je l’aurai stocké quelque part dans un coin de ma tête. Mais voir ça sous l’angle de la compétition ? Que je ne veuille pas être en compétition avec ces femmes sans nom qui écartent les cuisses pour toi. Ca me parle. Mais… je n’aime pas ça. Je veux dire, je sens que tu as touché quelque chose d’important. Je crois que la compétition est ce qui me bouffe de l’intérieur. Me fait devenir… mauvaise. »

Soudain, il y a une lucidité qui lui tombe sur le coin de la gueule. Parler de compétition et de prostitués met soudainement en lumière qu’elle vit hors du monde. Et ça ne semble pas correct. Est-ce que la vie passée avec Akane est qualitative ? Est-ce qu’elle ne passerait pas à côté de sa vie ? En utilisant des gros mots, Marischka pourrait même aller jusqu’à ce se demander si elle ne passerait pas à côté de sa destinée ?

« Est-ce que ça te suffit, toi ? Tout ça ? Juste toi et moi ? »

Plus elle parle, plus Marischka regrette la conversation. Et pourtant, quelque chose lui dit qu’elle devrait tôt ou tard en passer par là. Mais qui préfère affronter les merdes du monde à l’insu d’un confortable rêve ?

Etre au bord d’un lac. Avoir les cheveux longs. Etre habillé d’un maillot de bain une pièce. Tout cela lui paraiti si ridicule alors que les souvenirs (plutôt les cauchemars) de sa vie sur son monde de naissance se superpose à sa vie présente. Marischka ne se sent pas bien. Son aura change. Assaillie par des frayeurs. L’idée de devoir retourner dans la carrière… L’idée de devoir recommencer à vouloir détruire son ennemi. A savoir Akane dans ce cas présent… Se préparer à ré-affronter Shayne et ses pouvoirs sans limite… Tout ça l’effraie. Ca et la face sombre de sa personnalité…

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

La Bête peut être une puissance sauvage. Destructrice. Impitoyable. Mais le Rouge lui a donné l’esprit de la meute. Et dans une meute, le chef prend soin des autres sous son autorité. Si la meute va mal, quelqu’un pourrait le défier et prendre sa place. Et donc, contrairement à l’humain qui révèle très vite ses intentions tyranniques, le Rouge garde le chef de meute dans un état de survie. Ne jamais tomber dans la paresse s’il veut garder sa place. Cela ne se traduit pas forcément comme une réaction humaine mais le règne animal fonctionne très bien sans les étiquettes et la « logique » de cette soi-disant espèce dominante qui ne fait que s’autodétruire graduellement. Akane sait donc rassurer. Réconforter. Dominant Marishka de toute sa hauteur, elle la prend dans ses bras, la serre contre elle. Si ma fille adoptive s’était assise, elle la fera se relever.

Elle lui donne aussi un baiser sur le dessus de la tête. Il n’y a rien de romantique, encore moins de sexuel, loin de là. C’est plus une façon non verbale de dire que ça va bien aller. Elle a écouté Marishka, a vu le changement dans son comportement. Les animaux, ont le sait, sont très sensibles aux changements dans leur environnement. Cela inclus les émotions. Dans la version « originale », cela n’a jamais vraiment été apparent car c’est Liliane qui utilisait les phéromones. En fait, Akane en est aussi capable. Les reines abeilles, par exemple, en utilisent et le Rouge a autorité sur les insectes. Dans cette version, sans Liliane, davantage de capacités d’Akane peuvent devenir apparentes. Après avoir écouté, Marishka, elle la fait s’asseoir sur ses cuisses puissantes, la force à la regarder dans les yeux et elle prend ses mains dans les siennes pour l’empêcher de « fuir ».

« C’est normal que ça te bouffe de l’intérieure. Tu as au moins deux décennies de compétition dans le corps. À devoir lutter. Survivre. Sur un monde qui prend un plaisir sadique à punir la plus petite erreur, la plus petite faiblesse. Comme moi, tu te retrouves sur un autre monde, tout aussi dangereux mais… Différemment. Ici, parce qu’une demi-déesse a décidé de nous garder dans ce qui pourrait être notre réserve naturelle…

Nous ne manquons de rien. Les vieux réflexes, les vieilles habitudes veulent se manifester alors qu’il n’y en a pas le besoin. Est-ce que tu as vu ma chambre? Il n’y a rien de personnel dedans. Pas de décoration, toutes mes affaires sont toujours dans un sac à dos, prête à détaler au premier signe de grave danger. Je le vis mieux que toi car le Rouge est évolution. Adaptation. Mais sans lui, je serais probablement une bête sauvage au fond d’une grotte.

Si tu ne veux plus que je fréquente les prostituées, si éventuellement tu veux en quelque sorte prendre leur place et assouvir mes besoins charnels… Et même pour le simple fait que nous vivons ensemble et que cela demande des compromis… D’accord. Si ça te permet de devenir meilleure, si ça t’enlève un stress causé par de mauvais réflexes, je consens à ne plus fréquenter de prostituées. De toute façon, leur manque d’endurance est… Frustrant.

Et je ne suis pas douée pour les longs discours mais… Oui. Cette vie me convient. Toi. Moi. Un vaste espace de vie. Pas de compétition. Tu penses vraiment que Shayne va laisser quiconque venir interférer dans ses affaires Nous sommes à elle, qu’on le veuille ou non et de ce que j’en comprends, les dieux, même à moitié, n’aiment pas partager leurs affaires ou qu’on interfère dans leurs plans divins. Mais ça me va. Un vaste espace de vie.  Le Rouge tout autour de moi. Et toi. »

Il y a tant de choses dans le discours d’Akane qui nourrirait le feu de la colère d’Alma. Mais Alma n’est pas présente. Marischka, oui. Et cette dernière ne ressent pas de la colère. Elle ressent des choses présentes. Elle pressent des choses futures. Comme le fait qu’elle ne pourra pas rester ici indéfiniment. Qu’une préparation sera inévitable. Pour quoi exactement ? Marischka va rapidement supprimer la réponse à cette question. Mais il parait inévitable que tôt ou tard, elle doive se dresser face à une demi déesse… En attendant, elle se retrouve assise sur les cuisses d’Akane.

Il y a un magnétisme chez Akane auquel elle ne peut se soustraire. Ce regard si intense. Et plus simplement, ses mains « prisonnières » des siennes à elle. Marischka ne dit rien. Cette conversation est dérangeante. Elle permet aussi de retirer un poids. Elle fait planer des ombres pour un temps futur indéfini. Elle lui provoque également des bouffées de chaleur qui se manifestent par des joues qui passent au rouge. Tant d’émotions qui la submergent et se confrontent les unes aux autres. Il y a un véritable maelstrom au sein d’elle.

Akane est patiente. Elle ne prendra pas mal le silence de Marischka. Qui plus est, son pouvoir sur le Rouge doit ressentir les changements chez sa partenaire. Elle doit comprendre avant même Marischka la raison de cette chaleur en elle. Que sont ces sentiments ? Personne ne lui a jamais prêté attention de cette façon. Personne n’est restée avec elle aussi longtemps. Personne n’a été si gentille, si compatissante, si prête à faire des concessions pour elle. Marischka se sent « spéciale » dans les yeux d’Akane. Et, avec sa personnalité qui provient de l’autre monde, elle sait qu’elle pourrait mourir pour elle si la situation l’exigeait. Au premier degré. Réellement mettre fin à sa vie. Est-ce ça l’amour ?

Alors Marischka embrasse les lèvres d’Akane. Puis se retire, embarrassée de sa bravade.

« Je ne sais pas ce qu’est l’amour. Je ne sais pas si ça en est. Mais je sais que jamais personne ne m’a regardé comme tu me regardes. Personne ne m’a autant protégée que toi. Et je ne parle pas de mon corps physique. Les choses invisibles au-dessous. Alors voilà. Si tu es prête à faire autant de sacrifices pour moi, je suis prête à devenir ta femelle et assouvir tes pulsions. Je… je ne sais pas si cette phrase est correcte. Je ne suis pas en train de te traiter d’animal, seulement, avec ton pouvoir… »

Jamais Marischka ne s’est sentie aussi faible, petite et fébrile qu’à cet instant. Et pourtant, il y a une telle intensité en elle. Malgré les chaleurs, les mains moites et les tremblements. Elle sait qu’elle est prête à s’offrir. Et ce n’est pas rien. La survivaliste qui ne pouvait même pas se séparer de ses pouvoirs de peur d’en perdre le contrôle. Elle se sait prête à s’offrir à Akane. C’est quasiment un miracle qu’Akane ait réussi à passer à travers toutes ses défenses. Cela lui aura pris du temps et de la patience.

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Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

C’est terrible pour Marischka de ressentir cette perte de contrôle. Comment une simple langue peut provoquer autant de sensations ? Et ces crocs qui devraient déchirer. Ces crocs qui glissent sur sa peau mouillée de cette langue. Normalement, ces crocs déchiquètent la viande. Ce sont des outils de violence. Alors, pourquoi eux aussi la font frissonner ? Marischka réalise qu’elle commence à respirer un peu plus rapidement. Elle réalise aussi que seule Akane a ce pouvoir sur elle. Elle est la seule qui existe qui lui permette d’abandonner les rênes du contrôle pour les confier à quelqu’un d’autre.

S’en vient alors le baiser. Marischka ne réfléchit plus. Elle laisse complètement ses instincts primaires lui dicter sa conduite. Elle n’est pas leadeuse dans cette affaire. Elle est suiveuse. Qui plus est, et s’il est besoin de le répéter, elle a toute confiance en Akane. Alors elle se laisse submerger par son plaisir et l’Animal.

Et voilà que sa tête se remet à fonctionner alors qu’il ne devrait pas. Est-ce que ces mêmes lèvres ont embrassé les différentes prostituées qui sont passés avant elle ? Ca ne devrait pas la toucher. Elles n’étaient que des réceptacles pour les pulsions d’Akane. Sans compter que cette dernière elle-même a avoué qu’elles n’étaient pas suffisamment efficientes. Manque d’endurance étant le titre de leur sentence. Et pourtant, ça gêne Marischka. Passer après les autres… Et s’il n’y avait que ça. Il y a aussi ce picotement à l’intérieur de son sein. Pourquoi cet endroit est-il si sensible ? Et généralement quand ses yeux se posent sur le corps nu d’Akane ?

Ce sont là de mauvaises pensées. Elle le sait. Elle en est parfaitement consciente. Mais les garder pour elle ne lui parait pas plus sain… Alors elle rompt le baiser. Mais elle ne parle pas de suite. Elle observe ce regard qui la regarde. En jolis termes, la civilisation perd du terrain face à l’animal. Et c’est justement ce qui confère un nouveau frisson dans le corps de Marischka.

Et puis elle se met à parler. Mais dans son ton, on peut entendre qu’elle le regrette déjà.

« Je devrais m’en ficher. Mais j’ai besoin de le savoir. Est-ce que ces lèvres, tes lèvres, ont embrassé les prostituées ? Je sais pourtant qu’elles ne sont pas importantes. Je sais qu’elles étaient des sortes d’outils mais vivants. Mais ça me gêne. Ca me dérange. Il y a une partie de moi qui voudrait que les lèvres ne servent qu’à embrasser quand il y a de l’amour entre deux personnes. Comme une sorte de… je ne sais pas, contrat. Et puis, je n’aime pas passer après elles. »

Si ses mains avaient été libres, l’une d’elle aurait surement frotté cette zone où la Bête a mordu Alma. Mais elle ne le peut pas. Ce qui n’empêche pas la démangeaison de prendre une place dans sa tête. D’ailleurs, c’est tout ce qu’elle peut faire. Utiliser sa tête. Son corps étant complètement à la merci de celui d’Akane. Ce corps nu. Ca la gênait au début. Qu’Akane se mette nue quand elle sortait de leur maison. Une sorte de malaise. Puis Marischka s’y est habituée. D’abord en associant le fait qu’elle était liée au Rouge. Après, parce que c’était ainsi qu’était Akane. Mais aujourd’hui ? Ce corps nu sur lequel elle est assise acquiert une toute autre dimension…

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Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Tu rigoles, j’espère? Pourquoi j’aurais embrassé de simples prostituées? Ce sont elles qui sont payées pour me faire plaisir et avec elles, je ne veux pas de préliminaires. J’entre directement dans le vif du sujet. Si tu dois savoir, il n’y a eu aucune tendresse, aucun petit geste doux. Juste l’acte de dépenser de l’énergie sexuelle et de combler un certain appétit. Considérant leur endurance décevante, je suis souvent…

Insatisfaite. Bref. Je ne sais pas pourquoi est-ce que tu te mets en tête toutes ces questions absurdes. Si un jour tu deviens une disciple du Rouge, tu vivras davantage dans le moment présent et ces pensées parasites ne seront plus qu’un souvenir. Si tu dois considérer passer après elle, soit. Mais uniquement parce que ce n’est pas toi qui a pris ma virginité. Mais est-ce que tu vas jalouser de ça aussi Est-ce que je vais prendre ta virginité? »

L’irritation est audible dans la voix d’Akane. Dans la situation actuelle, l’alpha est mécontente parce que l’oméga ruine le moment avec des questions qui, en effet si on s’y arrête, sont absurdes. Et si elle avait embrassé les prostituées, il se passait quoi, ensuite? Marishka allait s’enfermer dans sa chambre à jamais parce qu’elle vient de se décider à éprouver quelque chose pour Akane? Il aurait fallu que pendant des années elle l’attende, tout bêtement? Qu’elle se réserve exclusivement à quelqu’un dont elle ignorait totalement l’existence jusqu’à quelques semaines de cela? La jalousie de Marishka et son psychotage malvenu ne vont pas l’aider à marquer des points, c’est sûr. Akane n’a pas la tolérance de Liliane. Ma fille adoptive a intérêt à se « dompter » rapidement et à ne plus trop passer d’observations de ce genre. Qu’elle s’engueule mentalement pour sa connerie.

Qu’elle apprenne à apprécier ce qu’elle a et non ce qu’elle voudrait. Car à trop vouloir, on finit par tout perdre. « Tu veux te sentir exclusive », demande Akane. « Alors enlève ton maillot de bain et observe avec attention », rajoute-t-elle avant de lâcher les mains de Marishka pour qu’elle puisse se dévêtir. Peau contre peau avec Akane. « Je t’offre ma marque. Que tous sache que tu es à moi et que tu occupes une place très spéciale », déclare presque solennellement La Bête. Et dans ce geste aussi symbolique que dans la réalité mais avec un contexte différent, Akane mord Marishka sous le sein, exactement comme elle l’a fait dans le monde réel. Même endroit, au millimètre près.  L’égo de ma fille adoptive devrait être satisfait : Akane la considère comme sienne et aucune prostituée, encore qu’il n’y aura plus de prostituée, ne pourra prétendre avoir autant de proximité avec Akane.

Pour La Bête, les nuances dans les relations, sans être inexistantes, sont très différentes. Si Marishka veut se sentir « unique » à ce point, alors lui donner sa marque est la chose logique à faire. Dans le règne animal, c’est ainsi que les choses fonctionnent. Vous marquez un territoire. Ou votre femelle. Vous annoncez aux autres prédateurs, à des rivaux potentiels, qu’ils vont devoir se battre pour vous le prendre. Et ça devrait faire battre très fort le petit cœur d’Alma de savoir que quelqu’un est prêt à se battre pour la garder jalousement. Oh il n’y a pas de romantisme dans le Rouge, en fait. Des animaux qui se font la cour, oui. Mais c’est plus pour cimenter cette « exclusivité ». Enfin. Préparer le terrain serait plus exact. Est-ce que Marishka est capable de le comprendre? Probablement. Car dans le rêve, sa connexion au Rouge est plus forte. Son évolution a été différente. Son éveil au Rouge pourrait arriver plus vite qu’elle ne le croit…