Le monde de Mana ne semblait pas si différent de celui de Daisy, et Mana lui expliqua que les «
forces des ténèbres » agissaient dans ce monde, et qu’il fallait donc le protéger de ces créatures. Des forces extraterrestres, ou extradimensionnelles, ce qui n’était pas sans rappeler la Terre non plus. Seulement, sur la Terre, c’était au SHIELD de protéger le monde des forces externes malfaisantes, que ce soit des extraterrestres, des fantômes, des démons… Depuis qu’elle était agente opérative au sein du SHIELD, Daisy avait, à vrai dire, découvert bien des choses qui dépassaient l’entendement. Les conspirations secrètes, Roswell et la Zone 51… Daisy avait compris que la plupart des
hoax et des UFO’s avaient été créées de toute pièce par le SHIELD ? pour éloigner l’attention des gens. On pouvait considérer Roswell comme le premier
hoax du SHIELD. Il y avait toute une branche du SHIELD consacrée à ça, qui fondait sa logique sur le célèbre canular radiophonique d’Orson Welles de 1938. Orson Welles avait inventé un récit d’invasion extraterrestre à la radio en s’inspirant de «
La Guerre des Mondes ». Ce canular extrêmement bien détaillé avait provoqué une onde de panique dans les États-Unis, où les gens s’étaient mis à croire sincèrement à une invasion d’extraterrestres. Daisy avait dû accepter, à contre-cœur, qu’il était nécessaire également de protéger l’humanité contre elle-même.
Mais, visiblement, le monde de Mana semblait accepter plus facilement la présence de la magie. Peut-être bien que son monde n’avait pas d’organisme similaire au sien ? Daisy était curieuse, se demandant si elle pourrait un jour voir ce monde. Elle s’était affalée devant son ordinateur, et chercha sa bande-son. Elle écoutait plutôt du rock, mais elle se demandait si Mana apprécierait ça.
*
Oh, et puis, je suis chez moi !*
Elle opta pour un classique du hard rock, et même du
punk rock, «
God Saves The Queen », des Sex Pistols, l’un de leurs plus célèbres morceaux, qui avait défrayé la chronique anglaise à l’époque, justifiant la rupture de leur contrat avec leur éditeur, et provoquant un scandale national, faisant de ce morceau le morceau le plus censuré de toute l’Histoire britannique, ce qui eut aussi pour conséquence d’en faire un titre célèbre. Daisy avait été surprise d’apprendre qu’il faisait partie des exemples qu’on enseignait au SHIELD sur le contrôle de l’information et sur l’effet contreproductif de la censure ; en voulant priver les gens d’une information, on donnait un effet de loupe sur cette information, et on amenait les gens à vouloir savoir ce qu’on censurait.
Mais, avant de lancer la musique, Mana lui demanda si sa présence n’allait pas créer un déséquilibre, interrompant brièvement Daisy dans ses réflexions.
«
Un déséquilibre ? Comme… Euh… Un genre de rupture du continuum espace-temps ? Pas vraiment… Tu viens d’une autre dimension, Mana. Enfin, je ne suis pas une spécialiste du sujet, il faudrait plutôt interroger les grosses têtes du SHIELD là-dessus, mais… Pour faire simple, la dimension d’où tu viens, disons la dimension-A, dispose de sa propre temporalité. Notre dimension, la dimension-B, également, et forme une sorte de ligne parallèle avec ta dimension. Les deux temporalités se suivent sans jamais se rencontrer… Normalement. Enfin, ça, c’est la version simple. Parce que les lignes parallèles s’influencent entre elles, elles… Elles résonnent, et une dimension-A peut influencer une dimension-B. Tu vois ces mangas que tu as ? Ils en sont la preuve. »
Daisy poursuivit ensuite :
«
Donc, il n’y a pas de risque que tu créés une réaction en chaîne. Généralement, on renvoie les nekos chez eux, car c’est le mieux pour eux. Ici, ils risquent de finir écrasés sous une voiture, ou capturés par des personnes mal intentionnées. Mais, pour autant, il faut vite retrouver ce qui est à toi. Je demanderai demain un Quinjet pour aller en Égypte, comme je te l’ai dit. »
Trouvant l’appartement trop silencieux, elle lança finalement son application de musique, et laissa la voix de John Lydon emplir doucement l’air de son appartement.
«
Ça, je suis sûre que tu n’as pas entendu ce genre de morceaux d’où tu viens… C’est du rock, la révolution musicale et culturelle de notre dernier siècle sur Terre. Tu ne peux décemment pas te renseigner sur la culture de la Terre sans connaître le rock. »