The Multiversity

[Marishka Auschwitz]

NON. Non non non ! Elle était MORTE ! Bordel, elle a entendu sa nuque craquer. Son bras arraché de son torse. Alors COMMENT ?! Pourquoi ? QUE…

*Je ne vais pas crever comme ça. Je me l’interdis ! *

Mais sa formidable armure de Gris est devenu une prison. Son rire s’est tari alors qu’elle s’étouffe… seule. Elle ne veut pas mourir ! Crever la fait pleurer. Elle ne veut pas mourir de cette façon. Pas maintenant. Pas alors qu’elle avait une maison. Qu’elle avait…

///…toi !\\\

Voilà, c’est indéniable. Le manque d’oxygène au cerveau commence à provoquer des hallucinations. Les espèces d’étoiles, ça, ça ne l’avait pas surpris. Ce n’est pas la première fois qu’elle outrepasse ses limites pour voir le manque d’énergie sur sa vision. Mais les voix ? Ca, c’est nouveau.

///Réveille… \\\

Marischka lutte. Son esprit refuse de retirer son pouvoir. D’abord parce qu’elle serait à nu. Se serait véritablement, réellement abdiquer. Garder son pouvoir en place malgré la douleur est gagner du temps. En gagnant du temps, une possibilité peut naître. Combien de fois a-t-elle échappé à la mort grâce à un événement improbable ? Grâce à une opportunité saisie avec l’énergie du désespoir ?

Une présence se manifeste dans le dos de Marischka. Une silhouette éthérée. C’est relativement informe et ça sent la vieille végétation. Elle n’est pas suffisament ancrée pour agir. Elle n’a pas de corps, pas plus de sens du toucher. Elle est incapable d’attaquer la demi déesse. Pas plus qu’elle est capable de sauver Marischka de l’étouffement. Mais elle peut parler. Et pas seulement dans la tête de Marischka. Dans celle de Shayne également.

///Tu outrepasses… \\\

Seulement, elle n’arrive pas à terminer ses phrases. C’est déjà un exploit pour le Vert de réussir à se montrer autant malgré les barrières qui emprisonne Alma dans ce rêve.

///Nous ne te laisserons pas… \\\

Le Vert ne changera pas l’issue de la bataille. Quant à Marischka, qui marche sur le fil si fragile qui enjambe la rive de la vie de celle de la mort : elle ne comprendra pas cette intervention. Ce ne sont que des hallucinations auditives. Alors, elle va lutter. Jusqu’au bout. Elle ne se prosternera pas Elle ne rampera ! Mieux vaut s’étouffer…

*Je ne vais pas crever. Je ne… vais pas… cre… v…*

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Je regarde Marishka perdre connaissance. Je ne vais pas la tuer, évidemment. Mais certaines personnes n’apprennent que quand la mort vient de leur caresser la joue et qu’elles réalisent ô combien elles ont failli y rester. Marishka est habitué à la chaine alimentaire et à l’ordre hiérarchique. Alors me voilà tout au sommet et elle bien en dessous de moi. Un mal nécessaire mais… Voilà. C’est fait. La leçon devrait être retenue et… QUOI? Ma télépathe m’informe qu’une autre présence psychique s’est encore manifestée. Donc si elle est proche de la perte de conscience, la saloperie qu’elle s’est faite greffer réussi à lui parler? Là c’est décidé. Fini de jouer. Je vais la couper du vert pour un moment. Concentrons-nous un instant sur ce qui se passe dans le monde réel. Car après tout, Marishka est inconsciente, en ce moment, dans ce rêve plus vrai que vrai.

Avec l’essor du tourisme spatial, avoir de quoi envoyer quelque chose en orbite est moins… Inaccessible… Qu’avant. Alors à la question « est-ce que dans les multiples choses que je contrôle, directement et indirectement, je peux envoyer quelqu’un dans l’espace », la réponse est oui. Est-ce que j’ai quelque part là-haut un vaisseau, une station spatiale, quelque chose? La réponse est également oui. Là vous allez me dire : comment c’est possible? Puis-je vous rappeler que je peux aller là où va ma créatrice? Que mon généreux mécène m’a permis d’obtenir des ressources que je ne suspectais pas avoir? D’atteindre des sommets que je n’aurais jamais considéré? Alors oui. C’est dangereux. Techniquement. Alma n’a aucun entrainement d’astronaute et elle n’a jamais quitté la Terre. Et j’entends la planète, pas forcément son monde ou le nôtre. Le vert ne connait pas ma détermination.

Quel genre de personne claque plusieurs milliers de dollars pour s’envoyer elle, sa fille adoptive et deux caissons de simulation virtuelle dans l’espace? Moi. Je ne vais laisser PERSONNE interférer. PERSONNE. J’ai une chance de voir un futur où j’ai fait les choses correctement. Une chance pour une sorte de… Rédemption. Je sacrifierai autant qu’il faudra pour voir si ultimement, je peux réussir dans ce qui est probablement la plus grande insanité jamais vécue par ma personne. C’est irresponsable. Stupide. Probablement perdu d’avance. Mais je vais le faire quand même. Et si je dois être jugée, condamnée par Alma pour avoir voulu lui offrir un meilleur futur, soit. Mais je refuse de rester les bras croisés sans essayer. Je refuse de juste accepter qu’Alma a fait quelque chose d’aussi stupide par ma faute et que je vais juste la laisser faire. Je refuse de laisser ce PARASITE la contrôler.

Alors dans le monde réel, des mesures sont prises pour isoler Alma au maximum du vert. Là où nous allons, à part ce bras maudit, elle n’a AUCUNE autre connexion au vert. Et je dis à cette abomination végétale, car moi j’ai dû être réveillée pour tout gérer, que si elle tente encore d’interférer, je l’amputerai et la brûlerait sans une seconde d’hésitation. Vous n’avez AUCUNE idée de ce que je suis prête à faire pour ma fille adoptive. AUCUNE. Ne me testez pas, vous le regretteriez amèrement. Ces précautions supplémentaires prises, je retourne dans la simulation, un peu avant que Marishka reprenne conscience dans « son » lit, avec moi à son chevet. Ce qui veut dire que contrairement aux autres dans sa vie, même si elle m’a déçu, même si elle a triché, je ne l’ai pas abandonné. Je suis là pour elle. Comme une vraie mère adoptive. Elle a fauté. Et? La perfection n’est pas attendue d’elle.

« Te revoilà parmi nous. Je mangerais bien un morceau, pas toi? »

[Marishka Auschwitz]

Le Vert doit s’incliner face au Chaos. Tout là-haut dans les étoiles, il est faible. Il n’a jamais été aussi faible avec Marischka (et Alma) qu’à cet instant. Mais attention, le Vert n’a pas été complètement oblitéré. Après tout, non loin du vaisseau de Shayne se trouve l’ISS : la Station Spatiale Internationale. A borde, de nombreux scientifiques procèdent à des expériences. Et parmi elles, certaines sont connectées. Donc le Vert peut (sur)vivre dans l’espace.

Qui plus est, le Vert était déjà dans l’organisme de Marischka avant ce pacte qui lui a fait perdre définitivement son bras humain. Il y a toujours eu du Vert en elle pour pouvoir déployer ses tentacules à tout moment. Seulement, l’emprise du Vert n’était pas le parasite tout-puissant que voit maintenant Shayne. Mais il a toujours été là. Marischka n’a jamais supporté l’échec de ces premières utilisations de son pouvoir. Le lancer loin d’elle et en souffrir… Non, tout doit être connecté à elle. Tout doit être sous son contrôle. Plus jamais perdre…

Et elle se réveille. Et elle est là. Et elle sort une telle banalité que la veine à sa tempe revient déjà palpiter. Mais son corps lui parle. Elle doit décrypter les signaux. Savoir si elle est en état de se battre. Ou de fuir. Elle se sent… étrangement bien. Cocooné est le mot qui lui vient à l’esprit. Elle se trouve dans cet immense lit. Trop grand. Elle est déjà sortie de ce lit la nuit pour finir sur le canapé. Et… oui, donc cette douceur au réveil est étrange. Découvrir quelqu’un qui la surveillait. (la veillait ?) ajoute une seconde couche d’étrangeté. Et ce n’est pas tout.

*J’ai l’impression de ne plus sentir mon bras… *

Mais elle peut prendre appui dessus et quitte la position allongée pour s’adosser à la tête de lit.

*Peut-être que c’est la proximité avec la carrière. Je n’ai jamais ressenti le Vert si faible et le gris si important. Peut-être que je dois complètement changer de stratégie ? *

Les doutes. Le psychotage. La colère. Tout cela ramené avec les souvenirs. Ils affluent et lui rejoue le film de sa défaite. Et pas une seule fois. Plusieurs. Le poids de sa chute inévitable. L’impossibilité de respirer. Des visions étranges et des hallucinations auditives…

« Le frigo est rempli… »

Le retour de l’enfant qui boude. Grognon. Ronchon. Toutefois, Marischka n’ait pas allé envoyer paitre Shayne. Mieux, elle lui a répondu. Disons même qu’elle lui a « gentiment proposé d’aller manger chez elle dans ses propres provisions ». Oui, Marischka est possessive. Trop d’égo. Blablabla. Bref, rien de nouveau sous le soleil.

« Je… je ne comprends pas. Je me souviens du bruit de tes os. Je me souviens du bras détaché de ton corps. Et… je me souviens de combien mon indestructible armure est devenu ma Vierge de Fer… »

Il n’y a pas de question au final. Au début, Marischka voulait demander si Shayne avait vraiment une forme. Donc quelque chose qu’elle puisse détruire un jour ou l’autre. Mais elle finit par repenser à son supplice. A la… mauvaise ? utilisation de ses pouvoirs. Elle n’en sait rien. Elle ne sait même plus si elle lui en veut vraiment tellement elle s’en veut elle d’avoir… Putain ! d’avoir ENCORE perdu…

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Et au risque de me répéter, jeune mortelle, c’est une demi-déesse que tu as affronté. Tes chances de victoire étaient de zéro en commençant. Mais bon. Tu avais besoin d’une leçon d’humilité et c’est ce que tu as eu. On apprend toujours davantage dans la défaite que la victoire. Je parle par expérience, si tu te poses la question. Et puis bon, ce n’est pas ta faute. Tu penses avec des concepts humains, après tout.

Et avant que tu te fâches, ce n’est ni réducteur ni condescendant, c’est juste un fait. Si je te dis que le ciel est bleu et qu’il est bleu, même si tu n’aimes pas cette couleur, cela ne va strictement rien y changer. C’est le même principe ici. Mais assez parlé. Je vais nous faire à manger. Je parie que ta mère biologique n’a pas dû souvent te préparer à manger. Quelle mère adoptive ne ferait pas la cuisine pour sa fille adoptive, je te le demande… »

Qu’elle rumine ce qu’elle veut, ça la regarde. Moi je vais à la cuisine et je commence à préparer le repas. Et bien vite, de délicieuses odeurs assaillent les narines de Marishka, faisant gargouiller son ventre et la faisant saliver. Pour Alma, et on le comprend, manger a toujours été répondre à un impératif biologique. Elle n’a pas dû y prendre plaisir souvent… Pour ne pas dire jamais. Mais là, je vais lui faire découvrir quelque chose de différent. Une expérience culinaire, une vraie. Où manger devient bien plus que justement, remplir une simple fonction biologique. Je suis sa mère adoptive. Pourquoi je ne lui préparerais pas un bon repas. Rappelez-vous. Marishka est plus proche de la bête sauvage que de l’humaine. Faites le test. Donnez à un chien ces immondes croquettes sèches et donnez-lui ensuite un bon steak saignant. Il vous montrera de la gratitude. C’est instinctif.

Même si elle a envie de faire la forte tête, elle ne pourra pas résister à au minimum un merci sincère. Je vous le dis, c’est limite génétiquement programmé dans les êtres vivants. Bonne bouffe veut systématiquement dire changement d’attitude. Il faut que j’arrête de considérer Marishka d’un point de vue rationnel. Il faut que je la vois comme ce qu’elle est. Une bête sauvage trop souvent blessée qui tente de mordre tout ce qui s’approche d’elle. Triste, vraiment, quand on y pense… Mais je finirai par la… Domestiquer. C’est une question de temps, d’efforts et d’énergie. Tout simplement. Et c’est précisément ce que je suis en train de dépenser ici pour, encore une fois, préparer le terrain pour mon retour dans le temps, si c’est l’option qui s’avère idéale. Oh je sais ce que vous allez dire. Mais enfin, Shayne, ça vire à l’obsession, ton truc… Oui bien gardez vos commentaires!

Je n’ai pas à justifier mes actes à des mortels incapables de les comprendre pour commencer! BREF. J’ai préparé quelque chose de simple. Enfin. Relativement simple. Poulet général tao avec du riz et des légumes sautés. Une bonne petite soupe en entrée. Et pour dessert, pour garder cela léger, sorbet à la pêche. Oui bon je n’ai pas dit que je restais cinq minutes dans la cuisine non plus! Vous mettez le temps que vous voulez, de toute façon, Marishka ne risque pas de faire grand-chose d’autre que de bougonner parce qu’elle est incapable de voir plus loin que sa défaite. Éventuellement, comme Alma avant elle, elle sera capable de voir la vue d’ensemble. Juste… Pas maintenant. Frustrant. Mais inévitable. Son évolution ne va pas non plus se faire instantanément. Il faut du temps. Toujours du temps. Sinon vous allez définitivement le regretter amèrement de précipiter les choses…

[Marishka Auschwitz]

Cette pseudo-mère est quand même sacrément bizarre. Elle lui colle une raclée. Elle l’attend patiemment le temps qu’elle se réveille. Puis elle lui parle comme si elle se connaissait depuis que Marischka est toute petite. Ne pas s’énerver, gnagnagna. L’autre aussi a perdu plein de fois, donc c’est normal, gnagnagna. Et voilà qu’elle cause du temps. Et qu’elle va aller faire à manger. Que des petits sujets inutiles. Marischka n’a pas du tout envie de participer à la conversation si c’est pour dire des banalités.

Alors… oui, elle va bouder dans son coin pendant que la demi déesse passe le tablier et s’occupe du repas à venir.

Combien de fois a-t-elle pu se lever ? Combien de fois a-t-elle tourné en rond dans sa chambre ? Qui plus est sans jamais passer la porte pour aller voir ailleurs. Et pour revenir inévitablement par revenir s’asseoir sur son matelas confortable. Marischka ne sait plus comment réagir au cours des événements. Elle se fait tabasser. On ne la condamne pas à mort ou à l’esclavage. On lui dit qu’elle agit comme une déité qui chute mais qui doit continuer à se relever. Et puis, et puis…

*J’ai faim ! *

Ca sent bon. Mais elle n’ose pas y aller. Y aller serait… perdre ? Elle enrage toute seule. Elle ne se comprend pas même pas elle-même. Elle a faim mais elle a trop d’égo. Ce devrait être l’estomac le plus puissant, pas le cerveau. Alors Marischka s’énerve toute seule à ressasser sa défaite et à lutter alors qu’elle a un point de bave à la commissure.

*Et puis fait chier ! *

Elle parvient à mettre de côté son égo. Elle rue vers la cuisine. Les odeurs sont tellement délicieuses. Son estomac n’y résiste pas et grogne tel le cri d’un ogre. Elle s’attable et… tape du pied. Son passif voudrait qu’elle se serve, qu’elle vole avant que la nourriture disparaisse. Ou qu’elle devienne froide. Il y a encore trois jours, c’est ce qu’elle aurait fait. Mais depuis… depuis, cette foutue déesse lui a infligé de terribles leçons. Son esprit est modelé. Et elle ne se l’avouera pas à elle-même. Alors quoi ? Comme un bon chienchien, elle va attendre que sa nouvelle maîtresse lui donne l’autorisation de manger. Marischka grince des dents. Elle salive. Elle a faim et ça s’entend. Mais quelque chose la retient de se jeter sur la nourriture. Et elle se persuade que c’est à cause des pouvoirs de l’autre. Que ce n’est pas une forme de bien-vivre mais bien la peur de voir la matériakinésie transformer le copieux repas en énervants confettis.

*Par contre, je ne vais pas m’abaisser à lui demander quoi que ce soit. Elle peut se le carrer où je le pense. Grr… *

Et cet estomac qui continue de la trahir en grondant…

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Qu’est-ce que tu attends? Manges, tu as faim », que je lui dis avant de rajouter un « bon appétit ». Ah Marishka, Marishka, Marishka… Ton égo, un jour, sera ta perte. Autant je veux bien admettre mes torts, autant tu as une part de responsabilité, toi aussi, dans ce qui s’est passé récemment. Dans cette séquence d’événements que je tente de changer. En faisant les choses différemment, peut-être qu’il ne sera plus un obstacle. Si j’arrive à cultiver une vraie loyauté chez toi… Mais chaque chose en son temps. Chaque chose en son temps. Là, j’essaie d’apprivoiser la bête sauvage en passant par son estomac. Une tactique simple mais qui a fait ses preuves. Marishka est quelqu’un de simple alors allons-y simplement. Et graduellement, on pourra rendre les choses un peu plus complexes. Oh j’ai appris de mes erreurs. On pourrait penser que non… Mais oui. Définitivement.

Je n’aurais jamais dû lui « donner » Liliane. Ce qui a nécessité de rajouter Abigail. Et j’aurais dû exécuter Giana pour éviter une interférence extérieure. Ou l’utiliser pour autre chose. Mais certainement pas en constant contact avec Alma. Quant à Verena… Elle aussi est venue comme une mesure corrective. Non. Ce dont elle a vraiment besoin, c’est de l’amour d’une mère pour faire naitre chez elle un féroce sentiment de loyauté. La modeler en une fille adoptive qui ferait tout, absolument tout, pour l’affection de sa maman adorée. Et elle a besoin de La Bête. Pour le sexe. Pour la violence. Pour le Rouge. Oui. Dresser, apprivoiser, Marishka. Faire de cet animal sauvage et grognon une bête de guerre prête à éliminer mes ennemis, les obstacles à mes plans. Oh l’amour sera sincère et ce que je lui donne on ne peut plus vrai. Je ne vais pas mentir, encore moins tricher là-dessus, non.

Mais je crains que jamais Marishka ne sera vraiment en mesure de changer sa nature profonde. Enfin. Dans quelques décennies peut-être mais… Voilà. Sur le court terme, je devrai me contenter de ce que je peux avoir. Et en ce moment, hélas, ce n’est pas grand-chose. Au moins, en changeant d’apparence, elle semble plus réceptive à ce que je tente de faire. En correspondant davantage à ce qu’elle veut, à ce qui représente la puissance pour elle, cela aide grandement. Peut-être que je devrais considérer ce changement comme permanent, en ce qui concerne notre relation. La garder nourrie, logée et sans être dans le besoin est facile. Ce sont des choses matérielles et je n’en manque pas. C’est contrôler la direction que va, doit prendre les choses qui est infiniment plus complexe. Mais en même temps je savais que ce serait inévitable. Ce n’est définitivement pas une surprise.

Donc je la laisse manger. Je la laisse ruminer ses pensées. Je la laisse clairement mariner dans son jus. Subtilement, ma télépathe met des images de Poison Ivy dans la tête de Marishka. Pour lui faire voir la nette différence entre cette femme qui lui a donné naissance sans jamais s’occuper d’elle et cette « étrangère » qui lui offre tout ce dont elle a toujours rêvé, comme un bon parent le ferait. Enfin. Dans l’idéal « simple » d’Alma. Protection, nourriture. Besoins de base comblés… Si Marishka est un animal sauvage, je suis comme la cheffe de meute.  Je dois être forte et je dois être capable de fournir aux membres de ma meute. Si je reste là sans rien faire à attendre qu’on fasse pour moi, cela ne fait qu’encourager les membres de la meute à me défier. Et j’ai bien plus envie de l’adulation voire du fanatisme de Marishka que de la voir constamment tenter d’usurper ma place…

[Marishka Auschwitz]

Top départ ! Le signal a été lancé. A partir de cet instant, c’est la course et c’est la guerre. Autant, la soupe en entrée, elle en a balancé dans son assiette creuse parce que c’était le premier truc sur la table. Et parce que, pour une sorte d’alimentation de vieux tout moisi sans dents, ça sentait quand même drôlement bon. Un cul-sec plus tard et une absence de remerciement ou de félicitations : Marischka attaque le vrai plat.

*Qu’est-ce que tu fous là, toi ? Fiche le camp ! *

Pourquoi repenser à la nana dont son seul vrai travail pour elle a été de la porter neuf mois dans son ventre ? Pourquoi repenser à Poison Ivy alors qu’elle commence à peine à se faire exploser le bide ? Il faut dire que les grosses louches de riz au poulet ont fait des ravages. Il y a des grains de riz et des tâches de sauce partout entre le plat et l’assiette. Bref, concernant Poison Ivy.

*Maintenant que j’y repense, ça devait forcément être un truc égoïste. Soit c’était un truc de fric, soit c’était un truc de fétichiste. Ou peut-être même une sorte d’opération marketing pour redorer sa réputation auprès du public. Cette salle traînée ! *

Elle n’en dévore que plus son poulet en repensant à sa mère biologique et en observant sa mère adoptive. Cette mère au look badass et aux muscles saillants. Cette mère capable de cuisiner de la bouffe en quantité et en saveur. Pourquoi est-ce qu’elle ne l’a pas eu, elle, depuis le départ ? Bordel !

Un terrible rot sonore vient annoncer la fin du repas pour Marischka. Une sorte de remerciement muet de la part de son estomac trop rempli. Marischka le sait. Elle a trop abusé. Mais elle ne va pas avoir à passer son temps à surveiller les environs, à trouver une autre planque ou à se battre. Et… bizarrement, elle s’en rend compte. Elle a abaissé des barrières. Certes, ça semble débile pour un repas. Mais c’est bel et bien une réalité.

« Tu devrais venir plus souvent. Et tu… »

Elle ferme sa gueule. Marischka a senti qu’elle allait faire dans la provocation gratuite. Elle était prête à dire à sa nouvelle mère qu’elle allait aussi pouvoir faire la vaisselle.

« C’était bon. C’était meilleur que les plats dans le frigo à réchauffer. Ouais, j’ai le ventre carrément prêt à péter, là. »

Et donc, une forme de remerciement indirect. Et maintenant quoi. Maintenant qu’elle n’est plus toute seule, Marischka réalise à nouveau à quel point être avec quelqu’un d’autre est une chaîne. Une contrainte qui l’oblige à trouver quoi dire, quoi faire, comment réagir avec une autre. Et le pire ? Elle n’en a foutrement aucune idée. Elle est même en train de se dire qu’elle pourrait aller faire elle-même la vaisselle pour être dans l’action et non plus dans la réflexion.

« Est-ce qu’on va devoir se remettre sur la gueule maintenant que j’ai fini de manger ? Je veux dire. On s’est bien bastonné dans la carrière. Puis on a bien mangé. Deux activités qui me parlent pas mal. Donc je me disais, maintenant qu’on a repris des forces, je suppose qu’on va pouvoir s’engager dans un second round ? Parce que sinon, à part ça, je pense à une grosse sieste. Ouais, baston, bouffe et repos. Ca me cause tout ça. »

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

«  Si tu veux que je vienne te voir, tu n’as qu’à m’appeler. Je t’ai donné un téléphone et tu as mon numéro. Et je ne comptais pas combattre de nouveau aujourd’hui, surtout pas après avoir mangé. Va faire ta sieste. Je vais faire la vaisselle et un peu de ménage. Et avant que tu le demandes, je serai là à ton réveil, tu n’as pas à t’en faire là-dessus. La vie t’a donné des mauvais parents mais je suis là maintenant… »

Est-ce que je lis dans sa tête, non. Est-ce qu’elle est facile à anticiper, oui. Ce n’est pas difficile de savoir à quoi elle pense avec ses sourcils qui se froncent et le fait qu’elle me regarde sans aucune subtilité. Au risque de me répéter : bête sauvage. Petit animal craintif. Elle a eu à manger, elle a mangé à s’en faire exploser le ventre, elle est contente. Du pain et des jeux. Les empereurs romains avaient compris le principe il y a des siècles de cela. Pas besoin de grand-chose pour garder les gens simples heureux. Oui. Marishka est quelqu’un d’incroyablement simple. Pas de nuances. Pas de subtilité. Et c’est parfait ainsi, en ce qui me concerne. C’est bien plus facile de la forger quand la matière est brute, pas besoin de la refondre pour la travailler efficacement, vous voyez le genre? Oh bon. Bouh hou hou. C’est réducteur pour Marishka. Pleurnichez si vous voulez…

Mais ça ne change pas la réalité des choses. Donc pendant qu’elle va dormir, je vais effectivement faire la vaisselle et le ménage car je parie que ce n’est pas quelque chose qu’elle faisait régulièrement sur son monde d’origine. Et en plus, c’est quelque chose dont j’aurais dû tirer avantage… Énormément de travail peut se faire à distance de nos jours. Et si j’avais été plus stratégique dans mon plan, j’en aurais profité pour passer plus de temps avec Alma. Que je travaille quand nous sommes ensemble l’aurait sans doute moins dérangé que mes longues absences. Et j’aurais eu un meilleur contrôle ou regard sur ce qu’elle fait. On apprend toujours davantage dans la défaite que dans la victoire, ne lui ai-je pas dit quelque chose du genre il n’y a pas si longtemps de cela? C’est tout aussi valable pour moi. Il y a des choses auxquelles même les divinités ne peuvent échapper, en fait…

Marishka va dormir plus longtemps qu’elle ne l’avait probablement prévu. Son corps a énormément besoin de repos. Forcément, c’est malsain de juste survivre. Elle n’a jamais vraiment eu la chance de récupérer. Mais là, je l’habitue à vivre. Cela ne veut pas dire devenir imprudente, ne plus être à l’affut. Cela veut surtout dire de plus saines habitudes de vie ce qui veut dire plus d’énergie donc de meilleurs réflexes. Et pouvoir prendre le temps de s’entrainer dans la maitrise de ses pouvoirs est également un gros plus. Quand elle se réveille, il est pratiquement l’heure du souper. Moi? Je suis en train de lire quelque chose sur une tablette. Le quoi est sans importance pour elle. Ce qui importe c’est que je suis là. J’ai tenu parole. C’est quand même ironique que ces derniers temps, j’ai été plus présente pour elle depuis qu’on se connait que ses parents en un an. Vraiment…

« Alors, bien dormi? C’est ce que je veux dire par vivre. Permettre au corps de reprendre des forces. Ne pas vivre dans la paranoïa constante d’une attaque. Et au lieu d’affecter négativement tes réflexes, ça les affute. Plus de repos veut dire plus d’énergie donc des sens en alerte au lieu d’être émoussés. Tu veux que je prépare le souper? C’est à peu près l’heure, en fait. Trois repas par jour, c’est essentiel pour quelque chose d’équilibré. »

[Marishka Auschwitz]

Un grognement. C’est tout ce qu’aura Shayne pour comprendre qu’elle a bien dormi. Tant de conversations au réveil, ce n’est pas une chose habituelle pour Marischka. Mais difficile de lui en vouloir. Ce qu’elle dit a du sens. Affûtage. Réflexes. Et souper. Ouais, ça lui parle même carrément.

« Il y a quoi au menu ? »

On va dire que c’est le réveil qui fait que la question est lâchée de manière trop brute. On va lui donner cette excuse, pour cette fois. Pourtant, Marischka est une grande fille. Elle réalise elle-même qu’elle est bien trop dure avec cette femme qui fait des efforts pour s’occuper d’elle. Alors elle se racle la gorge pour ajouter quelque chose avec un ton plus… poli ? Ouais, disons poli.

« Peu importe ce qu’il y a, en fait. Si c’est aussi bon que tout à l’heure, je le mangerai. »

Marischka allait s’affaler dans son fauteuil quand elle s’arrête. Ca a changé. Son environnement a été modifié le temps de sa sieste. Ce n’est pas une installation de caméra espion ou de lame pendulaire au plafond. C’est… bien plus trivial. La cuisine est propre. Elle brillerait même. Rien ne traîne. Pas d’emballages. Pas de restes de nourriture. Elle pourrait même croire qu’elle n’a pas mangé plus tôt tant il ne reste rien. Pas un grain de riz sur la table.

*Si elle veut rester tous les jours pour jouer à la servante, qu’elle se fasse plaisir ! *

C’est donc avec un sourire de satisfaction qu’elle s’en va s’affaler sur le fauteuil.

« Ca sent bon. J’aime bien. »

Pas seulement les odeurs de nourriture. La maison sent bon. Peut-être que Shayne a aérer ? Il doit aussi y avoir des trucs de parfum. Ca ne ressemble pas à l’odeur du liquide vaisselle, quoique. Pour le peu qu’elle l’a utilisé…

« Si tu veux passer tous les jours pour qu’on se bastonne et qu’on se fasse péter l’estomac, c’est avec plaisir que je t’accueille dans ma maison. Franchement, je crois que j’aime beaucoup tout ça. Enfin, peut-être pas tous les jours. Il faudrait que je reprenne des exercices de musculation. Il va falloir que je transforme la nourriture en muscles et pas en graisse. Et puis, il faudra aussi que je prenne le temps de me reposer. C’est important le repos pour les muscles. Et il faudra que je teste des trucs dans la carrière. »

Elle sourit de nouveau. Elle repense aux os de la demi déesse qu’elle a fait craquer. Au bras qu’elle a arraché de son corps. Et, à ce moment, elle ne pense pas à la défaite. Elle repense, cruellement, sadiquement, à la joie de détruire son adversaire.

« Ouais, carrément. Passe une fois tous les trois jours. Un combat dans la carrière. Une bonne bouffe après. Ouais, je crois que ça me plairait bien ce genre de programme. »

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Pour le repas de ce soir, c’est inspiré de la gastronomie française. Donc on va lui faire découvrir les sauces. Comment est-ce que cela peut venir rehausser tout un ensemble. Et naturellement, car je suis certaine qu’elle a ou va développer une dent sucrée, du dessert Qui va de quelque chose de simple comme des fruits dans le sirop à quelque chose de plus léger comme de la meringue ou plus complexe comme un gâteau. Diversifier les plats et les expériences. Je ne vois pas de meilleure façon de faire les choses. Si elle mange toujours le même truc, elle va finir par s’en lasser. Ou alors elle fait partie de cette catégorie de gens étranges capables de manger la même chose tous les jours sans jamais perdre le plaisir pour cette chose en particulier. Plutôt étrange, à mon avis, mais bon. Considérant qui parle, je serais mal placée pour juger, vous ne pensez pas? Certainement.

Et donc, je la regarde observer son nouvel environnement tout propre. En quelque part, c’est tranquillement lui mettre en tête l’idée que c’est à ELLE et que c’est MIEUX quand c’es propre et que ça sent bon. C’est comme ça qu’on modifie les comportements. Graduellement, petit à petit, en jouant avec X ou Y corde sensible. Jugez, jugez, que je ne fais que cela la manipuler mais telle est la réalité de l’existence : tout n’est que manipulation de toute façon. Alors pour ce que ça change… Je ne vais pas me sentir coupable, même pas en rêve. Et puis ce que je fais, je le fais surtout pour elle, pour lui donner une meilleure vie. Oui, aussi pour servir mes intérêts mais bon. On ne va pas chipoter sur les détails, quand même? Ce serait de très mauvais goût, en ce qui me concerne. Allons donc, tout de suite faire le focus sur le « négatif » en ignorant le reste.

Sa proposition que je passe aux trois jours n’est pas mauvaise. « Donc deux fois par semaine. Tu as choisi deux jours particuliers ou… », que je lui demande. Car il y a sept jours dans une semaine. Si on commence un dimanche ou si on commence un lundi ne donne pas les mêmes journées. Je lui laisse le choix. Je prends des notes. Sur ce qui fonctionne bien avec Marishka et comment le refaire quand je retournerai dans le temps. Si je retourne dans le temps. Car c’est constamment dans mes pensées. Cette obsession de, ironiquement, remettre de l’ordre dans ce qui a été rendu bordélique. Moi, entité du Chaos, qui tente de remettre de l’ordre. L’ironie n’est clairement pas quelque chose qui m’a échappé. Agir contre sa nature. C’est parfois crucial pour arriver à un objectif considérablement plus important, après tout. Il faut ce qu’il faut pour arriver à mes fins.

Je lui apprends aussi, subtilement, les vertus du silence. Comme quoi elle peut être en compagnie de quelqu’un sans avoir à lui parler. L’atmosphère, si elle est bonne, peut se substituer à la conversation. Le non verbal aussi compte pour beaucoup. Je sais très bien qu’elle n’aime pas particulièrement discuter. Que souvent elle se force pour dire quelque chose. Et c’est un effort louable, c’est vrai. Sauf qu’elle n’a pas besoin, justement, de meubler le silence. Le silence n’est pas forcément une mauvaise chose. Quand on se bat, exemple, on ne se parle pas, on se tape dessus. L’expérience n’en est pas moins… Plaisante? Ça fait bizarre de dire ça mais vous comprenez le principe de base. Après tout, c’est mon rôle en tant que parent, veiller à son apprentissage, non? Là où j’ai vraiment du mal, par contre, c’est quand pousser un peu plus pour l’amener à accepter que maintenant elle vit donc… Le fameux changement de nom…

[Marishka Auschwitz]

« Bah non, je n’ai pas choisi deux jours en particulier. De toute façon, qu’est-ce que je m’en fiche qu’on soit un lundi ou un samedi ? Je ne fais pas partie de ces stupides moutons qui sont esclaves du temps et de leur travail. En fait, je ne sais même pas quel jour on est aujourd’hui. Et je m’en fous d’une puissance forte. »

Marischka se pose toute seule des œillères. Elle s’oblige à faire le contraire de psychoter en revenant à des choses simples. Très simples. Ce pourrait être un credo : manger, se bastonner et pioncer. Elle peut totalement vivre de cette manière. Le ventre plein. Le corps reposé. Et une carrière pour gagner toujours davantage en puissance. Avec en bonus SA maison et une sorte de mère qui viendra régulièrement lui rendre des visites. Pour bien manger, se bastonner et se faire de bonnes siestes.

*Ouais. J’aime beaucoup ce nouveau monde ! *

Satisfaite, elle laisse Shayne mener la danse dans sa maison. Qu’elle prenne le contrôle du rythme, bizarrement, ça lui convient tout à fait de suivre et non de mener. Elle a déjà vu des gens à la tête de groupes. Outre le fait des inévitables trahisons, elle a toujours trouvé ça épuisant. Comment peut-on en venir à vivre en telle communauté ? Les épaules semblent bien fragiles avec ces pesantes responsabilités.

*Pas pour moi, ces conneries ! Une vie en ermite me convient très bien. *

Evidemment, c’est une nouvelle paire d’œillères qu’elle s’ajoute. Evidemment que la solitude la bouffera tôt ou tard. Marischka est comme les autres : elle a besoin d’une certaine dose de sociabilité. Seulement, ses besoins sont moins forts qu’une stupide blondasse aux seins siliconés allant jusqu’à se ridiculiser dans des émissions de télé-réalité. Et Shayne permettra de remplir ce vide un temps certain. Jusqu’au moment où ses responsabilités de déesse prendront le pas sur son obsession de fille adoptive…

« Ça je peux carrément le faire, fermer ma gueule. Je veux dire, ouais, c’est super de ne pas avoir à se forcer à parler. Je ne sais jamais quoi dire. C’est une torture, ce truc. »

Ne pas parler, c’est aussi ne pas faire naître d’idées nouvelles. Se cloitrer dans le silence permet à Marischka de rester « animal ». A nouveau, elle s’aveugle car elle aussi, inévitablement, va plonger dans une routine. Ce ne sera pas métro/boulot/dodo mais ce sera tout de même une routine. Mais une routine qu’elle acceptera. La faille, et il y en a une sera la répétition de ses défaites. Son égo et sa fierté ne le supporteront pas. Perdre encore et encore. Ne pas entrapercevoir une voie dans laquelle ruer pour croire à une victoire sur la moitié de déesse. Ca, oui ça, ce sera problématique.

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Je me demande s’il serait… Précipité… D’introduire Akane à ce stade. Comme Marishka semble vraiment vouloir se concentrer sur « manger, dormir, s’entrainer », ce serait bien qu’elle ait une partenaire contre qui elle peut gagner. Honnêtement, si elle pense pouvoir l’emporter contre moi avant d’avoir quelques siècles au compteur… Elle se berce d’illusions et pas rien qu’un peu. En même temps, ce serait son problème. Ce n’est pas moi qui irais penser quelque chose d’aussi ridicule, en tout cas. Si on s’entraine, je peux probablement lui donner es conseils, quelque chose du genre mai… Ne vous attendez à la des miracles non plus. Nos pouvoirs sont trop différents pour que je puisse vraiment me concentrer sur les particularités du vert ou du gris. Mais Akanae, qui maitrise le Rouge, a peut-être ce qu’il faut. Marishka n’a pas… Enfin. En ce moment…

La capacité intellectuelle pour des explications détaillées ou un plan de formation à long terme comme l’aurait préparé Giana. Bête sauvage. Animal. Elle n’est pas encore prête pour comprendre les éléments plus complexes de la vie. Et pour le moment, comme elle vit seule et isolée, ce n’est pas nécessaire. Ces subtilités seront expliquées plu tard. Bien plus tard. Ce n’est pas, après tout, une absolue nécessité non plus. Elle peut s’en sortir avec ce qu’elle maitrise déjà ou ce qu’elle peut faire pour s’entrainer. Sur ce point je ne suis pas inquiète. La plus grosse menace dans les parages c’est moi dont… Elle n’est pas et ne sera pas en danger. Sauf si elle s’en prend à moi mais ça c’est une autre histoire entièrement et elle a déjà connu le goût amer de la défaite face à une demi-déesse. Ça aussi c’est certain. Donc, comment savoir si Akane serait un bon ajout dans la vie de Marishka? Facile.

Enfin. Facile quand on a une télépathe à sa disposition. Qui dit vit tranquille et corps qui se repose veut aussi dire d’autres besoins naturels qui se réveillent. Quand vous êtes en mode survie, le sexe pour le plaisir est juste une colossale distraction. Je ne dis pas que les gens de son monde n’ont pas de sexe. Ce que je dis c’est que c’est difficile de se défendre si votre attention est ailleurs. C’est logique. Et je sais très bien que la libido d’Alma est loin d’avoir disparu. Celle de Marishka ne devrait pas tarder à se réveiller non plus et ma télépathe pourra subtilement pousser dans cette direction. Quand elle va se réveiller avec une faim différente de ce qu’elle connait, un besoin qu’elle peut étancher mais pas rassasiez seule… Elle n’aura pas le choix que de se tourner vers moi. Encore. Pour demander conseil on de l’aide, j’entends. Sinon ce serait presque… Incestueux, quoi donc pas bon du tout.

Non. Elle risque plus de me demander de lui fournir quelqu’un, comme je la fournis régulièrement en nourriture par exemple. Ce ne serait guère étonnant d’ailleurs. Quand elle a besoin de quelque chose, pourquoi se casserait-elle la tête si elle peut composer un numéro et avoir ce qu’elle veut? Bon, un jour, il se peut que je lui dise non mais pas pour le moment… Voilà. Là, en ce moment, nous profitons du silence, toutes les deux. Tout en mangeant, naturellement. Pourquoi faire la conversation si le silence nous convient? Bien vite, nous arrivons au dessert. Plus vite que je ne le pensais, même. Une chose est certaine, Marishka mange avec beaucoup plus d’appétit qu’Alma, ça c’est certain. Tiens d’ailleurs, pourquoi ne pas subtilement lui mettre en tête qu’elle pourrait avoir une partenaire d’entrainement « autre », quelqu’un face à qui elle peut avoir des victoires. C’est important pour le moral, les victoires… Et elle n’en aura pas avec moi donc… Voilà.

[Marishka Auschwitz]

C’est quand même dingue, ça. Elle trouve enfin une femme avec qui s’affaler dans son fauteuil sans être contrainte au bavardage inutile, et voilà que son cerveau de traître la… et bien, la trahie. Son estomac est bien rempli. Elle s’est enfilée presque une baguette à saucer encore et encore. Et elle aurait mangé la baguette entière si Shayne n’en avait pas pris un morceau. Mais Marischka s’égare. C’est le problème quand elle commence à penser. Elle se perd rapidement. Elle arrive même à se noyer dans un verre d’eau pour pas grand-chose.

Bon, au final, qu’est-ce qui trouble son état méditatif ? Euh… Hum… Oui, bon, OK. Marischka est très loin du moine bouddhiste atteignant le nirvana. Mais un tel vide dans une tête est tout de même un exploit rapporté à l’ensemble de l’espèce humaine. Et son cerveau de traître, au lieu de penser à une grosse nuit de sommeil dans son grand lit, et bien, il pense à remplir le lit. Bon, pas forcément lié au lit. Mais les associations d’idées étant ce qu’elles sont : elles vont où elles veulent.

*Donc une partenaire d’entraînement de sieste ? Je dois vraiment avoir un pète au casque pour penser pareille connerie… *

La télépathe n’abandonnera pas à ce premier échec. Quelques manipulations plus tard, Marischka est de nouveau confrontée à cette idée d’obtenir une partenaire. A force d’écouter les bruits du dehors, son esprit s’échappe pour faire une sorte de visite virtuelle de la carrière. Ce qui la ramène à son combat avec sa nouvelle mère. Ce qui la ramène… à sa défaite. Puis cela la projette dans le futur. Et elle voie des défaites après des défaites. Après d’autres défaites…

*Ta gueule, espèce d’esprit malade ! Mais ta gueule ! On ne va pas s’avouer vaincue si tôt. Après une seule défaite. C’est hors de question. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. PUTAIN ! *

La subtilité de la manipulation commence à montrer des signes extérieurs. Marischka qui était tel un animal assoupi après avoir mangé : commence à montrer des signes d’énervement. L’ambiance même dans la pièce perd en légèreté. Si cela pouvait être visible, il y aurait de mauvaises ondes noires qui jaillirait du corps de Marischka.

*Merde ! Et MERDE ! *

Marischka se lève avec l’intention d’aller chercher l’oubli dans le sommeil.

« Non. Je ne serai plus capable de dormir maintenant. Fait chier ! »

Elle ne s’est pas adressée à Shayne. Elle s’est parlée à elle-même à voix haute. Visiblement, introduire Akane maintenant est bel et bien précipité. Il va falloir laisser le temps lentement éroder son petit cerveau animal. Manger. Déguster défaite sur défaite. Dormir. Prendre des forces. Tester des variations de techniques avec le Gris. Et perdre encore. Seulement alors, le besoin d’exploser quelqu’un d’autre que Shayne pour retrouver une quiétude se fera sentir.

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Patience Shayne. Patience. Ne pas brusquer les choses. On apprend mieux dans la défaite que dans la victoire. N’oublie pas. Surtout n’oublie pas. À force de perdre… Elle va en avoir marre. Elle va vouloir avoir une chance de gagner. Elle va vouloir autre chose. Un animal. Comment est-ce que tu arrives à tes fins avec un animal? Avec de la répétition. Il faut répéter, répéter et répéter encore jusqu’à ce que le comportement soit gravé dans son petit cerveau primitif. De la patience, Shayne, au risque de se répéter. Tu ne peux pas brusquer les choses. Sinon tout risque de s’effondrer encore. Et je ne veux pas que ça s’effondre. Pas encore. Pas après tous ces efforts déployés pour arriver à des résultats. J’ai trop investi pour baisser les bras, pour abandonner. Je réussirai. Je DOIS réussir. J’ai appris de mon échec, de mes erreurs. Et j’ai encore un goût amer en bouche.

Pour la première fois de ma vie, ma nature change. Oui, c’est attendu du Chaos. Mais pendant des siècles, je suis plus ou moins restée comme j’étais, ce qui est ironique. Le Chaos est une force de changement. Le Chaos est constamment en évolution. Mais moi je n’avais pas suivi le mouvement, si on peut dire ça comme ça. Là, avec Alma, je recommence à évoluer, à changer. J’ai un nouveau rôle : celui de mère adoptive. Et c’est un rôle auquel je n’étais absolument pas préparé. Et je sais que je me répète en rappelant quel est mon plan, quelles sont mes intentions. Mais cela ne fait que mettre davantage en évidence l’importance de la chose à mes yeux. Ce n’est pas « juste » un projet quelconque duquel je risque éventuellement de me lasser. Non. Il y a un vrai but, une vraie intention derrière la chose. En quelque part, je pense que je suis sur le point d’entamer un…

Nouveau chapitre? C’est difficile à déterminer quand il y a tant d’incertitudes autour de la chose. J’aimerais dire que oui, que je vais pouvoir corriger mes erreurs et avoir une vraie relation mère / fille avec Alma et l’aider à réaliser son plein potentiel. Est-ce encore possible, je crois que oui. Mais pas simplement en revenant aux choses comme elles sont en ce moment. J’aimerais croire qu’Alma est suffisamment mature pour comprendre les efforts que j’ai fait et que les erreurs de parcours étaient sincères, en quelque sorte… Mais je ne me fais pas d’illusion. Non. Seul un retour dans le temps peut arranger les choses. C’est la seule option possible. C’est la solution la plus simple. Celle qui présente le moins de risques. Je le sais, c’est tout. C’est la seule option qui fasse preuve de logique quand on la considère. Et donc c’est la solution vers laquelle orienter tous mes efforts.

Si je suis la seule à me souvenir et qu’Alma repart de zéro, alors je pourrai mieux la guider. Ce que je ne serais pas prête à faire pour ma fille adoptive. Je lui laisse savoir que je vais y aller et que j’espère que quoi que ce soit qui aurait dû l’empêcher de dormir, elle pourra quand même y parvenir malgré tout. Cela ne lui sert à rien de psychoter avant d’aller dormir. Je suis sûre que c’est mauvais pour la digestion ou un truc du genre. Et je ne voudrais pas qu’elle se réveille avec un mal de ventre car tenter de se rendormir après risque d’être compliqué. Dans son monde natal, ne pas savoir identifier ce qui se trouve devant vous pourrait vous coûter cher. Ici, l’absence de menace directe fait que parfois on a tendance à faire des excès et sans surprise, c’est le genre d’excès qui se produit plus souvent qu’autrement… C’est facile de perdre de vue un objectif…

[Marishka Auschwitz]

Au fur et à mesure des visites de Shayne, la fille rebelle se transforme peu à peu en une espèce de chienne domestiquée qui frétille de la queue à la vision d’un portail qui s’ouvre dans sa maison. Bien entendu, elle ne l’admettra pas. Quand Shayne et la promesse de bons repas arrive, Marischka a cette surprenante capacité à supprimer ce qu’elle a mal vécu dans l’intervalle des trois jours en solitaire. Une non conversation à deux est très différent de la cacophonie du silence, par exemple.

Nouvelle baston aujourd’hui. Hier, Marischka a passé toute la journée a fouillé dans les profondeurs. En fait, elle commence à posséder une certaine qualité de cartographie dans sa tête. Si les premiers tunnels étaient noirs et ennuyeux au possible, les derniers commencent à révéler leur potentiel. Mais c’était attendu. Evidemment que les premiers tunnels, galeries et cavernes ont déjà été dépossédés de leurs richesses. Sinon, il n’y aurait pas eu besoin de dépenser argent, énergie et machine pour en creuser davantage.

Une pierre couleur de sang. Sans les alertes insupportables du Gris dans sa tête, Marischka aurait subi les effets de cette pierre toxique. Le Gris lui a permis de s’en protéger. Et il a fait davantage. Il a revêtu le vêtement du Professeur et lui a donné quelques connaissances. A savoir que cette pierre couleur de sang est nommé Cinabre. Et qu’elle possède la capacité à agir sur le système nerveux central. Notamment en causant des tremblements et des pertes de sensations. Alors oui, Marischka a eu une seule hésitation. L’idée de transformer sa nouvelle mère en handicapée lui a traversé l’esprit…

*Mais elle m’agace ! Elle ne cesse de m’exploser la tronche ! Je n’en peux plus de prendre défaite sur défaite. Et je sais que les quelques coups qui passent, ce n’est pas lié à une évolution de ma part. Je le vois bien qu’elle me laisse des ouvertures ! Cette salope manipulatrice ! Elle se joue de moi pour pouvoir me mettre la misère en contre-attaque juste après ! Je veux la saigner !! *

Alors aujourd’hui encore, Marischka se protègera derrière une volumineuse armure de pierre. Aujourd’hui encore, elle va se créer des mains immenses en pierre pour donner des coups de poing dévastateur. Tous les jours elle répète des katas. Tous les jours elle répète inlassablement des enchaînements pour les maîtriser à la perfection. Pour que la mémoire des muscles devienne efficiente à leur possible. Pour que les muscles agissent avant que le cerveau donne l’ordre.

*Aujourd’hui, c’est moi qui vais créer une fausse faille dans ma défense. Je vais créer une faiblesse dans mon armure de roche. Des fissures… comment elle dirait, elle ? Subtiles ? Ouais, c’est ça. Un truc bien sournois, quoi. Et quand elle aura explosé cette fausse couche de protection, elle devra subir la morsure du Cinabre. Putain, ça m’excite à mort ! *

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Marishka est masochiste, je ne vois que cela comme explication. Fois après fois, elle perd. Oh attention, elle fait des progrès. Elle ne le réalise peut-être pas à cause de ses défaites successives mais elle progresse. Sans trop de surprise, elle n’a absolument pas retenu ce que je lui ai dit : on apprend toujours davantage dans la défaite que dans la victoire. Chaque fois qu’elle perd, elle corrige des failles dans sa technique. Bon, c’est sur son comportement qu’elle devrait travailler, son attitude mais ça… Il y a une limite aux miracles, quand même. Et il y a un autre détail que ma chère fille adoptive a cruellement négligé. Elle s’attend à de la surveillance électronique ou un espion caché qu’elle pourrait détecter. Sauf que si le moyen utilisé est plus ésotérique… Elle ne trouvera rien. Ne rien trouver ne veut pas dire qu’il n’existe pas… Mais c’est Marishka, après tout.

Il y a deux choses à prendre en considération : un, j’ai choisi cette carrière. Vous pensez vraiment que je lui ai juste donné le truc sans faire analyser la zone? Je sais ce qui se trouve dans le sol de la carrière. Ce n’est pas difficile d’avoir une équipe d’experts pour faire le travail. Deux, mon ombre la surveille. Non, pas mon ombre, mon ombre mais un de mes agents qui se déplace, qui existe dans les ombres. Marishka, si tu célèbres à voix haute ce que tu vas faire comme sale coup à ta mère adoptive… Mais en même temps, la réflexion n’est pas la force de ma fille adoptive. Et comme elle s’est convaincu qu’elle est seule… Voilà quoi. Toutefois, je dois reconnaitre que son idée est loin d’être mauvaise. Au contraire, je dirais que c’est même plutôt malin. Je suis agréablement surprise par son initiative. Oh non, qu’elle essaie quelque chose de si retors ne me dérange en rien.

Loin de là, même. Le but c’est qu’elle développe des stratégies pour affronter ses ennemis tout en augmentant sa maitrise de son pouvoir. Donc si pour ce faire elle veut jouer de façon déloyale… Déjà pour commencer, ceux qui veulent mettre de l’honneur partout sont des imbéciles. Quand on se bat, c’est d’abord et avant tout pour survivre et gagner vient ensuite. Alors la noblesse du combat, en ce qui me concerne, c’est une grosse connerie. Même que bon, que la petite bête sauvage ait été capable d’une stratégie rudimentaire me semble un progrès dans la bonne direction. Donc… Un portail plus tard… Et une petite discussion sur ses avancées dans sa maitrise de ses pouvoirs (elle est fière de dire à sa mère adoptive qu’elle est devenue meilleure!), nous voilà dans la carrière, prêtes à se battre à nouveau. Naturellement, je n’utilise pas toujours la même tactique, ce serait… Bien…

Peu motivant, sinon. Et commençons par quelque chose pour bien la frustrer : grâce à ma matériakinésie, je change les propriétés du sol sur lequel elle marche et ça devient pire qu’une patinoire. Avec sa belle grosse armure de pierre, la voilà qui tombe, qui se vautre et qui peine à se remettre debout. C’est moins pire que si c’était une tortue, c’est évident… Mais ce ne sera pas une mince tâche que de se relever, ça c’est sûr. Le but est de la frustrer. Quand Marishka se fâche, elle ne réfléchit plus. Elle se laisse emporter par ses émotions. Alma était davantage en mesure de se contrôler. Marishka n’est pas encore rendue là. Donc de se retrouver « sur le cul » en commençant risque de sévèrement l’énerver. Ce qui était l’objectif, après tout. Et je suis vicieuse. Je ne passe aucun commentaire. Je laisse Marishka imaginer les choses humiliantes que je pourrais penser à son sujet. Miss Psychotage…

[Marishka Auschwitz]

« BORDEL DE PUTES ! »

Qu’elle déteste quand sa nouvelle mère joue au clown. Elle ne peut pas se battre sérieusement. Il faut toujours qu’elle invente des trucs avec son pouvoir de confettis au lieu de simplement l’affronter au corps-à-corps. Bon, OK, Marischka non plus n’utilise pas uniquement ses poings. Elle aussi utilise ses pouvoirs. Enfin, son pouvoir. La maîtrise du Vert est complètement abandonnée. Pire ( ? mieux ?), plus le temps passe, moins elle y pense. Il n’y a plus que le Gris qui compte. Cette force brute et omniprésente. Le Vert est vivant et faible. Le Vert réfléchit à des trucs. Et il est terriblement lent et patient. Pas du tout le style de Marischka : cette grosse bourrine !

…qui finit le cul par terre, aussi ridicule qu’une tortue sur le dos. D’où le juron en lettres majuscules. Alors oui, d’une façon très prévisible, elle s’énerve. Elle parvient à se relever plutôt facilement en créant de petites colonnes de pierre sous elle. Un peu comme ses supports qui existent dans l’univers des impressions 3D.

« Attends ! Pause… »

La scène aurait presque pu voir une Marischka enfant faire « pouce » avec ses doigts pour mettre leur « jeu » en pause. Seulement, c’est un combat où le sang coule et où le corps prend des dégâts.

*Je peux l’utiliser son truc. Oui, je pourrais… Et si je m’y prenais comme ça ? Oui, peut-être… *

D’une façon nettement moins prévisible, Marischka vole alors la technique de Shayne. Elle conserve son élément de surprise pour plus tard. Marischka veut tellement voir le visage déconfit de sa nouvelle mère frapper le Cinabre. Voire son expression de douleur quand la pierre toxique blessera son système nerveux.

Mais avant ça, l’armure de roche de Marischka change. Jusqu’à maintenant, c’était comme voir un golem très primitif. Tout en arêtes vives. Des formes grossières évoquant vaguement une silhouette humaine. Mais là, la pierre change. Marischka parvient à une transformation en se basant sur une technique qu’elle utilisait dans le monde d’avant : celle de l’acier liquide sur ses tentacules. La différence majeure étant que la pierre n’est pas affûtée. Elle est polie à un très haut niveau.

*Maintenant, si je m’y prends bien, ces coups devraient glisser sur mon armure ! A elle de subir l’effet patinoire de merde ! *

Avec un sourire beaucoup trop heureux de sa découverte et de l’idée de mettre une branlée à sa nouvelle mère : Marischka repart à l’assaut avec toute l’intensité dont elle est capable !

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Je pouffe de rire. Est-ce qu’elle vient vraiment de demander de faire une pause si tôt dans l’entrainement QU’ELLE a demandé? Oh c’est ce qui m’amuse bien plus que son… Expression colorée. D’accord, Marishka, faisons une pause. Qu’est-ce que tu manigances, hum? Tu t’inspires des idées de ta mère adoptive, maintenant?  Tu l’admettrais devant moi si je te le demandais? Je parie que non. Ça lui ferait bien trop mal au cul. Mais on ne me la fait pas à moi. Elle pense que je suis idiote? Que je ne vois pas les changements qu’elle opère sur son armure de pierre? Elle est pratiquement en train de rigoler comme une blondasse tellement elle se croit maline de sa petite transformation. Mais attention. Je ne me moquerai pas d’elle. Pourquoi? Parce qu’elle a fait usage de stratégie. Ce qui dénote une évolution jusqu’à présent absente. Une nette amélioration.

Analyser la tactique de l’ennemi et se l’approprier à sa sauce. Je commence à voir des petits bouts d’Alma, là. Nous n’en sommes pas encore là mais… Il y a du progrès, je vous dis. D’accord, Marishka, je vais jouer à ton jeu. On peut se poser la question : pourquoi avoir poli la pierre à ce point? Pour dévier un impact, un coup. Pas mal. Pas mal. Bien pensé, c’est certain… Mais qu’est-ce qui lui fait croire que je ne vais pas changer de tactique? Mon expertise, de toute façon, est à distance, pas au corps à corps. Je n’ai jamais aimé le corps à corps. Trop personnel. Je préfère garder de la distance. Oui, contre Marishka, à des fins d’entrainement, je suis obligé de varier la distance mais… Aujourd’hui j’ai envie de VRAIMENT la faire enrager. Une belle défaite et enfin la pousser à vouloir un autre adversaire à affronter. Je n’abandonne pas l’idée d’introduire Akane dans l’équation.

Avec sa belle grosse armure, inévitablement, Marishka manque cruellement de mobilité. Donc j’utilise beaucoup de déplacements, de mouvements, d’attaques à distance rapides faites davantage pour la désorienter qu’autre chose. Et elle doit faire attention car le sol est contre elle. Tantôt il est terriblement glissant, tantôt elle a l’impression de se déplacer dans du ciment en train de durcir. Je vais saper ses forces, la forcer à abandonner sa meilleure défense et avec elle, très possiblement, son plan, sa stratégie. Une autre chose dont manque Marishka. L’adaptabilité. Je ne dis pas qu’elle ne peut pas improviser. Elle est terriblement mauvaise dans ce rôle mais elle est capable. Seulement, comme elle a tout ce temps pour se préparer, elle a un plan en tête et voudrait bien le voir à l’œuvre. Sauf que si je la laisse faire, je ME prédis une ou plusieurs mauvaises surprises. J’aimerais autant éviter.

Mon but n’est pas de la blesser. Je ne peux pas dire que son but aille dans le même sens. Elle veut clairement me faire du mal. Mais si je réussis vraiment à lui faire péter les plombs et que son super plan se retourne contre elle en plus… Elle aura bien trop honte de m’affronter pendant un looooong moment. Devoir dépendre de Maman Shayne pour la sauver de sa propre connerie? Ça et une marche de la honte, c’est pareil. Secrètement, c’est là-dessus que je mise. La mettre hors d’elle. Tout ce plan qu’elle a échafaudé et qui ne sert à rien car son adversaire est trop mobile, trop agile et ne va pas risquer le corps à corps… Allez Marishka. Craque. Deviens folle de rage. Connais encore une fois la morsure de la défaite. Et alors, tu n’auras pas d’autre choix que de demander ce que tu ne voudrais jamais demander : quelqu’un d’autre avec qui t’entrainer. Devoir dépendre d’autrui, c’est l’horreur pour toi, n’est-ce pas?

[Marishka Auschwitz]

Elle enrage. Elle n’en peut plus de cet adversaire qui ne cesse de courir dans tous les sens. Qui l’assaille à distance de couard. Qui n’ose pas venir l’affronter au corps-à-corps. Elle fait durer inutilement le combat. Car ce n’est même plus un entraînement passé un certain délai de temps. Oui, Marischka veut vraiment mais vraiment faire du mal à sa nouvelle mère.

*Putain ! Je n’ai pas récupéré le Cinabre pour rien. Je jure qu’elle va y goûter d’une façon ou d’une autre ! *

Le problème, c’est que le plan de Shayne fonctionne. Tellement que Marischka n’arrive plus à réfléchir comment transformer sa stratégie initiale. Dès qu’une ébauche d’idée vient la saluer, une attaque à distance vient l’exploser. Alors elle voit rouge. Elle grogne. Elle hurle même parfois ! Et elle en oublie l’idée. Pire, elle continue à se souvenir qu’elle doit trouver autre chose. Ce qui ajoute une nouvelle couche de frustration.

Et le moment arrive. Celui où rejouer la vie de celle qui pourrait devenir Alma se répète. Pas exactement de la même façon. Mais un épisode troublement identique. Sa nouvelle armure polie est complètement inutile. Alors elle l’abandonne. Marischka revêt de nouveau l’informe tas de pierre qui lui sert de protection ultime. Parce que, si elle peut au moins s’avouer une chose, c’est que les projectiles de la moitié de déesse ne percent pas si facilement cette protection. Mais c’est loin de suffire à lui mettre du baume au cœur. Très loin…

Etrange également de découvrir un colosse de roc se recroqueviller sur lui-même pour prendre la position d’un embryon. Marischka se referme sur elle-même. Elle s’isole de son corps humain pour plonger plus profondément dans le Gris. Toute la carrière tremble d’un seul coup avant de devenir bizarrement silencieuse…

Le Vert est vivant. Il respire. Il transpire. Il croit et meurt. Il participe à des actes sexuels. Il pense même via un réseau racinaire, par exemple. Le Gris, lui, est inerte. Il est, tout simplement. Et Marischka, dans cette nouvelle?vie s’est affiliée au Gris. Plus de puissance brute et moins de blabla. Alors, quand elle plonge plus profondément dans le Gris, elle s’oublie. Les roches la recouvrent. Ce qui était vaguement humain devient alors un tas de pierre au centre de la carrière.

Des colonnes de pierre commencent à se dresser tout autour des deux combattantes. Il y en a cinq. Et, à bien y regarder, ils ne sont pas espacés à intervalles réguliers sur un diamètre. Non, ce sont cinq doigts d’un golem gargantuesque qui prennent vie. La transformation est lente. Elle est effrayante car le pouvoir est bien réel pour faire bouger autant de masse. Mais Shayne pourrait tout détruire d’un claquement de doigts. Tout… y compris aussi l’esprit de sa nouvelle fille adoptive ?

Car même la télépathe doit être affolée de ne plus ressentir les pensées de Marischka. C’est un état proche de la ligne plate sur les appareils médicaux. Marischka est encore vivante. Mais elle est partie trop loin. A ne plus supporter de perdre, elle a franchi une limite en déployant ses pouvoirs bien au-delà du raisonnable.

En résumé, Marischka a rejoué dans une version différente le drame de Green Peace.

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Ma télépathe est nerveuse, ce qui ne me surprend absolument pas. J’ai poussé Marishka à bout et donc elle fait quelque chose de déraisonnable. Pas autant qu’Alma quand elle a pris la décision stupide de sacrifier un bras pour cette merde végétale… En fait… Ça me rappelle Green Peace… Mais version gris au lieu de vert. Donc autant dire que je suis curieuse. Je sais, je sais, trop de curiosité, ce n’est pas bien. Mais que voulez-vous. Je suis qui je suis. Et pas que ça. Ce n’est pas un simple rêve. Je peux choisir si au réveil, Alma va s’en souvenir ou non. Alors imaginez tout ce qu’elle aura appris comme techniques et en niveau de maitrise avec le gris… Capable de se le rappeler et de l’utiliser… Si cela ne la convainc pas de tous les efforts que je fais pour elle… Mais c’est un plan dans un plan dans un plan pour plus tard. Pour le moment, bien… En fait…

Je me mets à distance sécuritaire et j’observe. Le processus est tellement lent, par le temps que ce gigantesque golem sorte du sol, s’il sort du sol, il faudra plusieurs minutes. Et si je devais parier… Marishka n’a pas ce qu’il faut pour réussir. Elle n’a pas la force, l’énergie ou l’endurance pour réussir une telle chose, peu importe ce qu’elle peut puiser du gris. Au fil du temps, peut-être. Mais certainement pas du premier coup. Durant les événements de Green Peace, elle n’a pas affecté TOUTE la tour, ce qui serait un équivalent par rapport à ce qui se passe en ce moment. Donc non. Elle sera à bout de forces bien avant d’avoir réussi. Si elle perd connaissance, si elle finit dans le coma pour quelques jours, ce sera entièrement sa faute car elle aura manqué de contrôle. Impitoyable? Peut-être. Mais j’ai appris quelque chose de la « première fois ». Marishka a besoin d’apprendre de ses erreurs.

Je l’ai trop couverte. Trop protégée. Et ce faisant, elle n’a jamais dû faire réellement face aux conséquences de ses actes. Mais pas deux fois. Oh que non. Pas deux fois. Si elle est capable de réaliser son erreur, sa bêtise, tant mieux. Sinon… Elle va recommencer et se faire du mal à nouveau et elle n’aura que sa personne à blâmer. Donc, comme je dis, je regarde. J’observe. Et si jamais je dois vraiment intervenir… Faites moi confiance, je suis prête. Vous ne pensez quand même pas que c’est la première fois que j’affronte un golem géant? Pour rappel, l’arrivée de Jeannie sur Terre est récente et elle continue de voyager et d’explorer ailleurs en parallèle. Et je l’ai suivi. Si nous sommes sur la même planète, je peux me nourrir plus efficacement de ses émotions négatives. Bref. Ce n’est pas mon premier golem géant. Et ce ne sera probablement pas le dernier non plus, en fait…

Mais Shayne, que vas-tu faire si Marishka réussit vraiment du premier coup à sortir son golem géant? Facile. Je vais lui dire qu’elle a tellement pris de temps à l’invoquer que j’ai perdu tout intérêt pour me battre contre elle. Et elle peut faire la crise qu’elle veut… Si elle se montre déraisonnable, je vais juste me faire téléporter ailleurs et elle aura l’air d’une belle idiote toute seule dans sa carrière abandonnée. Si elle n’a pas encore compris le rapport de force entre nous deux, c’est qu’elle est ridiculement obstinée et elle sera punie pour la chose. Je suis la mère. Elle est la fille. Elle me doit obéissance. C’est l’ordre naturel des choses. Même chez les animaux, c’est une hiérarchie claire, connue et sue. Je ne vois pas ce qui serait si difficile pour elle à assimiler… Mais en même temps, Marishka est Marishka donc… Je suppose que je ne devrais me surprendre de rien avec elle…