The Multiversity

Hirotaka était un peu surpris, il n'aurait jamais pensé voir sa collègue dans une si belle tenue, elle était juste magnifique. Les kimonos savaient offrir aux femmes une beauté supplémentaire et pour elle, c'était tout à fait le cas. Il était quelque peu nerveux face à cela, outre le fait que cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé ainsi seul avec une femme. Certes, c'était une sortie entre collègues mais a y réfléchir un instant, c'était improvisé comme sortie, il y avait aucune vraie raison d'aller là-bas ? Il avait bien trouvé son excuse lié à la sortie prochaine des élèves ici dans les prochains jours, mais... c'était Hikari qui avait proposé cela, c'était lui qui y avait ajouter le côté professeur. Elle, elle était dans son kimono, et lui, il était toujours le même, dans son costume. Certes, sa veste avait sauté et il avait changé de chemise, mais quand même. Elle l'interrogea quand même sur le fait qu'il n'avait pas sortie lui aussi une tenue similaire à la sienne, il se passait la main derrière la tête en détournant le regard. Cela ne lui ressemblait pas vraiment.

« J'ignorais que vous alliez venir habiller comme ça... mais je me doutais que lors de notre séjour, il y aurait un festival ou autre pour s'habiller de façon plus décontractée. »

Ce n'était que partie remise donc. Pour Hikari, sortir ainsi était une grande occasion vu qu'à Yoake, elle n'en avait pas vraiment l'occasion, sur ça, il pouvait la rejoindre car lui non plus. Non pas qu'en ville, cela n'intéressait tant que ça en plus. Ce n'est pas qu'il n'aimait pas Yoake, mais ça restait la même ville, ce n'était pas vraiment des vacances comme ici. Il fallait au moins changer d'air pour se sentir dépaysé.

« Ne vous en faites pas pour cela, vous êtes loin d'être cavalière à mes yeux. »

En quoi elle pourrait sembler hautaine ou autre ? Il comprenait son point de vue, voilà tout. Mais en approchant d'un stand histoire de se remplir un peu l'estomac, mais à leur approche, le type qui le gérait n'avait pas vraiment une sale attitude, mais sa remarque était légèrement déplacé. Enfin, il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir de se tromper sur ce genre de chose, vu l'endroit, c'était monnaie courante de voir des couples, mais vu le silence et la gêne de sa collègue, il préférait rectifier le tir, pour ne pas qu'elle se sente si gênée.

« Oh, nous sommes juste collègues, mais nous voudrons... deux portions. »

Il allait payer, évidemment. Espérant aussi que le fait d'avoir corrigé l'erreur du marchand allait apaiser l'ambiance, ils n'étaient pas ici pour ça après tout. Du moins, c'était ce que lui, se disait. Ils furent servis dans une petite barquette et Hirotaka conduisit Hikari vers une des petites tables à pique-nique dissimulé ici et là tout autour, des coins tranquille, assez éclairé pour les voir et assez intime par la même occasion.

« Je... je suis désolé qu'on nous ai pris pour un couple, j'aurais dû sûrement prendre les devants en approchant ? »

L'approche aurait été surprenante, mais après tout, au Japon, l'intimité était aussi sacré que la politesse, on ne disait pas comme ça, même pour rigoler, qu'on formait un couple. Un minimum de tact, déjà. Cependant, avant d'attaquer sa portion, et pour changer un peu de sujet, il relevait le nez vers Hikari, le regard toujours un peu ailleurs, comme toujours, avec cependant une pointe de gêne. Il avait beau être un grand homme, il restait assez nouille concernant l'amour donc, ce n'était pas son domaine...

« Vous voulez qu'on reste dans le coin ensuite ou qu'on aille ailleurs ? »

Il ne parlait pas forcément de changer de quartier, mais il y avait le temple plus haut, mais avec les marches à monté, vu comment était sa collègue, ce serait très épuisant pour elle ! Il pouvait comprendre que rester dans le coin était préférable sous bien des points. Cette soirée risquait bien de leur faire faire un grand pas ! Ou au moins un petit pas, c'était mieux que rien vu les deux professeurs.

Qu'on les prenne pour un couple ne la dérangea pas tant que ça, à la vérité. Elle rougit doucement, et resta silencieuse quand Hirotaka rectifia leur situation auprès du vendeur ambulant. « Juste collègues »... Oui, c'était exact ! Mais, si Hikari avait enfilé ce kimono, ce n'était pas non plus pour rien, le message lui semblait pourtant évident ! Enfin, Hirotaka paya pour les deux, alors, quand ils s'éloignèrent, Hikari lui sourit doucement, au moins satisfaite d'être avec lui. Il s'excusa ensuite qu'on ait pu les prendre pour un couple, mais Hikari secoua ensuite la tête, comme pour signifier que ce n'était pas grand-chose, avant de parler :

« Ce n'est rien, vous savez... C'est vrai qu'on peut donner cette impression, surtout ici. »

Les couples étaient fréquents au parc Maruyama, sans doute davantage que les collègues flânant après une dure journée de labeur. Tandis que le duo s’éloignait, Hikari regarda autour d'elle, et aperçut, à distance, un groupe de lycéennes de Jinmu, dont Alice, qui leva le pouce vers elle, en guise de signe d'encouragement. Les joues d'Hikari s'empourprèrent légèrement, puis elle se retourna vers Hirotaka, qui lui demanda où elle voulait qu'ils aillent.

Regardant autour d'eux, elle aperçut le chemin qui serpentait à travers les arbres pour rejoindre Chion-in, le temple bouddhiste de Kyoto. Un endroit extrêmement connu au Japon, surtout pour sa porte d'entrée, le sanmon, un édifice monumental considéré comme un trésor national.

« Nous n'avons qu'à aller à Chion-in, ce serait dommage d'être allés au parc sans voir le temple, non ? »

Hikari partit donc par là. Monter les marches d'escalier n'allait pas l'épuiser outre mesure. Le temple était assez grand, avec plusieurs édifices. Hikari, en tant que professeur d'Histoire, connaissait évidemment sa riche histoire, et elle avait déjà mené quelques visites éducatives à Chion-in. Les longues marches du temple étaient en soi une épreuve s'inscrivant dans la philosophie de ce temple démesuré, aux proportions bien plus importantes que n'importe quel autre temple japonais. Un temple de la démesure, supposé, à l'image des pyramides égyptiennes, rappeler aux visiteurs et aux croyants à quel point ils étaient petits et insignifiants face aux divinités qu'ils devaient prier.

Avec le soleil déclinant, le temple offrait aussi de multiples éclairages sur les floraisons printanières, renforçant la beauté et le sacré des lieux. Loin des néons phosphorescents et de l'activité trépignante des quartiers otaku, c'était ici le Japon éternel, traditionnel, intemporel, qu'on venait honorer. Hirotaka pourrait sans doute remarquer qu'Hikari était ravie de se promener dans le temple, même si les nombreuses marches étaient usantes.

« Vous allez regretter d'avoir conservé votre cravate, Hirotaka-san plaisanta alors Hikari. Ceci étant dit, on vend des kimonos par ici. Vu que vous m'avez offert le repas, je pourrais peut-être vous offrir un kimono ? »

Elle ignorait s'il en avait amené, mais, sérieux comme il était, elle doutait que ce soit le cas ! Alors, il y avait peut-être là l'occasion de réparer cette erreur...

Hirotaka n'était pas à son aise après cette petite scène où l'on les avait pris pour un couple. Il ne prenait pas cela pour une insulte, loin de là, mais peut-être qu'Hikari n'était pas à son aise face à quiproquo pareil ? Il était donc tout naturel pour lui de s'en excuser, ne pas faire croire que la situation lui allait comme un gant. Heureusement, la jeune femme ne s'en offusquait pas, trouvant même logique cette maladresse de ce vendeur vu l'endroit où ils se trouvaient. Un point pour elle, il était facile de briser certaines barrières quand on était dans ce genre de lieu, on ne sait jamais à qui on avait à faire sans les connaître. Couple ? Frère et sœur ? Simples amis ? Difficile de savoir. Concernant leur repas, la jeune femme avait le courage de grimper les marches menant au temple, il savait que ce ne serait pas simple, surtout pour elle, qui, outre sa tenue, ne portait pas forcément des chaussures adapté à une telle montée.

« Pourquoi pas, mais n'hésitez pas à me demander de faire une pause, il ne faudrait pas vous essouffler. »

Lui non plus n'avait pas une tenue de sport et des chaussures qui allaient avec pour une telle montée, mais quand même. Grimpant les marches ensemble, la jeune femme semblait plutôt tenir bon même si elle s'amusa quelque peu de son compagnon de route. Il faut dire que son attitude de fumeur n'était pas idéal avec une telle montée même si ce dernier avait un certain respect envers le lieu pour ne pas en griller une, préférant s'en allumée une fois redescendue. Après tout, fumer une cigarette après un tel effort valait à dix cigarettes fumées en un coup. Autant ne pas s’abîmer la santé plus que d'habitude. Hikari en profita même pour tenter de rembourser sa dette en quelque sorte, voulant lui acheter un kimono pour mieux coller à l'endroit. Cela risquait encore plus de confondre l'avis des gens et seront sûrement pris pour un couple. Il levait un sourcil avec un léger sourire malgré une légère fatigue à grimper autant de marches.

« Il y a une différence entre un repas et un kimono, de plus, j'en possède déjà un. Mais d'un côté, il serait dommage de ne pas en avoir un venant d'ici... Cela me ferait un double souvenir, venant de l'endroit et de vous. »

Même si c'était pour se renvoyer la pareille. Et puis bon, il avait fait cela aussi par galanterie. Il était assez proche de son argent vu qu'il aidait ses parents, mais de là à cracher sur le fait de payer un café ou un repas à un collègue, il ne faut pas pousser le bouchon trop loin.

« Mais vous êtes sûre de vous ? Sans coûter un bras non plus, il y a une différence entre un repas et un kimono en ce qui concerne le prix ? »

Parlant de repas, il faudrait les manger tant que cela était encore chaud. Bon prof d'histoire qu'il était, il ne pouvait qu'admirer l'endroit où ils se trouvaient, mais il en profitera vraiment quand il sera bel et bien arrivé et posé, et puis bon, la proposition de sa collègue de travail l'empêchait de vraiment se poser pour admirer tout ça pour le moment. Cela dit, la vue de sa collègue ainsi, c'était tout aussi beau, il fallait bien le reconnaître. Sans vraiment s'en rendre compte, il observait la jeune femme, sublime dans son yukata, avec un sourire un peu plus prononcé. Rien de pervers, il était toujours aussi admiratif devant pareille femme !

Ils rejoignirent le temple, et Hikari sourit doucement devant les hésitations d'Hirotaka, qui lui signala qu'un kimono coûtait cher.

« Nous sommes bien payés à Yoake, vous savez, alors je pense pouvoir vous offrir ça... Alors, ne tardez pas, parce que les plats vont refroidir, sinon ! »

Hikari semblait s'enhardir, prenant plus de volonté, plus d'assurance, et guida Hirotaka vers une boutique de souvenirs. Un vendeur ne tarda pas à les accueillir, et Hikari lui demanda un kimono pour Hirotaka. L'homme semblait assez nerveux, mais, face à l'engouement de sa collègue, il semblait difficile d'aller contre. Hikari attendit dehors, s'asseyant sur un banc, et reçut de nouveaux SMS d'Alice. Elle se pinça encore les lèvres en en lisant un :

Vous êtes si mignons tous les deux <3

Elle soupira doucement, et répondit à son tour :

Arrête, il est juste en sueur, sa tenue n'est pas appropriée pour aller au parc.

Elle rajouta ensuite, après un petit moment de réflexion :

Et puis, tu devrais profiter de ta soirée, plutôt que de nous suivre...

Alice ne tarda pas à lui répondre, s'amusant visiblement de la situation :

J'ai des ordres très précis de ma Maîtresse ! Je dois veiller à ce que vous formiez un couple idéal avec Nafuji-sama...

La jeune professeure soupira doucement, et vit Hirotaka revenir. Elle sourit en le voyant dans son yukata. Ses affaires étaient dans un sac, et il semblait plutôt nerveux.

« Hey, ça vous va bien ! Ça doit être plus agréable, non ? Venez, il y a une belle vue sur la ville pour que nous mangions ! »

Elle rejoignit donc un petit kiosque qui surplombait Kyoto. La ville s'étalait dans la nuit devant eux, et la jeune femme s'assit ensuite sur un banc, commençant à avaler ses ramen.

« Alors, n'est-ce pas agréable ? Je dois vous admettre que j'appréhendais un peu ce moment, Hirotaka-san... J'avais peur que... Que vous trouviez ça inutile, ou absurde. Je... J'espère que vous ne me trouvez pas superficielle ? »

Hikari posa cette question en rougissant légèrement, tout en se faisant aussi la réflexion que, avec une bonne perruque, et en portant ce yukata, vu de dos, Hirotaka ressemblait beaucoup à une femme. Cette réflexion fut d'ailleurs la cause de son rougissement !

Cela le gênait un peu, mais il se laissait porter les choses, si Hikari insistait tant pour lui faire ce cadeau, soit, mais il va devoir assurer derrière, pour leur sortie prévue une fois rentrer et diverses choses. Il avait payé des cafés, ce genre de chose, mais c'était insignifiant face à cet act. Non pas que ce soit des kimono de grand nom, ça ne coûtait pas un bras non plus, mais il y avait une différence entre un café, et cela, mais il n'insistait pas plus. Se laissant porter par le geste, il en pris un, plutôt sobre, et sans voir le prix grimper non plus, avant de filer se changer. Et pendant qu'il troquait son costume pour quelque chose de plus léger, il pensait encore à aujourd'hui, à tout ce qu'il a pu vivre avec sa collègue, dévoilant une nouvelle vision qu'il avait d'elle. Jusqu'ici, il la trouvais mignonne, c'était une belle femme, mais il n'allait pas plus loin dans son imagination et depuis que leur visage s'était soudainement rapproché dans le train, il pensait de plus en plus à elle, de la beauté qu'elle dégageait, de la femme qu'elle était. C'est sûr que, il n'avait jamais rejeté l'idée de fonder une famille, même s'il s'en voulait d'avoir tant jalouser son frère, se sentant coupable de cet accident qu'il avait eu dans leur enfance. Il avait beau être totalement innocent à son cas, le fait que sa jalousie ai été si grande envers lui, lui donnait ce sentiment de culpabilité...

Donc, même si un jour, il devait avoir sa famille, il ignorait avec qui, mais en prenant le peu de choses qu'il avait sous la main, une femme professeur, belle, intelligente, qui semble avoir son âge, plus ou moins, ça semblait lui convenir. C'est vrai que dans sa jeunesse, il s'écartait de cela, pensant avant tout aux études et bien qu'il ai eu une petite amie pendant un temps, le fait qu'il soit plus intéressé par les études que par elle, avait couper court à leur relation. Enfin, maintenant, c'est différent. Le seul point négatif à supposer qu'il avait ses chances avec sa collègue, c'est justement ça, c'était sa collègue. Au Japon, il est assez mal vu de draguer au bureau. C'était assez différent quand maris et femme se retrouvaient au travail, mais un amour naissant... Ce n'était pas top. Après, là ou ça ne posait pas ou peu de soucis, c'était dans les commerces tenus en famille, après tout, s'ils sont leurs propres patrons, c'est eux que ça regarde. Mais le lycée verrait cela d'un mauvais œil sûrement de voir deux professeures se bécoter comme deux lycéens dans les couloirs. Ça serait dangereux pour son travail et ça, il ne pouvait pas se le permettre. Il chassait donc pour le moment ses idées, quittant la cabine avec ses affaires dans un petit sac plastique, il avait déjà moins chaud habillé de la sorte, c'est une évidence !

Même s'il avait chassé ses idées de sa tête, il restait encore nerveux face à toutes ses idées qui le tiraille. Cela n'empêchait pas Hikari de le féliciter, gênant toujours un peu plus le grand gaillard qu'il était. Il affichait un léger sourire en remontant ses lunettes en suivant sa collègue pour aller prendre place et déguster leur repas. Hikari se permettait même de s'excuser suite à cela. Hirotaka séparait ses baguettes afin de pouvoir les utiliser en touillant ses ramens pour être sûr – au cas où – que tout soit bien mélanger.

« Ne vous excusez-pas pour si peu. Je vous trouve en rien superficielle. Je dirais plutôt que... que lorsque vous avez une idée en tête au moins, vous faites tout pour aller jusqu'au bout. C'est une qualité au moins, plutôt que jeter l'éponge. En soit, même si c'était pour me convaincre de me faire porter ça, vous avez insisté jusqu'à me convaincre. »

Dit-il en souriant. Ce n'était peut-être pas le cas, mais il supposait à partir de cela qu'elle était pareille dans le travail, ses projets, oui, ça pourrait être une bonne qualité pour une future Madame Nifuji... Mais à quoi il pensait encore lui ! Décidément, ce voyage commençait à prendre une drôle de tournure !!! Il se concentra, focalisant plutôt son attention sur le paysage qu'il avait sous les yeux, pas le genre de chose que l'on voyait à Yoake. C'était beau, agréable, reposant.

« Je me demande si des mariages se font dans le coin en journée ? »

Dit-elle passant du coq à l'âne sans s'en rendre vraiment compte que sa question était sortie de sa bouche, pas uniquement dans sa tête. Mais avant de paniquer et créer un quiproquo, il rebondissait en essayant de garder son calme.

« Le paysage est splendide de nuit, je me disais qu'en journée, ça l'était tout autant, voir plus alors imaginer un couple à notre place, ça ferait un beau paysage pour une photo de mariage, vous ne pensez pas ? »

S'était-il bien rattrapé ? Peut-être...

C'était indéniablement un rapprochement entre eux deux, une victoire complète et totale pour Alice et sa Maîtresse ! Mais Hikari ne leur en voulait pas, au contraire. Elle souriait doucement, tandis que le duo s'assit, et commenta la beauté des lieux. Elle rougit doucement quand Hirotaka évoqua l'idée que cet endroit serait parfait pour... Un mariage ! Hikari ne put que rougir à cette idée, car elle se demandait évidemment à quoi Hirotaka faisait référence ! Parlait-il d'eux, ou était-ce une phrase générale ?

*Personne ne dit ça comme ça face à une fille, Hikari, ne sois pas bête !*

Le mariage... L'horizon de toute petite Japonaise. Même malgré la révolution sexuelle des années 1970's, et le développement de femmes courageuses, le mariage restait toujours un horizon indépassable. Le jour le plus important de la vie de toute Japonaise, celui où la vie prenait même enfin un sens. Mais cela n'avait jamais vraiment fait rêver Hikari, qui avait toujours trouvé plus intéressant de devenir professeur, de réussir dans la vie, sans vivre aux crochets d'un mari. Mais Hirotaka... Rien que penser à lui faisait stimuler son cœur, qui bondissait doucement dans sa poitrine.

Il parla alors de l'idée d'une photo de mariage, et elle se retourna vers lui, sa main proche de la sienne.

« Hirotaka-san, je... »

Elle détourna la tête en se pinçant les lèvres, résistant à l'envie de l'embrasser sur place. Elle observa à nouveau le paysage qui s'étalait à perte de vue.

« Je pense qu'ils organisent des mariages, oui... Vous en avez un de prévu, Hirotaka-san ? » demanda-t-elle alors, avec curiosité.

Hikari était curieuse de voir comment il allait se dépêtrer de ce mauvais pas, et s'amusait avec lui, luttant ainsi contre sa nervosité...

Il avait pensé tout haut, mais après tout, c'est vrai non ? Ce décor était sublime de nuit alors de jour, ce serait vraiment beau ! Idéalement au primptemps, mais même sans, ça devait être un sacré décor pour une photo de mariage ! Il s'était rattrapé comme il avait pu même si au final, il avait dit la vérité, mais il pouvait comprendre que dit comme ça, sortie de nul part, cela pouvait prêter à confusion... Hikari venait à répondre, hésitant doucement avant de supposer qu'il en avait un de prévus. Dans quel sens ? Il devait y assister ou il devait se marier ? Car au final, ni l'un, ni l'autre.

« Ha, non, je... Je pensais juste tout haut... J'aurais bien lâché une petite anecdote sur ce temple, mais je n'ai pas envie que vous croyez que je ne parle que d'histoire... »

Certes, le sujet était toujours passionnant pour lui, mais le professeur d'histoire qui ne parle que d'histoire, ça faisait un peu clicher. Hikari ne parlait pas toujours de mathématique après tout. Puis c'était son rôle, pour apprendre des choses aux élèves, demain, ils auront la visite d'un lieu de tournage d'un film japonais qui racontait plus ou moins fidèlement – les récits étant souvent variables – l'histoire de Tomoe Gozen, une femme d'une grande beauté, d'une grande force et elle excellait surtout à l'arc et en équitation. Au douzième siècle, forcément, les fusils et les véhicules motorisés n'étaient pas encore là. Il y avait beaucoup à dire sur cette femme qui, en pleine époque où les hommes étaient mis en avant, avait elle aussi une sacré place. Elle n'était pas aussi connue qu'Oda Nobunaga ou autres grands noms de l'histoire du Japon, mais c'était un peu une Jeanne d'Arc Japonaise. Non pas qu'elle s'était fait passée pour un homme, mais peu de femme pouvait se vanter de diriger environ mille hommes sur un champ de bataille ! Il y avait tant à dire sur cette femme et dans cette époque où les gens mettent de plus en plus de femmes en avant, pour de bonnes ou mauvaise raison, si le cinéma pouvait intéresser les jeunes, garçon ou fille, à se pencher sur le sujet, pourquoi pas !

« Je dois même dire que je n'ai jamais assisté à un mariage pour le moment. Mes parents étaient mariés avant ma naissance et dans ma famille, même du côté de mon père ou de ma mère, ils étaient déjà mariés. »

Comme tout le monde, il savait comment était un mariage, comment ça se passait que ce soit traditionnel ou non mais y assister, ce n'était pas si banal. Non pas que les mariages étaient rares au Japon, mais faut-il connaître les bonnes personnes et lui, il avait que peu d'amis dans son entourage, forcément, ça limitait un peu la chose. Il continua donc de manger en silence, admirant la vue en se demandant quand même un peu si sa question en avait fait naître chez Hikari ? Elle était jeune, encore célibataire donc, elle pourrait bien y penser. Ils en avaient vaguement parlé dans le train, mais c'était plus pour passer le temps. Même s'il commençait enfin à ouvrir les yeux sur la beauté de sa collègue, il ne savait pas comment agir puis il avait quand même poser quelques cartes sur son terrain. Ils avaient une sortie de prévus ensemble ici, pour chercher quelques souvenirs, une sortie de prévus à leur retour à Yoake. Était-ce assez ? Allait-il trop vite ? Ou au contraire, il s’endormait sur ses lauriers ? Difficile à dire, il ne maîtrisait pas le sujet. Mais peu importe ses idées, il avait toujours en tête que les relations entre membres du personnels enseignant était mal vue et il ne voulait pas apporter d'ennuis à sa collègue.

« Vous... vous pensez qu'on doit laisser les jeunes respirer ici ? J'ai l'impression qu'à leur donner trop de liberté, ça pourrait nous apporter des ennuis... C'est mon premier voyage scolaire en tant que professeur, je ne voudrais pas être trop tatillon... »

Un changement de sujet ? C'est mieux que rien.

Pourquoi diable avait-il fallu qu’ils parlent de mariage ? Tout cela troublait fortement Hikari, qui s’absorba dans son repas frugal. Nifuji-san changea fort heureusement de sujet, en expliquant qu’il voulait juste éviter de parler uniquement d’Histoire, ce qui la fit doucement sourire.

« Oh, vous pourriez me parler d’Histoire pendant des heures, Nifuji-san, même si je n’enseigne pas cette matière, j’en suis férue ! »

Elle voulait le rassurer, le mettre en confiance, tout en cherchant comment avancer dans cette relation. Cette situation était difficile ! Dire que les jeunes y arrivaient si facilement… Mais Hikari, elle, hésitait à franchir le premier pas. Nifuji-san était un collègue, mais elle n’avait rien derrière quoi se rabattre, aucun argument de facilité. Pouvait-elle seulement invoquer sa hiérarchie, le fait qu’ils étaient des professeurs, alors même qu’à Jinmu, tout le monde couchait avec tout le monde ? Hikari se pinça donc les lèvres, observant à nouveau Nifuji-san, qui lui parla alors de leurs élèves.

Hikari écarquilla doucement les yeux, repensant brièvement à Alice, à la perversion de cette jeune fille à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession. Les apparences étaient bien trompeuses à Jinmu, où les élèves pouvaient ne pas hésiter à dominer leurs professeurs. C’était véritablement le monde à l’envers, et c’était dans cet univers qu’Hikari évoluait !

« Et bien… Techniquement, nous en avons la responsabilité, alors il est normal de veiller sur eux… Mais vous savez comment sont les adolescents, non ? Plus on cherchera à leur imposer quoi que ce soit, et plus ils auront envie de se rebeller. Et puis, ce n’est pas comme si nos élèves étaient turbulents, n’est-ce pas ? »

Elle observa ensuite à nouveau la ville pendant quelques instants, puis se retourna vers son partenaire :

« Alors… Outre l’Histoire, qu’aimez-vous donc, Nifuji-san ? Seriez-vous un amateur de J-Pop, derrière cet air si sérieux ? »

Hikari avait lancé ça comme ça, instinctivement, ce qu’elle réalisa après coup !

Pour Hirotaka, cette situation était un peu embarrassante, auparavant, il s'en serait simplement fiché, passant juste du temps – bon ou non – avec sa collègue, mais depuis ce face-à-face un peu trop proche dans le train où il ne put que remarquer la beauté de sa collègue, il y pensait. Et de plus en plus. Alors se retrouver seul avec elle, elle dans son ravissant yukata, forcément qu'il n'avait que cela en tête. Lui qui, sans être insensible aux charmes féminins, arrivait à vivre sans, trouvant son bonheur ici et là sans forcément avoir besoin d'une femme à ses côtés. Surtout que bon, il faisait tout pour aider sa famille alors sans jouer les radins, il ne pouvait pas dilapider son argent pour plaire aux femmes, comment payait-il son loyer ou pouvait-il manger après ça ? Car c'est bien beau qu'Hikari annonce que parler histoire ne la dérangeait pas, mais était-elle sincère ou tentait-elle juste de briser la glace ? Sans être froid, il savait qu'il pouvait être concentré que sur ce genre de chose, lors des rares fois où il avait eu une petite amie, l'époque de la fac surtout, on lui avait reproché de trop penser aux études, mais maintenant, cette époque était fini, il avait un travail, un appartement, ce n'était pas un palace, mais c'était loin d'être un petit appartement avec le nécessaire dedans comme on pouvait trouver à Tokyo.

Parlant des élèves, car après tout, leur devoir était de veiller sur eux, sa collègue semblait plus souple, se disant qu'interdire allait les forcer à faire le contraire, mais les laisser agir ainsi pouvait mener à des situations dont il ne pensait pas imaginer sinon... il allait paniquer. Par la suite, Hikari se demandait quel genre de musique, il pouvait bien écouter ? De la J-Pop ? Là encore, il n'avait pas grand-chose à fournir, il était très basique, très figé dans son image de professeur.

« Oh non, je n'ai rien contre la musique, de notre époque ou de celles de nos parents, mais... je préfère la musique d'ambiance pour me relaxer, parfois la musique classique. Quand il n'y a pas de parole, cela me correspond le mieux, je dirais. »

Pas de parole et pas de trucs électro non plus, car écouter des bruits trop fort qu'on appelle « musique », non merci. Les gens avaient le droit d'aimer la musique qu'ils voulaient, mais justement, à notre époque, il existe des tas d'écouteurs, discrets ou non, alors pourquoi mettre ça super fort de sorte à se bousiller les tympans ou pires, écouter ça librement en gênant tout le monde ? Surtout que généralement les jeunes qui font ça sont seuls, à quoi ça leur avance ? Avec des écouteurs, le résultat est le même, sans gêner les autres. Enfin bref, oui, il était un prof d'histoire, un peu trop attaché à l'histoire, aimant la musique d'ambiance, classique aussi, assez simple au final. Il n'aspirait pas à des projets farfelus ou sortie d'on ne sait où, il était sérieux et droit dans ses bottes. Il était en train de perdre du terrain, il le savait, il avait toujours su se défendre pour étudier et assurer en cours, mais passer du temps avec une fille, il n'était pas doué et pourtant, il savait que s'il devait fréquenter une femme, il voudrait que ce soit une femme comme elle. Cultivé, intelligente, bref, une femme qui lui ressemblait. La solution à son problème était juste sous son nez, s'il voulait une femme qui lui ressemble, autant aborder des sujets que lui aimerait bien parler, mais il était si omnibulé sur son problème qui ne voyait pas l'évidence.

« On pourrait croire que vu mon fanatisme de l'histoire, je serais féru d'Enka ou autre genre musicale plutôt ancien, mais non, je préfère la mélodie des instruments aux paroles. Les deux sont loin d'être incompatible, juste que je préfère juste les instruments. »

Il continua de manger son petit plat en contemplant le décor sous les yeux, ce n'était pas ça qu'il voyait d'ordinaire depuis chez lui ou même depuis certains points de Yoake, pour sûr que c'était là très différent !

« Dites-moi, comment occupez-vous vos journées en général, hors de l'école ? Avez-vous certaines passions que vous pratiquez sur votre temps libre ? »

Il devait bien en apprendre un peu plus sur elle, loin de se douter de ce que la pauvre Hikari vivait comme « chantage », mais bon de son côté, il n'avait pas grand-chose à raconter de bien passionnant. Ce n'est pas comme s'il était super doué au tir ou qu'il était fan de parcours. Et pourtant, qui sait, il semblait en forme physiquement, mais il ne faut pas oublier qu'il fumait, ça devait jouer sur la balance. Sans ce défaut, il pourrait sûrement bien se défendre dans certaines activités ?

De la musique classique… Ou la musique d’ambiance. Hirotaka restait toujours aussi fermé ! Hikari, elle se pinça doucement les lèvres, hésitant à lui avouer l’un de ses plus gros secrets… Mais il lui demanda finalement ce qu’elle faisait de son temps libre. Les joues d’Hikari s’empourprèrent doucement.

*Rien de particulier, je me fais sexuellement maltraiter par plusieurs élèves, et toi ?*

Non, elle ne pouvait clairement pas le dire ainsi ! Elle se pinça doucement les lèvres, et décida d’opter pour autre chose.

« Oh, rien de très inhabituel… Je lis, je regarde des séries… La vie classique d’une professeure bien rangée, bien loin de ma période punk où j’écoutais du death metal. »

Celle-là, Hirotaka ne l’avait sans doute pas vu venir ! Son regard ne mentait pas, et Hikari sourit encore, se mordillant brièvement les lèvres. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, et se livra donc à sa confession :

« Quand j’étais plus jeune, à ma première année de fac’, j’avais besoin de m’affirmer… Je me suis assagie depuis, mais je filais dans les caves et les concerts improvisés sur place. Les Coffins, Babymetal, Crossfaith… Je m’étais même teint les ongles de couleurs différentes, avec des lèvres noires et tout ça… C’était ma période un peu fofolle, mais c’est passé. Enfin… Pas si j’écoute ma mère, qui s’époumone toujours que je ne sois pas mariée. »

Au Japon, c’était très grave ! Ses sorties en punk avaient dû être l’expression de sa révolte contre le système sociétal japonais, ce système qui voulait la caser auprès de quelqu’un qu’elle n’aimerait pas forcément. Mais, finalement, elle avait fini par se ranger, devenant une professeure bien sous tout rapport… Jusqu’à ce qu’elle croise la route de Nanami. Et, maintenant, elle se risquait à un autre tabou avec Hirotaka.

« Enfin, je crois qu’il faudra s’attaquer à tes goûts musicaux, quand même… Parce que bon, la musique classique, c’est gentil deux minutes, mais… »

Elle se pinça brusquement les lèvres, et sourit alors.

« Et si on allait à un cabaret ? Il y en a beaucoup dans le coin ! »

Hirotaka allait vite comprendre que, quand Hikari avait une idée en tête, elle s’y collait vite !

Il était quelqu'un de droit, bien dans ses chaussures sous bien des points. Il avait toujours ce sentiment de culpabilité vis-à-vis de son frère hospitalisé et, même en étant innocent dans cette histoire, il mettait ce mauvais coup du sort sur sa jalousie de l'époque. Mais bon, pensé et une chose et la voir devenir réalité d'une façon brutale, ce n'était pas la même chose. En tout cas, il était bien en compagnie de sa collègue, mangeant doucement ce qui lui était présenté en parlant de tout et de rien, écoutant Hikari pour en apprendre plus sur elle. Des séries, c'est vrai que de nos jours, au Japon comme ailleurs, il y avait de bonnes séries et pour ça, même sans parler forcément histoire, il était plutôt pour. Il avait bien aimé cette série d'enquêtes, Dexter, où un tueur en série nettoyait sa ville des tueurs et autres criminels en liberté à cause d'un vice de procédure ou simplement, car la police ne mettait pas la main dessus alors que pourtant, le tueur était lui-même dans la police ! Mais bon, même en aimant quelques séries, il était loin de ses gens qui se faisaient une place dans un canapé un samedi pour y passer la journée pour se regarder l'intégralité d'une série ou d'une saison sur un coup de tête.

Cependant, il fut très surpris de l'entendre dire avoir eu une période punk. Pour le coup, oui, il était très surpris, il ne l'avait pas vue venir ! On trouvait de tout au Japon, donc des gens habillé de la sorte, pourquoi pas. Personnellement, il ne comprenait pas la mode des Ganguro girl, chacun son truc, mais voir ce genre de fille ultra maquillé... ça le laissait de marbre. Mais là, on parlait de punk donc même sans partir sur le cliché crête colorée et insulte à tout-va, il avait un peu de mal à voir cette demoiselle si gentille habillée de la sorte. C'était... étrange.

« J'ai bien du mal à vous imaginer habillé de la sorte en tout cas. Vous qui semblez si calme et si douce, je vous imagine mal hurler et remuer la tête sur ce genre de musique. »

Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine du coup. Il ne dit rien sur la remarque de sa mère qui se plaignait qu'elle ne soit pas mariée, un classique au Japon. Même lui, c'était le cas, bien que sa mère était moins tatillons là-dessus, surement, car il était un homme et non une femme ? Peut-être un jour Hikari aurait une photo d'elle à cette époque à lui montrer pour qu'il puisse bien l'imaginer ? La jeune femme venait justement se dire qu'un jour, elle devrait lui faire changer de style de musique. Un peu surpris, il levait ses baguettes pour se désigner, comme s'ils étaient plusieurs dans cette conversation.

« Moi ? Ils ont quoi mes goûts ? »

Oui, il n'était pas très ouvert musicalement, mais... bah c'était bien le classique, non ? Lui-même n'avait pas conscience d'être trop coincé. C'est bien d'être droit, mais trop, ça risquait d'avoir un peu de mal par la suite. Mais justement, la jeune femme se voyait aller dans un cabaret ? Le genre d'endroit où il n'avait jamais mis les pieds.

« Ha euh... Cabaret alcool ou cabaret avec spectacle ? »

C'est que ce mot désignait deux endroits, même si les deux pouvaient y servir de l'alcool. Ce ne serait pas vraiment une bonne image de rentrer saoul à l'auberge où ils étaient. Ils devaient montrer l'exemple aux enfants après tout. Hikari se doutait-elle que ça n'allait pas être si simple d'y trimballer Hirotaka dans ce genre d'endroit ? Il avait déjà goûter l'alcool, mais il n'aimait pas vraiment ça, après, il ne voulait pas devenir un boulet pour sa collègue, elle était déjà bien assez gentille pour lui tenir compagnie après tout. Mais il voulait bein la suivre, cela ne serait pas raisonnable de laisser une jeune femme seule dans ce genre d'endroit en plus. Autant prendre son courage à deux mains pour ça, ou du moins, l'envie de partager un peu de temps avec elle.

« Cela dit, sans vous surprendre... je n'ai jamais mis les pieds dans ce genre d'endroit. J'ai déjà bu de l'alcool, mais... jamais dedans quoi. »

Si surprenant ?

Comme quoi, Hikari avait réussi à le surprendre ! Oui, difficile d’imaginer que la jeune femme si douce et si discrète, presque soumise, ait pu un jour être une jeune rebelle qui flirtait avec la scène underground ! Cela n’avait bien sûr pas duré, et Hikari, en grandissant, avait renoncé à cette vie… Pour finalement la retrouver. Peut-être était-ce là la raison pour laquelle elle appréciait Nanami ? Parce que la jeune femme lui rappelait inconsciemment celle qu’elle avait été jadis ? Mais Hirotaka était différent. Lui, elle ne le voyait vraiment pas en bōsōzoku, ces motards rebelles japonais, inspirés des Hells Angels américains.

Hirotaka n’était pas contre le cabaret, mais avoua n’y avoir jamais été. Hikari se releva alors en souriant.

« Alors, la messe est dite, Hirotaka-san, vous aurez au moins fait ça ce soir ! On a qu’à aller jusqu’au premier cabaret qu’on croise. »

Elle savait que leurs élèves pouvaient s’en sortir sans difficultés. Certes, il y avait également Chifumi-sama, mais il devait être dans un sex shop en ce moment, sûrement… Hikari ne s’en faisait pas trop, et descendit donc avec Hirotaka. Ils retournèrent dans la ville, et Hikari se mit donc à la recherche d’un cabaret. Il existait différents types de cabarets au Japon, les plus connus étant les shots clubs, mais ils étaient plutôt réservés aux célibataires. D’un autre côté, une hôtesse permettrait aussi de détendre Hirotaka… Hikari et Hirotaka marchaient donc ensemble, jusqu’à se rapprocher d’un cabaret… Le JeweL Club.

« Allons-là… »

Le JeweL était un très beau club, avec de la moquette rembourrée, d’énormes lustres, et un steward s’occupant d’accueillir les clients.


« Bonsoir. Vous êtes venus à deux ?
-  Oui, nous ne savions pas trop où aller…
-  Il n’y a aucun problème ! »

L’homme leur proposa une hôtesse, Sora. Portant une superbe robe chinoise verte, elle sourit en les voyant.

« Ce n’est pas tous les jours que j’ai un couple à qui tenir compagnie !
-  Euh… On n’est pas… »

Hikari rougit furieusement, et Sora se retourna. La robe moulait joyeusement son fessier

« Vous pouvez m’appeler Sora-chan… Suivez-moi. »

Tandis qu’ils rejoignaient leur table, Hikari se retourna vers Hirotaka, et glissa quelques mots dans le creux de son oreille :

« Tu n’as pas intérêt à regarder ses fesses, chéri ! »

Le moins qu’on puisse dire est que cette soirée était en train de prendre un tournant inattendu…

Cette soirée était spéciale, même cette journée était spéciale ! Enfin, ce dernier ouvrait les yeux et il voyait la beauté de sa collègue. Jusqu'ici, il n'ignorait pas son charme, il passait juste à côté en se concentrant sur autre chose et depuis ce petit incident dans le train, avec ce face-à-face très proche, il avait vue. Hikari était une jolie femme, il pourrait même dire n'avoir jamais ressenti cela pour une fille auparavant. Il avait bien eu une petite amie au lycée et quelque histoire ici et là plus tard, mais ce fut plus de la curiosité qu'autre chose à vrai dire. Entre cette balade, le fait de la voir en yukata – et lui aussi – et cette proposition de continuer la soirée ailleurs, il ne savait pas trop où se placer, mais il ne se sentait pas de dire non à la jeune femme. Alors si elle disait go cabaret, alors let's go. Ensemble, ils partaient donc en quête d'un cabaret, une occasion pour lui de savourer simplement cette balade en charmante compagnie alors qu'ils venaient enfin de voir le premier cabaret sur leur chemin. Et sa première réaction fut quand même l'étonnement, car l'endroit semblait quand même être hors de prix si on s'en fit aux apparences. Cela ne risquait pas de leur coûter un bras ?

« Soit ils ont tout misé sur la décoration, soit je redoute de voir le prix des consommations. »

Non pas qu'il soit vraiment radin, mais faut pas pousser le bouchon trop loin. En s'approchant, un type venait les guider à l'intérieur, les menant à une jeune femme qui semblait devoir leur tenir compagnie, les prenant même pour un couple. Un détail qui gêna un peu Hirotaka, mais n'osait pas trop corriger ce détail qui semblait même amusé sa collègue. Il n'y avait que lui qui était un peu hors propos...

« Ce-ce n'est pas mon genre... »

Genre de femme ou son genre de regarder les femmes comme ça ? Il préférait laisser le doute, dans les deux cas, ça pouvait bien le faire voir auprès d'Hikari. Cela se voyait que c'était la première fois qu'il venait dans ce genre d'endroit, il observait un peu l'ambiance, voyant toutes les tables où, majoritairement, c'étaient des hommes en compagnie d’hôtesse. Il ne pensait pas que fréquenter ce genre d'endroit soit une idée de la demoiselle. Après tout, après avoir appris qu'elle avait eu un passé en tant que fan de musique punk, c'était déjà étonnant. Ce fut à son tour de se pencher vers sa collègue pour lui glisser un mot à son oreille.

« Tu es sûre de vouloir rester ? Je ne vois que des hommes seuls en compagnie d’hôtesse aux tables... ça ira pour toi ? »

Vouloir rester seul ici, ce n'était pas vraiment son but donc on ne pouvait pas dire qu'il cherchait une excuse pour rester en bonne compagnie quoi. Il n'irait pas l'abandonner non plus ici toute seule, il ignorait comment finirait cette soirée, mais là, c'était un tournant pas du tout prévue dans son planning, même avec les imprévues à côté... Si les gens savaient que deux professeurs passaient du temps dans un cabaret, quel scandale... Une fois arrivée à la table, il laissa d'abord Hikari prendre place, il aurait bien laissé Sora en faire de même, mais ce fut lui qui dû s'installer, se retrouvant étrangement entre elles.... On précise qu'il n'était pas à son aise là ?

Hikari constata très vite qu’Hirotaka n’était pas à son aise, surtout qu’il se retrouva entre les deux femmes. Nerveux, il rougissait sur place, inhabituellement raide, s’efforçant de conserver son calme. Quand il avait demandé à Hikari si elle était sûre de rester ici, celle-ci avait hoché la tête, comme pour balayer très rapidement les objections d’Hirotaka. Sora s’assit sur sa droite, et posa rapidement une main sur son genou, se lovant contre lui.

« J’ai rarement des couples ici… Généralement, les clients viennent seuls, qu’ils soient célibataires ou non…
-  Nous… Nous ne sommes pas ensemble, Madame !
-  Oh… Appelez-moi Sora-chan ! Et… Vous n’êtes pas ensemble ? »

Hikari acquiesça. Appeler Sora-chan était toutefois un peu spécial, alors elle se pinça doucement les lèvres.

« Nous… Nous sommes des professeurs venant de Yoake, Sora-chan, qui escortons nos élèves pour une sortie vers les Alpes japonaises. Nous passons une nuit à Kyoto avant de prendre le train demain.
-  Oh… Et vous avez décidé de venir dans un cabaret ?
-  Ben… On ne savait pas vraiment où aller ! »

Le cabaret comprenait aussi un groupe musical, qui chantait sur une scène installée au milieu de la place. Quelques serveurs en costume se déplaçaient entre les tables pour voir ce dont les clients ou les hôtesses avaient besoin. On leur amena ainsi une carte des vins et de ce qui était proposé.

« J’ai entendu parler de Yoake… C’est une ville très attirante, j’y ai même passé plusieurs week-ends avec des amis à l’époque où j’étais plus jeune. Est-ce que tu t’y plais, Hirotaka-chan ? »

Sora lui sourit doucement. Elle était resplendissante, et elle sentait Hirotaka nerveux… Ce qui n’était pas bon pour les affaires ! Ici, les clients devaient être sereins et détendus, alors Sora se pressa davantage contre lui, son opulente poitrine rebondissant moelleusement contre son bras…

Oui, tout cet univers, cet endroit, il était loin, très loin d'être dans son élément. Hikari était peut-être à l'aise, mais lui... il se sentait comme un samurai au service de Nobunaga à cette époque, perdu au milieu de choses qu'il ne comprenait pas. Il ne jugeait pas, il comprenait que certains hommes seuls aiment boire un verre en compagnie d'une jolie femme, c'était un homme lui aussi, il pouvait comprendre ça. Mais allez dans ce genre d'endroit... il commençait à se dire qu'il aurait dû mettre certaines conditions à sa collègue avant de venir ici. Quand elle avait dit cabaret, il avait pensé à une sorte de club de jazz, une musique douce en fond, lumière tamisée et un verre d'alcool pour échanger des choses. Non, là, c'était un environnement assez luxueux, la musique, ça allait, ce n'était pas trop fort ni trop discret, mais clairement... il n'était pas comme un poisson dans l'eau. Hikari précisa rapidement qu'ils n'étaient pas ensemble et vu comme Sora profita de l'occasion pour plus se rapprocher de lui, il aurait préféré confirmer un mensonge, quitte à devoir gérer un quiproquo ensuite. La carte des vins était apportée tandis que sa collègue tentait de clarifier les choses, mais ce ne fit que rapprocher l'hôtesse du pauvre professeur qui détourna le regard vers Hikari plutôt que supporter celui de Sora ou pire... avoir sa poitrine dans sa ligne de mire.

« C'est... c'est une ville plutôt agréable. Y a pas grand-chose à y redire. »

Comme toutes les villes, il y avait des hautes et des bas, mais la ville parfaite n'existait pas. Il n'avait pas grandi à Yoake, mais dans une des villes autour, il avait choisi le poste de professeur à Yoake, car ce n'était pas loin de chez ses parents et bien payé. Après, oui, la ville restait calme, il n'avait pas à s'en plaindre. Il ouvrit la carte des vins, sachant d'avance qu'il n'allait pas boire ou juste un verre, mais à peine ouvert qu'il le tendait à Hikari, cherchant plus ou moins à changer de sujet, espérant voir cette Sora moins collante.

« P-prend ce qui te plaît, je me chargerais de payer la note. »

Même en restant assez proche de ses sous, il n'était pas si pingre et savait faire preuve d'un minimum de galanterie quand même. Mais Hirotaka n'allait pas juste esquiver Sora, il allait quand même échanger avec elle, laissant le temps à Hikari de faire son choix. Bien entendue, il n'allait pas s'aventurer sur un terrain dangereux...

« Et vous, So-Sora-chan, vous aimez cette ville ? Elle dispose de magnifique monuments après tout. »

Noyer le poisson...

Hikari s’amusait joyeusement .Sora-chan était en train de rendre Hirotaka complètement fou ! Il était tendu comme une corde de violon, extrêmement nerveux, le dos raide. Impossible pour lui de dire quoi que ce soit. Hikari avait voulu aller ici pour faire sortir Hirotaka de sa zone de confort… Mais aussi de la sienne ! Elle n’avait jamais été dans un endroit comme ça, mais il fallait admettre que l’endroit était plutôt très agréable. Il y avait de l’argent dans la décoration, tout était fait pour que l’ensemble soit un décor de carte postale, comme une sorte de doucereux conte de fées. Hikari sourit donc, et Hirotaka tenta de noyer le poisson, en évoquant Kyoto et les monuments. Pour autant, Sora-chan restait lovée contre lui, et acquiesça doucement.

« Oh, oui… Plus qu’à Yoake, la ville a été épargnée, contrairement à Yoake… Mais vous n’êtes pas venus ici pour parler monuments, non ?
-  Nous voulions juste voir à quoi ça ressemblait… J’ai toujours entendu parler de ces cabarets, mais je n’ai jamais eu la chance d’y aller !
-  Oh, Yoake a plusieurs cabarets, pourtant… Plutôt bien réputés, même ! »

Hikari se pinça les lèvres.

« Vous… Tu y as déjà été ?
-  Hm-hm… Lors de ces weeks-ends. C’était… Très différent de ce qu’on fait à Kyoto. »

La jeune professeur était plus ou moins sûre qu’il devait y avoir, dans les cabarets yoakïtes, un deuxième volet sexuel, qu’on ne trouvait pas forcément ici. Elle se lova à son tour contre Hirotaka, jouant ainsi le jeu de Sora-chan, et posa sa main à l’emplacement du cœur d’Hirotaka, qu’elle sentit battre furieusement. S’il était possible de se raidir encore plus, Hirotaka se durcit sur place, s’immobilisant. Une véritable statue ! Hikari s’amusait, se laissant peu à peu aller.

« Et bien, il faudra qu’on essaie ça quand on reviendra, n’est-ce pas, Hirotaka-chan ? »

Elle s’amusait doucement, et on amena alors la bouteille. Le serveur leur présenta une bouteille française. Du vin Malbec, un délicieux rouge. Le serveur remplit trois verres, et Sora-chan en tendit chacun à Hikari et à Hirotaka, puis trinqua avec eux.

« À Kyoto ! »

Ils trinquèrent… Et Sora-chan embrassa ensuite doucement Hirotaka sur la joue.

De quoi lui faire provoquer une crise cardiaque !

Ce n'était absolument pas son élément, il s'attendait à autre chose, avait dit oui pour faire plaisir et passer du temps avec sa collègue, le voilà dans ce traquenard. Hirotaka allait tout faire pour passer cette rude épreuve, mais comme ça venait tout juste de commencer, il risquait de trouver de le temps long quand même. Offrant la carte des vins à Hikari, il tentait de basculer sur autre chose avec Sora pour ne pas rentrer dans son petit jeu, mais ça allait que peu d'effet. Ça aurait été trop beau que Sora aime les vieux monuments et passe sur un autre sujet où il aurait totalement l'avantage à parler sans crainte, évidemment. Mais la conversation revenait sur les cabarets, les deux jeunes femmes en parlaient et Sora semblait connaître son sujet alors que Hikari se passait à son tour contre lui, laissant sa main près de son cœur en le taquinant. Une chance qu'il savait se contrôler et n'avait pas un début d'érection, ça aurait été tellement... gênant. Même s'il se sentait encore plus droit et plus raide qu'un long katana, c'était les bombardements de son cœur qu'il entendait résonner dans sa tête !

Le vin arriva et vu la provenance, Hirotaka risquait d'avoir une surprise en voyant la note arrivée, mais ce sera pour plus tard. Il n'était pas un grand amateur de boisson alcoolisée, mais il devrait supporter un verre... il l'a payé cette bouteille après tout donc, autant en profiter un minimum. Il bu deux gorgées avant de sentir Sora se presser contre lui pour lui baiser la joue. C'était maladroit, mais il eut un geste de recul sur le côté, bousculant Hikari qui n'avait rien renversé, heureusement. Bonne descente ou verre sur la table, il n'avait pas fait gaffe. Il était penché au-dessus d'elle, les bras tendus sur le canapé alors qu'il bafouillait d'excuse face à cette situation. Une situation déjà vécu ce matin dans le train, dans une ambiance plus calme. C'était à ce moment qu'il avait ouvert les yeux sur le charme naturel de sa collègue, mais là, maintenant qu'il le fait déjà, ce n'était plus pareil. Cela en était presque comique.

« Ha, je p-pardon, Hi-Hikari-san, c'est que je, enfin, c'était pas volontaire, mais... pa-pardonnez-moi... »

Disant cela, ses lunettes glissaient le long de son nez, tombant sur elle. Nifuji était plutôt bel homme sans ses lunettes, mais il avait un gros défaut, il était myope comme une taupe sans ça. Si bien que toute la gêne de son visage se dissipât presque aussitôt tant il plissait les yeux pour tenter d'y voir plus clair. Vu la situation, Hikari n'allait pas s'échapper sans qu'il ne s'en aperçoive, mais... passer du net au flou comme ça, c'était perturbant.

« Pou-pourrais-tu me redonner mes lunettes, s'il te plaît ? »

Après tout, il risquait de poser la main à un endroit pas approprié, même dans un endroit pareil. Autant éviter les accidents après tout, même si cela avait un petit côté gaguesque. Les deux professeurs qui se fixaient l'un l'autre, dans un autre décor, ça aurait pu presque devenir romantique quand même. Mais pour le coup, il en avait oublié Sora, son petit bisou, tout ça. Il savait que tout cela allait vite revenir, mais l'espace de quelques secondes, il avait laissé tout cela de côté, se concentrant pour voir le plus clairement ce qui se passait.

Quand Sora-chan embrassa Hirotaka sur la joue, ce fut le coup de grâce de trop ! Le jeune professeur sursauta et poussa alors Hikari en tombant sur elle. Ils basculèrent tous les deux sur la banquette, Hikari se retrouvant sous Hirotaka, et vit ses lunettes glisser hors de son visage, tombant sur sa poitrine, rebondissant brièvement dessus.

« Hîî ! » sursauta-telle, surprise.

Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, et Hirotaka, nerveux, se releva alors, s’excusant de cela. Hikari eut toutefois le temps d’observer à loisir son beau visage et ses yeux bleus. Il était nerveux, déstabilisé par cette hôtesse un peu trop collante. Hikari ne savait alors pas trop si elle devait lui en vouloir ou non, car elle trouvait vraiment Sora-chan un peu trop familière avec Hirotaka-chan… Ce qui l’étonnait un peu. Elle avait ressenti une once de jalousie quand Sora-chan l’avait embrassé sur la joue, ce qui la fit rougir doucement. Là, instinctivement, en voyant Hirotaka-chan si près d’elle, elle avait juste envie de…

*Embrasse-moi !* songea-t-elle.

Mais Hirotaka n’en fit rien. S’il était gêné, c’est parce qu’il avait perdu ses lunettes, et Hikari cligna des yeux, avant de se rappeler que ses lunettes étaient tombées sur elle, contre sa poitrine.

« Oh… Ce… Ce n’est rien, Hirotaka-san. »

Sora-chan restait encore à côté, et Hikari se releva alors. Elle se rassit tranquillement, et glissa ses lunettes contre ses seins, les enfonçant doucement dans le renflement de ses seins. Une petite idée venait de germer dans son esprit, ce qui la fit rougir, et elle se pinça brièvement les lèvres. Hikari n’avait pas forcément une très grosse poitrine, mais elle avait tout de même des seins suffisamment formés pour contenir la paire de lunettes de son collègue et ami…

Elle sourit donc, malicieusement, en croisant le regard d’Hirotaka.

« Et bien, c’est à toi de récupérer tes lunettes, Hirotaka-san… Je pourrais te dire où elles sont, mais tu n’as qu’à inspecter ! Si tu veux un indice… Elles sont sur mon corps ! »

Hikari venait de lâcher ça spontanément, bien consciente du caractère tendancieux d’une telle proposition… Ce qui ne faisait que l’exciter follement, à vrai dire !

Une maladresse qui aurait sa place dans un drama à l'eau de rose dont Nifuji serait le héros. Mais c'était bien la réalité. Au-dessus de sa collègue, sans ses lunettes, il était aussi myope qu'une taupe. Il voyait une forme, des couleurs, c'est tout. Cela pouvait très bien être Hikari ou quelqu'un d'autres, il ne pourrait pas faire la différence, mais à moins de se téléporter, c'était bien Hikari qui lui faisait face. La jeune femme avait ses lunettes, ne comptant pas lui rendre, pas si facilement, elle se redressa, lui aussi, alors qu'elle lui proposait de les lui reprendre, sur elle. Sur elle ? Même un être aussi innocent et incrédule que lui comprenait qu'il pouvait y avoir un certain enjeu, mais... Non, elle n'était pas comme ça... Les yeux toujours plissés sur elle, il bégaya légèrement avant de se reprendre en levant ses mains vers qui s'apparentait à son visage.

« C'est... délicat comme demande mais... soit. Je m'excuse d'avance. »

En douceur, ses mains se posèrent sur le haut de sa tête, glissant le long de ses cheveux si doux, il ne l'avait jamais touché. Au mieux, ils se sont touché les mains en se donnant des choses mais à part ses mains, il ne l'avait jamais touché donc, posé sur ses mains sur ses cheveux, c'était un pas de géant ! Il arriva à toucher du bout des doigts les lunettes de sa collègue, dans le doute, il suivait cette piste, il n'y avait qu'une seule paire, les branches étaient plus vite, la forme des verres un peu différente des siennes, ce n'était pas si évident. Il aurait pu passer à la seconde partie de son corps, mais dans le doute de ce jeu, il se disait qu'elle pouvait les tenir avec ses lèvres. Cette idée le faisait déjà rougir... Une seule de ses mains glissa sur sa joue, elle aussi si douce, plus il se rapprochait de ses lèvres, plus il effleurait cette peau plutôt que la toucher. Du bout de l'index, il glissa sous sa lèvre inférieure, même sans voir son visage, il l'imaginait gêner.

« P-pardon, Harigato-san... »

Reposant sa main au niveau de l'épaule, comme son autre main, il glissa le long, suivant la forme de son bras pour arrivée dans ses mains où là, il la touchait sans lui donner quelque chose, prendre ou autre. C'était juste de petites mains douces et délicates qu'il ne distinguait pas. Il pouvait sûrement les cacher dans les siennes, mais ne distinguant pas par leurs formes, il disait cela de mémoire. Il lui avait déjà touché le visage, ce qui était assez intime, le yukata n'ayant pas de poche, il restait peu de possibilité, mais ses mains glissèrent sur son obi, là aussi, rien d’accrocher. Il restait peu de possibilités. Il glissa ses mains plus basses, légèrement nerveuses, il n'y avait rien pour les attacher au niveau des jambes donc comme elle a dit « sur elle », il tapota légèrement avec sa main sur ses cuisses, comme pour toucher un mur avec écrit « peinture fraîche », il voulait sentir du bout de la peau, s'il sentait ses lunettes dessus. Faisant le chemin inverse, il remonta des mains à ses épaules en arrivant au niveau de son cou, où, il ravala sa salive, ayant soudainement un peu chaud. Comme pour son visage, le bout de ses doigts glissa le long du tissu, mais en touchant ainsi, il passa devant dans le remarquer. Le pire étant que même si ça pouvait être un jeu, une invitation d'Hikari, il ne pouvait le savoir sans voir son visage. Il remonta le long de cette ligne, appuyant un peu plus, sentant enfin quelque chose de solide et compacte. Il relevait les yeux vers elle, qui pourrait grimacer ou avoir le visage le plus drôle du monde, il ne verrait rien sur le coup.

« Ha-Harigato-san, vous... vous les cacher i... ici ? »

Les repérer était une chose, y glisser la main était une autre chose qu'il n'osait pas faire... Et s'il avait tort ? Si elle avait mis son portable ici pour brouiller les pistes ? Hikari n'était pas comme ça, mais il ne voudrait pas passer pour un pervers ou autres... Soit elle devait lui dire clairement qu'il pouvait, soit elle devait lui glisser sa main dans cet endroit intime pour l'inviter...

Hikari commença à frissonner quand Hirotaka se rapprocha. Lorsqu’il toucha ses cheveux, elle se mit à doucement rougir, et se pinça les lèvres, retenant son souffle, sentant ensuite les mains de l’homme commencer à glisser sur elle. Il était aussi nerveux qu’elle, mais ne semblait rien voir de précis. Il devait être sacrément myope ! Hikari aurait dû lui redonner ses lunettes, mais… Quand elle y avait songé, une petite voix en elle avait brusquement jailli, lui disant de ne surtout pas le faire, et de jouer avec lui.

« Hi-Hirotaka-kun… »

Elle soupira en sentant les doigts d’Hirotaka longer ses lèvres, et il descendit ensuite sur ses bras, cherchant ses fameuses lunettes. C’était cruel ! Elle l’empêchait de voir ! Mais, en même temps, par ce biais, il la palpait… Alors, c’était finalement pour le bien des deux, non ? En tout cas, Hikari aimait bien ça. Elle frémit un peu, sentant l’homme tourner tout autour de sa poitrine. Quand il commença à palper le haut de ses jambes, elle sentit les cheveux d’Hirotaka près de ses seins, et se pinça les lèvres en sentant une petite douleur dans ses seins. Ses tétons étaient devenus plus durs, et elle rougit encore, détournant la tête.

Son regard croisa celui de Sora-chan, qui lui fit un clin d’œil, tandis qu’Hirotaka commençait à comprendre que ses lunettes se trouvaient contre les seins d’Hikari. L’intéressée se pinça les lèvres quand Hirotaka-kun bredouilla en se demandant si elles étaient ici.

« Je ne les cache pas, Hirotaka-kun, elles sont tombées là ! Je pense que mes seins les ont empêchés de se casser sur le sol… Mais je n’ose pas les toucher, je pourrais les salir avec mes doigts ! »

C’était là une belle excuse ! Hirotaka allait toutefois devoir s’attaquer à cette zone, et Hikari se rapprocha.

« Je crois que vous pouvez les attraper… »

Est-ce qu’il sentirait les tétons durcis d’Hikari ? Elle, elle déplaçait sa cuisse, et la glissa entre les jambes d’Hirotaka, venant frotter la zone de son pantalon située contre le sexe du professeur… Et rougit doucement en remuant doucement sa cuisse, l’air de rien, contre son sexe…