T’lailah lui ouvrait la voie. La femme à queue de singe la suivit sans mot dire. Elle découvrait un nouvel environnement : une sorte de marais dans lequel on avait planté des habitations de fortune. Son regard se décrocha du mur d'arbres pour s'attarder sur la silhouette d'une figure ailée. Celle qui la guidait lui enseigna son nom - Syriel - et Gine adressa un timide salut de la tête à la nymphe volante. D'autres curiosités aimantèrent rapidement son attention. Des montures étranges, probablement utilisées autant pour se déplacer sur de longues distances que pour se battre, qui ressemblaient à des poulets et à des lézards.
Je ne suis décidément pas au bout de mes surprises avec cette jungle et ses alentours.
La super-héroïne n'était plus très loin. Gine l'aperçut au sommet d'un monticule rocheux. Ainsi dressée, elle avait l'air d'une sentinelle. Par ailleurs, il y en avait peut-être bien une, de vraie, qui l'accompagnait. Une femme à la longue crinière brune, bien faite de sa personne et couverte du strict nécessaire en matière de peaux.
La douce euphorie de Carol la prit de court. Pressant sa tête contre son épaule, elle lui rendit son étreinte.
- Et moi je suis contente de te savoir en vie - et en bonne santé.
Gine s'intéressa alors à la guerrière à la peau claire, à qui elle rendit son salut. En l'écoutant parler, elle eut l'impression d'avoir affaire à une chasseuse.
- Des conséquences ? releva-t-elle à mi-voix.
Pour avoir tué le Shantak ? La femme à queue de singe ne comprenait pas où elle voulait en venir.
Carol prit la relève et lui expliqua ce qu'il y avait à savoir. Zerrikania comprenait quelques tribus en charge de sa surveillance. Celle qui les avaient toutes les deux neutralisé s'occupait du Shantak. L'indigène mentionna la tribu H'wanu, qui vénérait un ancien dieu zerrikanien, à contrario de ses voisines adoratrices des soi-disant Gardiens Sacrés du Temple de la même région. Du coup, le meurtre du Shantak envenimait davantage leurs relations déjà bien tendues...
Gine, mal à l'aise, déglutit aussi bas que possible.
- Ça veut dire qu'on aurait pas dû intervenir ?
Carfax détailla alors son cas. Elle ne provenait pas de ce monde. Elle avait été projetée à travers une faille avant de rencontrer les H'wanu et de se familiariser avec eux. Depuis, l'étrangère sillonnait la jungle.
J'ai l'impression que je peux lui faire confiance. Carol, elle, a l'air de lui avoir accordé la sienne.
Gine hocha la tête avant de s'exprimer à son tour.
- Nos histoires comportent une similitude. J'ignore à quoi ressemble cette faille dans laquelle vous... tu es tombée, mais celle qui m'a conduite ici m'a permis d'éviter de mourir dans une catastrophe planétaire.
Ce n'était pas un bon souvenir. Elle s'accorda une petite pause, puis reprit moins difficilement :
- J'ai atterri dans la jungle et c'est bien mon amie Carol qui m'a permis d'en sortir indemne. Je lui dois cette nouvelle vie, à elle ainsi qu'à ses alliées. (Elle sourit amicalement à la concernée.) Depuis, je les aide dans leur entreprise. C'est un peu ma... raison d'être ici bas, oui. Et pour être honnête, je ne sais pas trop quoi faire d'autre. Il faut dire que je n'ai jamais été très douée pour grand-chose, ha ha...
Elle cherchait à se rendre utile. Quitte à devoir se mouiller... ou mouiller tout court, étant donné ses derniers rapports avec Poison Ivy et la Veuve Noire. En se souvenant de ce qu'elle avait aussi partagé avec Carol, les joues de Gine flambèrent d'autant plus fort.
Oh là là...
Elle ressentit comme une soudaine envie de se planquer sous cette couverture.