The Multiversity

C'était quand même... assez inédit ce qui se passait. Il n'aurait jamais pensé vivre une telle chose en venant ici avec Hikari surtout que bon, on ne peux pas accuser l'alcool, c'est à peine s'il en avait bu une gorgée, sûrement de même pour Hikari après, il n'avait pas observé méticuleusement si elle avait pris une gorgée ou plus ? Quoi qu'il en soit, il était là, à tâter pratiquement à l'aveugle le corps de sa collègue pour y trouver ses lunettes. Chez certaines personnes, les lunettes corrigeaient un peu la vue, l'amélioraient, pour certains, c'était même juste un atout de mode, de fausses lunettes pour se rajouter du charme. Hirotaka ne pouvait que valider cela, il avait toujours trouvé que les lunettes chez une femme, c'était un plus à sa beauté. Mais de son côté, c'était un vrai correctif pour sa vue, hélas en piteux état. Sans ses lunettes, une vache dans un couloir pourrait presque se rendre invisible. En tout cas, pour le moment, il pensait les avoirs trouvés, mais il ignorait s'il devait franchir le cap. C'est que... elles semblaient être à un endroit assez intime et juste ça, ça suffirait à passer pour du harcèlement sexuel, dans un cas comme dans l'autre. Les plaintes d'hommes qui iraient dénoncer ce genre de comportement venant d'une femme étaient assez rares, au Japon comme ailleurs, mais hélas, c'était bien trop souvent le cas pour les femmes. Hikari l'invitait à les prendre, posé sur elle... Surement une branche qui se tenait à son yukata alors ?

« D'accord... »

Toujours avec lenteur, mais prudence, il approchait sa main, comme si la frôler risquait sa vie, il y allait doucement, très doucement et il aurait pu les touchers et les avoir simplement, mais hélas pour lui, Hikari avait bouger sa jambe, frôlant une zone sensible chez lui, et vue la situation, restait assez osée ! Sa main dérapait et plutôt que la posé sur ses lunettes, il pressait l'un des seins de la demoiselle, reculant sa main comme s'il venait de désamorcer un piège à ours !

« Pa-pardon !!! »

Ce fut bref, il n'avait rien senti concernant son excitation, il avait juste sentie une zone moelleuse et tendre, un très bref instant. Difficile de dire pour lui, il ne voyait que des formes abstraites alors voir ses lunettes sur sa tenue, c'était trop mince pour y voir clair. Il passait à côté d'une chance unique de voir sa collègue dans une position charmante, sûrement plus belle que d'habitude. Ayant confiance ou voulant en terminer, il recommença, frôlant à nouveau sa poitrine, appuyant légèrement dessus sans retirer sa main, il trouva ses lunettes qu'il enfilait à nouveau, retrouvant ainsi un de ses sens, ayant pour fêter cela, comme il s'en doutait, une vue sublime. Elle était là, si belle, si femme, les joues légèrement rosé. Pas besoin d'une bimbo hollywoodienne pour lui plaire, il était très attaché à son pays, ses valeurs, et Hikari représentait bien cela d'une certaine façon. Plongeant son regard dans le sien, le jeune homme reprenait conscience de ce qu'il venait de vivre, sans pour autant se dégager de suite.

« Je m'excuse si je t'ai incommodé, Harigato-san... »

Elle avait lancé ce jeu, prétextant ne pas vouloir les salir, mais il restait gentleman, il devait s'excuser. Mais... il devait se redresser maintenant ? Hikari avait frôlé sa cuisse, se rapprochant de sa zone intime et, sans montrer toute sa virilité, elle avait doucement réveillé son membre. Pas de quoi se trahir, mais de quoi laissé planer un doute, quand même.

Hikari avait profité de ces pauvres lunettes tombées innocemment sur ses seins pour jouer avec Hirotaka-san. Ce n’était pas très fair-play, mais elle s’en moquait bien, car elle s’amusait beaucoup de cette situation ! Extrêmement nerveux, Hirotaka-san perdait un peu de son redoutable self-control, et c’était quelque chose de très agréable à voir. Pour autant, Hikari sursauta quand la main d’Hirotaka-san fléchit, et palpa l’un de ses seins. Elle rougit furieusement, et Hirotaka-san bondit en arrière, venant s’excuser. Hikari sourit doucement, gloussant même un peu, et secoua la tête.

« Allons, Hirotaka-san, ce n’est rien ! »

Au contraire, cela avait même doucement commencé à la chauffer ! Hikari ne dit toutefois rien de plus, et Hirotaka-san finit enfin par récupérer ses lunettes. Il les remit sur le bout de son nez, et Hikari lui sourit encore, pouffant un peu.

« Ce n’était pas une zone radioactive quand même ! »

Elle plaisantait, n’ayant bien sûr nullement été incommodée ! Hirotaka-san était trop nerveux pour comprendre qu’Hikari avait évidemment voulu de tout ça, qu’il glisse sa main en elle, et qu’il se retrouve ensuite mortellement gêné et confus ! Elle s’amusait de cette situation, mais leur séance au cabaret touchait à sa fin. Sora-chan semblait s’être beaucoup amusée de la situation, et le duo ressortit ensuite du cabaret.

La soirée n’était toutefois pas terminée, et, quand les deux adultes sortirent, ils croisèrent très rapidement deux de leurs élèves… Alice et Ai Aihara.

« Hey ! Bonsoir, senpais ! »

Alice se courba respectueusement devant eux deux, et Hikari cligna des yeux, se demandant jusqu’à quel point leur rencontre ici était fortuite. Mais elle savait qu’Ai-chan était plutôt une fêtarde, alors il n’était, somme toute, pas si surprenant que ça de la voir ici. Du moins, c’est ce qu’Hikari se dit bien rapidement.

« Vous ne devriez pas être à l’hôtel ? leur demanda-t-elle tout de même.
-  Il est encore tôt ! répliqua Alice. Ai-chan et moi cherchions un garçon… Pour le karaoké, c’est quand même plus pratique. Mais Chifumi-sensei est resté à l’hôtel. »

Elle regarda alors Hirotaka-san, et s’inclina respectueusement.

« Hirotaka-sensei, Harigato-sensei, accepteriez-vous de venir avec nous au karaoké club ? »

La situation avait eu de quoi lui donner des bouffées de chaleur, chose rare chez lui ! Il restait un homme, oui, mais vivre cela, sachant que pour une fois, il commençait à réellement ressentir quelque chose pour une femme, c'était nouveau. Il avait presque le rôle pour devenir un personnage de drama tant la situation avait été cocasse ! Enfin, au moins, Hikari ne semblait pas avoir été gêné par tout cela et elle ne lui en voulait pas, c'était bien le principal pour lui. Mais la soirée était loin d'être fini et si sa collègue attaquait de la sorte déjà, le temps de rejoindre l'auberge – qu'il pensait être un lieu sûr, entouré de tous leurs élèves derrière les murs – ça risquait de promettre certaines choses ! Quoi qu'il en soit, la suite fut plus calme au cabaret, jusqu'à la quitter, peut-être pour regagner leur hôtel, ou il pourra souffler. Erreur. À peine sortie qu'ils croisaient deux de leurs élèves. Cela pourrait jouer contre eux, les liaisons entre professeurs pouvaient leur risquer leur place, il était parfois mal vue d'avoir ce genre de relation sur le lieu de travail, même entre adultes consentant !

Même si les deux filles semblaient se moquer de ce détail, les appelant « senpaï », chose qu'Hirotaka souligna pour corriger, non pas avec colère ou agacement, c'était plus une habitude. Même s'il tentait de garder une bonne relation avec ses élèves, ça ne doit pas devenir non plus des amis si intimes, ils étaient adultes et eux, encore si jeune.

« C'est Senseï pour vous deux. »

Demander à Nifuji de se détendre, plus facile à dire qu'à faire, mais au moins, en présence d'élève, il espérait que rien n'allait déborder et rester droit. Même si bien vite, lui aussi se demandait ce que deux élèves faisaient ici ? Eux, ils pouvaient avoir l'excuse de visiter les lieux pour faire du repérage pour demain, mais elles ? Et puis, avaient-ils vraiment autorisé les sorties ? Avec tout ce qui se passait ce soir, il ne savait plus trop... Alice venait à proposer un karaoké avec les deux professeurs, au moins, elle avait rectifié le tir cette fois. Il n'était pas fan des karaokés, il n'avait jamais vraiment essayé non plus mais, il était tiraillé... Dans un sens, en se baladant ainsi le soir, elles pouvaient faire une mauvaise rencontre donc mieux vaut que ce soit eux, mais dans un autre registre, si ça se sait, cela risquait de faire des jalousies avec les autres élèves, non ?

« Vous devriez commencer par éviter ce genre de choses, mesdemoiselles. On ne sait jamais sur qui on peut tomber, surtout le soir. Même si je n'approuve pas forcément, il aurait été plus prudent d'avoir un adulte à vos côtés, au moins des camarades. »

Certes, peut-être qu'il était trop vieux jeu, trop respectueux des règles, mais se fier aux apparences était parfois une erreur, même concernant une ville, ça pourrait mal tourner après tout. Il suffisait d'un rien pour que le pire arrive. Enfin, il soupira, jetant un regard vers Hikari, préférant ne pas se mouiller, car si ça ne tenait qu'à lui, il irait raccompagner les deux élèves à l'hôtel.

« Si Harigato-senseï est d'accord, je préfère vous savoir en sécurité à nos côtés plutôt que seules. »

Seules ou en mauvaise compagnie. Il n'avait jamais rien eut contre cette petite Alice, élève modèle et sans histoire. Idem pour Aihara, une fille dans la moyenne, avec ses points forts et ses points faibles, mais pas du genre à jouer les chipies en classe. Et puis, avoir deux élèves à leurs côtés, ça serait sûrement plus sûre pour éviter tout genre de débordement, comme au cabaret. Mais bon, une fois sur place... Pas question de chanté du rap ou ce genre de chanson pour jeunes. Si on le force... bah autant visé les chansons qu'il a déjà entendues plusieurs fois étant petit, des chansons des années quatre-vingt, même si à l'époque, il n'était pas fan, sans l'être aujourd'hui, avec l'âge, ça restait pas mal, même si comme il l'avait dit plus tôt, il préférait le classique, pour étudier, bouquiner... Mais là, ce ne serait pas le cas.

La soirée allait donc se poursuivre à un club de karaoké ! Face aux élèves, Hirotaka retrouva son sérieux, semblant ainsi sortir de ce moment très gênant pour lui au cabaret. Hikari s’en voulait quand même un peu, car elle ne voulait pas le mettre en danger ! Elle se demandait toutefois ce qu’Alice avait en tête, et craignait le pire ! La sage élève se montrait un peu trop espiègle à son goût, et elle savait qu’elle voulait la forcer à sortir avec Hirotaka-san. Mais c’était Hikari l’adulte, c’était elle qui décidait de ce qu’elle faisait ! Elle suivit quand même le duo au club de karaoké, et Alice commanda une salle. Hikari la laissa payer, un peu gênée, mais consciente que la jeune femme avait sans doute plus d’argent qu’elle.

Le quatuor rejoignit ainsi une agréable salle avec une chaîne HiFi reliée à un écran. On pouvait charger de multiples musiques offertes par le cabaret, ou les siennes.

« Senseis, il me semble logique que vous ouvriez la marche ! J’ai justement une musique pour vous ! »

Les joues d’Hikari s’empourprèrent encore. Alice se précipita vers l’appareil, tandis qu’Ai leur remit à chacun deux micros.

« Mais… Je ne chante pas très bien, Alice !
-  Vous serez parfaite, sensei ! »

Elle craignait le pire, venant de cette élève au double visage ! Il y avait une petite table près des sofas avec des amuse-gueules, de la nourriture pour se détendre. Alice chargea la musique, et Hikari serra sa main sur le micro, regardant Hirotaka, puis l’écran devant eux. La musique était en train de se charger, et elle soupira en voyant le titre :


« Pure Love In Kamurocho » démarra ensuite. Une chanson au rythme lent, posé, évoquant un peu le flamenco, mais surtout romantique. Elle racontait une rencontre entre un homme et une femme dans le quartier fictif de Kamurocho, un quartier nippon imaginaire fantasmant tout le Japon. L’homme chantait le premier couplet, puis la femme, et ainsi de suite, sauf pour le refrain, où les deux chantaient simultanément.

« Asobi deshou
Shiiiinjinai
Otoko waaaaa
Kimaaaaaaguuuuureee ne ! »

Hikari se laissa peu à peu aller, laissant la musique la bercer, croisant le regard d’Hirotaka, espérant que lui aussi commencerait à se détendre…

C'était vraiment une drôle de situation dans laquelle il était fourré... Il ne s'était pas attendu à ça même si, allez dans un karaoké avec sa collègue et deux élèves, ça semblait plus normal que fréquenter un cabaret. Puis là, il ne pouvait rien arriver de grave, sauf s'ils enchaînaient les accidents, mais là, ce serait voulu ! Hirotaka sentait quand même quelque chose en lui, qui le poussait de plus en plus à fréquenter Hikari, il craignait un peu la suite, une sensation nouvelle pour lui, la peur d'être vue ensemble en admettant que tout roule pour eux, après tout, ils pouvaient avoir des soucis au lycée si le règlement l'interdisait... Mais pour le moment, il ne craignait rien à chanter dans ce genre d'endroit même si les élèves insistaient pour que ce soit eux qui ouvrent le bal ! Il l'avait dit à Hikari, il n'était pas du genre à écouter ce genre de musique alors chanter une chanson dont on ignore les paroles et l'air, ça allait être compliqué pour lui ! Grand dadais qu'il était, ce fut laborieux, presque comique tant il ne savait pas sur quel pied danser pour chanter ça. Hikari ne s'en sortait pas beaucoup mieux même si ce fut quand même moins ridicule de son côté que du sien.

Une fois la chanson terminée, il avait l'impression d'avoir fait du sport comme il n'en avait pas fait depuis un bail. Il fumerait bien une cigarette, mais par respect pour ses élèves, il attendra la sortie. Il soupira un bon coup, non pas d'ennui, ni d'épuisement – plus morale que physique.

« Je ne m'attendais vraiment pas à ça... Vous vous en êtes mieux tiré que moi. »

Dit-il presque navré. Il n'avait pas honte, ce genre de chanson n'était pas sa tasse de thé, c'est tout. Si du côté des élèves, les filles avaient des messes-basses sur le plan à suivre, elles jugeaient qu'ils ne faillaient pas en faire trop. Le professeur d'histoire ne semblait pas encore dans le coup, autant ne pas le jeter de suite dans la cage aux lions, elles pouvaient lâcher un début de piste ou se lâcher un peu, mais elles devaient garder leur rôle d'élève. Des élèves normaux, pas issue d'un film porno ! Avec Ai, ça pouvait vite partir de ce côté même si, de par la présence d'un professeur masculin, ça la refroidissait un peu. Elle n'était pas cent pour cent lesbienne, elle pouvait bien tenter les hommes mais elle était plus branché trap et puis plus de son âge, il était trop adulte pour elle... Surtout que, quitte à avoir le choix, elle préférait les femmes ! Par chance, sans le savoir de son côté, Hirotaka était certes loin de tout ce que Yoake avait de plus étrange à proposer, mais c'était un homme de principe, coucher avec une élève, très peu pour lui, pire encore si elle était mineure ! On pouvait lui servir cela sur un plateau en or qui ferait baver bien de ses confrères, même si ça serait que d'un an avant la majorité, ça lui donnerait l'impression de coucher avec une enfant ! Ce qui, du côté de la loi, n'était pas faux...

De son côté, il comptait bien souffler un peu et éviter qu'on ne le lance de nouveau sur une chanson.

« On a donné de notre côté, à vous deux d'en faire autant ! Je suis pas méchant, vous pouvez rester en duo ou avoir votre chanson rien qu'à vous si vous voulez. »

Un instant de répit, la soirée fut déjà riches en émotion, et il n'allait pas souffler de sitôt, c'est son petit doigt qui le lui disait...

Hikari se doutait bien qu’Alice n’avait pas choisi cette chanson au hasard ! Une histoire d’amour entre elle et Hirotaka… Ah, maudite élève ! Hikari avait le sentiment de se faire manipuler par cette blonde aux yeux faussement innocents ! Mais, d’un autre côté, elle ne pouvait pas nier qu’elle aimait ça. Elle chanta donc ce chant relatant les interrogations amoureuses d’un homme et d’une femme, qui s’interrogeaient sur la réalité des sentiments de l’autre, avant de se déclarer à nouveau leur amour. L’allégorie avec sa situation actuelle ne lui échappait guère, et elle chanta donc, laissant le soin à Hirotaka de terminer en la regardant dans les yeux :
Un tel couple aurait dû se terminer par un baiser, mais les deux professeurs se contentèrent de se regarder, la main d’Hikari crispée sur le micro. Les lumières tamisées évitaient de voir les rougeurs fortes de ses joues, et elle se pinça les lèvres, tandis qu’Alice et Ai les applaudirent tous les deux.

« Vous avez vraiment une belle voix, Hirotaka-san… »

Les deux adultes s’assirent, et Hirotaka indiqua aux filles que c’était désormais à elles d’agir. Ai bondit alors sur l’occasion, et indiqua que ça allait être au tour d’Alice.

« Je ne chante pas aussi bien que vous, vous savez… commença à se défendre Alice.
-  Ah oui ? Ce n’est pas ce qui ressort des cours de musique auxquels tu participes, pourtant ! »

Alice rougit doucement, et attrapa le micro, puis se mit seule, face à ses deux professeurs et à Ai. Une douce musique plus rythmée que « Pure Love In Kamurocho » s’enclencha, « I Wanna Change Myself » :


En entendant la musique, Alice commençait déjà à remuer. Toutefois, le public était également de mise dans cette musique, pour faire les voix de fond. C’était encore une chanson d’amour !
Alice se laissait aller, dansant sur place, se déhanchant avec talent. La jeune femme était douée, très clairement. Hikari, qui se trouvait très rigide, l’applaudit donc, jusqu’à ce que la chanson se termine.

La jeune femme avait toutefois encore une idée derrière la tête, et se rapprocha d’Hirotaka.

« Hirotaka-sensei, vous avez une voix grave… Il y a une chanson de rock qui est taillée pour vous ! »

C’était une chanson en solo, « Machine Gun Kiss », qui attendait désormais Hirotaka…

Hirotaka avait bien compris que la chanson qu'il venait de chanter en duo était du genre pour les couples, une sorte de chanson d'amour, mais il ne prenait pas ça sérieusement. Pour lui, ce n'était que le hasard ou les élèves qui les taquinaient car tôt ou tard, on s'est tous, un jour, imaginé un professeur qui en fréquentait un autre, car ils se ressemblaient, ce genre de choses. Il ne prenait pas la mouche et il ne se disait d'ailleurs pas une seconde que les deux élèves pouvaient penser cela, vraiment. Au mieux, il se disait qu'elles voulaient les embarrasser, rien de plus que ça. Il soufflait donc un peu de cette chanson à deux, dont il n'était vraiment pas habitué, espérant bien que les filles allaient les laisser tranquille un petit moment maintenant, ou au moins lui. Mais si cette fois, Alice était la seule à chanter, ce qui lui faisait espérer que la jeune Aihara allait passer ensuite, lui garantissant une pause plus longue, mais la « menace » venait cette fois de son côté, de Hikari qui le voyait bien chanter une autre chanson, vu sa voix plus grave. Inutile de le cacher, il était un peu gêné face à cette déclaration tandis qu'il détournait le regard.

« Peut-être, mais vous savez pourtant que je n'ai pas une bonne culture musicale... Je risque de ne pas savoir le rythme, les paroles, je vais bafouiller. »

Il y avait les paroles à l'écran, mais comment savoir si tel mot doit être dit rapidement ou de façon lente et étiré ? Il se cherchait aussi des excuses pour éviter d'y passer, mais... à moins de quitter la pièce, il allait devoir le faire tôt ou tard, surtout si la demande venait d'Hikari. Il risquait fort de se faire manipuler par le bout du nez, mais maintenant qu'il avait entrouvert son cœur, il ne semblait pouvoir rien refuser à cette jeune femme ! Pour preuve, il a été dans un cabaret avec elle et... même si c'était accidentel, il avait touché sa poitrine, et même ses lèvres, du bout des doigts. Il se souvenait encore de la douceur de sa peau...

« Je risque d'être ridicule devant vous et nos élèves. »

Dit-il avec un sourire navré. Cela ne voulait pas dire qu'il refusait, mais il ne partait pas victorieux déjà. Alors qu'Alice continuait de chanter sa chanson, il écoutait un peu, gardant quand même un œil sur les élèves, ça ne risquait pas de déraper s'ils les lâchent du regard plus de trois secondes, mais il restait professeur avant tout. La soirée était loin d'être finie pour eux, tout pouvait encore changer, en bien comme en mal, aussi. De leurs côtés, Ai encourageait Alice, laissant les professeurs discuter entre eux, à moins qu'elle faisait semblant pour mieux écouter ? Difficile à dire.

« Je veux bien tenter le coup... Mais il ne faudra pas vous plaindre de l'état de vos oreilles ensuite ou si je massacre le morceau. »

Un brin d'humour ne fait jamais de mal.

Hirotaka-san était acculé, et ne pouvait plus battre en retraite. Il allait devoir chanter… Seul ! Nerveux, il expliqua à plusieurs reprises qu’il n’était pas très doué, et qu’il risquait de massacrer ce morceau, et d’être ridicule. Alice pouffa rapidement, et lui répondit ensuite :

« Si je me souviens bien, Harigato-sensei, c’est ce que vous répondez à chaque élève qui se rend au tableau pour résoudre une équation sans y arriver. »

Hikari rougit doucement. Elle croisa le regard d’Alice. C’était un regard qui pétillait d’intelligence, de malice, mais aussi d’une certaine forme d’innocence, ou, tout du moins, de bonté. À ce moment, elle savait qu’Alice, malgré ses provocations, ne lui voulait que du bien, et souhaitait sincèrement qu’Hikari accomplisse son idylle avec Hirotaka-san. Mais Alice avait raison. Hikari était une professeur très compréhensive, et, quand un élève qu’elle interrogeait avait peur de se rendre au tableau, elle le rassurait.

Alors, elle regarda Hirotaka-san, et sourit alors, amusée.

« Oui… Je leur dis que seul est ridicule celui qui n’essaie pas, Hirotaka-san. Et je ne vous trouverai jamais ridicule. »

Difficile de nier l’évidence, maintenant, a fortiori à côté d’Alice, qui lui semblait bien trop mâture pour être une simple élève. Quant à Ai-chan, elle se doutait que sa présence n’était pas innocente, mais elle n’avait pas envie d’en savoir plus… Parfois, mieux valait rester dans l’ignorance ! Mais, pour l’heure, elle concentra son attention sur Hirotaka-san.

La musique n’était fort heureusement pas très compliquée, et Hikari tapa dans ses mains.

« Allez, Hirotaka-san, en piste ! Vous ne pouvez plus reculer, maintenant ! »

Dos au mur, celui-ci ne pouvait que lâcher prise, et se laisser aller…

Pauvre Hirotaka, impossible de fuir, il devait affronter une situation comme ça, jamais il n'aurait imaginé devoir faire face à ce genre de choses un jour. Lui, dans un karaoké, avec que des filles ? Bon, en ignorant les élèves, il restait une femme, mais non seulement, c'était une collègue, mais en plus, il soupçonnait d'avoir le béguin pour elle. Autant Hikari que la jeune Alice tentait de le motiver à monter pour chanter la chanson sélectionne par la jeune femme mais, il allait avoir si honte... Une chance que cela ne tue pas, mais bon, il aurait aimé que la soirée se passe autrement. Mais soit. Avec peu d'énergie et de motivation, il se levait pour aller saisir le micro, il savait qu'il n'allait pas être glorieux... Ne sachant ni les paroles, ni le rythme, sa performance allait rester dans les mémoires, mais pas pour les bonnes raisons hélas. Peu d'assurance, de confiance, les paroles pas bien alignées que ce qui devait être, il n'était clairement pas dans son élément ! Quand il disait ne pas bien connaître ce genre de musique, ce n'était pas pour se donner un air d'intellectuel qu'il disait aimer le classique...

Entre les petits rires, les sourires et les messes-basses, il savait qu'il foirait sa monter sur scène, mais pourtant, voir Hikari qui l'observait, ça lui suffisait à continuer, peu importe qu'il ai l'air ridicule ou que la chanson était massacré par ce dernier, il avait l'attention de cette dernière, ça lui suffisait à aller jusqu'au bout de la chanson. De leurs côtés, les filles parlaient entre elles, Ai se disait qu'il vallait mieux miser sur une musique ambiance amour pour coller à l'ambiance, une sorte de message subliminal pour eux. De leurs côtés, les filles parlaient entre elles, Ai se disait qu'il vallait mieux miser sur une musique ambiance amour pour coller à l'ambiance, une sorte de message subliminal pour eux.

« Que j'ai été bon ou mauvais, je vous ai fait rire au moins... Rien que pour ça, ça valait le coup. »

Ce n'était pas une déclaration d'amour ou autre, mais il était sincère, au moins, il n'avait pas mal pris leurs petits rires ensemble. C'était difficile à croire – ou pas du tout – mais Hirotaka n'avait pas eu ce genre d'enfance à sortir entre amis dans ce genre d'endroit, étant un des trois élèves en haut du panier à Todaï, il passait le plus clair de son temps le nez dans des bouquins à réviser et s'améliorer donc, tout ce que les jeunes faisaient pour se détendre, lui, ça lui était passé à côté. Quelque part, il rattrapait ses occasions manquées ce soir. Même si ça lui était arrivée de boire une bière entre collègues ou amis par le passé, jamais ce ne fut dans un cabaret.

« Vous avez souvent fréquenté ce genre d'endroit dans votre adolescence ? »

Vue ce qu'elle lui avait dit sur son passé, il se doutait que oui.

Désormais seul face à trois femmes, Hirotoka-san chanta « Machine Gun Kiss ». Ce n’était pas en soi une musique compliquée, et celle-ci parlait aussi d’amour… Comme beaucoup de chansons, à vrai dire. Après une introduction à la guitare électrique, Hirotoka se mit à chanter, son trac disparaissant progressivement.  La musique pouvait fort heureusement se chanter sur un rythme normal, il n’y avait pas de grandes envolées, le rythme étant plutôt calme, sauf lors des refrains. On sentait toutefois la montée en puissance venir, les syllabes s’étirant. Hirotaka était par ailleurs soutenu par les trois femmes, qui tapaient joyeusement dans leurs mains en l’accompagnant. Sortir Hirotaka de sa raideur naturelle n’était pas simple, même si Hikari travaillait en ce moment beaucoup dans ce sens. On pouvait dire que c’était là son objectif, et elle tâchait de le mener au mieux.

Quand il eut terminé, il indiqua modestement que le fait d’avoir fait rire les femmes était satisfaisant.

« Vous avez été très bon, Nifuji-sensei… Vous avez même commencé à vous détendre sur la fin ! »

Il retourna s’asseoir en rehaussant ses lunettes, et Hikari lui sourit doucement, proche de lui. Le plan était toujours de les faire tomber amoureux l’un de l’autre… Même si Alice semblait désormais convaincue que l’idée était plutôt qu’ils réalisent être amoureux. Hirotaka demanda à Hikari si elle avait déjà fréquenté « ce genre d’endroits » dans son adolescence, et l’intéressée gloussa brièvement.

« Ce genre d’endroits… Ce n’est quand même pas un squat, Nifuji-san ! Mais oui, il m’est déjà arrivé de faire des soirées karaoké avec des copines. »

Alice et Ai en faisaient aussi parfois au manoir de Mélinda, mais leurs soirées étaient un peu plus osées. On pouvait davantage parler d’un strip karaoké que de karaoké standard, puisque l’idée était généralement de finir en sous-vêtements. Un détail qu’Alice crut bon de ne pas révéler. Hirotaka faisait partie de ces rares enseignants qui ignoraient tout de la réalité du lycée Jinmu, des luttes intestines entre les clans qui avaient éclos sur le lycée, et du fait que la quasi-totalité du corps enseignant et du corps administratif du lycée étaient affiliés à ces clans. Alice soupçonnait Mélinda d’avoir agi en ce sens, pour préserver le professeur de mathématiques.

« Il m’est déjà arrivé d’être dans des squats undergrounds aussi… Je n’ai pas eu une adolescence aussi sage que la vôtre, Nafuji-san, mais je tiens à vous rassurer, il ne s’est jamais rien passé de pénalement répréhensible. Enfin… Je crois que le plus violent que j’ai fait a été de fumer un joint, une fois… Mais je ne le recommande à personne, j’ai failli m’étouffer ! »

Elle avait éternué comme un routier, et Hikari s’était jurée de ne jamais toucher à cette saloperie.

« Et vous ? Jamais de karaoké dans votre enfance ? Je n’ose croire que vous avez été aussi sérieux depuis votre plus tendre enfance ! »

Le pauvre, il avait vraiment l'impression de se ridiculiser, mais bon, si au moins Hikari trouvait ça drôle, touchant peu importe quoi, du moment que c'était positif, cela lui faisait toujours une bonne raison de recommencer. Il faisait ses premiers pas dans un monde qu'il ne comprenait pas, il connaissait oui, mais il avait pour ainsi dire jamais mis les pieds dans ce genre d'endroits donc... forcément. Pour lui, il n'était pas dans son élément naturel, mais il gardait le sourire en voyant le bon côté des choses, il passait du temps avec sa collègue et ça, mine de rien, cela lui laissait un léger sourire sur les lèvres. Sans faire la tête à chaque fois, disons que le professeur d'histoire semblait blasé, mais depuis le début de ce voyage ou depuis le train du moins, il avait un léger sourire sur ses lèvres. Avec elle, il parlait de ce genre d'endroits, de ce qu'elle avait pu fréquenter étant plus jeune, mais même si elle avait déjà mis les pieds dans ce genre d'endroits entre amies, ce n'était en rien bien méchant même si la demoiselle avoua avoir fumé un joint, un jour et qu'elle regrettait. Mine de rien, le Japon ne rigolait pas avec la drogue. Là où ailleurs, rencontrer un acteur/actrice avec un coup dans le nez ou ayant pris des stupéfiants, cela pouvait aller très loin pour eux. Bien entendu, les citoyens normaux n'étaient pas privés de punition, mais là où le Japon mettait un point d'honneur à se montrer poli et pour ce genre d'acte, les personnalités célèbres devaient parfois faire des excuses en public pour ça.

Était-ce si surprenant si Hirotaka avouerait ne jamais y avoir touché ? C'était presque un miracle qu'il ai déjà bu de l'alcool, mais, même sans en être fan ou habituée, il tenait bien la boisson donc, l'euphorie, il ne connaissait pas, ne l'incitant pas à boire plus et en plus, le goût... Bah soyons franc, ce n'était pas très bon alors pourquoi se forcer ? Vint donc le moment de parler un peu plus de lui et de son enfance. Il souriait, un peu gêné, mais il allait être franc, autant que possible...

« Ma famille a toujours voulu que je sois bon élève... Les études passaient avant tout le reste donc, même sans être privée de distraction, les études d'abord. Après tout, j'ai eu des amis dans mon quartier, j'ai même eu une console de jeux vidéo, mais... je n'ai pas beaucoup touché à tout cela... »

Il éclipsait le fait qu'il avait un grand frère dont il avait été jaloux, car il était toujours comparé à son frère, même quand il travaillait bien, même quand il était premier de sa classe, c'était jamais mieux que son grand frère. Puis il y a eu son accident dont il était en rien responsable, mais le fait d'avoir tant voulu sa place lui avait donné un sentiment de culpabilité qu'il traînait toujours. C'est sûr que depuis, sa mère le félicitait plus, parlant de sa vie actuelle, son père s'ouvrait un peu plus, mais pour lui, il parlait toujours de son premier fils toujours dans le coma après toutes ses années. C'est normal de ne pas oublier et d'espérer un meilleur lendemain pour lui, mais il restait accroché au jour présent, se fichant du reste... Donc Hirotaka parlait de lui, éclipsant juste toute information qu'il pourrait laisser penser qu'il avait un frère aîné.

« Donc j'ai toujours eu cette allure d'enfant studieux, le nez dans les bouquins plutôt que du gamin qui courrait derrière un ballon ou avec un bâton à jouer au gendarme et au voleur. »

Il ne regrettait pas vraiment, il aimait sa situation actuelle, mais il avait conscience que sa vie n'avait rien de bien palpitant en comparaison avec certaines personnes. Ce n'était pas rare dans ce pays de voir des parents si soucieux de l'avenir de leur enfant qui misaient toute leur enfance sur les études pour que les meilleures portes leur soient ouvertes une fois adulte. Parfois, ça fonctionnait, parfois non. Il observait les élèves chantés leur chanson, perdu dans ses pensées.

« C'est vrai que maintenant, je pourrais en profiter pour rattraper un peu mon retard, mais... Je ne peux pas trop me permettre d'oublier mon devoir de professeur et puis, j'ai passé l'âge pour la plupart des choses. »

Dit-il avec un petit gloussement. C'est sûr que jouer au gendarme et au voleur ou fréquenter les parcs pour enfants, ce ne serait plus de son âge, mais il y avait des tas de choses où il pouvait se rattraper. Il n'était pas rare de voir des adultes de son âge passionné de jeux vidéo, de cinéma, de dessin ou autres, il y avait des tas de choses qu'il pouvait bien faire et qu'il avait loupé étant enfant. Son regard contempla un peu plus Hikari, sa seule déception dans son joli yulata, c'était que ses cheveux n'étaient pas relevés... Il était persuadé que sa nuque devait être ravissante. Ce n'est pas rare, le col des yukata et kimono était souvent relever derrière pour ça, mieux contempler une des choses que la nature savait rendre joli. Il n'allait pas en être excité pour si peu, mais il était prêt à parier qu'elle avait une nuque ravissante ! Ce n'était pas aussi direct que certaines comédies romantiques sorties d'Hollywood, mais ils se rapprochaient doucement tous les deux. C'était mieux que ça, de ne pas se précipiter si vite.

Hikari ne savait pas grand-chose du passé d’Hirotaka, mais elle comprit, à la manière dont il éluda son passé, qu’il n’avait pas eu une enfance facile. L’homme se confiait assez peu, et Hikari ignorait qu’il avait vécu un deuil. Hikari, elle, n’avait jamais eu un tel drame. Sa vie ressemblait à un électroencéphalogramme plat de normalité. Adolescente, elle avait cru pouvoir s’exprimer en ayant une période rebelle, punk… Mais, comme le disait un proverbe japonais… Le clou qui dépasse appelle le marteau. Alors, elle s’était confortée, elle était rentrée dans le moule, elle avait sagement fini ses études… Puis elle avait découvert le lycée Jinmu, et cette normalité, ce carcan, avait explosé. Dévouée à ses élèves, Hikari l’était toujours, mais elle avait aussi compris que la frontière entre les professeurs et les élèves était plus que fluctuante au sein du lycée.

Il ajouta ensuite en expliquant que, à son âge, bien des plaisirs lui semblaient insignifiants, ou datés. Hikari sourit alors, et se retourna vers lui, sans se douter (ou si ?) qu’Hirotaka commençait à la regarder curieusement.

« Oh, vraiment ? Vous ne me semblez pourtant pas si vieux, Nifuji-sama ! » dit-elle, insistant sur le « -sama » pour ironiser.

De leur côté, Alice et Ai terminèrent leur chanson… En venant brusquement s’embrasser. Un délicieux baiser entre les deux femmes qui dura quelques secondes, avant de se rompre. Hikari rougit légèrement, se rappelant qu’elle avait couché avec Alice… Tout en se demandant comment Hirotaka réagirait s’il l’apprendrait. Est-ce qu’il serait choqué ? Vexé ? Elle se pinça les lèvres, avant de se racler la gorge.

« Moi, j’écoute encore des chansons Disney ! Je suis curieuse de voir si vous connaissez vos classiques, Nifuji-sama ! »

Hikari se redressa alors, tandis qu’Alice et Ai retournèrent s’asseoir. Hikari essayait de faire abstraction du fait que les deux femmes allaient sûrement faire l’amour ensemble cette nuit, et que, si Hirotaka n’était pas là, elles auraient sûrement commencé à le faire… Elle se rapprocha de l’appareil, et alla sur le répertoire musical Disney. Hirotaka semblait un peu surpris, alors Alice s’assit à côté de lui.

« Vous savez, moi, il y a un genre de jeu auquel j’aime bien jouer… Le travestissement. Souvent, on se fait des défis, et celui qui perd doit s’habiller avec les vêtements de l’autre sexe. »

Ai renchérit également.

« Je pense qu’un yukata vous irait très bien, Nifuji-sama ! »

Hikari siffla alors.

« Arrêtez de le persécuter, les filles ! C’est votre professeur quand même… Et, Nifuji-sama, sachez que, quand le monde entier vous persécute, il existe deux mots qui peuvent régler tous vos problèmes… »

Elle appuya sur un bouton d’une main, tout en tendant l’autre pour l’inviter à la rejoindre :

« Hakuna matata ! »

C'était étrange, mais Hirotaka ne s'expliquait pas vraiment, lui qui était un homme droit dans ses bottes, qui n'était pas insensible au monde qui l'entourait, il restait quand même très sérieux et depuis leur voyage en train, il était prêt à suivre Hikari où qu'elle l'amenait. Il aurait pris son invitation à passer en ville ce soir uniquement pour ce que c'était, faire du repérage pour demain afin de ne pas être totalement perdu et, à la limite, manger un morceau. Ce n'était pas des bêtes non plus. Mais là, entre le kimono, sa sortie au club et ça, cela commençait à faire beaucoup d'écart pour le professeur sérieux qu'il était. Même de se confier. Il n'en était pas à un stade où il avouait tout sur sa vie, l'accident de son frère restait un sujet quand même sérieux et il n'allait pas raconter cela à la première personne qu'il croisait, tout comme ce sentiment de culpabilité qu'il ressentait, surtout à chaque fois qu'il passait à l’hôpital. Mais à sa façon de parler et de raconter ces choses, Hikari venait même le taquiner, utilisant même le suffixe « -sama » ce qui était assez gênant. Il n'était en rien supérieur à elle, encore moins dans son rôle, il avaient le même métier, juste des cours différents et c'était elle qui avait un peu d’ancienneté que lui. Utiliser « sama » serait un peu gros mais « senpai », ça serait plus correcte, du moins, de lui envers elle.

Hirotaka échappait de peu du baiser entre les élèves, avec l'éclairage, tout ça, il supposait juste avoir mal vu, c'était sûrement une bise sur la joue ou même pas du tout cela donc, il ne préférait pas juger hâtivement surtout que bon, il veut bien fermer les yeux sur les élèves qui se bécotent au lycée, car c'est la jeunesse et en général, ils essaient de se cacher un minimum pour ça, mais là, sous ses yeux, il aurait pu faire son rabat-joie. Il s'était cependant frotté les yeux, mettant cette vision sur le dos de la fatigue avec le voyage, tout ça. Mais sa collègue rebondissait sur autre chose, les chansons Disney ! Sujet surprenant. Bien entendue, il en avait vue, surtout étant jeune, de là à le dire fan ou connaître par cœur les musiques, ce serait allé loin. Ayant eu une enfance très centrée sur les études, il avait eu de quoi s'amuser à côté, mais ses remords le poussait surtout sur la voie des études. Même les élèves semblaient vouloir le taquiner sur le sujet du « -sama », parlant même d'un défi idiot mais bon, c'était sûrement une mode chez les jeunes ? Avec leurs réseaux sociaux, ils devenaient fous pour quelques likes ou followers de plus...

« Vous deux, c'est Senseï, pas sama. Et quand bien même vous pouvez faire ça pour jouer, ça ne regarde que vous, pas moi. »

Tant qu'il n'y avait pas de mal, ça lui allait, mais voilà, comme il disait, ça concernait les défis entre élèves, il n'était pas dans le lot. Si des élèves venaient à le travestir, où va le monde ? Surtout si ça se sait au lycée, il ne pouvait pas risquer ça pour une blague stupide. Il rejoignait donc sa collègue, car même s'il ne connaissait pas vraiment les paroles, il en gardait quelques souvenirs sur l'air, ce genre de choses alors ça devrait pouvoir le faire. Cette fois-ci, ce n'était toujours pas parfait, mais c'était toujours mieux que les fois précédentes, il lui restait quelques souvenirs donc il arrivait à mieux suivre la cadence et à chanter, pas toujours de façon juste avec sa collègue, c'était vraiment une ambiance bonne enfant, sage, il commençait même à trouver cela amusant. Reste à savoir si c'était l'optique de la chanson ou de faire cela avec Hikari qui rendait cela tout de suite plus amusant à ses yeux ? De façon naturelle, il était plus souriant, plus détendu, il avait l'air moins coincé en sa compagnie. Il souriait, naturellement, ce qui pouvait ajouter un certain charme à cet homme qui restait sérieux le plus souvent, à se demander qui l'avait déjà vraiment vue sourire comme ça ?

Hikari n’avait aucun plan, et elle ignorait comment tout cela allait se terminer. Elle savait qu’Alice, malgré son côté sage, pouvait aussi se montrer très mutine. Elle l’avait déjà vu en combinaison de latex, et Alice avait couché avec elle, en la dominant, en la sodomisant, avec l’aide de Nanami. Hikari savait donc qu’elle pouvait se montrer surprenante, et elle pouvait compter sur Ai-chan pour la suivre dans ses idées. Les deux filles furent légèrement rabrouées par Hirotaka, qui se rapprocha d’Hikari. Cette séance commençait à se terminer, Hikari le sentait. Ai et Alice s’assirent à côté l’une de l’autre, se tenant la main, et elle savait ce qu’elles allaient faire.

De son côté, Hikari se racla la gorge, et attrapa le micro. La chanson s’élançait lentement. Elle venait d’un classique de Disney, Le Roi Lion, et Hikari connaissait la chanson, bien entendu.

« Je joue Timon, et toi Pumbaa. »

Elle regarda l’écran en attendant, et commença :

« Hakuna matata… Mais quelle phrase magnifique ! »

Hikari laissa Hirotaka enchaîner, et reprit :

« Ces mots signifient que tu vivras ta vie… »

Les deux chantèrent ensuite pendant quelques secondes, tandis que la musique s’élançait lentement. Hakuna Matata était une chanson assez courte, car la majeure partie de la chanson consistait à parler, avant que la musique ne se lance vraiment. Il appartenait toutefois à Hirotaka de reprendre la phrase où Pumbaa indiquait déclencher une tempête à chaque fois que..

« Non, Hirotaka… Pas devant les enfants ! » fit Hikari en posant sa main sur ses lèvres.

Les phrases de Simba étaient chantées par les deux, jusqu’aux dernières strophes finales, consistant à reprendre ce qu’ils disaient au début.

*À la réflexion, la personne qui a écrit cette chanson ne s’est pas trop foulée…*

Lorsqu’ils terminèrent, Hikari constata toutefois que le public s’était un peu dissipé. Ai avait en effet grimpé sur les genoux d’Alice, et, à califourchon sur elle, l’embrassait tendrement, tandis qu’Alice l’enlaçait. Hikari frémit doucement et se pinça les lèvres, puis regarda Hirotaka.

« Je… Euh… On devrait retourner à l’hôtel, non ? Il commence à se faire tard… »

Lui qui pensait vivre une soirée simple en compagnie d'Hikari, c'était raté. Elle avait proposé la sortie, bon, pourquoi pas, il n'y a que le décor qui change, mais les yukatas, les sorties ici et là, les élèves, il avait vraiment de plus en plus l'impression de frôler l'interdit. Qu'est-ce qu'on dirait si deux professeurs allaient dans un karaoké en compagnie de deux élèves ? Même si rien ne se passe, ça peux facilement parler ! En plus, un homme, une femme et deux élèves filles, des langues pourraient mal parler sans connaître. Reprenant donc la chanson en compagnie de sa collègue, il chantait les paroles de Pumba, même si ce n'était pas très réussi, c'était déjà plus simple pour lui que lorsqu'il chantait sur des chansons aux sons et paroles inconnus. Tout se passait plutôt bien, il reprenait mot pour mot ce que lui disait l'écran même si Hikari reprenait aussi en y ajoutant sa sauce personnelle, à savoir remplacer les noms fictifs par les leurs. Et au final, ce fut un moment plutôt agréable, à sa grande surprise. Pour leur public aussi, mais pas pour les mêmes raisons. En voyant cela, Hikari était gênée, tout comme lui... Il voulait bien fermer les yeux sur les élèves qui s'embrassent au lycée, du moment que ça restait discret, dans un coin, mais sous son nez...

Désolé s'il allait paraître rabat-joie, mais il faut bien qu'il joue son rôle de professeur ! Que ce soient deux filles, deux garçons, ou un garçon et une fille, même chose ! Le sexe n'était pas la question, le respect était la question plutôt.

« Aheum ! » Dit-il pour s'éclairer la voix. « Les filles, je veux bien être gentil et laisser un peu d'intimité aux élèves au lycée quand ils font l'effort de se cacher un minimum, mais pas sous mon nez. Séparez vous toutes les deux. »

Ce n'était pas dit méchamment, mais avec fermeté. Il veut bien passer pour un gentil professeur, mais y a des limites. C'est là qu'on voit qu'il était encore bien loin de l'univers qui se cachait sous son nez au lycée, et même à Yoake. Le temps pour eux de récupérer leurs affaires, ils quittèrent l'établissement, non pas sans avoir gêné les filles plus que ça. Non pas qu'elles recommençaient, mais elles gloussaient avec leurs messes-basses. Du moment qu'elles ne faisaient rien d'interdit au règlement... Et ce fut Ai cette fois qui attaquait, préparant peut-être le terrain, qui sait.

« Hirotaka-Senseï~ vous savez, vous devriez vous décoincer un peu ! On est en voyage scolaire, on s'amuse, vous êtes censé être plus souple aussi comme profs. C'est un peu des vacances. »
« Des vacances, oui et non. Et je suis plus souple, nous vous avons suivis pour éviter des bêtises, sachant qu'à cette heure, vous devriez déjà être à l’hôtel, Aihara-san. »
« Nous, on vous a suivis, car vous étiez trop mignons tous les deux avec vos yukatas. Est-ce que vous l'avez au moins complimenter sur ce que portait Harigato-senseï, Hirotaka-senseï ? »
« Là, vous commencez à être trop curieuses, toutes les deux... »

Elle n'allait pas plus loin, mais vu leurs gloussements, elles avaient sûrement réussi, plantant une petite graine ou deux chez eux. Reste à voir si la graine allait pousser dans la nuit ? Qui sait ? Au moins, Hirotka gardait son calme et son sérieux dans ce genre de situation, à croire que la présence des élèves le centrait mieux sur ses pensées, évitant de trop paraître niais devant Hikari. Car bien entendue qu'il l'avait complimenté, sa collègue était une beauté japonaise pure souche, alliant l'élégance, la simplicité et la beauté. Elle était ravissante dans son yukata. Dans leurs messes-basse, les filles prévoyaient même d'attaquer... ou de laisser un peu de marge au hasard ?

« Alors ? On attaque en lui ordonnant de passer la nuit avec ou pas ? »

Les excuses pour ça ne manquaient pas, mais même si ça arriverait, est-ce qu'il allait se passer quelque chose ? Elles ne seraient pas surprises d'apprendre que leur nuit aurait été calme, leur prof d'histoire semblait un peu coincé ou, gentleman pour être polie. Du genre à la laisser dormir et s'écarter poliment, quitte à dormir sans couverture.

Ai-chan n’était pas du genre à se laisser faire, ni à être intimidée par un professeur. Depuis qu’elle était aux services de Mélinda, la jeune tornade verte avait bien grandi, bien mûri, et s’amusait surtout de la situation actuelle. Elle n’était pas particulièrement impressionnée par le statut de professeur de Nifuji-sensei, ce qui l’amena à lui parler assez familièrement, l’invitant même à se « décoincer ». Hirotaka resta stoïque, tandis qu’Hikari rougit délicatement, a fortiori  quand Ai-chan fit observer qu’il ne l’avait pas complimenté sur son yukata. Hikari rougit donc, et réagit alors :

« Nifuji-sensei a raison, les filles. Ce ne sont pas des vacances, c’est un voyage pédagogique ! Vous allez revenir avec nous à l’hôtel. »

Hikari ne se faisait aucune illusion sur ce qui allait se passer ensuite. Ai demanda à Alice si elles devaient en rester là,  et Alice sourit doucement. Cette lueur dans ses yeux était tout sauf innocente, et les deux adolescentes se courbèrent en présentant leurs excuses.

« Pardonnez-nous, Nifuji-sensei, nous avons parlé sous l’émotion. Évidemment, nous ne voulons pas vous causer de problèmes, alors nous retournons à l’hôtel. »

Hikari fronça les sourcils, se demandant ce que cette pernicieuse tête blonde pouvait bien cacher. On lui donnerait les clefs du Paradis sans concession, mais Hikari se rappelait qu’elle était proche de Nanami, et qu’elle faisait l’amour avec elle… Y compris qu’elle n’avait pas hésité à coucher avec sa professeure. Enfin, Hikari acquiesça, et joua la médiatrice.

« Nous nous sommes bien amusés, les filles, mais il se fait effectivement tard. »

Le petit quatuor partit donc. Ils retournèrent ensemble à l’hôtel. Alice et Ai restaient l’une à côté de l’autre sur le chemin du retour, se tenant la tête. Elles ne craignaient rien ni personne, et Hikari savait qu’elles allaient sûrement faire l’amour ensemble cette nuit. Et, même si c’était mal de le penser, une petite voix dans sa tête était quand même en train de lui suggérer de les rejoindre. En tout cas, ils retournèrent à l’hôtel sans accroc, et, dans la réception, Alice se retourna vers les deux professeurs, et joignit respectueusement ses deux mains devant elle.

« Senseis, puis-je, pour nous faire pardonner de votre insolence, vous apporter à tous les deux une tisane ? Elle chassera les mauvais esprits de vos rêves cette nuit. »

Hirotaka n'était pas le genre de professeur qui agaçait les élèves, comme il le disait, si des élèves s'embrassaient dans les couloirs, du moment qu'ils restaient discrets, il n'avait rien vue. Mais le faire sous ses yeux, c'est autre chose. D'autant plus qu'avec sa collègue, il y avait deux élèves. Ce genre d'endroit était toléré, oui, mais en compagnie de professeurs, ça risque de faire bizarre, non ? Et puis vue l'heure, elles auraient dû rentrer depuis un moment. Il était pour leur laisser plus de liberté mais si dés leur arrivaient, ils en arrivent là, il veut bien être flexible le dernier jour, pas à leur arrivée. Il n'avait pas besoin de hausser la voix, de menacer à coup de punition ou de rapport, mais quand il remettait sa veste de professeur, il demandait le respect. Retournant doucement vers leur hotel, les filles se montraient plus calmes, s'excusant même, il n'y avait pas mort d'homme, il les avait juste recardrer, car elles commençaient à s'égarer, voyant en eux, plus des camarades de classe que des professeurs. C'est bien sympa d'être en harmonie avec les élèves et que l'ambiance soit cool, mais il ne faut pas oublier qui commande ici.

« Ce n'est rien, soyez juste sage quand on est là. »

Non pas qu'il les encouraient à s'embrasser dans leur dos ou quoi, mais il n'allait pas surveiller chaque élève constamment. Et puis, qu'elles soient deux filles qui s'aiment, personnellement, il s'en fiche, ça ne le concerne pas lui. Il était là pour les surveiller, les éduquer sur l'histoire du monde comme du pays, c'est tout. Il n'était pas psychiatre ou autre, ni même un membre de leurs familles. L'envie d'en griller une était présente, mais il ne voulait pas fumer devant les élèves, même si ce n'était pas un secret, il n'avait pas envie de surprendre un de ses élèves fumer et sachant que c'était peut-être lui qui leur aurait donner l'envie. Il avait beau continuer, il savait que cette habitude était mauvaise, mais que voulez-vous, le stress du quotidien, tout ça. Il pouvait sûrement arrêter, avec de la volonté, mais comment ? Une fois de retour, avant de se séparer, Alice se proposa de leur amener une tisane. Un bon geste, certes, Hirotaka allait accepter, mais à une condition.

« D'accord, mais après ça, je veux plus vous voir en dehors de vos chambres, compris ? »

Si ça devait s'apprendre qu'elles ont traîné avec eux, ça risque de faire des histories de favoritismes ou autre et il ne voulait pas de ça, surtout que c'était le hasard comme rencontre. On le sentait légèrement agacer, mais c'était surtout le manque de nicotine qui parlait pour lui, depuis le cabaret, il n'avait pas allumé de cigarette, il avait du mal à penser à autre chose, mais il avait des principes. Son défaut ne devait pas devenir celui de ses élèves. Le temps que leurs élèves soient ailleurs, Hirotaka en profita pour parler entre adultes avec Hikari, un léger sourire sur le visage.

« Désolé pour ça, mais... il se faisait tard en plus, ce ne serait pas raisonnable qu'elles soient dehors à cette heure-ci. De plus... j'espère ne pas avoir été de piètre compagnie ce soir ? Je ne suis pas habitué à sortir dans ce genre d'endroit... »

Il l'a déjà fait, plus jeune, surtout encourager par ses camarades ou dans les rares moments de relâchement une fois les examens finis, mais voilà, il n'était pas habitué à fréquenter ce genre d’établissement.

Hikari et Hirotaka rejoignirent le salon de l’hôtel. Il n’y avait pas grand-monde le long des tables. Le restaurant de l’hôtel était fermé, et il ne restait que certains clients, des hommes d’affaires venus ici juste pour la nuit, qui lisaient un journal, ou se préparaient à partir. Alice avait suggéré une tisane, et Hirotaka accepta. Hikari la remercia, tout en craignant le pire. Qu’allait donc encore faire la jeune femme ? Alice les salua, et sortit ensuite rapidement, rejoignant Aihari-san. Hirotaka leur avait donné pour consigne de ne pas sortir de leurs chambres, ce qui signifiait qu’elles allaient sans doute dormir ensemble. Hikari ne put s’empêcher de les imaginer furtivement faire l’amour… Elle cligna des yeux en se raclant la gorge, récupérant son téléphone portable pour s’y réfugier. Hirotaka lui demanda alors s’il n'avait pas été trop désagréable ce soir, et Hikari sourit alors, relevant la tête.

« Oh non, au contraire, vous fûtes d’une agréable compagnie ! Et vous avez réussi à tenir la soirée sans fumer, c’est admirable ! »

Elle avait déjà vu Hirotaka fumer en salle des classes. Il se débrouillait toujours pour qu’aucun élève ne le remarque, allant jusqu’à utiliser des pastilles pour chasser l’haleine de sa bouche. Hirotaka tenait à être un professeur respectable. Hikari n’aimait pas trop l’idée qu’elle fume, mais l’idée de le sermonner ne lui viendrait jamais à l’esprit. Qui serait-elle pour juger, après tout ? Nanami Seikyo était son amante, tout comme Alice ! Elle avait découvert le visage caché du lycée, des choses qu’elle n’aurait jamais pu concevoir !

« On reprendra la route demain, le voyage ne fait que commencer. »

Ils feraient route vers Nagano demain, avant de prendre un autre train vers Hokkaido et Nagano, aux Alpes japonaises. C’était un sacré voyage, la ligne de chemin de fer filant sur tout le sud du pays, en passant par Nagoya, Hamamatsu, puis en filant vers Tokyo pour remonter ensuite.

Elle y songeait tandis que Ai revint, et leur annonça que la tisane serait apportée dans la chambre d’Hirotaka. Les deux professeurs y allèrent donc, et purent voir qu’Alice les attendait. Elle avait demandé à une hôtesse un plateau pour transporter la tisane. Hikari et Hirotaka entrèrent dans la chambre d’Hirotaka, et Alice remplit deux tasses de sa tisane, puis les salua ensuite, avant de sortir en tenant la main de Aihari-san.

« Bon, et bien… Autant boire cette tisane, cela nous aidera à dormir et à chasser les mauvais esprits. »

Hikari lui sourit, et attrapa la tasse, puis avala plusieurs gorgées. Elle sentit le liquide affluer en elle, et cligna à plusieurs reprises. Hikari éternua ensuite, en sentant une vive chaleur l’envahir, une bouffée de chaleur qui attaqua ses joues.

« Oh… Ce… Hum… »

La jeune professeure se racla la gorge, sentant ses seins devenir plus douloureux. Son regard croisa alors celui d’Hirotaka, et elle se racla encore la gorge.

« Hirotaka-san, je… Tout à l’heure, quand nous étions dans le club d’hôtesses… Ou quand vous m’avez vu dans mon yukata, je… J’ai perçu vos regards, vous savez… Et… Cela ne m’a pas déplu. »

Elle avala encore de la tisane, sentant la mixture fondre en elle, commençant à lui faire tourner la tête…

Cette journée allait prendre fin et ce n'était pas de trop ! Entre le voyage en train et cette soirée qu'il n'aurait su deviner, le repos ne serait que plus bénéfique pour lui ! Il patientait avec sa collègue vers qui il s'excusait un peu de cette soirée, même si elle fut surtout diriger par Hikari, il savait qu'il n'était pas vraiment le partenaire idéal pour ce genre de choses. Oh, si elle veut débattre sur l'histoire, il était idéal pour ça ! Mais pour des activités plus normale, il n'était pas à son aise. Elle le félicita plutôt car selon elle, elle s'était bien amusée, elle soulignait même le fait qu'il n'avait pas fumer... pas depuis leur sortie du cabaret où ils avaient croiser Ai et Alice un peu plus loin. Il mettait un point d'honneur à ne pas fumer devant ses élèves. Bon, s'ils le croise alors qu'il fume déjà, il va pas s'arrêter mais s'ils sont là, il se retient. Il n'avait pas envie que d'une façon ou d'une autre, les enfants prennent exemple sur ce défaut qu'il avait sous prêtexte qu'ils pouvaient avoir l'air cool ou autre ensuite. C'était une grossière erreur ! Ai revint à la place d'Alice, signalant que la tisane était prête dans la chambre d'Hirotaka. Il aurait pu dire que les élèves n'avaient pas à rentrer dans la chambre d'un professeur sans autorisation mais, bah, il laissa couler, la journée était épuisante.

Une fois à sa chambre, l'élève blonde leur servait cela sous leur nez avant de les laisser. Il espérait qu'elles tiendraient paroles et resteraient dans leur chambre jusqu'à demain – sauf pour aller aux toilettes mais c'est tout. Il prit la tasse à son tour.

« Oui, cela ne nous feras pas de mal d'avoir une nuit de repos bien mérité. »

Le goût fut particulier, pas déplaisant mais nouveau. Ce n'était pas que de la tisane ou alors, ce goût était plutôt rare pour ses papilles ! Enfin, il n'allait pas faire la fine bouche, cela partait d'une bonne intention en plus mais... Si elle lui en propse de nouveau, il y réfléchira à deux fois. Lui aussi était touché sans le savoir par l'effet surprise de cette tisane, ressentant une bouffée de chaleurs alors qu'Hikari l'observait en notant bien le fait qu'elle avait vue son regard au club... Quand il la regardait. Ce n'était pas spécialement pour la regarder dedans mais... C'était peut-être un peu idiot de sa part mais il se faisait franc, mentir ne menait qu'à plus de problème, tôt ou tard. Il était un peu gêner en plongeant le regard dans sa tasse, ne pouvant affronter le regard de sa collègue. Cela n'avait rien de méchant mais... Il n'était pas dans son élément.

« Oh, je m'excuse d'avoir été si... déplacé, c'est que... j'ignore pourquoi en voyant votre... votre nuque, je me suis soudainement dit que... qu'ainsi, cela vous rendait encore plus ravissante... »

Voir sa nuque dégager, une toute petite parcelle de son dos car les yukata n'étaient pas collé à la peau au niveau de la nuque, laissant apercevoir un peu de dos ou de peau tout simplement, surtout comme pour Hirotaka, on était plutôt grand, avec donc une belle vue. Chacun avait son petit plaisir et il ne pensait pas vraiment que cela soit un fétiche ou autre mais, une belle femme en yukata ou kimono, apercevoir sa nuque... c'était osé à ses yeux. Non pas qu'il soit forcément prude et chaste mais, c'était un atout charme particulièrement efficace sur lui. Il fit l'erreur, sans le savoir, de boire à nouveau un peu de sa tisane, jetant un peu plus d'huile sur le feu comme ça ! En compagnie des filles, il avait peu d'expérience, il a déjà eut des petites amies au lycée, en fac, plus par curiosité car les hormones le travaillait comme tout jeune homme de son âge mais il n'arrivait pas à se détachée de ses études donc tôt ou tard, les rares petites amies qu'il a eut se détachait de lui. Cela le chagrinait peu, à l'époque, il n'avait qu'un seul objectif. Mais il a fini par se dire que côté petit copain, il ne valait pas un clou.

« Vous êtes une jeune femme ravissante, drôle et très sympathique en plus. Je dois avouer que depuis mes études, je n'avais jamais eu la chance de passer autant de temps avec une femme comme vous. Cela me fait du bien de savoir que vous ne voyez pas simplement un professeur d'histoire coincé, peut-être un peu froid ou étrange... »

Il gardait bien en tête qu'une liaison entre professeur ne serait pas bien vue mais une chose en lui cherchait à franchir cette barrière. Il n'y arrivait pas pour le moment mais il essayait volontairement ou non.

Chez Hikari, la frontière de l’inacceptable avait été franchie il y a longtemps. Elle avait déjà fait plus que son simple rôle de professeur en couchant avec Nanami et avec Alice. Cela l’incitait naturellement à davantage d’ouverture d’esprit. Elle comprit assez vite que la tisane d’Alice devait avoir un effet aphrodisiaque… Et, à vrai dire, elle l’avait soupçonné dès le début. Elle commençait à bien connaître cette élève, et elle savait que, derrière son apparence douce et son allure innocente, elle pouvait se montrer mutine. Hikari l’avait après tout bien vu en tenue de latex, venant la dominer et la violenter sexuellement. Quand on avait vu ça, tout était possible ensuite ! Hikari avait donc laissé Alice agir, consciente qu’elle avait besoin de ce petit coup de pouce pour sortir Hirotaka de sa position. Face à elle, il parlait lentement, avouant qu’il avait aimé la voir à moitié dénudé.

« Oh… Et bien, il est vrai que vous pouvez parfois vous montrer un peu froid, Hirotaka-kun. Alors, je me demande si cela… Si cela ne vous réchauffe pas un peu ? »

Elle commença alors à tirer davantage sur le yukata, se dénudant davantage. Elle glissa ses mains contre l’ouverture du yukata, et tira dessus, écartant les plis l’un de l’autre. Joueuse, son regard mutin se nicha sur celui d’Hirotaka, dont elle sentait le trouble. Elle tira donc encore, mais se retrouva rapidement bloquée par l’obi. La ceinture l’empêchait de trop se déshabiller, alors elle se releva brusquement. Elle n’avait eu besoin que d’un petit coup de pouce, et ce n’était pas comme si elle le manipulait. C’était juste une forme de séduction. Pour séduire, on utilisait du maquillage, des parfums, des artifices et des manœuvres pour convaincre son partenaire… Une tisane, ça s’inscrivait bien dans cette logique ! Elle se rapprocha donc, et se tourna, de manière à ce que les mains d’Hirotaka aient accès au nœud de l’obi.

Le doute n’était plus permis…

« Aidez-moi à retirer l’obi, Hirotaka-kun, vous pourrez mieux observer ma nuque, comme ça… »

C’était très clairement ce qu’on appelait un prétexte, car, sans l’obi, Hikari pourrait retirer le yukata sans difficulté, et finirait ainsi en sous-vêtements ! Sa voix était de fait devenue plus chaude, plus sensuelle… Et son regard plus malicieux également !