The Multiversity

Korë dut lentement reprendre ses esprits, et sollicita d’Aphrodite l’autorisation de rester dans sa loge pendant la durée des jeux. La Déesse sourit doucement.

« Te voilà devenue bien hardie, ma chérie. Eloran, commence par lui apporter un peu de notre ambroisie spéciale. Assieds-toi à côté de moi, Korë. »

Eloran acquiesça, et fila derrière la loge, rejoignant des appartements sensuels. Elle revint rapidement avec un plateau comprenant une carafe d’ambroisie et des verres. L’ambroisie était le vin des Dieux, un vin que Dionysos entretenait, et qui permettait de ressourcer rapidement le corps. Les mortels ne pouvaient pas l’utiliser régulièrement sans que leur organisme ne finisse par avoir besoin de repos, mais, ponctuellement, cela marchait bien. L’ambroisie était de fait un vin de couleur violet, ce qui était assez unique. Eloran offrit également un verre à Aphrodite, qui resta nue sur son trône, et but son verre.

Korë avait fait une requête tendancieuse. En contrebas, une nouvelle épreuve commençait, qu’Eloran annonça :

« Mesdames, Messieurs, veuillez vous mettre en position pour le Banquet de Priape ! »

Des trompettes et des tambours annoncèrent le préparatif. Sur le sable de l’Arène, deux longues rangées se dressèrent. Tous les hommes et les femmes hermaphrodites se mirent debout, au garde-à-vous, et toutes les femmes se mirent à genoux, pour une longue série de fellations. Isidora avait déjà déployé ses ailes, tout comme d’autres Anges de Lust.

« N’oubliez pas que ces jeux sont aussi une épreuve ! Chaque couple a un sablier avec lui. À chaque fois que vous recevrez le foutre béni de vos amants et amantes, le sablier grossira. Plus vous remplirez vos sabliers, et plus vous gagnerez de points ! »

Aphrodite sourit à Korë, et caressa ses cheveux.

« Sache que je risque de descendre pour participer, Korë… Cela dépendra de mon humeur. Sais-tu jouer de la lyre ? J’en ai amené une, je peux l’animer avec la magie, mais je me dis que tes doigts de fée seront certainement plus agréables à mes oreilles que ma magie… »

La Déesse de l'Amour se voulait compréhensive. Par pitié envers cette artiste qu'elle avait droguée ? Peut-être ! En tout cas, Korë fut invitée à prendre place à ses côtés en même temps qu'elle consommerait de cette ambroisie spéciale, liée par les mains d'une Eloran prompte à les servir. La Wyvérienne remercia son ex-partenaire avant d'examiner discrètement le contenu coloré de son verre. En plus d'être de couleur violet, le fameux vin sentait diablement bon ! Plutôt que de le boire d'une traite ou d'y tremper précipitamment les lèvres, la bardesse imprégna ses narines de ses exquises effluves.
Entre-temps, Elora s'était déplacée au bord de la haute estrade pour se comporter en maîtresse de cérémonie. Elle avait annoncé le Banquet de Priape, et sa voix aussi enjouée qu'enthousiaste suffit à mettre, au rythme des tambours et des trompettes, l'ensemble des fêtards en branle.
Un banquet à une heure pareille ?
Un repas collectif un peu... particulier. En contrebas, les femmes s'étaient mises à genoux devant leur vis-à-vis. Toutes, sans exception, entamèrent une fellation auprès du ou de la partenaire désignée. Korë vit alors des anges aussi belles qu'Isidora déployer leurs grandes ailes plumeuses.
La voix d'Eloran avait retenti de nouveau, rappelant aux différents couples affairés les spécificités de cette épreuve d'ingurgitation.
Des sabliers liés à leur gourmandise ?
De là où elle était, elle parvenait à discerner ces remarquables objets susceptibles d'enfler - selon les efforts fournis - jusqu'à obtenir des proportions tout à fait exagérées. Toujours plus de points en devenir pour ces généreuses équipes !
Korë regrettait presque son choix de souffler dans son coin quand la main d'Aphrodite effleura affectueusement sa chevelure neigeuse. Elle en oublia instantanément tous ses tracas.

- Vous ? descendre en personne pour participer à vos jeux ? (Elle avait l'air sincèrement interloquée.) Mais... avec qui vous... ?

Elle n'alla pas plus loin dans son interrogation. Pour la déesse, les prétendants ne pouvaient qu'être légion au point d'en venir même à se bousculer ! Une tempête qu'Aphrodite en personne aurait vite fait d'apaiser grâce à ses charmes uniques, incomparables...
Sa voix, en l'occurrence, suffisait amplement à alléger le cœur de la musicienne.

- Peu m'importe sa taille, sourit la bardesse qui avait envie de lui être totalement dévouée. Pour vous et vos adulateurs, je suis prête à jouer, avec votre lyre, la plus belle des musiques ! Dussé-je prolonger le morceau jusqu'à m'en écorcher la pulpe des doigts.

Elle inclina la tête.
C'était flatteur ! Mais la déesse, à son égard, ne l'avait pas été moins en préférant se reposer sur son art plutôt que sur sa propre magie qui, en son absence, avait sans doute plus d'une fois servi à animer le gracieux instrument.