The Multiversity

Personnage incarné : Kayly Caldo

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Bordel, je ne pensais pas que Cerbère serait un aussi gros morceau... Entre sa puissance physique monstrueuse, et le fait qu'il soit capable de nous cracher à la gueule n'importe quel élément, on est dans une merde noir !!! Et justement, après avoir repousser Sanguilia, le sac à puce se mit à souffler une brume qui commença à geler toute la zone. Mais heureusement pour Rika et moi, j'ai pu générer des flammes autour de nous, assez puissantes pour contrer la vague de froid. Oh merde... Voilà que le cabot se tourne vers nous, certainement dans l'idée de nous déchiqueter. Plus le choix, va falloir le combattre. Je me suis alors mise en position de combat, tout comme ma Honkaï, avant que Alastar n'explose son cocon de glace, nous dévoilant une nouvelle apparence. Mais... Depuis quand il peut prendre ce genre d'apparence, lui ?!!! En tout cas, ça n'a plus rien à voir avec avant. Il est visiblement plus fort, plus rapide et plus agile. Par contre, il émane de lui une aura plus sombre, comme si sa magie rose s'était muée en magie noire... C'est est presque flippant... Il réussit néanmoins à contrer la foudre du chien, non sans en subir le contre-coup, avant de s'adresser à nous.

« Nous n’avons pas le choix, il faut l’affronter ! Je ne pourrais pas maintenir cette forme éternellement ! »

J'en étais arrivé à la même conclusion ! Rika, on y va !!!Stratégie Alpha 10 !!!

C'est parti !!!

Nous nous sommes alors séparées, partant chacune d'un côté de la bête. Grâce à sa nanosuit et son pouvoir, Rika pouvait augmenter la puissance de ses jambes, et ainsi courir plus vite et être plus agile, ce qui lui permit de contourner le monstre plus rapidement. Quant à moi, je pus me déplacer très vite, grâce à mes ailes, et une fois toutes deux en position, nous avons commencé à taillader les flans du monstre, en commençant par lui trancher les tendons des pâtes arrières. Ce n'était pas facile, car ce foutu clébard avait le cuir solide, mais une fois qu'il fut bien affaibli, nous nous sommes toutes deux placé de chaque côté des têtes de Cerbère. Et après un bref échange de regard, et un signe de tête, je me suis élancée dans les airs, ma soeur m'imitant. Une fois à l’apogée du saut, j'ai levé mon épée au dessus de ma tête, avant de me mettre à tourner sur moi même, de plus en plus vite, créant une sorte de scie circulaire qui s'est abattu avec force sur l'une des tête du chien, Rika effectuant la même technique en symétrie. En espérant que ça nous permette de trancher deux têtes...

Si Alastar avait généralement une forme inoffensive et sensuelle, il ne fallait pas oublier qu’il était le fils de Sha et d’Onyxian. Onyxian n’était pas qu’une simple succube, elle était une Princesse Infernale, qui aurait pu prétendre au trône de la Luxure. Alastar n’était pas habitué à se battre, mais il pouvait adapter cette forme bien plus démoniaque, qu’il utilisait quand il puisait dans ses réserves magiques. Cette force lui venait de sa mère divine, Sha. Il se concentra donc, et son corps s’enflamma. Alastar frappa le sol avec son pied, déclenchant une onde de choc autour de lui. L’inconvénient est qu’il n’était pas habitué à cette forme, alors il avait du mal à contrôler ses pouvoirs comme ça. Une boule de flamme supplémentaire se généra entre ses mains, avec des arcs électriques crépitants tout autour. Alastar la lança sur Cerbère, et la boule explosa violemment, distrayant le monstre, laissant ainsi le temps à Kayly et à son amie de contourner le monstre. Il les vit alors bondir toutes les deux en l’air, tournoyant en fondant vers les deux des trois gueules du monstre…

…Et frappèrent chacune violemment, transperçant les crânes de Cerbère. La tête centrale rugit de douleur, une souffrance terrible, tandis que les deux femmes, déstabilisées, tombèrent au sol. Les deux têtes latérales de Cerbère vomissaient du sang, et la bête rugit alors. Elle leva ses pattes avant, et frappa violemment le sol, lançant des halos de feu autour de ses pattes. Alastar attaqua alors, bondissant vers Cerbère. Ses griffes frappèrent la tête du monstre, s’étirant dangereusement, formant de véritables lames qui cisaillèrent la gueule du monstre. Le Diablotin sentit le sang de Cerbère sur ses doigts, et vit le regard rageur du monstre, qui ouvrit sa gueule, libérant un flot de flammes sur Alastar.

« Haaaargh ! »

Sous sa forme normale, une telle attaque, à si courte portée, l’aurait carbonisé. S’il eut mal, sa peau tint bon, et Alastar rugit encore, son corps se nimbant de feu. Il faisait plus de deux mètres de haut, et Cerbère bondit en avant, son museau heurtant Alastar, cherchant à le renverser. Le Diablotin recula d’un bon mètre, et attrapa les dents de Cerbère avec ses mains, les enroulant autour de ses canines. Il cherchait ainsi à l’empêcher de mordre. Les dents de Cerbère claquèrent, lacérant les mains du Diablotin, tranchant l’un de ses doigts.

Levant ses pattes, Cerbère les posa sur le torse d’Alastar, déchiquetant sa peau en la lézardant profondément.

« Gnnn… » grogna celui-ci en vomissant du sang.

Il vit la gueule de Cerbère commencer à rougeoyer, annonçant une nouvelle attaque… Sa queue caudale se releva soudain. Elle était longue, et ondula sur place, puis remonta ensuite, transperçant la mâchoire de Cerbère pour ressortir de l’autre côté. Les yeux de Cerbère s’écarquillèrent, et la flamme au fond de sa gorge mourut, tandis que la tension redescendit dans son corps. Il relâcha prise, et Alastar recula, avant de trébucher, sentant son énergie disparaître. Il saignait abondamment, et respirait lourdement, tandis que Cerbère se recula.

Le chien de garde d’Hadès grogna encore, avant de glapir, et commença alors à se fossiliser. Il se figea peu à peu, jusqu’à ressembler à une statue d’albâtre, qui s’évapora ensuite. Alastar grommela encore, jusqu’à reprendre sa forme normale, puisant dans sa magie pour cicatriser. Il tenta ensuite de se relever, mais chancela un peu. Se tenant la poitrine, Le Diablotin reçut l’aide des deux démones pour se tenir debout.

« Je… Contre toute attente, nous avons survécu… Enfin, je crois… »

Difficile de croire que Cerbère était vraiment mort, mais le passage vers le Tartare était ouvert. Il observa brièvement le Portail, et s’en approcha lentement.

« P-Par ici… »

Alastar se rapprocha du Portail, et le traversa ensuite, celui-ci venant le recouvrir. Titubant encore un peu, il s’écrasa sur le sable, de l’autre côté, en compagnie de Kayly.

Plus tard, quand Wismerhill et Samara emprunteraient le Portail, celui-ci les amènerait à un autre endroit. Kayly et Alastar émergèrent, eux, devant une maison bâtie à flanc de montagne, surplombant le paysage désolé et ravagé du Tartare. Ici, point de ciel, mais une immense voûte soutenue par d’énormes piliers. La voûte de pierre s’étirait à perte de vue, et on pouvait voir, ici et là, des volcans en activité.

Grognant lentement, Alastar vit une femme se rapprocher du duo, s’appuyant sur une canne.  Le Diablotin ignorait où Sanguilia avait été envoyée, ainsi que Rika.

« Vous avez mis le temps pour venir jusqu’ici… J’ai pu vous éloigner tous les deux des Hécatonchires, mais le temps vous manque… Surtout si nous voulons sauver celui-là. »

Alastar avait beau faire le fanfaron, il continuait à saigner. Utilisant sa canne, la vieille mégère le retourna sans ménagement, le couchant sur le dos. De belles plaies circulaient sur son ventre, et une grimace traversa les lèvres de la vieille.

« Amène-le dans ma maison, si tu veux que je puisse le sauver… Et prie pour que ton amie ne tombe pas sur les Hécatonchires en venant ici. »

Clignant des yeux, Alastar respirait de plus en plus lourdement.

« Qui… Qui… »

La vieille femme le regarda brièvement.

« Je suis la Mère des Dieux… Et mes fils me recherchent. »

La Mère des Dieux… Avant de sombrer dans l’inconscience, Alastar se rappela au moins de son nom…

Rhéa !

L'hécatonchire était un adversaire redoutable. Wismerhill considérait son apparition comme une opportunité excitante. Ce séjour aux Enfers lui avait permis de découvrir des puissances dont la grandeur mettait ses capacités à l'épreuve, une chose bien trop rare sur Terra. Chez lui, il possédait des équipements parmi les plus puissants du monde, et un dragon parmi les plus redoutables. Il avait une armée capable derrière lui. Ici, le carnage frénétique était la règle et seule la mesure de pouvoirs dantesques départageait ses adversaires.
Mais il devait rester prudent. Samara échangea avec la créature à son tour, les protégeant d'assauts terribles et engageant l'hécatonchire sans guère de succès. Mais le combat n'était pas terminé et, entrant en transe, Samara chercha son point faible. Wismerhill s'élança à nouveau pour occuper la bête, la blessant et la brûlant de la pointe d'Hellvelkin et l'empêchant de se focaliser sur la succube lévitant non loin.
— Ici, saloperie ! N'ose pas me tourner le dos !
Tournant autour du monstre, Wismerhill parvint finalement à lui faire oublier l'archimage. Il se lança dans une danse martiale avec les membres de l'hécatonchire, plongeant pour éviter les vagues de feu, brisant les griffes sifflant contre lui, tranchant les chairs molles s'égarant à portée de ses assauts. Le combat aurait pu durer ainsi pendant des heures, mais tôt ou tard Wismerhill se fatiguerait et l'hécatonchire, lui, faisait peur même aux dieux.
Soudain, sa vision changea. Il vit les flux de pouvoir à l'intérieur de son adversaire et le noyau de puissance caché à l'intérieur de ses chairs grouillantes. Il agit avant que Samara ait fini de l'appeler, comprenant le signal. Plongeant entre les membres affolés de l'hécatonchire, il y grimpa en se débattant comme un diable contre ses coups rageurs. Sans son armure enchantée, il eut été écrasé plus d'une fois avant d'atteindre son torse. Inquiet, le monstre chercha à l'empêcher de poursuivre et parvint à l'attraper par les jambes.
Suspendu en l'air au-dessus du monstre, Wismerhill regarda les bouches de l'hécatonchire se pointer sur lui et s'ouvrir, rayonnant d'un brasier prêt à surgir. Serrant les dents, il se redressa, tailla le membre tentaculaire qui le retenait, une fois, deux fois... Il parvint à le trancher, tombant vers la fournaise qui allait éclater d'une seconde à l'autre. Et dans un cri de rage, il pointa Hellvelkin droit sur la bête, droit sur le noyau de puissance qu'il pouvait voir rayonner juste sous lui. L'épée cracha un déluge de flammes qui incendia l'hécatonchire, consumant ses têtes qui s'écartèrent dans un concert de plaintes déchirantes. Wismerhill atterrit au milieu du feu pestilentiel en plantant Hellvelkin sur le noyau. L'épée brûla, incendia les chairs dans une cacophonie de hurlements et une odeur insupportable de viande carbonisée. D'un coup, la lame perça les chairs et plongea.

L'hécatonchire émit son dernier cri, chaque gueule de son être émettant en chœur la même trille d'agonie. Puis ce fut le silence. La masse énorme s'affaissa, s'écroula, tandis que le corps entier semblait prendre feu de l'intérieur, noircissant comme du gibier brûlé en suintant des fumées blanches. Wismerhill plongea vers les cendres noirs avant d'être écrasé, roula au sol sur plusieurs mètres comme la bête s'écroulait finalement, et il reprit enfin son souffle, haletant, fasciné par le combat qu'il venait de gagner et terrifié par la proximité qu'il avait eu avec la mort.
Samara se porta vers lui comme il ne bougeait pas immédiatement, mais il se releva en un instant, trouvant les yeux de la succube et criant presque entre deux souffles rauques, encore sous le choc.
— L'Oracle a parlé quand nous sommes entrés dans le Tartare. Nous devons trouver quelqu'un. Nous devons trouver la Mère Léto.
Il abandonna son regard pour se plonger dans ses pensées. Il eut un air grave tout d'un coup, et ajouta, plus doucement :
— Typhon. Typhon est déjà à notre recherche.

L’Hécatonchire était une abomination indescriptible originaire d’un autre temps, d’un autre monde, d’autres pratiques. Des alchimistes et des mages avaient essayé de recréer ces monstres, mais sans jamais y arriver. Le Slime était, à bien y réfléchir, la créature se rapprochant le plus de ce monstre tentaculaire et polyforme. Samara se souvenait de certaines théories affirmant que les Hécatonchires étaient des déformations, des hérésies provoquées par des croisements impies et immondes avec les shoggoths, parents des Slimes. Samara ne pouvait que constater une seule chose : cet Hécatonchire était une machine de guerre.

Elle soutenait Wismerhill à distance, dans une configuration de combat classique. Le guerrier était en avant, et le mage en arrière, en soutien tactique. Il voyait à travers ses yeux, et la tâche était loin d’être facile. Samara avait analysé le corps du monstre, mais elle avait créé un lien magique avec l’Empereur pour réussir à se synchroniser à lui, et lui permettre d’avoir sa vision magique, son « troisième œil ». Un tel sort fonctionnait bien mieux avec des esprits affiliés, des proches. Plus on était proche d’une personne, et plus les défenses mentales s’amenuisaient, s’étiolaient. Mais Samara, qui avait pendant longtemps été hétérophobe, n’avait entretenu que des relations strictement professionnelles avec l’Empereur. Un oubli qu’elle allait sans doute devoir réparer… Après.

Tout en le soutenant, elle vit que le tentacule précédemment coupé de l’Hécatonchire était en train de remuer, se déplaçant, commençant à muter.

*Non…*

Si on s’en tenait à la mythologie, les Hécatonchires étaient les trois fils d’Ouranos : Briarée, Cottos, et Cygée. Tout comme il y avait trois Cyclopes originaires, il y avait trois Hécatonchires. On disait que les Hécatonchires successifs étaient des émanations des Hécatonchires originaux. Samara pouvait le voir à la manière dont le tentacule remuait lentement, commençant à s’étirer. D’ici un certain temps, il deviendrait un nouvel Hécatonchire.

*Ces créatures sont véritablement horribles…*

Wismerhill se rua sur son adversaire avec fougue, comme pour se rappeler le courageux guerrier qu’il avait été avant de devenir Empereur. Samara savait toutefois qu’il s’entraînait toujours, notamment avec ses anciens compagnons de fortune. Et il était encore bon ! Son armure enchantée le protégeait, et il se rua contre le monstre, qui s'enflamma sur place, et réussit à l'attraper par les chevilles. La tête à l'envers, Wismerhill était en fâcheuse posture. Samara tenta de se concentrer pour le soutenir à distance. La tâche n'était pas aisée. Déjà, autour de ses yeux, on pouvait voir des sortes de rainures veineuses magiques blanchâtres qui jaillissaient, témoignant de l'intensité magique du sort qu'elle utilisait. Si elle perdait sa concentration, elle perdrait son lien avec l'Empereur. Samara voyait le tentacule se rapprocher d'elle, et s'éloigna un peu, consciente qu'il allait l'attaquer. Wismerhill trancha alors le tentacule retenant ses jambes, faisant face aux têtes hideuses et affamées du monstre.

Tout en tombant, Wismerhill pointa sa lame en avant, utilisant la gravité. Au même moment, Samara sentit le tentacule de l'Hécatonchire bondir vers elle, s'enroulant autour de son cou avant de se coller au sol, s'étirant comme un élastique pour l'étrangler. Elle grogna sur place en tombant à genoux, cherchant à se débattre, mais des tentacules supplémentaires jaillirent du tentacule central, attrapant ses poignets, l'empêchant de réunir ses mains.

« Raaaah... !! »

Impuissante, elle concentra sa magie, un halo de feu commençant à l'englober. Des gueules se formaient sur les tentacules, leurs dents claquant frénétiquement... Lorsqu'un mugissement de douleur s'échappa de l'Hécatonchire. Avec Hellvelkin, Wismehrill transperça le cœur énergétique du monstre, et Samara sentit les tentacules la retenant se cristallier, puis s'effriter ensuite, disparaissant en volute de poussière. Elle éternua douloureusement en caressant sa gorge rauque, et cligna des yeux, retrouvant sa vision normale. Ses yeux étaient devenus rouges, et elle voyait flou. Devant elle, l'Hécatonchire se figea lentement en une énorme, grotesque et monstrueuse statue de cristal. La statue sembla scintiller quelques instants, avant de se briser, provoquant la mort de l'Hécatonchire et de tous ses résidus.

L'Empereur se retourna vers Samara. Leur victoire fut de bien courte durée, car il fallait retrouver Léto.

« Si je me souviens bien de mes cours... C'est la première femme de Zeus. »

Fille du Titan Céos, elle avait été conçue par Céos et la sœur de celui-ci, Phébé. Céos était un Titan penseur, apparemment différent des autres, plus sage, qui avait fini au Tartare. Léto avait donc dû le rejoindre, mais Samara ignorait où chercher. Pour l'heure, elle généra un bandeau noir entre ses mains, et recouvrit ses yeux avec.

« Je suis navrée, Majesté, mais le sortilège que je viens d'utiliser a épuisé ma rétine. Je dois laisser mes yeux se reposer. Ne vous inquiétez pas, mes sens magiques sont toujours là... Mais il faudra indéniablement que nous nous synchronisions davantage, à l'avenir, pour que cela soit moins épuisant pour moi. »

En attendant, Samara commença à marcher. Le Tartare était une sorte de grand désert de dunes et de sable, avec un ciel noirâtre, qui correspondait à une énorme voûte.

« Je suppose que l'Oracle ne vous a pas dit où aller ? »

Wismerhill craignait également l'arrivée de Typhon. Samara essayait de se repérer à l'aide de sa magie, mais cet environnement très particulier perturbait ses sens. Elle commença donc à marcher, avançant à travers ce désert de cendres, vers la plus proche structure qu'ils pourraient trouver...

L'Hécatonchire vaincu, les Tréfonds du Tartare s'offraient à eux, ouverts à l'exploration. Mais les menaces se cachant derrière les dunes cendreuses restaient nombreuses et il leur fallait faire preuve de prudence. Le combat les avait affaibli. Wismerhill devait récupérer et Samara avait temporairement perdu l'usage de ses yeux. D'après elle, Leto avait été la première femme de Zeus, une histoire dont l'Empereur n'avait pas la moindre connaissance. Mais, si c'était vrai, alors elle devait être une divinité ancienne et puissante, même passée à l'oubli et enfermée dans cette prison infernale.
Samara commençant à s'avancer au hasard dans une direction, Wismerhill la retint, prenant un de ses bras, passant un bras derrière elle pour la retenir par la taille. Il la maintint immobile tandis que lui, poussé par son instinct, se détendait et fermait les yeux.
— Elle n'en a peut-être pas besoin. Ne bougez pas, ne dites rien.
Tendant l'oreille, oubliant le reste, il se focalisa sur le moindre bruissement jusqu'à pouvoir entendre le sable couler sur les dunes. D'abord, il ne discerna rien, mais il attendit. Et le signe qu'il attendait vint finalement, une brise lui caressant la joue. Il tourna le visage dans la direction indiquée et sentit l'air presser derrière sa tête. Il se tourna entièrement, Samara contre lui, et le vent voulut le pousser entièrement dans cette direction. Des murmures à peine audibles l'encourageaient à les suivre. Doucement, il ouvrit les yeux, découvrant leur cap.
— C'est par là, affirma-t-il, confiant.
Et, ne lâchant pas Samara à travers le terrain traître et mouvant des sables libres, il se mit en marche, assuré de trouver bientôt la demeure de la Mère Leto et espérant la trouver avant que Typhon ne renifle leur trace.

Samara ignorait totalement où aller. Elle ne s’était encore jamais rendue au Tartare, et les démons n’avaient aucun accès au Tartare non plus. C’était une prison au sein de l’Enfer, un enfer dans l’Enfer… Un endroit charmant, donc ! Alors que la démone commençait à regarder autour d’elle, Wismerhill la rejoignit, et l’attrapa par l’épaule, lui demandant de s’arrêter. Samara fronça les sourcils, avant de croiser son regard. Elle savait que l’Empereur avait des pouvoirs magiques très particuliers, qu’on ne s’expliquait pas encore très bien, et elle le laissa faire. Il indiqua ensuite une direction, et elle resta silencieuse… Mais le suivit.

« Très bien, Majesté. »

Le combat contre l’Hécatonchire avait ébranlé Samara, qui était lentement en train de reprendre ses esprits. Elle avait toujours mal aux yeux, et voyait flou. Elle se contenta donc de suivre l’Empereur, et ils sortirent au bout d’un moment du désert. La magie était ici omniprésente, faussant les distances, et la perception que les sens pouvaient se faire de l’environnement. Alors que le désert semblait sans fin, ils rejoignirent finalement bien vite des montagnes. De curieuses montagnes blanchâtres, ressemblant à des tas d’ossements escarpés.

De manière générale, tout était ici sinistre. Samara n’avait jamais vraiment aimé les Enfers, mais elle se devait bien d’admettre que le Tartare était encore plus sinistre que tout le reste. Tout ici semblait mort et maudit, l’air était nocif, corrompu, malsain, vous rentrant dans les poumons. Elle avait le sentiment que e désert maudit ne les laissait sortir que parce que Wismerhill suivait un courant, une voix que Samara ne percevait pas. Ils croisèrent à plusieurs reprises des dunes composées uniquement de squelettes. Quand ils marchaient sur les dunes, leurs pieds heurtaient les os ensanglantés des créatures ayant habité ici.

Tandis qu’ils avançaient, le désert devenait plus rougeâtre, comme si le sable était remplacé par du sang séché, ou mélangé avec du sang. Au Tartare, il pleuvait du sang, la voûte se couvrant d’épais nuages rouges. Samara perçut alors des vibrations le long du sol, et s’arrêta brusquement. Elle regarda autour d’elle. Sa vision lui était maintenant pleinement revenue, et elle déglutit alors.

« Majesté, at… ! »

Dans le dos de Samara, le sable s’ouvrit en deux, et un immense ver des sables jaillit du sol, sautant dans les airs pour fondre droit vers eux, une gueule infernale circulaire remplie de dents monstrueuses. Samara se téléporta alors, attrapa l’Empereur, et se téléporta à nouveau, évitant in extremis l’attaque. Le ver des sables s’enfonça à nouveau dans le sol, et les deux Mijakiens tombèrent au sol. Samara se releva alors, sentant le sol trembler à nouveau.

« Vite, il faut sortir de ce désert ! »

Elle se mit à courir, et le ver attaqua à nouveau. Le sol trembla encore, et, cette fois, des pointes osseuses grosses comme des lances jaillirent du sol. De terribles javelots que le ver des sables devait larguer depuis son dos. Samara courait rapidement, sans trop savoir où les prochains coups allaient venir, et recouvrit son corps, et celui de l’Empereur, d’un bouclier magique. Toutes les dunes tremblaient nerveusement autour d’eux, le sable explosant à plusieurs reprises. La magie vibrait tout autour de l’Archimage, qui vit alors le sol se fissurer sous leurs pieds.

Le ver des sables frappa encore, jaillissant hors du sol à une centaine de mètres des deux fourmis essayant de fuir, et se mit à ramper sur le sable, comme une sorte d’horrible serpent. Il glissa vers eux, formant dans le sable une énorme tranchée, soulevant le sable et les carcasses osseuses qui se trouvaient là.

Samara releva alors la tête vers les pointes osseuses que le ver des sables avait expulsé dans le ciel.

*Oh merde…*

Les pointes osseuses n’étaient pas retombées, planant dans les airs, où elles se mirent alors à vibrer également, tournoyant dangereusement sur elles-mêmes, comme des toupies devenues folles. Elles se désagrégèrent alors, et des morceaux osseux jaillirent vers Samara et Wismerhill. Samara se reçut plusieurs impacts sur le corps. Son bouclier magique amortit les impacts, mais elle bascula malgré tout en arrière. Le temps de se relever, elle vit sur sa droite un mur de sable poussé par le ver des sables se rapprocher à toute allure d’elle… Puis disparut dans le sable.

Le ver des sables s’éleva alors dans les airs, révélant un corps massif et majestueux. Il tournoya lentement dans les airs, et sembla alors porter son attention sur Wismerhill. La créature hurla alors, poussant un cri suraigu, crachant depuis sa gueule des pointes osseuses qui filèrent vers l’Empereur, des javelots meurtriers qui obscurcirent son champ de vision, le condamnant à une mort certaine…

…Lorsqu’il put entendre un hennissement à côté de lui. Un cheval ailé venait d’arriver, et une mélopée résonna alors depuis les montagnes. Une femme se tenait là.

« Enfourche Ixion, vite ! lui intima-t-elle. Lui seul te permettra de triompher de Dirge ! »

La licorne Ixion émettait depuis sa licorne des arcs électriques particulièrement puissants, et était capable de voler.

Quant à Samara, lorsque Dirge avait tenté de la dévorer, ses ailes démoniaques lui avaient permis de bondir. Son corps avait heurté la tête de Dirge, et elle avait rebondi sur son corps, s’agrippant à sa chair. Elle était donc suspendue avec lui dans les airs, véritable fourmi contre un colosse long de plusieurs dizaines de mètres…